[PDF] Héritage et avenir des francophones de VOuest





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III Rapport annuel

(Montpellier Stockholm



Sarah HATCHUEL

Jury : Francis Bordat (Paris Nanterre émérite)



Sarah HATCHUEL

Jury : Francis Bordat (Paris Nanterre émérite)



Colloque scientifique international sur les TIC en éducation : bilan

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10e rapport annuel 1er juin 2012 – 31 mai 2013

1 ???. 2012 ?. conférences et participé à la création de 49 œuvres littéraires ou ... Paris dans la littérature et le cinéma contemporains» organisé par ...



Héritage et avenir des francophones de VOuest

19 ???. 1986 ?. colloque le deuxième de la série en Saskatchewan



« Les actes »

RECHERCHES QUALITATIVES – Hors Série – numéro 3. Actes du colloque BILAN ET PROSPECTIVES DE LA RECHERCHE QUALITATIVE Paris : Armand Colin. Références.



Transition énergétique dans les copropriétés

21 ????. 2016 ?. poles : Paris Lyon



OUVRAGES REÇUS

Series 1. Colloque européen du conseil international de l'action sociale - (Paris) 7. ... et la composition des capitaux privés à Paris Lyon



RAPPORT ANNUEL

1 ??? 2016 ?. Les membres réguliers de Figura ont ainsi organisé 49 événements scientifiques dont 25 colloques



Dossier de présentation série de colloques Montpellier Lyon

Cinq colloques sont ainsi organisés à Montpellier Lyon Lille Nantes et Paris Ces colloques sont ouverts à tout public et à entrée libre

Héritage et avenir des francophones de VOuest

Héritage et avenir

des francophones de V Ouest les actes du cinquième colloque du

Centre d'études franco-canadiennes

de l'Ouest tenu au Collège St-Thomas More

Université de la Saskatchewan

les 18 et 19 octobre 1986

Table des matières

Héritage et avenir des francophones de l'Ouest

Les actes du cinquième colloque du Centre d'études franco-canadiennes de l'Ouest tenu au Collège St-Thomas More Université de la Saskatchewan les 18 et 19 octobre 1985 (Saskatoon, 1986)

SOMMAIRE PAGES

Présentation

par Jean-Guy QUENNEVILLE...................................................................... s.p.

Table ronde "héritage et avenir"

avec Hubert BALCAEN, Hubert G. MAYES et Annette SAINT-PIERRE .... 1-9

Une Fransaskoise se raconte

par Lucille TESSIER....................................................................................... 11-17

Raymond Denis: l'homme et ses mémoires

par André N. LALONDE............................................................................... 19-27

Joseph Harvey: Poète-Laboureur 1898-1973

par Abbé Jean PAPEN................................................................................... 29-36

La métaphore théâtrale dans Sauvage, sauvageon de Marguerite Primeau

par Paul DUBÉ............................................................................................... 37-51

Le Vocabulaire de l'embarras d'argent dans La Détresse et l'enchantement de Gabrielle Roy

par Thérèse LAFONTAINE ........................................................................... 53-63

La Route d'Altamont et Who Has Seen The Wind: deux enfants des prairies face au mystère de la vie et de la mort

par Paulette COLLET..................................................................................... 65-75

L'Itinéraire spirituel de Jules Lamy

par Paul GENUIST......................................................................................... 77-88

Les Carmélites à Saint-Boniface (1912-1929)

par Edmond CORMIER................................................................................. 89-100

L'Émergence du diocèse de Prince-Albert

par Soeur Joséphine OUELLET...................................................................... 101-110

La question de l'origine des Indiens d'Amérique et la pensée de certains Pères oblats

par Gilles CADRIN........................................................................................ 111-124

D'hier à demain: rites de passage

par Réal GIRARD........................................................................................... 125-143

Les fonds français aux Archives de la Saskatchewan

par Ruth DYCK WILSON.............................................................................. 145-151

Origines et développement de la collection d'histoire de l'église catholique canadienne

par Brian HOGAN......................................................................................... 153-156

Le régime de réglementation à l'ouest du Manitoba après 1870: "La Petite République de St-Laurent."

par J.G. QUENNEVILLE................................................................................ 157-166

Louis Riel et l'opinion française spectrographie d'un phénomène de communication

par Raphaël PIERSON................................................................................... 167-174

Profil démographique des Canadiens français de la Saskatchewan:

1885-1985

par A.B. ANDERSON.................................................................................... 175-195

Le statut et l'avenir de L'education française en Saskatchewan

par Louis Y. JULÉ.......................................................................................... 197-212

Gestion scolaire pour les Fransaskois

par Gustave DUBOIS..................................................................................... 213-227

Projet d'évaluation des maternelles franco-manitobaines 1985

par Hermann DUCHESNE............................................................................ 229-236

L'Apprenant adulte du français langue seconde en Saskatchewan: à la recherche de son héritage ou en route vers l'avenir?

par Joan BOYER............................................................................................. 237-243

Support pédagogique pour le francophone isolé: l'enseignement à distance

par William Walter BOSTOCK...................................................................... 245-257

Présentation

Le thème, Héritage et Avenir des francophones de l'Ouest, délibérément choisi pour le cinquième colloque du Centre d'études franco-canadiennes de l'Ouest répondait à ce que déjà nous percevons être une renaissance de nos communautés culturelles françaises. Ce colloque, le deuxième de la série en Saskatchewan, vient confirmer notre volonté de passer de la survivance à un épanouissement. Cet automne, les 10 et 11 octobre, un sixième colloque nous amènera à la côte du Pacifique ou le "fait français" à l'université aura alors atteint sa dimension pan-canadienne. La tenue du cinquième colloque au Collège St-Thomas More de l'Université de la Saskatchewan, et la publication de ces Actes n'auraient très probablement pas eu lieu sans l'encouragement d'An nette Saint-Pierre et du CEFCO. Le dévouement de l'équipe de l'Unité de Recherches pour les études canadiennes-françaises, sur tout des Professeurs Monique Genuist, Paul Genuist, et Alan Ander son, en a assurer le bon déroulement. Remerciments sincères à l'équipe du Centre d'enseignements de langues secondes de l'Université de la Saskatchewan, y compris France Biackburn-Simard, le Dr. Joan Boyer, Antonella Bove- Graziani, et Myrna Holm. Merci particulièrement à la Directrice Frann Harris, qui nous a assuré un support constant et sans défaillance. Nous tenons aussi à remercier les autorités qui ont subventionné la tenue du colloque et la publication de ce volume: - Le Ministère fédéral du Secrétariat d'état, - Le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, - Le Bureau de la minorité de langue officielle, Ministère de l'éducation de la Saskatchewan, - L'Université de la Saskatchewan.

Jean-Guy Quenneville

Table ronde

" héritage et avenir" avec

Hubert Balcaen, Hubert G.

May es, et Annette Saint-Pierre

Annette Saint-Pierre

Interpellée, moi aussi, par les mots " Héritage et Avenir," j'ai pensé partager avec vous une certaine inquiétude en me posant la question suivante: y a-t-il un avenir pour l'écriture dans l'Ouest? Je vous ferai grâce de l'introduction de mon sujet et mettrai en pratique le conseil par excellence pour un bon discours: placer la conclusion aussi près que possible de l'introduction. L'écriture! Pour la plupart d'entre nous, c'est la rédaction d'ar ticles plus ou moins longs et plus ou moins savants, de livres plus ou moins volumineux et plus ou moins érudits. Cependant, devant l'intérêt grandissant pour l'héritage de la francophonie dans l'Ouest, il faut se demander si nous investissons assez de temps, d'argent et de talent pour conserver, faire connaître et enrichir le capital social légué par nos devanciers. Sommes-nous satisfaits de notre apport? Savons-nous contenter la curiosité de ceux qui se tournent vers nous? Ou donnons-nous l'impression que nous n'avons rien à dire? Le problème de l'édition se pose immédiatement. Ici, en Sas katchewan, la naissance d'une nouvelle maison - Les Editions Louis Riel - est un témoignage qui nous apporte une bouffée d'air frais. On respire et on vit encore. Avec les autres pièces à conviction des deux maisons manitobaines, l'Ouest produira environ une vingtaine de titres par année. Du côté des hebdomadaires, la santé est assez bonne. Par con tre, au chapitre des périodiques, nous ne sommes même pas dans la course. Nous continuons à enrichir les revues Canadian Studies Quarterly, Voix et Images, Revue de l'Université d 'Ottawa, Histoire du Théâtre au Canada, etc., tout comme un bon locataire qui ne songe même pas à posséder sa maison...un jour.... Depuis que le diocèse de Saint-Boniface a cessé de publier sa revue, Les Cloches de Saint-Boniface, il reste que le bulletin du CEF- CO est le seul périodique francophone, je crois, à élever la voix au- delà des fontières. Le temps ne serait-il pas maintenant venu pour les centres d'études ou de recherches de "bâtir leur maison"? Si une revue plus prestigieuse nous attire davantage - et je ne blâme aucunement les signataires d'articles de la préférer au bulletin du CEFCO - pourquoi ne pas essayer de la créer, cette revue, que plusieurs d'entre nous souhaitent peut-être depuis longtemps? Je me souviens des commentaires de Gratien Allaire et de Paul Dubé lors du colloque d'Edmonton en 1982. Ma réaction, alors, avait été prudente pour ne pas dire négative. Cependant, depuis les réalisations d'Edmonton, de Régina, et de Saint-Boniface - Saskatoon fera ses preuves cette année - mes collègues au bureau de direction du CEFCO sont d'avis que la col laboration de ces mêmes centres pourrait être le levier nécessaire pour faire démarrer une revue de l'Ouest. L'heure étant venue de créer un comité de l'Ouest pour la tenue du colloque annuel, ne faudrait- il pas, en même temps, songer à un comité de rédaction pour une revue? Ce serait faire un pas dans un nouveau champ d'action. Si non, il y a danger de faire marche arrière parce que la direction du bulletin du CEFCO va s'essouffler à son tour. En effet, le bulletin en est à sa dernière année, dans la formule présente. Il a rempli son rôle en ouvrant des avenues et en créant des liens entre l'Est et l'Ouest. Un projet nouveau ne serait pas un feu de paille si tous nous acceptions d'investir du temps, de l'argent, et du talent pour la publication d'une revue qui serait "notre" revue. Il faut avancer avec prudence, j'en conviens, parce que les épitaphes que l'on pourrait ériger à la mémoire de revues canadiennes avortées ou mortes en bas

âge seraient assez nombreuses.

Par ailleurs, le besoin est là et il est urgent. Il s'agirait de jeter des fondations solides après avoir mis toutes les chances de notre2 côté. Ne pourrait-on pas profiter du colloque de Saskatoon pour soupeser les arguments positifs et négatifs concernant la création d'un périodique de l'Ouest francophone? Si le bilan de nos délibérations est plutôt négatif, rappelons-nous que la vie des gens de l'Ouest est encore tissée de ténacité, de persévérance, et d'entêtement. Ajoutons à ces qualités celle de l'en traide, de la prudence, et du respect de l'héritage reçu; et nous voici prêts à sceller nos promesses du premier colloque du CEFCO à

Saint-Boniface.

La tenue de colloques est une plume à notre chapeau. Il paraît que l'on ne devrait pas louer le mariage la troisième journée mais attendre à la troisième année pour en vanter les bienfaits. Pour ce qui est du regroupement des centres, nous pouvons nous féliciter du cinquième anniversaire de notre "mariage" puisque nous avons toutes les raisons de conserver des liens de plus en plus sincères et de plus en plus solides. Si nous sommes des gens de parole - et nous le sommes - ne pourrions-nous pas aussi être des gens de parole "écrite"? Cha que centre pourrait-il produire un numéro par année? La réponse est en nous. Et que diriez-vous de ce titre pour la revue: Héritage et A venir? Y a-t-il de l'avenir pour l'écriture dans l'Ouest? La réponse est en nous.

Hubert G. Mayes

Mes collègues au bureau de direction étaient d'avis qu'un anglophone pourrait apporter une contribution utile à cette table ronde. Au premier abord, l'idée a du mérite. Etant donné que c'est sur un continent à vaste majorité anglophone que l'héritage fran çais a été conservé, et que c'est au sein de cette majorité anglophone que l'avenir du français va se dérouler, une perspective anglophone pourrait s'avérer à propos. Mais un problème se pose: peut-on parler de "l'optique anglophone," comme s'il existait une seule optique qu'une seule personne serait capable d'exposer sans trop déformer la réalité? Vous savez la réponse aussi bien que moi. Trop de facteurs entrent en jeu pour que l'on puisse parler de la perspective anglophone: par exemple, l'âge du porte-parole, son origine ethni que, le lieu où il habite, son niveau d'instruction, sa religion, et j'en passe. Je vais donc m'en tenir à une optique individuelle - la mienne - et je vais vous avertir d'emblée que je me considère comme un3 anglophone tout à fait typique. Puisque je suis depuis mon adolescence un francophile impénitent, mon point de vue ne pour rait être, en aucune façon, impartial. Néanmoins, au cours des quel ques minutes dont je dispose je vais vous offrir plusieurs observa tions qui, j'espère, fourniront matière à réflexion et peut-être à discussion. Je vais commencer par affirmer sans ambages qu'il y a eu, malgré certains événements qui feraient penser le contraire, une évolution chez les anglophones de l'Ouest vers une plus grande com préhension du fait français. Lorsque je pense à mon enfance, passée dans des villages anglosaxons du Manitoba pendant les années trente et quarante, je me rends compte que nous vivions en vase clos en ce qui concerne la réalité française dans notre pays. C'était un milieu qui entretenait, de façon voilée, l'animosité qui avait opposé les Anglais aux Français depuis le temps de Jeanne d'Arc. Tout ce qui était français, et même tout ce qui était catholique, nous était présenté d'habitude comme étant étranger à notre monde et, par conséquent, suspect. On faisait peu de cas de la présence du Québec dans la Con fédération, et c'est à peine si on reconnaissait l'existence des plusieurs millions de Canadiens français qui constituaient à ce moment-là pres que le tiers de la population du pays. Wolfe était le seul héros de la bataille des Plaines d'Abraham, et Louis Riel, le traître et l'assassin qui méritait bien le sort qui lui était advenu. Nous chantions à pleins poumons The Maple Leaf Forever, où l'on affirme que "the thistle, Shamrock, rose entwine the maple leaf" et où il n'y a pas la moindre allusion à la fleur-de- lys. Pour nous, Saint-Boniface et la culture française de notre pro pre province étaient presque complètement inconnus, et même le village de Saint-Lazare, qui se trouvait à treize milles de notre village, était une terra incognito que nous n'avons jamais songé à visiter. Et aujourd'hui? Bien sûr, cette ignorance et cette bigoterie ex istent encore dans bien des localités, parfois sous une forme virulente, mais il est également certain que nul instituteur n'oserait prêcher au jourd'hui l'hostilité et l'intolérance de ces années-là. En fait, depuis la deuxième guerre mondiale, une prise de conscience du fait fran çais se produit lentement dans les milieux anglophones de l'Ouest. Je n'ai pas le temps d'énumérer les raisons de cette prise de cons cience: elles vous sont d'ailleurs très familières. Ce qui nous intéresse, ce sont surtout les résultats de cette évolution. Les attitudes plus libérales des anglophones, ainsi qu'une volonté plus vigoureuse de s'affirmer chez les francophones, ont mené à des lois plus équitables,4 à une plus grande participation française à la fonction publique, à des écoles d'immersion, à des octrois gouvernementaux à divers organismes culturels et sociaux, à des cours de français pour nos juges et nos hauts fonctionnaires, et à de multiples échanges entre les écoles du Québec et du Canada anglophone. Tout cela, bien entendu, semble très positif et optimiste, mais en tant qu'anglophone, je me trouve obligé de poser certaines ques tions que vous avez sans doute posées vous-mêmes à maintes reprises: • Est-ce que cette vaste opération a été mise en branle trop tard pour assurer la survivance de la culture fran

çaise dans l'Ouest canadien?

• Est-ce que les écoles d'immersion représentent en fin de compte un leurre, un genre de formation qui peut aboutir à une certaine facilité d'expression en français, mais qui est, au fond, artificiel, et qui est maintenu dans une large mesure par des parents dont les mobiles sont souvent douteux? • Est-ce que l'assimilation va continuer à faire des ravages dans la population francophone de l'Ouest? Je dois vous avouer que dans mes heures les plus sombres je réponds à toutes ces questions par l'affirmative. Et puis-je ajouter que ce qui me reste d'optimisme en prend un coup lorsque, au cours de mes promenades à Saint-Boniface, je constate que le Centre culturel et la Maison franco-manitobaine ont l'air florissant, tandis que dans les rues il y a de moins en moins d'enseignes en français. Mais je n'ai pas de boule de cristal, et l'avenir ne se déroule pas toujours comme prévu. Peut-être que vos enfants, animés par un regain d'enthousiasme pour leur langue et leur culture, et soutenus par mes petites-filles qui fréquentent actuellement une école d'im mersion à Edmonton, sauront conserver et faire rayonner ce qui nous est si cher à tous - l'héritage français.

Hubert Balcaen

Dans un article que j'écrivais pour le bulletin du CEFCO il y a cinq ans, et que j'avais intitulé tout simplement "Ecole française et Verbe français," je m'étais employé à exposer un certain nombre d'observations personnelles sur l'attitude d'enfants fréquentant l'école française. Dans cet article, je faisais ressortir que, malgré de grands efforts déployés à la maison et à l'école pour la "défense et5 l'illustration de la langue française," ces enfants parlaient malgré tout presque toujours l'anglais entre eux et ce, comme si de rien n'était, c'est-à-dire de la façon la plus naturelle du monde. Dans le cadre de cette table ronde, je voudrais vous parler de mon expérience d'une vingtaine d'années comme père d'une famille de quatre en fants vivant en groupe minoritaire. Permettez-moi de vous dire, de prime abord, qu'il m'arrive de perdre espoir quant aux chances de survie de cet héritage linguisti que et culturel français, lorsque j'observe ce qui se passe (non pas à l'école seulement), mais, cette fois, sous mon toit. Autre affirma tion faite, tout de suite, et de façon presque aussi convaincue: le seul mince rayon d'espoir que je me permette est, d'une part, celui d'une situation malgré tout complexe et, d'autre part, celui d'un éternel optimisme, composante essentielle pour l'équilibre psychologique de tout minoritaire. Pour vous situer et vous expliquer un peu mon propre héritage, je vous précise que je suis issu de souche française (européenne et canadienne), mes ancêtres maternels étant arrivés de France au début du siècle pour venir s'établir comme pionniers dans une petite paroisse à nom français du sud-est de la Saskatchewan. Mes ancêtres paternels, eux, sont émigrés des Flandres, au début du siècle et sont venus prendre racine dans la seule paroisse française du Manitoba où se célèbre encore la Fête patronale des Canadiens-français. Mon enfance en a été une très protégée de l'influence anglo-saxonne, ayant précédé l'influence dévastatrice de la télévision et du rock, du magnétoscope et, bref, du rouleau-compresseur de la civilisation nord-américaine. Enfance suivie d'une adolescence comme pension naire au Collège de Saint-Boniface des Pères Jésuites dans la tradi tion classique des études gréco-latines et de la philosophie thomiste. C'est donc dire que j'ai grandi presque en serre chaude, à l'abri des vents et marées auxquels l'enfant francophone du groupe minoritaire doit, aujourd'hui, faire face. Cadre rural, francophone, suivi d'un cadre urbain mais où je vivais en quelque sorte dans un château fort, protégé de l'influence déjà pourtant assez grande, d'anglicisation et d'assimilation. Or, quelle est, justement, la situation de mes propres enfants depuis vingt ans? Pour schématiser à grands traits, je dirais ceci: nos enfants se parlent le plus souvent anglais entre eux ainsi qu'avec leurs amis; ils s'adressent à nous presque toujours en anglais. De façon plus précise, toutefois, la cadette, de dix ans, et l'aînée, une fille de vingt ans, elles se parlent français et s'adressent toujours à6 nous en français; les deux autres enfants - garçons et adolescents - sont des irréductibles de la langue de la majorité officielle. Les conversations téléphoniques des trois aînés, toutefois, se font tou jours en anglais. Donc, à l'exception de la cadette qui fréquente une très bonne école française, l'anglais est la langue d'usage des trois autres enfants francophones, pourtant issus d'un foyer très français. Les quatre ont toujours fréquenté de bonnes écoles françaises, dont deux ont été obtenues après des luttes scolaires presque épiques. On est en plein paradoxe, semble-t-il. Tentons donc un effort d'explica tion de cet état de choses. Ma première explication, si banale puisse-t-elle être, est que nos enfants vivent dans un monde radicalement différent de celui de notre propre enfance. Les héros de nos adolescents au plan culturel, que ce soit musical ou cinématographique sont, évidemment, anglo- américains ou britanniques. Les messages culturels les plus percutants et les plus significatifs pour ces enfants francophones sont tous transmis par le médium de l'anglais. Je ne dis pas par le médium de réseaux radiophoniques, par exemple, uniquement anglais; à preuve, des émissions du réseau national de Radio-Canada telles que "Sept Heures Bonhomme" et même notre programmation locale de CKSB Radio-Canada où il me semble que, dans le cadre d'émissions pour les jeunes, la majorité des chansons transmises sont de groupes américains ou de langue anglaise. Une deuxième explication est celle du cadre social et familial d'aujourd'hui. Le cadre familial des années 70 et 80 est lui-même fort différent de celui des décennies des 40 à 60. Les distractions d'alors se résumaient à peu de choses, il me semble, appuyées par des moyens financiers fort limités. C'était l'ère des regroupements familiaux autour du piano pour chanter l'Album de la Bonne Chan son de l'Abbé Gadbois. L'ère technologique du magnétoscope et des logiciels abondants pour l'alimenter, de la cassette, des salles de cinéma, des sorties dans les restaurants-minute pour n'énumérer que quelques possibilités, sont tous des éléments qui ont contribué à changer de façon radicale la face de notre monde de 1985. Très tôt, en vérité, nos pauvres enfants sont pris dans le tourbillon de notre rythme de vie trépidant, et leur allure correspond à celle du métal hurlant de Motley Crew et des autres groupes de même acabit. Donc, la vie trépidante, vie qu'ils semblent aimer vivre, est toute en anglais. Y a-t-il à être surpris, par conséquent d'entendre un énoncé spon tané fait en anglais par cet adolescent pris de la fureur de vivre qui arrive essoufflé pour le repas du soir?7 Troisième aspect de mon analyse: la langue gardienne de la foi ou, encore plus vrai en ce cas, "la foi gardienne de la langue," ne joue plus depuis une vingtaine d'années le rôle prédominant qu'elle jouait dans les années 40, 50. Le pouvoir séculier de l'église ne se manifeste plus et si ce phénomène est à bon nombre d'égards dif férent de celui de l'église québécoise, il n'en demeure pas moins, à mon sens, une composante. La religion comme valeur presquequotesdbs_dbs31.pdfusesText_37
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