[PDF] LA VIE DANS STAR WARS : UNE HISTOIRE (SUR)NATURELLE

View - Download LA VIE DANS STAR WARS : UNE HISTOIRE (SUR)NATURELLE

Previous PDF

Next PDF

130OCTOBRE 2015OCTOBRE 2015

LA VIE DANS

STAR WARS

UNE HISTOIRE

(SUR)NATURELLE umanoïdes à deux têtes, monstres géants tenta culaires, êtres pâles et filiformes, l'univers de Star Wars regorge de créatures et de personnages fan- tastiques. Cette diversité en extraterrestres - que l'on pourrait nommer " exo-biodiversité » - demeure propre au space opera , genre de science-fiction où l'action se déroule dans un système stellaire ou une galaxie étran gère à la nôtre - on parle plus volontiers de planet opera si l'action se déroule sur une autre Terre. Mais quels que soient les lieux d'action - ou l'échelle d'observation pour le naturaliste -, plus ces nouveaux mondes présentent d'espèces exotiques, plus leur découverte et leur explo ration se révèlent passionnantes et riches en rebondissements, voire en enseignements. Ainsi le bestiaire de la planète Naboo ou encore

131OCTOBRE 2015OCTOBRE 2015

star wars. la force d'un mythe universel celui de la planète glacée nommée Hoth dans l'Empire contre-attaque n'échappe pas à la règle. Si la série

Star Trek

demeure un plaidoyer pour une certaine philosophie naturaliste , il est tout aussi pos sible, comme nous allons le voir, de faire des sciences naturelles avec

Star Wars

Pour classer et mettre de l'ordre dans cette exo-biodiversité propre

à la galaxie de

Star Wars

, diverses bases de données ont été créées. C'est le cas de la très officielle Star Wars Databank ou encore de la Wookieepedia, qui se revendique Star Wars Wiki . Ces bases de connaissances participatives recensent et classifient les engins spa tiaux, les planètes, les civilisations, les systèmes politiques au ssi bien que les personnages, les monstres et extraterrestres vus dans les films mais aussi les séries télévisées, les dessins animés, etc . (ce que les fans nomment l'" univers étendu

»). Ces bases de données sont en per-

manence mises à jour, et chaque nouvelle entrée validée - ou non par la toute-puissante licence Star Wars. Ainsi la Wookieepedia, créée en 2005 par les deux fans Chad Barbry et Steven Greenwood, compte aujourd'hui pas moins de 120

597 entrées au total - sans

doute plus à l'heure où vous lirez ces lignes. Si ces chiffres donnent le vertige, il convient cependant de relativiser : étrangement, sur près de vingt millions d'espèces affichées dans toute la galaxie de Star Wars , seulement deux mille environ ont été décrites... C'est très peu si l'on considère les estimations effectuées pour notre seule planète, qui hébergerait entre cinq et dix millions d'espèces actuelles - et bien réelles - et dont un à deux millions sont déjà connues. L'exo- biodiversité starwarsienne n'est donc pas aussi riche - ni tout aussi comprise - que la biodiversité terrienne... Mais à Hollywood, la forme est censée rattraper le fond : ainsi la (re)présentation de cette exo-biodiversité fictive en une base de données encyclopédique est censée renforcer la plausibilité et la véracité de la fiction. Afin de combler cette lacune, il nous appartient donc d'analyser ces formes star wars. la force d'un mythe universel

132OCTOBRE 2015OCTOBRE 2015

de vie fictives d'une manière scientifique : transformons-nous en naturaliste galactique et partons sans plus tarder à la découverte de cette fantastique exo-biodiversité starwarsienne. Dans la galaxie de Star Wars, il existe deux endroits cruciaux où un maximum d'espèces exotiques convergent dans un espace plutôt res treint - et donc propice à l'observation : le très officiel Sénat galactique sur la planète Coruscant et la cantina de Mos Eisley sur Tatooine. Un naturaliste qui souhaiterait étudier les formes de vie dans

Star Wars

aurait tout intérêt à préférer la cantina, peut-être plus dangereuse mais plus authentique : le Sénat galactique n'est en effet fréquenté que par des officiels et des créatures politiques dont la représentativité peut d'ailleurs poser problème - les habitants de la planète Naboo ne sont pas tous des humains comme c'est le cas de la reine Amidala. Les discothèques, bars et night-clubs sur Coruscant attirent un certain nombre d'espèces exo tiques mais ces lieux sont souvent sombres, ce qui limite les observations. Les arènes des courses de modules sur Tatooine concentrent également de nombreuses espèces ; hélas ses tribunes sont tellement vastes qu'elles empêchent les observations les plus fines. La cantina de Mos Eisley se révèle donc être, au moins dans un premier temps, le lieu " idéal ». Obi-

Wan Kenobi nous prévient cependant

: " Voici l'astroport de Mos Eis- ley. Cette ville est le repaire des malandrins les plus infâmes de la galaxie, il faut être prudent... » Situé sur Tatooine, planète désertique et hostile aux mains du despote Jabba le Hutt, cet établissement peu fréquentable demeure le lieu de passage obligé de nombreux pilotes mais aussi de tra fiquants, de bandits de grands chemins et de chasseurs de primes venus des quatre coins de la galaxie. Si cette population diverse et non régulée peut constituer un échantillon d'étude intéressant, il convient donc de rester prudent... Imaginons donc notre naturaliste galactique commençant son étude en sirotant tranquillement un verre, adossé au bar de la cantina. Autour de lui, plusieurs formes de vie sont visibles. Première consta

133OCTOBRE 2015OCTOBRE 2015

la vie dans star wars : une histoire (sur)naturelle tation : ces formes de vie ne sont ni gazeuses ni liquides mais bel et bien solides et organiques puisque ici " on ne sert pas les droïdes ! », comme le rappelle Wuher, barman antipathique. Elles sont majoritaire ment humanoïdes, avec des bras, des jambes, des yeux et une bouche. Certaines interagissent même avec d'autres et sont censées être plus ou moins intelligentes selon les critères humains. Les humanoïdes en science- fiction correspondent au cliché anthropocentrique de l'espèce intelligente . Pourtant, sur Terre, l'intelligence n'est pas uniquement réservée à l'homme : les termites, les corbeaux, les pieuvres ou encore les dauphins par exemple présentent certaines formes d'intelligence. Mais l'humanoïde en tant qu'incarnation de l'extraterrestre persiste, comme si l'altérité nécessitait d'abord la ressemblance. Certes nous déchiffrons mieux - et plus rapidement - les émotions d'un alien anthropomorphe. Si autrefois au cinéma un simple costume ou un masque suffisait pour incarner un extraterrestre, il semble que l'avènement du numérique (où tout devient possible) ne change rien à la règle : les formes de vie intel- ligentes dans Star Wars - et ailleurs - sont malheureusement presque toutes anthropoïdes... C'est le cas des habitués de la cantina comme de son propriétaire, un certain wookie du nom de Chalmun... Avec un peu de chance en effet, notre naturaliste galactique ren contrera Chalmun, qui se rend ponctuellement dans sa cantina. Il s'agit d'un wookiee, espèce velue à laquelle appartient également Chewbacca, célèbre compagnon de route de Han Solo. Les wookies sont de grands et forts humanoïdes d'une hauteur envi ronnant les 2,5 mètres. Ces robustes bipèdes sont couverts de longs poils bruns, roux ou grisâtres et possèdent un pouce opposable ainsi qu'une denture hétérodonte, c'est-à-dire une bouche munie de différents types de dents - les plus visibles étant les canines et les incisives. Ces caracté ristiques évoquent clairement le groupe des primates, affiliation confor tée par leur mode de vie arboricole sur Kashyyyk, leur planète d'origine, où ils vivent sur des sortes d'arbres géants. Les wookies seraient-ils donc star wars. la force d'un mythe universel

134OCTOBRE 2015OCTOBRE 2015

les extraterrestres les plus proches de nous ? Le fait qu'ils ne possèdent pas de queue les rapproche du groupe des hominoïdes auquel nous appartenons en effet, avec les gibbons, les chimpanzés (bonobos inclus), les gorilles et les orang-outans aujourd'hui. Parmi les hominoïdes, la taille imposante des wookies évoque plus précisément le genre Gigan topithecus , un primate fossile ayant vécu en Asie il y a quelques millions d'années. Cet anthropoïde géant - dont la hauteur est estimée jusqu'à

3 mètres

- n'est connu que par des fragments de mâchoire et des dents pétrifiées, et serait à l'origine de la légende du yéti. Sa morphologie demeure cependant plus proche de celle de l'orang-outan que d' Homo sapiens . La cantina de Mos Eisley serait-elle donc tenue par une sorte de yéti de l'espace ? Pas tout à fait car, à y regarder de plus près, le nez de Chalmun, lisse et globuleux comme chez tous les autres wookies, ressemble à une truffe de chien et suggère aussi un côté canin. Avec des traits de primate et de canidé, les wookies sont donc des monstres présentant une mosaïque de caractères. Un peu comme les chimères de l'Antiquité aux noms évocateurs de Pégase ou de Centaure, et qui cor respondent à des animaux (comme un cheval) sur lesquels, en l'absence de connaissance en génétique et morphogenèse à l'époque, étaient sim plement " greffées » des parties d'un autre organisme (des grandes ailes de cygne dans le cas de Pégase). Créer de telles chimères correspond à une technique classique qui fait recette aussi bien en mythologie qu'en science-fiction contemporaine, comme si l'assemblage hétéroclite suffi sait à créer l'exotisme . Avec une telle technique, et au regard de la science, le fantastique devient donc fantasque. Mais consolons-nous car Chalmun possède tout de même un trait propre à son espèce ; son cri ! Il pourrait bien s'en servir lorsque le puissant bandit Jabba le Hutt vient chez lui pour réclamer sa " taxe professionnelle Avec son corps massif et fusiforme, sa peau molle et gluante et la bave qui s'écoule de sa bouche, Jabba le Hutt possède a priori tous les attributs d'une limace géante. Sur Terre, les limaces constituent, avec

135OCTOBRE 2015OCTOBRE 2015

la vie dans star wars : une histoire (sur)naturelle les escargots notamment, l'important groupe des mollusques gastéro podes rassemblant près de 100

000 espèces et apparu dès le cambrien

- il y a près de 500 millions d'années. Jabba quant à lui apparaît pour la première fois dans le Retour du Jedi en 1983. Avec sa masse estimée à environ une tonne, comment un tel organisme à corps mou peut-il, sans s'affaisser sous son propre poids, se mouvoir sur Tatooine - pla nète tellurique dont la gravité semble assez proche de celle de la Terre Si l'on veut que l'existence de Jabba soit biologiquement plausible, il convient donc de lui imaginer un squelette interne qui lui permettrait, entre autres, de soutenir son propre corps en surface. Sachant que son nom évoque le mot russe signifiant " crapaud », la question se pose : Jabba le Hutt est-il un gastéropode (mollusque) ou un amphibien (vertébré tétrapode) ? Ses petits bras à l'avant rappellent en effet les membres chiridiens (munis de doigts) des vertébrés tétrapodes connus sur Terre, groupe constitué aujourd'hui des amphibiens, des reptiles, des oiseaux et des mammifères - soit environ 30

000 espèces actuelles.

Le fait que Jabba possède aussi des yeux à pupille plutôt que de simples ocelles est également un indice de son appartenance au groupe des tétrapodes. Rappelons que la plupart des tétrapodes possèdent, comme leur nom l'indique, quatre pattes. Jabba aurait-il perdu ses pattes arrière au cours de l'évolution, comme chez les cétacés, ou ses pattes ne se forment-elles pas au cours de son développement, comme chez certains amphibiens ? Dans la réalité, ce phénomène bien connu - et nommé néoténie - caractérise des adultes capables de se repro duire tout en conservant des caractères larvaires. C'est le cas classique de l'axolotl (

Ambystoma mexicanum

), une salamandre originaire du Mexique qui demeure aquatique, ne se métamorphose pas, et présente des branchies externes au stade adulte. Avec sa grosse langue visqueuse, sa peau lisse et verdâtre, tout porte à croire que Jabba est en fait une sorte de têtard géant de l'espace. Notons aussi que ce répugnant bandit mange de petites grenouilles en guise d'apéritif, ce qui n'est pas sans rappeler le cannibalisme de certains gros batraciens... Enfin, le fait qu'une femelle hutt apparaît dans la Menace fantôme (dans l'arène de la course aux modules) nous évoque une fois de plus le groupe des amphibiens, dont le dimor star wars. la force d'un mythe universel

136OCTOBRE 2015OCTOBRE 2015

phisme sexuel (la distinction entre mâles et femelles) est en général plus évident que celui des gastéropodes (l'escargot est hermaphro dite)... Le seul problème réside dans le mode de vie de ce têtard géant qu'il semble plus logique d'imaginer évoluant en milieu aquatique que sur une planète sèche et désertique comme Tatooine... Aussi puissant soit-il sur Tatooine, Jabba n'est sans doute pas originaire de cette pla nète, comme finalement beaucoup d'espèces fréquentant la cantina de

Mos Eisey

Dans l'arrière-salle, Chalmun négocie âprement avec Jabba venu réclamer son dû. Le ton monte entre le yéti et le têtard de l'espace. Pour adoucir les moeurs, un groupe de musiciens monte sur scène : le fameux Figrin D'an and the Modal Nodes bien connu dans la bordure extérieure de la galaxie. Ces musiciens appartiennent à l'espèce bith originaire de la petite planète Clak'dor VII. Il s'agit de pâles humanoïdes à peau claire, rosâtre ou jaunâtre. Ils possèdent de longs doigts boudinés et une tête volumineuse caractérisée par une région céphalique (ou post- orbitaire) nue et très développée. Cette imposante région céphalique suggère un volume cérébral important et donc, a priori , une espèce intelligente, idée confirmée par la base de données Wookieepedia les biths, bien connus dans toute la galaxie pour leurs capacités intellectuelles, sont souvent des scientifiques, des consultants ou des musiciens. Leur boîte crânienne présente à l'avant une fente verti cale assez marquée, qui semble séparer le cerveau - ou son organe

équivalent

- en deux lobes antérieurs. Cette fente ressemble chez l'humain à la suture métopique des nourrissons ; une sorte de fon- tanelle correspondant à une zone de croissance des os frontaux, un peu comme la fontanelle plus classique - entre frontaux et parié taux - qui rend le crâne des bébés humains assez mou, plastique car en cours d'ossification. Si, avec leur crâne de nourrisson, les biths n'ont peut-être pas fini leur croissance, ils sont déjà de vrais artistes

137OCTOBRE 2015OCTOBRE 2015

la vie dans star wars : une histoire (sur)naturelle Rappelons au passage que la musique de cette célèbre séquence de la cantina de Mos Eisley est signée John Williams et interprétée par le

London Symphony Orchestra.

Ces grands chauves présentent également une face réduite, avec de gros yeux noirs, lisses, brillants et globuleux. À la place du nez, quelques replis cutanés sont visibles juste au-dessus de la bouche. Mais comment ces clarinettistes et trompettistes pour la plupart peuvent-ils inspirer sans orifice nasal ? Encore une fois, la base de données Woo- kieepedia a réponse à tout : les biths respirent (et donc inspirent) par la peau ! On pourrait alors se demander pourquoi, lorsqu'ils jouent de la musique, n'apparaissent-ils pas nus sur scène afin d'optimiser leur surface de contact avec l'extérieur et donc leur souffle ? Si, pour les besoins scénaristiques et commerciaux de la licence Star Wars - main- tenant aux mains de Disney -, la saga met en scène des nombreux extraterrestres humanoïdes pour notre plus grand plaisir, les faire apparaître nus relèverait cependant du défiquotesdbs_dbs19.pdfusesText_25

[PDF] faire des sciences avec star wars fnac

[PDF] faire des sciences avec star wars epub

[PDF] livre star wars pdf

[PDF] joue la comme beckham en anglais

[PDF] le mariage de figaro acte 3 scène 5 analyse

[PDF] star wars pdf gratuit

[PDF] telecharger ebook star wars

[PDF] le mariage de figaro acte 3 scene 4

[PDF] god-dam

[PDF] star wars epub french

[PDF] le mariage de figaro acte 3 scène 15

[PDF] le mariage de figaro inégalités sociales

[PDF] star wars livre

[PDF] simulation d un procès

[PDF] dialogue entre l avocat et le juge