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Bien que le terme « utopie » et l'initiation du genre littéraire utopique soient portés au crédit de Thomas More au XVIe siècle17 la quête de la cité idéale 



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    Incarnation intellectuelle et matérielle de l'utopie, la Cité idéale est une conception urbanistique visant à la perfection architecturale et humaine. Elle inspire à bâtir et à faire vivre en harmonie une organisation sociale singulière basée sur certains préceptes moraux et politiques.
  • Qu'est-ce que l'utopie en littérature ?

    L'utopie est un genre littéraire qui s'est développé dans le sillage de Thomas More, aux XVIIe et XVIIIe si?les. Il associe récit d'un voyage et description d'une société idéale. L'ambition des écrivains qui ont illustré et présenté des utopies est plutôt l'élargissement du champ des possibles et leur exploration.
  • Quel est le sujet du livre utopie ?

    L'Utopie est l'ouvrage le plus cél?re de Thomas More. Il y propose le récit du voyage fictif de Raphaël Hythloday, un marin portugais, sur l'île d'Utopie. Celui-ci raconte, dans la deuxième partie du livre, ce qu'il a vu sur l'île, comment fonctionne le gouvernement et quelles sont les mœurs de ses habitants.
  • Quels sont les genres littéraires qui racontent une utopie ?

    L'utopie littéraire devient roman réaliste.
LES UTOPIE URBAINES ENTRE CRISE ET RENOUVEAU (Article

LES UTOPIE URBAINES, ENTRE CRISE ET RENOUVEAU

(Article paru dans La Revue des deux mondes, avril 2000, pp. 110-117)

Depuis la Renaissance, les discours sur la ville qui se sont proposés de l'améliorer, de la rendre plus rationnelle et

plus belle, ont entretenu des liens nombreux avec l'utopie. Au milieu des années 1960, au plus fort de l'intérêt suscité

par la relecture de l'úuvre de Saint-Simon, Fourier et Owen dans une perspective annonçant les mouvements

contestataires de la fin de la décennie, Françoise Choay insistait sur ces liens en publiant une anthologie restée

fameuse : L'Urbanisme. Utopies et réalités (1). De tels liens n'avaient rien d'étonnant pour le lecteur, car chercher à planifier la ville, c'était imaginer dans le même temps une vie harmonieuse présentant des caractéristiques utopiques.

A l'inverse, la régularité sociale décrite par l'utopie avait souvent recours à des dispositifs spatiaux capables de lui

donner un caractère plus concret. Dans la littérature utopique, les exemples de villes ou d'établissements idéaux ne

manquaient pas, de la Cité du Soleil de Tommaso Campanella au Phalanstère fouriériste. Dans la production

théorique relative à la ville et à l'architecture, les évocations de sociétés réglées comme des utopies ne faisaient pas

non plus défaut, que ce soit chez des architectes de la fin du XVIIIe siècle comme Claude-Nicolas Ledoux, ou chez les pères fondateurs de l'architecture moderne, Walter Gropius et Le Corbusier en Europe, Frank Lloyd Wright de

l'autre côté de l'Atlantique. En 1965, cette tradition de connivence entre pensée urbaine et utopie occupait le devant

de la scène urbanistique et architecturale avec les écrits d'un Buckminster Fuller annonçant que le monde devait

choisir entre l'utopie et l'anéantissement (2), avec les nombreux projets de villes nouvelles qui voyaient le jour un peu

partout dans le monde, tandis que le groupe anglais Archigram imaginait des mégastructures ludiques pour une

humanité ayant enfin compris les leçons conjuguées de la cybernétique et de la bande dessinée populaire américaine (3). Dans certains projets d'Archigram, la connotation utopique se parait toutefois de couleurs sombres

annonçant la production contre-utopique italienne du début des années 1970. Utopie/contre utopie : l'alternative

naissante s'avérait toutefois moins déterminante que le lien avec la question fondatrice posée par Thomas More et

ses successeurs concernant la possibilité d'un monde radicalement différent.

Vingt-cinq ans plus tard, il semble que la veine utopique se soit tarie en matière d'urbanisme et d'architecture. Le

thème ne fait d'ailleurs plus recette

chez les étudiants de ces deux disciplines. Qu'il s'agisse de planifier ou de dessiner, le réalisme est de mise, un réalisme qui confine parfois au cynisme lorsque les urbanistes et les architectes

acceptent d'être manipulés par leurs commanditaires, pour mieux manipuler en retour ceux qui doivent vivre dans les

espaces qu'ils conçoivent. La reconnaissance du rôle structurant des grandes compagnies internationales, des logos

et des marques a pris le dessus sur la recherche de solutions alternatives. Le paysage urbain est devenu un paysage

de la consommation de masse, troué par des infrastructures géantes reliant les centres commerciaux aux quartiers

résidentiels, ponctué d'enseignes franchisées qui se répètent d'un bout à l'autre de la planète.

Cette situation n'est pas sans curieux paradoxes. Beaucoup de professionnels de la ville et de l'architecture se désolent de l'anémie politique et sociale de leurs disciplines, de l'incohérence des séquences spatiales qui résultent

des dictats de la consommation de masse, tout en contribuant à leur manière à cette anémie et à cette incohérence.

Faut-il s'arrêter de projeter parce que les enjeux ne sont plus aussi clairs qu'autrefois ?

Plus étonnant encore, au sein du star system de la ville et de l'architecture, parmi les vedettes dont les réflexions et

la pratique font recette auprès des étudiants et des jeunes professionnels, on trouve des concepteurs qui se sont

formés au contact étroit de l'utopie ou de la contre-utopie des années 1960-1970. Les architectes Rem Koolhaas ou un Bernard Tschumi sont du nombre. Leurs projets recyclent fréquemment, sur un mode à la fois amoral et ludique,

des hypothèses qui avaient été élaborées en relation avec la question de l'utopie. Chantre de la ville sans limite,

d'une urbanité sauvage à la façon des mégalopoles asiatiques et d'une forme architecturale libérée du carcan des

convenances, un Rem Koolhaas doit beaucoup à l'architecture radicale italienne du début des années 1970, aux

projets des groupes Archizoom et Superstudio en particulier (4).

Ces indices donnent à penser que l'utopie n'a pas totalement disparu de la scène urbaine et architecturale. Son extinction supposée en tourmente certains, tandis que d'autres demeurent obsédés par les traces qu'elle a laissées

au point de s'en servir pour de nouvelles fondations. De ce point de vue, la situation de l'urbanisme et de

l'architecture n'est peut-être pas très différente de celle qui prévaut dans d'autres champs de la culture. De la

philosophie à la sociologie, de l'histoire à la littérature, la fin des grands discours eschatologiques laisse comme un

arrière-goût amer dans la bouche de ceux qui les enterrent. Sans toujours l'avouer, les contempteurs de ces discours

leur empruntent encore de nombreux éléments d'analyse.

En matière urbaine et architecturale, ces emprunts trouvent toutefois leurs limites dans l'évolution récente des villes

et des territoires qui vient bousculer des évidences que l'on avait longtemps admises à leur sujet. Tout d'abord, la

ville n'est plus finie comme autrefois. Plus grave encore, sa forme tend à devenir secondaire au regard de

déterminations comme les liens qu'elle entretient avec d'autres métropoles, le degré de développement économique

des territoires dont elle se compose, ou encore les temps de transport entre ces territoires (5). Certes, tout n'est pas

nouveau dans cette évolution, mais l'image de la ville s'est profondément modifiée ces dernières années. Les

hésitations du vocabulaire spécialisé en témoignent. Les uns évoquent le passage de la ville à l'urbanisation, les

autres parlent de métapole ou encore de ville émergente (6).

La ville illimitée, la ville sans forme clairement reconnaissable n'a plus grand chose à voir avec les compositions

urbaines idéales des utopies d'autrefois. A cela s'ajoute le caractère de plus en plus événementiel de l'identité et de

la vie urbaines. Une ville se reconnaissait à sa structure spatiale. Elle tend à se définir aujourd'hui au travers

d'événements qui vont des grandes manifestations sportives aux émeutes, en passant par les catastrophes

naturelles et les embouteillages. Il n'est qu'à songer pour s'en convaincre à l'importance symbolique qu'a revêtu la

Coupe du monde de football à Paris, ou à celle de l'explosion sociale de 1992 à Los Angeles(7).

Dans la ville des utopies traditionnelles, il ne se passait rien, la perfection de l'organisation sociale excluant tout

débordement, qu'il soit festif ou violent. La grande ville contemporaine s'organise en revanche au travers d'une trame

serrée d'événements qui la débordent en tous sens.

Un tel débordement a beau être constitutif de l'identité urbaine, il n'en contribue pas moins à obscurcir la direction

dans laquelle évolue la ville. Plus précisément, la multiplication des événements suspend le temps historique, ou

plutôt le dilue dans une suite indéfinie d'instants tous également remarquables. C'est à sorte de "fin de l'histoire" que

l'on semble assister en matière urbaine, une fin à coup sûr différente de celle qu'avait annoncée un Fukuyama (8).

Trop étalée désormais pour que sa croissance soit encore perceptible à l'oeil nu, la grande ville paraît baigner dans

un éternel présent, ou relever de rythmes qui n'ont plus grand chose à voir avec ceux de l'histoire immédiate.

Une autre façon d'appréhender ce phénomène consiste à voir dans la ville contemporaine un environnement plus

qu'une construction, une sorte de nature qui serait venue se substituer au cadre naturel pour la plupart des habitants

de la planète. Avec cette naturalisation de la ville, le temps urbain semble relever de cycles comparables à ceux du

climat, avec ses fluctuations quotidiennes et ses variations multiséculaires. L'importance accordée à la météorologie,

le caractère obsédant pris par des questions à très long terme comme le réchauffement de la terre pourraient bien

participer de la mise entre parenthèses de la sensibilité historique.

Cette mise entre parenthèses est probablement provisoire. Elle n'en contraste pas moins avec le sentiment aigu de

l'imminence d'un futur différent qui s'était exprimé par l'intermédiaire de l'utopie depuis le début du XIX

e siècle au

moins. Car ce que des utopies comme le Saint-Simonisme ou le Fouriérisme avaient en commun, à la veille des

bouleversements de l'ère industrielle, c'était la conviction que l'histoire avait un sens et qu'elle allait entraîner des

changements irréversibles.

Davantage qu'à l'éternel présent de la pensée libérale, pour laquelle il ne saurait y avoir d'avenir viable fondé sur

d'autres principes que ceux de l'initiative individuelle et de la loi du marché, c'est à cet autre présent des réseaux

d'information que l'on songe immédiatement. Comme la ville, les réseaux constituent des environnement plus encore

que des constructions ou des systèmes au sens traditionnel. Comme elle, ils se parent d'une étrange forme de

naturalité. Comme la nature enfin, bien qu'ils aient leurs âges et leurs degrés de développement, ils semblent baigner

dans une perpétuelle actualité. Contrairement à ce que l'on entend souvent affirmer, l'Internet ne baigne pas dans le

futur, mais dans le présent ; il n'annonce pas des jours meilleurs mais une clarté perpétuelle, polaire, révélant

crûment la société à elle-même, y compris dans ses inégalités les plus choquantes (9).

Mais en même temps qu'ils semblent entériner l'épuisement définitif de l'utopie, les nouveaux réseaux d'information

font ressurgir des attentes que l'on croyait mortes, le désir de redonner un sens à la vie individuelle et collective, des

rêves de transparence et de communication universelle. Il y a très probablement de l'utopie à l'úuvre dans l'Internet.

Cette utopie présente un caractère urbain. Elle tend à nous dire quelque chose sur les villes et sur leur devenir,

même si les projets de cités électroniques sont souvent très en retrait de l'espoir qui leur a donné naissance (10).

Sur de nombreux points, la dimension utopique dont se parent les nouveaux réseaux d'information et de

communication rompt avec le registre de l'utopie traditionnelle. Elle est à la fois beaucoup plus globale, et intimement

liée à des pratiques quotidiennes : se connecter, lire son e-mail, parcourir le Web à la recherche d'informations ou

pour y faire des achats. Elle tend à court-circuiter du même coup les plans intermédiaires sur lesquels entendaient

agir les utopistes, ceux de l'organisation politique et productive, ceux de la culture au sens institutionnel. Un tel court-

circuit est probablement lié à la nature profonde des transformations en cours. La mondialisation tend précisément à

supprimer tous les obstacles s'opposant à la mise en contact direct des appareils économiques et culturels

planétaires et des individus (11). Génératrice d'angoisse, une telle situation n'en est pas moins porteuse d'un fort

potentiel utopique.

Ce potentiel pourrait bien préluder à une redéfinition radicale de l'utopie. Après tout, ce ne serait pas la première fois

que l'utopie changerait de nature. Il n'est qu'à songer pour s'en convaincre aux multiples différences entre les utopies

de la période préindustrielle et celles du XIX e siècle, les unes décrivant des contrées imaginaires, sur le modèle du

récit publié par Thomas More en 1516, les autres évoquant l'état futur et universel d'une humanité enfin délivrée de

ses maux. L'utopie ne forme pas un genre qui échappe à l'histoire pour la rendre pensable ; elle apparaît plutôt

comme une série de propositions historiquement déterminées (12).

Les utopies de l'ère de la communication parvenue à maturité risquent de ne plus ressembler du tout à celles dont

nous portons encore le deuil. Globales, mais aussi proches de l'expérience quotidienne, elles permettront peut-être

d'agir plus efficacement sur les métropoles, ces villes sans structure spatiale claire, ces villes informes qui

s'organisent en fonction de réseaux d'échanges économiques et culturels de plus en plus vastes, ainsi qu'à partir des

pratiques différentiées de leur habitants.

De telles utopies s'accompagneront probablement de l'émergence d'un nouveau sujet. Un tel sujet, placé en contact

direct avec les grands appareils mondiaux, et plus seul que jamais dans un monde livré à la compétition entre les

individus, demeure pour l'instant nimbé de flou. Une chose est sûre, il entretiendra des rapports intimes avec la

technologie, ne serait-ce qu'en raison de son caractère vital dans un monde fondé sur l'accès à l'information.

L'intimité avec la technologie fait que l'on évoque souvent à son propos la figure du cyborg, ce mixte de chair et de

machine, cette figure caractérisée à la fois par la proximité avec les réseaux de communication et par la solitude

existentielle. A côté de la littérature de science-fiction et du cinéma, une telle figure hante toute un pan de la réflexion

philosophique, anthropologique et historique contemporaine (13). Les utopies de l'ère de la communication

s'adresseront-elles à des cyborgs ?

Sans trancher sur ce point, on ne peut qu'être frappé par l'ampleur des transformations qui affectent d'ores et déjà les

catégories de la vision. Tout regard présuppose un sujet ; or le regard que nous portons sur le monde est en train de

changer. Nous voyons de beaucoup plus loin et de beaucoup plus haut que ceux qui nous ont précédés. Peu après

avoir inventé la perspective, l'homme renaissant s'était élevé par la pensée au dessus de ses principales villes pour

en faire le portrait (14). Grâce aux satellites, c'est l'ensemble de la terre que nous pouvons observer comme une

tapisserie aux motifs variés. A l'autre extrémité de l'échelle de la vision, nous sommes capable de percevoir les

phénomènes les plus ténus, cristallisations, micro fissures. Nous voyons de beaucoup plus près et, comme l'avait

suggéré Pascal dans ses Pensées, ce sont des mondes entiers qui se révèlent à nous dans les plis de la matière.

Aux deux échelles que l'on vient d'évoquer, la présence obsédante de la technologie, satellite ou microscope, semble

là encore militer en faveur de l'hypothèse du cyborg.

Faut-il s'effrayer de cette mutation ? Au même titre que le sujet idéal de la Renaissance ou le citoyen des Lumières,

le cyborg n'est jamais qu'une fiction. L'utopie pourrait bien résider en définitive dans cette réinvention perpétuelle de

l'image de l'homme qui constitue l'une de signes les moins équivoques de l'humanité. Comme toutes les cités qui

l'ont précédée dans l'histoire, la grande ville contemporaine porte la marque de cette réinvention.

NOTES (1) F. Choay, L'Urbanisme. Utopies et réalités, Paris, Le Seuil, 1965.

(2) R. Buckminster Fuller, Utopia or oblivion : The Prospects for humanity, Bantam Books, Toronto, New-York,

Londres, 1969.

(3) Sur Archigram, voir par exemple Archigram, catalogue d'exposition, Paris, Editions du Centre Georges Pompidou,

1994.

(4) Cf. D. Rouillard, D. Rouillard, ""Radical" architettura", in Tschumi une architecture en projet : Le Fresnoy, Paris,

Éditions du Centre Georges Pompidou, 1993, pp. 89-112.

(5) Voir par exemple P. Veltz, Mondialisation, villes et territoires. L'Économie d'archipel, Paris, P.U.F., 1996.

(6) F. Choay, "Le Règne de l'urbain et la mort de la ville", in J. Dethier, A. Guiheux (dir.), La Ville, art et architecture

en Europe, 1870-1993, Paris, Editions du Centre Pompidou, 1994, pp. 26-35 ; F. Ascher, Métapolis ou l'avenir des

villes, Paris, Odile Jacob, 1995 ; Y Chalas, G. Dubois-Taine (dir.), La Ville émergente, La Tour d'Aigues, Les éditions

de l'Aube, 1997.

(7) Dans le cas de Los Angeles, l'importance de l'événement, qu'il soit réel ou imaginaire, constitue le thème du

dernier livre de Mike Davies, The Ecology of Fear: Los Angeles and the imagination of disaster, New York, Vintage

Press, 1999.

(8) F. Fukuyama, The End of history and the last man, New-York, Macmillan, 1992.

(9) Il est frappant de constater à quel point, loin de contribuer à résorber les inégalités de développement

économique, l'Internet ne fait que les révéler plus avant. L'Afrique est par exemple le continent le moins irrigué par

les nouveaux réseaux d'information.

(10) On trouvera un bon exemple de ces projets dans W.-J. Mitchell, City of bits. Space, place and the infobahn,

Cambridge, Massachusetts, The M.I.T. Press, 1995 ; W.-J.. Mitchell, E-topia. "Urban life, Jim - But not as we know

it", Cambridge, Massachusetts, MIT Press, 1999. (11) Cette mise en contact s'opère notamment par l'intermédiaire de la consommation de masse.

(12) Le caractère anhistorique de leur conception de l'utopie constitue à notre sens la principale limitation d'ouvrages

classiques comme ceux de Karl Mannheim ou d'Ernst Bloch. Voir notamment K. Mannheim, Ideology and utopia,

Bonn, 1929, trad. angl. New York, Harvest/HBJ, 1985 ; E. Bloch, Le Principe espérance, Francfort, 1959, trad. fr.

Paris, Gallimard, 1982.

(13) Voir notamment D. Haraway, " Manifesto for cyborgs: Science, technology, and socialist feminism in the 1980s",

in Socialist review, vol. 15, n° 2, 1985, pp. 65-107 ; D. Haraway, Simians, cyborgs and women: The Reinvention of

nature, New-York, Routledge, 1991 ; P. Edwards, The Closed world. Computers and the politics of discourse in cold

war America, Cambridge, Massachusetts, M.I.T. Press, 1996. Nous avons déjà eu recours à cette figure à propos

des mutations urbaines contemporaines dans A. Picon, La Ville territoire des cyborgs, Besançon, Les éditions de

l'Imprimeur, 1998.

(14) Cf. A. Picon, J.-P. Robert, Un Atlas parisien. Le Dessus des cartes, Paris, Editions du Pavillon de l'Arsenal,

Picard, 1999.

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