[PDF] VILLACÈQUE Noémie «Chahut et délibération. De la souverainte

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VILLACÈQUE Noémie, "Chahut et délibération. De la souverainte populaire dans l'Athènes classique.»,

CAIRN, 2012, n°3, pages 49-69 (format pdf, 22 p.)

I- Informations générales :

Noémie Villacèque, auteur du livre " Spectateurs de paroles! délibération démocratique et théâtre à

Athènes à l'époque classique » (Doctorat en Histoire ancienne -Université Toulouse - Jean Jaurès 2008,

CAPES d'Histoire-Géographie 2010, Maîtresse de conférences en Histoire ancienne à l'URCA 2013) est

Maîtresse de conférences en Histoire ancienne à l'Université de Reims. Ses champs de recherche sont

l'histoire politique, sociale et culturelle du monde grec (période classique) et le théâtre, démocratie,

luxe (monde grec classique).

Dans le texte, Mme. Villacèque parle de la démocratie athénienne au Vème siècle avant J.C : les anti-

démocratiques s'opposent au système politique athénien, ils critiquent la ressemblance de l'Assemblée

avec un théâtre. Selon eux la posture d'acteur des démagogues et celle de spectateur du peuple

(démos), au contraire de ce que l'on pourrait penser, ne stigmatise pas la passivité des ces derniers mais

reflète une participation beaucoup trop active et caotique des citoyens. Alors que ce sont toujours les

élites qui prennent la parole, les " spéctateurs » participent de façon active à travers leur réactions face

au délibérateur et le vote à main levée.

En quoi l'Assemblée démocratique athénienne est-elle semblable au théâtre athénien de l'époque? La

démocratie athénienne du Vème siècle avant J.C est-elle une farce, cachant un caractère oligarchique

dans lequel les orateurs détiènnent le vrai pouvoir? À travers la métaphore du théâtre, Noémie

Villacèque, déconstruit la démocratie de l'époque et précise les enjeux et formes de la participation du

peuple qui exerce un pouvoir directe de décision. Elle étudie les contraintes de la participation du

démos, sa place et influence face aux membres de l'élite, puis fait un parallèle entre l'Assemblée et le

théâtre pour ensuite éxaminer qu'est ce qui, dans le comportement des citoyens mène les opposants de

la démocratie à stigmatiser l'aspect théâtral de la politique athénienne. II- La synthèse de l'article, du chapitre ou de l'ouvrage :

Premièrement, l'auteur aborde le problème de la participation des citoyens (qui à Athènes représentent

18,5% de la popolation). L'apparente apathie politique des démos révèle, selon les critiques, leur

incapacité. Mais les citoyens ont une participation intense dans l'Assemblée (l'ékklésia), qui a lieu

environ une fois par semaine à Pnyx. De fait, le caractère socialement hétérogène, les déplacements

vers l'assemblée et le temps y investi montrent une culture de l'hyperativité politique. " Ainsi, la

participation à l'Assemblée - comme aux Tribunaux - était-elle très étendue, tant numériquement que

socialement. Si les adversaires de la démocratie, tel Platon, pour ne citer que lui, avaient à se plaindre

de quelque chose, c'était bien d'une trop large participation aux affaires publiques (Ehrenberg, 1947 ;

Adkins, 1976, p. 318 et 325). » (page 53).

Si en théorie tous pouvaient prendre la parole, en réalité ce n'étaient que les élites qui exerçaient ce

droit, tandis que le reste écoutait et réagissait à leurs prononcements puis votait. La liberté de parole

égale pour tous devient l'égalité de droits dans une cité où le peuple exerce sa souverainté. Les anti-

démocraticie, accusaient ce système d'être un simulacre, masquant un régime monarchique dans lequel

le peuple n'a pas de voix, mais les orateurs exeptionnels devenus influents - comme Périclès- ne guident

les pas de la cité seulement avec le support et l'admiration du démos qui approuve ou pas leurs

arguments par le vote. Il existait des mesures -comme l'ostracisme, qui met à l'écart les politiques trop

influents- pour éviter que des demagogues n'agissent de manière inappropriée. Les citoyens qui ne font

pas partie de l'élite participent donc à la vie politique d'Athènes à travers leurs réactions et le vote à

main levée : " S'il est vrai que c'est toujours l'élite qui prend la parole à la tribune, tandis que les

citoyens sont, dans leur écrasante majorité, censés garder le silence, en réalité, les citoyens ordinaires

participent aux débats en réagissant plus ou moins vivement, en faisant du chahut (thorubos) - nous y

reviendrons. Et c'est toujours à eux que le pouvoir de décision revient : par ce tumulte délibératif

d'abord, par le vote ensuite. » (page 56)

L'ékklésia, d'après le texte, est comparable à un théâtre, dans lequel les citoyens communs sont les

spectateurs qui réagissent aux performances des acteurs, qui sont les élites délibératrices. Le théâtre

grec, inversement devient plus similaire aux assemblées : le public est invité à participer aux réflexions

et à débattre entre soi, créant ainsi un dialogue entre l'orchestra et les gradins (où se trouve le public)

mais aussi entre les spectateurs : le théâtre est un espace démocratique et l'assemblée adopte des

caractéristiques théâtrales (le spectacle est une délibération et la délibération est un spectacle). Le

public du théâtre est hétérogène mais le démos est majoitaire.

L'image du démos stupide et crédule, manipulé par les démagogues et celle du démos trop actif

tournent autour de la théâtralisation de la politique qui déplait les détracteurs du système athénien. Les

citoyens peuvent avoir un comportement moutonier, suivant aveuglement les démagogues et les

masses mais ce type de comportement ne caractérise-t-il pas un régime de pouvoir oligarchique? De

plus, les gestes et tons de théâtre sont nécéssaires pour se faire entendre. Les discours des orateurs

éduquent ceux qui les écoutent et les intègre intéllectuellement au débat : " Les adversaires de la

démocratie sont bien conscients, malgré le " discours officiel » qu'ils ne cessent de répéter, que la mise

en représentation du judiciaire et du politique n'abrutit pas le dèmos, bien au contraire. Car les citoyens,

forts de cette éducation civique, au sens propre, participent pleinement - et bruyamment - aux débats. » (page 61).

Enfin, l'auteur traite du tumulte présent dans l'ékklésia, appellé thorubos : une forme d'expréssion

légitime de la souverainté des citoyens de l'assemblée. Puisque seulement une partie minoritaire prend

la parole à la tribune, le reste s'exprime et exerce sont droit de parole en faisant du bruit -thorubos- et

en votant, contrairement à des peuples soumis dans des régimes autoritaires. " Ainsi le chahut de

l'assemblée relève de l'exercice normal de la liberté de parole et constitue un régulateur du

fonctionnement des institutions collectives, tandis que son contraire, le silence religieux de la masse, est

le propre des peuples soumis et des régimes autoritaires. » (page 64).

Noémie Villacèque en conclue que les citoyens athéniens ne se laissent pas gouverner, ils sont

souverains et détiennent le pouvoir de décision. Les opositeurs du régime athénien, stigmatisent la

position de délibération du démos. Le peuple débattait même durant les discours et votait ensuite mais

cela prouve la présence éffective de démocratie où les citoyens peuvent s'exprimer librement. À travers

le théâtre, les athéniens partagent le savoir et par conséquent, avec la politique théâtrale, ils partagent

le pouvoir. " En assistant à son propre spectacle, la communauté des citoyens peut ainsi prendre

conscience d'elle même et de sa puissance. » (page 66 )

III- Intérêt et avis :

La démocratie athénienne est à l'origine des premiers systèmes démocratiques de succès, en lien direct

avec l'étude da la démocratie et ses enjeux actuels. L'apprentissage de ce sujet est très pertinent pour le

développement individuel de la culture générale et de la citoyenneté. De plus, je trouve que malgré les

citations constantes le long du texte et du fait que il s'agit d'un thème ancien et donc relativement

abstrait pour moi, c'est une lecture intéressante et constructive, utile pour la compréhension du

fonctionnement basique et original de tout système fondamentalement démocratique. Le texte est écrit

dans l'ordre et de façon claire, objective et structuré avec des arguements et exemples qui rendent plus

palpable les aspects abordés. En outre les arguments contraires aux siens ( de Noémie Villacèque) sont

égalements présentés et ensuite déconstruits lorqu'elle continue d'écrire.

Voici deux podcasts en lien avec ce sujet :

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