[PDF] La littérature alchimique (1550-1715) : écriture et savoir à la marge?





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Il n'est donc pas étonnant que le symbole alchimique affiche et affirme déjà ces correspondances: on utilisera par exemple le même signe pour désigner la 



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Leur évolution peut se diviser en trois périodes : l'alchimie la révolution berzélienne et la chimie contemporaine. Les alchimistes ont créé des signes 



The Unicode Standard Version 15.1

1F709 SYMBOLE ALCHIMIQUE DE L'EAU-DE-VIE-2. 1F70A SYMBOLE ALCHIMIQUE DU → 0F1C ༜ signe tibétain rdel dkar gsoum. 1F747 SYMBOLE ALCHIMIQUE DE L' ...



Sémiogenèse de la symbolique alchimique : étude des gravures de

Jean Chevalier et Alain Gheerbrandt « Alchimie »



Le symbole. Réflexions théoriques et enjeux contemporains.

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Main alchimique et transmutation des signes dans LHistoire

Cette main alchimique levée contre le signe divin pro- noncé par Cavalirée symboles sont extrêmement labiles



Théories & symboles des alchimistes; le grandoeuvre suivi dun

Les trois principes avaient des signes spéciaux sauf le. Mercure dont le signe désignait aussi l'argent vif ordi naire. Le Soufre des philosophes était figuré 



Contribution a la Question des Symboles Zoomorphes dans lArt de l

l'embleme ai d'autres signes et symboles leur participation ai des notions complexes. Ceci trouve son reflet et sa realisation dans les oeuvres plastiques 



UNIVERSITÉ DU QUÉBEC COMMUNICATION ACCOMPAGNANT L

signe brisé; le sens du symbole se découvre dans ce qui est à la fois Psychologie et alchimie éd. Buchet/Chastel



Oeuvre alchimique et oeuvre littéraire dans Lantiphonaire dHubert

enseigne que même si chaque alchimiste utilise des symboles qui lui sont Gordon



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Leur évolution peut se diviser en trois périodes : l'alchimie la révolution berzélienne et la chimie contemporaine. Les alchimistes ont créé des signes 



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étonnant que le symbole alchimique affiche et affirme déjà ces correspondances: on utilisera par exemple le même signe pour désigner la planète Saturne et 



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Heitsch: Main alchimique et transmutation des signes dans de Verville 177 en symbole excellent sur la signification de la fatalité de la Main.



Lillustration dans la littérature alchimique (1550-1618): du miroir au

11 nov. 2018 81 : « elle articule des signes ésotériques (visibles mais ... développé par Albert Poisson Théories et symboles des alchimistes



Le corps : anatomie dun symbole

Le corps est alors en général



POISSON ET DRAGON : SYMBOLES DU VÉHICULE ENTRE LICI

et les premiers textes de l'alchimie taoïste commence par la rencontre avec le lançant dans un cours d'eau coulant vers l'est et boire du sang en signe.



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DÉFAITES DU SYMBOLE. David Gascoyne et l'alchimie face à l'hiver des signes / Bertrand Rouby. 69. Hors dossier. FIGURES DE SURFACE MÉDIA / Alexandra Saemmer.



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Le Fixe et le volatil. Chimie et alchimie de Paracelse à Lavoisier

13 avr. 2021 militaire en usant de symboles qui avaient été une fois interprétés dans un sens alchimique — cette interprétation ayant été ensuite ...

Quels sont les symboles alchimiques ?

Contrairement à ceux des éléments chimiques, les symboles alchimiques de la terre, du vent, du feu et de l'eau étaient assez cohérents. Ils ont été utilisés pour les éléments naturels jusqu'au XVIIIe siècle, lorsque l'alchimie a cédé la place à la chimie et que les scientifiques en ont appris davantage sur la nature de la matière.

Quels sont les signes en alchimie ?

Exemples en alchimie : Fleur de Saturne : signe du plomb terminé par une fleur. Fleur d'airain : signe du cuivre surmonté ou agrémenté d'une corolle. Limaille de fer : signe du fer avec adjonction de particules métalliques sous forme de points. Les signes alphabétiques et numériques sont peu employés isolément.

Qu'est-ce que le symbole alchimique de l'élément or ?

Le symbole alchimique de l'élément or est un soleil stylisé, impliquant généralement un cercle avec des rayons. L'or était associé à la perfection physique, mentale et spirituelle. Le symbole peut également représenter le soleil. Symbole de l'alchimie de l'étain Symbole de l'alchimie de l'étain. Todd Helmenstin

Qu'est-ce que le symbole de l'air en alchimie ?

Le symbole de l'air en alchimie peut également représenter une force vitale, et il est associé aux couleurs blanc et bleu. Hippocrate associa l'air au sang. Le symbole de l’air est un triangle ascendant coupé en deux par une ligne horizontale, et vous remarquerez peut-être qu’il s’agit du symbole de la Terre, inversé. la terre

Tous droits r€serv€s Groupe de recherches et d'€tudes sur le livre au Qu€bec,2014

Ce document est prot€g€ par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. l'Universit€ de Montr€al, l'Universit€ Laval et l'Universit€ du Qu€bec " Montr€al. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.

https://www.erudit.org/fr/Document g€n€r€ le 3 juil. 2023 11:49M€moires du livreStudies in Book Culture

La litt€rature alchimique (1550-1715) : €criture et savoir la marge?

V€ronique Adam

Volume 6, num€ro 1, automne 2014

Diffuser la science en marge : autorit€, savoir et publication, XVI e -XIX e si...cleFringe Science in Print: Authority, Knowledge, and Publication,16th-19th century URI Adam, V. (2014). La litt€rature alchimique (1550-1715) : €criture et savoir " la marge?

M€moires du livre / Studies in Book Culture

6 (1). https://doi.org/10.7202/1027689ar

R€sum€ de l'article

La litt€rature alchimique du milieu du

xvi e au d€but du xviii e si...cle manifeste une tension entre une marginalisation subie, notamment politique et sociale, et une marginalisation voulue, induite par les choix d'€criture et d'anonymat de son auteur. Certains ouvrages alchimiques se servent de cette marginalisation, impos€e ou volontaire, pour instaurer leurs propres autorit€s, soit en les cautionnant par des mod...les institu€s, soit en leur donnant une apparence acceptable et l€gitime et en les dotant d'une polyvalence capable d'englober les autres savoirs. La persona de l'auteur se construit alors comme un passeur de savoir, conf€rant, en particulier au livre qui expose la gen...se l€gitime mais merveilleuse de son savoir, une fonction symbolique qui permet de lire dans sa mat€rialit€ le signe de l'ad€quation entre l'apparence du discours alchimique et le contenu qu'il r€v...le. La littérature alchimique du milieu du XVIe au début du XVIIIe siècle manifeste une tension entre une marginalisation subie, notamment politique et sociale, et une PMUJLQMOLVMPLRQ YRXOXH L QGXLPH SMU OHV ŃORL [ G·pŃULPXU H HP G·M QRQ\PMP GH VRQ auteur. Certains ouvrages alchimiques se servent de cette marginalisation, imposée ou volontaire, pour instaurer leurs propres autorités, soit en les cautionnant par des modèles institués, soit en leur donnant une apparence acceptable et légitime et HQ OHV GRPMQP G·XQH SRO\YMOHQŃH ŃMSMNOH G·HQJORNHU OHV MXPUHV VMYRLUVB IM persona de O·MXPHXU VH ŃRQVPUXLP MORUV ŃRPPH XQ SMVVHXU GH VMYRLU ŃRQIpUMQP HQ SMUPLŃXOLHU MX livre qui expose la genèse légitime mais merveilleuse de son savoir, une fonction V\PNROLTXH TXL SHUPHP GH OLUH GMQV VM PMPpULMOLPp OH VLJQH GH O·MGpTXMPLRQ HQPUH O·MSSMUHQŃH GX GLVŃRXUV MOŃOLPLTXH HP OH ŃRQPHQX TX·LO UpYqOHB

Alchemical literature from the end of the 16

th century until the beginning of the 18 th century featured a tension between a subtle politically and socially-motivated PMUJLQMOLVMPLRQ MQG MQ LQPHQPLRQMO PMUJLQMOL]MPLRQ LQGXŃHG N\ POH MXPORUV· RULPLQJ choices and by their desire for anonymity. The literature took advantage of this marginalisation to establish its own authorities either by validating them according to institutionalized models, or by giving them the appearance of being acceptable and legitimate, and by offering them a versatility that would allow them to include the other s ciences. The persona of the author was pres ented as a conv eyor of knowledge and he attributed to the book in which the legitimate but fabulous genesis of his science is exposed in particular, a symbolic function that enabled reading into its materiality the mark of appropriateness between the appearance of alchemical discourse and the contents that it revealed. Le corpus MOŃOLPLTXH PpPRLJQH G·XQH H[PUrPH GLYHUVLPp PMQP SMU OM IRUPH GH ses publications (traité, dialogue, récit autobiographique, roman, vers) que SMU OHV ŃOMPSV GLVŃLSOLQMLUHV TX·LO ŃRQYRTXH : savoir technique (extraction minière, travail des " métaux » , mécanique et mathématique), pratique médicale, science de la nature (connaissance des éléments et des matières) et philosophie (quête de la vérité, éloge de la nature). De 1550 à 1715, cette " littérature » se retrouve face à une g ageure : soucieuse de privilégier O· H[SpULHQŃH GLUHŃPH GH OM QMPXUH HP GH OM QMPXUH OXPMLQH GH IMLUH O·pORJH GHV modèles qui ont conduit à son élaboration, elle doit monPUHU O·LQPpUrP GH pratiques et de savants opposés aux autorités reconnues, contestataires ou tout au moins en marge de ces autorités. Paracelse refusant justement de suivre ou de convoqu er t out modèle, pour tant promu comme auctoritas, SRXUUMLP rPUH O·MUŃOptype de ce défi et de la tension de ce corpus entre deux formes de marginalisation O·XQH VXNLH IMŃH j OM GRPLQMPLRQ GHV PRGqOHV MQPLTXHV O·MXPUH YRXOXH PMQP GMQV O·pORJH GH ILJXUHV HP SUMPLTXHV VMYMQPHV particulières que par le recours à des formes de discours obscurs. Or, contre toute attente, cette " littérature » élabore dans cette marginalité même des ULPHV G·MXPRULVMPLRQ1 TXL OM ŃRQGXLVHQP j LQVPLPXHU SMUPLHOOHPHQP O·MXPHXU HP VRQ savoir scientifique au moyen de représentations, principalement littéraires et fictionnelles, pourtant en marge de la science. La marg inalisation et O·MXPRULVMPLRQ VHUMLHQP MLQVL V\PpPULTXHV HP Oeurs procédés, réversibles, si bien TX·HOOHV SRXUUMLHQP V·MSSURSULHU OHV MXPRULPpV MX[TXHOOHV HOOHV V·RSSRVHQP HP les décentrer vers ell es. La prés entation de ces deux formes de PMUJLQMOLVMPLRQ VHUM SMU ŃRQVpTXHQP VXLYLH G·XQH pPXGH GH OM UpYHUVLNLOLPp GH ŃHV SU RŃHVVXV PMUJLQMOLVMQP V PMQLIHVPHV GMQV ŃHUPMLQV ULPH V G·MXPRULVMPLRQB (QILQ QRXV QRXV MPPMŃOHURQV j LOOXVPUHU OM IRQŃPLRQ G·pGLILŃMPLRQ MXŃPRULMOH TXH OM VŃLHQŃH MOŃOLPLTXH ŃRQŃqGH j OM ILŃPLRQ MX PUMYHUV G·XQ RNÓHP V\PNROH du savoir, le livre.

Marginalité subie, marginalité voulue

IM PMUJLQMOLVMPLRQ GH O·MOŃOLPLH UHVPH XQ SOpQRPqQH MPNLJXB 6L O·RQ SHXP UHSpUHU GHV VLJQHV HIIHŃPLIV G·H[ŃOXVLRQ QRPMPPHQP SROLPLTXHV HP VRŃLMX[ GH sa pensée ou de son statut, ils construisent une image du savant pauvre et NMQQL TXH O· MOŃOLPLVPH QH GpPHQP SMVB F HUPMLQV GLVŃRXUV MO ŃOLPLTXHV ŃRPSOqPHQP ŃHPPH LPMJH SMU OHXU RNVŃXULPp HP O·pYLŃPLRQ GX OHŃPHXU LJQRUMQPB FHPPH PLVH MX NMQ ŃRQÓRLQPH GH O·MOŃOLPLVPH GH VRQ GLVŃRXUV HP GX OHŃPHXU profane suggère que la marginMOLPp GH O·MO ŃOLPLVPH UHOqYH G·MNRUG G· XQH VPUMPpJLH ŃRPSOH[H V H UMSSURŃOMQP G·XQ SU RŃpGp UOpPRULTXH GH captatio malevolentiae2B IM PMUJLQ MOLVMPLRQ VXNLH TX·HOOH V RLP SROLPLTXH OLPPpUMLUH RX UOpPRULTXH QH VH GpSMUPLP SMV G·XQH PMUJLQMOLVMPLRQ UHYHQGLTXée.

Une marginalité politique

La quête de la transmutation des métaux en or, conçue comme une chimère, ŃRQVPLPXH XQ UHSURŃOH UpŃXUUHQP j O·HQGURLP GH O·MOŃOLPLHB IH VLJQH QRPMNOH GH sa conda mnation, qui marginalise juridiquemen t et socialement cette recherche, sans bien sûr y mettre fin, a lieu très tardivement, à la fin des

années 1 660 HQ 16 66 O·LQPHUGLŃPLRQ GH FRONHUP IUMSSH O·$ŃMGpPLH GHV sciences, dont peut être banni tout savant pratiquant une chimie qui viserait à fabriquer la pierre philosopOMOHB FHPPH SUMPLTXH GHYLHQP UpYpOMPULŃH G·XQH marginalisation politique et scientifique, par rapport, à tout le moins, aux lieux symb oliques du savoir scientifiq ue au sens larg e. En 1675, Lémery dans s es cours de chi mie3, puis Bayle en 1704 dans le s Nouvelles de la République des Lettres ŃRQGMP QHQP IHUPHPHQP O·MNVXUGLPp GH OM TXrPH alchimique comme la possibilité de fabriquer la pierre : Bayle juge même

ULGLŃXOH GH SUpPH QGUH TX·RQ O·H€P IML P4 ªB I·MO ŃOLPLVPH RNÓHP GX ULUH GHV

s phères scientifiques et d·XQ PpSULV SROLPLTXH LQŃMUQH XQH PMUJLQMOLVMPLRQ TXH OLPPpUMPXUH HP SHLQPXUH MYMLHQP GpÓj RSpUpH LQLPLMOHPHQP j O·HQŃRQPUH GH OM UHSUpVHQPMPLRQ TXH OH SXLVVMQP V·HQ IMLVMLP HQ SMUPLŃXOLHU j OM ILQ GX XVIe VLqŃOHB GHX[ VSOqUHV SROLPLTXH HP MUPLVPLTXH PpPRLJQHQP MORUV GH O·MPNLJXwPp GX VPMPXP GH O·MOŃOLPLVPH : promu par le politique pour ses découvertes de PpP MX[ O·MOŃOLPLVPH SHXP rPUH PLV MX NMQ SMU XQ MXPHXU OLPPpUMLUH SRXU VHV théories et discours illusoires. Plusieurs traités signés par des figures royales révèlent ainsi que certains rois français ou nord-européens sont persuadés de pouvoir atteindre cette transmutation des métaux grâce aux alchimistes Charles IX, convaincu par Jean de Galland de fabULTXHU GH O·RU LUM ÓXVTX·j signer un traité avec lui dont on garde l a trace5. Pl usieurs discours G·MOŃOLPLVPHV6 relatent très tôt cette cupidité du politique : elle leur permet de VLJQMOHU O·LQP pUrP TX·LOV VXVŃL PHQP HP GH V·MSSX\HU VXU ŃHPPH ŃMXPLRQ GH Oa potestas, tantôt pour attester la vérité de leur quête, tantôt pour remettre en TXHVPLRQ O·ORPPH G·pPMP VXÓHP GH PpILMQŃHB I·MOŃOLPLVPH VH YRLP ŃRQPUMLQP GH ŃMŃOHU VRQ VMYRLU VHV OLYUHV VHV PRG qOHV SRXU pYLPHU G·rPUH HQIHU Pp HQ SULVRQ V·LO YHQMLP j UHIXVHU MX URL GH PUMQVPXPHU OHV PpPMX[ RX NLHQ V€U V·LO se révélait incapable de le faire... Lorsque Borel écrit en 1654 une histoire de O·MOŃOLPLH7LO PHWHQpYL GHQFHO· pWU RLWHIURQ WLqUHHQWUHO·pOHFWLRQ HWOH bannissement du savant , entre sa reconnaiss ance technique et sa marginalisation sociale. Soucieux de retracer la biographie du plus célèbre des alchimistes contemporains, Sendivogius8 %RUHO GpNXPH MYHŃ OH UpŃLP G·XQ alchimiste anglais anonyme, emprisonné et torturé pour sa recette. Alléché à son t our par ce s ecret , Sendivogius le libère, le somme de parler et le précipite dans la mort sans avoir obtenu de réponse. Il épousera plus tard la YHXYH GH O·$QJOMLV TXL QH OXL UpYqOH TXH O·H[LVPHQŃH G·XQ OLYUH ௅ nous verrons TXH Ń·HVP LPSRUPMQP ௅ et se retrouvera lui aussi emprisonné pour ne pas vouloir livrer son secret. Cependant, au milieu de ce parcours, Sendivogius parvient à opérer une trans mutation et surtout à la faire pratiquer par O·HPSHUHXU 5RGROSOH HH OXL-PrPHB 7RXP HQ OLMQP OH GHVPLQ GH O·MOŃOimiste à O·H[ŃOXVLRQ ŃMUŃpUMOH HP HQ NURV VMQP GH OX L XQ SRUPUMLP G·HUUMQP G·RZ VRQ surnom de " Cosmopolite », le récit de Borel assure une forme paradoxale GH UHŃRQQMLVVMQŃH SROLPLTXH HP pŃULPH j O·MOŃOLPLH : à défaut , O·MOŃOLPLVPH SRUPH OM Ńaution de la potestas ௅ H

P O·RQ SHXP UMSSHOHU TXH OM ILQ GX

xvi e marque justement la confusion entre les deux termes, sur le plan lexical puis politique : en France, Richelieu incarner a bien cett e mainmise du SRXYRLU V XU OH VMYRLU HQ ŃUpMQP O·$ŃMGpPLH IUM QoMLVHB I· H[HPSOH GH Sendivogius expose la faiblesse et la fragilité de la position de certains

alchimistes dans la société ௅ OHXU PMUJLQMOLVMPLRQ GMQV O·HVSMŃH VRŃLMO ௅, mais

MXVV L O·LPPRUMOLPp HP O· MPNLJXwPp G·XQ ŃRPS RUPHPHQP individuel : la marg inalité morale de Sendivogius (usurpation, violence physique, mariage G·LQPpUrP LPSOLŃLPHPHQP PMŃOLMYpOLTXHV ŃURLVH VRQ HUUMQŃH PRXP HQ LOOXVPUMQP G·XQH PMQLqUH H[HPSOMLUH OM IRUŃH VXJJpUpH GH VRQ VMYRLUB %RUHO GpPRQPUH OM vérité de la quête tout en mettant à mal la confiance en son auteur. Le savoir alchimique se voit dès lors fondé sur une figure mobile et ambiguë.

Une marginalité sociale

)MŃH j ŃH UHJ MUG P URXNOH PMUTXp SMU O·LQPUXVLRQ GX SROLP LTXH OM ŃULPLTXH notamment picturale et littéraire, est plus claire. À partir de la fin du xvi

e VLqŃOH j OM VXLPH GH GMQPH TXL SHLJQMLP GpÓj O·MOŃOLPLVPH HQ © bon singe9 », SOXVLHXUV MXPHXUV GH URPMQV G· HVVMLV RX GH SHLQP XUH ŃORLVLVVHQP GH UHSUpVHQPHU O·MOŃOLPLVPH VRXV OHV PUMLPV G·XQ SHUVRQQMJH GH ILŃPLRQ ŃRPLTXH, UpYpOMQP TX·LO Q·M ÓMPMLV PURXY p OM SLHUUHB FH SHUV RQQMJH HVP MORUV VRLP identifié à un alchimiste reconnu qui admet son échec ௅ tel Raymond Lulle, un savant alchimiste médiéval mis en scène dans le Dialogue des morts10 de Fontenelle ௅, soit il est incarné par une figure sociale marginale, souffleur, SMU H[HPSOH TXL VH ŃRQPHQ PH G·LPL PHU O·MOŃOLPLVPH HQ OLVMQ P VHV OLYUHV HQ PURPSMQP OH UHJMUG GHV VSHŃPMPHXUV GMQV OM UXH RX MX ѱXU G·XQ OMNRUMPRLUH de campagne improvisé et misérable. Bien vite réduit à la mendicité, après avoir contraint ses proches à un vain labeur, le souffleur apparaît comme un PHQPHXU HP XQ YROHXU TX·RQ QH GLVPLQJXH SMV GX YpULPMNOH MO ŃOLPLV PH ÓXVPHPHQP SMUŃH TXH OM PLVqUH OHXU HVP ŃRPPXQHB %UXHJOHO O·$QŃLHQ HQ peinture11 ou B en Jonso n au théâtre12 proposent une vision négat ive de O·MOŃOLPLVPH TXL SHUGXUH ORQJPHP SV13. Le peintre figure un vieillard lisant, tandis que sa femme et ses enfants procèdent à une expérience sous son contrôle. Au second plan du tableau, la même famille mendie. Ben Jonson réunit un alchimiste et son valet, chargeant ce dernier de révéler toutes les UXVHV GH VRQ PMvPUHB IM PMUJLQMOLVMPLRQ GH O·MOŃOLPLVPH HVP GRQŃ SOXULHOOH : il QH UHPSOLP QL VM IRQŃP LRQ GH V MYMQP LQŃMSMNOH G·MP PHLQGUH XQ NXP scientifiquement acceptMNOH MX PUHPHQP TXH SMU O·LOOX VLRQ RX OH PUMY MLO POpRULTXH G·MXPUHV VMYMQPV QL VRQ U{OH GH SqUH GH IMPLOOH RX GH PMvPUH HQ rendant esclaves ses enfants et son épouse, en prenant la place dévolue au valet, et en les entraî nant t ous vers la pauvreté, ni enfin s on devoir de ŃOUpPLHQ HQ SUMPLTXMQP OH PHQVRQJH HP HQ QH VRQJHMQP TX·j O·MUJHQPB FHPPH

ŃMULŃMPXUH MVVLPLOH HQŃRUH O·MOŃOLPLVPH MX SMXYUH HP j O·HUUMQP HP O·RQ Q·HVP SMV

surpris de le re trouv er dans les histoires comiques, avatars des romans picaresquHV VRXV OM SOXPH GH 7ULVPMQ I·+HUPLPH GMQV OH Page disgracié14, qui PHP HQ VŃqQH XQ MOŃOLPLVPH ŃHUPHV ŃMSMNOH G·RSpUHU XQH PUMQVPXPMPLRQ PMLV YRXp j IXLU j MYRLU SHXU TX·RQ QH OXL GpURNH VRQ NLHQ HP j QH SMV PHQLU VHV HQJMJHPHQPVB I·MOŃOLPLVPH M j UpSRQdre du décalage entre le contenu de sa théorie, prônant la vérité et promettant la découverte de la pierre, voire sa IMNULŃMPLRQ HP O·pYLGHQŃH VRŃLMOH GH O·LQH[LVPHQŃH GH ŃHP RU VLJQLILpH SMU VM misère, s a faibless e et son masque. Jacques Girard15 signale O·MNVHQŃH GH PUMŃH GHV ŃLPpV G·RU TX·MXUM LHQP NkPLHV OHV MOŃOLPLVPHV HP OHXU VRL-disant fortune, touj ours invisible. Certai ns alchim istes, comme Zecaire ou Trévisan16 ORL Q GH GpPHQ PLU ŃHPPH ŃMULŃMPXUH ŃORLVLVVHQP G·pQRQŃHU factuellement les dépenses extrêPHV TX·LOV RQP j IMLUH SRXU MPPHLQGUH OHXU NXP acheter des livres ou des métaux ŃRPPH VL OM TXMQPLPp G·MUJHQP GpSHQVp valait autant que la teneur du propos philosophique dévoilé. La mention de ŃHP MU JHQP SHXP rPUH OXH ŃRPPH OM PUMŃH G·XQH RNV HVVLRQ Spcuniaire de O·MOŃOLPLVPH PMLV HOOH VXJJqUH MXVVL NLHQ V€U OH VHQV GH OM PHVXUH HP GX chiffre, le goût pour le contact direct avec la réalité factuelle, caractéristiques nécessaires au savant pour mener à bien, précisément, son opération sur les métaux. Le même motif induit une lecture négative et critique (cupidité du VMYMQP HP XQH LQPHUSUpPMPLRQ SOXV ŃRPSOH[H pOMNRUMPLRQ G·XQ ŃRGH HP G·XQH SUpŃLVLRQ VŃLHQPLILTXHVB 8QH ŃRUUpOMPLRQ V·RSqUH HQ PRXP ŃMV HQPUH OM QMPXUH GH OM PMUJ LQMOLVMPLRQ GH O·MOŃOLPLVte, s a finalité s upposée et ses préoccupations apparente s : toutes relèvent de critères économiques et financiers, s ignalant un appauvrisseme nt du savant devenu modèle de PHQGLMQP HP OM SUpVHQŃH G·XQH SOLORVRSOLH SUMJPMPLTXHB IM PMUJLQMOLVMPLRQ pose la question du point de vue depuis lequel on se place et de la nature de la marge OM PLVqUH GHYLHQP XQ VLJQH G·H[ŃOXVLRQ PMLV MXVVL OH V\PNROH G·XQ renoncement aux biens matériels.

Un discours à la marge

Cette réversibili té du point de vue prend un sen s tou t particulier chez Béroalde de Verville SRXUPMQP SURPRPHXU GH O·MOŃOLPLH

17, ce dernier met en

scène Paracelse, dans une histoire comique. Personnage ridicule, il témoigne de son incapacité à parler clairement. Son discours est comparé à " un étang bourbeux18 » O· RNVŃXULPp GX OMQJMJH HQ PUMv QH OH VMYMQP GMQV XQH ]RQH OL PPpUMOHPHQP PMUJLQMOH TXRL TXH V\PNROLTXHB FHPPH SULYMPLRQ G·XQ OLHX

G·H[HUŃLŃH HP GH UHŃRQQML VV MQŃH OM PLVH j O·pŃMUP VRŃLMOH HP VSMP LMOH V H

dédoubleraient en une distance comique ou critique, que porterait le langage. Or ce dernier es t pourtant reve ndiqué par certains alchimistes pour son obscurité. I·RNVŃXULPp GHV PRPV HVP GRXNOHB 6HV GpPUMŃPHXUV QH OM YRLHQP SMV ŃRPPH XQH H[LJHQŃH GX VMYRLU pŃULP PMLV ŃRPPH OM PMUTXH G·XQH LOOXVLRQ ௅ O·

MO ŃOLPLVPH

SUpPHQG H[SULPHU XQH YpULPp TXL Q·H[LVPH SMV ௅, voire comme un défaut de la ngage O· MOŃOLPLVPH QH PMvPULVH SMV O·MUP GX GLVŃRXUV19. Au défaut s ocial V·MÓRXPHUMLP XQ GpIMXP LQPHOOHŃPXHOB 1pMQPRLQV OH GLVŃRXUV GpIHŃPXHX[ UpVXOPH de choix rhétRULTXHV HP pGLPRULMX[ GHV SMUPLVMQV GH O·MOŃOLPLHB IH GLVŃRXUV énigmatique et en particulier les Decknamen20, ces termes qui ont plusieurs signifiés possibles, sont récurrents. Ils donnent naissance au XVIe siècle à une terminologie précise : la " stéganographie », ou écriture cachée. À un moment où les humanistes choisissent de diffuser et traduire les textes de O·$QPLTXLPp ŃHUPMLQV MXPHXUV VLJQMOHQP G·HPNOpH TX·LOV SUMPLTXHQP XQH IRUPH GH GLVŃRXUV QRQ MŃŃHVVLNOH j PRXV TX·LOV YRQP PrPH POpRULVHU MX PRLQs ÓXVTX·MX PLOLHX GX XVIIe siècle21. Béroalde présente son texte, alchimique cette fois, comme un trompe-O·±LO HP GpILQLP OM VPpJMQRJUMSOLH HQ SURPHPPMQP des découvertes spectaculaires aux plus avisés : I·MUP GH UHS UpVH QPHU QMwYHPHQP ŃH TXL HVP G·MLVpH conception et qui toutefois sous les traits épaissis de son apparence cache des sujets tout autres que ce qui semble être proposé. Ce qui est pratique en peinture quand on PHP HQ YXH TXHOTXH SM\VMJH L"@ TXL ŃHSHQGMQP PXVVH [cache] s ous soi quelque autre figure TXH O·RQ GLVŃHUQH quand on regarde par un certain endroit que le maître a GpVLJQpB (P MXVVL V· H[HUŃH SMU pŃULP TXMQG RQ GLVŃRXUP amplement de s ujet s plausibles, lesquels enveloppent quelques autre s excellences qui ne sont co nnues que ORUVTX·RQ OLP SMU OH secret endroit qui découvre les PMJQLILŃHQŃHV RŃŃXOPH V j O·MSSMUHQŃH ŃRPPXQH PMLV ŃOMLUHV HP PMQLIHVPHV j O·±LO HP j O·HQPHQGHPHQP TXL M UHoX la lumière qui fait pénétrer dans ces discours proprement impénétrables et non autrement intelligibles22. La marginalisation active du t exte alchimiste conjugue trois formes : un discours volontairement obscur et différent, une élection de quelques happy few savants et une exclusion assumée des ig norants. Au lieu de bannir O·MOŃOLPLH RQ HQ H[ŃOXP ŃHUPMLQV OHŃPHXUVB $XVVL SOXP{P TXH GH V·MSSX\HU VXU XQ MUJXPHQP VŃLHQPLI LTXH SXU %pURMOGH ŃORLVLP O· MOOXVLRQ j OM SHLQPXUH PUMQVIRUPMQP VRQ SURS RV HQ VL JQMO G·XQ PURPS H-O·RHLOB IM PMUJ LQMO LPp GH O·LOOXVLRQ JOLVV H YHUV XQH IRUPH G·pOL PLVPH VRŃLMO HP HVPOp PLT XH HP GH claLUYR\MQŃHB FHPPH PHQGMQŃH j GpŃHQPUHU O·MSSUHQPLVVMJH G·XQ VMYRLU ORUV GX

ŃOMPS GHV VŃLHQŃHV TX·RQ TXMOLILHUMLP MXÓRXUG·OXL GH © dures », suggère que

OH GLVŃRXUV MO ŃOLPLTXH VMLP V· pOMNRUHU GMQV XQH MXPUH VSOqUH ௅ nous y rev iendrons. Certes, le recours à un texte mystérieux pourrait passer pour une stratégie judicieuse : séduire le lecteur avec le mystère et un jeu de

GpŃRGMJH

PRXP HQ O·pYLQoMQP SRXU MPPLVHU VRQ JR€P GH O·LQPHUGLPB GH IMLP OM mode des emblèmes des années 157023 coïncide avec la diffusion de ces romans. En ce sens, la fréquence des textes illustrés alchimiques participerait de ce goût pour le bel imprimé et le mystère. Néanmoins, cet usage de O·LPMJH SURSLŃH j XQH OHUPpQHXPLTXH HVP ÓXVPHPHQP UHPHQX SMU OHV OLVPRULHQV des sciences comme preuvH GH O·LQGLJHQŃH GX VMYRLU GHV MOŃOLPLVPHVB 6L XQ lecteur profane découvre des figures géométriques, des tables de codes ou des cart es, comme chez Pant heus24, s uggérant un discours comp lex e, pOMNRUp UMPLRQQHO OHV OLVPRULHQV GH O·MUP V·RSSRVHQP VXU OHXU interprétation avec les historiens des sciences : Jacques Van Lennep propose de lire les manuscrits illustrés à partir de la fin du Moyen-Âge comme les signes de O·pOMNRUMPLRQ G·XQH pŃ ULPXUH HP G·XQH SHQVpH VŃLHQPLI LTXHV QRYMP ULŃHV HP personnalisées, là où Barbara Obrist 25 YRLP XQH SUROLIpUMPLRQ G·LPMJHV GHVPLQpHV j GLVVLPXOHU O·LQGLJHQŃH GH OHXU VMYRLU TXL QH IRQŃPLRQQH SOXV GqV lors, que com me un code v ide, sans ass ise théoriqu e. La littér ature MOŃOLPLTXH PpPRLJQHUMLP G·XQ Ń{Pp G·XQ VXŃŃqV pGLPRULMO SRUté par la beauté HVPOpPLTXH HP IMVŃLQMQPH GH VHV LPMJHV GH O·MXPUH G·XQ GpVLQPpUrP YRLUH G·XQ UHÓHP GHV VŃLHQPLILTXHV GH VRQ PHPSVB F·HVP PRLQV O·MXPHXU TX·RQ UHŃRQQMvPUMLP que le graveur. Le cas de Michaël Maier est en ce sens exemplaire, puisque ce deUQLHU HVP j OM IRLV O·MXPHXU GH PH[PHV MOOpJRULTXHV LOOXVPUpV G·HPNOqPHV26,

HP O· pGLPHXU GH ŃRPSLO MPLRQV G·MXPHXUV MOŃOLPLVPH V ÓXVTXH-là inédit es27. O r,

O·MPHOLHU GH 7OpRGRU H GH %U\ MXTXHO LO M UH ŃRXUV QR PMPPHQP SRXU OHV emblèmes de son Atalante, ch oisit pour d es raisons économiques de UHSUHQGUH ŃHV PrPHV SOMQŃOHV MSSMUHPPHQP MOŃOLPLTXHV HQ YXH G·LOOXVPUHU des ouvrages qui ne le sont pas28B I·LPMJH MOŃOLPLTXH SMU VM V\PNROLTXH SRO\YMOHQPH VHUMLP GRQŃ ŃMSMNOH G·LOOXVPUHU G·MXPUHV VMYRLUV TXH OH VLHQ SURSUHB CHPPH UHŃRQQMLVVMQŃH QH SUpÓXJH SMV SRXU MXPMQP GH O·MŃŃHSPMPLRQ GX VMYRLU publié. Néanmoins, les alchimistes utilisent à rebours cette polyvalence. Le Decknamen O·pTXLYMOHQP YHUNMO GH O·LPMJH SRO\VpPLTXH SHUPHP TXMQP j OXL GH revendiquer la présenc e de l·MOŃOLPLH GMQV ŃHUPMLQV RXYUMJHV pPUMQJHUV j cette science, néanmoins reconnus comme des modèles autorisés. Jacques Gohory, éditeur d e traités alchimiques parmi les premie rs à diffuser en )UMQŃH OHV ±XYUHV GH 3MUMŃHOVH29V·HPSDUHGHWH[WHVPpGLpYDX[FRPPHle Roman de la Rose ou Perceforêt, alléguant que " là gisent des mystères de science secrète30 ªB I·MOŃOLPLH VHUMLP MLQVL PRLQV HQ PMUJH GHV MXPUHV VMYRLUV TXH

ŃMSMNO

H GH OHV HQJORNHU PRXV RX G·HQ rPUH OH ŃMGUH GH UpIpUHQŃH SHUPMQHQPB Un auteur anonyme, une voix collective?

Cette assimilat ion et cette polyval ence se ret rouvent en un sens dans le UHŃRXUV j O·MQRQ\PMPB 0rPH VL 0MLHU SMU VRQ XVMJH GH O·LPMJH HP SMU OM mention de son nom, se comporte différemment, plusieurs alchimistes, nous le verrons, croisent une écriture volontiers indéchiff rable avec une PRGLILŃMPLRQ GH OHXU QRP ŃRPPH V·LOV OpVLPMLHQP HQPUH OM SXNOLŃMPLRQ GH OHXU SMUROH HP O·HIIM ŃHPHQP GH OHXU persona31. T out en rédigeant son texte à la SUHPLqUH SHUV RQQH j OM PMQLqUH G· XQH M XPRNLRJUMSO ie, e t en plaça nt au ŃHQPUH OH QM UUMPHX U VH VHUP G·XQ SVHXGRQ\PH SRXU GL VVLPXOHU VRQ YLVMJH (Sendivogius signe Sethon), à une périphrase aussi vague que poss ible (" philosophe inconnu », " auteur incertain ª RX j O·RSSRVp MX QRP G·XQ modèle reconnu, comme Hermès, Albert le Grand ou Nicolas Flamel. Cette substitution des patronymes peut être lue de plusieurs manières, témoignant PRXPHV G·XQH PLVH j OM PMUJH GLIIpUHQPH GH O·MOŃOLPLH YRORQPMLUH RX LQGXLPHB (Q SUHPLHU OLHX ŃH ŃORL[ G·XQ VXNVPLPXP MXŃPRULal marque un attachement à des figures médiévales, comme Flamel ou Albert le Grand, au détriment de ILJXUHV SOXV MŃMGpPLTXHV HP LQVPLPXpHV HPSUXQPpHV j O·$QPLTXLPpB FHV ILJXUHV non antiques se voient attribuer des ouvrages ju sque-là inco nnus ou manuscrits ŃH TXL QXMQŃH OHXU IRUŃH G·MXPRULVMPLRQ : le lecteur hésite entre la UpY pOMPLRQ pGLPR ULMOH G·XQ PH[PH HQILQ MŃŃHV VLNOH HP OM IL ŃPLRQMOLPp GH ŃHPPH IMXVVH MPPULNXPLRQ G·MXPMQP TXH GMQV OH ŃMV G·+HUPqV ŃHUPHV SHUVRQQMJH GH O·$QPLTXLPp O·H[LVPHQŃH G·XQ PHO PRGqOH HVP ORLQ G·rPUH HIIHŃPLYH MX ŃRQPUMLUH GH *MOLHQ RX G·$ULVPRPHB (Q VHŃRQG OLHX O·MXPHXU ŃMŃOH VRQ LGHQPLPp GHUULqUH un actor qui prétend, à la première personne, porter une parole collective, à XQ PRPHQP RZ ÓXVP HPHQP O·MXPHXU UHYHQGLTXH HP Parque le droit et la SURSULpPp GH VRQ PH[PHB IM PMUJLQMOLVMPLRQ GH O·MXPHXU RSpUpH SMU OM VLJQMPXUH MNVHQPH V·MŃŃXVH MYHŃ ŃH U{OH GH SR UPH-parole anachronique. Enfin, O·HIIMŃHPHQP GX QRP GH O·MXPHXU UpVXOPH MXVVL GH OM SHXU GH OM ŃHQVXUH HP GH O·MŃŃXVMPLRQ GH SUMPLTXHU OM PMJLH QRLUH RX PRXP MX PRLQV G·XV XUSHU XQ savoir. Cette peur, jointe à celle du prince, signalerait que la marginalisation a des incidences sur les paratextes. Sendivogius32 GRQP O·OLVPRLUH QRXV M pPp racontée par Borel, est à ce titre emblématique : marginalisé, persécuté, il SRUPH SOXVLHXUV VXUQRPV 6HPORQ OH FRVPRSROLPH TX·LO MIILUPH MYRLU ŃORLVLV HQ ORPPMJH j VHV PRGqOHVB IH ŃOMQJHPHQP GX QRP G·MXPHXU ŃRQVPLPXH MLQVL autant un moyen de se prémunir contre une exclusion sociale que le signe G·XQH PMUJLQMOLVMPLRQ MŃŃHSPpH HP G·XQH GpIpUHQŃH MX[ MXPRULPpVB IM VPUMPpJLH G·MXPRULVMP LRQ LQGXLP GRQŃ GHV SUMPLTXHV PMUJLQMOLVM QPH V RX GpŃRXOH GH ŃHP PH PMUJLQMOLPpB 2Q QH SHXP GpQLHU TXH O·MOŃOLPLH SRV H XQ SURNOqPH GMQ V O·OLVP RLUH GHV PRGHV G·MXtorisation. Hors du corpus MOŃOLPLTXH OH ŃORL[ GH O·MQRQ\PMP GH O·MXPHXU M pPp pPXGLp HP GpSHQGUMLP GH deux critèr es, dont d iscute Roger C hartier33 après Foucault 34. Sel on )RXŃMXOP OH UHŃRXUV j O·MQRQ\PM P HP O·HIIMŃHPHQP GX QRP GH O·MXP HXU marquent une di st inction entre champs lit téraire et scientifique qui V·LQYHUVHUMLP MX XVIIe siècle. Jusque-là, le texte scientifique voit sa crédibilité UHSRVHU VXU OH QRP GH O·MXPHXU TXL OH VLJQH PMQGLV TXH O·MQŃLHQQHPp GX UpŃLP RX GLVŃRXUV OLPPpUMLUH VXIILVMQP j OH OpJLPLPHU O·MXPHXU ŃROOHŃPLI RX MQRQ\PH Q·M SMV j MIILŃOHU VRQ QRPB IM QRPLRQ GH GURLP G·MXPHXU HP OM ŃRQVpTXHQŃH pénale de cette attribution inverseraient les pôles de ce partage aux XVIIe et XVIII e siècles O· pQRQŃp VŃLHQPLILT XH VH VXIILVMQP MORU V j OX L-même, son MQRQ\PMP VHUMLP MŃŃHSPMNOH VMXI GMQV OH ŃMV G·XQ POpRUqPHB 3RXr Chartier, le ŃRQPH[PH GH SXNOLŃMPLRQ HP OM QMPXUH GH O·MXPHXU VH PRQPUHQP SOXV HVVHQPLHOV SRXU GpILQLU HP NLHQ GLIIXVHU OHV ±XYUHV GH ILŃPLRQB I·MXPRULPp G·XQ RXYUMJH VH IRQGH PRLQV VXU O·pYLGHQŃH GH VRQ SURSRV RX O·LGHQPLPp GH VRQ MXPHXU TXH sur la posLPLRQ TX·RŃŃXSH GMQV OM VRŃLpPp OH PRGqOH OH GpGLŃMPMLUH ŃRQYRTXp YRLUH OH SMP URQ\PH GH O·MXPRULPp UHPSOMoMQ P OH QRP GH O·MXPHXU UpHOB IM QRPLRQ G·MXPRULPp UHOqYHUMLP G·MNRUG GX ŃRQPH[PH VRŃLMO VXU OHTXHO V·MSSXLH O·MXPHXU GMQV V HV PH[ PHV OLPLQMLUHV SMU H[HPSOHB I·MQRQ\PM P VHUMLP XQH VPUMPpJLH TXL YLVHUMLP j PHPPUH HQ pYLGHQŃH O·XVMJH G·XQ PRGqOH SOXV UHŃRQQX HP OM SUpVHQŃH G·XQH YRL[ ŃROOHŃPLYH GHUULqUH OHVTXHOV RQ ŃORLVLP GH V·HIIMŃHUB FHPPH YRL[ ŃROOHŃPLYH SHXP QH VH UpIpUHU j MX ŃXQ PRGqOH SXLV TX·HO le est autosuffisante. La Turba phil osphorum35 constitue pour nous un cas exemplaire : une société de philosophes y est mi se en scène, tous V·H[SULPHQP OHV XQV MSUqV OHV MXPUHV HP OHXU © Je » procède du même savoir. La " Turba » désigne à la fois la matièrH LQIRUPH HP QRLUH GH TXH O·MOŃOLPLH GRLP PR GHOHU ŃRPPH OM SUpVHQŃH G·XQH IRXOH UpXQLRQ SOXULHOOH GH ŃHV auteurs O·pPMQJ NRXHX[ GH 3MUMŃHOVH VHPNOH a posteriori revisité. Le choix de OM OMQJXH Q·HVP SMV MQRGLQ SXLVTX·MX OLHX GH O·MUMNH HP GH O·OpNUHX langues du texte original, on opte pour le lat in36. Les traduct ions qui suivront JMUGHURQP OH PrPH PLPUH HP OM ŃMXPLRQ GH ŃHPPH OMQJXH MŃMGpPLTXHB I·MXPHXU MQRQ\PH O·MXPHXU H[SRVp HP O·MXPHXU ŃROOHŃPLI VRQP GRQŃ PRLQV GHV ILJXUHV qui échangeraient leur plMŃH MX ILO GHV VLqŃOHV TXH OH VLJQH G·XQH VPUMPpJLH pYROXPLYH G·MXPRULVMPLRQ GX VMYRLU RX GH O·MXPHXU IHLJQMQP OM ŃRQPLQXLPp G·XQH VŃLHQŃH TX·RQ UHJMUGH SRXUPMQP ŃRPPH GLYHUVH HP ŃRQPUMGLŃPRLUHB 6L O·RQ VXLP )RXŃMXOP LO VHPN OHUMLP TX·LO \ MLP SRXU QR PUH corpus, soit un choix ŃMUMŃPpULVPLTXH G·XQH VPUMPpJLH OLPPpUMLUH SMU GHV RXYUMJHV VŃLHQPLILTXHV VRLP une anticipation du choix ultérieur des scientifiques modernes ௅ à moins que O· MOŃOLPLH Q·pŃOMSSH j ŃHP PH POpRULH IRXŃMOGLHQQH HP Q·HIIMŃH OM IURQPLqUH en PUH VŃLH QŃH HP OLP PpUMPXUHB F OMUPLHU QRXV SHUPHP G·LGHQPLILHU OH ŃMUMŃPqUH réversible de cette marginalité voulue. En effet, les modalités de celle-ci, notamment le recours à la fiction, à un discours obscur, à des autorités non LQVPLPXpHV HP O·HIIMŃHPHQP G·XQ PMUTXMJH MXŃPRULMO VLJQHV GH OM PMUJH VRQP UpYHUVLNOHV HQ VLJQMX[ G· MXPRULVMPLRQ GqV ORUV TXH OHV PH[PHV OLPLQMLUHV ŃRQYRTXHQP MXPRULPpV VRŃLMOHV RX pUXGLPHVB I·MGOpVLRQ GX OHŃPRUMP IMYRULVpH aussi par le recours au mystère ou à la fable, entraîne une participation active à un s avoir déjà unifié et div ertissant qui est introduit par des cautions familières. C ette séduction pa sse néanmoins par la reconnaissance de modèles acceptables pour le lecteur, tout en diffusant de nouveaux visages.

Rituels

3XLVTXH ŃH OHŃPHXU LJQRUH RX UHIXVH ŃHUPMLQHV ILJXUHV MOŃOLPLTXHV O·MXPHXU

PHP HQ RHXYUH SOXVLHXUV VPUMPpJLHVB 1RXV UHPLHQGURQV PURLV G·HQP UH HOOHV : O· MXPHXU SOMŃH VHV PRGqOHV MX-dessus des autorités acceptables, les faisant ainsi pass er de la marge au som met, tout en invers ant ces autorités UHŃRQQXHV XPLOLVpHV SRXU ŃRQPHVPHU O·MOŃOLPLH HQ OHV PHPPMQP j VRQ VHUYLŃH LO NMQMOLVH O· MXPHXU MOŃOLPLT XH HQ OH UMSSURŃOMQP G·XQ VP pUpRP \SHB (QILQ LO construLP SOXV Q HPPHPHQP VM ILJXUH G·MX PHXU P UMQVIRUPpH HQ SM VVHXU GH VMYRLUV TXHOOH TXH VRLP OHXU QM PXUHB I·MXPHXU UHVPH HQ PMUJH PRXP HQ VH rendant indispensable à la diffusion des sciences. : Paracelse et Érasme IM SXNOLŃMPLRQ GHV pŃULPV GH 3MUMŃHOVH LOOXVPUH ŃHPPH VPUMPpJLH G·MXPRULVMPLRQ G·MXPMQP TXH ŃH GHUQLHU GHYLHQP XQ PRGqOH j LQVPLPXHU GMQV OM GHX[LqPH SMUPLH du XVIe VLqŃOH MX PRPHQP RZ VRQP LPSULPpHV VHV ±XYUHV37. La diffusion seulement orale ou manuscrite de ses propos de son vivant ajoutait à la VXVSLŃLRQ VXU VHV LQYHQPLRQVB GHX[ VPUMPpJLHV V·RSSRVHQP GMQV OM SURPRPLRQ de cette nouvelle auctoritas OM SUHPLqUH U HOqYH G·XQH UHYHQGLŃMPLRQ GH VM marginalité ௅ ŃLPH U OH PpGH ŃLQ HP UMSSHOHU TX· LO UHIXVH OHV MXPRULPpV ௅, la seconde consiste à le placer au sommet de tous les autres savants. Le non-académisme du savant valide, à ses yeux, la preuve exemplaire de la justesse de son approche VHORQ OXL O·H[SpULHQŃe et le contact direct avec le réel valent mieux que la lecture et la répétition de théories incapables de rendre compte des symptômes particuliers du malade à soigner : il faut partir de ces symptômes au lieu de consult er les pages. La marg inalité de sa SUMPLTXH G·MXPHXU HP GH PpGHŃLQ PMQLIHVPH VRQ UHVSHŃP GH OM QMPXUH : " N um Avicenna, num Galenus, Mesue, Rasis, an vero ipsius naturae lumen? Et adsunt duae ingrediundi viae : altera est per libros praedictorum medicorum, altera per naturam38. » Tout en me PPMQP j O·p ŃMUP ŃHUPMLQHV MXP RULPpV 3MUMŃHOVH PRQP UH TX·LO OHV connaît néanmoins, mais désire suivre une autre méthode. Son défaut de savoir devient un choix. Galien, le modèle reconnu par les contemporains de Paracelse, est placé au milieu des autres savMQPV ŃRPPH V·LO VH VLPXMLP VXU le même plan PLQRUL PMLUH G·XQ SRLQP GH YXH ŃXOPXUHO IMŃH j ŃHV IL JXUHV arabes, dont certaines comme Rhazès sont particulièrement mises en avant par les alchimistes, Galien apparaît comme une référence possible mais sans plMŃH ŃHQPUMOHB 8Q ŃHUPMLQ QRPNUH G·MOŃOLPLVPHV j O·LQVPMU GH 3MUMŃHOVH HP afin de mettre justement en avant Paracelse comme modèle, détournent au SURILP GH O·MO ŃOLPLH GMQV ŃHV ÓHX[ GH ŃLPMP LRQV GHV PRGqOHV UHŃRQQXV \

ŃRPSULV V·LOV VRQP OHXUV MGYHUVMLUHVB

*RORU\ GMQV VRQ MQPORORJLH GHV ±XYUHV GH 3MUMŃHOVH39, met en évidence XQH VHŃRQGH VPUMPpJLH TXL ŃRQVLVPH j V·MSSURSULHU OHV PRGqOHV SOXP{P TXH OHV refuser. Il choisit, pour attester la force du savant, de convoquer différentes autorités, certaines alchimLTXHV ŃRPPH $XJXUHOOL HP %MŃRQ G·MXPUHV SOXV MŃMGpPLTXHVB $X OLHX GH QH ŃLPHU TXH OH QRP G·eUMVPH LO UHŃRSLH OH GpNXP G·XQH OHPPUH pŃULPH j 3MUMŃHOVH40, jusque-Oj LQpGLPHB IM ILJXUH GH O·OXPMQLVPH fréquemment sollicitée pour son renom et sa caution incontestable, permet à Gohory de rév éler la supériorit é de Parac else sur Galien, comme de démontrer que les éléments de marginalisation (absence de textes publiés, GLVŃRXUV RNV ŃXUV HP ŃOMRPLTXH V Q·HPSrŃOHQ P SMV OM UHŃRQQMLVVMQŃH GX PpGHŃLQ HP O·H[SUHVVLRQ Ge la vérité. Gohory, ce faisant, publie dans le même HVSMŃH X Q QRXYHMX P H[PH G· eUMVPH MYHŃ GHV P H[PHV LQpGLPV GH 3M UMŃHOVH suggérant par là une démarche éditoriale identique, un intérêt commun et une réponse idéale aux détracteurs. Érasme évoque le discours confus de

3MUMŃHOVH HQ O·LQVŃULYMQP GMQV XQ pORJH : " aegnimata tua non ex arte medica,

quam nunquam didici, sed ex misero sensu verisima esse agnosco41 ªB I·pYLGHQŃH GH OM Y pULPp GH O·MOŃOLPLVPH ŃRQPUHNMOMQŃH OH GpIMXP GH VM OMQJXH : sa force devient mrPH SUpJQMQPH IMŃH j O·LJQRUMQŃH MIILŃOpH GX JUMQG OXPMQLVPHB IM OHPPUH VH lit à deux niveaux : Érasme (comme Gohory) accepte et confirme la capacité SMUMGR[MOH GH O·MOŃOLPLVPH j SMUOHU SMU pQLJPH PRXP HQ H[SULPMQP XQH YpULPp LGHQPLILMNOHB 0rPH V· LO UHŃRQQMvP O·RNVŃXULPp GH 3MUMŃHOVH LO O·LPSXPH j VM propre incompréhension et à sa propre méconnaissance du savoir médical (" ex arte medica quam numquam didici ª YRLUH j O·Lnsuffisance de son intellect (" quid non satis intelligo »). À la fin de sa lettre, Érasme demande à Paracelse G·rPUH SOXV ŃRQŃLV GMQV OH UHŃRXUV MX[ PRPV LQVLVPMQP Oj HQŃRUH VXU OM IRUPHquotesdbs_dbs13.pdfusesText_19
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