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Les transferts intergénérationnels des migrants âgés

Menée en 2003 auprès d'un échantillon de 6 211 immigrés âgés de 45 à 70 ans résidant position du cycle de vie où les opportunités de transferts avec les.

Les transferts intergénérationnels des migrants âgés

ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 390, 2005 3

POPULATION

Les transferts intergénérationnels

des migrants âgés Claudine Attias-Donfut*, François-Charles Wolff** et Philippe Tessier***

Menée en 2003 auprès d"un échantillon de 6 211 immigrés âgés de 45 à 70 ans résidant

en France métropolitaine, l"enquête Passage à la retraite des immigrés renseigne sur les circuits privés d"entraide monétaire des migrants. Ces fl ux fi nanciers sont décomposés selon de multiples dimensions, en particulier la composition du réseau d"entraide, la direction ascendante ou descendante des aides intergénérationnelles, leur destination intra-nationale ou " migratoire » ainsi que leur caractère de don ou de prêt. Les envois d"argent pour soi-même dans le pays d"origine sont aussi comptabilisés.

Les résultats révèlent une spécifi cité des comportements de transferts des migrants ainsi

que leur diversifi cation selon les pays d"origine. Les réseaux familiaux d"entraide des migrants ne sont pas exclusivement centrés sur la ligne générationnelle, ils font aussi une large place aux échanges au sein de la fratrie. Les transferts intergénérationnels y sont aussi fréquents en direction des ascendants que des descendants, surtout parmi les originaires d"Afrique, mais les sommes versées aux enfants sont plus importantes. Quant

au réseau extra-familial, s"il est bien plus réduit que le réseau familial, il est néanmoins

un lieu signifi catif d"échanges, principalement sous forme de prêts d"argent. Les transferts migratoires constituent une partie importante de l"ensemble des transferts et sont largement composés d"envois d"argent pour soi-même. Qu"ils soient destinés au pays d"origine ou effectués sur place, les dons d"argent sont motivés en priorité par les besoins des destinataires, les migrants jouant un rôle de " pivot », pourvoyeur de l"en- semble des membres de la famille. Ils ont aussi une fonction importante de lien social avec les proches restés dans le pays d"origine.

Nous tenons à remercier trois rapporteurs anonymes pour l"ensemble de leurs remarques et pour leurs précieuses

suggestions sur des versions précédentes de ce texte. Directrice des Recherches, Cnav, Paris. Courriel : claudine.attias-donfut@cnav.fr Correspondance. LEN, Université de Nantes ; Cnav et Ined, Paris. Courriel : wolff@sc-eco.univ-nantes.fr LEN, Université de Nantes. Courriel : philippe.tessier@univ-nantes. fr

4 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 390, 2005

L "Europe occidentale a connu, à la fi n du XX e siècle, une forte augmentation de l"im- migration en provenance de l"Europe de l"Est et des pays du Tiers-Monde. Les principaux fl ux s"expliquent avant tout par les recherches d"emploi, les demandes d"asile et le regrou- pement familial, cette dernière catégorie étant dominante en France (Caselli, 2003). Les désé- quilibres mondiaux entre pays pauvres à forte croissance démographique et pays riches à popu- lations vieillissantes et décroissantes devraient avoir pour conséquence d"intensifi er les fl ux migratoires à destination des pays développés, d"autant que la globalisation a accéléré et bana- lisé la circulation internationale des hommes, des biens et des capitaux. L"ampleur et la diver- sité de ses enjeux, tant économiques et démo- graphiques que culturels et sociaux, placent la question migratoire parmi les plus importantes et les plus sensibles posées au XXI e siècle. En dépit de cet intérêt, les données statistiques demeurent lacunaires et il apparaît bien diffi cile de saisir le phénomène migratoire dans l"inté- gralité de ses aspects et dans la pluralité de ses implications (Héran, 2002 ; Borrel, 2004). Les mouvements migratoires donnent notamment lieu à des transferts fi nanciers des migrants vers leurs pays d"origine. Ces transferts repré- sentent des sommes importantes et ils ont des incidences fortes et positives sur l"économie et la balance des paiements de ces pays (Adams et

Page, 2003). Selon les conclusions de l"OCDE,

les transferts fi nanciers migratoires vers les pays du Sud seraient d"un montant supérieur à celui de l"aide publique au développement, évaluée en 2000 à 53,7 milliards de dollars (Guilmoto et Sandron, 2003, p. 122) et dans une fourchette allant de 90 à 100 milliards de dollars en 2003. À côté de ces fl ux fi nanciers circulent de nom- breuses autres formes de transferts au sein de la famille, qu"ils s"agissent de dons d"argent, d"aides en temps ou de cohabitations prolongées. Avec le vieillissement de la population immigrée vivant en France, la première génération de migrants se trouve aujourd"hui dans une position du cycle de vie où les opportunités de transferts avec les autres générations sont nombreuses. Cette géné- ration se retrouve souvent dans une position de " pivot » (Attias-Donfut, 1995 et 1996), telle que les migrants âgés doivent prendre en charge à la fois leurs parents âgés qui ont a priori peu de ressources et leurs enfants adultes qui achèvent leurs études et entrent dans la vie active. Si l"on connaît très peu de choses à ce jour sur

les décisions et les comportements de transferts fi nanciers des migrants qui vivent en France, ceci

s"explique avant tout par le manque de données adéquates sur le sujet. Les recherches quantita- tives sur la question demeurent rares, à l"instar d"autres aspects des phénomènes migratoires.

Les enjeux des transferts

intergénérationnels La spécifi cité des transferts au sein de la popula- tion immigrée tient à ce que les fl ux correspon- dants peuvent, en fonction de la localisation des autres membres de la famille, s"organiser sur le territoire national ou bien être tournés vers d"autres pays, le plus souvent celui d"origine. Dans le cadre des échanges familiaux, les éco- nomistes et les sociologues ont largement mis en évidence la fonction de redistribution de ces transferts (Attias-Donfut, 1999). En France, les aides en argent bénéfi cient le plus souvent aux jeunes générations (Attias-Donfut, 1996 ; Wolff, 2000). Les donations et les héritages sont versés par les générations les plus anciennes au bénéfi ce de leurs enfants, tandis que ces derniers apportent également un soutien fi nancier sous forme d"aides plus ponctuelles à leurs propres enfants au début de leur vie active. Les grands- parents contribuent également de manière signi- fi cative à l"amélioration du niveau de vie des petits-enfants adultes. La circulation des aides est quelque peu différente pour les transferts en temps, qui s"articulent autour de fl ux bilatéraux réciproques. Quelles que soient les générations retenues, les aides en temps vont à la fois dans les sens descendant et ascendant.

Compte tenu de leur circulation, les solidari-

tés familiales viennent réduire les inégalités de ressources entre les générations (redistribution inter-générationnelle). Il est, en revanche, dif- fi cile de savoir si les aides des parents viennent compenser les différences de niveaux de vie qui peuvent exister entre les différents enfants (redistribution intra-générationnelle), faute de données sur le sujet. Les économistes se sont surtout intéressés aux motivations de ces trans- ferts plutôt qu"à leurs conséquences. Une des raisons tient sans doute à l"interaction entre les transferts privés et publics, la solidarité fami- liale pouvant être évincée par l"action de l"État sous certaines circonstances (Cox et Jakubson,

1995). Outre leur effet redistributif, Wolff et

Attias-Donfut (2005) montrent que les transmis-

sions reçues servent très souvent au fi nancement du logement principal ou secondaire des bénéfi - ciaires et qu"elles réduisent le temps d"épargne

ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 390, 2005 5

nécessaire pour accéder à la propriété tout en accroissant la valeur du logement possédé. Comparer la circulation des transferts intergé- nérationnels entre les familles nées et vivant en France (les natifs) et celles d"origine étrangère (les migrants) met en avant les différences ins- titutionnelles ou culturelles qui existent poten- tiellement entre les deux populations. Dans de nombreux pays peu développés, la prise en charge des plus âgés repose seulement sur la famille, si bien que les fl ux fi nanciers devraient être davantage tournés vers les plus anciens en l"absence de système de retraite formel. Il est aussi possible que la place privilégiée accordée aux anciens dans certaines sociétés traditionnel- les façonne l"orientation de la solidarité fami- liale à leur bénéfi ce. Il importe ainsi de mieux appréhender les facettes de cet arbitrage entre les générations. Au-delà de cet intérêt compa- ratif pour les solidarités familiales, l"étude des transferts migratoires soulève des enjeux plus spécifi ques (cf. encadré 1).

Ces transferts peuvent contribuer au fi nan-

cement de l"accès à l"éducation des enfants dans le pays d"origine (McKenzie et Rapoport,

2005), ou bien encore infl uencer les intentions

de mobilité des autres membres de la famille restés dans le pays d"origine (Van Dalen et al.,

2005). Par défi nition, les aides migratoires per-

mettent d"accroître de façon très signifi cative le niveau de vie des bénéfi ciaires (Adams et Page,

2003 ; Adams, 2004). Si la majeure partie de ces

fl ux est consacrée à des dépenses supplémen- taires de consommation courante (Chami et al.,

2005), les aides peuvent aussi servir à acquérir

des logements (Osili, 2004) ou bien à créer des entreprises (Dustmann et Kirchkamp, 2002 ;

Woodruff et Zenteno, 2004). Les transferts

migratoires peuvent s"inscrire dans des logiques d"échange telles que le bénéfi ciaire a une dette a l"égard du donateur, ou bien répondre à des considérations davantage altruistes (Rapoport et

Docquier, 2005).

Que l"observation porte sur les solidarités parmi les natifs ou parmi les migrants, il est en prati- que diffi cile de savoir quelles sont les motiva- tions à la base des comportements de transferts (Laferrère et Wolff, 2005). Idéalement, les tests des motifs de transferts nécessitent des données à la fois sur les personnes qui versent des trans- ferts et sur les caractéristiques des bénéfi ciai- res de ces aides. À de rares exceptions (Osili,

2001), de telles données ne sont pas disponi-

bles. Les études empiriques mises en oeuvre

sont alors davantage descriptives. Elles cher-chent à préciser les déterminants qui infl uencent

les comportements de transferts, pour les natifs ou les migrants, sans vraiment tester les motifs associés qui sont inférés des caractéristiques observées de ceux qui donnent ou reçoivent. Les données exploitées par la suite permettent de décrire le poids des transferts à la fois versés et reçus par les migrants en France, sans valida- tion des modèles de transmission (1).

Des aides versées plus fréquentes

que celles reçues Pour l"ensemble de l"échantillon (6 211 enquê- tés), l"enquête Passage à la retraite des immi- grés (PRI) révèle une importante disproportion entre les aides versées et reçues par les enquêtés (cf. tableau 1 et encadré 2). La proportion de migrants ayant versé au moins une aide fi nan- cière au cours des cinq dernières années, que ce soit sous forme de don ou de prêt, est de

38,6 % alors qu"ils ne sont que 6,2 % à avoir

bénéfi cié de transferts. Le fort décalage entre les deux fl ux versés et reçus (dans un rapport de 1 à 6) paraît trop important pour être entiè- rement explicable par un biais de déclaration ou de mémorisation (2). Au niveau agrégé, la générosité des migrants s"adresse aussi fréquemment aux parents (17,9 %) qu"aux enfants (16,5 %) (cf. tableau 1).

Elle s"exprime principalement sous forme de

dons (34,1 %), les prêts étant moins répandus (10,9 %). On observe également une propor- tion conséquente de transferts en direction des frères et soeurs, 8,5 % des enquêtés déclarant verser des aides à la fratrie. Trait caractéristique de ces familles immigrées, les dons sont desti- nés à l"ensemble de la famille élargie. Enfi n, les migrants consacrent aussi de l"argent aux non- apparentés, surtout sous forme de prêts. En ce qui concerne les montants, les prêts octroyés ont une valeur moyenne plus élevée que les dons, avec des niveaux respectivement égaux à 3 418 et 2 942 euros. Les premiers représentent ainsi

1. De ce fait, nous prenons en compte seulement les caractéris-

tiques des migrants dans l'étude statistique, ceux-ci pouvant ê tre donateurs ou béné ciaires. L'enquête permet, pour certaines sous-populations (par exemple, les enquêtés et leurs parents, ou bien les enquêtés et leurs enfants), de disposer d'un descrip- tif des deux personnes concernées par le transfert, mais ceci dépasse le cadre de la présente étude.

2. Il est possible que les migrants " oublient » de déclarer le sou-

tien dont ils peuvent faire l'objet, ou n'en aient pas pleinement conscience. Il est également possible qu'une partie de l'éca rt résulte de ce que les migrants ont béné cié d'aides nancières de la famille plus tôt dans le cycle de vie, au moment même de la migration. Les données disponibles ne nous permettent cepen- dant pas d'étudier ce phénomène.

6 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 390, 2005

Encadré 1

LES ENJEUX DES TRANSFERTS MIGRATOIRES

L"infl uence de la migration sur le bien-être et la crois- sance économiques des différents pays concernés revêt des formes multiples et parfois contradictoires, comme le suggère l"analyse des incidences économi- ques de la migration (Domingues Dos Santos, 2004). Les transferts migratoires et leurs conséquences sont également étudiés par Azam et Gubert (2005),

Guilmoto et Soudron (2003), Rapoport et Docquier

(2005) et Ratha (2003). Les fl ux de migration impliquent nécessairement une fuite de capital humain (fuite des " cerveaux ») du pays à partir duquel les individus émigrent. Si, en moyenne, la proportion de migrants très éduqués reste modé- rée, elle peut toutefois être élevée pour certains pays pauvres (Adams, 2003). D"autres phénomènes vien- nent pourtant contrebalancer cette fuite des cerveaux. Beine et al. (2001, 2003) notent ainsi qu"il existe une incitation ex ante des migrants potentiels à acquérir davantage de capital humain dans leur pays d"origine, compte tenu des rendements supérieurs escomptés dans le pays d"accueil. Domingues Dos Santos et Postel-Vinay (2003) soulignent que les migrants peu- vent aussi décider de retourner dans leur pays après avoir accumulé du capital humain dans le pays d"ac- cueil. Enfi n, les migrants envoient fréquemment des fl ux d"argent qui peuvent permettre de favoriser le capital humain des autres membres de la famille res- tés dans leur pays. Le supplément de revenu permis par les transferts migratoires doit a priori infl uencer l"accès à l"éduca- tion des enfants (McKenzie et Rapoport, 2005). Au Salvador, Cox et Ureta (2003) montrent que recevoir des transferts migratoires diminue de façon signi- fi cative la probabilité de sortir du système scolaire, en particulier dans les zones rurales. Au Mexique, le nombre d"années d"éducation des enfants est un peu plus élevé lorsque ceux-ci appartiennent à des familles comprenant au moins un migrant (Hanson et Woodruff, 2003). Le recensement de ce pays indique aussi que les transferts migratoires augmentent le taux de lettrisme ainsi que la participation scolaire parmi les 6 à 14 ans (Lopez-Cordoba, 2004). Au Guatemala, Adams (2005) relève des effets similaires des trans- ferts sur l"éducation. Recevoir des transferts migratoires peut également encourager le départ du pays d"origine d"autres membres de la famille du migrant. Il convient alors de regarder l"impact de ces fl ux reçus sur les intentions d"émigration des individus. D"un côté, on s"attend à ce que cet effet soit négatif si la migration s"inscrit dans une stratégie familiale où le migrant envoie de l"argent afi n d"améliorer le niveau de vie de ceux qui sont restés. De l"autre, recevoir des transferts est un signal de la réussite professionnelle du migrant. Les résultats obtenus pour l"Egypte, la Turquie et le Maroc par Van Dalen et al. (2005) montrent ainsi que les aides migratoires reçues tendent à favoriser le choix d"émigrer, cet effet étant particulièrement pro- noncé au Maroc.Dans la mesure où ils viennent accroître les ressour- ces de ceux qui en bénéfi cient, on s"attend à ce que les transferts migratoires réduisent la pauvreté des ménages (Chimhowu et al., 2003). À partir d"une ana- lyse comparative concernant 74 pays, Adams et Page (2003) montrent que les migrations internationales ont un impact très signifi catif sur l"amélioration du niveau de vie des ménages restés dans le pays d"origine du migrant. En moyenne, un accroissement de 10 % du poids des transferts migratoires dans le PNB diminue de 1,6 % la proportion d"individus vivant sous le seuil de pauvreté. Ces évidences agrégées rejoignent les conclusions de travaux sur données individuelles pour les pays en développement qui témoignent à la fois du poids des aides migratoires dans le revenu total du ménage et de leur rôle redistributif (Gustafsson et

Makonnen, 1993, Adams, 2004). Comme le soulignent

Chami et al. (2005), une grande partie de ces fl ux inter- nationaux est consacrée en priorité à des dépenses supplémentaires de consommation courante, les fonc- tions d"épargne et d"investissement venant ensuite. Une partie signifi cative des transferts migratoires est néanmoins consacrée aux dépenses de logement, comme il l"a été montré pour le Pakistan (Alderman,

1996), le Nigeria (Osili, 2004) ou le Guatemala (Adams,

2005). Pour ce dernier pays, le supplément de dépen-

ses pour l"immobilier est de l"ordre de 15 %. Le sur- croît de richesse engendré permet de nouveaux investissements dans le pays d"origine. Il peut s"agir de migrants qui épargnent dans le pays d"accueil en vue de créer des entreprises lors du retour au pays (Dustmann et Kirchkamp, 2002, Massey et Parrado,

1998, Mesnard, 2004). Généralement, ces transferts

reçus ont également un effet bénéfi que sur la créa- tion de petites entreprises. Au Mexique par exemple, ces fl ux représentent plus d"un quart du capital investi dans les microentreprises au sein des zones urbaines (Woodruff et Zenteno, 2004). Chami et al. (2005) notent que les transferts migra- toires peuvent aussi avoir des conséquences néga- tives sur la croissance économique, différant en cela d"autres fl ux de capitaux. Les fl ux internationaux repo- sent sur des transferts individuels, mais la distance qui sépare le migrant des bénéfi ciaires des transferts crée un problème d"asymétrie d"information. Il peut alors y avoir de l"aléa moral, c"est-à-dire une situation où des agents ont la possibilité de recourir à des actions cachées, comme le démontrent Gubert (2002) et Azam et Gubert (2002) au travers du cas des émigrés maliens et de leur famille d"origine. Ainsi, les membres de la famille restés dans le pays d"origine peuvent décider de diminuer leur temps de travail ou bien de ne plus travailler dès lors qu"ils reçoivent de l"argent. Une dimi- nution de l"offre de travail en réponse à des transferts n"est toutefois pas nécessairement liée à de l"aléa moral. Ainsi, Hanson (2005) trouve bien que la proba- bilité que la femme travaille est plus faible parmi les familles où un individu a émigré, mais ce résultat est interprété en faveur d"une spécialisation intra-familiale des tâches. Empiriquement, les estimations menées

ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 390, 2005 7

une masse monétaire sensiblement plus impor- tante que les seconds. La valeur monétaire glo- bale des sommes transférées au cours des cinq dernières années par les migrants âgés de 45 à

70 ans vivant en France est estimée à 1,5 mil-

liard d"euros pour les dons et à 558 millions d"euros pour les prêts (3). En matière de transferts reçus, les dons et les prêts sont presque aussi fréquents, les taux de diffusion étant de 3,7 % pour les dons et de 3,0 % pour les prêts. Les transferts reçus sont plutôt le fait des parents (3,6 %), principalement sous forme de dons, et dans une moindre mesure des frères et soeurs via des prêts. En revanche, les transferts ascendants provenant des enfants sont très peu répandus.

Des sommes plus importantes

aux jeunes générations L"estimation des transferts familiaux versés au cours des cinq dernières années par les migrants atteint 1,77 milliard d"euros, tandis que les som-mes reçues ne représentent que 325 millions d"euros (cf. schéma I). Considérant l"ensemble des destinataires, le montant global estimé des transferts versés par les migrants à l"exclusion des transferts pour eux-mêmes s"élève à 2,1 mil- liards d"euros. Au regard des montants cumu- lés qui sont déclarés par les enquêtés, les dons effectués par les migrants semblent s"inscrire dans une logique de redistribution de leurs res- sources. Qu"il s"agisse des parents, des enfants ou bien des frères et soeurs, le total des som- mes versées par les migrants excède toujours en moyenne celui des sommes reçues. (3) Cette redistribution est principalement orientée vers les enfants. Si les taux de transferts sont à peu près identiques dans les sens ascendant et descendant, les sommes versées aux enfants constituent la plus grande part de l"ensemble

des transferts monétaires, soit 69,2 % du total 3. Les valeurs monétaires sont calculées en pondérant les

réponses obtenues dans l'enquête PRI, a n de parvenir à des estimations des sommes globales transférées et reçues par les migrants résidant en France.

Encadré 1 (suite)

par Chami et al. (2005) sur un échantillon de 113 paysquotesdbs_dbs31.pdfusesText_37
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