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Celui-ci avoisine les 075% de l'ensemble des enfants ayant l'âge de scolarisation au. Primaire. Les filles en milieu rural sont les plus touchées par 



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Cette évolution de l'amélioration de la scolarisation a davantage bénéficié aux filles. En milieu rural le taux net de scolarisation de ces dernières s'est.



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L'indice de parité entre les sexes dans les classes du primaire ne dépasse pas. 81 % en milieu rural. Les problèmes de sous-scolarisation des filles rurales 



ÉDUCATION POUR LES POPULATIONS RURALES

Les stratégies d’éducation et de formation pour les populations rurales doivent donc être intégrées dans le cadre de tous les aspects du développement rural durable et de l’EPT par le biais de plans d’action multisectoriels et interdisciplinaires (ADEA/FAO 2007; FAO/UNESCO-IIPE 2006b)



« ÉDUCATION DES FILLES ET FORMATION DES FEMMESDANS L’ESPACE

La conférence internationale sur l’éducation des filles et la formation des femmes a été organisée conjointement par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l’Etat Tchadien Elle était placée sous le Très Haut patronage du Président de la République du Tchad Son



Quelles stratégies pour promouvoir la scolarisation des filles

destinées à favoriser la scolarisation des filles il faut gar- der à l'esprit les disparités et inégalités scolaires qui exis- tent entre les filles Les interventions en faveur des filles doivent donc prendre en compte les facteurs qui accentuent la sous-scolarisation des filles (origine sociale résidence rurale ) Elles doivent

Qu'est-ce que le fait éducatif en milieu rural ?

14 Le fait éducatif en milieu rural est, comme tout son environnement, marqué par l’étendue, les distances parfois longues, l’éloignement des centralités urbaines, des lieux de décision et de financement. Il est maximum sur des territoires vastes, à densités très faibles voire nulles.

Pourquoi les écoles rurales sont-elles marginalisées ?

Prenant le cas de l’Argentine, Flavia Terigi montre que les politiques éducatives, comme la recherche en éducation, se sont développées principalement en fonction des écoles urbaines, ce qui a entraîné une marginalisation des écoles rurales.

Quel est le rôle de l’éducation dans la ruralité ?

10 L’éducation participe étroitement au paradigme de la ruralité. Marqueur efficace, elle témoigne des permanences et des évolutions des sociétés rurales, dont le fondement est historiquement lié à l’agriculture. Partout présent dans les sociétés rurales, le fait éducatif reflète la vigueur ou la décadence de ces communautés.

Quels sont les invariants de l’Éducation en milieu rural ?

C’est le cas, notamment, en Tanzanie, où la scolarisation des Massaï est présentée par Nathalie Bonini comme une réponse à la précarité née de la dégradation de leurs pâturages. 11 Parmi les invariants de l’éducation en milieu rural se pose le lien qu’elle entretient avec le milieu local.

Royaume du Maroc

Secrétariat d'Etat auprès du Ministre de l'Éducation

Nationale, de l'Enseignement Supérieur, de la

Formation des Cadres et de la Recherche Scientifique Chargé de l'Alphabétisation et de l'Éducation Non

Formelle

Direction de l'Éducation Non Formelle

La non scolarisation au Maroc

Une analyse en termes de coût d'opportunité

Abderrahmane Berrada Gouzi, Noureddine El Aoufi

Version finale

Mai 2006

2

Table des matières

page

Résumé analytique

3

0. 0. Introduction 7

1. Revue de littérature 11

1.1. Mesurer l'impact de l'éducation 11

1.1.1. Endogénéité de l'éducation 11

1.1.2. Le coût d'opportunité 12

1.2. L'impact du capital humain 12

1.2.1. Les revenus individuels 12

1.2.2. La croissance économique 13

1.2.3. Coûts privés et coûts publics 14

1.2.4. Education et coût d'opportunité 14

1.2.5. Limites des analyses économiques 15

1.3. Externalités du capital humain 15

1.3.1. Effets intergénérationnels 15

1.3.2. Education et inégalités 15

1.3.3. Education et citoyenneté 16

2. Etat des lieux : un déficit persistant 16

2.1. Une scolarisation restreinte et volatile en longue période 16 2.2. L'alphabétisation : des avancées mais limitées 19

2.3. Les objectifs de la Charte 20

2.4. Le Programme d'éducation non formelle... 21

2.5. ... et son redéploiement stratégique 22

2.6. La non scolarisation facteur de non développement 23

2.7. Discriminations en termes de genre 24

2.8. Liens étroits entre non scolarisation et analphabétisme 24

2.9. Un bilan d'étape mitigé 25

3. Configurations des enfants non scolarisés et déscolarisés 26

4. Coûts d'opportunité : la non scolarisation et ses débouchés 28

5.1. Ce que l'école coûte aux ménages pauvres... 28

5.2. ... et ce que le travail des enfants leur rapporte 32

5. Coûts de la non scolarisation, bénéfices de l'éducation 32

4.1. Les hypothèses du modèle 33

4.1.1. Gains individuels 33

4.1.2. Gains sociaux 35

4.1.3. Impact sur la croissance 35

4.1.4. Données relatives à l'emploi 36

4.2. Résultats de l'analyse économétrique 37

4. 2.1. Bénéfices 37

4.2.2. Coûts 38

4.2.3. Bénéfices nets de l'éducation 39

6. Préconisations 43

Annexes 47

Références bibliographiques 49

3Résumé analytique

1. Contexte

Au Maroc, le nombre d'enfants âgés de 9 à 15 ans n'ayant jamais été à l'école ou l'ayant quittée avant

la fin de la scolarité obligatoire s'élève, aujourd'hui, à un million et demi, soit un enfant sur trois.

La difficulté d'accès à l'éducation concerne certaines catégories d'enfants : l'écart est plus accentué

selon le genre, l'âge, le milieu de résidence, ou l'activité des enfants. Sur 100 enfants non scolarisés

ou déscolarisés, 58.4% sont des filles et 76.2% sont âgés de 12 à 15 ans. Parmi eux 80% habitent les

zones rurales et 40% sont en situation de travail.

De 1997 à 2004, l'éducation non formelle a bénéficié à quelque 140 000 enfants et jeunes (56 000

ont plus de 15 ans), soit moins de 10% du "stock» des enfants âgés de 9 à 15 ans se trouvant

aujourd'hui en dehors de l'école. De plus, le taux de réinsertion demeure faible. Des 34 950 enfants

(9-15 ans) bénéficiaires en 2004-05, seuls 4 687 ont pu être insérés dans le système éducatif formel.

En l'absence d'une politique vigoureuse de généralisation effective de la scolarisation, ces laissés

pour compte du système scolaire viendront gonfler l'effectif des analphabètes.

2. Objet

La présente étude a pour objet de tenter une estimation des coûts économique associés à la non

scolarisation et à l'abandon scolaire ainsi qu'une évaluation des implications économiques, sociales

et politiques de tels phénomènes.

L'approche en termes économiques met en évidence l'incitation liée à l'investissement dans l'éduca-

tion de base et le profit pouvant être tiré de la généralisation de la scolarité des enfants aux plans à la

fois individuel, des familles et de la société tout entière. Le plaidoyer en faveur de la lutte contre la

pénurie de capacités engendrée par les phénomènes de non scolarisation et/ou de déscolarisation

s'inscrit dans la perspective de développement humain, seule à même de favoriser un dépassement, à

terme, du dilemme "scolariser ou alphabétiser».

L'analyse du coût de la non scolarisation et de l'abandon scolaire n'est pas réduite à sa dimension

budgétaire et financière. L'approche adoptée, en termes de développement humain, permet d'incor-

porer d'autres dimensions essentielles de la structure globale de coût: le coût social et humain com-

prenant, outre les effets en termes de pénurie de capacités et de fragilités, les externalités négatives

liées aux phénomènes de désaffiliation civique, de délinquance sociale et de déviance politique.

Le plaidoyer est fondé sur le droit à l'école et sur l'obligation à la fois pour l'Etat d'offrir un niveau

minimum d'enseignement et pour les familles de prendre part au processus de généralisation de

l'éducation de base. On suggère l'élaboration d'un dispositif adapté prenant appui sur des structures

de médiation appropriées entre l'école et les familles, notamment dans les milieux où les phénomè-

nes de non scolarisation et/ou de déscolarisation perdurent et résistent à l'injonction institutionnelle.

3. Méthodologie

L'argumentaire économique prend appui sur un calcul à la fois micro-économique et macro-

économique du coût de la non scolarisation. Du point de vue micro-économique, l'évaluation repose

sur le coût d'opportunité. Le coût macro-économique englobe le manque à gagner en termes de

croissance économique (pauvreté, chômage, vulnérabilité, etc.). Il inclut les dépenses sociales et de

santé occasionnées par le déficit d'éducation (absence de planification familiale, risques de mortalité

maternelle / infantile, etc.).

L'analyse économétrique a été complétée par une enquête qualitative visant à déterminer la part du

revenu des familles pauvres dédiée à couvrir les frais directs de la scolarisation. L'approche en termes de coût d'opportunité permet de mettre en évidence, sur la base d'une

typologie des formes de travail des enfants, l'incitation liée aux revenus que rapporte aux familles

pauvres la mise au travail des enfants non et/ou déscolarisés.

44. Résultats

1.

UCoûts

(i) L'indicateur de scolarisation a enregistré depuis 1999 une nette évolution, notamment en milieu rural et pour les filles, mais qui reste faible eu égard aux objectifs de la Charte

d'éducation et de formation. Les progrès relatifs réalisés en matière de scolarisation sont

entravés par le taux d'abandon qui se situe entre 5% et 6% des effectifs inscrits. (ii) Les causes de l'abandon scolaire sont complexes, mais la pauvreté constitue le facteur

déterminant dans les décisions de rupture scolaire. De façon plus systémique, l'ampleur des

déperditions trouve aussi une explication dans les déficiences propres à l'école et dans les

carences ayant trait à la qualité logistique et pédagogique de l'enseignement, notamment dans

le milieu rural.

(iii) Le principe, contenu dans la Charte nationale d'éducation et de formation, de gratuité de

l'éducation de base ne couvre pas la totalité des coûts supportés par les familles. Les frais

annuels de scolarité sont estimés à 500 DH en moyenne. Estimés sur la base de l'enquête

qualitative à quelque 25% du SMIG, en moyenne par enfant, ces coûts même limités à la

rentrée des classes, peuvent s'avérer désincitatifs pour des catégories dont la situation est

précaire et le revenu instable. (iv) Le coût d'opportunité annuel du travail de l'enfant est évalué à 3600 DH.

(v) Le coût unitaire annuel (budgétaire et communautaire) de l'éducation s'élève à 4313 DH.

(vi) Le coût unitaire annuel pour la société (somme des coûts privé, budgétaire et communautaire)

se monte à 8413 DH. 2.

UBénéfices

UBénéfices bruts

(vii) Chaque année d'étude supplémentaire passée dans le primaire est susceptible de procurer

12,7% d'augmentation de salaire contre 10,4% dans le secondaire.

(viii) Le gain est plus élevé d'environ un point de pourcentage pour la fille, et ce aussi bien au niveau

du primaire qu'au niveau du collège.

(ix) L'impact de l'apprentissage semble peu significatif. Ceci s'explique à la fois par l'absence de

revalorisation de la part du marché de l'emploi des expériences accumulées et par la faiblesse

des composantes technologiques faisant appel aux nouvelles qualifications.

UBénéfices nets

(x) Le manque à gagner net total pour la société représente un point de pourcentage du PIB de

l'année considérée (2004) (xi) est estimé à 2 806 500 000 DH. Bénéfice net annuel par année de scolarité et par enfant (DH)

Bénéfice brut Coût Bénéfice net

Au niveau individuel 10779 4100 6679

Au niveau de la société 10779 8413 2366

5

5. Propositions

En matière de choix de politique publique, l'éducation représente une option cruciale. Ce résultat

n'est pas nouveau. Il est confirmé par la plupart des études entreprises dans le domaine. Aucune de

ces études n'offre un moyen de mesurer " combien » est décisive une telle option. La question de la

portée d'une action publique tire son importance de la rareté des moyens dont disposent les pouvoirs

publics pour satisfaire une pluralité de priorités qui se disputent les mêmes moyens. L'estimation,

dans la présente étude, du coût de la non scolarisation permet d'évaluer l'importance de l'éducation,

en termes de rationalité économique. De ce point de vue, le rendement de l'éducation (de 10 à 13%)

est tel que très peu de projets d'investissement peuvent atteindre sa rentabilité. Le manque à gagner

engendré par la non scolarisation des enfants est d'autant plus élevé que d'autres dimensions du

capital humain sont prises en considération.

Sur la base de ces résultats, on constate que les dépenses publiques consacrées à l'éducation ne

reflètent pas le taux de rentabilité élevée de la scolarisation des enfants, notamment dans le primaire

et plus particulièrement des filles. Toutefois, mobiliser davantage de moyens n'est pas suffisant.

L'efficacité des dépenses engagées dans ce domaine ne peut être garantie sans la définition d'un

indicateur pertinent pour chaque objectif permettant, à la manière d'un algorithme, de mesurer le

taux de progression. De plus, les dépenses doivent s'orienter vers les cibles prioritaires.

- L'action ne doit pas se limiter à la réinsertion mais un effort en amont doit être consenti et traduit

par une politique de prévention de l'abandon scolaire (auprès des enfants à risque, enfants au travail,

etc.).

- Cibler les régions pauvres dotées d'un taux d'abandon scolaire élevé (avec obligation de résultats)

- Aider les familles dépourvues de moyens afin de leur permettre de maintenir leurs enfants présents

à l'école (aide publique contre engagement des parents). A. Repenser le cadre institutionnel, juridique et réglementaire, de l'éducation non formelle (1) Améliorer les modes de coordination et d'intervention des pouvoirs publics.

(2) Rationaliser la participation des ONG et l'implication de la société civile en définissant

les critères d'éligibilité des associations et en procédant de façon régulière à des audits et à

des évaluations d'impact des politiques publiques. (3) Confier la gestion du programme d'éducation non formelle à une instance autonome par rapport aux structures du MEN et instaurer une gestion basée sur les résultats.

B. Mettre en oeuvre un système d'incitations en faveur des enfants scolarisés issus de familles

dépourvues de ressources nécessaires

(4) Fournir chaque année, à titre gratuit, aux enfants scolarisés des familles déshéritées les

fournitures scolaires nécessaires (cahiers, livres, tenue vestimentaire, etc.).

(5) Prendre en charge ou faciliter l'accessibilité physique des enfants scolarisés ne pouvant se

rendre à l'école par leurs propres moyens, notamment dans le milieu rural. (6) Aménager au sein des locaux scolaires, avec implication des partenaires dans la gestion,

un service cantine et réfectoire en faveur des élèves nécessiteux et habitant loin de l'école,

ainsi qu'un service d'hygiène et de soins de santé. " Les conseils de gestion des établissements veilleront à l'utilisation des possibilités disponibles sur place pour l'approvisionnement, la préparation et la distribution, en assurant les meilleurs conditions

d'hygiène, d'économie, d'organisation et de transparence » (Charte nationale d'éducation et

de formation).

6C. Mettre en place un dispositif pédagogique, matériel et humain ayant pour objectif d'organi-

ser le soutien scolaire aux enfants scolarisés des familles pauvres et de favoriser leur développement personnel et socioculturel.

(7) Promouvoir l'enseignement préscolaire pour les enfants âgés de quatre ans révolus à six

ans. Celui-ci ayant pour objectif, selon la Charte, de " faciliter l'épanouissement physique, cognitif et affectif de l'enfant, le développement de son autonomie et sa socialisation ». (8) Organiser au sein des rythmes scolaires des cours particuliers gratuits d'aide pédagogique et de soutien tenant compte des besoins personnels spécifiques des élèves. (9) Créer au sein des écoles situées notamment dans les zones de pauvreté des instances d'observation, de vigilance et de prévention des situations de déscolarisation. 7

0. Introduction²

0.1. Objet de l'étude. La présente étude poursuit l'objectif de formuler un argumentaire pertinent en

faveur de l'éducation formelle et non formelle des enfants au Maroc.

Cet objectif peut paraître, a priori, comme un exercice tautologique dès lors que la valeur substan-

tielle de l'éducation n'est pas à démontrer: non seulement elle constitue un bien commun primordial

et un droit individuel fondamental, mais elle forme l'élément essentiel dans le processus de forma-

tion et de développement des capabilités (au sens de Sen, 1999) d'un individu et le préalable struc-

tural du développement humain d'un pays.

L'argumentation en termes de droits n'est pas, loin s'en faut, sans efficace dans la mesure où les

institutions (l'obligation pour les enfants d'aller à l'école) jouent un rôle constitutif et contribuent de

façon décisive au façonnage des comportements des parents, des enfants et, au-delà, de l'ensemble

des parties prenantes de l'école. Un plaidoyer fondé sur le droit à l'école et sur l'obligation pour

l'Etat d'offrir un niveau minimum d'enseignement fondamental et pour les familles de prendre part

au processus de généralisation de l'éducation de base est nécessaire et, dans notre pays, il implique la

formulation d'un dispositif adapté prenant appui sur des structures de médiation appropriées entre

l'école et les familles, notamment dans les milieux où les phénomènes de non scolarisation et/ou de

déscolarisation perdurent et résistent à l'injonction institutionnelle.

Loin d'être exclusif de cette perspective, le choix en faveur de l'argumentaire économique, adopté

dans la présente étude, s'appuie au contraire sur le principe de droit et tire sa justification de la

norme que ce principe établit par rapport à l'éducation des enfants.

L'avantage d'une approche en termes économiques réside, en l'occurrence, dans la mise en évidence

de l'incitation liée à l'investissement dans l'éducation de base et au profit pouvant être tiré de la

généralisation de la scolarité des enfants aux plans à la fois individuel, des familles et de la société

tout entière.

L'analyse proposée a pour but de tenter une estimation des coûts associés à la non scolarisation et à

l'abandon scolaire et une évaluation des implications sociales, économiques et politiques de tels

phénomènes. Cette perspective analytique se fonde sur une hypothèse théorique qu'il convient de

préciser.

0.2. L'hypothèse suggérée dans la présente étude met en évidence la contribution relative

déterminante de l'éducation fondamentale dans le processus de développement humain. L'indicateur

synthétique de développement humain (IDH), utilisé par le PNUD pour classer les pays, combine en

effet, outre l'indicateur de santé et le PIB par tête, les niveaux de scolarisation des enfants et

d'alphabétisation.

En plaçant l'objectif de scolarisation et de généralisation de l'éducation de base au coeur du

processus de développement humain, Amartya Sen (prix Nobel 1998) met en exergue, au-delà de

l'utilité directe qu'un tel investissement est susceptible de procurer pour les individus et pour la

société, le rôle majeur de l'éducation dans l'amélioration des capabilités ou des potentialités

humaines élémentaires, c'est-à-dire dans l'élargissement des choix des individus et des groupes, de

leur liberté et de leur participation à la prise en charge de leur propre avenir.

L'hypothèse d'inscrire le plaidoyer en faveur de la lutte contre la pénurie de capacités engendrée par

les phénomènes de non scolarisation et/ou de déscolarisation dans la perspective plus large et plus

intégrée de développement humain exprime un choix optimal par rapport au dilemme "scolariser ou

alphabétiser»: de fait, en l'absence d'une politique vigoureuse de généralisation effective de la

scolarisation, les enfants âgés de 9 à 15 ans se trouvant aujourd'hui en dehors de l'école (au total

1 500 000 environ) viendront gonfler l'effectif des analphabètes et, par conséquent, aggraver le

phénomène déjà observé de perte de capabilités et de libertés.

8Dans la même optique, l'analyse du coût de la non scolarisation et de l'abandon scolaire ne saurait

être réduite à sa dimension budgétaire et financière. L'approche en termes de développement humain

permet, précisément, d'incorporer d'autres dimensions essentielles de la structure globale de coût : le

coût social et humain comprenant, outre les effets en termes de pénurie de capacités et de fragilités,

les externalités négatives liées aux phénomènes de désaffiliation civique, de délinquance sociale et

de déviance politique.

L'action en faveur de l'éducation non formelle afin de résorber les flux des déscolarisés doit

s'inscrire dans une stratégie globale visant, à terme, à réduire à son taux naturel incompressible

l'engagement des pouvoirs publics dans le domaine de l'éducation non formelle, en renforçant les

capacités infrastructurelles et humaines du système éducatif formel et en améliorant le contenu

pédagogique et la qualité de l'enseignement de base, notamment dans les régions et les milieux

défavorisés. Loin de constituer une alternative durable, l'éducation non formelle est dès lors une solution

insuffisante bien que nécessaire et ne peut être envisagée qu'eu égard à l'objectif d'équilibre du

système éducatif et de son optimisation et, en définitive, dans la perspective pour l'Etat et pour les

familles de pouvoir s'en passer durablement.

0.3. Au plan méthodologique, l'argumentaire en faveur de l'éducation non formelle, dans la

perspective qui vient d'être soulignée, prend appui sur un calcul à la fois micro-économique et

macro-économique.

Du point de vue micro-économique, l'évaluation du coût de la non scolarisation repose sur le manque

à gagner ou coût d'opportunité. Limité au seul aspect " insertion professionnelle », un tel coût ne

prend pas en considération toutefois les aspects macro-économiques qui sont à chercher dans la

relation entre l'investissement en capital humain et la compétitivité ou les résultats économiques du

pays. Le coût macro-économique englobe le manque à gagner en termes de croissance économique

(les conséquences d'une faible croissance économique : accroissement de la pauvreté, chômage,

vulnérabilité, etc.). Il inclut les dépenses sociales et de santé occasionnées par le déficit d'éducation

(absence de planification familiale, risques de mortalité maternelle / infantile, etc.).

Par ailleurs, la non scolarisation et ses corollaires que sont l'analphabétisme et l'illettrisme, peuvent

constituer un facteur d'exclusion et un obstacle au progrès de l'individu et de la société. Privé des

possibilités d'acquérir les connaissances indispensables à son autonomie, l'individu, tenu à l'écart des

systèmes d'expression et de représentation, perd les moyens de son insertion professionnelle et de

son intégration dans la société. L'absence d'éducation et de formation entrave la faculté d'exercer les

droits civils et politiques, les individus touchés se trouvant inhibés dans leurs fonctionnements et

libertés positives (Sen, 1999).

Toutefois, l'évaluation du coût de la non scolarisation, pour être pertinente, se doit de tenir compte du

coût de la scolarisation (coût moyen de formation, par élève, pendant une année). Il convient de

signaler deux types de difficultés :

- Distinguer coût et dépense. Bien que souvent utilisés indifféremment, les termes de coût et de

dépense n'ont pas exactement la même signification. Alors que la dépense représente la valeur de

l'ensemble des débours réalisés pendant un certain temps, le coût est un concept plus large, incluant

la notion de durée de vie d'un bien - qui peut dépasser la période considérée - et celle de choix entre

différentes options, de rendement différent, pouvant induire un manque à gagner. Dans ce dernier

cas, on parle de coût d'opportunité.

Toutefois, dans le domaine du service public, l'idée d'option alternative reste assez limitée dans la

mesure où les activités sont définies dans le cadre de la politique de l'Etat. Les objectifs de

l'administration ne sont pas du même ordre que ceux des entreprises privées. De la notion de coût

d'opportunité, on retiendra (dans le cas des dépenses en éducation) non pas le concept de manque à

gagner, mais celui plus pertinent de manque à réaliser qui mesure les déperditions des moyens

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