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Pratiques et enjeux autour de la Pratiques et enjeux autour de la Pratiques et enjeux autour de la protection sociale complémentaireprotection sociale complémentaire protection sociale complémentaire protection sociale complémentaire
d"entreprise d"entreprised"entreprised"entrepriseKERLEAU Monique (Responsable),
Franck DURAND, Anne FRETEL, Isabelle HIRTZLIN
Tome I - Rapport final
Janvier 2008
Centre d"Économie de la Sorbonne
Université Paris 1, CNRS UMR 8174
106-112, boulevard de l"Hôpital 75013 Paris
kerleau@univ-paris1.frSommaire - Tome I
Première Partie
La protection sociale complémentaire en entreprise : Etat des lieuxCHAPITRE 1
L"institutionnalisation de la protection sociale complémentaire d"entrepriseCHAPITRE 2
Cadrage macro-économique de la protection sociale complémentaireCHAPITRE 3
Protection sociale complémentaire : des marchés en mutationCHAPITRE 4
La protection sociale complémentaire dans la négociation collectiveDeuxième Partie
Les pratiques d"entreprise en matière de protection sociale complémentaireCHAPITRE 5
Construction du cadre d"analyse
CHAPITRE 6
Protection sociale complémentaire :
pratiques observées dans les entreprisesCHAPITRE 7
Variété et dynamiques des protections sociales complémentaires dans les entreprises 5 7 5385
117
183
187
229
313
Ce projet de recherche n"aurait pas pu aboutir sans la collaboration des entreprises dont nous
étudions ici les régimes de protection sociale complémentaire et qui nous ont ouvert leurs
portes. Nous remercions particulièrement toutes celles et ceux qui ont accepté de nous recevoir
et que la règle d"anonymat sur laquelle nous nous sommes engagés ne nous autorise pas à citer.Au travers d"échanges toujours intéressants et fructueux, elles et ils nous ont permis de mener
à bien les investigations qui nourrissent ce rapport de recherche. C"est toutefois sous notre entière responsabilité que les analyses que nous proposons ont été élaborées. La rédaction de ce rapport est le produit de différentes contributions.Isabelle HIRTZLIN a pris en charge l"approche macro-économique de la protection sociale
complémentaire d"entreprise (Chapitre 2). Elle a conduit l"analyse des garanties santé et
contribué à la rédaction du Chapitre 6.Anne FRETEL a réalisé l"exploitation statistique de la base des données des accords
d"entreprise et rédigé le Chapitre 4.Franck DURAND a, au cours de la recherche, apporté son expérience et son expertise de
professionnel sur les aspects juridiques et techniques de la protection complémentaired"entreprise. Il a réalisé l"une des monographies et a effectué les simulations qui figurent en
divers points du rapport.La synthèse a été rédigée par Monique KERLEAU qui reste bien évidemment seule
responsable de son contenu ainsi que des erreurs ou omissions qui pourraient subsister. M. KERLEAU et al. Pratiques et enjeux autour de la PSCE_Tome1_Introduction iIntroduction
Formée historiquement dans l"entreprise du XIX e siècle, la prévoyance collective, devenueprotection complémentaire après l"institution de la Sécurité sociale, a évolué pendant longtemps
dans une sphère autonome, " affaire privée interne à l"entreprise »1, avant de devenir, au début
de ce millénaire, un instrument de politique publique dans le champ de la protection sociale.Désormais, sous l"impulsion décisive des réformes de 2003 " loi Fillon » et de 2004 " loi
Douste-Blazy », la régulation de pans significatifs de la protection sociale, en assurance-maladie
et en assurance-retraite, passe par la mobilisation de l"entreprise et des assureurscomplémentaires. Ces acteurs du marché sont appelés à contribuer à l"élaboration, à la mise en
place et au contrôle de dispositifs de protection destinés à compléter, voire relayer, les
protections de base obligatoires de la Sécurité sociale. C"est à cette dimension sectorielle d"une
" nouvelle gouvernance » de la protection sociale que la présente recherche s"est intéressée.
1. De quoi parle-t-on ?
Commençons par définir le champ couvert et situer d"entrée de jeu ses évolutions
contemporaines, évolutions que nous préciserons par la suite. Par protection sociale complémentaire d"entreprise (dorénavant PSCE), on désigne l"ensemble des couvertures quiinterviennent en " complément » des prestations garanties par la Sécurité sociale dans les
domaines de l"assurance maladie, de la prévoyance (décès, incapacité, invalidité) et de la
retraite. Ces couvertures sont acquises par des acheteurs " privés » mais, à la différence des
protections complémentaires individuelles, elles sont fournies dans un cadre professionnel
" collectif ». Enfin elles sont " facultatives » au sens où elles ne sont soumises à aucune
obligation légale. Quatre éléments sont donc en jeu dans la définition de la PSCE.Une protection sociale " complémentaire »
La demande et l"offre de PSCE trouvent leur source dans le caractère partiel des prestationssociales servies par le régime général de la Sécurité sociale en compensation, soit de la perte de
revenu entraînée par la maladie, l"incapacité, l"invalidité ou la retraite, soit des dépenses
induites par les soins de santé. Selon les risques qu"elles couvrent, les couverturescomplémentaires relèvent toutefois de généalogies et de problématiques différentes.
2 En ce qui concerne la retraite, l"assurance complémentaire est organisée en deux niveaux. Le premier niveau, obligatoire donc hors champ de notre étude, est occupé par les régimes deretraite complémentaire des cadres et des non-cadres nés, respectivement en 1946 et en 1961, de
la volonté des partenaires sociaux de corriger les faiblesses des pensions vieillesse du régime de
base de la Sécurité sociale puis généralisées en 1972.3,4 Le deuxième niveau est celui des
régimes facultatifs, sur-complémentaires ou supplémentaires, destinés à l"origine
1 S. MONTAGNE : Les fonds de pension. Entre protection sociale et spéculation financière. Paris : Odile
Jacob, 2006.
2 P. LAIGRE : " Quel est l"intérêt de généraliser le niveau complémentaire ? » In : F. CHARPENTIER (Dir.)
Encyclopédie de la protection sociale. Quelle refondation ? Paris : Économica, 2000, pp. 935-946.
3 Il s"agit des régimes AGIRC (Association Générale des Institutions de Retraite des Cadres) et ARRCO
(Association pour le Régime de Retraite Complémentaire des salariés), généralisés par la loi du 29
décembre 1972 qui a rendu obligatoire l"affiliation à un régime de retraite complémentaire de tous les
salariés de l"industrie et du commerce.4 Relèvent également de l"obligation, le versement par l"entreprise au salarié partant à la retraite une
prestation sous forme de capital (indemnité de fin de carrière ou de départ à la retraite). Le montant des
indemnités est fixé par la convention collective ou à défaut par la loi. Cette obligation peut être assumée
par l"entreprise sans avoir recours à un organisme assureur. M. KERLEAU et al. Pratiques et enjeux autour de la PSCE_Tome1_Introduction iiessentiellement aux cadres, mais qui aujourd"hui, alors que les régimes de retraite par répartition
ne paraissent pas pouvoir garantir des taux de remplacement satisfaisants, tendent à se diffuser plus largement.En matière de couverture des dépenses de santé, l"évolution doit être contrastée selon les
segments. L"assurance maladie a en effet eu dès l"origine une double vocation en couvrant, d"une part, les pertes de salaire provoquées par la maladie (revenus de remplacement) et, d"autrepart, les charges supplémentaires occasionnées par les soins (prestations en nature). Les
remboursements de la Sécurité sociale étaient faibles en matière d"indemnités journalières, ce
qui a encouragé le développement de couvertures de prévoyance complémentaire de branches,
rendues obligatoires par l"accord national inter-professionnel de 1977 et la loi de mensualisationde 1978. Ce deuxième niveau de prévoyance collective obligatoire, qui au-delà de l"incapacité
temporaire couvre les risques invalidité et décès, peut être complété par des garanties de
prévoyance complémentaire. Les prestations en nature ont, elles, et en dépit du co-paiement(ticket modérateur), été conçues pour couvrir une part significative des dépenses de soins
auxquelles le risque maladie exposait le salarié ou ses ayants-droit. Ces dépenses ont, au fil du
temps, accaparé une part grandissante des ressources sociales. C"est cette part que les nombreux plans de redressement des comptes de l"assurance maladie mis en oeuvre, dès la fin des annéessoixante-dix, ont cherché à maîtriser en activant de façon récurrente les leviers du
déremboursement, de l"alourdissement des tickets modérateurs et de l"extension du périmètre
des dépenses non prises en charge par l"assurance maladie. Certes, au plan macro-économique,la progression significative du nombre de maladies donnant droit à l"exonération du ticket
modérateur, masque la régression structurelle de la Sécurité sociale dans le financement de la
dépense nationale de santé, il n"en reste pas moins qu"au fur et à mesure que le co-paiement
s"étend, le besoin de couvertures complémentaires s"accroît pour les individus. Mais à la
différence des retraites ou des risques invalidité-incapacité-décès, il reste satisfait dans le cadre
d"un dispositif qui, bien que discuté5, continue de reposer sur deux piliers : l"assurance maladie
de base et la couverture complémentaire offerte par les organismes assureurs.Une protection sociale " marchande »
Ainsi, pour la vieillesse et l"incapacité-invalidité-décès, on part d"un modèle résiduel, pour la
maladie, d"un modèle généreux mais, dans les deux cas, la tendance est la même. Le salarié a
besoin d"acheter au cours de sa vie active de plus en plus de retraite future ou de protectioncontre les accidents de la vie. Le patient est de plus en plus dépendant des assurances
complémentaires pour acheter plus d"accessibilité au système de soins ou, dit autrement, un peu
moins de reste à charge. La protection complémentaire est donc marchande, au sens où le
consommateur en assume le coût. Ce mouvement offre des opportunités de croissanceimportantes pour les trois grandes familles d"opérateurs que sont les sociétés d"assurance, les
mutuelles et les institutions de prévoyance. Ce marché de la protection complémentaire estdevenu au cours des dernières années un marché de plus en plus concurrentiel du fait
notamment de la levée d"un certain nombre de barrières réglementaires, levée favorable à
l"entrée de nouveaux compétiteurs (courtiers, banques) et à l"effacement des partages d"activités
plus ou moins institués entre les opérateurs historiques.Pour autant l"individu n"est pas complètement abandonné au marché. Le renvoi sur le marché de
ce que le secteur public ou obligatoire ne prend plus en charge s"appuie sur un ensemble demécanismes incitatifs qui prennent la forme classique d"aides fiscales : crédits d"impôts pour
5 Le débat a été rendu public lors de la publication du rapport de F. CHADELAT " La répartition des
interventions entre régime obligatoires et complémentaires en matière de dépenses de santé ».
Commission des Comptes de la Sécurité sociale, avril 2003 M. KERLEAU et al. Pratiques et enjeux autour de la PSCE_Tome1_Introduction iii l"aide à l"acquisition d"une couverture maladie individuelle, régimes fiscaux avantageux pourl"achat de plans d"épargne retraite, exonérations sociales et fiscales pour les contrats collectifs
d"entreprise. Ces incitations sont conformes aux enseignements de la théorie des défaillances du
marché de l"assurance. Le fait que les individus valorisent insuffisamment certains biens, dontla consommation est pourtant source d"externalités positives, justifie l"intervention publique, ici
sous la forme d"un subventionnement à l"achat de couvertures privées, parce que les coûtsencourus par les individus qui se protègent génèrent un bénéfice social important.
6 L"aide
fiscale a toutefois sa contrepartie : elle doit contribuer à orienter l"offre et la demande vers des
pratiques vertueuses, respectueuses des orientations prises par les autorités publiques pour
stabiliser les régimes obligatoires. C"est à cette logique que répond le " contrat responsable »
mis en place par la réforme de 2004, réforme qui marque une évolution notable dans la mesure
où la fiscalité a été jusqu"à présent peu utilisée comme outil de pilotage de la politique sociale.
La fiscalité prend place par ailleurs dans un ensemble d"instruments de normalisation et de réglementation qui cadrent le jeu des acteurs, et donc encadrent le processus de marchandisation, en application de régulations nationales ou supranationales.Une protection " d"entreprise »
Si les compléments privés de protection n"ont pas vocation à n"être fournis que sous la forme
collective, de fait, aujourd"hui, une fraction importante de la protection sociale complémentaire est mise en place dans le cadre de l"entreprise et greffée sur le contrat de travail. Ce n"esttoutefois pas une nouveauté. A l"origine " libéralité » de l"employeur, puis insérée dans le droit
du travail en émergence à la fin du XIX e siècle7, la constitution d"avantages sociaux au profitdes salariés s"institutionnalise après-guerre. La prévoyance collective prend son essor avec
l"intervention d"organismes spécialisés, tiers entre l"employeur et le salarié. Elle se délimite dès
lors par " triangulation juridique ». L"engagement de l"employeur vis-à-vis du salarié s"inscrit
dans le cadre du contrat de travail, la relation entre l"entreprise et l"organisme assureur relève du
contrat commercial, la relation entre le salarié et l"organisme assureur étant placée quant à elle
sous le régime d"un contrat d"adhésion, un peu particulier puisqu"il est dépendant du lien
juridique entre l"entreprise et l"organisme assureur. 8Le développement de la prévoyance d"entreprise est soutenu par la mise en place d"un
traitement social et fiscal avantageux qui date des années 70. Les mesures récentes réaffirment
la préférence du décideur public pour ces formes collectives de protection. Il est vrai que face
aux opérateurs de l"assurance complémentaire, les entreprises ont un pouvoir de négociationqui, associé aux effets d"échelle, permettent de limiter les montants des primes ou des adhésions
et de réduire le coût des protections privées. Suscitée et orientée par les pouvoirs publics, la
PSCE est toutefois loin d"être généralisée et loin d"être homogène. Si dans les grandes
entreprises, la PSCE s"est le plus souvent construite dans le cadre de conventions négociéesentre les partenaires sociaux, ailleurs, elle est restée dépendante de la décision discrétionnaire
des employeurs. En outre, dans les grandes entreprises, la gouvernance de la PSCE diffère selon que le modèle d"essence paritaire propre aux dispositifs obligatoires s"est ou non diffusé auxrégimes de prévoyance, notamment aux régimes collectifs santé, historiquement principalement
de tradition mutualiste, mais pas exclusivement, selon également la place faite aux compagniesd"assurance. L"hétérogénéité des processus et des modèles trouve logiquement son
6 Voir sur ce point L.H. SUMMERS " Some simple economics of mandated benefits », American Economic
Association Papers and proceedings, 1989, 79 (2), pp. 177-183.7 P. MARTIN : " Epargne salariale et retraite : les avatars de la protection sociale d"entreprise en Europe »,
Droit Social, 2003, n°2 (février), pp. 202-215.8 G. LYON-CAEN : " La deuxième jeunesse de la prévoyance sociale ». Droit Social, n°4, avril 1986, pp.
290-295.
M. KERLEAU et al. Pratiques et enjeux autour de la PSCE_Tome1_Introduction ivprolongement dans la très grande hétérogénéité des populations protégées et de leurs
couvertures. 9Une protection facultative
L"hétérogénéité héritée est très certainement à mettre au compte du caractère " facultatif » de la
PSCE. A la différence des régimes de retraite complémentaire obligatoires, les régimes de
retraite supplémentaire, de prévoyance ou d"assurance maladie complémentaire sont fondés sur
le principe du volontariat. Cela étant, nombre d"accords collectifs négociés au niveau de la
branche font naître pour l"entreprise des obligations dès lors que le décideur public intervient en
étendant, voire en élargissant, les textes signés par les partenaires sociaux. C"est dans le cadre
de ce " droit conventionnel » que la protection sociale complémentaire a tendance à
s"institutionnaliser dans certaines branches et dans les grandes entreprises. Par ailleurs, alorsque l"incitation à l"achat individuel d"une couverture complémentaire peine à prouver son
efficacité, l"acteur public s"est donné, avec les lois récentes de 2003 et 2004, des outils pour
promouvoir, en le rationalisant, le modèle obligatoire.10 Désormais, les contrats collectifs
devront être obligatoires et responsables pour pouvoir tirer parti d"un traitement socio-fiscalavantageux. Simultanément, il s"agit pour l"acteur public, en s"appuyant sur les différents
niveaux de la négociation collective, de réactiver le dialogue social. En atteste un code du travail qui a introduit, pour les entreprises non couvertes par un accord de branche, l"obligationannuelle d"engager une négociation sur un régime de complémentaire maladie ; en atteste
également l"invitation faite aux partenaires sociaux d"engager des négociations, dans le cadre d"un accord national interprofessionnel, afin de développer la complémentaire maladie obligatoire dans les PME.2. Pourquoi et comment s"intéresser à la PSCE ?
Trois enseignements se dégagent de ces rapides observations préliminaires qui permettent de préciser les orientations de la recherche. Une complémentarité indispensable à la protection sociale des individusLe premier enseignement est qu"en dépit des flux financiers comparativement modestes au
regard de ce que représentent les couvertures obligatoires des risques vieillesse, incapacité,
invalidité et maladie, les couvertures complémentaires sont aujourd"hui un pilier indispensable
de la protection sociale et très probablement promises à un développement renforcé. En raison
de tendances structurelles lourdes (vieillissement de la population, croissance ralentie, dettesociale), la place occupée par les régimes généralisés ne peut en effet que se réduire, quand bien
même les politiques publiques de durcissement d"accès aux droits pour la retraite ou
l"invalidité-incapacité, ou de maîtrise des dépenses de santé, parviendraient à marquer des
points en redonnant un peu d"aisance budgétaire aux régimes obligatoires. Dans un contexte socio-démographique exigeant en ressources alors que les pressions budgétaires sont fortes, la9 Analysée par les travaux réalisés dans le cadre d"un précédent appel d"offre de la Mire : BURDILLAT M ;
Protection sociale d"entreprise, Cahiers de la MiRe, n° 2, juin 1998, p.3-6 ; TURQUET P. " L"obtention
d"une couverture complémentaire maladie dans le cadre de l"entreprise : de fortes inégalités malgré
l"existence d"une réglementation plus favorable ». Communication au Colloque Accès inégal à l"emploi
et à la protection sociale. MATISSE, Paris, 16-17 septembre 2004.10 Du point de vue économique, le modèle obligatoire permet de désamorcer les phénomènes d"anti-
sélection qui font que seuls les mauvais risques s"assurent, cf. M. ROTHSCHILD et J. STIGLITZ
" Equilibrium in competitive insurance markets », Quarterly Journal of Economics, 1976, 90, 629-650 ;
P-Y G EOFFARD " Assurance maladie : la gestion du risque long », Revue d"Économie Politique, 2000,110(4), pp. 457-482.
M. KERLEAU et al. Pratiques et enjeux autour de la PSCE_Tome1_Introduction vvoie de retour vers les systèmes publics, consolidés et généreux de l"État social, semble bien
fermée. Nous partirons de cette hypothèse de travail.Une régulation incitative
En soulignant que le niveau de protection accordé par les régimes obligatoires ne suffit plus à
garantir une couverture suffisante, le développement des dispositifs complémentaires met enévidence simultanément le rôle essentiel joué les acteurs privés. Dans ce contexte, la définition
de nouvelles règles du jeu implique les autorités publiques dans un processus de réarrangement
d"intérêts divers. Elles doivent en effet composer avec des secteurs d"activité structurés, des
pratiques instituées d"entreprises, des allocations établies de " droits de décision » au sein des
collectifs de travail. Le rôle de l"Etat s"observe à ces différents niveaux où il se déploie selon
des formes d"intervention qui privilégient le modelage des incitations. Le changement est
important. Alors qu"elle a, par le passé, essentiellement11 relevé de l"intervention réglementaire
ponctuelle et du management d"entreprise, voire de l"administration du personnel, la PSCE estinscrite aujourd"hui dans un cadre, politique et institutionnel, qui l"impulse, la légitime, la
finance et lui assigne des responsabilités élargies - que ce soit dans la compensation des effets
des aléas de l"existence ou dans la couverture de fractions croissantes de la population - ou nouvelles - accompagner les politiques gouvernementales de gestion des risques vieillesse,invalidité ou maladie. Du coup, on voit que cette régulation incitative donne matière à
transactions entre une autorité publique censée protéger un bien socialement utile (la protection
sociale) et des intérêts privés a priori dissociés qu"il s"agit de coordonner. Là, réside le besoin
de " gouvernance » de la protection sociale.12 Dans le champ de la santé ce besoin a reçu une
traduction institutionnelle par la création en 2004 de l"Union nationale des organismes
d"assurance maladie complémentaire (UNOCAM), qui forme avec l"Union nationale des caissesd"assurance maladie et l"Union nationale des professions de santé le socle de la nouvelle
gouvernance de l"assurance maladie voulue par les pouvoirs publics et destinée à créer les
conditions d"une participation renforcée des organismes complémentaires à la politique de
gestion du risque développée par les régimes obligatoires d"assurance maladie. Un modèle hybride : entre assurance sociale et assurance privéeSi l"on s"intéresse, en troisième lieu, non plus à la dynamique institutionnelle, mais au modèle
économique et social de la PSCE, un dernier enseignement peut être tiré. Le développement de
la PSCE est à mettre en relation, nous l"avons vu, avec la marchandisation de la protectionsociale. Pour autant, le modèle qu"elle propose est plus proche du modèle " sécurité sociale »
13que du modèle " assurantiel pur ». Les dispositions réglementaires récentes vont en effet dans le
même sens pour : encourager le collectif face à l"individuel et l"obligatoire face au facultatif,
dissuader la sélection des risques, unifier les garanties à l"intérieur de catégories, valoriser la
négociation et la gestion paritaire et insérer les mécanismes contractuels dans un ensemble de
11 La seule loi organisant le champ de la PSCE est la loi Évin de 1989.
12 Au sens Williamsonien du terme. Le terme de gouvernance a été introduit par WILLIAMSON dans le
champ de la firme pour poser théoriquement, à partir des relations de transaction, l"existence de modes de
coordination différents du marché. " The Economic Institutions of Capitalism ». Free Press, 1985
13 Dans ce modèle qui peut être qualifié de modèle " d"assurance de revenu salarial », les droits sont
ouverts aux salariés et à leurs ayants-droits, son financement repose sur les cotisations sociales des
salariés et des employeurs, les prestations en espèces sont contributives et les versements sont calculés à
proportion du salaire de référence. Son architecture institutionnelle repose sur la gestion séparée des
risques et sur la segmentation des régimes réservés à des catégories professionnelles, à des branches ou à
des entreprises. Sa gestion implique conjointement les syndicats de salariés et les représentants
d"employeurs. Cf. A. L ECHEVALIER, B. PALIER " Essai d"analyse des caractéristiques économiques,sociales et politiques du régime d"assurance de revenu salarial ». Communication au Colloque État et
Régulation sociale, Centre d"Économie de la Sorbonne - Matisse, septembre 2006. M. KERLEAU et al. Pratiques et enjeux autour de la PSCE_Tome1_Introduction virègles responsables, tant vis-à-vis de la collectivité que des assurés. Le système d"incitation peut
jouer certes comme élément déclencheur et normalisant dans les entreprises sans régimes de
prévoyance ou de retraite mais, ailleurs, dans entreprises qui ont mis en place des assurancescomplémentaires collectives, il " entre » dans des pratiques établies, dans des systèmes institués
et dans des champ de relations économiques et sociales stabilisées. Toutefois dans les deux cas,
s"il peut opérer comme une contrainte, il peut aussi apporter aux acteurs - les entreprises, lesassureurs et les salariés - de nouvelles ressources stratégiques. Il convient alors de s"intéresser
de près à la façon dont les entreprises, dans cet environnement nouveau, (re)problématisent
leurs dispositifs d"assurance complémentaire collective ou, pour reprendre les expressions de B. Palier, leurs manières de penser et de faire la protection sociale d"entreprise. 14Résumons les développements qui précèdent, pour poser l"hypothèse de travail qui sous-tend
notre recherche, les questionnements qu"elle ouvre et présenter les deux volets autour desquels elle a été organisée. Hypothèse de travail et objectif de recherche. La mise sur l"agenda politique de la PSCE, audébut des années 2000, témoigne de la préférence du décideur public a) pour des formes
complémentaires de protection sociale dont l"organisation, encadrée et régulée, revient aux
acteurs du marché, organismes assureurs et entreprises, b) pour un modèle de protection
complémentaire obligatoire, largement mutualisé, négocié entre les partenaires sociaux et
responsable. En ce qui concerne la première dimension, on est face à un phénomène qui touche
aux transformations du rôle de l"État dans la fourniture de biens publics, phénomène que
recouvre, dans son acception sociopolitique la notion de " gouvernance » de la protection
sociale sur laquelle l"appel d"offres invite à réfléchir. L"autre dimension de notre hypothèse met
l"accent sur l"orientation normative en faveur d"un modèle de protection sociale complémentaire. Elle interroge le mode de " gouvernance » de la protection complémentaire d"entreprise, au sens ici, non plus des arrangements par lesquels les institutions de protectionsociale négocient avec les autorités publiques les principes, procédures et objectifs de
coopération pour une protection socialement utile, mais à celui des arrangements entre des
parties prenantes directement impliquées dans la construction de dispositifs de protection
sociale collectifs. Le niveau d"analyse est ici micro plutôt que macro-institutionnel et la
perspective analytique qui est la nôtre met l"accent sur les processus et procédures de décision
coordonnant l"action de l"ensemble des acteurs du champ considéré, a) sur les contraintes quipèsent sur les choix des acteurs, b) sur les objectifs poursuivis dans la prise en charge
" complémentaire » des risques " sociaux », c) mais aussi sur les intérêts en jeu. Comment et
par qui se prennent les décisions ? Au profit de qui et pour quoi ? Qui tient la " boussole » 15 de la PSCE ? Telles sont les questions auxquelles cette recherche veut répondre et ceci en ayant en vue deuxséries d"interrogations induites par notre hypothèse de travail. Que la phase actuelle exhibe les
préférences de l"acteur public signifie-t-il que la trajectoire de la PSCE soit aujourd"hui
clairement dessinée ? A ce stade de la recherche, la question est largement ouverte, et ceci pour deux raisons.Questionnements spécifiques. La première de ces raisons est que la figure de l"entreprise
constituée en " collectif protecteur »16 est associée à la régulation fordiste qui a caractérisé
l"économie jusque dans les années 80. Or, on sait que les facteurs qui ont pu, à un momentdonné, favoriser et légitimer la constitution de grandes formes d"organisations collectives,
14 B. PALIER " Gouverner la Sécurité Sociale ». Paris : PUF, 2002.
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