[PDF] Quelques stratégies et principes en traduction technique français





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Département de français et d'italien Forskningsrapporter

Cahiers de la recherche

21

Quelques stratégies et principes

en traduction technique français-allemand et français-suédois

Alexander Künzli

Thèse pour le doctorat

Département de français et d'italien

Université de Stockholm

S-106 91 Stockholm Doctoral dissertation

Department of French and Italian

Stockholm University

S-106 91 Stockholm

Abstract

This dissertation investigates translation strategies and translation principles in technical translation. Five translation students and 5 professional translators from German-speaking Switzerland and 4 translation students and 6 professional translators from Sweden were asked to think aloud while translating a user guide from French into German and from French into Swedish, respectively. The focus of the analysis was on the strategies that could be observed by comparing the translation products with the source text; and on the principles underlying these strategies as revealed by the think-aloud protocols of the translation processes. In order to evaluate the extent to which the translation products complied with the fictitious translation brief given to the participants, 2 reviewers per language pair proofread the translation products. The analysis also included contrastive analyses of certain linguistic features of technical texts in French-German and French-Swedish. The results show that experience of translation does play a role in the choice of translation strategy. It is, however, an even more important factor with respect to knowing and applying translation principles in the translation process. Also, students more often display uncertainty regarding translation principles, and conflict between the principles verbalised and those actually followed. Language-pair specific differences were mostly found in connection with translation strategies. Comments about future directions include the need for clearer definitions and more systematic manipulations of the variables involved in translation, and the potential interest in investigating the principles governing how translations are revised through the use of think-aloud protocols.

Keywords:

translation strategies, translation principles, think-aloud protocols, technical translation, French-German, French-Swedish, translation students, professional translators.

2003 Alexander Künzli

Printed by Akademitryck, Stockholm, 2003 ISBN 91-974284-6-9

ISSN 1400-7010

1

TABLE DES MATIÈRES

TABLE DES MATIÈRES 1

REMERCIEMENTS 4

LISTE DES ABRÉVIATIONS 5

LISTE DES TABLEAUX 5

1 CADRE CONCEPTUEL DE RÉFÉRENCE 7

1.1 Introduction 7

1.2 Notions théoriques de base 8

1.2.1 Les stratégies de traduction 8

1.2.2 Les principes de traduction 15

1.3 La réflexion parlée 21

1.4 La traduction technique 28

1.5 Objectif et questions de départ 31

2 MÉTHODE 35

2.1 Les répondants 35

2.2 Le matériau 41

2.3 Conditions d'expérimentation 44

2.4 Procédure 45

2.5 Conventions de transcription 46

2

2.6 Les réviseurs 47

2.7 Les instruments 48

3 DÉCRIRE LA TECHNIQUE 54

3.1 'Oh là là ! J'aime pas les volts et compagnie !' 54

3.2 Résultats 62

3.2.1 Le groupe germanophone 62

3.2.2 Le groupe suédophone 83

3.3 Discussion 100

4 INTÉRESSER L'ACHETEUR 106

4.1 'Pas la peine de flatter autant l'acheteur !' 106

4.2 Résultats 114

4.2.1 Le groupe germanophone 114

4.2.2 Le groupe suédophone 130

4.3 Discussion 152

5 DONNER DES INSTRUCTIONS 158

5.1 'Ce deux-points me rend fou !' 158

5.2 Résultats 164

5.2.1 Le groupe germanophone 164

5.2.2 Le groupe suédophone 184

5.3 Discussion 199

6 CONCLUSIONS 206

6.1 Synthèse 206

3

6.1.1 Les stratégies de traduction 207

6.1.2 Les principes de traduction 208

6.1.3 Domaines connexes 211

6.2 Mise en contexte 214

6.3 Implications 219

6.3.1 Au niveau méthodologique 219

6.3.2 Au niveau pédagogique 223

6.4 Pistes de recherche pour l'avenir 225

BIBLIOGRAPHIE 231

APPENDICE 1 : LE TEXTE DE DÉPART 238

APPENDICE 2 : LES TEXTES D'ARRIVÉE 240

INDEX DES AUTEURS 264

4

REMERCIEMENTS

Je tiens, en premier lieu, à exprimer ma vive gratitude au professeur Gunnel Engwall, directrice de thèse, et au professeur agrégé Birgitta Englund Dimitrova, co-directrice de thèse, pour leurs encouragements constants, leurs judicieux conseils et leurs lectures attentives tout au long de ces années. Je voudrais ensuite adresser mes remerciements les plus sincères : - aux professeurs Inge Bartning et Mats Forsgren pour leurs pré- cieuses remarques qui m'ont permis d'améliorer le texte final ; - aux doctorants du Département de français et d'italien ainsi qu'aux membres de TRAPROS (Translation process group in Sweden) pour leurs très utiles commentaires sur les versions antérieures du présent travail ; - aux étudiantes en traduction, traducteurs professionnels et révi- seurs pour avoir mis leurs connaissances et compétences à ma disposition et sans lesquels rien n'aurait été possible ; - à Laure Berney, Fobester Chadehumbe, Denis Dafflon, Barbara Darrier, Valérie Dullion, Carol Leipziger, Vinciane Mazy, Maria Sandqvist et Katherine Stuart pour leur aide pratique, linguis- tique ou informatique ; - au Fonds commémoratif de la Banque centrale de Suède, grâce auquel j'ai pu financer le présent travail. Toutes les erreurs, approximations ou omissions restantes relèvent, bien entendu, de ma seule responsabilité.

Stockholm, avril 2003

Alexander Künzli

5

LISTE DES ABRÉVIATIONS

É-CH : étudiante germanophone G : syntaxico-grammatical T-CH : traducteur germanophone S : sémantique É-SE : étudiante suédophone Pr : pragmatique

T-SE : traducteur suédophone

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Caractéristiques des étudiantes germanophones 37 Tableau 2 : Caractéristiques des traducteurs germanophones 38 Tableau 3 : Caractéristiques des étudiantes suédophones 39 Tableau 4 : Caractéristiques des traducteurs suédophones 40 Tableau 5 : Volume des protocoles de verbalisation 43

Tableau 6 : Conventions de transcription 47

Tableau 7 : Stratégies employées par les étudiantes germanophones pour traduire la séquence descriptive 80 Tableau 8 : Stratégies employées par les traducteurs germanophones pour traduire la séquence descriptive 81 Tableau 9 : Répartition des stratégies employées par le groupe germanophone pour traduire la séquence descriptive 82 Tableau 10 : Stratégies employées par les étudiantes suédophones pour traduire la séquence descriptive 96 Tableau 11 : Stratégies employées par les traducteurs suédophones pour traduire la séquence descriptive 97 6 Tableau 12 : Répartition des stratégies employées par le groupe suédophone pour traduire la séquence descriptive 99 Tableau 13 : Stratégies employées par les étudiantes germanophones pour traduire la séquence incitative 127 Tableau 14 : Stratégies employées par les traducteurs germanophones pour traduire la séquence incitative 128 Tableau 15 : Répartition des stratégies employées par le groupe germanophone pour traduire la séquence incitative 129 Tableau 16 : Stratégies employées par les étudiantes suédophones pour traduire la séquence incitative 149 Tableau 17 : Stratégies employées par les traducteurs suéodophones pour traduire la séquence incitative 150 Tableau 18 : Répartition des stratégies employées par le groupe suédophone pour traduire la séquence incitative 151 Tableau 19 : Stratégies employées par les étudiantes germanophones pour traduire la séquence instructionnelle 180 Tableau 20 : Stratégies employées par les traducteurs germanophones pour traduire la séquence instructionnelle 181 Tableau 21 : Répartition des stratégies employées par le groupe germanophone pour traduire la séquence instructionnelle 183 Tableau 22 : Stratégies employées par les étudiantes suédophones pour traduire la séquence instructionnelle 196 Tableau 23 : Stratégies employées par les traducteurs suédophones pour traduire la séquence instructionnelle 197 Tableau 24 : Répartition des stratégies employées par le groupe suédophone pour traduire la séquence instructionnelle 198 7

1 CADRE CONCEPTUEL DE RÉFÉRENCE

1.1 Introduction

Le présent travail est une recherche sur la traduction. Nous nous intéressons d'abord à étudier (1) les stratégies employées par des per- sonnes appelées à traduire une notice technique (approche axée sur la traduction en tant que produit), et (2) les principes sous-jacents à ces stratégies (approche axée sur la traduction en tant que processus). Puis, à l'intérieur de chacun de ces deux volets, nous poursuivrons une approche transversale. Nous comparerons ainsi les stratégies et les principes observables dans le travail d'étudiantes en traduction avec ceux qu'on trouve chez des traducteurs professionnels. Une troisième et dernière distinction interviendra à l'intérieur de ces deux groupes : dans l'objectif d'étudier d'éventuelles différences dans les stratégies et les principes de traduction selon la langue et la culture d'arrivée, nous avons fait traduire le même texte de départ à des répondants germano- phones et à des répondants suédophones. La décision de manipuler l'expérience de la traduction et la langue d'arrivée émane du constat que ces variables n'ont pas encore fait l'objet d'études systématiques dans le domaine qui nous intéresse. Dans le souci de combiner la description des stratégies et des principes de traduction avec l'évalua- tion de leur adéquation avec la tâche de traduction concrète, nous avons, en outre, demandé à deux réviseurs par couple de langues de réviser les traductions écrites. Notre étude repose sur l'utilisation de deux instruments principaux. La taxinomie des stratégies linguistiques à l'échelle du texte, proposée par Chesterman (1997), nous permettra de catégoriser certains traits apparaissant dans les traductions écrites, produites par nos répondants. La réflexion parlée, qui consiste à demander à une personne de verba- liser toutes les pensées lui venant à l'esprit pendant qu'elle est en train d'accomplir une tâche, nous servira de base pour recueillir des proto- coles de verbalisation. Dans ces protocoles, nous identifierons les verbalisations qui révèlent les principes de traduction sous-jacents au choix de telle ou telle stratégie, selon la taxinomie proposée par du texte de départ, dans lesquels se manifestent les principales fonc- 8 tions des notices techniques destinées au grand public : (1) décrire les caractéristiques techniques de l'appareil, (2) inciter l'acheteur à en faire usage, (3) donner des instructions. Ce ne sont cependant pas les fonctions elles-mêmes qui constitueront l'intérêt principal de nos analyses ; elles ne nous serviront que de point de départ pour la mise en évidence des stratégies et principes de traduction et, accessoire- ment, d'un ensemble de facteurs importants qui entrent en jeu dans la traduction au quotidien : l'incertitude, le sentiment de responsabilité ou encore la prise de risques du traducteur. Sur cette base, nous allons procéder au compte rendu des études qui sont en rapport direct avec notre travail : les stratégies et les principes de traduction (1.2), la réflexion parlée (1.3), et la traduction technique (1.4). Suivra la présentation de notre objectif et de nos questions de départ (1.5), dans laquelle nous fournirons également un aperçu de notre plan de recherche ainsi que de la structure des chapitres suivants.

1.2 Notions théoriques de base

Dans la présente section, nous donnerons un aperçu des notions théoriques essentielles pour notre travail : les stratégies et les principes de traduction.

1.2.1 Les stratégies de traduction

L'étude des stratégies de traduction connaît un essor considérable depuis un certain temps déjà, alors que celle des principes de traduc- tion est d'origine plus récente. Commençons par les stratégies. Elles ont été abordées selon deux axes. L'un porte sur la traduction en tant que processus, à savoir les stratégies cognitives ou actionnelles (exemple : recherche d'un terme dans un dictionnaire ; voir Krings, produit écrit, à savoir les stratégies textuelles grâce auxquelles le tra- ducteur manipule le matériau linguistique (voir, par exemple, Chesterman, 1997). Dans la pratique cependant, les deux axes se che- vauchent souvent. Les définitions proposées pour les stratégies de traduction cog- nitives ou actionnelles ont été fortement influencées par les recherches sur l'acquisition d'une seconde langue. Selon Faerch et Kasper (1983, 9 p. 36), les stratégies de communication sont des plans potentiellement conscients pour résoudre ce qu'un individu considère comme un pro- blème lorsqu'il tente d'atteindre un but de communication donné. Krings (1986, p. 175), quant à lui, définit les stratégies de traduction comme des plans potentiellement conscients, activés par le traducteur pour résoudre des problèmes de traduction concrets, dans le cadre d'une tâche de traduction concrète. Par exemple, devant un problème de compréhension, le traducteur peut recourir à deux stratégies : soit inférer le sens, soit consulter une source d'information. Cette manière de voir le concept de stratégie soulève cependant cer- consacré à la discussion concernant le statut théorique de la notion de stratégie de traduction cognitive ou actionnelle. En effet, si la plupart des auteurs semblent d'accord sur le fait que la démarche visant à atteindre un but est un critère essentiel d'une stratégie, il en est autrement pour ce qui est des critères de problème et de conscience potentielle. On peut ainsi avancer l'hypothèse qu'il existe des compor- tements stratégiques, même en l'absence d'un problème de traduc- tion ; par exemple : la décision de suivre de près la structure du texte de départ, fondée sur l'interprétation des exigences du mandat de traduction. Et pour ce qui est du critère de la conscience potentielle, l'auteur relève les problèmes pratiques que rencontre le chercheur appelé à distinguer ce qui est potentiellement conscient de ce qui re- lève d'un processus proprement inconscient. tères de problème et de conscience potentielle et d'élargir le concept de stratégie de traduction en définissant la stratégie comme un en- semble de règles ou de principes (librement formulés) qu'utilise le tra- ducteur afin d'atteindre de la façon la plus efficace possible les buts tels qu'ils sont déterminés par la situation de traduction (p. 116). L'au- teur propose aussi de distinguer les stratégies globales des stratégies locales. Les stratégies globales feraient référence aux principes géné- raux et aux manières d'agir préférées du traducteur (exemple : la déci- sion initiale sur le style à adopter dans le texte d'arrivée en fonction des besoins des receveurs), alors que les stratégies locales refléteraient les processus de résolution de problèmes et de prise de décision dans 10 des situations spécifiques (exemple : la décision de supprimer tel élé- ment du texte de départ). Venons-en aux stratégies textuelles : celles qui reflètent une mani- pulation du matériau linguistique du texte de départ dans le but de pro- duire un texte d'arrivée (voir Chesterman, 1997, p. 92). On s'y inté- resse depuis longtemps, bien que pas tous les auteurs n'y aient référé sous le terme stratégie. C'est déjà dans les années cinquante que Vinay et Darbelnet (1958/1977) publient leur Stylistique comparée du français et de l'anglais, ouvrage dans lequel ils présentent les procé- dés techniques auxquels a recours le traducteur lors de la réexpression, dans la langue d'arrivée, des idées exprimées dans le texte de départ. Il est vrai que le terme procédé technique fait penser à une stratégie actionnelle plutôt qu'à une stratégie textuelle. Or, ces procédés tech- niques sont étudiés sous forme de comparaisons entre les structures du texte de départ et du texte d'arrivée. Vinay et Darbelnet (1958/1977) distinguent sept procédés tech- niques, divisés en deux groupes (p. 46-55) : la traduction directe ou littérale d'un côté, la traduction oblique de l'autre. L'emprunt, le calque et la traduction littérale relèvent de la traduction directe, alors que la transposition, la modulation, l'équivalence et l'adaptation sont considérées comme des manifestations de la traduction oblique. Autrement dit, Vinay et Darbelnet utilisent le terme traduction litté- rale pour référer à la fois à une des deux directions générales que le traducteur peut emprunter (traduction directe ou littérale par opposi- tion à traduction oblique) ainsi qu'à un procédé technique spécifique. C'est un tant soit peu gênant et nous en reparlerons. À côté des pro- cédés techniques, il existe ce que les auteurs appellent indifféremment procédé ou technique tout court (exemple : l'explicitation ou l'impli- citation). Ces procédés semblent coïncider, du moins dans certains cas, avec l'un des sept procédés techniques. Par ailleurs, les auteurs adoptent une approche prescriptive. Le recours à la traduction oblique ne serait autorisé que dans certaines conditions (p. 268). Ce pres- criptivisme doit cependant être replacé dans son contexte historique ; il n'enlève rien à l'importante contribution des auteurs à la traduc- tologie. Signalons encore que la taxinomie des procédés techniques a 11 été reprise, entre autres, par Malblanc (1968) et appliquée au couple de langues français-allemand. D'autres catégorisations ont été proposées par Nida (1964) et Catford (1965). Nida distingue quatre types de changements interve- nant lors du transfert du texte de départ en langue d'arrivée (p. 184-

192) : les changements au niveau de l'ordre, les omissions, les

changements structurels et les ajouts. L'auteur élabore un système de valeurs numériques pour mesurer l'importance qu'il faut accorder à chacun de ces types de changements. Par exemple, il considère qu'un ajout a plus d'importance qu'une omission, puisque l'impact de ce qui est perdu ne serait pas aussi grand que l'effet de ce qui est ajouté. En outre, il distingue différents degrés de changements au sein de chaque type : il y aurait ainsi des omissions plus attendues d'une part, et des omissions moins attendues d'autre part, ces dernières se voyant attri- buer une valeur numérique plus élevée. La question se pose, cepen- dant, de savoir si les jugements attribués par différents chercheurs se rejoindraient systématiquement. Catford, quant à lui, construit sa théorie de la traduction autour du concept de translation shifts, par lequel il entend des écarts dans la correspondance formelle entre texte de départ et texte d'arrivée. Comme le note Snell-Hornby (1995, p. 19-20), l'approche de Catford se soustrait quelque peu à la com- plexité de la traduction dans sa réalité, puisqu'il étaye sa théorie en

étudiant des mots ou des phrases isolés.

Il existe des travaux plus récents. Citons d'abord l'ouvrage de Delisle (1993), consacré à la traduction professionnelle de l'anglais vers le français. L'auteur y aborde certaines questions, développées par Vinay et Darbelnet (1958/1977). Il se démarque cependant à plu- sieurs égards. Les procédés de transfert comprennent des manipu- lations textuelles qui relèvent de différentes catégories chez Vinay et Darbelnet. L'explicitation, par exemple, fait partie des procédés de transfert à côté de la modulation ou de la transposition. Aussi Delisle utilise-t-il le terme stratégie de traduction pour référer au résultat de l'opération de traduction. L'auteur en distingue deux types : la traduc- tion littérale et la traduction libre. Cette division rejoint la distinction faite par Vinay et Darbelnet entre traduction directe et traduction 12 oblique, tout en évitant la confusion de la hiérarchie des notions (procédé de transfert par opposition à stratégie de traduction). La taxinomie des stratégies de traduction textuelles, proposée par Chesterman (1997, chap. 4), s'inspire, entre autres, des travaux de Vinay et Darbelnet (1958/1977), Nida (1964) et Catford (1965). Chesterman (p. 89) voit les stratégies comme des formes explicites de manipulations textuelles, observables en comparant le résultat de l'opération de traduction, à savoir le texte d'arrivée, avec le texte de départ. Il se concentre, en outre, sur les manipulations qui ne relèvent pas d'une simple obligation, mais qui sont le résultat d'un choix fait par le traducteur entre différentes possibilités (voir aussi la différence, établie par Vinay et Darbelnet [p. 12 et 14], entre servitude et option, et, par Eriksson [1997, p. 20], entre transformation obligatoire et transformation facultative). Chesterman distingue trois groupes de stratégies : les stratégies syntaxico-grammaticales, qui reposent princi- palement sur des manipulations au niveau de la forme ; exemple : la traduction littérale ou la transposition ; les stratégies sémantiques qui relèvent de manipulations au niveau du sens ; exemple : la paraphrase, la concentration ou la dilution ; les stratégies pragmatiques, qui ont à voir avec la sélection de l'information à inclure dans le texte d'arrivée et qui sont déterminées par ce que le traducteur pense être les besoins et les attentes des receveurs ; exemple : l'explicitation ou l'im- plicitation, l'ajout ou l'omission. Chesterman (1997) souligne que ces groupes de stratégies peuvent se chevaucher et qu'une manipulation textuelle peut relever de plu- sieurs stratégies. Cela semble particulièrement vrai pour les stratégies pragmatiques. À notre avis, cette taxinomie présente divers avantages par rapport aux tentatives précédentes de rendre compte des stratégies textuelles. Ce qui, auparavant, relevait de différentes catégories - procédé tech- nique, procédé ou technique tout court, procédé de transfert ou stratégie de traduction - se retrouve ici regroupé sous une seule et 13 même appellation. Ainsi, l'explicitation, la dilution et la concentration sont toutes considérées comme des stratégies, mais classées dans différents groupes de stratégies et appartenant, dès lors, à différentes hiérarchies. Un bémol toutefois : la traduction littérale figure parmi les stratégies de traduction. Or, nous venons de signaler qu'on pourrait avoir intérêt à réserver ce terme pour référer au résultat global de l'opération de traduction (voir sections 3.2.2 et 6.3). Quoi qu'il en soit, grâce à la taxinomie de Chesterman (1997), il semble plus facile d'analyser l'apparition de stratégies dans des segments de texte plus longs, comme les paragraphes, voire le texte entier (exemple : la stratégie de transediting, à savoir le remaniement radical que doit effectuer le traducteur sur un texte de départ mal rédigé). En reconnaissant que la traduction est un processus dans lequel se manifeste un grand nombre de phénomènes enchevêtrés, Chesterman rend également mieux compte de la traduction dans la vie réelle. Selon l'auteur, la taxinomie, qui s'appuie sur des stratégies observées chez les traducteurs professionnels, a un intérêt pratique pour l'enseignement de la traduction. Mais l'auteur signale également un intérêt pour la recherche : il voit l'analyse des stratégies textuelles utilisées par un traducteur comme la première étape nécessaire vers une mise en évidence des raisons sous-jacentes à la décision de tel tra- ducteur de choisir telle stratégie dans telle condition (p. 93). Notons enfin que l'auteur qui affirme que les stratégies figurant dans sa taxi- nomie ne sont pas spécifiques à un couple de langues concède qu'il y en a qui peuvent être adaptées, en règles simples, à la résolution de problèmes de traduction spécifiques dans une combinaison linguis- tique donnée (p. 93). Voilà, selon nous, un intérêt supplémentaire que de faire traduire le même texte de départ dans deux langues différentes afin de voir dans quelle mesure de telles règles simples se dégagent en fonction de la langue d'arrivée. En somme, il semble intéressant d'étudier les stratégies de traduc- tion en prenant appui sur la taxinomie élaborée par Chesterman (1997). En effet, traduire, et en particulier traduire des textes, c'est effectuer des manipulations textuelles de différents types. L'emploi d'une stratégie textuelle varie certainement, du moins jusqu'à un cer- tain degré, en fonction du couple de langues étudié. Mais on peut, de 14 plus, s'attendre à des différences en fonction de l'expérience de la tra- duction. Prenons le modèle de la compétence traductive proposée par Cao (1996) : ce modèle repose sur l'interaction entre différentes va- riables, dont les connaissances linguistiques, les connaissances extra- linguistiques et la compétence stratégique (l'application des connais- sances linguistiques et extralinguistiques dans un contexte donné). Au sein de la compétence linguistique, l'auteur cite d'une part les con- naissances approfondies de la syntaxe, du lexique et des règles séman- tiques relatives à la structure phrastique dans les deux langues, et d'autre part les connaissances des conventions sociolinguistiques, né- cessaires à l'exécution des fonctions linguistiques appropriées dans un contexte donné. On peut penser que les stratégies, en tant que manipu- lations textuelles, s'expriment au niveau de la compétence linguis- tique. Autrement dit, que les connaissances linguistiques, observables notamment à travers les manipulations textuelles effectuées par une personne en train de traduire, varient en fonction de l'expérience de la traduction. Signalons cependant que l'approche de Chesterman (1997) soulève aussi quelques questions. Ainsi, l'auteur voit les stratégies textuelles comme une sorte de changement auquel le traducteur procéderait en cas d'insatisfaction avec la première version lui venant à l'esprit, c'est-à-dire suite au constat d'un problème (p. 92). Autrement dit, la stratégie de traduction littérale, pour ne prendre qu'un exemple, ne relèverait d'une stratégie que dans la mesure où elle ne se présente pas au traducteur comme solution première, automatique. Comment défi- nir le concept de problème ? Weil-Barais (1999, p. 562) propose une définition qui nous semble à la fois adéquate et suffisante pour notre travail : un problème désigne le fait que le répondant exerce un contrôle de son activité lors du traitement de l'information, c'est-à- dire lorsque son comportement ne relève pas seulement de processus automatiques. Afin de pouvoir différencier une traduction littérale relevant d'une stratégie et une traduction littérale découlant d'un simple automatisme, on doit avoir accès aux processus de raison- nement des personnes traduisantes. L'approche de Chesterman révèle donc le fait que l'étude des stratégies à l'échelle du texte repose, au 15 moins jusqu'à un certain degré, sur une prise en considération de ce qui se passe au niveau cognitif. Après cette première mise au point, nous retenons l'intérêt qu'il y aurait à conduire une analyse combinée des stratégies textuelles et des motifs sous-jacents à ces stratégies. La réflexion parlée, c'est-à-dire le raisonnement à voix haute, apparaît comme une méthode utile pour l'investigation de ces mobiles. Selon Chesterman (1997, p. 113), les mobiles dérivent de normes qui, à leur tour, sont déterminées par les valeurs auxquelles adhère le traducteur. Nos lectures indiquent qu'il existe bel et bien un petit corpus de recherches portant sur le processus de traduction et s'attachant à explorer les facteurs qui incitent un tra- ducteur à agir d'une certaine façon. Elles sont donc pertinentes pour notre démarche visant à déceler ce qui se cache derrière le choix d'une stratégie. Nous en proposerons un aperçu dans la section suivante.

1.2.2 Les principes de traduction

principe de traduction (translation principles ; voir p. 178-183 et p. 233-236). Elle considère ces principes comme constituant des exemples de marked processing (p. 162). Le unmarked processing renvoie aux parties du processus de traduction, pendant lesquelles le répondant lit le texte de départ à voix haute ou produit une traduction sans effort apparent. Pendant le marked processing, en revanche, le traducteur interrompt le unmarked processing pour concentrer sonquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46
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