[PDF] La Palette du ciel. Art baroque ibéro-américain (XVIe-XVIIIe siècles





Previous PDF Next PDF



Analyser une sculpture Document réalisé par Corinne Bourdenet

Document réalisé par Corinne Bourdenet enseignante en arts plastiques Michel-Ange demande qu'elle soit exposée devant le palais Vecchio mais en 1873



La Palette du ciel. Art baroque ibéro-américain (XVIe-XVIIIe siècles

Ainsi à l'opposé de la plastique cosmologique précolombienne



« Narcisse »

Florence Dusart CPD Arts visuels DSDEN 50 en histoire de l'art contesteraient le fait que Caravage en soit l'auteur et attribuerait ce tableau à.





LE MUSÉE EN AUTONOMIE

le visiteur à un parcours allant de l'art roman tale contemporaine (voir l'Ange au sourire de la cathé- drale de Reims). ... plastiques l'artiste invite.



histoire de l?art 2e partie période moderne I (de la renaissance au

l?architecture renaissance la renaissance du nord opposition au sud. Michel-Ange le maniérisme les arts baroques



La Palette du ciel. Art baroque ibéro-américain (XVIe-XVIIIe siècles

Art baroque ibéro-américain (xvi e-xviii e siècles). Colonisation de l'esprit et iconophilie chrétienne dans le Nouveau Monde. Juan Carlos Baeza Soto.



Dossier péDagogique

Sep 14 2013 Sciences et vie de la terre



Ressources - Liste dexemples doeuvres

- Jean-Jacques. Annaud Le Nom de la Rose. Direction générale de l'enseignement scolaire – Histoire des arts – école primaire - Page 2 sur 5. Page 4 



Mythes et métaphores du regard chez Rubens. Aveuglement et

Feb 3 2012 L'histoire de l'art a aussi fait de Rubens une figure du baroque éloquent de Michel-. Ange

Ouvrage publié avec le concours du laboratoire Héritages - Culture/s, Patrimoine/s, Création/s (UMR , CYCergy Paris université/ CNRS/ ministère de la Culture) et du Centre interdisciplinaire de recherche sur les langues et la pensée (CIRLEP, université de Reims Champagne-Ardenne). Illustration de couverture : Entourage de Diego Quispe Tito, Vierge duCarmel sauvant des âmes au Purgatoire, huile sur toile, n du e siècle. Crédits: Circ le of Diego Quispe Tito (Peruvian [Cuzco], -), Virgin ofCarmel Saving Souls in Purgatory, late 17 th century, Oil on canvas, x in. (. x . cm), Brooklyn Museum, Museum Expedition , FrankL.BabbottFund, .. (Photo: Brooklyn Museum, .._SL.jpg) Conception graphique et mise en page : Éditions et presses universitaires de Reims

ISBN ---- (broché)

ISBN ---- (PDF)

Studia Remensia, n

ISSN -

Tous les liens Internet cités dans cet ouvrage ontétéconsultés pour la der- nière fois le //. Cet ouvrage est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons attribution/ pas d"utilisation commerciale .international ÉPURE - Éditions et presses universitaires de Reims, 2021

Bibliothèque Robert de Sorbon

Avenue François-Mauriac, CS, Reims Cedex

www.univ-reims.fr/epure

Diusion FMSH - CID

- rue Robert-Schuman, Charenton-le-Pont www.lcdpu.fr/editeurs/reims

Studia Remensia

Volume 7

Collection du Centre interdisciplinaire de recherche sur les langues et la pensée de l"université de Reims Champagne-Ardenne

Dirigée par Thomas Nicklas,

Xavier Giudicelli et Rodrigo Nabuco

Régine Battiston (Université de Haute-Alsace)

Nathalie Caron (Sorbonne Université)

Laurent Curelly (Université de Haute-Alsace)

Erich Fischbach (Université d"Angers)

Georges Kleiber (Université de Strasbourg)

Vincent Michelot (Institut d"études politiques de Lyon)

Marie-érèse Mourey (Sorbonne Université)

Isabelle Schmitt-Pitiot (Université de Bourgogne)

Studia Remensia

La colle?ion " Studia Remensia » publie des monographies, rédigées en français, dans le domaine des littératures, arts et civilisations des aires anglophone, germanophone et hispanophone. Elle est également ouverte à des éditions et traduions annotées de textes étrangers inédits ou dignes d"être réédités. Ces études rémoises se sont choisies un titre en latin pour rendre hommage au plurilinguisme cher au centre de recherche, le CIRLEP (Centre interdisciplinaire de recherche sur les langues et la pensée), auxquelles elles s"adossent. Elles ont pour but d"orir de nouveaux regards sur les cultures étrangères en croisant les disciplines et les approches, à l"intention de spécialistes mais aussi de tous les leeurs curieux d"explorer de nouveaux territoires.

Volumes précédents

1. Françoise Heitz, Carlos Sorín, ?lmer pour rêver, préface d'Eduardo

Rodríguez Merchán,

Laurence Chamlou (éd.), Lettres persanes de Gertrude Bell, 2013 . Mélanie Fresne, Le Polar dans la Transition démocratique espagnole, pré- face d"Emmanuel Le Vagueresse, Juan Carlos Baeza Soto, La Métaphysique de l'ombre dans La realidad yel deseo de Luis Cernuda, préface de Marie-Claire Zimmermann, 2015 . Julie Michot, Billy Wilder et la musique d'écran, ?lmer l'invisible, préface de Christian Viviani, . Andy Auckbur, Lire la nature dans Arcadia de Sir Philip Sidney, une ehétique du détail, préface de Christine Sukič, 2020 ibéro-américain (XVI e -XVIII e siècles)

Colonisation de l"esprit et iconophilie

chrétienne dans le Nouveau Monde

Juan Carlos Baeza Soto

Préface d'Emmanuelle Sinardet

Friedrich Nietzsche, Généalogie de la morale [Zur Genealogie der Moral. Eine Streitschrift, 1887], III, § 12, trad. de l"allemand par Éric Blondel et al., Paris, Garnier-Flammarion, 2002, p. 136 9

Préface

Emmanuelle Sinardet

E bel ouvrage de JuanCarlos BaezaSoto, maître de conférences habilité en études hispaniques et hispano-américaines à CY Cergy Paris Université, illustre le parcours intelleuel de l"auteur depuis plus d"une vingtaine d"années. Ce parcours s"est construit autour d"un ques- tionnement sur l"image, sur la représentation du réel, sur la construc- tion des imaginaires et des discours identitaires dans les aires hispano- phones, en abordant l"image au sens large du terme, sous ses diérentes formes, qu"il s"agisse de l"image poétique (métaphore, synecdoque, métonymie) ou bien des diverses iconographies artistiques (peinture, sculpture, gravure), de l"image xe (photographique) ou encore de l"image en mouvement (cinématographique). Juan Carlos BaezaSoto a d"ailleurs soutenu avec succès, sur le sujet, en , à l"université de Bordeaux, une habilitation à diriger des recherches au titre parlant: "Image, pensée et existence: norme iconique, langage et représenta- tions dans le monde hispanique (poésie et arts) ». Bien que le présent ouvrage porte plus précisément sur la période coloniale de l"Amérique hispanophone, il nous semble néanmoins témoigner de la démarche de l"auteur, située au croisement de plusieurs 10

EMMANUELLE SINARDET

champs - civilisation latino-américaine, civilisation espagnole, litté- rature latino-américaine, études culturelles, histoire culturelle, his- toire des arts, iconologie, esthétique, philosophie - et reposant sur le dépouillement minutieux de sources variées, fruits des études de ter- rain et des recherches en archives menées par l"auteur, en Espagne et en Amériquelatine. La Palette du ciel. Art baroque ibéro-américain (xvi e -xviii e siècles) propose ainsi des pistes de réexion stimulantes pour une histoire culturelle de l"image en Amérique latine, en se pen- chant sur les interaions, échanges, transferts entre les évangélisateurs espagnols et les peuples autochtones conquis, pour mettre en évidence des phénomènes réciproques de (re)formulation et de réappropriation culturelles. L"un des objeifs de La Palette du ciel est de montrer comment une iconographie européenne est séleionnée, puis projetée vers, mais aussi sur les Indes, dans une logique de conquête qui se veut également une conquête culturelle et spirituelle, conformément à la dynamique universalisante impériale. Les images ont alors une visée stratégique éminemment normative, puisqu"elles doivent contribuer, non seulement à la diusion des normes et des référents appelés à organiser la société hispano-créole naissante, mais aussi à leur assimi- lation et à leur intériorisation par les nouveaux sujets de la Couronne. Il s"agit là, plus largement, de questionner la notion même de "rencontre» entre Ancien Monde et Nouveau Monde. La Palette du ciel repose sur l'étude de cas représentatifs, ce qui en fait un ouvrage très accessible aux non spécialistes. Les cas rete- nus et analysés mettent en évidence les relations de pouvoir dans la construion des imaginaires latino-américains, tout en cernant aussi leur ambivalence et leur complexité. Dans un premier temps, JuanCarlos BaezaSoto se penche sur les images mobilisées dans les processus d"évangélisation. Elles sont abordées à la lumière de la pro- jeion et de l"imposition du regard européen, en tant que techniques relevant aussi de la propagande, comme le montre l"étude des feuilles imprimées individuellement (pliego suelto con grabados) qui circulent désormais dans les nouveaux territoires de la Couronne. Il nous semble que le volume s"inscrit dans ce qu"il est désor- mais convenu d"appeler l"histoire des émotions, car il illustre à bien 11

PRÉFACE

des égards la ré?exion de RobBoddice , d"UteFrevert , ou encore, s"agissant des études latino- américaines, celles coordonnées respei- vement par PilarGonzalboAizpuru et Pablo EscalanteGonzalbo Juan Carlos BaezaSoto ne fait pas des émotions une catégorie d"ana- lyse. Toutefois, il les évoque continuellement, an de rendre compte des rapports de pouvoir entre les aeurs étudiés, d"une part, mais aussi de leur agentivité respeive, d"autre part. Les images sont, par excellence, porteuses d"émotions, et l"en- jeu, pour les autorités coloniales, est alors de canaliser et d"orienter ces émotions au prot du nouvel ordre impérial, an de favoriser ces phénomènes de subjeivisation devant permettre l"intériorisation de normes et de référents désormais hégémoniques. Soulignons, à cet égard, que l"approche développée par Juan Carlos BaezaSoto observe les sentiments suscités par les images religieuses - tels que la peur, l"ef- froi, la sourance, la joie - depuis une perspeive historique, là où les sciences cognitives, au contraire, tendraient à les considérer comme des éléments du fonionnement du sujet et à conforter une leure ahistorique des émotions. Aussi, lorsqu"il se penche sur l"architec- ture religieuse et qu"il analyse la construion d"églises triomphantes, l"auteur met en évidence que le pouvoir des images mobilisées consiste à codier les émotions conformément aux canons impériaux et catho- liques ibériques. Les exemples étudiés par Juan Carlos Baeza Soto montrent que le transfert des imaginaires impériaux et catholiques s"accom- pagne du façonnement de cadres émotionnels, qu"il s"agisse de livres imprimés illustrés, de gravures, de peintures, de sculptures, d"ob- jets religieux, de tissus ou de vêtements. En croisant des images de nature diérente et variée, l"auteur pointe que l"imposition des paradigmes visuels européens dans les Amériques ibériques vise à créer une "communauté émotionnelle» - selon la belle expres- sion forgée par l"historienne Barbara H.Rosenwein -, laquelle doit . B , Rob, ?e Hi?ory of Emotions, Manchester, Manchester U.P., . . F, Ute, Emotions in Hi?ory. Lo? and Found, Central European U.P., (http://books.openedition.org/ceup/). mundo de ayer, Mexico, El Colegio de México, . . EG, Pablo, Hi?oria de la vida cotidiana en México, t. I, Mesoamérica y los ámbitos indígenas de la Nueva España, Mexico, FCE, 2004 12

EMMANUELLE SINARDET

nourrir des allégeances volontaires et permettre de gagner durable- ment de nouveaux sujets et croyants. Ainsi, les analyses des commen- taires de FrayDieg o deValadés concernant les gravures présentes dans Rhetorica chri?iana (1579) soulignent que les représentations de la sourance du Christ rappellent aux Amérindiens leurs propres souf- frances de sujets subalternisés par le nouvel ordre colonial et qu"elles assument alors une fonion cathartique, mise au service de leur conversion. Comme le remarque CarmenBernand , le dogme chrétien est "mexicanisé et exposé par des signes dont la force réside justement dans leur faculté à faire naître des rapprochements et à produire des métaphores». Ces stratégies iconologiques doivent aussi être appréhendées à la lumière de la réponse de Rome et de la couronne espagnole à la Réforme protestante. Les études consacrées au baroque dans le sillage de la Contre-Réforme sont ici éclairantes. Elles reviennent sur les peintures dévotionnelles de diérentes écoles - de Quito, Cuzco ou Potosí -, sur les images mariales, sur les allégories, sur les objets et représentations des sacrements religieux, an de cerner, non seulement les vertus et valeurs dont elles se veulent porteuses, mais également les émotions qu"elles suscitent: la peur et la crainte, bien sûr, mais aussi la ferveur, la concorde, l"adhésion et la joie. Ces représentations visuelles dessinent les contours d"une com- munauté idéale, émotionnellement unie et socialement ordon- née. Évidemment, on ne peut pas ne pas songer aux travaux de CarloGinzbu rg qui a montré la manière dont les émotions peuvent transformer les communautés, ou bien aux contributions d"AbyWarburg et à la notion de Pathosformeln, qui pose l'existence de tropes visuels chargés d"émotion depuis l"Antiquité. Plus récem- s"est penché sur les phénomènes de pro- pagande religieuse en Nouvelle-Espagne, qu"il aborde également au prisme des interaions culturelles dénies par SergeGruzinski. L"étude des tableaux et sculptures dans lesquels les personnages sont gagnés par la douceur et la sérénité illustre, à leur échelle, la dynamique visant à modeler une "communauté émotionnelle » . B , C., Teotl. Dieu en images..., 2009, p. -. . S, M., ?e Art of Allegiance..., 2007. 13

PRÉFACE

autour de l'idéal de la concorde, exprimé par la joie. L'école baroque de Quito, en particulier, se distingue par la manière gra- cieuse avec laquelle les sculpteurs expriment une forme de plai- sir, voire de ravissement, comme en témoignent l"élégante et légère

Virgen bailarina

7 qui semble esquisser un pas de danse de l"artiste métis Bernardo de Legarda (v.-) et le tendre San José y el Niño 8 de ManuelChili (v.-), dit "Caspicara» (de "caspi » signiant "bois» et " cara » signiant "écorce» en langue kichwa). Les analyses présentées ici observent, simultanément, des formes de résistance à ces phénomènes d"imposition et d"intériorisation. Les populations autochtones, traditionnellement représentées par l"histo- riographie impériale comme vaincues, ne sont évidemment pas restées passives et ont (re)formulé les images. Elles les ont interprétées à leur prot également, montrant là leur agentivité. Ces (ré)interprétations, qu"il s"agisse d"artistes amérindiens ou métis, s"expriment dans le choix des motifs, des couleurs, des matériaux et des techniques, qui renvoient à des pratiques et à des représentations culturelles autoch- tones. Leur étude par Juan Carlos BaezaSoto met en évidence l"émer- gence de nouveaux imaginaires, à travers de nombreux phénomènes de métissage et de syncrétisme, visibles tout au long de la période coloniale. Nous pensons d"abord aux représentations du Christ à base de pâte de canne de maïs, en Nouvelle-Espagne, au e siècle; par exemple à ce Cri?o de maíz d'un anonyme, exposé au Museo de Arte Colonial de Morelia, au Mexique, ou bien à cet Ecce homo en pâte de maïs et peinture polychrome conservé au monastère des Descalzas Reales de Madrid. La technique de la pâte de maïs, utilisée avant l"arrivée des conquérants, conserve des liens très étroits avec la conception du sacré inhérente à la cosmogonie aztèque. Rappelons qu"après avoir créé l"univers, les dieux aztèques l"ont peuplé d"une nouvelle race humaine, qu"ils nourrissent avec le maïs découvert par Quetzalcoatl sur le mont Tonacatépetl: ce sont eux qui ont broyé les grains de maïs pour en faire une bouillie assimilable par les nourrissons. . , statuette en bois polychrome, également connue comme la Vierge de Quito, église San Francisco de Quito. . , Saint Joseph à l'Enfant, statuette en bois polychrome, église San Franciso de Quito. 14

EMMANUELLE SINARDET

Nous songeons également, au

e siècle, pour le Pérou,

à La última cena

9 du peintre d"origine amérindienne Marcos Zapata (-). Ce dernier semble respeer tous les codes européens pour composer la série de cinquante tableaux représentant les Litanies de la Sainte-Vierge (Litaniae Lauretanae) de la cathé- drale de Cuzco: il s"inspire des gravures du peintre baroque allemand aux côtés des éléments de l"eucharistie que sont le pain et le vin, il représente un plateau avec le cuy - à savoir le cochon d"Inde - rôti. Ainsi, la peinture baroque des écoles de Cuzco et de Potosí propose des représentations qui, non seulement échappent au mimétisme, mais réinjeent également des expériences esthétiques autochtones qui renvoient à une présence sacrée, formulée depuis les cosmogonies andines. Du reste, pour JuanCarlos BaezaSoto, l"étude du baroque dans l"Amérique hispanophone permet de montrer que des artistes, connus ou anonymes, ont tenté de résister à ce que l"auteur appelle la "colonisation de leur esprit»: ils ont lutté contre l"acculturation et l"oubli de leur culture en transgressant les codes européens de la pein- ture religieuse, au point de créer "une nouvelle culture visuelle». Ce faisant, La Palette du ciel. Art baroque ibéro-américain (xvi e xviii e siècles) montre toute la complexité de la dynamique universali- sante du "système-monde» posée par ImmanuelWallerstein, dont la couronne espagnole aura été un aeur déterminant. En eet, s"il ana- lyse la verticalité des rapports de pouvoir entre colonisateurs et colo- nisés, Juan Carlos BaezaSoto souligne en même temps des inventions résistantes. En ce sens, ses analyses échappent à une leure binaire de la domination qu"ont parfois pu instaurer les outils historiographiques liés au Colonial Encounter, à l'étude des "contas» - outils qui n"en restent pas moins précieux et fruueux, comme le montre aussi la présente recherche. Notre auteur s"eorce d"appréhender les rap- ports transversaux et les resitue dans cette transmodernidad dé?nie par EnriqueDussel , où les images sont aussi les fruits d"interac- tions multiples et complexes, où elles sont en dénitive co-construites et co-produites. . Vers , huile sur toile, , x , mètres, cathédrale de Cuzco. . Nous renvoyons les leeurs à l"éclairant texte d"Enrique Dussel, "Transmodernidad e interculturalidad...», , p.-. 15

Introduction

Nul homme n"est une île, complète en elle-même ; une part de l"ensemble ; si un bout de terre est emporté par la mer, l"Europe en est amoindrie, comme si un promontoire l"était, comme si le manoir de tes amis ou le tien l"était. elle sonne pour toi

John Donne, (1624)

1 L A découverte du "Nouveau Monde» atteste, à la n du e siècle, le caraère irréfutable d"une pluralité des mondes sur l"espace connu de la planète en , et surtout la variété des acceptions du terme "monde », son évolution et l"extension de cette notion, puisqu"elle relève autant du cosmos grec que du mundus latin. Cette découverte implique désormais l"existence d"un nouveau territoire, qui pose la question de l"existence d"autres personnes ou cultures ici-bas. Ainsi, d"un point de vue occidental, la découverte de l"Amérique montre simplement qu"aucune vérité n"est objeive, puisque celle-ci . D, John, Méditations en temps de crise, trad. et préf. Franck Lemonde,

Paris, Payot & Rivages, (), p.-.

16

INTRODUCTION

résulte d'un processus de dévoilement, de rencontre et de connais- sance réciproque supposant d"abord la construion, la transformation d"un être ou d"un individu en une "donnée» et, ensuite, l"adéquation univoque de la chose et de sa représentation. Soulignons par consé- quent que la vérité est un moyen de parvenir à un minimum d"e caci- té pour juger et décider des questions relatives au bien commun. Cette notion est alors d"autant plus exible qu"elle dépend de ce que nous appelons "la réalité des faits», qui permet de construire des jugements normatifs, ce qui explique que "la véracité ou la fausseté des déclarations fauelles qui nous servent à expliquer ou à justier nos buts et nos engagements conditionnent la rationalité de notre atti- tude et de nos choix ». Voilà pourquoi la vérité construit un ensemble de rapports entre nous et les autres, fondés sur un échafaudage intel- leuel et moral qui permet d"échanger sur des valeurs, des qua- lications ou des jugements alimentant la vie quotidienne, de sorte à rendre la vérité aussi vitale qu"un guide spirituel. En outre, ces rap- ports se soldent par des relations de conance qui sont la preuve d"un savoir fauel et able, lequel, à son tour, dénit le cadre de ce qu"un individu considère comme réalisable dans son intérêt ou celui, plus louable, d"autrui. C"est pourquoi la vérité est aussi le produit des interférences entre des faits particuliers et des questionnements propres à une personne, au point de devenir un instrument utile permettant de constituer des idées véridiques dans le cadre d"une étude spécique. Le résultat en est une appréhension face à une réalité toujours opaque qui, en lieu et place de la vérité, crée un nombre de vérités spéciques mues par le domaine de l"intérêt utilitaire. De ce fait, "la vérité ne possède de valeur pratique que lorsqu"on la découpe en morceaux Il n"est guère étonnant, par conséquent, que la première rencontre entre les Européens et les habitants du "Nouveau Monde» se solde par une incompréhension répondant à ce processus d"établissement de la vérité qui commence, répétons-le, par la découverte d"un objet et se poursuit par les tentatives de l"individu de se plier au schéma de la connaissance établi par ses aïeux ou ses maîtres. Dans ce cas, . Ibid., p. . 17

INTRODUCTION

" [i]l en va pour la vérité comme pour la trace: quelque chose est à la fois montré et occulté, qu"il s"agit de reconstituer, de retrouver, de redécouvrir », et d"asseoir dans la mémoire pour qu"ensuite l"objet laisse une empreinte que l"individu xe durablement à sa guise dans les schémas de l"ordre établi. Et ce, de manière à rendre progressi- vement l"inconnu familier et reconnaître in ?ne dans la seule forme de l"objet jadis observé un ensemble de sens qui est gage de convic- tion, signication ou, justement, de vérité, puisque désormais le sens prévaut sur la simple forme. Toutefois, les formes des objets ou les formes que l"artiste propose à notre regard (à partir de l"origine que leur donne la nature et, aussi, du psychisme de l"artiste lui-même) sont porteuses d"une connaissance qui va au-delà de la dimension esthé- tique, car l"homme participe de l"univers que les formes reètent en entrant en correspondance avec les struures de l"univers. Ainsi, " l"étude des Formes ne contribue pas seulement à une meilleure connaissance de l"art, mais à la Connaissance elle-même, représentant le total rééchi de l"expérience possible dans toute son étendue et dans toutes ses direions C"est dans l"écart entre la chose elle-même et sa signication que réside la rencontre comme connaissance plausible; en eet, c"est dans cet espace tiers, qui se trouve entre la sensibilité et la pure intelleion, qu"apparaît la représentation rendue possible par le seuil séparant le mot et la chose, alors que l"Occident catholique de l"époque, fort de sa puissance, ne jure que par l"adéquation entre ces deux termes. La conquête de l"Amérique est par conséquent une réalité empi- rique qui embarrasse l"intelle occidental, car toute la position qui tend à dominer l"Autre se trouve inigée aux populations indiennes, que les Espagnols voient sur le plan particulier, et une signication qui tire forcément vers l"universel à mesure qu"ils occupent et dominent de nouveaux territoires. Il n"empêche que la perception des Indiens par les conquérants obéit à des catégories malmenées par des habitudes contraires à celles de l"Occident, mais force est de reconnaître que, quel que soit l"espace dont nous parlons, la perception engage les sens modelés par l"expérience et des modalités de connaissance acquises , P.-Y., Faire la philosophie, 1996, p. . 18

INTRODUCTION

sous un angle singulier, cet angle permettant aux hommes de se parler et de se comprendre car, pour percevoir, chacun se soumet à la règle de l"unité et outrepasse la di culté de la contradiion. Ainsi, sur le plan du "donné», il s"avère que, pour comprendre le monde, l"homme doit obligatoirement accepter que le contenu de ses intentions prime sur le regard qu"il porte aux objets qu"il rencontre et qui l"entourent. Une pensée pragmatique sait que toute culture exprime son potentiel et sa force en lien avec un sol, un climat, une culture, c"est-à-dire un territoire, que l"homme a aménagé à mesure qu"il a conquis la nature, mais aussi ses angoisses et ses peurs, au point que l"occupation de l"espace qui donne naissance au territoire laisse sa place à la construion d"une vision qui, pour survivre, doit engager l"homme dans l"avenir, l"accompagner dans la durée et dans les sur- sauts de l"évolution du monde. D"où le rôle de la centralité comme objeif nécessaire de l"union commune entre les hommes, pour enra- ciner l"individu dans sa campagne ou sa ville, et cela an de résister contre les hasards de l"Histoire et nourrir un idéal commun stabili- sateur que l"on nomme alors une volonté politique, laquelle organise l"homogénéité pour mieux légitimer sa raison d"être. Dans une société donnée, tout concourt, par conséquent, à conso- lider cette raison d"être en donnant à l"entendement d"un phéno- mène les règles nécessaires qui unient la diversité. D"où la violence de la catégorisation par les schémas de l"intelligible, et la blessure qu"inige la découverte aux populations indiennes, obligées par les armes et les maladies à se soumettre progressivement au bon savoir des Européens: depuis le monothéisme jusqu"aux idéaux républicains, le "Nouveau Monde» entame une longue adaptation intelleuelle et sensible à l"histoire des idées européennes. Long sera le chemin, encore, pour atteindre au début du e siècle une phénoménologie qui tendrait à reconnaître une certaine auto- nomie du monde et de la nature issue des Romantiques, car, pour le moment, la découverte engage l"homme nouveau dans l"unica- tion de la diérence des représentations. C"est pourquoi les images seront le moteur de la construion d"une nouvelle nature humaine dans le "Nouveau Monde»; en eet, loin s"en faut de convertir seu- lement le côté empirico- historique des Indiens grâce à la raison pure, dorénavant, il faudra aussi soumettre les corps, car le "pouvoir d"un 19

INTRODUCTION

homme [si l'on prend le mot dans son sens universel] consiste dans ses moyens présents d"obtenir quelque bien apparent futur Or, le désir s"exprime en se projetant sur l"autre, et la soif de richesses des premiers conquérants correspond en eet à l"anima- tion de l"esprit, la soif matérielle et la transformation des capacités de jugement, nourries elles-mêmes par le besoin de reconnaissance et d"honneurs qui deviennent des formes de pouvoir, des moyens d"obte- nir du pouvoir, donc des moyens d'accroître ce moyen de s'assurer des jouissances que représente le pouvoir. Car, à l"image de la conquête militaire, le pouvoir relève du présent, donc du réel, mais tout entier tourné vers l"avenir. D"où le mélange entre utopie, pouvoir de devenir supérieur et pouvoir sur les populations indiennes, ce qui relève de l"aion possible immédiatement présente, car elle s"applique sous lequotesdbs_dbs49.pdfusesText_49
[PDF] angel island PDF Cours,Exercices ,Examens

[PDF] angel island immigration histoire PDF Cours,Exercices ,Examens

[PDF] angela davis PDF Cours,Exercices ,Examens

[PDF] angela davis biographie PDF Cours,Exercices ,Examens

[PDF] angela davis biography PDF Cours,Exercices ,Examens

[PDF] angela davis mort PDF Cours,Exercices ,Examens

[PDF] angelina jolie 2017 PDF Cours,Exercices ,Examens

[PDF] angelina jolie age PDF Cours,Exercices ,Examens

[PDF] Angelina jolie et l'aide humanitaire Aider moi svpp Terminale Anglais

[PDF] angelina jolie filmographie PDF Cours,Exercices ,Examens

[PDF] angelina jolie jeune PDF Cours,Exercices ,Examens

[PDF] angelina jolie taille PDF Cours,Exercices ,Examens

[PDF] angelina jolie tatouage PDF Cours,Exercices ,Examens

[PDF] angelina jolie wikipedia PDF Cours,Exercices ,Examens

[PDF] angkor paradise hotel PDF Cours,Exercices ,Examens