La Bible le Coran et la science
Si l'on se tourne à présent vers ce que nous enseignent les Exégètes musulmans on physiologiques et embryologiques du Coran » ces données constituant
JOURNAL OFFICIEL
QUESTIONS ÉCRITES ET RÉPONSES DES MINISTRES A CES QUESTIONS avons pensé que les musulmans d'Algérie ... qui se sont produits a l'Assemblée natio-.
Briser la mosaïque. Lien social et identités collectives chez les
28 janv. 2009 latine tout le monde se dirigea vers la maison des parents du marié. ... elle nécessaire à qui voulait être intégré à ces réseaux ou ...
Untitled
des réseaux autoroutiers et ferroviaires ainsi que divers grands projets d'infras- chacune de ces régions a conçu sa sortie de crise en se tournant de ...
Laïcité et fait religieux dans les bibliothèques publiques
2 janv. 2017 L'Etat reconnaît des cultes que donc à la fois il protège et contrôle : ce sont les religions catholique
LE TRAITEMENT DE LISLAM ET DES MUSULMANS DANS LES
2 janv. 2010 Il est impensable que ces réalités n'aient pas eu ou dans le cas ... Avant de commencer leur prière
Partie I. Amin Malouf produit dun long processus de lhistoire
Chaque fois qu'elle s'est sentie en confiance la société musulmane a su pratiquer l'ouverture. L'image de l'islam qui se dégage de ces temps-là ne.
Revue de géographie historique Numéro 19-20
15 oct. 2021 vin et à la vigne dans la Bible et de l'innovation par un encépagement ... appellations d'origine des vins et des eaux-de-vie (CNAO) qui se ...
Carnets de géographes 6
1 sept. 2013 Avant de revenir sur les grandes lignes qui se dégagent de cet ensemble ... bouddhistes de s'affilier à un réseau bouddhiste mondial
Histoire de lAlgérie à la période coloniale 1830-1962
16 juin 2018 Des origines à la construction du vignoble colonial oranais ... qui se fait historien » écrit Fouad Soufij. Si tout ne.
3zX x.R _P(gyy*2'joek
améâQii01 Q% k9 ÀL% kyyz xhïQb L âm(iQJ1QbVQT(Q%L`v QT0% LVV0bb L`VyQp0 :Q` iy0 10TQbQi L%1 1Qbb0âQ%LiQQ% Q: bVQJ0%iQ}V `0b0L`Vy 1QVmâ0%ib' ry0iy0` iy0v L`0 TméJ
(Qby01 Q` %QiX hy0 1QVmâ0%ib âLv VQâ0 :`Qâ i0LVyQ%H L%1 `0b0L`Vy Q%biQimiQQ%b Q% X`L%V0 Q` Lé`QL1' Q` :`Qâ Tmé(QV Q` T`QpLi0 `0b0L`Vy V0%i0`bX10biQ%û0 Lm 1ûTF¬i 0i ¨ (L 1QzmbQQ% 10 1QVmâ0%ib
bVQ0%iQ}[m0b 10 %Qp0Lm `0Vy0`Vy0' Tmé(Qûb Qm %Q%'Tmé(QVb Qm T`QpûbX
8!îüP! (r Qôür %%mP/ XîPK üôGîr( P_ î.PK_î_ûü Gô((PG_îpPü
GâPx (Pü Gâ!û_îPKü .P Yr.r7ry êô!.rKîPy ?joeyg?ùùoe :û`H/BM2 *?i2H`/fû`L(1Q%0 -yLi0(L`1X K`Qb0` (L âQbLF[[m0X `Q0% bQVQL( 0i Q10%iQiûb VQ((0ViQp0b Vy0x (0b Vy`ûiQ0%b 10
ECOLE DES HAUTES ETUDES EN SCIENCES SOCIALESFormation doctoraleBriser la mosaïqueLien social et identités collectiveschez les chrétiens de Madaba, Jordanie1870-1997
Thèse présentée en vue de l'obtention du Doctorat d'Histoireet Civilisation de l'Ecole des hautes études en sciences socialespar Géraldine CHATELARDJury :
M. François POUILLON, EHESS, président du juryMme Lucette VALENSI, EHESS, directrice de thèseM. Rémy LEVEAU, IEP, ParisM. Riccardo BOCCO, IUED, Genève14 janvier 20001
"La réalité a le caractère d'un continuum.La prose qui correspond à la réalité, peu importe
avec quelle détermination et quelle minutie, peu importe avec quelle efficacité et quelle fidélité, est toujours une série discontinue".Ossip Mandelstam, Carnets, 1931-19322REMERCIEMENTSTâche délicate que celle de rendre hommage à tous ceux, individus et institutions, qui m'ont
accompagnée au long de ce travail. Elle s'apparente quelque peu à une recherche généalogique, tant la genèse
du projet paraît aujourd'hui lointaine, aussi bien dans l'espace que dans le temps. Je procéderai donc
chronologiquement et géographiquement. C'est d'abord, entre 1991 et 1994, un séjour de plusieurs années à Jérusalem qui a éveillé mon intérêt
pour les chrétiens du Moyen-Orient, objet, il faut bien l'avouer, qui n'était que fort périphérique par rapport à
mes intérêts académiques du moment. Je tiens donc, en premier lieu, à remercier Philippe MERRICHELLI, qui m'a
fait découvrir l'ouvrage du Père Jaussen sur les tribus de Moab et m'a ouvert une porte sur l'univers, nouveau
pour moi, des chrétiens arabes. Il y eut aussi le Père `Iyad TWAL, séminariste latin à l'époque, qui fut ma toute
première introduction pratique à Madaba et à ses ancêtres "bédouins", comme il aimait à le rappeler. L'Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem, en la personne des Pères Jean-Michel de
TARRAGON, Jean-Baptiste HUMBERT et Marcel SIGRIST, a été un lieu plus qu'accueillant ; j'ai pu travailler à loisir
dans sa photothèque et sa bibliothèque, sans laquelle une grande partie des ouvrages des voyageurs du XIXe
siècle m'aurait été difficilement accessible depuis le Moyen-Orient. Passée sur la rive orientale, il est bien évident que ma gratitude première va au Centre d'études et de
recherches sur le Moyen-Orient contemporain (CERMOC), aux membres de son conseil scientifique et à ses
directeurs successifs : Jean HANNOYER et Elisabeth PICARD. De 1994 à 1998, c'est au sein de son antenne
d'Amman que j'ai bénéficié d'un soutien sous la forme d'une allocation de recherche, puis d'une bourse
Lavoisier qui m'ont permis de mener à bien ma recherche dans une grande proximité avec le terrain. Au-delà
de considérations financières, le CERMOC a fonctionné avant tout comme une équipe de recherche grâce à
laquelle j'ai vraiment reçu la formation pratique en sciences humaines et sociales qui me faisait défaut. Que
Riccardo BOCCO, secrétaire scientifique du CERMOC d'Amman, qui fut l'animateur de cette équipe, reçoive ici le
témoignage de ma très vive reconnaissance. Il serait fastidieux de mentionner tous ceux qui, chercheurs en résidence ou de passage, débutants ou
confirmés, ont fécondé ma réflexion, parfois de façon très indirecte. Certains méritent cependant une mention
particulière : Brigitte CURMI, Jean-François LEGRAIN, Bernard BOTIVEAU, Jean et Françoise MÉTRAL, Henry
LAURENS, Jean-Christophe AUGÉ. Je n'oublie pas toute l'équipe administrative du CERMOC, qui n'a jamais été prise
en défaut pour me faciliter le quotidien d'un séjour jordanien de longue durée. Quant aux interlocuteurs du "terrain", ils furent si nombreux, si également chaleureux et le terrain si
vaste que je suis condamnée à ne citer que ceux qui furent les plus proches : les Pères `Imad TWAL, INOKENTIOS,
George AL-FAR, tous ecclésiastiques à Madaba, qui n'ont jamais compté le temps qu'ils m'accordaient, m'ont
ouvert aussi bien leur table que les archives de leurs paroisses respectives, m'ont servi de mentors auprès de
leurs paroissiens ; le Dr Suhayl TWAL, qui m'a, plus que tout autre, obligée à voir plus loin que Madaba pour
comprendre Madaba ; le Dr Sami NAHHAS, qui m'a faite dépositaire de ce qu'il ne pouvait écrire de l'histoire de
sa ville ; Lu'lu' SHWAYHAT et le cocon confortable de sa pension de famille. Il y eut aussi tous ceux qui, à Amman et ailleurs en Jordanie ou en Palestine, ont contribué a enrichir
une réflexion dont j'ai la conviction qu'elle n'aurait pu aboutir si le terrain avait été plus circonscrit et la
recherche plus limitée dans le temps. Je pense, en particulier, à `Asem AL-`OMARI, Samer HADDADIN, Rania
SABANEKH, Sami TWAL et, surtout, à Mme Flavia ROMERO.Mentionnons un séjour à Rome, également, grâce à une bourse de l'Ecole française, qui m'a permis de
consulter, un mois durant, en novembre 1997, les archives de la Congrégation pour la propagation de la foi et
la riche bibliothèque du palais Farnese. A Paris, il est bien certain que j'ai mis la patience de Mme Lucette VALENSI, ma directrice de thèse, à
rude épreuve. Elle ne m'a pourtant jamais ménagé ses encouragements, a su orienter mes lectures et corriger
mes maladresses dans un domaine théorique où je manquais terriblement de repères. Enfin, si tant est que l'environnement quotidien influe sur l'écriture, je ne saurais oublier l'amitié de
Julien BOUSAC, grâce à qui l'enfermement nécessaire à la rédaction a été illuminé de bien des manières. Institutions, chercheurs, professeurs, interlocuteurs de terrain qui sont devenus des amis, amis qui ont
éclairé le terrain ou l'écriture, merci à tous. 1TABLE DES MATIERESRemerciements 1
Note sur les abréviations et la translittération 5INTRODUCTION 6
PROLOGUE : De Kérak à Madaba. Logiques lignagères et logiques missionnaires 28I- Les Ottomans en Syrie méridionale 30
II- Préoccupations missionnaires 31
III- Le brouillage des frontières religieuses et sociales 34IV- Un embryon d'organisation communautaire 36
V- Les chrétiens dans l'ordre politique tribal 40 VI- La prise de conscience d'une identité particulière 43 VII- Fragmentation confessionnelle et rupture politique 44Conclusion du prologue 48
PREMIÈRE PARTIE : Fonder Madaba. L'Eglise et la construction des identités communautaires, 1870-1923 51
I- Missionnariat et recompositions identitaires 55I.1- Le patriarcat latin de Jérusalem 55
I.1.a- Une Eglise de mission 55
I.1.b- L'école : instrument de la mission 57
I.1.c- L'arabisation du clergé 62
I.2- Marquer les frontières confessionnelles 66 I.2.a- Les signes d'une temporalité d'un espace chrétiens 68 I.2.b- Le contrôle des alliances matrimoniales 71 I.2.c- Un nouvel horizon d'expérience religieuse 75 II- Des appartenances religieuses aux identités politiques 79 II.1- Intégration économique et différenciation sociale 80II.1.a- La terre : conflits et partenariat 81
II.1.b- Commerce et réseaux 83
II.1.c- Les signes du changement social. 85
II.2- Intégration politique et leadership 86
II.2.a- Le jeu des alliances tribales 86
II.2.b- Le missionnaire comme médiateur 88
II.2.c- Ordre tribal et ordre impérial 91
II.3- Les dimensions des identités politiques 95 II.3.a- Arabisme et identités communautaires 95 II.3.b- Les chrétiens dans la guerre protégés ou Arabes ? 97Document - Les dissidences de Salim Marar102
Conclusion de la première partie105
2DEUXIÈME PARTIE : Conquérir Madaba. L'Etat hachémite et les espaces des identités chrétiennes, 1923-1970109
I- Espaces communautaires et espaces politiques vus d'en haut113 I.1-Entre autonomie et dépendance : l'Etat et les communautés113 I.1.a- Les frontières juridiques de l'espace communautaire114 I.1.b- L'Eglise orthodoxe, entre l'Etat et la communauté117 I.1.c- L'Eglise latine, entre l'Etat et le transnational.121 I.2-L'élaboration d'une société politique : discours et pratiques du régime127I.2.a- Minorités et majorité en question128
I.2.b- Le clientélisme en action, la famille comme justification132 II- Espaces communautaires et espaces publics à Madaba136 II.1- Le clergé et le cadre communautaire de la reproduction sociale137 II.1.a- Résister à la pénétration de l'Etat 138II.1.b- Relayer le discours de l'Etat142
II.2- Les femmes et les frontières des groupes147 II.2.a- Des outils des stratégies masculines148II.2.b- Des agents de la contestation 153
Document - Lu'lu' Shwayhat au service de la communauté des femmes155 II.2.c- Harim, `ird et frontières confessionnelles156 II.3- Près du pouvoir, loin du pouvoir : loyalisme et contestation à Madaba159II.3.a- Les chrétiens du roi.160
II.3.b- Madaba la rouge167
II.3.c- Anciennes alliances et nouveaux réseaux170Document - "L'affaire de 1956"179
Conclusion de la deuxième partie181
TROISIÈME PARTIE : Défendre Madaba. L'identité tribale contre les logiques minoritaires, 1970-1997 185
I- Une minorité chrétienne dans une cité musulmane188I.1- Les reconfigurations des espaces publics189
I.1.a- Musulmans et Palestiniens dans la politique locale189 I.1.b- Musulmans et chrétiens dans la géographie municipale192 I.2- La reconfiguration des espaces communautaires196I.2.a- Faire front197
I.2.b- Dynamiser les communautés200
II- Regagner le centre : l'imaginaire historique208 II.1- Madaba, lieu d'une mémoire chrétienne208 II.1.a- Continuité religieuse et tradition urbaine208 II.1.b- Histoire sacrée et élection de la communauté211II.2- Arabité et histoire lignagère215
II.2.a- De la Bible aux Arabes chrétiens215
II.2.b- Conflits de savoirs et de pouvoir : l'histoire du lignage217 II.3- Le langage du lignage : rassembler pour séparer222 II.3.a- Histoire et territoire : nous et les autres223 II.3.b- Histoire fragmentaire et grande histoire :nous et le roi 227 III- Regagner le centre : investir les espaces politiques 230 III.1- Redonner corps au lignage : la jama`iyeh231 III.2- La tribu comme nouvelle unité politique233 III.3- Au-delà des solidarités primaires : les élections législatives de 1997238 Document - Le Dr Suhayl Twal : de la tribu, regarder plus loin que la tribu241Conclusion de la troisième partie246
3CONCLUSION252
BIBLIOGRAPHIE263
ANNEXES284
Tableaux : 1- Mariages et excommunications, paroisse latine de Madaba, 1880-19212- Nomenclature et taille des tribus du Balqa' vers 19003- Effectifs des élèves des écoles de Madaba par confession, 1950-19974- Statistiques de la paroisse latine de Madaba, 1950-19975- Elections législatives de novembre 1997, circonscription de Madaba,répartition des électeurs chrétiens par tribusDocuments écrits :
1- Sentence d'excommunication émise par le patriarche latin de Jérusalem à l'encontre de Nada al-Qsar, 19312- Faire-part d'ordination du diacre Jawad al-`Alamat, 19963-Brochure publicitaire pour le complexe Haret Jdoudna, MadabaPhotographies :
1-Le sheikh Ya`qub Shwayhat, vers 1908, photo EBAF2-Femmes de la tribu des `Azayzat à leur campement, vers 1908, photo EBAF3-Fillettes de l'école latine de Madaba et soeurs du Rosaire, vers 1908, photo EBAF4- Le missionnaire latin de Madaba et les hommes des `Azayzat, vers 1908, photo EBAF5- Don J. Panfil en bédouin avec les anciens des `Azayzat, vers 1910, photo EBAF6- L'icône de la Vierge dans l'église orthodoxe de Madaba7- La carte mosaïque dans l'église orthodoxe de MadabaCartes :
1-Divisions administratives, Syrie du Sud, fin de l'époque ottomane2-Localités des districts de Salt et Kérak, fin de l'époque ottomane3- Localisation des tribus transjordaniennes vers 19084- Le village de Madaba en 18915- Madaba et ses environs vers 1930Dans la jaquette : Carte touristique de Madaba dans les années 19904
Liste des abréviations des références aux archivesAMM:Archives de la municipalité de MadabaAMV,SS:Archives de la Marine française, Vincennes, services secretsAPLM:Archives de la paroisse latine de MadabaAPLJ:Archives du patriarcat latin de JérusalemAPMM:Archives de la paroisse melkite de MadabaAPOM:Archives de la paroisse orthodoxe de MadabaASCPF,SC:Archives de la Sacrée Congrégation pour la propagation de la foi, Rome, Série ''Scritture riferite nei Congressi''Note sur la translittération des termes et noms propres arabesA l'exception des noms propres de personnalités d'usage commun dans la langue française
(le roi Hussein, par ex.), et des termes arabes adoptés par le dictionnaire Robert, nous avons utilisé
le système de translittération simplifiée qui n'utilise pas de points diacritiques, ne marque pas les
voyelles longues et ne rend pas les emphatiques : - L'attaque vocalique du hamzah est marquée par une apostrophe droite ( ' ), la contractionvocalique du `ayn est marquée par une apostrophe transversale ( ` ).- L'article défini al- a été translittéré en respectant la morpho-phonologie : at- (devant t), az-
(devant z), ash- (devant sh), etc. A noter qu'en plus des lettres dites " solaires » de l'arabe classique
(qui assimilent le lâm de l'article) le jîm s'assimile aussi dans tous les dialectes du Bilad ash-Sham.Le dialecte jordanien présente quelques particularités phonétiques par rapport à la
prononciation de l'arabe classique :- Le tâ' marbutah, en finale, est la plupart du temps réalisé dans un phonème qui se rapproche
du /é/ français. Il a été translittéré par eh ou et en liaison.- Certains locuteurs réalisent le qâf dans un phonème similaire au /gue/ français ; lorsque
c'était le cas, il a été translittéré par g. Dans les milieux palestiniens citadins, il est élidé et remplacé
par une attaque vocalique ( ' ).- Le zâ' emphatique est toujours réalisé en zây sourd.5 Introduction" Tout ce qui est pluralité est inquiétude ».Paracelse, XVe-XVIe sciècle6
"L'instant d'avant, il n'y avait rien, sauf une grosse chose plate qu'on voyait à peine, tant elle allait de soi, et qui s'appelait "le" Pouvoir ou "l'" Etat ; nous autres, nous étions en train d'essayer de faire tenir debout un morceau d'histoire où ce gros noyau translucide jouait les utilités, à côté des noms communs et des conjonctions ; mais ça ne marchait pas, quelque chose ne tournait pas rond et les faux problèmes verbaux, du genre "idéologie" ou "rapports de production", tournaient en rond, eux. Brusquement nous "réalisons" que tout venait du gros noyau, avec son faux naturel ; qu'il fallait cesser de croire qu'il allait de soi, mais le réduire à lacommune condition, l'historiciser. Et alors, à la place qu'occupait le gros ce-qui-va-de-soi, apparaît un étrange petit objet d' " époque », rare, biscornu,
jamais encore vu". Paul Veyne, "Foucault révolutionne l'histoire", in Comment onécrit l'histoire, 1971, p. 361.RRare et biscornu, c'est ainsi que l'objet que je me propose de suivre se donne à voir aux deux
extrémités d'une séquence historique qui commence dans la Syrie du Sud des années 1870 et se
termine dans la Jordanie hachémite des années 1990. Car cet objet ne se situe par rapport à aucune
théorie sur "l'éternel musulman" ou sur l'éternelle "dhimmitude", chère à Mme Bat Ye'or. S'il s'agit
bien de parler de chrétiens dans un environnement musulman, les paradigmes classiques de l'analyse
des chrétiens d'Orient en termes de millet ou de minorité n'en sont pas moins insuffisants à rendre
compte de cet objet. Tout comme, d'ailleurs, les périodisations le plus souvent adoptées par les
sciences sociales, qui posent une rupture entre l'Empire ottoman et les Etats contemporains du Moyen-Orient arabe. J'y reviendrai plus loin. Cet objet m'a d'abord intriguée, car il semblaitjustement demander révision des théories prévalentes, mais, pour les mêmes raisons, il me faisait
douter de sa légitimité scientifique. A cette époque, je n'étais pas historienne. Ma formation
d'arabisante comprenait bien des enseignements qui couvraient l'histoire musulmane "des origines à
nos jours" et qui se présentaient sous l'intitulé général de "cours de civilisation". Ces derniers,
marqués par la tradition islamologique, n'étaient pas exempts d'un certain néo-orientalisme traversé
par des notions telles "le politique en islam" (comprenez "son essence") ou "l'ordre social musulman"
(comprenez "ses structures constantes à travers les âges"). Bref, je n'étais pas préparée pour aborder
sereinement un objet aussi "biscornu", dont il est temps de dire quelques mots, ou plutôt de relater
comment il s'est présenté à mes yeux, étant bien clair qu'à ce moment-là il ne constituait pas encore
pour moi un "objet d'étude". La description qui va suivre pourra paraître naïve ; je la revendique
comme telle. Ma démarche n'a pas consisté en une approche théorique qui cherchait sa vérification
sur le terrain, mais au contraire en l'appréhension conjoncturelle d'une réalité sociale que j'ai ensuite
construite comme objet historique avec les outils théoriques qui m'ont paru les mieux adaptés. 7
I. Des bédouins chrétiens Durant l'été 1993, je fis un séjour touristique en Jordanie depuis Jérusalem, où je résidais
depuis quelques années. Un de mes contacts dans le royaume était un jeune Jordanien, séminariste
latin (romain catholique) en Cisjordanie. Il était alors en congé dans sa famille à Madaba, ville de
quelque 70 000 habitants située à une trentaine de kilomètres au sud d'Amman et l'une des principales attractions touristiques de la Jordanie du fait de sa riche collection de mosaïques byzantines. Je passai deux jours chez mon ami, durant lesquels nous nous rendîmes au mariage deson cousin. Le déroulement des réjouissances me surprit. Après la cérémonie d'usage dans l'église
latine, tout le monde se dirigea vers la maison des parents du marié. Une vaste tente bédouine avait
été dressée dans le jardin ; elle était réservée aux hommes, chrétiens et musulmans, qui y buvaient le
café amer et qui ne manquèrent pas de faire usage d'un véritable arsenal pour tirer en l'air à plusieurs
reprises. En fin d'après-midi, de grands plats de mansaf (riz au mouton des grandes occasions) furent
servis, où l'on piocha directement avec les mains. Les femmes, toutes chrétiennes, étaient dans la
maison, atmosphère plus festive de musique et de danse. Une ségrégation entre sexes était respectée.
Elle était toutefois moins stricte que lors de mariages musulmans dits "traditionnels" : des hommes
entraient dans la maison, mais l'on me précisa qu'ils étaient tous chrétiens ; quelques femmes (des
"personnalités", me dit-on) allèrent même brièvement saluer les hommes sous la tente, ce que je fus
moi-même invitée à faire. Je n'étais pas novice en matière de mariages "chrétiens" ou "musulmans",
ayant eu l'occasion d'être invitée fréquemment par des familles palestiniennes de Jérusalem ou des
villages de Cisjordanie. Chez les musulmans pieux, la séparation entre les sexes était absolument
quotesdbs_dbs24.pdfusesText_30[PDF] Ces noms de famille qui font - Centre d`Études Généalogiques du
[PDF] Ces nouvelles plantes sont déjà en couverture des catalogues de
[PDF] Ces parfums qui veulent votre peau - Anciens Et Réunions
[PDF] ces parôles sont protégées toute utilisation est interdites sauf en cas
[PDF] Ces petits bateaux sont toujours prêts - Anciens Et Réunions
[PDF] Ces petits fruits méconnus adaptés à notre climat, les connaissez - France
[PDF] Ces Picards innovent en cuisine - Anciens Et Réunions
[PDF] Ces pMe romandes qui se lancent dans la cosmétique
[PDF] Ces pollens qui nous soignent
[PDF] ces quelques conseils - Anciens Et Réunions
[PDF] Ces quelques mots ,pour vous faire partager ,ma dernière
[PDF] CES RC: C
[PDF] Ces recommandations - Garderie Et Préscolaire
[PDF] ces résultats des communales de 2010 en mairie