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RAPPORT VERSION 2DPaoli final 17 juillet 12

N° 673

SÉNAT

SESSION EXTRAORDINAIRE DE 2011-2012

Rapport remis à Monsieur le Président du Sénat le 17 juillet 2012 Enregistré à la Présidence du Sénat le 17 juillet 2012 Dépôt publié au Journal Officiel - Édition des Lois et Décrets du 18 juillet 2012

RAPPORT

FAIT au nom de la commission d'enquête sur l'évasion des capitaux et des actifs hors deFrance et ses incidences fiscales (1),

Président

M. Philippe DOMINATI

Rapporteur

M. Éric BOCQUET,

Sénateurs.

Tome I : rapport.

(1) Cette commission est composée de : M. Philippe Dominati, président ; M. Éric Bocquet, rapporteur ; Mme Corinne

Bouchoux, MM. Jacques Chiron, Yvon Collin, Joël Guerriau, vice-présidents ; Mme Marie-France Beaufils, MM. Michel Bécot,

Jean-Pierre Caffet, Luc Carnouvas, Pierre Charon, Francis Delattre, Louis Duvernois, Yann Gaillard, Mmes Colette Giudicelli,

Nathalie Goulet, M. Philippe Kaltenbach, Mme Marie-Noëlle Lienemann, MM. François Pillet, Yannick Vaugrenard, Richard

Yung. - 3 -

SOMMAIRE

Pages

AVANT-PROPOS...................................................................................................................... 9

INTRODUCTION UN PHÉNOMÈNE SOUS-ESTIMÉ AU COEUR DE

L'ÉCONOMIE CONTEMPORAINE........................................................................................ 41

I. UNE CARENCE GLOBALE DES ESTIMATIONS PUBLIQUES QUI DOIT ÊTRE

CORRIGÉE.......................................................................................................................... 43

A. UNE CARENCE GLOBALE DES ESTIMATIONS PUBLIQUES.......................................... 43 B. ...QUI ABOUTISSENT À DES ÉVALUATIONS SOUVENT PRÉSENTÉES COMME

PEU SIGNIFICATIVES......................................................................................................... 46

1. La comptabilité nationale.................................................................................................... 46

2. Les chiffres du Conseil des prélèvements obligatoires.......................................................... 47

3. Remédier à la carence des estimations de source publique................................................... 51

II. UN FAISCEAU D'INDICES RECOUPÉS PAR DIFFÉRENTES ESTIMATIONS

DÉCRIT UN PHÉNOMÈNE À TRÈS FORTS ENJEUX.................................................... 59

A. LA VALEUR AJOUTÉE À RISQUE ...................................................................................... 60

1. Une technique souvent mentionnée lors des auditions de votre commission........................... 66

2. Une estimation du risque pour la France............................................................................. 67

B. LA MASSE FINANCIÈRE À RISQUE ................................................................................... 70

1. Derrière les investissements directs (IDE), des opérations de prêts-emprunts

intragroupes en forte expansion........................................................................................... 71

2. L'âge du offshore................................................................................................................. 87

3. La " masse des individus à risque »..................................................................................... 104

4. Quels liens entre l'expatriation et l'évasion fiscale internationale ?..................................... 113

III. RESTAURER LA FORCE DE L'ADAGE " UBI EMOLUMENTUM IBI ONUS ».......... 116 A. UN RÉEL EMBARRAS DE LA PENSÉE DEVANT L'ÉVASION FISCALE.......................... 117 B. LA POSITION DU PROBLÈME PAR LA DOCTRINE FISCALE ET LE TÉMOIGNAGE DES PROBLÈMES POSÉS PAR L'ORIGINE JURIDIQUE DU

CONCEPT D'ÉVASION FISCALE........................................................................................ 121

1. Aperçus sur la doctrine........................................................................................................ 122

2. Les " constructions » juridiques fondent la lutte contre l'évasion fiscale : de la

dualité au multiple............................................................................................................... 126

C. POUR UNE NOUVELLE ÉTAPE DANS LA DIALECTIQUE JURIDICO-

INSTITUTIONNELLE........................................................................................................... 129

1. Instaurer une règle générale anti-évasion fiscale................................................................. 130

2. Adapter les institutions........................................................................................................ 131

- 4 - PREMIÈRE PARTIE : LES VISAGES MULTIPLES DE L'ÉVASION FISCALE................. 135 I. DE LA FRAUDE FISCALE À L'USAGE ABUSIF DU NON LEGIFÉRÉ

FAVORISANT L'ÉVASION FISCALE............................................................................... 135

A. LA FRAUDE FISCALE, LA SANCTION DU MENSONGE................................................... 135

1. La fraude fiscale des particuliers, lieu commun de l'évasion................................................ 135

2. La fraude fiscale des entreprises : du petit entrepreneur à la multinationale........................ 152

3. La sanction limitée du " cas-limite » : l'abus de droit.......................................................... 161

B. L'EVASION FISCALE, ENTRE TROMPERIE ET MANIPULATION.................................... 165

1. Les moyens d'une " grande évasion » des bénéfices des entreprises..................................... 165

2. La dissimulation des revenus des particuliers : comment omettre sans mentir ?.................... 176

C. LES " FROTTEMENTS » FISCAUX...................................................................................... 189

1. Les contradictions de la fiscalité française : une illustration du complexe

" concurrence fiscale-évasion fiscale-délocalisation fiscale ».............................................. 190

2. L'interaction défaillante des régimes fiscaux........................................................................ 196

II. UNE CARTOGRAPHIE À GÉOMÉTRIE VARIABLE...................................................... 202

A. LES " PARADIS OFFICIELS PERDUS ».............................................................................. 203

1. Des " paradis » aux contours multiples, évoluant au gré de la satisfaction de critères

2. Une grille de lecture complexe de la liste française.............................................................. 217

B. LES PARADIS RETROUVÉS................................................................................................. 222

1. Le maintien de " zones d'ombre », la résistance des paradis réglementaires......................... 224

2. Les paradis technologiques : la " e-évasion »...................................................................... 246

DEUXIÈME PARTIE : UNE POLITIQUE DE LUTTE CONTRE L'ÉVASION FISCALE AUX EFFETS INCERTAINS ET À LA TRANSPARENCE

PERFECTIBLE......................................................................................................................... 259

I. DES RÉACTIONS TOUS AZIMUTS TEMOIGNANT D'UN BESOIN DE RENOUVELLEMENT DE L'ACTION ENCORE INABOUTI........................................... 264 A. LA LUTTE CONTRE L'ÉVASION FISCALE : DE L'OUTIL À LA FINALITÉ..................... 264

1. La lutte contre la fraude fiscale, outil d'endiguement de la criminalité financière................ 265

2. La transparence fiscale, vecteur de lutte contre l'évasion..................................................... 268

B. QUEL RETOUR SUR INVESTISSEMENT ?.......................................................................... 273

1. La coopération administrative en matière fiscale : 2015 la fin des paradis ?........................ 273

2. Tracfin, élan ou essoufflement ?........................................................................................... 281

II. L'UNION EUROPÉENNE EN ORDRE (TRÈS) DISPERSÉ DANS SA LUTTE

CONTRE L'ÉVASION FISCALE........................................................................................ 284

A. LA LUTTE CONTRE L'ÉVASION FISCALE, UNE PRÉOCCUPATION

CROISSANTE A L'ÉCHELLE EUROPÉENNE ? .................................................................. 284

1. Un marché et une monnaie uniques, mais 27 souverainetés fiscales en concurrence

sur les actifs les plus mobiles............................................................................................... 284

2. Les premiers garde-fous contre les dommages engendrés par la compétition fiscale

européenne : code de conduite et " directive épargne », un ensemble insuffisant.................. 298

3. Un nouvel élan imputable à la crise des finances publiques que traverse l'UE...................... 305

- 5 - B. L'AMBITION D'UNE ACTION COMMUNE CONTRE L'ÉVASION FISCALE

CONTRARIÉE PAR LES INTÉRÊTS NATIONAUX............................................................. 309

1. En matière de fiscalité des personnes physiques : l'inatteignable échange

automatique d'informations................................................................................................. 310

2. En matière de fiscalité des sociétés : les obstacles à une concurrence fiscale loyale............. 317

3. En matière financière : les freins à la taxation et les résistances à la transparence.............. 323

III. UN " ARSENAL LÉGISLATIF » FRANÇAIS DÉSARMORCÉ....................................... 329

A. DES EFFORTS INDÉNIABLES EN TERMES JURIDIQUES................................................. 330

1. La traduction juridique interne des engagements internationaux : des mesures de

rétorsion frappant les États et territoires non coopératifs.................................................... 330

2. De nouveaux outils juridiques pour l'administration fiscale................................................. 336

3. Un effort de sécurisation de l'assiette de l'impôt.................................................................. 343

B. ... LIMITÉS PAR DES MOYENS DE LUTTE CONTRE L'ÉVASION FISCALE MOINS MOBILES QUE LE PHÉNOMÈNE QU'ILS S'EFFORCENT

1. Un pilotage difficile de structures foisonnantes.................................................................... 349

2. Une carence en moyens humains et techniques..................................................................... 370

3. Des instruments de recherche limités : l'asymétrie des moyens d'accès à

l'information financière et fiscale........................................................................................ 377

C. ... FRAGILISÉS PAR L'INSUFFISANCE DES RECOUVREMENTS ET DE LA

RÉPRESSION........................................................................................................................ 393

1. Des redressements globalement insuffisants......................................................................... 393

2. Les interrogations de la commission d'enquête sur le procédé de la transaction................... 400

3. Des sanctions inefficaces..................................................................................................... 402

D. ... ENTRAVÉS PAR UNE POLITIQUE CONVENTIONNELLE FRANÇAISE NON

ABOUTIE.............................................................................................................................. 405

1. Les débuts de la coopération administrative......................................................................... 406

2. La coopération judiciaire en panne ?................................................................................... 408

E. ... ANNIHILÉS PAR UN SYSTÈME INCITATIF À L'ÉVASION.......................................... 411

1. La libre circulation des capitaux et des personnes, un vecteur de l'évasion.......................... 411

2. La " culture de la faille »..................................................................................................... 415

TROISIÈME PARTIE : REMETTRE L'ÉVASION AU CENTRE DU DÉBAT...................... 423 I. RÉVEILLER L'ÉLAN CITOYEN DANS LA LUTTE CONTRE L'ÉVASION

FISCALE.............................................................................................................................. 423

A. CRÉER LES CONDITIONS D'UN DÉBAT DÉMOCRATIQUE SUR L'ÉVASION

FISCALE ............................................................................................................................... 423

1. Structurer l'action publique en lui donnant une réelle visibilité politique............................. 423

2. Intégrer la fraude et l'évasion fiscales au débat parlementaire............................................. 425

3. Évaluer la politique de lutte contre la fraude et l'évasion fiscales........................................ 426

B. VALORISER LA CITOYENNETÉ FISCALE......................................................................... 427

1. Promouvoir un comportement fiscal socialement responsable de la part des

entreprises.......................................................................................................................... 427

2. S'appuyer sur la démocratie sociale, voie inexplorée de la lutte contre l'évasion

fiscale................................................................................................................................. 428

3. Promouvoir un État exemplaire............................................................................................ 429

- 6 - II. RENFORCER L'ADMINISTRATION AU SERVICE D'UNE POLITIQUE DE LUTTE CONTRE L'ÉVASION FISCALE EFFICACE...................................................... 431

A. MIEUX INFORMER L'ADMINISTRATION ......................................................................... 431

B. AMPLIFIER LA " FORCE DE FRAPPE » DE L'ADMINISTRATION................................... 432

1. Rendre l'administration en mesure de répondre aux nouveaux enjeux de l'évasion

fiscale................................................................................................................................. 432

2. Permettre une répression effective de la fraude et de l'évasion fiscales................................ 433

III. AMÉLIORER LES OUTILS JURIDIQUES POUR ENDIGUER L'ÉVASION

FISCALE.............................................................................................................................. 435

A. MIEUX ENCADRER LES PRATIQUES DE RESTRUCTURATION ET LES PRIX

DE TRANSFERT...................................................................................................................436

B. PRÉVENIR LA FRAUDE ET L'ÉVASION FISCALES.......................................................... 438

1. Prévenir plutôt que guérir l'évasion fiscale.......................................................................... 438

2. Renforcer le dialogue entre les administrations et les entreprises......................................... 445

C. CONFORTER LE DISPOSITIF DE SANCTION DE L'ÉVASION FISCALE.......................... 445 IV. MISER SUR L'ÉCHELON EUROPÉEN COMME LEVIER DANS LA LUTTE INTERNATIONALE CONTRE L'ÉVASION FISCALE.................................................... 448 A. POUR RENFORCER LA TRANSPARENCE ET LA COORDINATION, CLÉS DE L'EFFICACITÉ DE LA LUTTE CONTRE L'ÉVASION FISCALE........................................ 448

1. Systématiser l'information sur les revenus de l'épargne des personnes physiques, une

conquête indispensable........................................................................................................ 448

2. Sortir les trusts, notamment européens, de l'ombre.............................................................. 449

3. Centraliser l'information sur les comptes bancaires dans l'UE............................................ 450

4. Imposer aux multinationales une transparence comptable pays par pays.............................. 450

5. Approfondir la coopération entre les administrations fiscales européennes.......................... 451

6. Développer le contrôle fiscal à l'échelle de l'UE................................................................. 453

B. POUR EN FINIR AVEC LA CONCURRENCE FISCALE DÉLÉTÈRE................................... 454

1. Instaurer une assiette commune pour l'impôt sur les sociétés dans l'Union

européenne.......................................................................................................................... 454

2. Adopter des règles communes en matière de prix de transfert............................................... 454

3. Donner plus de force juridique au code de conduite encadrant la fiscalité des

entreprises dans l'Union européenne et étendre son champ d'action.................................... 455

C. POUR MIEUX PESER DANS LA GOUVERNANCE FISCALE INTERNATIONALE............ 456

1. Négocier ensemble avec la Suisse un accord commun plutôt que des Rubik bilatéraux.......... 456

2. Adopter une taxe sur les transactions financières................................................................. 457

3. Mettre la bonne gouvernance fiscale au coeur des accords signés par l'UE avec les

pays tiers............................................................................................................................. 457

4. Assurer davantage de cohérence entre le niveau européen et le niveau international

en matière de lutte contre les paradis fiscaux....................................................................... 458

5. Promouvoir une gouvernance fiscale mondiale.................................................................... 459

QUATRIÈME PARTIE : CONTRIBUTIONS.......................................................................... 463

EXAMEN EN COMMISSION................................................................................................... 473

- 7 -

ANNEXES.................................................................................................................................. 487

ANNEXE 1 - PROPOSITION DE RÉSOLUTION CRÉANT LA COMMISSION.................. 487 ANNEXE 2 - LISTE DES MEMBRES DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE........................ 495 ANNEXE 3 - LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES ET RENCONTRÉES.................. 499 ANNEXE 4 - RÉPONSE AUX QUESTIONNAIRES ADRESSÉS À LA DIRECTION

GÉNÉRALE DES FINANCES PUBLIQUES (DGFIP)............................................................. 511

ANNEXE 5 - RÉPONSE DE LA DIRECTION GÉNÉRALE DU TRÉSOR............................. 611 ANNEXE 6 - RÉPONSE AU QUESTIONNAIRE ADRESSÉ À L'AUTORITÉ DE

CONTRÔLE PRUDENTIEL (ACP).......................................................................................... 625

ANNEXE 7 - DOCUMENTS PRÉSENTÉS LORS DES AUDITIONS..................................... 663 ANNEXE 8 - ÉTUDE SUR LA MISE EN OEUVRE DE LA COOPÉRATION

FISCALE INTERNATIONALE................................................................................................ 789

- 9 -

AVANT-PROPOS

Le présent rapport répond à une initiative du groupe communiste, républicain et citoyen (CRC) du Sénat dont l'ambition était de mieux apprécier l'évasion des capitaux et des actifs hors de France et ses incidences fiscales. On pourra se reporter au très riche exposé des motifs de la proposition de résolution du groupe CRC pour mesurer l'ampleur de la tâche assignée à votre commission d'enquête. Celle-ci a souhaité être fidèle à l'esprit d'une ambition dont les événements intervenus depuis la création de votre commission ont confirmé l'entière pertinence que les travaux de la commission ont également pleinement confirmée. L'évasion fiscale internationale, dans un certain désordre il faut le reconnaître, a été au coeur de la campagne présidentielle, avec les débats ouverts sur l'imposition des grands groupes français, mais aussi de nos compatriotes résidant à l'étranger. De nombreux ouvrages parus dans la période où votre commission était à son travail ont connu un succès de librairie justifié. Notre commission d'enquête a pu auditionner certains de leurs auteurs avec profit. Des décisions publiques importantes, mais passées un peu inaperçues, ont porté sur les problèmes abordés par votre commission, qu'il s'agisse de la publication de la liste française des états non coopératifs le jour même de l'audition par votre commission de l'ancienne ministre du budget, des réformes adoptées dans le cadre de la lutte contre le blanchiment qui concerne de plus en plus explicitement, et c'est heureux la fraude fiscale, des dispositifs proposés dans le cadre du projet de loi de finances rectificative en cours de discussion... Malheureusement aussi des " affaires » ont pris un certain développement, des informations judiciaires ayant pu être ouvertes au cours des travaux de votre commission, celle-ci pouvant peut-être être " gratifiée » d'une certaine influence puisque le cours de la justice semble s'être un peu accéléré dans le semestre écoulé. A ce propos, votre commission a fait un premier choix qu'il faut défendre : sans rien s'interdire, sauf d'outrepasser ses prérogatives constitutionnelles, l'option de ne point faire pencher les travaux de la commission sur le versant inquisitif les a globalement inspirés. Sans doute l'ampleur de la tâche eût-elle été trop lourde. La liste des " listes » connaît une sorte d'expansion qui défie les moyens d'une structure parlementaire et qui pourrait bien se poursuivre. La dimension de l'évasion fiscale internationale et ses procédés souvent dissimulés préviennent des investigations individuelles qui réclament aux services de contrôle des moyens - 10 - et du temps, précieuses ressources dont manque par trop une commission d'enquête parlementaire. Le propos d'une commission d'enquête comme celle portant sur notre sujet, vaste, global, ne peut être prioritairement de s'attacher au particulier. Son utilité profonde est d'envisager la " structure », le système pour suggérer des solutions aux limites d'une politique publique. Parmi les limites observées par votre commission figure, à l'évidence, la confiance. Restaurer celle-ci, pour une institution comme la nôtre, ne consiste pas à se substituer aux organismes dont c'est la charge que de traiter les pathologies les plus " glauques ». Autrement dit, plutôt que de " balancer des noms », envisager à quel point les institutions en charge de l'ordre républicain peuvent se trouver confronter à des " difficultés » dans l'exercice de redressement des situations illicites et s'efforcer de trouver les moyens de les surmonter. La commission de son côté a voulu restaurer l'espoir que les zones les plus sombres soient un jour éclairées. L'ambiance qui a présidé à ses travaux a été empreinte de respect mutuel, d'une forme de complicité aussi dans la volonté de découvrir, de contribuer à faire avancer les choses. Tout cela doit beaucoup au président de la commission d'enquête, notre collègue Philippe Dominati, que votre rapporteur souhaite remercier très vivement pour sa présidence qui a permis beaucoup. Les membres du Bureau et tous les sénateurs de la commission qui se sont impliqués dans un travail intense et aux dimensions extrêmement variées ont considérablement contribué à l'intelligence d'un sujet particulièrement complexe. Un consensus s'est formé au sein de la commission, celui de privilégier le travail au fond mais aussi celui de la transparence. Les auditions ont été systématiquement ouvertes au public et à la presse. Au moment de la rédaction du présent rapport, votre rapporteur a souhaité prolonger cette transparence. Il ne dissimulera à l'opinion publique, qui y a droit, aucun des doutes qu'il a pu éprouver. Certains d'entre eux, non couverts par des procédures judiciaires en cours, seront formulés dans le corps de ce rapport. D'autres ne peuvent désormais plus l'être, malgré la transmission à votre rapporteur de témoignages, que le Bureau de votre commission a pu partager, comportant des imputations qu'il appartient à la justice de désormais apprécier puisque, selon toute vraisemblance, elle en dispose. Mais ces interrogations ne doivent pas polariser l'attention du lecteur. L'essentiel de la réflexion a porté sur le système, c'est-à-dire sur le phénomène de l'évasion fiscale internationale et sur les actions publiques conduites pour le combattre. Sur ce point, votre rapporteur n'ignore pas que des appréciations nuancées peuvent exister au sein de la commission, ce qui n'est que normal - 11 - s'agissant de questions qui sont naturellement perçues différemment selon la sensibilité politique de chacun. Mais il ne faut pas que ces différences cachent l'essentiel, à savoir l'existence d'une forme de consensus pour réprouver l'évasion fiscale internationale, consensus républicain, à la française, et dont notre pays aura grandement besoin au cours des années à venir. Il est utile qu'existe un tel consensus en France car, il ne faut pas s'y tromper, votre rapporteur a de sérieux doutes sur la réalité des intentions de conduire en la matière une politique coopérative à l'échelon international... Comme il existe une concurrence fiscale, il existe sans doute une sorte de mistigri de la lutte contre l'évasion fiscale qui s'analyse en partie dans les termes de ladite concurrence fiscale. Si en ce domaine, votre rapporteur voit notre pays comme plutôt exemplaire, certains griefs ont pu être communiqués contre lui. Ainsi, de la décision de s'abstenir de participer à un groupe d'administrations fiscales constitué pour clarifier la situation du Liechtenstein... Par ailleurs, la volonté de lutter contre l'évasion fiscale internationale peut avoir été mise en balance parfois avec d'autres préoccupations. Mais, ces réserves doivent être pesées à l'aune d'autres observations. L'attitude de nombre de pays européens concernant les accords Rubik avec la Suisse, qui représentent des enjeux autrement plus importants, a de quoi offusquer quand le principe d'une politique d'échange d'informations est l'esprit de la réaction européenne et mondiale à notre problème. A cet égard, les amendements à la procédure FATCA consentis par les États-Unis à la Suisse ont peut-être été décisifs. Il est tout de même étonnant que des pays considérés comme globalement fiables puissent de leur fait se trouver soumis à des exigences plus strictes que d'autres moins transparents. Par ailleurs, il faut envisager que le développement d'un droit mou, mais porteur d'obligations pouvant être sérieusement sanctionnées, soit instrumentalisé à des fins de puissance par certains États. On peut là aussi se demander quelle justification existe à imposer à des pays européens exemplaires en matière de coopération fiscale de respecter des obligations plus dures que celles finalement imposées à des juridictions de secret bancaire... Le champ embrassé par la proposition de résolution fondatrice de notre commission d'enquête était vaste et pouvait prêter à plusieurs prolongements. Le choix de votre commission s'est porté sur l'une d'entre elles : l'élucidation des phénomènes d'évasion fiscale et des conditions de lutte contre ce phénomène. Votre rapporteur le croit tout à fait fidèle à l'esprit de la proposition de résolution du groupe CRC auquel il appartient. - 12 - Il aboutit à se concentrer sur des phénomènes dont la nature est difficile à appréhender, - on le verra -, mais dont l'ampleur et la nocivité des effets ne sont guère discutables. Ce n'est pas à dire que la délocalisation pour motif fiscal, qui pourrait utilement faire l'objet d'une mission d'information de notre Haute Assemblée, n'exerce pas des conséquences regrettables. Mais l'évasion fiscale et la " fuite fiscale », si elles ont des racines communes, - l'hétérogénéité fiscale du monde contemporain - ne sont pas un seul et même phénomène. Sans doute l'une et l'autre peuvent s'auto-entretenir mais il convient de les distinguer afin d'identifier les politiques qu'il faudrait entreprendre pour les surmonter chacune. Votre commission d'enquête ne saurait prétendre dépasser toutes les limites d'une pensée fiscale manifestement embarrassée par la notion d'évasion fiscale. Pourtant, il est plus que souhaitable que le flou qui entoure celle-ci soit dissipé. Il en va de la précision du propos et de la justesse et de l'efficacité non seulement des décisions individuelles de l'administration fiscale et des juges mais encore de notre politique de lutte contre l'évasion fiscale et, au- delà encore, sans doute, de notre politique fiscale. Prise dans un sens non technique, l'idée d'évasion fiscale recouvre une multitude de phénomènes qui manquent profondément d'unité : l'exil fiscal, la délocalisation fiscale, la gestion astucieuse d'une situation fiscale... L'unité n'est alors pas dans le phénomène, elle se trouve dans un sentiment diffus de réprobation. Prise dans un sens plus technique, l'évasion fiscale est marquée par l'origine fiscalo-juridique des conceptions par lesquelles on l'envisage dans notre système juridique. Elle est de ce fait indéterminée puisque considérée comme un phénomène général pouvant relever de la saine et habile optimisation d'une situation fiscale, réservée par le principe de " libre choix de la voie la moins imposée », ou, au contraire, devant être rangée dans le champ de l'illicite. Si aucune de ces deux approches n'est complètement récusable, aucune d'entre elles n'est vraiment satisfaisante. C'est pourquoi le présent rapport s'en écarte, considérant que son objet doit répondre à une conception de l'évasion fiscale précise mais plus large que celle que notre système fiscalo-juridique comporte. Cela demande, sinon un complet renouvellement, du moins un effort pour mieux tenir compte de la dimension éminemment économique d'unequotesdbs_dbs30.pdfusesText_36
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