[PDF] Une émergence féministe chez Nana d'Émile Zola - WordPresscom



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Le roman vient repousser l'image des femmes qui est peinte habituellement dans les romans, Au XIXe siècle, les jeunes femmes sont souvent éprises de sentiments pour un homme merveilleux qui viendra la sauverou encore la femme galante qui devient l'héroïne d'un roman à l'eau de rose 1. Au contraire, Nana trouve une place déterminante dans l'oeuvre : elle en est l'héroïne principale et montre une nouvelle facette de la condition des femmes de part son origine sociale. Elle vient d'un

Emile Zola (1840-1902) a représenté avec sa plume naturaliste des hommes, des femmes, des enfants vrais, qui

devaient représenter au plus juste la société du Second Empire. Son projet d'examiner avec une rigueur

scientifique1 le peuple français du XIXème siècle met en avant l'évolution des moeurs à travers une critique construite

de certains faits de société ; tous les personnages de Zola sont en effet construits comme de l'extérieur - leur milieu

social doit déterminer leur trajectoire.

C'est ce qui transparaît chez Nana (1880), roman qui trace la vie d'une prostituée désirée par une multitude de

courtisans. Nana est un personnage qui suscite l'intérêt car elle semble incarner le Second Empire lui

même puisqu'elle meurt en même temps que ce dernier et elle permet également de mettre en lumière l'apparition

d'une nouvelle femme, confiante, elle n'a pas peur d'utiliser ses charmes pour arriver à ses fins. Plusieurs critiques tels

que Alfred Yao-Bah ont affirmé que Zola recherchait un féminisme réaliste avec Nana et que celle-ci incarnait

une certaine émancipation de la femme. Comment comprendre cette affirmation ? Quel est le féminisme qui

s'exprime dans ce roman ? Est-ce que le projet de Zola est clairement établi dans cette oeuvre, et qu'est ce qui fait

de Nana un roman particulièrement différent du reste des Rougon-Macquart au point de provoquer le scandale au

moment de sa réception ? Nous savons qu'Emile Zola se positionnait comme étant un écrivain engagé ; serait-il un

écrivain féministe ?

monde ouvrier (rappelons qu'elle est la fille de Gervaise Macquart et de Coupeau qui meurent tous deux foudroyés

par l'alcoolisme dans l'Assommoir (1877)). Nana permet de montrer la violence masculine (lorsque son compagnon

Fontan la bat avant de la mettre dehors) ; et elle connaît une fin tragique et atroce puisque après avoir perdu son

enfant, elle finit par mourir de la petite vérole dans une grande solitude. Mais le fait que cette simple femme

misérable soit le personnage moteur de ce roman est intéressant car cela permet de mettre en lumière un tout

nouveau type de femme, fragile et sûre d'elle à la fois, qui décide de prendre le pouvoir de son corps, de ses actes

et de sa vie.

Tout le monde connaît Émile Zola et son étude scientifique à travers les Rougon-Macquart mais qu'en

est-il du traitement des femmes dans ses oeuvres ? Nana permet une approche intéressante quant à

l'image de la femme. Voyons comment Zola lève les tabous de la prostitution en mettant l'héroïne à

nu. Nana, représentation d'une nouvelle femme. L'empowerment est un concept qui nous vient des Etats-Unis. Les minorités prennent le pouvoir et affirment leur confiance en elles-mêmes.

Nana prend le pouvoir pour diriger les hommes et

montrer qu'une femme ne doit pas être sous le joug masculin et qu'il est même possible que l'homme se retrouve sous l'emprise féminine.

Empowerment

Cependant, la femme devient plus autonome et s'affranchit de son rôle exclusivement domestique notamment

en obtenant la possibilité de travailler. Nana correspond à cette femme du Second Empire qui refuse

l'approche stéréotypée qui lamarginalise. A la fin du XIXe siècle, les femmes sont encore très largement méprisées

dans la société française : elles jouissent de peu de droits, ne peuvent exercer qu'un très petit nombre de métiers et

dans des conditions souvent misérables1. Nana vit en tant que femme et non en tant que mère ou épouse. Elle

rejette le mariage puisque la seule fois qu'elle aime un homme et qu'elle se met en ménage avec, il finit par la

battre, la tromper et la mettre à la porte et elle refuse ce qu'on appelle l'instinct maternel puisque, en effet, nous ne

connaissons que le prénom de son enfant qui ne prend pas de place prédominante dans sa vie ; la seule chose qui

nous rappelle que Nana est aussi une mère, c'est lorsque son enfant lui transmet la petite vérole avant de mourir. Elle

se met au centre de ses priorités, notamment en se permettant de rêver à une vie de célébrité, à se permettre de

prendre le pouvoir des hommes. Ceux-ci, en effet, ne résistent pas aux charmes de l'héroïne et sont prêts à tout pour

obtenir l'entière possession de cette femme et ils mettent en oeuvre, pour ce faire, divers types de chantages

pécuniaires (comme le comte Muffat) ou affectifs (comme Georges qui va jusqu'à faire une tentative de suicide).

Mais tout ceci n'ébranle pas Nana car elle veut être libre. Elle refuse d'être considérée comme un objet, objet de

désir que les hommes cherchent à acquérir pour eux tout seuls. Elle triomphe sur eux en les dépouillant de toute leur

fortune (ce qui ne l'empêche pas de mourir criblée de dettes) et parfois même en les humiliant publiquement. Elle ne

veut pas vivre à travers un homme qui pourrait être susceptible de l'effacer, elle refuse d'être enfermée dans cette

prison patriarcale et souhaite être une femme indépendante et c'est pour cela qu'elle refuse de céder à la vie

confortable que lui proposent ses amants.

" C'était bien, c'était juste, elle avait vengé son monde, les gueux et les abandonnés. Et

tandis que, dans une gloire, son sexe montait et rayonnait sur ses victimes étendues, pareil à un soleil levant qui éclaire un champ de carnage, elle gardait son inconscience de bête superbe, ignorante de sa besogne, bonne fille toujours. "

La réception de l'oeuvre : une femme qui prend possession de son corps, cela choque ? Certains affirment que Zola voulait se poser en moraliste avec Nana ; il souhaite dénoncer la société de

débauche dans ce roman, représentée par le personnage éponyme. Mais Nana incarne la débauche par le

monde qu'elle fréquente et par son aspect trompeur : elle est décrite comme belle et attirante de l'extérieur mais

mauvaise et pourrie à l'intérieur et c'est ce que la description minutieuse de la décomposition de son corps lors de

sa mort à la fin du roman met en avant. De plus, Nana symbolise la société corrompue capable de profiter des

autres pour arriver à ses fins.

Mais ce qui choque encore plus avec Nana, c'est avant tout qu'il s'agit d'un roman qui traite de la prostitution

féminine et donc du rapport que la femme entretient avec son corps. Il y a ici un double choc : on révèle que la

femme entretient un rapport avec son propre corps et sa propre sexualité mais en plus, on révèle que la société tout

entière entretient un rapport avec le corps de cette femme également, puisqu'elle pose les conditions de son

exploitation et de sa misère. Ce dernier représente le fil conducteur de l'oeuvre et l'arme la plus dangereuse que

l'héroïne puisse utiliser. Son objet de travail, son corps renferme à la fois du dynamisme, du caractère mais aussi

de la douceur, du désir : il représente donc l'ambivalence du personnage expliquée ci-dessous. Il est l'instrument de

conquête de cette femme qui gouverne les hommes grâce à son sexe qui triomphe et qui lui permet de sortir de sa

condition sociale pécuniaire. Chaque homme semble complètement enivré, envoûté par l'aplomb sensuel et sexuel

de la jeune femme.

Cependant la présentation du quotidien d'une prostituée dresse un projet politique. Le corps de Nana est décrit

dans les moindres détails sans la moindre pudeur comme si le lecteur se retrouvait face à un tableau. La nudité de

Nana est sensuelle, c'est une femme à la peau blanche et à la chevelure d'or comme si on avait affaire à

une beauté mythologique. Il y a l'idée ici de faire correspondre Nana à un imaginaire culturel, à une image sensuelle

et diabolique.

De plus, Zola s'autorise à montrer l'homosexualité féminine de très près. Alors qu'il s'agit encore d'un sujet tabou

dans ces années là, Nana découvre ce qu'est le véritable amour auprès d'une femme, Satin et alors le pouvoir qu'elle

avait sur les hommes ne peut pas s'appliquer sur celle qu'elle aime. Cet amour montre que Nana se défait une nouvelle

fois de l'image de la femme hétérosexuelle désireuse d'hommes. Cette direction vers le lesbianisme montre bien une

sécession du genre masculin et sans doute le mépris de ce dernier.

Le lecteur développe une sorte de compassion vis-à-vis de cette femme qui exploite ceux qui l'admirent et qui se

fait dominer par celle qu'elle aime. L'empathie est renforcée par le regard que l'on pose sur cette jeune femme qui,

finalement, n'a pas d'autre choix que de s'en sortir avec soncorps. Elle essaya de se faire connaître par le théâtre, mais

ce n'est pas ce que l'on attendait d'elle, alors, rattrapé par ce déterminisme zolien, elle utilise les moyens qui sont à sa

portée pour s'en sortir.

Même si nous remarquons une libération de la femme chez Nana, il serait délicat de dire que ce roman présente

une littérature engagée. La définition de cette dernière peut être celle-ci : On parle de littérature engagée quand

l'écrivain prend activement part à la vie sociale, politique ou religieuse de son temps en mettant son oeuvre au service

d'une cause. En ce sens, il s'agit donc d'une littérature de circonstance. L'écrivain n'est plus un simple observateur de

son époque : il se sert de son art comme d'une arme pour dénoncer des injustices, faire triompher sa vision du

monde.1. Emile Zola, notamment avec J'accuse ! s'est déjà positionné pour défendre une cause mais avec Nana, cela

est plus compliqué. En effet, le lecteur ne voit pas directement que Zola défend en quelque sorte la cause féminine

dans ce roman. Cependant, une relecture plus neuve (chose que nous avons essayé de faire au travers de cet article)

est essentielle pour déceler les revendications de l'auteur. Il serait donc peut être plus judicieux de dire que Nana n'est

peut être pas un roman de littérature engagée à proprement parler, mais qu'il permet de poser un regard politique et

féministe sur la société du Second Empire. Nana ne se limite pas à la narration des déboires d'une prostituée mais il se

veut témoignage sur ce qui se passait réellement au XIXe siècle dans ce milieu tout en mettant en avant la Femme

vraie, telle qu'elle est, en enlevant toute pudeur ou tout tabou et cela est possible par le biais de l'observation

scientifique de l'auteur. "Un des plaisirs de Nana était de se déshabiller en face de son armoire

à glace, où elle se voyait en pied. Elle

faisait tomber jusqu'à sa chemise; puis, toute nue, elle s'oubliait, elle se regardait longuement. C'était une passion de son corps, un ravissement du satin de sa peau et de la ligne souple de sa taille, qui la tenait sérieuse, attentive, absorbée dans un amour d'elle-même."

Nana : un roman de littératurre engagée ? "Et elle guettait les mieux mis, elle voyait ça à leurs yeux pâles. C'était comme un

coup de folie charnelle passant sur la ville. Elle avait bien un peu peur, car les plus comme

il faut étaient les plus sales. Tout le vernis craquait, la bête se montrait, exigeante, dans ses

goûts monstrueux, raffinant sa perversion. "quotesdbs_dbs47.pdfusesText_47