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La prévision technologique

La prévision technologique :

cadre, techniques et organisation

Par Erich Jantsch

c OCDE 1967

PRÉFACE

Traditionnellement limitée aux seuls domaines industriels et militaires, la technologie envahit progressivement tous les grands secteurs de l'activité natio

nale, tel l'enseignement. Il est donc essentiel que les gouvernements et les entre- prises privées soient en mesure de diriger l'évolution du progrès technologique.

Diriger signifie prévoir.

Il importe donc de prévoir clairement la nature probable et les conséquences possibles d'une technologie qui évolue

à un rythme accéléré.

Or, ce genre de prévision est réalisable du fait du décalage, encore très important qui intervient, d'une part entre l'acquisition par la recherche fondamentale de connaissances nouvelles et, d'autre part, leur application pra

tique.

La prévision technologique, qui s'est développée graduellement depuis la Seconde Guerre mondiale, s'efforce de préciser les tendances de

1 'évolution future. L'intérêt de cette nouvelle science est double

: tout d'abord, elle assure, au niveau des décisions et sur les plans tant national que privé, une plus grande précision dans le choix des options qu'impose le nombre même des possibi

lités offertes par le progrès scientifique et technique : dans le contexte concur- rentiel du monde moderne, le succès ou l'échec dépend souvent d'un tel choix.

En second lieu, alors que l'on s'accorde à reconnaître l'influence exercée par la science et la technologie sur l'évolution de la société, la prévision technolo

gique permet aux gouvernements de prévoir les conséquences que peuvent avoir pour les sociétés futures les développements de la technique et, de cette manière, d'orienter l'application des nouvelles connaissances en fonction des objectifs nationaux. Ainsi donc, pour les responsables de la politique des

gou-

vernements, la perspective de pouvoir programmer les options futures en aiguillant le progrès technologique conformément

à un contexte économique, social et politique donné, constitue

à la fois un stimulant et un défi.

Ces perspectives se précisent enfin, et c'est pourquoi l'OCDE a décidé d'entreprendre une étude sur (( l'état de l'art )> de la prévision technologique. Son

auteur, le Dr. E. Jantsch présente dans cet ouvrage un véritable panorama des techniques utilisées dans ce domaine et précise les tendances qui le carac

térisent. Il a bénéficié, au cours de son enquête, de l'aide de nombreux admi-

nistrateurs et experts des pays Membres, ainsi que de celle de spécialistes des questions de politique scientifique.

Nous espérons que son ouvrage trouvera

une large audience dans les milieux industriels et gouvernementaux et que ceux -ci y puiseront des enseignements précieux.

Thorkil

KRISTENSEN.

Secrétaire Général

Organisation de Coopération et de Développement Économiques.

AVANT-PROPOS

Quand nous avons entrepris les travaux qui ont abouti au présent rapport, nous pensions que la prévision technologique faisait l'objet d'acti

vités géographiquement concentrées, et que nous pourrions donc effectuer notre étude des méthodes et des modes d'organisation

à partir d'un volume d'informations assez restreint. En fait de prévision, celle

-ci s'est trouvée complètement démentie par les faits. Non seulement les renseignements qui nous parvenaient s'accroissaient de manière presque explosive,

mais nous avons encore dû étendre la portée de notre enquête

à de nouveaux domaines, notamment aux sciences sociales. Ce qui devait constituer une simple enquête

est devenu une analyse des idées et des travaux les plus marquants, dont nous espérons qu'elle fournira un tableau cohérent et représentatif de l'état actuel de la prévision technologique.

Nous avons visité douze pays Membres de l'OCDE entre octobre 1965 et mai 1966 : la République fédérale d'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Canada, les Etats -Unis, la France. l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Royaume -Uni, la Suède et la Suisse. Nous avons inclus dans notre circuit un pays non

-membre: Israël, sur l'invitation de son gouvernement. Au cours de ces voyages, nous avons pris environ

250 contacts individuels avec des organisations internationales, des administrations, des universités, des

fondations, des instituts de recherche, des établissements industriels, des bureaux d'étude, et un grand nombre d'éminentes personnalités.

Nous avons surtout mis l'accent sur les établissements industriels, les administrations militaires et les instituts de recherche. Ces voyages d'étude, complétés par l'examen d'environ

400 références bibliographiques, constituent la base du présent rapport. Le manuscrit

a été terminé en aoGt 1966.

L'accueil réservé

à l'enquête de l'OCDE a été extrêmement chaleureux et a confirmé l'impression que la prévision technologique est sortie de la position quelque peu obscure qu'elle occupait jusque vers 1960, pour appa

raître désormais en pleine lumière. Rares sont les entreprises (et même les administrations militaires) qui considèrent leurs méthodes et leurs procédés

comme confidentiels dans

ce domaine. Au contraire, un intérêt très vif se manifeste en faveur de l'échange d'informations, dans l'état actuel d'une activité qui se caractérise par une publication très limitée des résultats obtenus. Cette manifestation d'intérêt peut servir de justification

au présent rapport, en dépit des nombreuses insuffisances qu'il recèle.

- constituer, pour le Comité de la Politique scientifique, et pour le Secrétariat de l'OCDE, un document pouvant servir de base

d'autres travaux qui concernent directement ou indirectement la prévision technologique

L'objet de ce rapport est double :

13

- fournir des éléments de comparaison, un cadre, et peut-être une synthèse utile, capables d'aider et de stimuler la réflexion au niveau

opérationnel. C'est la raison pour laquelle nous avons présenté un texte aussi volumineux et, en particulier, analysé quelque cent techniques et éléments de techniques observés au cours de l'enquête, ainsi que l'organisation des travaux de prévision technologique. C'est aussi pour cette raison que nous avons complété notre étude par une bibliographie commentée.

Notre intention n'était pas de participer aux recherches dans le domaine de la prévision, mais plutôt de rendre compte de la situation et des résultats

pratiques obtenus. Nous avons tenté de le faire aussi objectivement que possible : nous nous sommes efforcé de replacer dans un contexte suffi-

samment large les modes de pensée linéaires, si fréquents dans l'exploration intellectuelle, et d'éliminer les incohérences de langage qui pullulent

à ce

stade de l'évolution.

Un élément subjectif transparait

sous trois formes dans cette analyse :

1. nous avons présenté le sujet dans un contexte plus large qu'on ne le

juge généralement nécessaire ; de même, en dépit de la distinction fonda- mentale entre l'exploration et la prévision technologique de caractère nor- matif, nous avons délibérément orienté le problème vers la synthèse de ces deux aspects dans tout l'espace ouvert aux transferts de technologie ;

2. nous avons complété la description de la situation actuelle, telle que nous l'avons observée, par des indications sur les tendances prochaines

3. une forte préférence personnelle a influencé l'analyse de l'évolution souhaitable et des tâches générales

à entreprendre, et des jugements de valeur ont été appliqués aux idées actuelles. Nous avons trouvé que c'était

la meilleure façon d'éviter les affirmations vides de sens et les attitudes << amorphes >> sur des problèmes essentiels. Il est évident que cet élément subjectif peut largement prêter à contro- versel. L'auteur espère que son point de vue sera accepté avec cet esprit

#e coopération qu'ont manifesté de nombreux pionniers de la recherche en lui faisant part de certaines idées, sans doute partiales et préliminaires,

mais pleines de conséquences pour l'avenir.

Comme dans de nombreux domaines des sciences sociales, des sciences du comportement et des sciences économiques, les Etats

-Unis ont pris la tête dans l'exploration complète et systématique de la prévision techno-

logique et dans la transformation d'une vision poétique en un exercice technique qui deviendra peut

-être un jour une véritable science. A un moment où l'on écrit et où l'on dit tant de choses sur le << fossé techno- logique» qui sépare les autres pays des Etats-Unis, il ne faut pas oublier

,que les méthodes de gestion, qui jouent un rôle crucial dans l'accélération du progrès, ne coûtent absolument rien

; ces méthodes s'apprennent, et les attitudes peuvent se modifier.

1. 11 semble que même les affirmations objectives soient, jusqu'à un certain point, discutables. Une enquête récente effectuée

à la demande du gouvernement des États-Unis

(réf. bibl. 183, 3521, par exemple, a abouti à la conclusion que la prévision technologique :

(a)

tration fédérale)), et (b) "présentait peu d'intérêt )) pour eux. L'écart qui sépare ces affir-

mations des conclusions du présent rapport est peut-être dû à l'emploi d'informations de base différentes, aussi bien qu'aux références personnelles,

celles-ci étant presque inévitables dans une discipline qui commence

à peine à prendre forme.

14 L'objectif principal du présent rapport est de faciliter les transferts techniques dans un secteur relativement étroit des sciences de la gestion. Quand on tente de saisir la prévision technologique sous tous ses aspects, on se trouve vite entraîné vers des domaines de caractère incertain

ou même fantastique. Nous avons essayé de dégager quelques éléments importants pour l'avenir lointain de la prévision technologique, même dans

,ces domaines encore peu intelligibles, tout en essayant de ne pas nous laisser emporter par une imagination sans bornes.

Si l'auteur arrive

à faire partager à quelques lecteurs la fascination

qu'il a éprouvée pour son sujet, et qui n'a fait que croître au cours de la rédaction du présent rapport,

ce sera une source d'intense satisfaction pour lui et le résultat le plus utile qu'il pouvait espérer. 1s

DÉFINITION GÉNÉRALE

DE QUELQUES TERMES FONDAMENTAUX

FRÉQUEMMENT UTILISÉS DANS LE RAPPORT

Nous avons adopté certains termes pour les raisons suivantes : (a) ils sont simples et recouvrent l'ensemble de la notion qu'ils évoquent;

(6) ils correspondent à la structure réelle observée actuellement au

niveau opérationnel; (c) ils répondent donc particulièrement bien aux objectifs de ce rapport.

Il ne faut pas les considérer comme des définitions rigou-

reuses, et nous ne prétendons pas qu'ils soient d'application universelle. Chaque fois que nous l'avons pu, nous avons indiqué, entre parenthèses, la source de ces termes ou de leur définition.

Une prévision est une affirmation probabiliste1 assortie d'un degré de confiance relati-

vement élevé et concernant l'avenir. Une prédiction est une déclaration apodictique (non probabiliste) assortie d'un degré de confiance absolu, et concernant l'avenir. Une

antici-

pation est un modèle construit logiquement et concernant un avenir possible, assorti d'un degré de

confiance non encore défini (d'après Ozbekhan). Dans toutes ces définitions <( l'ave- nir D dont on parle s'applique à des situations, des évènements, des attitudes, etc. La

technologie est le vaste domaine des applications, orientées en vue d'un certain but, du contenu des sciences physiques, des sciences de la vie et des sciences du comportement. Le terme recouvre l'ensemble des techniques, y compris la médecine, l'agriculture, les sciences de la gestion et d'autres activités,

sous leur aspect matériel autant qu'intellectuel. La

prévision technologique est une évaluation probabiliste, assortie d'un degré de confiance relativement élevé, des transferts technologiques futurs. La

prévision technologique explora-

toire part d'une base actuelle de connaissances sûres, et est orientée vers l'avenir, tandis que la

prévision technologique normative détermine d'abord les objectifs, les besoins, les désirs, les missions, etc. pour l'avenir, et procède en remontant vers le présent (Gabor). Ces deux types de prévisions donnent une image dynamique d'un processus de transfert technologique. La prévision technologique peut faire appel

à l'anticipation ou aller jusqu'à

la prédiction. Un

transfert technologique est un processus (généralement complexe) qui se produit dans un certain espace, appelé ici

espace des transferts teclznologiques, et que l'on peut repré-

senter de la manière décrite au Chapitre 1.1. Ce transfert se produit à différents niveaux de transfert technologique,

où l'on peut grossièrement distinguer un niveau de développe- ment et un niveau d'influence. Le transfert comprend des composantes horizontale~i et verti-

cales (d'après Brooks). Le transfert technologique vertical, qui se fait à travers les différents niveaux de développement, se caractérise par quatre phases de recherche et de développe

ment (Stanford Research Institute) : découverte, création (conduisant à l'invention, terme qu'il est difficile de définir avec précision pour les systèmes techniques complexes), concré

tisation et développement (conduisant, par exemple, à un prototype), et phase de construc-

tion (conduisant à un système technique fonctionnel pouvant être un produit matériel, un procédé ou un concept intellectuel, etc.). L'extension de ce transfert vertical par un impor

tant transfert horizontal ultérieur (par exemple les applications et la conception des services, la commercialisation, la diffusion des connaissances) constitue

l'innovation technique. On appellera

évolution technologique toute modification provoquée par un transfert dans l'espace des transferts technologiques.

La

planification technologique est le développement d'un concept intellectuel portant sur l'exécution effective des transferts technologiques (verticaux et horizontaux).

L'expression

technologie sociale (Helmer) désigne une technologie ayant des consé-

quences importantes pour la société et souvent basée sur l'invention sociale (Gilfillan), terme qui caractérise une invention ayant des conséquences potentielles considérables aux niveaux de transfert technologique des systèmes sociaux et de la société. Les

techniques sociales

(d'après Helmer) désignent les activités humaines ayant pour but d'appliquer et de diriger les transferts technologiques sociaux.

1. Les lecteurs européens attribuent parfois au terme (< prévision », par analogie avec la

(< prévision météorologique », le sens adopté ici pour << prédiction ». Une prévision météo-

rologique prend habituellement, en Europe, la forme d'une prédiction et, aux Etats-Unis et au Canada, celle d'une prévision probabiliste - (< probabilité de pluie de 80 % ». 16 La recherche fondamentale est la recherche portant sur les principes des sciences et de la

technologie1. En somme, la recherche scientifique fondamentale concerne le niveau des ressources scientifiques (lois naturelles, principes, théories, etc.) tandis que la

recherche technique

fondumentule concerne le niveau des ressources technologiques (potentiel technique, etc.), dans l'espace des transferts technologiques (voir les explications et les exemples des Chapitres

1.1. et 1.2.).

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