précédent de la population des pays du sud et à l'inquiétude qui en a résulté De la population mondiale sur l'économie et les ressources naturelles
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précédent de la population des pays du sud et à l'inquiétude qui en a résulté De la population mondiale sur l'économie et les ressources naturelles
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Chapitre1
Croissanceéconomique
etcroissancedémographique théories,situations,politiquesFrédéricSandron
Si ladémographienes'estconstituéeendisciplinequ'aucours duxx"siècle, leséconomistes
onteuauparavanttout le loisir des'intéresserà laquestionde la population.Maiscethèmen'apas toujours été,loins'enfaut, aucentrede leurs intérêts.Il le fut économistesclassiquespourqui lapopulationdevaitêtrenombreuse.Selonles théoriesalors envigueur,unepopulationnombreusegarantissaiten effet une valeurélevéede laproductionagricoleetéconomique,elle-mêmegarantede la puissancedupouvoirsur lascèneinternationale.Ajoutonsà laraisonprécédente, lasoumissiondeceséconomiesessentiellementagricolesaux aléas duclimatetXVIIIesièclequi selamentesur les
problèmesdedépopulation,et enmajoritéfavorableà unecroissanceélevéede lapopulation.Maisdès la fin du population, etsansquecelui-cin'ensoitspécialementla cause,l'assentiment généralse faitplutôtcontreunecroissanceexcessivede lapopulation.Exception intéressante,ledébatentre leséconomistesfrançaisau milieu duXIX e siècleest assezsignificatifde lapositionde lapopulationentantqu'argumentidéologique. Les mêmesauteurspouvaientêtreopposésà lacroissancede lapopulation nationalelorsqu'ilscraignaientlesdébordementsde laclasseouvrièreet y être favorablespourpeuplerlescolonies. Nousnesommespastrèséloignésde lasituationobservéesur le plan internationaldepuisundemi-siècle.Il ne fait pasbeaucoupde doutes qu'aujourd'huilefoisonnementdesrecherchessur lesrelationsentre les croissancesdémographiqueetéconomiquefaitéchoà laprogressionsans précédent de lapopulationdespaysdu sud et àl'inquiétudequi en a résulté. De nombreuxcrisd'alarmeontétélancés, à la foispardesscientifiques,par des politicienset laquelleallait l'humanitési lacroissancedémographiquecontinuaitainsi.Reposantsur
des ques, cesdiscoursonteu uneaudiencemaximaledans lesdécennies1960 et1970.Maisdevantles faits et laprésence
d'autrescourantsdepensée,ce 1 théories,situations,politiques 15 mouvementa légèrement décliné dans les décennies 1980 et 1990, ou tout au moins a prisd'autresformes moins explicites. Il est proposé ici de faire un bilan des relations entre la croissance démographique et la croissanceéconomiquede ces dernières décennies dans les pays du sud.D'abord,serontprésentéesles grandes théories qui donnent corps aux controverses, puis les faits seront examinés. Nous verrons ensuitecomment les arguments économiques peuvent venir soutenir une politique démographique et comment les deux aspects peuvent être conciliés dans une véritable optique de développement. Dans la partie suivante, une approchemicro-économiquedes relations entre les sphèreséconomiqueet démographique seraproposéeau niveau de la famille. La présentation d'uncourant de rechercherelativement récent permettra de mettrel'accentsur des liens difficilement décelables à une échelle plus globale. Enfin, si la transition démographique sepoursuitdans l'ensembledespays dl.\!,ud,ceux-ci seront concernés, et certains le sont déjà, pardepopulation semblables à ceux queconnaissentles...'Paysdu nord,p:mTInesquélscelui du vieillissement que nous examinerons.
Lesgrandscourantsdepensée
Comme cela est fréquent pour les grands penseurs, leur oeuvrepersonnelleest méconnue mais nous parvient à travers leurs épigones et leurs détracteurs, et il arrive que les théories élaborées au nom du précurseurn'aientplus que de lointains rapports avec la théorie originelle.C'estpourquoi leprincipede populationde Malthus sera présenté avant de cerner cequ'onappelle aujourd'huile néo-malthusianisme. Le paradigme"concurrent»,anti
malthusien ou boserupien, feral'objetde quelques développements puis nous verrons comment un grand débatd'idéesqui a eu lieu dans les années 1960-1970 sur les interactions entrel'économieet la démographie peutretomberen désuétude, ceci donnant quelques pistes de réflexion surl'aspectconjoncturelde certaines théories démo-économiques.Malthus
Thomas Robert Malthus, pasteur anglican, écrit en 1798 alorsqu'ila 32 ans, la premièreédition de sonEssai sur leprincipede population.Le thème de l'ouvragen'estautre que laperfectibilitéde la société. Répondant aux thèses optimistes de Godwin et Condorcet, deux de ses contemporains, Malthus présente quant à lui un tableauplutôtsombre del'améliorationpossible de la condition humaine. L'argumentde base de Malthus est que " le pouvoirmultiplicateurde la population est infiniment plus grand que le pouvoir qu'ala terre de produire la subsistance del'homme ».L'exempledonné par Malthusd'uneprogression arithmétique (1,2, 3, 4, 5.,,) des ressources alimentaires etd'uneprogression géométrique (1,2, 4, 8, 16".) del'espècehumaine indiquequ'enlongue période, la population ne peut pas croître selon ce rythme biologique. Elle en est empêchée parl'existencede mécanismes régulateurs, les freins répressifs que constituentles guerres, famines et autres épidémies qui surviennent inévitable-161Le monde endéveloppement
menten cas depopulationtropnombreuse.MaisMalthusmentionneaussi les hommesà nefonderunefamillequelorsqu'ilssont enmesuredel'entretenir dignement.Lepessimismedû au rythmepotentieldecroissancedémographique supérieuràceluide lacroissanceéconomique (1)peutdonc être tempéréparla d'yremédierenrepoussantl'âgeau mariageet enayantunedescendanceréduite. Si ces freinspréventifssont unesolutionà courtterme,il n'enreste pas moins qu'àlongterme,dans leschémamalthusien,toutehaussede la productionseraabsorbée parunehaussedel'effectifde lapopulation.Lerevenu moyenpar tête fluctuealorsen longuepériodeautourduminimumvital. L'apologuedubanqueten estI'illustrationlaplusfameuse: "Unhommequi est né dans unmondedéjàoccupé,s'ilne lui est pas possible d'obtenirde sesparentslessubsistancesqu'ilpeutjustementleur demander, et si la société n'anul besoin de son travail,n'aaucun droit de réclamerlamoindrepart denourritureet, enréalité,il est de trop. Augrand banquetde lanature,il n'yapointdecouvertdisponiblepourlui;elle lui ordonnede s'enaller, et elle ne tardera paselle-mêmeàmettreson ordre à exécution, s'ilnepeutrecourirà lacompassiondequelquesconvivesdubanquet. Siceux-ciseserrentpourluifaireplace,d'autresintrus seprésententaussitôt, qu'ily a desalimentspour tousceux quiarriventremplitla salle denombreuxpostulants.L'ordreetl'harmoniedu festinsonttroublés,l'abondancequi régnaitprécédemmentsechangeendisette, et lajoiedesconvivesestanéantie parlespectaclede lamisèreet de lapénurie quisévissentdans toutes lespartiesde la salle, et par lesclameursimportunesde ceuxqui sont, àjustetitre,furieuxde ne pastrouverlesalimentsqu'onleuravait fait espérer. Aprèscettedeuxièmeédition trèscontroversée,lesversionsultérieu res de l'Essais'attacherontàmodérerquelquepeu cespropos,maistoujours selonla mêmelignedoctrinaire.Denombreuxécritsont tenté derésoudrecette deMalthusetcertainessolutionspragmatiqueset plusoptimistes qu'ilpréconi sait(2). Car, quece soit au fil desdifférenteséditionsdel'Essaisur leprincipe de population ou dans lesPrincipesd'économiepolitique,ouvragepubliéen1820, il
n'estpastoujoursévidentderetrouverchezMalthusune ligne depensée analytiqueclaireet unique. Uneexplicationavancéeest que lesidéesdeMalthus économisteetdémographedevaiententrer enrésonanceaveccellesdeMalthus philosopheetthéologien.En effet, dans lapremièreédition de l'Essai,leprincipe depopulation n'estque lemoyendivin desortirl'hommede saparessenaturelle et de servir lesdesseinsdu Créateur:"Lanécessitéa étéappeléeàjustetitre la mèredel'invention»,écritMalthus.
Nousretiendronsdonc que leprincipedepopulationne signifie pas queMalthusestopposéà lacroissancede lapopulationen soi mais qu'ilcraint que celle-cin'entraîneinéluctablementlacroissancede la pauvreté. Les(1)Si Malthus parle de ressources alimentaires, c'est avant tout du système de production dontils'agit.
(2) Fauve-Chamoux (A.), Malthus hier et aujourd'hui,Éditions du CNRS, Paris,1984;Charbit (Y.), "Malthuspopulationniste?Une lecture transdisciplinaire »,Population,vol. 53, n'" 1-2, 1998,p. 113-137. 1 Croissanceéconomiqueet croissancedémographique: théories. situations,politiques17 préconisationsqu'ildonne pour yremédierconsistentpourles classes les plus pauvres àretarderleur entrée en union pour à la foislimiterleurdescendanceet mieuxl'entretenir.Soulignonsd'oreset déjà que pour lepasteurMalthus, ces fameux freinspréventifsdésignentexplicitementle célibat accompagné de la chasteté et non pas lespratiquesanticonceptionnellesinterdites parl'Églisetelles que le coïtinterrompu,l'avortement,et bien entendu toute forme decontracep tion.Lesnéo-malthusiens
Par unglissementde sens, lenéo-malthusianismeaaujourd'huideuxacceptions majeures: ilregronpe,d'unepart, les doctrines quiconsidèrentcomme préju diciable à lacroissanceéconomiquelacroissancede lapopulationet il qualifie, d'autrepart, lespolitiquesou lespratiquesayant comme but lalimitationdes naissances. Avec lacroissancedémographiquesansprécédentdes pays en développement àpartir des années 1960 (3), le spectre de Malthus a resurgi et avec lui les analysesd'obédiencenéo-malthusienneont tenu seules ledevantde la scèneinternationaledurant les décennies 1960 et 1970. Les grandsmodèles démo-économiqueset systémiques du type de ceux issus des travaux du "Club de Rome»(4) ont mis en avant les impacts négatifsd'unecroissancerapidede la population mondiale surl'économieet les ressources naturelles.Selonces modèles, la trappemalthusiennemaintiendraitlapopulationau niveau du minimum desubsistance,tout surpluséconomiqueétant absorbé par la crois sance de la population.Ce type delittératurea fourni les bases
d'unvasteensemblede politiques nationales de planification familiale dans les pays endéveloppement.Appuyés sur des enquêtes, dénommées
"Connaissances,attitudes,pratiques», réalisées auprès despopulationsde ces pays, lesprogrammesmis en place tiraient leur légitimité du résultat universel selon lequel la féconditéobservée étaitsupérieureà celledésirée;end'autrestermes, ilexistait unedemande potentielle decontraception.Plutôt que des politiques de planification familiale, ce sont le plus souvent desprogrammesde limitation des naissances qui ont vu le jour,encouragéspar les Nations unies et diverses fondations et ONG nord-américaines,au cours des années 1960. Les grandes conférences sur la population (Bucarest 1974, Mexico 1984, Le Caire 1994) ont vu lagénéralisa tion despolitiquesnationales de réduction de la fécondité et donc celled'une idéeimpensableau début des années 1960,àsavoirl'interventiond'unÉtatsur
la fécondité de ses citoyens.(3)C'esten elTetpendant la période 1965-1970 que le taux de croissance de la population mondiale sera le
plus important duxx"siècle (2,1(4) Groupe de réflexion créé à la fin des années 1960constituéde chercheurs et de décideurs.Analysantles
interactions entre quelquesvariables-clé(population,croissanceéconomique, ressources naturelles...), son
ambition était de proposer des solutions aux grands problèmes mondiaux. 181Le monde endéveloppement
EsterBoserup
Si lesdénisdesthéoriesnéo-malthusiennesviennentd'horizonsdivers,la constructionintellectuellela pluscomplèteest sansdoute l'oeuvredel'écono mistedanoiseEsterBoserupqui, dansplusieursouvrageset articles,inversele paradigmemalthusien pourfaire de lapopulationuneconditionnécessaireà la croissanceéconomiquedans lesecteuragricole.Ellemontrecommentune populationennombrecroissantexerceunepressionsocialequi setraduit par desressourcesetgéométriquede lapopulation n'apas deraisond'êtrepuisque lapremièreestdéterminéepar laseconde.L'innovation,et donc lapropensionà produiredavantage, estunefonctiondirectedel'effectifde lapopulation.Ester Boserupdonneà ceproposunecorrespondanceentredessystèmesdeculture (cueillette,agricultureitinérante, jachèredesavane...) et desfourchettesdeC'estainsiquel'on
a puobserver,notammentdanscertainesrégionsd'Amériquelatine,une régressiondestechniquesagricolesà lasuite d'unebaissedeseffectifsde la population. C'estdans sonouvrageparuen 1965,Évolutionagraire etpression démographique, denombreusesétudesde cas, dontcelledeJava,enIndonésie.Lepostulatdedépartest
quelespaysansou leschasseurs-cueilleurs sesatisfont d'unetechniqueculturaleou derécolteexistantequi leurpermettede subvenirà leursbesoinsalimentairesdebase.Onpourraitdireenlangagepluséconomiquequ'ilssont
forcémentoptimale(5).Dans par laco-existencedesystèmesdeculturetrèsdifférents,comme l'ontnotéles colonisateurshollandais àpartirde 1799.Alorsque lacharrueestintroduiteàJavadepuisle
systèmesdejachèreforestièreetbuissonnanteétantderigueursur lamajoritédes terres jusqu'audébutduXIX e cours des XIX e jachèrecourte,puis à larécolteannuelleoupluri-annuelleàl'importationdes techniquesvenuesdeHollande.lis ontconcluensuitequel'améliorationdes lapopulationdel'île. EsterBoserup,quantà elle,inversecettechaînecausaleet indique d'abordque lanon-diffusiondanstoutel'îledetechniquesagricolesplus perfectionnéesentrele xeet leXVIIIesièclesnepeutpass'expliquerpardes facteursculturelsquirendraienthermétiqueslescommunicationsau sein del'île.Plussimplement,elle
estguidéepar lecomportementdupaysanqui secontente(5) Bien que sil'onintroduit le risque etl'incertitudeque comporte toute innovation,iln'est pas sûr que ce
type de calcul ne soit pas unoptimum:le coût de "l'erreur»en matière de production destinéeàl'auto-consommationest fort élevé. En outre, la quantité de travail supplémentaire que nécessite une
nouvelle technique culturale peut représenter un obstacle supplémentaire à son adoption. 1 théories, situations, politiques19 de"gratterunpeula terrepourobtenirunenourrituresuffisante ».Finalement,