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1 Explication de texte L'inoculation selon Voltaire Introduction Présentation Un texte présentant une avancée médicale majeure, une première forme de vaccination contre la maladie dite de la petite-vérole. Un texte montrant aussi les réticences exprimées en France à l'égard de cette technique venue d'Angleterre. Auteur François-Marie Arouet, écrivain et philosophe frança is publiant sous le pseudonyme de Voltaire. Jusqu'à la publication du recueil dont est extrait le document, auteur surtout connu pour ses pièces de théâtre OEdipe (1718) et pour ses poèmes, notamment de nature historique La Henriade (1723, poème épique sur le genre de L'Illiade et L'Énéide, racontant le siège de Paris par Henri IV, traçant, au-delà du sujet historique, le portrait du souverain idéal hostile à tout fanatisme). Auteur s'imposant au fil des années comme philosophe, notamment grâce aux Lettres philosophiques. Voltaire appelé à devenir un chef de file du " parti philosophique » incarnant les Lumières françaises. Nature et date Extrait de la lettre XI des Lettres philosophiques de Voltaire. Lettres philosophiques aussi dites Lettres anglaises parce que Voltaire les a écrites pendant et à l'issue de son séjour à Londres (1726-1728), et que toutes portent sur l'Angleterre, d'ailleurs volume initialement titré par Voltaire Lettres écrites de Londres sur les Anglais et autres sujets. 25 lettres qui relèvent finalement du genre de l'essai présenté, comme souvent au 18e siècle, sous une forme épistolaire qui n'est pas sans rappeler, par exemple, celle qu'avait adopter Montesquieu dans les Lettres persanes (1721). Les Lettres de Volta ire cependant ne constituent un échange, même virtuel, entre deux correspondants ; elle n'ont pas non plus de destinataire particulier, même imaginaire. Par ailleurs, il s'agit de lettres ouvertes destinées, dès l'origine, à être publiées sous forme de livre. Ces lettres abordent des sujets variés, art, politique, religion, philosophie et science (4 lettres sur Newton et la Révolution newtonienne manifestant la critique de Voltaire pour le choix fait par les scientifiques français de demeurer fidèles à Des cartes). Sujets que l'on retrouve presque tous (hormis la question de l'art) dans cette seule lettre. Les Lettres philosophiques montrent à quel point le modèle britannique fascine le philosophe et combien il est, plus généralement pour les philosophes des Lumi ères , une source d'inspiration permettant d'envisager le renouveau d'une France considérée com me sclérosée. Les Lettres philosophiques ont été publiées dans toute l'Europe (estimation autour de 20 000 exemplaires, tirage exceptionnel pour l 'époque). Livre condamné par le P arlement de Paris pour ses positions jugées subversives, exemplaire même brulé sur les marches du Palais. Suite à cette publication, lettre de cachet contre Voltaire, qui, pour éviter la prison, se réfugie à Cirey, en Champagne, chez la marquise Émilie du Châtelet. Contexte En France, avec Louis XV, maintien de l'absolutisme, mais de plus en plus contesté par ceux qui, comme Voltaire, compare le régime français avec la monarchie parlementaire britannique assurant une grande liberté d'e xpression. Pour l'histoire des sciences, la Révolution newtonienne pleinement acquise au Royaume-Uni, mais en France e ncore de gra ndes réticences à son égard, et plus généralement par rapport à la science anglaise qu'incarne aussi l'avancée médicale dont il est question dans ce texte. Destinataire Lettres philosophiques destinées à un public lettré, éclairé, intéressé par les idées nouvelles.

2 Problématique : En quoi la lettre de Voltaire portant sur l'inoculation de la petite-vérole montre-t-elle le poids du contexte politique et religieux dans la diffusion des avancées scientifiques, en France et en Angleterre, au XVIIIe siècle ? I. L'histoire d'une découverte : l'inoculation contre la petite-vérole 1. La variole, une maladie redoutable L'objet du texte = une maladie, la " petite-vérole » (mentionnée une dizaine de fois) que l'on appelle aussi variole (maladie éradiquée depuis 1977) pour la distinguer de la grande vérole (maladie sexuellement transmissible que l'on appelle aussi syphilis et qui n'a rien à voir avec la variole) = une maladie d'origine virale (mais cela on le sait pas au XVIIIe siècle !) Une maladie " certaine » l. 3, parce que contagieuse et épidémique, mais dont les effets sont variables, d'où l'expression un mal " incertain » l. 4. Une maladie qui peut être très dangereuse, dont on peut mourir l. 6-7 " Mourir un jour de la petite-vérole ». Tous les milieux sociaux sont touchés par cette maladie, y compris l'élite et les milieux aristocratiques, jusqu'à la famille royale française : en 1711, le Grand Dauphin, fils de Louis XIV, en est mort. Une maladie qui, quand elle ne vous tue pas, vous défigure cf. l. 41 le texte évoque le risque pour les jeunes filles d'y " perdre leur beauté ». Maladie qui provoque un " mouchetage de pustules » (é tymologiquement, variole vient de varus qui, en lat in, signifie pustule et de varius qui signifie tacheté). Différentes formes de varioles provoquant tantôt des pustules sur tout le corps, tantôt uniquement sur le visage, aussi des formes hémorragiques. Mais, quoi qu'il en soit, laiss ant d'importantes c icatrices, des visages qui deme urent " grêlés ». Louis XIV lui-même avait eu, enfant, la petite-vérole, il en avait réchappé, mais conservait des traces sur le visage. Conclusion : Une mala die forcément connue des lecteurs des Lettres philosophiques, une maladie redoutée parce que terriblement épidémique qui cause en Europe chaque année, et dans tous les milieux sociaux, des dizaines de milliers de morts, tandis que les survivants en conservent la trace toute leur vie. 2. L'inoculation, une technique indigène éprouvée Comme en son temps, Voltaire utilise les termes " inoculation » ou " insertion » l. 8 de la petite-vérole, ou encore parle de " petite-vérole artificielle » l. 38, pour parler de ce que nous appelons aujourd'hui vaccination (il ne pe ut utiliser le terme qui est apparu au début du XIXe siècle ; 1801, de vaccine, ma ladie infectieuse de la va che que l'on inocule chez l'humain pour prévenir de la variole justement, voir la conclusion de cette edt). Voltaire rappelle d'abord qu'il s'agit d'une technique éprouvée reposant sur une observation des formes de la maladie et des effets de l'inoculation. Circassiens, peuple du Caucase reproduit une pratique aussi utilisée en Inde et en Chine. L. 9 à 13 " Dès l'âge de six mois », les femmes donnent à leurs enfants la petite-vérole " en leur faisant une incision au bras, et en insérant dans cette incision une pustule prélevée sur le corps d'un autre enfant ». Voltaire, pour rendre la description de la pratique et du phénomène, à la fois facilement compréhensible et en mêm e temps rassurante et séduisante utilise un vocabulaire imagé empreint de valeurs positives. Il utilise ainsi l'image du levain, dont la fermentation permet la fabrication du pain assimilé à la vie (bas e de la nourriture sous l'Ancien Régime) et évoque, l. 13, les " qualités » de la substance vaccinale. Bien que la forme narrative adoptée par Voltaire donne presque le sentiment d'assister au déroulement d'une expérimentation suivant un protocole, bien qu'il introduise une forme de statistique, l.

3 14-15 " Les Circassiens s'aperçurent que sur mille personnes il s'en trouvait à peine une seule qui fût attaquée deux fois d'une petite-vérole bien complète », il est évident qu'il n'y a là qu'une forme de rhétorique dest inée à convaincre le lecte ur. De fait, Voltaire n'entend aucunement tromper le lecteur e n le laissant penser qu'il réa liserait un compte rendu d'expériences auxquelles il aurait personnellement assisté ; la pseudo-statistique qu'il introduit est juste destinée à marquer les esprits. Voltaire montre ensuite que l'inoculation est sans danger, sans effets secondaires non plus et, qu'une fois i noculée, la personne est protégée contre la maladie : l. 17 " jamais on n'a véritablement deux fois cette maladie en sa vie », l. 21 le vacciné " serait quitte de cette maladie pour le reste de ses jours » et " il n'en mourrait pas ». Au pire, l'individu développe ensuite l. 16-17 " trois ou quatre petites véroles légères, mais jamais deux qui soient décidées et dangereuses » et, ne développant plus la maladie qu'a minima, elle ne le " marque » pas, elle ne laisse " aucune impression sur le visage ». Conclusion : Voltaire débute sa démonstrat ion sur l'inoculation en en montrant l'origine traditionnelle. En adoptant un vocabulaire connoté positivem ent et en soulignant que l a méthode est utilis ée l. 9 " de temps immémorial » il contribue à c réer, autour de cette méthode, un contexte rassurant. 3. ... introduite en Angleterre par une femme respectable Voltaire poursuit sa démonstration en expliquant comment les Britanniques en sont venus à connaître ce procédé traditionnel. L'Anglaise Mary Wortley-Montagu (Voltaire écrit madame de Wortley-Montague), (1689-1762), épouse de l'ambassadeur du Royaume-Uni dans l'Empire ottoman, donne, alors qu'ils sont en poste à Constantinople, naissance à un fils. Soucieuse de ne pas exposer l'enfant à la petite-vérole - et ce d'autant qu'elle-même en a elle-même été malade ; elle a conservé un visage marqué à vie -, Madame Wortley prend, contre l'avis de son chapelain, le choix de l'inoculer. L'enfant nous dit Voltaire n'a aucun effet secondaire lié à la vaccination : le fils " s'en trouva à merveille » l. 31. Voltaire ne le précise pas, mais Madame Wortley choisit ensuite de faire vacciner également ses autres enfants. L'évocation de Madame Wortley est l'occasion pour Voltaire, une première fois dans ce texte, de rendre hommage à la gent féminine. Pe ut-être peut-on déjà trouver dans l'e xpression " étant avec son mari en ambassade à Constantinople » l. 28 une reconnaissance implicite du rôle des épouses dans l'exercice des fonctions de leur mari, d'autant plus pour une charge qui est liée à la représentation et à la nécessité de recevoir ? En tout cas, Voltaire rend hommage à l'amour maternel plus fort que les superstitions, les préjugés ou l'obscurantisme de l'Église. Il salue également chez Madame Wortley bon sens et ouverture d'esprit à la nouveauté. Le tout résumé dans l'expression " une des femmes d'Angleterre qui ont le plus d'esprit et le plus de force dans l'esprit » l. 26-28. De fait, Mary Wortley, enfant précoce ayant reçu une bonne éducation, avait été très tôt remarquée par le milieu londonien pour son intelligence. Après sa mort, mais cela Voltaire ne peut le savoir quand il écrit les Lettres philosophiques, elle est aussi reconnue comme écrivaine. 1763 publication postmortem et anonyme de ses souvenirs des années passées en Turquie intitulés Lettres turques. Conclusion : Lorsqu'il évoque le choix de Madame Wortley de faire inoculer son fils suivant la méthode traditionnelle pratiquée par des indigènes de l'Empire Ottoman, Voltaire rend hommage à une femme d'esprit. Pour le philosophe, c'est une occasion, au-delà de l'épisode cité, de louer ceux qui sont capables de passer outre les préjugés et le sentiment de supériorité des Occidentaux qui transparait dans l'expression l. 31 " infidèles » que son chapelain aurait employé pour désigner les Circassiens.

4 II. L'inoculation dans un pays moderne, l'Angleterre 1. L'inoculation, le choix d'une reine " philosophe » C'est grâce au relai d'une autre femme que le choix de Mary Wortley s'est trouvé avoir une portée considérable étendue à l'Angleterre. À son retour au Royaume-Uni, au temps de George Ier, Madame Wortley, qui fréquente la cour, fait part de son expérience à Caroline de Brandebourg-Ansbach, princesse de Galles puisqu'épouse de l'héritier du trône. Voltaire parle d'elle aussi comme reine ce qu'elle est devenue en 1727 à la mort de George Ier et l'accession de George II. La princesse de Galles est d'autant plus sensibilisée à la mort suite à la variole qu'en 1708 son mari et elle ont risqué d'y succomber. Éprise de science et de nouveauté, elle décide de tester le procédé sur des condamnés à mort. L'utilisation des condamnés à mort comme cobayes humains n'est pas nouvelle en soi, elle est admise par l'éthique du temps, et ce d'autant plus qu'ici la perspective est bien de les sauver doublement. D'une part, leur participation à l'expérience est le prix à payer pour leur libération (l. 38, " elle les tira de la potence »), d'autre part le succès de la vaccination leur garantit de ne plus risquer d'attraper la maladie (l. 39, " dont ils seraient morts peut-être dans un âge plus avancé »). À la suite de cette expérience, à partir de 1722, la princesse de Galles fait le choix de faire vacciner ses propres enfants. Voltaire ne peut le savoir, mais sur les huit princes, sept ont survécu jusqu'à l'âge adulte. Dans cette lettre, Voltaire montre toute son admiration pour celle qui est, en 1727, lorsqu'il séjournait en Angleterre, devenue reine. Une deuxième fois, il loue donc ici les qualités d'une femme, dont certaines similaires à celles de Madame Wortley : une mère soucieuse de ses enfants et une femme d'esprit. Mais voltaire va pl us loin dans l'hommage dès lors qu'il reconnaît dans la reine une " princesse née pour encourager tous les arts et pour faire le bien aux hommes » l. 33-34, " philosophe aimable sur le trône » l. 34, qui " n'a jamais perdu ni l'occasion de s'instruire, ni une occasion d'exercer sa générosité » l. 35. De fait, la princesse de Galles, qui a reçu en Allemagne une très bonne éducation et instruction, est au Royaume-Uni réputée pour sa culture : elle lit avec avidité, a constitué avec son époux une immense bibliothèque et est connue pour son encouragement a ux lettres, aux a rts et aux s cie nces, notamment pour ses relations et son soutien à Newton. 2. Les prémisses de la vaccination au Royaume-Uni Comme vacciner n'expose finalement l'enfant qu'à avoir " un peu de mal » l. 6, la technique a remporté, suivant Voltaire, un franc succès au Royaume-Uni : l. 2-3 " Les Anglais [...] donnent la petite-vérole à leurs enfants pour les empêcher de l'avoir », ils la " communiquent de gaieté de coeur à ces enfants » ou l. 40 " l'Angleterre suivit son exemple ». En réalité, le terme " les Anglais » ou la métonymie " l'Angleterre », relèvent de l'hyperbol e qui peut laisser, abusivement, percevoir un unanimisme. À la fin des années 1820, au début des années 1830, la vaccination n'est devenue courante que dans certaines familles aisées. D'ailleurs, Voltaire tempère implicitement son propos lorsqu'il évoque le chiffre de 10 000 enfants qui auraient été vaccinés et qui, concluent-ils, lui doivent " doivent ainsi la vie » l. 41. Finalement est-ce aussi le fait que l'on ne vaccine que dans certaines couches de la société qu'il faut lire derrière l'utilisation du terme " enfants de famille », sous-entendu enfants de bonnes familles, autrement dit les enfants d'une l'élite ? D'autres sources montre l'inoculation profondément inscrite socialement en Anglet erre. Cf. la lettre de Claude Amyand da tée de 1723 sur " L'inoculation de la variole en Angleterre ». Cette lettre permet de souligner le fait que des médecins anglais se sont intéressés à cette technique, l. 21-22 " a fait un grand nombre de prosélytes » e t qu'elle a été relayé e par les institutions sc ientifiques britanniques (il est

5 question d'un recueil réalisé à ce sujet par un médecin secrétaire de la Royal Society et de sa publication dans les Philosophical Transactions). De fait, de grands personnages influents dans le monde scientifique britannique ont soutenu la pratique, comme Sloane, président de l'Académie des sciences (1727-1741) dont le nom est bien cité parmi d'autres dans la lettre de Claude Amyand (l. 49). Conclusion : Voltaire est finalement ambigu quant à la portée réelle du phé nomène en Angleterre. Le lecteur qui le lit rapidement peut avoir le sentiment que l'inoculation y est devenue une pratique c ourante. Il y a certainement de la part du philosophe un usage rhétorique de l'ambiguïté destinée à servir une démonstration plus large sur la modernité de l'Angleterre. 3. ... témoignent de la modernité de la société britannique En introduction de sa lettre, Voltaire conduisait le lecteur à juger " laquelle des deux nations a raison ». Bien qu'il n'emploie pas le " je », Voltaire clairement prend parti. Sa démonstration, implacable, ne peut que , au minimum , semer le trouble dans l'esprit du lecteur et, plus probablement, le conduire à répondre que les Britanniques, comme Voltaire le pense, ont raison. l. 4-5 Le s Anglais disent : " les autres Europée ns sont des lâches et des dénaturés ». On comprend bien que Voltaire, en citant ce propos qui résumerait l'opinion de l'élite éduquée britannique, s'y associe pleinement parce que la suite de sa démonstration confirme sa pleine adhésion au choix de l'inoculation. Pour Voltaire, dont la lettre XI n'est pas pensée pour être lue seule parce qu'elle s'inscrit dans l'ensemble plus vaste des Lettres philosophies, l'exemple de l'inoculation vient appuyer une démonstration de plus grande envergure : le Royaume-Uni est un pays dont la population bénéficie, à tous les égards, de la liberté de pensée et de l'avancée des sciences soutenu par le pouvoir. Conclusion : Le choix de l'inoculation est, aux yeux de Voltaire, le reflet de la modernité britannique. En parallèle de l'éloge du choix britannique, Voltaire dresse un plaidoyer contre les choix effectués en France, notamment sous l'effet du poids de l'Église. III. L'appel d'un philosophe à la raison 1. Des Églises obscurantistes, frein au progrès Dans toutes le s étapes de sa dém onstration, Voltai re incrimine l'Église qu'i l présent e clairement comme un frein au progrès. Dès le début du texte, il introduit son propos en laissant implicitement entendre que la place de la religion est responsable de la réticence à la vaccination : l. 1 " On dit dans l'Europe chrétienne que les Anglais sont des fous et des enragés... ». En précisant " dans l'Europe chrétienne », il fait bien de la religion le moteur du refus des Européens. Derrière les agissements des fidèles, ce sont les Églises chrétiennes (Églises prises ici au sens d'institutions) que dénonce Voltaire, Égl ises du continent, autrement dit catholique ou relevant des différentes forme s de protest antismes. Voltaire ne précise pas l'origi ne de l'opposition des Églises que l'on peut néanmoins simplement reconstitué : le choix de Dieu est l'argument ava ncé, Dieu choisit le m oment et la manière pour chacune de mouri r, l'homme n'a pas à choisir à la place de Dieu. Ce positionnement est confortée par l'analyse de Claude Amyand, l. 39-40, le théologie n Massey a prêché que cet te pratique était " diabolique ». Dès lors qu'aux yeux de Voltaire l'Église ne voit dans la vaccination qu'une

6 sorte de refus d'obéissance à Dieu et donc au dogme, ne faut-il pas lire " hérétiques » derrière " fous » et " enragés » ? Si le clergé séculier en contact avec les fidèles est visé, les réguliers catholiques sont aussi critiqués lorsque Voltaire, avec une certaine forme de mépris et de condescendance, évoque " quelque bénédictin » appe lé à s'e mparer de la question de l'origine de la prati que de l'inoculation. Selon lui, le jour où des religieux s'intéresseront à la question, ce ne sera pas pour défendre le principe de la vaccination, mais bien pour faire un travail soi-disant d'érudits recherchant dans l'histoire l'origi ne d'une pratique, soit-elle considérée par eux comme malsaine. On peut a ussi lire derrière cette criti que de Voltaire une image des religie ux n'apportant rien d'utile à la société, ne rendant, contrairement à la science, aucun service. Par ailleurs, et bien que Voltaire dans d'autres écrits sur le Royaume-Uni soit plutôt moins négatif à propos de l'Église anglicane que lorsqu'il parle de l'Église catholique (Lettre V des Lettres philosophiques consacrée à l'Église anglicane), il ne manque pas de souligner, ici, que le chapelain de Madame Wortley (si son mari occupe une haute fonction d'ambassadeur, le couple relève nécessairement de l'anglicanisme) se montre hostile à la vaccination. L. 29-30 " Son chapelain eût beau lui dire que cette expérience n'était pas chrétienne et ne pouvait réussir que chez des infidèles... ». Le type de formulation adoptée par Voltaire montre, et l'insistance du religieux, et sa capacit é à n'apporter aucun argument valabl e si ce n'est d'opposer la foi à la raison qui motive Madame Wortley. L'opposition de certains clercs anglicans est confirmée par la lettre de Claude Amyand l. 39-40 " Le théologien Massey a prêché que cette pratique était diabolique, etc. ». Mais, contrairement à Voltaire, la lettre de Claude Amyand montre aussi que d'autres grands personnages de l'Église anglicane ont eux soutenu l'inoculation, cas de l'évêque de Salisbury qui a fait inoculer son fils cité l. 41. Ceci, Voltaire le passe sous silence. Conclusion : Dans les appréciations distillées par Voltaire sur l'attitude des Églises à l'égard de l'inoculation, on retrouve dans cette lettre une caractéristique de sa pensée. Au fil de ses écrits, Voltaire s'affirme comme un philosophe déiste, pensant qu'il existe un Dieu universel. Il confirme aussi sa méfiance à l'égard du clergé qu'il pense inutile parce que le fidèle doit pouvoir communiquer directement avec Dieu. Il n'a alors de cesse de le présenter comme un frein au progrès de la société. 2. Les Français, des " lâches et des dénaturés » En France, nous dit Voltaire, on parle de l'inoculation " avec tant d'effroi » l. 8. De fait, malgré l'intérêt initialement manifesté par le Régent, ou encore par des médecins français comme le montre la lettre de Claude Amyand datant de 1723, l'inoculation n'y est pas admise à l'époque où Voltaire écrit. Louis XV lui-même se méfiait de la technique. Dès lors, au début des années 1830, en France, on accuserait encore les Anglais d'être des irresponsables, d'être des " fous » et des " enragés ». À lire Voltaire, on comprend très bien qu'il n'adhère pas à la position des " Français », là encore terme hyperboli ques derrière lequel i l faut lire l'élite française susceptibl e de l'exprimer et sans doute notamment un certain nombre de clercs. Finalement, dans le début du texte l. 1-8, il utilise une figure de style qui rappelle la prosopopée : il rapporte soi-disant les paroles des Anglais pour dire ce que lui, Voltaire, pense de l'attitude des Français hostiles à l'inoculation. De même, derrière la critique qu'il place cette fois dans la bouche des Anglais, l. 5 " les autres Européens sont des lâches et des dénaturés », c'est bien le point de vue, provocateur, de Voltaire qu'il faut lire. Pour Voltaire, les Français refusant l'inoculation sont des lâches parce qu'ils expriment une stupide sensiblerie motivée par le souci de ne pas vouloir faire mal à leurs enfants au moment de " l'insertion ». Ils sont auss i, à ses yeux, des coupables parce qu'ils prennent la

7 responsabilité de voir leur progéniture mourir de petite-vérole. Derrière le terme " dénaturés » on ne peut voir l'idée de droit à la vie qui est formulée plus tard par les philosophes de la philosophie du droit naturel, mais en revanche très certainement l'idée de l'existence d'une loi naturelle, l'idée que la vie humaine est tout autant réglée par la nature que le reste de la vie sur terre . Par conséquent le s parents huma ins doivent naturellement comme les parents animaux protégés leurs petits. N'obéissant pas à cette loi naturelle, n'obéissant pas non plus à la raison, ces parents préfèrent s'en remettre à des " on dit » et prendre le risque de perdre leur enfant. 3. Le philosophe, un phare de la société La position de Voltaire par rapport à l'inoculation est donc sans appel. Pour justifier le sujet de sa lettre, Voltaire l'a introduite en expliquant qu'elle devait permettre de " juger laquelle des nations a raison », l. 7. Voltaire répond clairement : l'Angleterre. Non seule ment il critique ceux qui condamnent l'inoculation, mais encore, et bien qu'il ne soit pas médecin, il se fait porte-parole de cette nouvelle forme moderne de prophylaxie. Dès lors, contrairement à d'autres textes où il se fait à proprement parler passeur de science (par exemple dans les quatre lettres sur Newton anticipant son travail de 1738 d'explication du newtonisme dans les Éléments de la philosophie de Newton), Voltaire choisit ici de relayer une expérience qui relève, de son point de vue, d'une découvert e médicale majeure dont il voudrait que les Français puissent profiter. Ce texte sur la vaccination a, à bien des égards, toute sa place dans le volume des Lettres philosophiques puisque c'est bie n en philosophe que Voltaire réfléchi t, au t ravers de la question de l'inoculation, à la place de l'Église, à son influence, à celle qui doit être donnée à Dieu, à la place aussi de la science dans la société ou encore qu'il défend un droit à la vie comme la responsabilité des parents de tout faire pour sauver le urs e nfants. Par son positionnement, il affirme aussi dans ce text e la responsabilité de l'intell ectuel et du philosophe à dénoncer et à informer pour faire changer les comportements. Conclusion Ton et style Clair et efficace, comme celui de toutes les Lettres philosophiques destinées, dans un format court, celui de la l ettre, à donner, avec des terme s simples, le point de vue positif du philosophe sur la société britannique et, en creux, à critiquer la société française. Portée historique Pas de réelle portée historique concernant précisément la question de l'inoculation qui n'est pas plus pratiquée en France après cette publication, qui continue de suscuter les plus plus vives réticences. Mais, en revanche, effet certain de l'ensemble des Lettres qui contribuent, avec d'autres écrits philosophiques, au bouillonnement des Lumières. Danger de ce type de publication bien ressenti par l es autorité s puisque Lettres philosophiques interdites et exemplaires détruits. Portée historiographique Réflexion ici pas seulement sur cette lettre, mais plus généralement sur celles des Lettres philosophiques qui ont trait au rapport entre science et société : portée importante puisque ces Lettres montrent que la diffusion de la s cience, et plus généra lement des avancées scientifiques d'Outre-Manche, ne se fa it pas se ulement par des s cientifiques (Maupertuis avant Voltaire pour le newtonisme), mais aussi par le biais des philosophes pensant les sociétés comme un tout, et l'état des sciences dans un pays aussi comm e le reflet de la possibilité d'y penser librement.

8 Lacunes et limites Texte qui n'a pas vocation à être un article scientifique sur la technique de l'inoculation, ni même à dresser un tableau plus social des effets de son introduction au Royaume-Uni. Dès lors, très imprécis notamment sur le chiffrage de l'inoculation et sur les milieux concernés. Quoi qu'il en soit, Voltaire, par les formulations adoptées, incite le lecteur à surestimer la portée du phénomène au Royaum e-Uni. Par ailleurs , ce texte ne dit pas ce qui renda it l'inoculation inquiétante, le fait que, pendant un temps, les inoculés étaient contagieux et que, certains, malgré tout, en mourait. Ces inconvénients cependant ne touchaient que 1 à 2 % des inoculés comme le souligne l a lettre de Claude Amyand (sur 182 pers onnes inoculés, 2 seraient mortes, l. 30). Ouverture Qu'en est-il finalement de la technique de l'inoculation en France ? Débat relancé véritablement en France en 1755-1756 à l'instigation de La Condamine et du médecin Tronchin attaché au service du Duc d'Orléans dont les enfants furent inoculés, avec la permission royale. À cette époque pourtant les facultés de médecine et de théologie de Paris se méfient toujours de la variolisation. Changement en 1774, avec l'accession de Louis XVI au trône, le roi et ses deux frères se font inoculer. Choix majeur. Malgré les critiques de certains estimant que le roi met en danger l'avenir de la dynastie, une sorte de mode est lancée en France, comme en Angle terre cinquante ans auparavant , et, de la m ême manière , essentiellement dans les milieux proches de la cour. Technique de l'inoculation évoquée par Voltaire appelée à inspirer d'autres scientifiques à l'issue de la période au programme. Épisode raconté par Vol taire, lien évident a vec le développement par Jenner (1749-1823) d'une nouvelle technique de vaccination contre la variole. Contrairement à la technique employée au début du siècle qui consistait à inoculer à partir d'un humain malade, Jenner, parallèlement à d'autres médecins européens, développe dans une méthode permettant de " vacciner » à partir de la vaccine (une maladie semblable à la variole, mais moins virulente, dont était atteint le bétail, et notamment les vaches et qui pouvait se transmettre notamment aux trayeuses, aux femmes qui trayaient les vaches). Ses expériences de 1796 conduisent à développer, dans les années qui suivent, la vaccination sur tout le continent, y compris en France.

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