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1 avr 2020 · https://www youtube com/watch?v=yjwKHIh4jvU Haut Moyen-Age le développement de la musique profane*, héritée de l'Antiquité 

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Avril 2020 (#4)

Histoire de la Musique

A l'attention des parents d'élèves

L'objet du présent cours est de reconstituer d'une manière assez sommaire et accessible les différentes périodes de l'histoire de la musique, de la préhistoire à nos jours ; il est destiné à tous les élèves des niveaux 1 à 4. En fonction des périodes, ainsi que des sources et des enregistrements disponibles, j'essaierai le plus pos sible d'illustrer mon propos à travers divers liens et images que j'inclurai dans le cours ; n'hésitez pas à cliquer dessus ! Afin que ce travail soit assimilé le plus facilement possible par

les élèves sans tomber dans une " indigestion » de connaissances, je suivrai ici un plan chronologique

retraçant les différentes étapes de l'évolution de la musique au cours de l'Histoire. L'Antiquité, le

Moyen -Age, la Renaissance, l'époque baroque, le classicisme, le romantisme, le modernisme ainsi

que l'époque contemporaine constitueront les différents chapitres de ce cours. En raison du faible

nombre de sources existantes, je laisse volontairement de côté la période préhistorique.

Vous trouverez à la fin du document un glossaire regroupant les définitions des différentes notions

que j'aborderai au fil du cours ; les termes qui y seront définis seront suivis du symbole * dans le

cours. II - Le Moyen-Age Au II e siècle, l'Empire romain est à son apogée. Les territoires qu'il englobe représentent une zone immense : de l'Angleterre à la Turquie, en passant par le Maghreb et l'Allemagne. Cette extension géographique est souvent considérée comme la cause principale de la chute de la

civilisation romaine : une trop grande distance séparant Rome d'un certain nombre de ses provinces

rend l'administration et la défense de ces régions compliquées. Or, entre le IV e et le V e siècle, des

peuples entiers venus d'Europe du Nord et d'Asie centrale migrent au sein des frontières de l'Empire

et s'installent durablement dans certaines régions. Les Wisigoths sont un exemple de ces " invasions

barbares : peuple originaire de l'actuelle Ukraine, ils envahissent puis conquièrent l'Espagne et le sud de la France au V e siècle. Les Francs en sont un autre : peuple germanique, ils envahissent la Gaule et s'y installent durablement. En 476, l'empereur romain Romulus Augustule abdique : on

retient généralement cette date pour parler de la chute de l'empire romain, mais également pour

indiquer la fin de l'Antiquité, et le début du Moyen-Age. 1

Le Haut Moyen-Age (V

e X e siècle) En Europe occidentale, différents royaumes indépendants se constituent au sein des anciennes provinces romaines, comme le royaume des Francs en Gaule, ou le royaume anglo-saxon en Bretagne (Angleterre). Ainsi, au V e siècle, l'unité administrative de l'empire romain s'effondre. Pour autant, une

certaine unité culturelle perdure, notamment par l'intermédiaire du christianisme, devenu religion

officielle de l'Empire romain au I V e siècle. Durant tout le haut Moyen-Age, les monastères sont les principaux lieux de production et de diffusion du savoir. La musique fait déjà partie intégrante de la vie religieuse : le chant rythme les

offices. On parle pour cette période de musique grégorienne*, qui se caractérise avant tout par le

plain-chant » : une musique vocale, a cappella* et monodique*, composée à partir des versets de

la Bible dans sa version latine. Cette musique savante est également accessible au " grand public » :

le plain-chant est pratiqué durant les messes. Les compositions de Saint Ambroise (IV e siècle) font parties des rares manuscrits musicaux à nous être parvenus pour cette période. En 2009, la

Cantate

schola de Budapest a proposé un enregistrement de ces textes 1 Parallèlement à la musique religieuse et savante produite par les moines, on observe durant le

Haut Moyen-Age le développement de la musique profane*, héritée de l'Antiquité gréco-romaine. La

musique profane est essentiellement jouée dans les cours seigneuriales dans le but de distraire les

seigneurs et leur entourage. Durant cette période, les musiciens sont appelés " ménestrels », à ne pas

confondre avec les troubadours que nous retrouverons à partir du X e siècle. En effet, beaucoup d'historiens de la musique pensent que les ménestrels (du latin Ministrelia : serviteur, petit

domestique) n'étaient pas itinérants, comme les troubadours, mais employés par les seigneurs,

qu'ils accompagnaient lors de leurs déplacements. Comme les aèdes grecs, les ménestrels sont avant tout des chanteurs, qui s'accompagnent grâce à plusieurs instruments. Sur cette enluminure 2 , on peut observer deux ménestrels jouant du luth. Mais le luth n'est pas le seul instrument joué dans les cours à cette période : citons également le psaltérion*, ou la trompette. Plusieurs sources semblent indiquer que les ménestrels n'étaient pas uniquement des musiciens, mais également des jongleurs. Pour la musique sacrée comme pour la musique profane du Haut Moyen -Age, très peu de partitions nous sont parvenues. Il semblerait que l'apprentissage de la musique repose avant tout sur une

transmission orale. A ce titre, il est donc difficile de reconstituer avec précision les musiques qui

pouvaient être produites durant cette p

ériode.

1 Cantate schola de Budapest, Ecce quam bonum, Saint Ambroise (IV e siècle), 2009. 2

Source image

: Alphonse X le Sage, " représentation de deux ménestrels» , Cantigas, XIII e siècle, domaine public. 2

Le Bas Moyen-Age (X

e XV e siècle)

Entre le X

e et le XV e , la musique produite au sein des royaumes d'Europe occidentale évolue

considérablement avec l'invention puis le développement d'un système d'écriture musicale. En effet,

les difficultés de mémorisation et de diffusion des mélodies induites par la transmission jusqu'alors

uniquement orale de la musique conduisent à l'émergence d'un codage musical, qui va permettre de

conserver une trace écrite : c'est la naissance des premières partitions. Les moines, qui comptent à

l'époque parmi les rares personnes à savoir lire et écrire, se mettent à composer les chants religieux

sur des parchemins. 3

Dès la fin du IX

e siècle, la notation neumatique apparaît ; elle reprend le même principe que la notation grecque. Les neumes sont les signes placés au-dessus de chacune des syllabes du chant : chacun de ces symboles donne des indications sur l'accentuation et sur le sens de la mélodie. Même si cette notation constitue une avancée majeure dans

l'histoire de la musique, elle présente une limite : elle ne transcrit pas précisément la hauteur des

notes, hauteur laissée donc à la libre interprétation du chanteur. 3

Source image

: Notation neumatique du IX e siècle, domaine public, https://fr.wikipedia.org/wiki/Neume#/media/Fichier:Neume2.jpg, consulté le 15/04/2020. 4

Entre le X

e et le XII e siècle, l'écriture musicale se codifie. Afin de rendre compte de la hauteur des notes, on écrit d'abord sur une ligne, puis deux jusqu'à adopter au XII e siècle une portée à quatre lignes. Cette invention de la portée est déterminante : elle permet de retranscrire précisément les mélodies composées en indiquant la hauteur des notes, mais aussi leur durée. Cette invention s'accompagne également du développement d'un système théorique : vers 1030, le moine Guido d'Arezzo donne un nom à chacune des notes qui composent les chants, en reprenant les syllabes initiales d'un hymne à Saint Jean-Baptiste. C'est la naissance de notre gamme moderne : do-ré-mi-fa-sol-la-si.

L'enregistrement de cet hymne du X

e siècle interprété par Joan Anton Mateu permet de se faire une idée de la musique produite durant cette période :

L'apparition puis le développement d'un système d'écriture musicale assez complet entre le X

e et le XII e siècle permet, dès le début du XIII e siècle, l'apparition de la polyphonie*. En effet, l'écriture

précise de la hauteur des notes et de leur durée rend possible la réalisation d'une musique à plusieurs

voix : dès lors, plusieurs chanteurs ou musiciens peuvent chanter ou jouer en même temps plusieurs mélodies différentes. Le bel enregistrement proposé par l'ensemble

Organum permet de se rendre

compte de la pratique de la polyphonie au Moyen -Age 5 La polyphonie apparaît également dans la musique profane, musique portée pour le Bas Moyen -Age par les troubadours (sud de la France) et les trouvères (nord de la France). Cette musique, vocale et instrumentale, est chantée dans la langue du peuple. Les chansons profanes abordent différents thèmes : l'amour courtois d'une part, avec la mise en musique de poèmes décrivant la façon

d'aimer avec courtoisie, respect et honnêteté sa ou son partenaire, mais aussi les récits de combats

mythiques avec les " chansons de geste ». Deux enregistrements nous permettent d'apprécier ces deux

styles la pastourelle du XIII e siècle de Thibaut de Champagne 6 https://www.youtube.com/watch?v=qjPZRfooRQA ; la chanson de Guillaume du XIII e 7 : https://www.youtube.com/watch?v=jQQRe3NK_C8. 4

Source image

: Partition du Moyen-Age, Helsinki University Library, domaine public. 5

Organum, Polyphonie Aquitaine, 2016.

6 Thibaut de Champagne, " L'autrier par la matiné » (XIII e siècle), Ensemble Alla Francesca, 2014. 7

Anonyme, "

La chanson de Guillaume » (XIII

e siècle), Diabolus in musica, 2011.

Glossaire :

A cappella : musique vocale exécutée sans accompagnement instrumental.

Chant grégorien : Au VI

e siècle, le pape Grégoire le grand (540-604) réorganise et harmonise les rites religieux au sein de la Chrétienté : il impose un recueil de chants sélectionnés destiné à toutes les différentes fêtes de l'année religieuse.

Monodie : musique à une seule voix (" voix » désigne une partie vocale ou instrumentale). Cette

voix

» ou "

mélodie » peut être produite par plusieurs voix ou instruments chantant ou jouant ensemble à l'unisson. Musique profane : La musique profane regroupe tous les genres musicaux qui ne sont pas associés aux pratiques religieuses. Vocale ou instrumentale, la musique profane est donc le contraire de la musique religieuse. Polyphonie : La polyphonie est un type de composition dans lequel plusieurs mélodies ou parties musicales sont chantées ou jouées en même temps. C'est donc l'inverse de la monodie. Psaltérion : instrument de musique à cordes qui apparaît au Moyen -Age : il est constitué d'une série de cordes fixées sur une caisse de résonance plate ; les cordes sont pincées avec les doigts, ou avec un plectre (ancêtre du médiator). Le psaltérion est une évolution de la cithare et est probablement l'ancêtre du clavecin, par l'adaptation sur l'instrument d'un clavier, invention qui date du XIV e siècle 8 8

Source image

: Servinius Boetius, " Manière de tenir un psaltérion », De Arythmetica, De Musica, XIV e siècle, domaine public.quotesdbs_dbs47.pdfusesText_47