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Le jeune Baudelaire manifeste tôt un goût pour les arts ; Aupick ne court qu' après les ors et les médailles L'orage couve Les années de formation Le bachelier



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Le jeune Baudelaire manifeste tôt un goût pour les arts ; Aupick ne court qu' après les ors et les médailles L'orage couve Les années de formation Le bachelier



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1. Histoires de famille

2. Les années de formation

3. La naissance d'un écrivain

4. Le parfum du scandale

5.Les dernières années ou la maturité poétique

" Il y a bien longtemps que je dis que le poète est souverainement intelligent, qu'il est l'intelligence par excellence, - et que l'imagination est la

» C'est ainsi qu'en avril 1856, Baudelaire se décrivait dans une lettre adressée à Alphonse Toussenel.

Cet autoportrait en creux résume ce qu'a été Baudelaire : un poète maudit, dont le génie visionnaire ne fut jamais reconnu de son

vivant.

Histoires de famille

" Ma chère mère, ma bonne maman, je ne sais que te dire, et j'ai toutes sortes de choses à te dire.

1

» C'est ainsi que Baudelaire

commence une de ses nombreuses lettres à sa mère. Cette amorce épistolaire peut à elle seule résumer ce que furent les relations

Baudelaire à sa mère et noircit les rapports entre le poète et son beau-père, M. Aupick. La mythologie familiale doit faire place, en

réalité, à une histoire plus banale.

Le père de Baudelaire, des ordres au pinceau

De son père, Baudelaire tient son goût des arts ainsi que son esprit libre et affranchi, voire anticonformiste. Mort alors que

Baudelaire n'était qu'un enfant, il a laissé une forte trace dans l'esprit du poète. Son portrait peint par Jean-Baptiste Regnault, de

déménagement en déménagement, ne quittera jamais Baudelaire.

Ce père, Joseph-François, était issu de la petite bourgeoisie terrienne. On sait relativement peu de chose sur son existence,

sinon qu'il fut élève au collège de Sainte-Menehoulde, puis séminariste au collège Sainte-Barbe. Il est ordonné prêtre en 1784

avant d'entrer comme précepteur chez le duc de Choiseul-Praslin. Son goût pour les arts et les cercles intellectuels le conduit à

fréquenter Condorcet ou Cabanis. Très vite, en 1793, Joseph-François Baudelaire renonce à la prêtrise et épouse en 1797 Jeanne

aîné, entretiendra des relations houleuses avec lui. Il entend dans un premier temps le protéger, puis rompt ensuite avec lui tant un

profond désaccord sur leurs modes de vie respectifs les sépare.

Si le père de Baudelaire quitte les ordres, c'est aussi pour se consacrer à la peinture : il devient peintre amateur, après avoir exercé

sous l'Empire la charge de " secrétaire de la Commission administrative et contrôleur des dépenses du Sénat », puis celle de " chef

des bureaux de la préture », pour laquelle il dispose d'un appartement situé dans les jardins du Luxembourg. Il peint essentiellement

à la gouache et côtoie des artistes comme Prud'hon, Ramey ou encore Naigeon.

Bien qu'ayant hérité de ce goût pour les arts, Baudelaire n'a pas pour autant idéalisé les talents de son père ; dans une lettre adressée

à sa mère, il n'hésite pas à écrire, lucide : " 2 » Les oeuvres paternelles ont donc davantage une valeur sentimentale et morale qu'artistique.

Joseph-François Baudelaire perd sa femme en 1814, prend sa retraite deux ans plus tard et épouse le 9 septembre 1819 une jeune

femme, qu'il a connue enfant, prénommée Caroline Dufaÿs, orpheline de père et de mère. De cette union naît le 9 avril 1821 le petit

1 Lettre du 16 juillet 1839.

2 Lettre du 30 décembre 1857 à sa mère.

Biographie de Baudelaire

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Charles, baptisé le 7 juin 1821 en l'église de Saint-Sulpice. Ses parrain et marraine sont Pierre Pérignon, tuteur de Joseph-François,

et son épouse.

En février 1827, alors que Baudelaire n'a que 6 ans, Joseph-François meurt. Le jeune Baudelaire pleure ce père chéri et son souvenir

va le hanter durant toute son existence. Cette mort prématurée l'a-t-il traumatisé jusqu'à devenir " »

selon les mots de Nerval ? Rien ne permet d'aller aussi loin... Tout le reste est littérature. En tout cas, si le petit Baudelaire a

regretté son père, la mère du poète fait, elle, son deuil bien plus vite...

L'énigme maternelle

vénérait sa mère et qu'elle lui vouait en échange un amour passionnel et possessif. Ces vues sont sans doute excessives.

Caroline Dufaÿs est vite orpheline. Elle épouse Joseph-François Baudelaire, puis se remarie en novembre 1828, au terme d'un

deuil écourté. Elle choisit un homme d'un tout autre genre, un jeune et brillant militaire, à l'ambition dévorante : le commandant

Aupick.

Tout oppose le père de Baudelaire et ce second mari. Le premier avait l'âme artiste et anticonformiste ; le second entend gravir

les échelons de la hiérarchie sociale, goûte les honneurs et la reconnaissance publique. Aupick est un opportuniste, sans foi ni

convictions profondes, il change d'opinions politiques et de discours au gré des régi mes. D'abord royaliste, il soutient ensuite Napoléon durant les Cent Jours.

des Canuts à Lyon l'année suivante. Dès 1836, Aupick, encore jeune, est nommé chef d'état-major de la 1

re division militaire ; en

1841, il commande l'Ecole d'état-major.

La mère de Baudelaire épouse donc en secondes noces un homme de son âge, séduisant et arriviste. La haine de Baudelaire pour

son beau-père aurait été immédiate, ce second mariage aurait été perçu par l'enfant comme une trahison. Dans Les Fleurs du Mal,

et plus précisément dans le poème intitulé " La servante au grand coeur... », Baudelaire écrit sur cette période : " Les morts, les

» L'allusion est à peine voilée, le poète semble reprocher à sa mère son peu d'attachement

à la mémoire de son premier époux.

et son beau-père est sinon amicale, du moins cordiale. Le poète le nomme en effet souvent " mon ami » ou " mon ami de coeur »,

En tout cas, une chose est sûre : rien ne rapproche les deux hommes. Le jeune Baudelaire manifeste tôt un goût pour les arts ;

Aupick ne court qu'après les ors et les médailles. L'orage couve.

Les années de formation

Le bachelier

Aupick est nommé à Lyon en 1831, et chargé de réprimer la révolte des Canuts. Baudelaire et sa mère suivent. Le jeune homme

est envoyé dans la pension Delorme, dont il garde un souvenir exécrable, mêlé de dégoût et de haine.

Il entre ensuite au Collège royal, lieu qu'il apprécie davantage. Baudelaire est un brillant sujet : il remporte prix et récompenses et

des études parisiennes du poète est moins glorieuse : il obtient son baccalauréat à 18 ans et, malgré des moyens jugés remarquables,

il ne se distingue en rien par ses résultats.

Etudes baudelairiennes : l'appel de la lyre

carrière. Dans un premier temps, en août 1839, Baudelaire s'inscrit à l'Ecole de droit ; il y passe deux années, sans grande conviction.

vivement le projet. Son beau-père dira en 1868 que cette annonce a été pour lui une déception et un désenchantement profonds.

Dans le poème " Bénédiction », texte-seuil des

Fleurs du Mal

, le poète peint une "

Malgré la désapprobation familiale, Baudelaire n'abandonne pas son projet littéraire. Il rencontre des auteurs déjà reconnus comme

Nerval ou Balzac, mais aussi le romancier réaliste Duranty. A la pension Bailly, transformée en cercle littéraire, il côtoie de jeunes

provinciaux que la plume démange : Prarond, Chenevières ou encore Dozon. Il connaît ses premières aventures charnelles et

sexuelles avec une jeune prostituée, une dénommée Sarah. Baudelaire ne cache pas son goût "

3

» ; sa

famille s'inquiète de ces fréquentations douteuses et décide de réagir.

3 Beaudelaire, Mon coeur mis à nu, 1887

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L'exil forcé

Un conseil de famille se réunit et rend son verdict : le jeune Baudelaire sera éloigné de Paris. Le 9 juin 1841, il embarque sur un

navire, le Paquebot-des-mers-du-sud, qui se dirige vers l'île Maurice. Le but ? L'écarter, comme l'écrit son demi-frère, de la " fange »

qui l'entoure.

rentrer à Paris en 1842, Baudelaire voyage et engrange des souvenirs exotiques. On les retrouvera dans les vers des Fleurs du Mal,

dans des poèmes comme " A une dame créole » ou " La Vie antérieure ».

Sur l'île Maurice, il est hébergé par des colons, les Autard de Bragard. La maîtresse de maison sera la première lectrice de Baudelaire,

qui rédigera en pensant à elle le sonnet " A une dame créole ». Elle meurt avant de voir paraître le recueil de son protégé.

En février 1842, après avoir séjourné à l'île Bourbon, Baudelaire débarque à Bordeaux et fait immédiatement savoir à sa famille

demande comment occuper et contenir le jeune homme au tempérament ardent et envisage de le priver de l'héritage paternel.

Baudelaire rencontre Théophile Gautier et n'entend pas renoncer à sa carrière littéraire. Sa famille espère un temps que Charles

homme riche et indépendant.

Baudelaire s'installe dans l'île Saint-Louis, ne cesse de faire des rencontres littéraires (Nadar, Le Vavasseur, Asselineau) et achète

des copies de toiles de maîtres à Arondel, un brocanteur installé à l'hôtel Pimodan. Il dépense beaucoup et s'endette. Sa famille

s'inquiète de voir le jeune homme dilapider sa fortune.

En dandy, Baudelaire a des goûts de luxe : il ne veut porter que des pantalons coupés selon ses voeux, arbore un habit noir en queue

prestige. En avril 1843, il habite au rez-de-chaussée de la rue Vaneau ; en octobre, il est au 17, quai d'Anjou.

Ces dépenses somptuaires sont jugées outrancières par ses proches, qui convoquent un conseil judiciaire pour tenter de sauver ce

qu'il reste de la fortune du jeune Charles.

L'humiliation de la mise sous tutelle

Le 21 septembre 1844, Ancelle est nommé pour gérer les comptes de Baudelaire, redevenu mineur, et assurer sa tutelle. Le poète

Baudelaire vit cette mise sous tutelle comme une humiliation, il supplie sa mère de renoncer à ce projet, entend dans une lettre

non datée lui montrer combien elle " a tort », mais rien n'y fait, Baudelaire est jugé irresponsable.

Très abattu, il fait en juin 1845 une tentative de suicide. Il semble que le jeune poète n'ait jamais songé à se donner vraiment la mort

c'est plutôt un appel au secours qu'il lance, d'autant qu'à la même époque, il contracte une syphilis qui ne sera jamais vraiment

vaincue. Baudelaire a le sentiment d'être doublement trahi : par sa famille et par les femmes.

La tentation de l'écriture

L'existence quotidienne de Baudelaire est donc rude et douloureuse. Les relations familiales le laissent isolé. Mais le poète peut

compter sur ses amis de l'Ecole normande : Prarond, Le Vavasseur, Chennevières, Dozon ou encore Buisson. Ensemble, ils veulent

écrire et devenir célèbres. Les premières productions littéraires de Baudelaire datent de cette période.

Les jeunes amis entreprennent de publier, à frais partagés, un recueil de poèmes. Baudelaire donne dans un premier temps quelques

et ses camarades aussi d'ailleurs, de sa supériorité littéraire. C'est à cette période qu'ont été écrites de nombreuses pièces des

Fleurs du Mal

. Baudelaire use aussi d'excitants, s'intéresse aux effets de la drogue sur l'âme pour décupler ses pouvoirs et forces

poétiques. Si la lyre le tente, les planches aussi l'attirent : il participe ainsi à un projet de drame en vers, (1843), qui sera

, ouvrage qui dévoile le goût de Baudelaire pour l'univers de la femme, ses toilettes et son fard.

En plus d'être poète et théâtreux, il signe des articles de presse pour Le Corsaire-Satan et L'Esprit public. Il donne des comptes

rendus, des essais humoristiques, et se fait surtout critique d'art ; il collabore à la rédaction de petits ouvrages satiriques, souvent

malveillants, qui colportent nombre de ragots sur les mondains parisiens ou fustigent méchamment les médiocres auteurs à la

La découverte de la Femme

Baudelaire s'éprend de Jeanne Duval à l'époque où il habite à l'hôtel Pimodan et l'installe rue de la Femme-sans-tête. On ne sait

presque rien sur elle si ce n'est que sa liaison avec Baudelaire fut orageuse, parsemée de ruptures, de heurts et de réconciliations. Le

nom exact de cette femme même nous est inconnu : elle s'appellerait peut-être Jeanne Lemer, mais rien n'est sûr car elle a souvent

changé d'identité pour fuir ses créanciers.

Bestiale, forte et dominatrice, Jeanne Duval est splendide : des cheveux foncés, de grands yeux bruns, des lèvres sensuelles dessinent

le visage de cette femme qui brûle le coeur du poète. Egalement décrite comme dépensière, alcoolique, parfois méchante et sotte,

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elle semble davantage prostituée que muse poétique aux yeux de certains amis de Baudelaire. Sur Jeanne Duval, Baudelaire lui-

de Vénus noire ou de " » dans Les Fleurs du Mal 4 . Dans un article, il écrit encore : " les maîtresses des poètes 5

». Et d'ajouter : " La

bêtise est toujours la conservation de la beauté ; elle éloigne les rides 6

Malgré ces dires, tantôt laudatifs tantôt dévalorisants, une certitude apparaît : le souvenir de Jeanne Duval a hanté toute l'existence

du poète et elle est peut-être la seule femme qui ait réellement compté pour lui, celle qui a su le réconforter dans les moments de

doute. Mme Aupick, la mère de Baudelaire, ne s'y est pas trompée : elle s'attellera à brûler, par jalousie, toutes les lettres de Jeanne

La vocation littéraire tenaillait Baudelaire ; elle ne le quittera plus. Dis-moi qui sont tes Pères et je te dirai qui tu es

Quels sont les maîtres du jeune Baudelaire ? Hugo et les auteurs romantiques tout d'abord. Si le poète était trop jeune pour

des Fleurs du Mal comporte ainsi une dédicace à Gautier : " Au poète impeccable, au parfait magicien ès-lettres françaises ». On ne

saurait être plus explicitement élogieux.

Ce que retient Baudelaire de la poétique de son ami et maître Gautier, ce sont le goût de la perfection formelle et la revendication

Les Salons de 1845 et 1846 : "

trouver du nouveau

Prarond dit que Baudelaire manifesta très tôt " la passion de tous les arts » et s'intéressa autant à la " peinture » qu'à la " ».

Baudelaire se fait d'abord une réputation de critique d'art avant de se forger une renommée d'écrivain.

Ainsi, il rédige des textes critiques, à la suite d'un Diderot, sur les salons de 1845 et 1846 qui se tiennent au Louvre. Que préconise

Baudelaire dans les arts ? Le nouveau et l'original. Dans le Salon de 1845, il se dit avide de " », fait l'éloge de la " couleur » en

peinture. le romantisme par la modernité : "

». Ou encore : "

beau ».

Pour Baudelaire, ce romantisme a un représentant en peinture : Delacroix, jugé le " peintre le plus original des temps anciens et des

temps modernes ». Ces ouvrages connaissent un succès tout juste honorable, non dans les cercles bourgeois, mais dans le cercle

des amis proches de l'auteur. Néanmoins, ils sont fondamentaux : Baudelaire y pose les bases de l'esthétique qu'il va par la suite

mettre en oeuvre. L'appel de la Révolution : la plume ou le drapeau ?

A la grande surprise de son entourage, les événements politiques de 1848 touchent et intéressent Baudelaire. Le voilà prêt, lui

le dandy, à s'engager pour défendre la cause du peuple. Baudelaire se range aux côtés des Républicains. Son ami, Jules Buisson, le

croise sur une barricade avec " un beau fusil à deux coups et une superbe cartouchière de cuir jaune ». Que crie Baudelaire ? "

En effet, promu général de division, le beau-père de l'auteur commandait l'Ecole Polytechnique. L'engagement de Baudelaire ne

saurait seulement s'expliquer par la haine farouche qu'il porte à son beau-père. Il a lu des ouvrages politiques et s'est forgé des

opinions : les idées de Swedenborg, Fourier, Proudhon et leur pensée socialiste le tentent.

Cependant, des années plus tard, dans Mon Coeur mis à nu, Baudelaire confessera qu'aucune conviction politique ne l'animait lors

des journées de 1848, seule l'ivresse révolutionnaire l'attirait. Dans une lettre du 5 mars 1852, il écrit à Ancelle, son tuteur : "

Le 2

4 "Sed non satiata», Les Fleurs du mal, 1857

5 , 1851

6 Choix de maximes consolantes sur l'amour, 1846

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gazettes paraissent et éclosent. Il fonde son journal, Le Salut public

Baudelaire se complique : après avoir ouvertement soutenu des idées progressistes, il poursuit sa carrière de journaliste politique

et est engagé au journal La Tribune nationale, dont la ligne est... conservatrice ! Travail, journal socialiste. Parcours politique sinueux donc !

Pour le comprendre, il faut se référer aux propos mêmes de Baudelaire. Dans Mon Coeur mis à nu, il écrit : " Je n'ai pas de conviction

Sur un plan politique, on ne peut donc pas faire plus ambigu que Baudelaire. Dans la préface à l'ouvrage Chants et chansons du

progressiste » et va jusqu'à fustiger la gratuité de l'art pour

l'art, esthétique pourtant défendue par son ami Gautier et à laquelle il a adhéré... Pour Baudelaire, dans ce texte, le but de la poésie

serait d'exprimer et de servir les aspirations du peuple et d'oeuvrer au bien commun.

Cependant, quelques années plus tard, le poète rendra de nouveau hommage aux parnassiens et à leur quête de la perfection

Sur ces années d'engagement politique, il porte un regard amusé et ironique. Dans Mon Coeur mis à nu, il écrit : "

La défense de Courbet et du réalisme

d'un critique d'art.

expose de nombreuses toiles, qui reçoivent un accueil plus que mitigé. Les Casseurs de pierre ou encore Un enterrement à Ornans

sont fustigés, accusés de rendre un hommage honteux à la " laideur » et à la " ». Courbet entend représenter le vrai et non

le beau : voilà ce qui choque.

le jury de l'Exposition universelle. Le peintre décide de montrer tout de même ses oeuvres au public et ouvre un pavillon nommé

" Le Réalisme » sur l'avenue Montaigne. La toile la plus marquante qu'il expose dans ce pavillon est ; signe de l'amitié qui unit Baudelaire et Courbet, le

poète est représenté sur la droite de la toile, la tête plongée dans un livre de poèmes. Baudelaire fait l'éloge des oeuvres de l'artiste,

même si la doctrine réaliste ne le convainc pas totalement : "

Malgré des divergences fondamentales sur les préceptes et les visées de l'art, Courbet et Baudelaire restent amis : le poète dandy

et le peintre engagé se retrouvent pour discuter esthétique à la brasserie Andler, lieu de rendez-vous des tenants du mouvement

réaliste.

Hommage à deux maîtres : Poe et de Maistre

la réalité et s'intéresser au peuple relève d'une trivialité qu'il ne peut cautionner. L'art doit viser le vrai mais par des moyens

esthétiques plus élevés. Baudelaire se sent en fait plus proche de deux auteurs élitistes : l'Américain Edgar Allan Poe et le Français

Joseph de Maistre. Dans Fusées, Baudelaire dira : " » Que retient-il de ces deux maîtres ?

Avec Joseph de Maistre, il partage un goût pour l'élite, une horreur de la démocratie et une impertinence hautaine. En 1851,

Baudelaire lit les et est sensible à la conception dualiste de l'âme humaine que prône de Maistre. Pour

ce dernier, l'homme est un " centaure monstrueux », profondément marqué par le péché originel, condamné à purger une peine sur

terre pour espérer la rédemption. Si Baudelaire n'adhère pas entièrement à cette théologie chrétienne, il retient de la pensée de

de Maistre le pessimisme noir et la conception de l'homme comme pécheur.

Avec Poe, il partage un mépris du peuple, de la foule grossière des anonymes. Dans sa préface à la traduction des Nouvelles

Histoires extraordinaires, Baudelaire reprend les propres mots du maître américain : "

» Pourquoi ce mépris de la foule, du commun, du vulgaire ? Sans doute parce que Baudelaire se fait une idée si

haute de l'art qu'il ne peut supporter l'idée que la réalité soit dégradée, banalisée par des actes triviaux et quotidiens. Sûr de la

supériorité géniale de l'artiste, il reproche au peuple de ne pouvoir la comprendre et la reconnaître. Dans le Salon de 1846, il écrit

En 1848, paraît dans le premier texte de Poe, traduit et commenté par Baudelaire. Notons que c'est grâce aux

traductions d'une femme, Isabelle Meunier, dès 1847, que Baudelaire a découvert l'oeuvre de Poe.

A partir de 1852 seulement, il consacre du temps et de l'énergie à la vulgarisation des oeuvres de l'écrivain américain.

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Entre 1852 et 1865, le poète traduit la plus grande partie de ses textes en prose : les Histoires extraordinaires puis les Nouvelles

Histoires extraordinaires

connaissent un fort succès en France et contribuent à la notoriété de Poe et à l'enrichissement de

Baudelaire

De Poe, Baudelaire écrit à Théophile Toré : " » Baudelaire

a donc trouvé un double, un véritablealter ego, dont les penchants narcissiques et les malheurs de la vie lui rappellent ses propres

Une lueur dans ce sombre horizon : la rencontre avec Marie Daubrun, une comédienne à la mode, qui fut d'abord la maîtresse

de Banville. Marie joue sur les planches du théâtre de la Porte-Saint-Martin et connaît un vif succès. Cependant, sa liaison avec

Baudelaire ne durera pas : si elle a inspiré quelques poèmes des Fleurs du Mal, comme " L'Invitation au voyage » ou " Causerie », et

qu'elle est sans doute le modèle de , Marie ne fait que passer dans la vie du poète, qui retourne à sa solitude.

Longtemps, Baudelaire a parlé dans ses textes des autres artistes, de la peinture de Delacroix, des dessins de Constantin Guys, de

la musique de Wagner, ou encore des oeuvres de Poe ; son ambition poétique n'a pourtant jamais cessé de l'habiter.

" Ce qui n'est complètement vrai que dans un autre monde »

Chez Baudelaire, la poésie est une vocation, un sacerdoce. Il place ce genre littéraire au sommet de la hiérarchie littéraire. En février

1846, dans ses Conseils aux jeunes littérateurs, il écrit : " » Baudelaire s'impose une

discipline rigoureuse et sévère pour polir ses vers. Pour lui, le sonnet est une forme parfaite mais sa brièveté oblige à la concision,

à la fulgurance. Il travaille donc d'arrache-pied pour parvenir à une perfection formelle. Dans une lettre à sa mère, datée du 5 avril

Contrairement à un Banville ou à un Gautier, l'auteur des Fleurs du Mal n'a pas la plume ou l'inspiration aisée. Pour convertir la "

boue » en " or », il lui faut de longues heures de travail. Le choix de chaque mot est, semble-t-il, un labeur, une épreuve harassante.

En 1855, Fernand Desnoyers lui demande de collaborer à la publication d'un ouvrage collectif sur Fontainebleau et sa forêt.

Baudelaire ne parvient pas à écrire des pièces pastorales qui feraient l'éloge d'une nature grandiose et majestueuse. Il ne s'en cache

nullement en écrivant à Desnoyers : " Mon cher Desnoyers, vous me demandez des vers sur la nature, n'est-ce pas ? Sur les bois, les grands

Aux paysages champêtres, Baudelaire préfère de loin les atmosphères citadines, les paysages urbains grouillant de monde et de

bruits. Il n'entend pas sombrer dans la poésiecliché, qui connaîtrait un succès bon marché. Ses ambitions sont plus hautes, plus

scandaleuse », c'est-à-dire une poésie faite pour étonner, pour surprendre.

L'ébauche des Fleurs du Mal

L'oeuvre phare de Baudelaire, qui allait révolutionner la poésie moderne, ne s'est pas faite rapidement.Tout au long de sa carrière,

Baudelaire a travaillé à l'élaboration, puis à la retouche de cette oeuvre-clé. Le poète commence à écrire très tôt, mais il refuse de

Sa première poésie paraît en 1845, le 25 mai, dans volonté de publier son oeuvre poétique. Dans , on lit : " »,

" Dufaÿs » est le premier pseudonyme que Baudelaire s'est choisi. Nouvel effet d'annonce en 1846 puis en 1847... et rien ne

vient.

Pourtant, à en croire ses amis, nombre de poèmes des Fleurs du Mal étaient prêts dès 1847-1848. " », "

», " Une charogne », " »... Tous ces vers majeurs sont déjà écrits, éventuellement lus dans des cercles

restreints, mais jamais constitués en recueil.

La parenthèse politique de Baudelaire dans les années 1848 retarde encore leur publication. En 1852, après avoir pensé publier

abandonné en 1855 pour faire place à celui que nous connaissons, Certains disent que ce titre n'a pas été trouvé

par le poète lui-même, mais par son ami Hippolyte Babou : quoi qu'il en soit, le recueil est annoncé, sous ce titre, en 1855 dans La

Faire une poésie " scandaleuse »

Baudelaire choisit pour épigraphe de la première édition des Fleurs du Mal des vers du poète chrétien et moralisateur d'Aubigné :

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des numéros, sont classés de manière thématique et témoignent d'une

recherche d'équilibre. Baudelaire entend que les parties sur le spleen et sur l'idéal soient égales.

Dès 1855, le recueil de Baudelaire suscite de vives réactions. La Revue des deux mondes elle-même prend ses distances à l'égard

d'une représentation jugée violente et choquante du Beaudelaire mal. Les réactions sont mitigées : en plein néoclassicisme et en un

temps de conservatisme politique, les poèmes baudelairiens apparaissent violemment anticonformistes et dérangeants. Baudelaire

n'y chante pas les louanges du Progrès, mais parle de l'homme meurtri par le péché originel. Ce ton décalé gêne.

L'édition de 1857

En 1857, c'est dans

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