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O ? MÉTAL lettres

SOMMAIRE

NOUS PARLONS AUJOURD'HUI couramment d'âge d'or

quand nous voulons situer dans le temps le point d'apogée d'une civilisation, d'un mouvement artistique, d'une tech nologie, etc. Or cette notion, issue de l'Antiquité, ne possé dait pas à l'origine une telle dimension historique. C'est une représentation imaginaire de l'humanité des origines : celle-ci est conçue comme physiquement et moralement parfaite et porte pour cette raison le nom du métal le plus précieux. L'âge d'or est un mythe : il fait partie d'un récit étiologique plus large, celui des races, qui explique et justifie l'organisation sociale de la cité. Cependant, un mythe est aussi une structure ouverte, se prêtant à de multiples inter- prétations et reconstructions. De sa première apparition dans la littérature grecque à ses différents réemplois par les Romains, l'âge d'or a ainsi subi au cours des siècles une transformation radicale dont il est intéressant de suivre les différentes étapes pour en faire ressortir les enjeux idéologiques.AUX ORIGINES DE L'ÂGE D'OR : e siècle avant notre ère,

Hésiode. Celui-ci, dans

Les Travaux et les Jours

(v. 106-201) décrit cinq races humaines dont quatre portent le nom d'un métal. La première génération est d'or : elle est située dans un temps indéterminé, sous le règne de Cronos, immédia tement après la création des dieux et des hommes. C'est un âge d'innocence où les mortels cohabitent pacifiquement

avec toutes les autres créatures et les dieux. C'est aussi un âge d'oisiveté où les hommes n'ont pas besoin de peiner et de lutter pour survivre, grâce à une nature généreuse qui leur offre spontanément tout ce dont ils ont besoin. Cet âge jouit surtout d'un bonheur sans mélange, car les hommes qui le composent sont dotés d'un corps et d'un esprit inaccessibles à la dégénérescence et à la corruption. Ils ignorent les maux, la souffrance et même, jusqu'à un certain point, la mort : les hommes s'endorment au terme d'une très longue vie, sans conscience de la fuite du temps.

À cette race idéale, Hésiode oppose celles qui apparurent ensuite : la deuxième est d'argent, inférieure à la première par la force physique comme par l'intelligence. Son enfance et son adolescence fort longues contrastent avec la courte durée de sa vie adulte, consumée par la stupidité, la folie et surtout l'impiété. Elle est suivie d'une troisième, d'airain, d'une vigueur redoutable, impitoyable et qui ne se plait qu'à la guerre. La dernière génération est celle du fer, à laquelle Hésiode se désole d'appartenir. Assujettie aux fatigues et aux misères, cette génération doit travailler dur le jour pour survivre et supporter, la nuit, les tourments envoyés par les dieux. L'avenir immédiat que lui prédit Hésiode est sombre : la lutte de tous contre tous, le départ des vertus et l'anéan tissement final. Entre les âges d'airain et de fer, le poète intercale une race plus hétérogène, celle des héros des cycles des légendes thébaines et troyennes. En dépit de cet ajout, le mythe hésiodique n'a aucune prétention à l'historicité. Il a une dimension hautement morale : il représente l'évolution humaine comme un processus de décadence ininterrompu de génération en génération, symbolisé par le recours, pour dénommer chacune de celles-ci, à une échelle de métaux du plus noble au plus vil. Il oppose un présent peu enviable à un passé idéalisé, à jamais perdu.L'ÂGE D'OR :

MÉTAMORPHOSES

D'UN MYTHE

Par Agnès Molinier Arbo,

professeure de langue et littérature latines

à l'université de Strasbourg

Le mythe de l'âge d'or a subi au cours des siècles d'importantes métamorphoses qui ont permis au récit étiologique originel d'être récupéré par l'idéologie de la monarchie impériale romaine. SOMMAIREL'ÂGE D'OR : MÉTAMORPHOSES D'UN MYTHE 31 Ce récit a durablement marqué la littérature posté rieure : il transparaît par exemple chez Platon pour justi fier, dans

La République

(III, 414b-415e), la répartition de la cité en trois classes inégales : l'or y est associé aux philo- sophes gouvernants, l'argent aux guerriers et l'airain et le fer aux travailleurs manuels. Mais c'est surtout l'âge d'or qui ressurgit épisodiquement dans les textes. Platon décrit encore, dans

Les Lois

(4,713b-714b) ou

Le Politique

(271c-272d), une génération dont les moeurs et le mode de vie possèdent bien des traits de la première race décrite par Hésiode. Cette dernière a également nourri des rêveries géographiques où des terres de confins (surtout des îles) sont décrites comme habitées par des peuples suprêmement heureux : on pense notamment aux îles Fortunées des

Olympiques

de Pindare (2, 77) qui ressemblent singulièrement à celles où, selon

Hésiode (

Les Travaux et les Jours

, 169-173), les héros survi vants des guerres de Thèbes et de Troie vivent paisiblement dans l'abondance, ou encore à la fabuleuse île Panchée de l'

Histoire sacrée

d'Évhémère.

L'ÂGE D'OR DES PREMIERS POÈTES LATINS

Rome se dote relativement tard d'une littérature et celle-ci

est à ses débuts explicitement fille de la Grèce, comme en témoigne entre autres la traduction par Ennius, père de la poésie latine, de l'Histoire sacrée d'Évhémère composée au tournant des 

e et e siècles avant notre ère. Cette oeuvre perdue ne nous est connue que par des témoignages : on ne trouve pas dans les textes latins d'allusions à l'âge d'or avant la première moitié du er siècle avant notre ère. Jean-Paul Brisson établit à juste titre un lien entre leur apparition et la conjoncture historique : il s'agit d'une période particuliè rement troublée pour Rome, puisque la Ville voit éclater les premières guerres civiles qui marquent la transition entre la République et l'Empire. L'épicurien Lucrèce, dans son poème

De la Nature

(V, 925-1010), se plaît à décrire la première race d'hommes, beaucoup plus dure et résistante que les mortels de son époque, et surtout moins insatisfaite. Catulle évoque dans ses Poésies (64, 384-393) l'époque lointaine où les dieux venaient sans réticence se mêler aux hommes décrits comme encore pieux. Ces réminiscences de l'âge d'or hésio dique restent assez fugaces, mais leur nostalgie d'un passé bienheureux laisse peut-être transparaître quelque chose des malheurs du temps.

Lucas Cranach l'Ancien,

L'Âge d'or

e siècle, peinture sur bois, 0,73 1,05 m, Munich (Allemagne), collection de peintures de l'État de Bavière,

Alte Pinakothek.

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O ? MÉTAL lettres

SOMMAIRE

À la fin du

er siècle avant notre ère, après l'assassinat de César qui relance les luttes civiles, ce sentiment se fait plus pressant chez Horace. Dans les

Épodes (16, 23-65), l'âge

de fer n'est plus une simple construction de l'esprit. Il existe bel et bien, et son cadre est la Rome contemporaine, métho- diquement détruite par les concitoyens du poète. En une sorte de fuite hors de l'espace et du temps, il rêve alors de quitter à jamais, avec les meilleurs des Romains, la Ville maudite pour gagner les mythiques îles Fortunées où les âmes pieuses coulent une vie oisive au milieu d'une nature qui leur dispense ses biens sans compter, loin des " siècles durcis par le fer ».

L'ÂGE D'OR DE VIRGILE

Chez Horace, l'âge d'or apparaît comme un songe, un lieu imaginaire où il est possible, grâce à la magie de la poésie, de se réfugier pour échapper à un présent désormais intolérable et à une Rome devenue invivable. Or, la seizième

Épode est à

peu près contemporaine de la quatrième

Bucolique de Virgile,

dont l'optimisme forme un singulier contraste avec l'humeur sombre d'Horace. Dans ce poème, sans doute rédigé pendant une éphémère accalmie des guerres civiles, Virgile, poète- devin inspiré, annonce la venue prochaine d'un enfant : sa naissance marquera le début d'un nouvel âge d'or, qui s'épanouira progressivement au fur et à mesure que l'enfant grandira. Son adolescence gardera ainsi quelque trace du passé, puisque l'humanité continuera de cultiver la terre, de naviguer et de combattre. Mais quand il sera parvenu à l'âge adulte, les hommes jouiront enfin de tous les biens de l'âge d'or, sans avoir à souffrir ni à travailler. Depuis toujours, les commentateurs spéculent beau coup sur l'identité possible de cet enfant et sur les sources d'inspiration de l'écrivain. Virgile a certainement ici croisé le récit hésiodique avec le contenu de recueils oraculaires contemporains marqués par le messianisme juif (les

Oracles

sibyllins ), les croyances néopythagoriciennes et la conception cyclique de l'histoire propre au savoir étrusque. On assiste en tout cas à un renversement radical du mythe, puisque l'âge d'or ne se situe plus dans un lointain passé mais dans un avenir proche ; il ne suscite plus chez l'homme le regret de sa perte irrémédiable, mais une attente sûre d'être rapi dement comblée. L'époque et le lieu de son avènement restent néanmoins encore indéterminés et la prophétie susceptible de se prêter à de multiples interprétations. Le message se fait plus précis dans la deuxième oeuvre de Virgile, Les Géorgiques. Dans le chant I (v. 121-159) de cette ample épopée consacrée à la vie des paysans et au travail des champs, le poète semble de prime abord revenir à une vision plus traditionnelle d'un âge de félicité originaire. Mais l'illusion ne dure pas long temps : la disparition de la première race n'est plus provo quée, comme dans

Les Travaux et les Jours

(v. 42-105), par

le courroux de Jupiter, fâché que Prométhée lui ait dérobé le feu pour l'offrir aux hommes. Le dieu est au contraire représenté comme un père bienveillant, soucieux de ne pas voir les hommes s'endormir dans l'oisiveté et désireux de les voir puiser dans les ressources de leur intelligence pour gagner eux-mêmes leur subsistance. On assiste à un nouveau renversement du mythe hésiodique : la fin de l'âge d'or ne représente plus, pour les hommes, le début de leur déchéance mais, au contraire, le commencement d'une émancipation et d'une grandeur qu'ils devront conquérir au fil des générations, grâce à l'apprentissage des différentes techniques artisanales, et notamment de l'agriculture.

Avant Virgile, Lucrèce, dans le passage mentionné plus haut, avait lui aussi laissé entendre que la fin de l'âge d'or n'avait pas seulement été un mal pour l'homme, car elle avait conduit à la maîtrise de la technologie. Virgile va beau coup plus loin dans

Les Géorgiques

: pour lui, l'âge d'or n'a jamais été cette première génération de mortels qu'il ne se donne guère la peine de décrire. Dans le chant II (136-176 et

458-540), le mythe fait son entrée dans l'histoire : Charles

Guittard montre qu'il n'est plus pensé au passé ou au futur, il existe hic et nunc, dans un espace spatio-temporel clairement défini, l'Italie contemporaine, désignée, de manière significa tive, comme la terre de Saturne. Cette région bénie des dieux est certes décrite comme naturellement généreuse, mais sa grandeur est avant tout le fruit de l'industrie des paysans qui la peuplent. Voilà encore un détournement particulièrement spectaculaire du mythe hésiodique, capable de concilier deux entités présentées originellement comme contraires, le labeur et la félicité humaine. À l'époque où Virgile rédige Les Géorgiques, Octave a stabi- lisé son pouvoir et s'occupe de restaurer physiquement et moralement le monde romain en commençant par son centre de gravité, l'Italie, dont les terres ont été ravagées par les luttes intestines. On demande aux plumes amies du pouvoir, comme Virgile, de se faire les chantres de cette oeuvre de reconstruction. On comprend dès lors pourquoi l'âge d'or devient dans son oeuvre le lieu de la valorisation de la terre ancestrale et de ceux qui la cultivent. La boucle est bouclée dans son dernier poème, Énéide (I, 541-543 et VI,

791-794) : l'âge d'or n'y est plus présidé par Saturne, mais

par Octave lui-même, entre-temps devenu Auguste. C'est le nouvel empereur qui donne à présent des lois à un âge d'or qui ne connaît plus de limites spatio-temporelles, puisque la Rome éternelle s'est dilatée jusqu'aux extrémités de la terre entièrement pacifiée. La métamorphose a été ici portée à son terme : l'âge d'or est désormais le siècle d'Auguste.

L'ÂGE D'OR ET L'IDÉOLOGIE IMPÉRIALE

Sous l'impulsion de Virgile, le mythe étiologique est devenu vecteur idéologique et programme politique de la nouvelle monarchie. Un autre poète contemporain, plus subversif,

Ovide, le souligne malignement : dans ses

Amours (III, 8,

35-44) et ses

Métamorphoses (I, 89-93), il s'empresse de revenir L'ÂGE D'OR : MÉTAMORPHOSES D'UN MYTHE 33SOMMAIRE à une vision plus orthodoxe de l'âge d'or, où la bienheureuse race primordiale n'avait nul besoin d'un prince ou de lois pour vivre en sûreté et en paix. Par la suite, de nombreux princes cherchent à accréditer l'idée que leur règne est un nouvel âge d'or. D'une manière paradoxale mais psychologiquement compréhensible, les époques les plus troublées de l'histoire romaine sont aussi celles qui voient ressurgir le plus fréquemment le mythe de l'âge d'or dans les discours officiels. Ainsi, au crépuscule de l'Empire, quand les Barbares enfoncent les frontières, que règne l'anarchie militaire et que de nombreuses régions échappent au contrôle du pouvoir central, ce dernier continue inlassablement à annoncer, par l'entremise de poètes émules de Virgile - on pense par exemple à Claudien à l'époque de l'empereur Honorius -, la venue prochaine de l'âge d'or. Tous e e siècles de notre ère, un esprit aussi irrévérencieux qu'Ovide, l'auteur anonyme de la série de biographies impériales connue sous le nom d' Histoire Auguste (Vie de Probus, 23, 1-3), ironise ouvertement sur l'avènement programmé d'un nouvel âge d'or qui verrait la soldatesque inculte renoncer à ses armes, vivre en paix avec ses semblables, se consacrer à l'agriculture et, qui sait, même s'initier aux belles lettres

SAVOIR

Brisson Jean-Paul,

Rome et l'âge d'or. Fable ou idéologie

in Poikilia. Études offertes à Jean-Pierre Vernant , Éditions de l'EHESS,

Paris, 1987, p.

123-143.

Brisson Jean-Paul,

Rome et l'âge d'or. De Catulle à Ovide, vie et mort d'un mythe , La Découverte, Paris, 2001.

Evans Rhiannon,

Searching for Paradise: Landscape, Utopia

and Rome

Arethusa

, 36, 3, 2003, p.quotesdbs_dbs44.pdfusesText_44