concentrer et à trouver en lui-même son explication : la personnalité veut de son essai L'existentialisme est un humanisme, mais son défi à de telles critiques
Previous PDF | Next PDF |
[PDF] Lexistentialisme est un humanisme Jean-Paul Sartre
pourquoi j'ai intitulé ce petit exposé : L'existentialisme est un humanisme l' homme de la nature, comme le bourgeois sont astreints à la même définition et
[PDF] Le statut de la liberté dans lexistentialisme, par-delà la - CORE
28 août 2012 · Dans la philosophie existentialiste de Sartre, l'existence précède l'essence constitue pas une définition satisfaisante de ce qu'est la liberté Cet humanisme est absurde, car seuls le chien ou le cheval pourraient porter un
[PDF] LEXISTENTIALISME EST UN HUMANISME JEAN - cloudfrontnet
L'existentialisme est un humanisme est la transcription d'une conférence donnée par Jean-Paul Sartre à Paris en octobre 1945 L'ouvrage se compose de la
[PDF] Lexistentialisme est un humanisme - Le roseau pensant
Interprétation de SØren Kierkegaard : L'angoisse devant l'ampleur de sa responsabilité devant sa propre liberté La liberté est dans l'acte de soumission à Dieu
[PDF] JP Sartre Lexistentialisme est un humanisme 1946
J P Sartre, L'existentialisme est un humanisme, 1946 1 qu'il est, ce qui constitue son identité, ie la définition de son être et donc son essence, semble lui
[PDF] Lexistentialisme est une doctrine optimiste - Ichtus
La suite forme l'explication des doctrines sartriennes, illuminées par un choix de esquisse sa doctrine L'existentialisme est un humanisme, la désignation s'
[PDF] Paul Sartre et lexistentialisme - Thesesfr
concentrer et à trouver en lui-même son explication : la personnalité veut de son essai L'existentialisme est un humanisme, mais son défi à de telles critiques
[PDF] LA CONCEPTION SARTRIENNE DE LA SUBJECTIVITE dans « L
1 Jean Paul Sartre, L'existentialisme est humanisme, Editions Nagel, Paris Kierkegaard , s'abstenir d'une définition du concept d'existence est la marque très
Sartre: philosophie, littérature, politique - Érudit
Dopo una breve disamina de L'existentialisme est un humanisme, utile per richiamare i temi summenzionati, ci siamo posti son propre travail une interprétation centrée sur un ego qui paraît retenir, à l'état implicite, un idéal d' humanité Le
Vues cavalières sur lexistentialisme - Érudit
L'existentialisme est actuellement en France la philosophie «à la mode» : tout le monde abstraite, par définition, par nature, fait abstraction de l'existence et de tous les l'autre un «humanisme# fondé sur un athéisme farouche En France
[PDF] l'existentialisme est un humanisme nombre de pages
[PDF] l'existentialisme est un humanisme pdf
[PDF] l'existentialisme est un humanisme texte intégral
[PDF] l'experience combattant pendant la premiere guerre mondiale
[PDF] l'experience combattant pendant la premiere guerre mondiale intro
[PDF] l'expérience de rutherford feuille d'or corrigé
[PDF] l'expression de la cause exercices corrigés pdf
[PDF] l'extraordinaire culture générale bts
[PDF] l'hérédité définition
[PDF] l'histoire boechout
[PDF] l'histoire d'haiti résumé
[PDF] l'histoire d'o
[PDF] l'histoire de l'algérie résumé
[PDF] l'histoire de l'art pour les nuls pdf
UniversitéParisDescartes
Lecture de l'oeuvre autobiographique de Simone de BeauvoirParJINGZHAO
Thèse de doctorat de Philosophie
Dirigée par le Professeur Yves-Charles Zarka
Présentée et soutenue publiquement le 29 novembre 2014Devant un jury composé de :
Mme. Sylvie Chaperon Professeur, Université Jean-Jaurès, Toulouse M. Christian Godin Maitre de conférences, Université Blaise-Pascal,Clermont-Ferrand
M. Eric Marty, Rapporteur Professeur, Université Paris Diderot M. Charles Ramond, Rapporteur Professeur, Université Paris VIII Vincennes- Saint-Denis M. Yves-Charles Zarka Professeur, Université Paris Descartes 1Résumé :
Cette étude esquisse un réseau dynamique des expériences mélancoliques chez Simone de Beauvoir,
du point de vue de lautobiographie et de la philosophie de lexistence. En transformant en " désir
dexister » la passion inutile de lhomme vers l'Être chez Jean-Paul Sartre, la pensée beauvoirienne se
repose sur la problématique de la morale, lexistence de lindividu concret et séparé du monde, ainsi que
la relation intersubjective. Cependant elle aspire sans cesse à lAbsolu abstrait qui la conduit
inévitablement à la frustration ontologique, qui est une structure inhérente à la mélancolie. Ainsi sétablit
un dialogue permanent dans son oeuvre-vie, que nous ont révélé ses autobiographies, entre désir dexister
et non-désir qui est exprimé par lapathie, la fatigue et le dégoût. Cela nous aide à déterminer lexistence
de la mélancolie chez elle. La tâche est cependant rendue difficile par son ambition de décrire la totalité
de la vie et du monde. De plus, les instants et les sentiments mélancoliques sont dispersés à travers toute
une vie, racontée par lautobiographe qui joue le jeu de lombre-claire. Bien que l'on risque de perdre ce
qui en fait la spécificité et la complexité, la mélancolie nous paraît inaccessible sans la lier à ses
métamorphoses. Cest pourquoi nous effectuons une étude soigneuse de ces autobiographies pour en
suivre les instants et les sentiments : la solitude de lennui adolescent, la mélancolie damour,
limpuissance du sujet politique, le deuil des êtres chers, jusquà langoissedu temps et du vieillissement.
Le premier chapitre tente de dégager une infrastructure philosophique de la mélancolie, qui est la
tension entre désir dexister et non-désir. La recension de la représentation littéraire et de lontologie
phénoménologique de la mélancolie chez Sartre, et les nouveaux apports de Simone de Beauvoir dans
laprès-guerre, nous incitent à discerner une théorie de la mélancolie féminine dans Le Deuxième Sexe.
Étant donné la similitude des expériences vécues entre son projet féministe et son projet autobiographique,
nous cherchons à construire un réseau intertextuel entre son écriture de soi et sa théorie anthropologique
existentielle des femmes, en étudiant nécessairement les romans corrélés. En tenant compte du petit
nombre de pages, notre choix se porte plutôt sur ses autobiographies, ainsi que sa théorie et ses romans
sur les femmes qui servent de références essentielles.Dans les chapitres suivants, nous tâchons d'explorer les expériences vécues par/avec Beauvoir, dans
la mesure où elles concernent la mélancolie. Le deuxième chapitre porte exclusivement sur le récit
denfance, en vue de son autonomie relative aux récits ultérieurs, et se concentre sur la solitude et lennui
adolescent. Le troisième chapitre essaie détablir une relation entre la passion amoureuse et la mélancolie.
Le quatrième constate l'impuissance du sujet dans lexpérience de la guerre. Le cinquième tâche de
découvrir la relation entre mère et fille dans lessai du deuil maternel, et à partir de cela, dexaminer son
dernier roman pour connaître la diversité de la mélancolie féminine. Le dernier chapitre veut rassembler
les moments indépassables de lêtre humain autour de la mort et de langoisse du temps, pour éclaircir
leur rapport à la mélancolie chez notre auteur.Mots clés :
Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, mélancolie, expérience, ennui, solitude, amour, angoisse,
vieillissement, mort, existence, existentialisme, désir dexister, autobiographie. 2REMERCIEMENTS
Mes premiers remerciements vont à mon directeur de thèse, Yves-Charles ZARKA, pour la confiance quil ma accordée, et pour ses aides et ses précieux conseils quil ma apportés dans la composition et la rédaction de cette thèse. Je remercie vivement Michel Kail pour lintérêt quil ma témoigné. Je lui suis reconnaissante de son aide. Merci à Vincent Aucante et toute sa famille, pour son intérêt sur mon travail et pour sa relecture soigneuse. Et jai la chance davoir comme membres de jury Sylvie Chaperon, Eric Marty, Christian Godin, Charles Ramond. Je les remercie pour la lecture de mon travail, la rédaction de leur rapport et leur présence le jour de ma soutenance. Je remercie les membres de notre équipe " centre de Philosophie, dépistémologie et de Politique » pour leur accueil chaleureux tout au long de mes études et de ma recherche. Parmi mes " collègues et amis », je remercie Avishag et Jeremy pour laide de la lecture et la relecture, ainsi que les docteurs et doctorants avec lesquels jai eu des discussions à la fois stimulantes et réconfortantes: Malgozata, Mada, Bahar, Célia, Hong, Stéphanie, etc. Je remercie aussi les membres de l" association de recherche en philosophie et culturefranco-chinoise » pour leurs soutiens constants et leurs avis remarquables : ce sont les
doctorants Zuo Tianmeng, Yang Jiayan, Li Feng et Qian Jin, ainsi que Zen Ni. À mon mari LIU Ming, qui partage mon séjour à Paris, qui ma donné le courage de mener à terme ce projet, et qui a su porter un oeil attentif et critique sur mon travail. Son soutien est irremplaçable. Enfin, toute ma reconnaissance va à mes parents, sans qui cette thèse naurait pu voir le jour. 3Table des matières
LISTE DES SIGLES ........................................................................... 8Introduction ....................................................................................... 10
La brève histoire de la mélancolie............................................................................10
De l'Antiquité jusqu'au dixneuvièmesiècle......................................................10
Difficultés et méthodologie de la recherche.............................................................18
Le rapport entre la littérature et la philosophie de l'existence.........................18Lesquisse de la problématique................................................................................32
Chapitre 1 ........................................................................................... 34
La mélancolie et le tragique existentiel : Sartre et de Beauvoir ... 341. 1. La contingence/mélancolie, notre condition malheureuse............................36
1.1.1 L'Expérience métaphysiquedelacontingence...................................37
1.1.2 Lamélancoliemoderne:delacrisementaleàlacréation..................42
1.1.3 Conclusion.............................................................................................45
1.2. Le " désir dêtre » et les paradoxes dramatiques de lexistentialisme...........46
1.2.2 LasituationdanslamoraleexistentialistedeSimonedeBeauvoir......54
1.2.3 LalibertéabsoluechezSartre...............................................................60
1.2.4. LalibertérelativeàlasituationchezSimonedeBeauvoir..................63
1.2.5 Le"désir d'être»dupoursoi: une passion inutile de l'homme?.......68
1.2.6 Agiravecangoisse,délaissementetdésespoir.....................................74
1.2.7. Le désir d'exister chez Simone de Beauvoir.........................................78
1.3.Le désir dexister entre soi et les autres femmes........................................81
1.3.1Lasituationdesfemmes: l'Autre absolu.............................................81
4 Chapitre 2 La solitude et l'ennui ................................................ 1032.1 Lordre et la dialectique du récit................................................................104
2.1.1 L'ordre chronologiqueetthématique.................................................104
2.1.2. Ladialectiquedurécit........................................................................111
2.2. La perte de la foi et la solitude.....................................................................113
2.2.2. Laconversionà l'intellectuelle athée.................................................116
2.3. La crise existentielle devant le néant et la vanité.......................................122
2.3.1. Ladécouvertedunéantetdelavanité..............................................123
2.3.2."L'inquiétude humaine»......................................................................128
2.3.3. Ladialectiqueexistentielle.................................................................132
2 .4. Lennui amoureux et la quête damour-amitié...............................................136
2.4.1. L'ennui et la gaieté de l'amour...........................................................136
2.4.2. La perte de l'amitié.............................................................................143
Chapitre 3 L'amour et la mélancolie .......................................... 1493.1 La liberté et la sincérité.................................................................................151
3.1.1. Lasincéritéexigée..............................................................................151
3.1.2. La tyrannie de l'amour........................................................................157
3.1.3 Lemariagecommeprison...................................................................160
3.2. La conflit entre soi et autrui.........................................................................162
3.2.1. Lemoiécartéetlenousbrisé............................................................163
3.2.2. L'Autrui et la coexistence....................................................................169
3.3 Le dépaysement de lamour..........................................................................177
3.3.2 Le refus de l'oubli................................................................................182
3.3.3 Larépétitionspiraledelaséparation..................................................190
3.4. Lamour déplacé : être singulière.................................................................197
3.4.1 L'union par la liberté créatrice............................................................197
53.4.2 "L'amour comme défi»......................................................................199
3.4.3 Etresingulièreetindépendante..........................................................201
Chapitre 4 L'impuissance du sujet et la guerre ......................... 2034. 1. La confrontation entre lindividu et lHistoire............................................205
4.1.1. L'existence de la guerre......................................................................206
4.1.2. Du divertissement à l'action...............................................................212
4.1.3. L'impuissance des actions..................................................................221
4 .2. La désillusion et la division de laprès-guerre............................................227
4.2.1. L'Antinomie de l'action: le nonsensdusacrifice...............................228
4.2.2 Le privilège d'une femme écrivain......................................................234
4.2.3.La division d'intellectuelle: morale ou politique...................................240
4.3. La complicité dans la guerre dAlgérie........................................................247
4.3.1. Lecoursdifficiledeladécolonisation................................................248
4.3.2 Ledramepersonneldu"privilégié»..................................................255
Conclusion: correspondante de guerre...................................................................265
Chapitre 5 L'Autre-femme perdue et retrouvée ........................... 2685.1. Devant la perte réelle....................................................................................270
5.1.1. Ledeuilnormaletpathologiquedanslapenséefreudienne............271
5.1.2. Lapertematernellecommecompulsion...........................................278
5. 2 Lambivalence filiale....................................................................................284
5.2.1. L'ambivalence du mélancolique............................................................286
5.2.2 L'attachement et le détachement de la mère.....................................290
5.3. La réparation par le deuil.............................................................................294
5.4. La poésie de la mélancolie féminine............................................................307
5.4.1. Delahainematernelleàlafolie.........................................................308
5.4.2. Lemarécagedelavieconjugale.........................................................312
5.4.3 Lapréludedudéclin............................................................................316
6 Chapitre 6 L'Angoisse de la mort et du vieillissement ............. 3226.1. Langoisse de la mort...................................................................................324
6.1.1. Laquête"schizophrénique» de l'Absolu...........................................324
6.1.2. La méditation sur l'ambiguïté de la mort........................................329
6.1.3. Larésurgencedelapropremort.......................................................333
6. 2. La variation du vieillissement.....................................................................338
6.2.1. L'appréhension de l'avenir.................................................................338
6.2.2. Vieillir à la perte d'amour.................................................................342
6.2.3. Unevieillesseaffreuse......................................................................346
6.3. La crise métaphysique ou psychique ?.........................................................349
6.3.1. Ladéceptiondupoursoi...................................................................349
6.3.2. Ladéfensecontrela"crisedépressive»........................................354
6.4. Apprivoiser la vieillesse et la mort................................................................357
6.4.1. Lavieillesse:acceptersansrésigner..................................................358
6.4.2. Lesjeuxsontfaits:apprivoiserlavieillesse.......................................360
6.4.3. L'entente radicale et la séparationultime.........................................361
Conclusion ........................................................................................ 371
La mélancolie: l'expérience métaphysique et psychologique ...... 371Sa philosophie existentielle sur la mélancolie........................................................372
Les soucis inhérents au récit autobiographique......................................................377
Sa philosophie féministe sur la mélancolie............................................................385
L'interrogation de Judith Butler......................................................................386
Bibliographie .................................................................................... 390
Simone de Beauvoir : bibliographie primaire et secondaire..................................390 7 OEuvres et textes de références de Simone de Beauvoir.................................390Jean-Paul Sartre et lexistentialisme......................................................................399
OEuvres ettextesderéférencedeJeanPaulSartre........................................399Essais et études littéraires.......................................................................................402
Essais et études philosophiques..............................................................................403
Essais et études psychanalystes..............................................................................405
OEuvres consultées..................................................................................................406
8LISTE DES SIGLES
Dans lensemble de cette thèse, les références aux ouvrages de Simone de Beauvoir sontindiquées entre parenthèses, après chaque citation, selon les abréviations ci-dessous. Pour les
volumes de la collection " Folio » qui nous servent de référence, nous indiquons leur datedimpression, la pagination étant différente selon les éditions. Certains ouvrages, en effet,
ont été réimprimés depuis. Dans les citations, sauf indication contraire de notre part,
litalique correspond toujours à ce que lauteur du texte cité souligne lui-même.I : LInvitée (1943)
PC : Pyrrhus et Cinéas (1944)
SA : Le Sang des autres (1945)
THM : Tous les hommes sont mortels (1946)
PMA : Pour une morale de lambiguïté (1947)
ESN: LExistentialisme et la sagesse des nations (1948), recueil darticles initialement publiés dans Les Temps modernes : " Lexistentialisme et la sagesse des nations »,"Idéalisme moral et réalisme politique», "Littérature et métaphysique », " OEil pour
oeil ». DS I : Le Deuxième Sexe (1949), t. I, " Les faits et les mythes » DS II : Le Deuxième Sexe (1949), t. II, " Lexpérience vécue »M : Les Mandarins (1954), t. I.
Les Mandarins (1954), t. II.
P: Privilèges par Simone de Beauvoir (1955), recueil darticles contenant " Faut-il brûler Sade?», "La Pensée de droite aujourdhui », "Merleau-Ponty et le pseudo-sartrisme ». MJFR : Mémoires d'une jeune fille rangée (1958)FA : La Force de l'âge (1960)
9FC I : La Force des choses (1963), t. I
FC II : La Force des choses (1963), t. II
MTD : Une Mort très douce(1964)
FR : Nouvelles de La Femme rompue (1967), recueil de nouvelles contenant LÂge de discrétion, Monologue, et La Femme rompueV : La Vieillesse(1970)
TCF : Tout compte fait (1972)
QPS : Quand prime le spirituel (1979), repris sous le titre Anne, ou quand prime le spirituel CA : La Cérémonie des adieux suivi dentretiens avec Jean-Paul Sartre: août-septembre1974 (1981)
LNA : Lettres à Nelson Algren : un amour transatlantique (1947-1964)Jean-Paul Sartre
N : La Nausée(1939)
EEH : LExistentialisme est un humanisme(1946)
EN : LÊtre et le Néant. Essai dontologie phénoménologique (1943) ETDE : La Transcendance de lEgo. Esquisse dune théorie des émotions (1937) 10Introduction
La brève histoire de la mélancolie
La mélancolie, au fil des siècles, sest chargée de significations diverses, parfois mêmecontradictoires. Aucun résumé nen est possible. Mais, dans lensemble, la mélancolie
présente un double visage : l'un, positif, y associe la force vive de limagination, de la
méditation et donc de la création géniale. En exaltant les puissances de limagination et de la
création, les artistes ou les auteurs mélancoliques jouissent de la beauté du monde sensible
par la voie de loeuvre dart verbale ou plastique. Lautre visage, négatif, apparaît comme un état de paresse morale, une maladie mentale allant jusquà la folie et au suicide. Cet aspectimplique un jugement moral, une éthique de la mélancolie, c'est-à-dire la distinction entre un
bon et un mauvais usage de la mélancolie 1. De lAntiquité jusquau dix-neuvième siècle Selon Yves Hersant, il existe deux origines à la mélancolie, lune médicale et lautrephilosophique : " [À travers les] remèdes du médecin et du philosophe saffrontent non
seulement deux herméneutiques, mais bien deux modèles de thérapie et deux types de
purgation.2 » La source médicale de la mélancolie, cest la bile noire qui provient de la
théorie des quatre humeurs dHippocrate. Cette humeur hippocratique provoquerait chez lhomme une mélancolie antagoniste du génie (philosophique). Le déséquilibre des humeurs conduirait à lémergence de cette substance noire, rompant la raison du sujet et le menant à la folie. 1Nous empruntons cette expression à Jean-Pierre Schaller dans son ouvrage intitulé La Mélancolie. Du bon usage et du
mauvais usage de la dépression dans la vie spirituelle (Paris, Beauchesne, 1988). 2 Hersant Yves, Mélancolies: de lantiquité au XXe siècle, Paris, Robert Laffont, 2005. 11 " Philosopher, cest apprendre à mourir », le dit Platon et repris par Montaigne. Aucours de la sublimation de lesprit par la connaissance, le philosophe est hanté par la
mélancolie. Cette humeur noire, attribuée à Saturne, détermine la distance entre le savoir et
la volonté. Lhomme de génie et la mélancolie sont examinés dans le Problème XXX
dAristote. La bile noire provoque une tristesse exclusive aux génies ; pourtant, chez Aristote, elle est considérée comme une source de génie et de folie qui provoque de la tristesse, quinest pas réduite comme dans nos sociétés actuelles à une simple pathologie ou bien à un
dégoût de la vie. Par ailleurs, Aristote développe une étude de la relation partielle entre la
mélancolie et la folie, ce qui inspire aux psychiatres du XIX e siècle le terme de " dépression-excitation ».La tradition de la pensée aristotélicienne sur la mélancolie fut redécouverte et
renouvelée à lépoque de la Renaissance. Ce renouvellement remonte à l'essor du
néoplatonisme en Italie. Le médecin et philosophe italien Marsile Ficin (1433-1499), dans ses ouvrages Conseils aux intellectuels (De la vie, De vita triplici, 1497) et De Amore (1546), associe la " fureur divine » de Platon et la " mélancolie » dAristote, afin de fabriquer leconcept moderne de génie. Selon Hélène Prigent, son effort trouve des échos dans la création
artistique et la littérature du XVI e siècle. À partir de la recherche humaniste et de la représentation de la gravure MelancholiadAlbrecht Dürer (1471-1528), la mélancolie devient un thème indépendant et se détache des
références aux quatre humeurs de la médecine hippocratique. Elle devient le symbole de la méditation métaphysique, de la contemplation, en accord avec le thème de la connaissance scientifique et du savoir en général, qui fascine les penseurs du XVI e et du XVIIe siècle. La mélancolie se popularise au cours du XV e siècle. Toutefois, les plus virulentesattaques à son encontre viennent de deux mélancoliques réputés par le monde : Montaigne et
Robert Burton. Chez Burton (1580-1621), qui se voit tel un " Démocrite junior », la
mélancolie devient le mal à extirper et nest donc plus envisagée que comme une maladie. Montaigne avoue quil était devenu mélancolique : " En se regardant dans le miroir, il 12préfère enfin se définir comme non mélancolique mais songecreux »3, selon Hélène
Prigent, qui ajoute dès que dans sa méditation sur la mélancolie, " limagination est
dissociée de la mélancolie, elle convainc mieux que la raison. Sa recommandation tirée dudernier chapitre des Essais annonce déjà leffort des Lumières visant à se réapproprier, sous
le contrôle de la raison, lancienne force vive de la mélancolie, limagination créatrice, tout
en rejetant la mélancolie du côté de la folie ou de la solitude. 4» Chez Descartes, dans lhorizon de sa théorie de lunion du corps et de lâme, la mélancolie est classée au rang des passions : cest une maladie de lâme. Elle devient la" tristesse ». Il affirme que se dire inspiré des vapeurs de la bile noire revient à se désigner
comme fou. (Sa réflexion sur la folie et la raison a provoqué la critique de Michel Foucault, dans son ouvrage Lhistoire de la folie dans lâge classique, puis une réponse de JacquesDerrida.) Descartes témoigne aussi du phénomène de " la folie mélancolique » dans les
lettres à Élisabeth. Ses contemporains Pascal et Hobbes ont exploré la question de la
mélancolie dans diverses directions. Notons en particulier que le point de départ de Hobbesse situe sur le plan de la philosophie politique : dans le Léviathan, il qualifie les
mélancoliques comme " anti-politiques », car ils restent hors de la commune et isolés 5. Le médecin Thomas Willis remarque le premier les deux étapes de la phase mélancolique : la folie et la dépression, et leur alternance.6 Cela annonce le visage nouveau
3Montaigne, Les essais, I, chapitre " philosophe est apprendre la mort », Gallimard, coll. " Quarto », 2009, p.245. Lapport
de Montaigne au thème de mélancolie, concerne dans le livre I des Essais, le chapitre II intitulé " Sur la tristesse », le chapitre
XXXIX intitulé " Sur la solitude », le chapitre L " Sur Démocrite et Héraclite »; dans le livre III, le chapitre IX intitulé " Sur
la vanité », etc. 4Hélène Prigent, Mélancolie, les métamorphoses de la dépression, Paris, Gallimard, 2005, p.49.
5Hobbes, Leviathan, VII. Voit aussi larticle dYves-Charles Zarka, "Subjet political in Hobbes »: " In Leviathan, Hobbes
describes two strange types of men whose behaviour could be characterised, in a way, as anti-political: the melancholic and
the inspired. The melancholic: Dejection, subjects a man to causeless fears; which is a Madness commonly called
Melancholy, apparent also in divers manners; as in haunting of solitudes and graves; in superstitious behaviour, and in fearing
fearing some one, some another particular thing. » In Léviathan after 350 years, éd par Tom Sorell et Luc Foisneau, Oxford
Oxford university Press, 2004.
6Thomas Willis (1621-1675), médecin anglais, qui a joué un rôle important dans l'histoire de l'anatomie et a été un
cofondateur de la Royal Society (1662). 13 de la recherche des deux siècles suivant. Les écrivains du XVII e siècle napprécient pas non plus la valeur de la mélancolie. Molière la valorise à travers la figure dAlceste dans Le Misanthrope, mais sen moque par ailleurs dans Le Malade imaginaire ; cest un sujet demépris pour lhomme vertueux chez Corneille, qui fait avouer à Horace sa " honte de
montrer tant de mélancolie ». Boileau indique que la mélancolie est une faute de goût, que
l'on doit traiter soigneusement. Le siècle des Lumières hérite de la tradition rationaliste
comme pensée dominante au sujet de la mélancolie. Dans lEncyclopédie, larticle " Mélancolie » se réfère à " la douce mélancolie »7. Chez Diderot, le thème de la mélancolie
ne fait plus lobjet que dun court article.Au XIX
e siècle, en France, le spleen est cultivé par des artistes comme Chateaubriand, Nerval et bien sûr Baudelaire, qui " en savait long sur la mélancolie »8. Le terme de
mélancolie a en partie été supplanté depuis le XIXe siècle par celui de dépression. Par
conséquent, la mélancolie moderne possède deux acceptions : dune part, elle devient un " mal-être » dû à un manque profond qui ne peut être identifié9 ; dautre part, elle prend le
sens clinique de maladie mentale associée à un profond abattement, auquel se substitue lemot dépression, à moins qu'elle ne désigne la maladie mentale générée par la dépression.
La philosophie existentielle sur la mélancolie
À partir des auteurs " existentialistes », le phénomène de la mélancolie humaine plonge
7Hélène Prigent, Op. cit., p.83.
8Jean Starobinsky, La Mélancolie au miroir. Trois lectures de Baudelaire, Paris, Julliard, 1990. Ainsi, son analyse sur la
mélancolie de Madame Staël est remarquable.9Le romantisme est le dernier lieu mélancolique avant que la mélancolie ne finisse pas se réduire à un phénomène de
mémoire ou une forme de nostalgie. Le " mal-être » dû à un manque profond qui est, selon H. Prigent, est la conséquence de
de " la mort de Dieu » de la " perte de la transcendance », son point de départ est de " lerrance de lindividu dans
limmanence ». Cela se trouve chez Kierkegaard, Flaubert (qui écrit dans une lettre que " la mélancolie nest quun souvenir
souvenir qui signore), même la recherche gigantesque du temps perdu de Proust. In Hélène Prigent, Op. cit., pp.89-107,
110-112.
14 ses racines dans le tragique de lexistence, que nous trouvons dans toute une tradition de lapensée occidentale, des Stoïciens à Blaise Pascal. Pascal témoigne de lidée que la condition
humaine est fondamentalement misérable. Lhomme cherche à masquer la misère de sacondition et de son isolement dans une fuite perpétuelle hors de lui-même, cette fuite
matérialisée par le " divertissement » des préoccupations humaines. Jean-Paul Sartre et
Simone de Beauvoir le rejoignent par leur conception de la " mauvaise foi » et del" inauthenticité » ou de l" aliénation » devant langoisse de lexistence, chez lêtre
masculin comme féminin. Dans lesquisse de " larbre de lexistentialisme » quEmmanuel Mounier a dessiné10, Kierkegaard est décrit comme le tronc de larbre sur lequel se greffe une branche esthétique avec Nietzsche, Heidegger et Sartre. Kierkegaard soppose au mode dargumentation dessystèmes philosophiques, hégélien en particulier. Il insiste sur le fait que le point de départ
de la philosophie doit être lindividu séparé, concret et subjectif. Le principe de la
subjectivité individuelle est affirmé. Au contraire, Hegel soutient que le point de départ est
l" Esprit », au lieu de lindividu sous diverses figures, donnant forme à lêtre humain, à la
société et à la nature. Dans la philosophie de Kierkegaard, lêtre humain est responsable de
sa vie et doit, pour vivre authentiquement, lassumer et la doter dune orientation éthique.Avec la même attention portée à la liberté (de choisir Dieu chez Kierkegaard), à langoisse
(qui peut être annulée par la foi chez lui), au choix (entre le Bien et le Mal), etc., il se trouve
comme précurseur et père de la philosophie de lexistence (en particulier de lexistentialisme français). Kierkegaard prend toujours les affects tels que scrupule, crainte, désespoir, angoisse, etc., non comme de simples " catégories » des termes kantiens psychologiques, mais comme desmodalités dévoilant des possibilités à chaque fois spécifiques de l'existence
11. C'est en
10 Emmanuel Mounier (1905- 1950), Lintroduction aux existentialismes, Paris, Gallimard, 1966.
11Kierkegaard affirme dès 1843 le détachement du romantisme en écrivant dans LAlternative, " Quest ce que la
mélancolie ? Lhystérie de lesprit. Il vient dans la vie de lhomme un moment où limmédiateté étant pour ainsi dire à
maturité réclame une forme de vie supérieure et veut se saisir comme esprit. Lhomme, comme esprit immédiat, entre dans la
la trame de toute la vie terrestre : le moment venu, lesprit cherche en quelque sorte à se dégager de cette dispersion, à se
concentrer et à trouver en lui-même son explication : la personnalité veut prendre conscience delle-même en sa valeur
15suivant le fil de ces différents " affects » que vont pouvoir seulement souvrir ces possibilités.
Kierkegaard prétend que, l" existence authentique » est langoisse comme état ontologiquede lhomme, y compris létat dhorreur et de désespoir face au mystère de lexistence
humaine.Malgré son désaccord avec la théologie de Kierkegaard et le déni de sa qualité de
philosophe en tant que tel, parmi les existentialistes français, Beauvoir possède des pointscommuns avec Kierkegaard, particulièrement un intérêt identique pour lindividu séparé,
vivant et sentant. Sa préoccupation envers l" existence » conduit Beauvoir à entendre dansla misère de la guerre " une existence de la guerre », avec aussi linspiration de " la réalité
humaine » (Dasein) chez Heidegger. Nous pensons, dans notre travail, ne pas pouvoir exclure la contribution de Kierkegaard à la philosophie de lexistence de la mélancolie, dansla mesure où ses suggestions existentielles trouvent leur source dans sa personnalité
mélancolique et son choix de vie solitaire.La relation entre Kierkegaard et la mélancolie est étudiée par certains chercheurs.
Romano Guardini est l'auteur dun opuscule intitulé De la mélancolie12, dont Kierkegaard estla figure centrale. Ce livre a l'avantage déclairer le rapport entre la mélancolie et la religion
chez le philosophe danois, ou plutôt de proposer une compréhension de la mélancolie
comme quelque chose de métaphysique, plutôt que psychiatrique, grâce à lexpérience
spirituelle de Kierkegaard dont Guardini cite abondamment les journaux. Nous y voyons effectivement un Kierkegaard intime.éternelle. Si elle ny réussit pas, le mouvement sarrête, est refoulé, et la mélancolie survient. » De plus, la mélancolie de
Kierkegaard montre dans la médiation la révélation de la valeur de lêtre: comme il note dans son Journal en 1850, " Jai eu
eu des dons extraordinaires. [...] Même quand jai le plus fortement le sentiment de moi-même, je dis : jai eu. [...] Cest là
une unité de mélancolie, de réflexion et de crainte de Dieu ; et cette unité est mon essence. » In Hélène Prigent, Op. cit., p.130.
p.130.12 Romano Guardini , De la mélancolie, Seuil, 1992. Les autres recherches concernés sont suivant : Marguerite Grimault, La
mélancolie de Kierkegaard, Aubier, 1965 ; Jean Wahl, Kierkegaard, l'Un devant l'Autre, Hachette, 1998. Les ouvrages de
Claire André sont remarquables et consacré aux sujets divers de Kierkegaard: Pseudonymie et paradoxe. La pensée
dialectique de Kierkegaard (Vrin ,1976), Kierkegaard. Penser le singulier (Le Cerf, 1993) et Kierkegaard. Existence et
éthique (PUF, 1997). Ainsi, Cornu Mochel, Kierkegaard et la communication de lexistence (LAge dhomme, 1972).
16 La distinction entre Kierkegaard et les existentialistes français est due à lacception de laphénoménologie allemande par ces derniers, ainsi qu'à linfluence de Hegel. En simplifiant à
lextrême, on peut dire que le centre de gravité de la philosophie de Husserl est la
connaissance, alors quil s'agit du sens de l" être » dans la philosophie de Heidegger.
Heidegger concentre son attention dans son ouvrage principal LÊtre et le Temps sur laréalité humaine, Dasein. La vérité de lêtre est le destin de lhumanité, marquée par loubli
de lêtre et par linauthenticité. Lexistence humaine nest pas au centre de son projet
philosophique, qui traduit son intérêt pour les êtres humains par une description des divers
modes dêtre du Dasein, dans la mesure où ils ont une compréhension de lêtre. La tentative
de " non humanisme » de Heidegger est perceptible dans sa Lettre sur lhumanisme, quand ilprécise que: " Lhomme nest pas le maître de létant, [...] Il est le voisin de lÊtre. » Les
sympathisants de Heidegger regardent son oeuvre comme une anthropologie abstraite ou anti-anthropocentrique. En revanche, Sartre et Beauvoir ont beaucoup souligné leur position humaniste en soutenant la gravité de lêtre humain : il ny a que l'homme, ils sengagent dans un humanisme constant. Beauvoir nécrit pas de traité dontologie, ni un essai de pure phénoménologie, mais cela ne nous empêche pas de déduire une ontologie de son oeuvre, ni de trouver une étude phénoménologique dans ses ouvrages