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Les entreprises françaises

& l'Afrique

Hors-série - Déc. 2009 - 25 euros

Rapport 2010

SOMMAIRE

5Progrès ?Éditorial par Alexandre Vilgrain, président du CIAN6Les faits marquants de 2009L'Afrique, le monde et la France8Face à la crise financière, la réponse des bailleurs de fonds publics a été massive12Entretien avec Anne-Marie Idrac, secrétaire d'État français au Commerce extérieur18 Equipe de France de l'export, l'Afrique subsaharienne est-elle hors jeu ?22Unions régionales africaines : l'intégration dans les limbes24Les projets d'infrastructures précèdent les accords politiques28Banques : redistribution des cartes sur un marché en pleine effervescence30Agriculture : la pénurie mondiale de terre stimule les investissements étrangersAnalyse économique par zone et par pays34Les résultats 2009 de l'enquête CIAN41Afrique du Nord48Afrique de l'Ouest58Afrique centrale65Afrique australe71Afrique orientale & océan IndienCahier central : Rapport d'activité 2010Les actions et les projets du CIANLE MOCI- Hors-série - décembre 20093LE MOCIDirecteur de la publication et Directeur général Vincent LaluRÉDACTIONRédacteur en chef Christine GilguyConseiller de la rédaction Georges RambaldiRéalisation Pascale Cancalon (secrétaire de rédaction)Ont collaboré à ce numéro :Bénédicte Châtel, Anne Guillaume-Gentil (articles sur les perspectives et synthèses de conjoncture par pays)Conception graphique et maquetteamarena / www.amarena.frImpressionRAS à Villiers le bel (95)PUBLICITÉDirecteur de la publicité Pierre BessièreFabricationRobin LoisonCommission paritaire. Publication n° 0911 K 81051ÉDITEUR Sedec SA11, rue de Milan, 75009 ParisTéléphone : 01 53 80 74 00 www.lemoci.com

RAPPORT 2010CONSEIL FRANÇAIS DES INVESTISSEURS EN AFRIQUE45, rue de la Chaussée d'Antin, 75009 ParisTél. : 01 45 62 55 76 - Fax : 01 42 56 79 33Courriel : relationcian@cian.asso.fr Site : www.cian.asso.frFondateur du rapport Jean-Pierre Prouteau †Comité de rédactionPaul Adoue Anthony BouthelierAlix CamusAndré Creis Stephen DecamCopyright : toute reproduction, même partielle, destextes et documents parus dans le présent numéroest soumise à l'autorisation préalable de la rédaction.

Progrès ?

Ce Rapport reflète les opinions des opérateurs économiques en Afrique d'un triple point de vue : la vie

de leurs entreprises, la santé de l'économie africaine et le jugement porté sur l'environnement des affaires.

Alors, la vie des entreprises, mieux ou moins bien ?

L'onde de choc provoquée par la crise est globalement arrivée atténuée en Afrique, décalage technique -

ou décalage dans le temps ? -, mais les résultats d'exploitation ont progressé en 2009 pour la majorité

des sociétés. Alors, la santé des économies, mieux ou moins bien ?

Le déclencheur de la crise, le système bancaire dans les pays du Nord, est structuré différemment en

Afrique et ne l'a donc pas contaminée par les produits dits " toxiques ». Cependant, les émigrés envoient

- un peu - moins d'argent et la chute des matières premières et du pétrole rend plus exsangue le budget

des Etats.

Toutefois la croissance est demeurée positive presque partout et, même moindre, elle n'a pas arrêté les

investissements d'infrastructures (routes, barrages, ...) dont le continent africain a le plus grand besoin.

Surtout, beaucoup de nouveaux investisseurs chinois, indiens, brésiliens, sud-africains ... ciblent l'Afrique

dans un mouvement sans précédent au moment même où, pour la première fois, notre enquête fait appa-

raître une grande réserve chez les investisseurs implantés de longue date. Alors, l'environnement des affaires, mieux ou moins bien ?

Notons d'emblée que le Baromètre CIAN se révèle d'une fiabilité étonnante comparé au Rapport Doing

Business de la Banque mondiale, réalisé à grands frais.

Certes l'Afrique demeure le " cas social » de la planète mais ce Baromètre élaboré depuis plusieurs années

évolue favorablement et, avec le recul, on voit s'affirmer le rôle de l'entreprise qui incite les Etats à se pré-

occuper plus sérieusement de l'environnement des affaires.

Une double constatation émerge dans ce Rapport. D'une part, l'extraordinaire vigueur de ce continent

riche de sa jeunesse et de ses ressources qui lui permettent de bien résister à la crise. D'autre part, les

défis ne l'épargnent pas, notamment ceux de l'énergie et de l'autosuffisance alimentaire, mais l'Afrique

recèle en elle-même les moyens d'y répondre par ses réserves d'espaces, de forêts et d'hydro-électricité.

Ce continent est en effet " the last emerging market » et il se trouve que l'Equipe de France, entreprises

et Etat, dispose d'atouts historiques, culturels et économiques singuliers, restons devant !

Pour terminer, un mot pour remercier ceux qui permettent à ce Rapport d'exister et lui confèrent l'ori-

ginalité d'être construit sur les témoignages du terrain. L'enquête du CIAN a recueilli cette année un

nombre de réponses sans précédent grâce aux concours de nos adhérents bien sûr, mais aussi des admi-

nistrations, conseillers du commerce extérieur, chambres de commerce et autres instances profession-

nelles. Plus que jamais, le CIAN est le carrefour de ces forces qui participent au progrès de l'Afrique.

Alexandre Vilgrain

ÉDITORIAL

Alexandre Vilgrain,

président du CIAN.

RAPPORT 2010

LE MOCI- Hors série - décembre 20095

6LE MOCI- Hors série - décembre 2009janvier> APE -Le Cameroun et l'Union européenne ont signé le 16 jan-vier à Yaoundé un Accord de partenariat économique (APE) " intérimaire », premier APE intérimaire conclu entre l'UE et unÉtat d'Afrique centrale. > Zimbabwe -Le leader de l'opposition Morgan Tsvangirai a accep-té le 30 janvier 2009 d'être le Premier ministre d'un gouverne-ment d'union nationale au Zimbabwe qui est entré en fonctionle 13 février. Le Zimbabwe entame son processus de normalisa-tion qui s'égrènera toute l'année. mars > Madagascar -Lâché par l'armée et sous la pression de la rue, leprésident Marc Ravalomanana a transféré ses pouvoirs le 17 marsà un directoire militaire qui les a immédiatement remis à AndryRajoelina, alors chef de l'opposition et maire de la capitaleAntananarivo. Toutefois, la situation est demeurée extrêmementtendue à Madagascar. Sous la médiation de l'ex-président mozam-bicain Joaquim Chissano, un accord a été signé le 9 août pré-voyant la mise en place d'un gouvernement de transition devantorganiser dans les quinze mois des élections présidentielles et légis-latives. Cet accord est néanmoins contesté par Marc Ravalomanana.avril> Afrique du Sud - L'ancien vice-président et chef zulu Jacob Zumaest élu le 22 avril président del'Afrique du Sud. Le président ThaboMbeki avait démissionné le 20 sep-tembre 2008, sur demande del'ANC. L'intérim a été assuré parKgalema Motlanthe qui n'a pas vou-lu être candidat à la présidence.juin> Gabon - Le président gabonais OmarBongo décède le 8 juin 2009 aprèstrente années au pouvoir. Une dizai-ne de candidats s'est présentée à sasuccession. Son fils Ali Ben Bongo,l'ex-ministre de l'Intérieur, est élu le3 septembre sur fond de contestationde la loyauté du scrutin.juillet> Agriculture -Le 10 juillet, le G8 réuni à L'Aquila décide deconsacrer au moins 15 milliards USD sur les trois prochainesannées à la sécurité alimentaire, surtout dans les pays pauvres.La France contribuera à hauteur de 2 milliards USD à destina-tion essentiellement des pays africains. Selon l'International FoodPolicy Research Institute, depuis 2006, 15 à 20 millions d'hec-tares de terres ont été vendues ou allouées à des opérateurs étran-gers. Un code de conduite pour réguler ces ventes est à l'étude.> Aide -Le 30 juillet, le FMI décide de mobiliser 17 milliards USDsupplémentaires pour les allouer sur les six prochaines annéesaux 80 pays les plus pauvres, fragilisés par la crise. Aupremier semestre 2009, le Fonds a prêté ou enga-gé 3 milliards USD, soit plus que les volumes d'ai-de de ces trois dernières années cumulées.D'autres mesures ont été prises telles quela suspension du paiement des intérêtsde la dette jusqu'à fin 2011, des conces-sionnalités plus fortes sur de nouveauxprêts, la création de nouveaux instrumentsfinanciers et le renforcement des réserves de change. Vingt-huitpays africains ont été sous programme FMI en 2009 contre sixseulement en 2006. >Flux -Selon le " tracker » de fonds EPFR (Emerging PortfolioFund Research), l'Afrique a attiré, entre janvier et fin juillet 2009,990 millions USD de flux nets des fonds d'investissements, soit unretournement de situation par rapport aux flux négatifs fin 2008.août> Infrastructures - Symbole du regain d'investissements dans lesinfrastructures en Afrique, le 1er août, le pont Guebuza, reliantle nord et le sud du Mozambique, a été inauguré. Véritable proues-se technologique réalisée par le consortium portugais Mota-Engil /Soares da Costa (un contrat de 80 millions d'euros), cet ouvragelong de 2 km et large de 16 m avec 4 voies de circulation, facili-te aussi l'accès au Malawi et à la Zambie. Un facteur majeur dansle rapprochement actuel des communautés économiques régio-nales que sont COMESA-EAC-SADC en vue de créer un marchéunique.novembre> Côte d'Ivoire -Le recensement électoral en Côte d'Ivoire s'estachevé fin juin sur l'enregistrement de quelque 6,5 millions depersonnes. Les élections présidentielles qui devaient avoir lieu le 29 novembre, après plusieurs reports depuis 2005, ont été unenouvelle fois différées à une date indéterminée.décembre> Guinée - À la suite de la mort du président Lansana Conté endécembre 2008, la junte prend le pouvoir avec à sa tête le jeunecapitaine Moussa Dadis Camara. Si la transition s'est passée dansle calme, la tension est montée au fil des mois jusqu'à la répres-sion dans le sang de la manifestation pacifique du 28 septembre.Dadis Camara est de plus en plus isolé. En octobre, une média-tion entre le pouvoir et l'opposition, sous l'égide de BlaiseCompaoré, est entreprise pour renouer le dialogue. Le 3 décembre,le chef de la junte échappe à une tentative d'assassinat par sonancien aide de camp et est évacué au Maroc.

2009LES FAITS MARQUANTSEitan Abramovich / ImageForumH. Hu / FotoliaEric Feferberg / ImageForum

8LE MOCI- Hors série - décembre 2008SpécialL'AFRIQUE LE MONDE ET LA FRANCEOn a tout d'abord pensé que l'Afrique subsaharienne parviendrait à surfer sur la crisemondiale. Puis, au fur et à mesure que le séisme bancairemutait en crise économique, les effets se sont fait ressentir,notamment sur ses échangescommerciaux et sur ses fluxfinanciers entrants. L'Afrique enregistre donc, com-me partout ailleurs, une baissede sa croissance, une moindremarge de manoeuvre budgétaireet un accès beaucoup plus res-treint aux marchés des capitaux.Aussi les bailleurs institutionnelsdoivent-ils jouer leur " rôlecontracyclique », commele définit Michel Jacquier,directeur général déléguéde l'AFD, " en venant sesubstituer à la défaillancepartielle d'un certain nombred'investisseurs privés. »Le FMI estime que la croissancede l'Afrique subsaharienne en2009 sera de l'ordre de 1,7%contre 6,4% en 2008. Mais unecertaine embellie se dessineraitpour 2010 avec +3,7% attendus.Pour se redresser, le Fonds a esti-mé à 25 milliards USD les finan-cements additionnels nécessairesen 2009 pour les 22 pays à faiblerevenu et la BAfD (Banque afri-caine de développement) consi-dère que l'Afrique a besoin de50 milliards USD pour mainte-nir ses taux de croissance aumême niveau qu'avant la crise,et de 56 milliards USD en 2010. Selon une étude consacrée à "Lacrise et l'Afrique » et présentéelors du 12eForum pour le partenariat avec l'Afrique (FPA)en juin dernier, sur ces 50 mil-liards USD, 20 à 21 milliardsUSD reviendraient à l'Afrique cesdeux à trois prochaines années.Cette somme se déclineraitnotamment en 8 à 9 milliardsUSD de Droits de tirages spé-ciaux (DTS), auxquels il fautajouter 5 à 6 milliards USD enprêts concessionnels supplé-mentaires du FMI et 1 milliardUSD en financements procuréspar des banques multilatéralesde développement au secteur pri-vé, sans oublier 6 milliards USDsous forme de financement desexportations.Car l'Afrique est touchée de pleinfouet par la baisse du commer-ce mondial. " Le déficit prévudes recettes d'exportation sera del'ordre de 251 milliards USD en2009 et atteindra 277 milliardsUSD en 2010 pour l'ensembledu continent, les pays exporta-teurs de pétrole enregistrant lesplus grandes pertes », a estiméen mars dernier le Comité desministres des Finances africainset les gouverneurs des Banquescentrales. Ainsi, une des initia-tives majeures prises pour volerau secours du commerce mon-dial a été la création en 2009 parla Société financière internatio-nale (SFI), filiale de la Banquemondiale, du Programme globalde liquidité pour le commerceextérieur (GTLP). Il regroupeplusieurs pays donateurs et desinstitutions de financement dudéveloppement comme la BAfD.Le GTLP devait créer un fondscommun de 5 milliards USD per-mettant de mobiliser 50 milliardsUSD : jusqu'à 15 milliards USDseraient destinés à l'Afrique. Ànoter que le GTPL est un ins-trument temporaire " quisera dissous lorsque la cri-se s'estompera et lorsqueles marchés du finance-ment du commerce serontrevenus suffisamment à la nor-male (probablement dans troisans) », souligne la BAfD.À cela se conjuguent les initia-tives convenues au cours desAssemblées annuelles de laBanque dans le cadre de son nou-veau Plan d'action conjoint - laBAfD a déjà augmenté de 13%ses engagements en 2008. Il s'agitnotamment de son Initiative definancement du commerce(1milliard USD), d'un Fonds degarantie des PME africaines de300 à 500 millions USD sansoublier sa Facilité de liquiditéd'urgence de 1,5 milliard USD. Pour leur part, le FMI a doubléses concours aux pays les plus pauvres, majoritairementl'Afrique, et a assoupli ses condi-tions d'emprunt, tandis que legroupe Banque mondiale, à tra-vers son guichet concessionnelIDA, a fortement accéléré sesengagements envers l'Afrique,notamment les pays les pluspauvres : au 30 juin 2009, ilsavaient crû de 44,3%, à 8,2 mil-liards USD sur 99 projets, dontbon nombre dans le secteur desinfrastructures. Quant aux paysà revenu intermédiaire, des ins-truments financiers plus flexiblesont été déployés. À noter que les sept plus impor-tants investisseurs et bailleursmultilatéraux en Afrique (BEI,BAfD, AFD, DBSA, KfW, BID,BM) se sont entendus pour enga-ger 15 milliards USD en prêtstendant à promouvoir le com-merce, à renforcer le secteurfinancier, à financer les ...[20 milliards USD d'engagements sur les trois prochaines annéesFace à la crise financière, la réponse des bailleurs de fonds publics a été massiveCôté investissements privés, la crise a eu un impact négatiftrès net et la remontée des niveaux de flux prendra du temps. Ainsi, dans les paysen développement en général, les flux nets de capitaux privéssont passés, selon la Banquemondiale, de 1,2 trillion USD en2007 à 707 milliards USD en 2008 et devaient se réduire à363 milliards USD sur 2009. En Afrique subsaharienne, lesflux nets de capitaux auraientbaissé de près de 35%, passantde 55 milliards USD en 2007 à36 milliards USD en 2008, selonle rapport Global DevelopmentFinance de la Banque mondiale.Ceci comprend la diminutionsensible des transferts de fondsdes migrants : après uneaugmentation d'environ 11% de 2006 à 2007, ces envois ont chuté jusqu'à 38% dans certains pays en 2008,selon la BAfD.La crise a provoqué un tarissement des flux de capitaux privés

10LE MOCI- Hors série - décembre 2008infrastructures, l'agroalimentai-re, les PME. La BEI notammentaura un recours accru au Fondsfiduciaire UE-Afrique pour lesinfrastructures.Mais surtout, l'Union euro-péenne a réaffirmé ses engage-ments antérieurs - notammentceux du Sommet du G8 à Gle -neagles en 2005 - à l'égard del'aide publique au développe-ment (APD), et sa volonté de voirl'Afrique bénéficier d'au moins50% de l'augmentation de l'APDmondiale. Rappelons que lesengagements pris à l'égard del'Afrique subsaharienne corres-pondaient à une hausse annuel-le de 25 milliards USD de l'aideau développement, ce qui devaitpermettre de doubler le mon-tant de l'aide entre 2004 et 2010.Mais l'Afrique n'aurait reçu qu'en-viron 30% de l'augmentation del'APD observée depuis 2004.Quant à la Zone franc, le Fondseuropéen de développement(FED) a plus que doublé sesengagements en 2008 passant de600 millions à 1,5 milliard d'eu-ros et ses décaissements ont aug-menté de 770 millions à 900mil -lions en 2008. Le Grou pe del'AFD, quant à lui, a créé unfonds d'investissement africain(250 millions d'euros) et un nou-veau fonds de garantie (250mil-lions d'euros). Les engagementsde l'Agence sur l'Afrique subsa-harienne avoisineraient les 2 mil-liards d'euros d'intervention (1,3 milliard en 2008). Sur cetotal, les interventions deProparco approcheraient les400 millions en 2009. .Anne Guillaume-Gentil et Bénédicte ChâtelSpécialL'AFRIQUE LE MONDE ET LA FRANCE" On est en train de dégager une espèce de nouveau consensus par rapportà celui de Washington de 1989 qui reposait sur les paradigmes ajustement structurel et désendettement. Suite à la crise, le FMI et la BM ont dû agir à toute vitesse et ont tous deux mis au point des facilitésconjoncturelles. Par exemple, le FMI et la BAfDont apporté un concours extrêmement rapidede 500 millions USD au système bancaireégyptien qui, étant un des plus modernes en Afrique, était de ce fait un des plus branchéssur la crise financière mondiale. [...] Ils ont créé une Facilité conjoncturelle qu'ils décaissent rapidement et qui est importante.[...] À la conférence de Dar es-Salaam en mars, Dominique Strauss-Kahn est venuexpliquer que désormais le FMI servait aussi à régler des crises de liquidités : on a donc suspendu les contraintes de désendettement, on a financé les secteursbancaires et les trésors publics comme on ne l'avait jamais fait auparavant. Dès lors, il y a une qualité de réponseimportante et qui traite les pays pauvres de façon spéciale [...]. Ainsi, du côté du système de Bretton Woods, il y a un changement complet très associé à la personnalité de deux hommes, Robert Zoellick et Dominique Strauss-Kahn. La deuxième chose, c'est que l'OMC a faitprévaloir, au G20 au printemps, et confirmer à Pittsburg, qu'il y aurait des facilités pour insérer dans le marché mondial les paysles plus pauvres. Et Pascal Lamy s'est lancé dans une croisade assezintéressante, avec l'aide du secteur privé - cequi n'était franchement pas dans les habitudesde l'OMC - pour mobiliser les 20 milliards USDque le G20 avait définis à Londres. Ce n'est qu'un début de mouvement et cettesomme ne va pas se décaisser immédiatementcar il faut que la demande se manifeste.Justement, l'OMC commence à travailler avec le secteur privé afin que la demande de concours ne vienne pas seulement des gouvernements mais aussi du secteurprivé. Cela permettra de financer des infrastructures de transport, de stockage,des crédits à l'export, etc. C'est le début de quelque chose. »

[Parole d'acteur ]Lionel Zinsou, président de PAI partners" Il y a une qualité de réponse qui est importante et qui traite les payspauvres de façon spéciale »

LE MOCI- Hors série - décembre 200911RAPPORT 2010Le succès grandissant de L'Aide fatale(1),oeuvre de Dambisa Moyo, est révélateurd'une contestation africaine de l'aide à ce continent. Nous ne sommes pas dans le cartiérisme, " la Corrèze plutôt que le Zambèze », mais dans un double constat.L'échec de l'aide est depuis longtempsévident. Globalement, le continent africainest l'une des rares parties du monde à avoir régressé ces dernières décennies :le nombre des très pauvres y a étémultiplié par trois, la Guinée avait un PIB supérieur à celui de la Malaisiedans les années cinquante... Les exemples abondent et l'on sait bienque ce ne sont pas les pays les plus aidésqui réussissent le mieux à faire reculer la pauvreté. Justement, le second constat de Dambisa Moyo va au-delà de l'échec,pour souligner que l'aide aggrave la pauvreté. On aurait pu s'en douter à la lumière de ce qu'elle rappelle elle-même : la malédiction pétrolière qui afflige les États africains supposésêtre riches grâce aux hydrocarbures.L'aide, en effet, comme les revenus tirés du sous-sol ou offshore, estcontrôlée par une poignée d'individus qui ne vont pas lui accorder un statutspécial sous le fallacieux prétexte qu'elle est le fruit de la générosité des contribuables du Nord.La niaiserie des 0,7% du PIB des pays du Nord à consacrer à l'aide prend, dans ce contexte, tout son relief. Car si l'aide est nocive, ceux qui se rapprochent de ce taux ne sont pas à féliciter mais à clouer au pilori ! Plus sérieusement, l'ethnocentrisme de cette démarche est accablant car on voit bien que le jugement n'est pasfonction de l'efficacité de l'aide mais du degré de bonne conscience que se donnent les pays riches qui atteignentces 0,7% et peuvent dès lors dormir en paix : ils ont atteint l'objectif, peu leur importe que les fonds fassent la fortune des paradis fiscaux ou des agents immobiliers de Paris, Londres ou New York ! Ce qui est intéressant dans le pamphletde la jeune Zambienne est qu'il témoigne d'une prise de conscienceafricaine déjà ancienne. Lorsque le CIAN a été convié par les Britanniques à contribuer au voletafricain du G8 de Gleneagles, nous avons entendu un remarquableexposé ougandais sur le thème " Arrêtez l'aide, elle infantilise l'Afrique ! »Car qui défend l'aide dans sa formeactuelle ? Les agents des bailleurs de fonds et leurs obligés - consultants,ONG... - tous positionnés sur le registredu " toujours plus » et en majeure partiecitoyens de pays du Nord. Ne dit-on pas que la Banque mondiale est une machine à nourrir des consultants occidentaux ?Personne ne suggère de tarir lesressources africaines, même mal utilisées,et la provocation de Dambisa Moyod'arrêter l'aide publique n'est pas à prendre au pied de la lettre. D'autreschemins existent, comme en témoignentnotamment les expériences asiatiques.Écoutons ces voix africaines, elles savent qu'il n'y a pas plus efficacecréateur de richesses que les entreprises,mais pour combien de temps encore les " aideurs » se polariseront-ilsprincipalement sur les sommesdéboursées sans remettre en cause leur culture et leurs méthodes ?Anthony Bouthelier(1) L'Aide fatale, Dambisa Moyo, Ed. Lattès, septembre 2009. * Article paru dans Les Afriques, n° 97, 12 au 18 novembre 2009"[Point de vue ]Anthony Bouthelier, président délégué du CIAN L'aide à l'Afrique : la France donne-t-elle trop ?*

12LE MOCI- Hors série - décembre 2009SpécialL'AFRIQUE ET LA FRANCELes acteurs publics, parapublics et privés français participant à l'effort d'accompagnement des entreprises françaises à l'international sont nombreux et ils travaillaient jusqu'à récemment plutôt en ordre dispersé : Ubifrance, Missionséconomiques, CCI en France qui se positionnent sur l'Afrique (Rouen, Marseille, Bordeaux, etc.), CCI françaises en Afrique, AFD/Proparco, CIAN, Medef,Conseillers du Commerce extérieur de la France (CCEF), ministères, Chambres de commerce franco-africaines... Pour rationaliser et accroître l'efficacité de cette " équipe de France de l'international » très hétérogène, un certain nombre de réformes ont été lancées ces dernières années. Anne-Marie Idrac, secrétaire d'État chargée du Commerce extérieur, en explique la philosophie et les objectifs.Le Moci:Où en est la réformede la " Maison France » inter-venant à l'international et plusparticulièrement en Afrique ?Quelle est la marge de manoeu -vre de l'État pour que cette réfor-me puisse voir le jour étant donné que ces organisationssont, pour la plupart, privées ou parapubliques ? Anne-Marie Idrac :Des réformesimportantes ont été menéesdepuis 2008 pour améliorer lalisibilité et l'utilité du dispositifactuel visant à accompagner l'in-ternationalisation des entreprisesfrançaises. Une nouvelle organi-sation et une répartition des mis-sions ont été déterminées parl'adoption d'une convention departenariat entre les différentsorganismes d'appui en avril 2008.Cette convention définit une rela-tion désormais structurelle entreUbifrance, lesCCI en Franceet les Chambresde commerce àl'étranger et,depuis juin 2009, les Conseillersdu Commerce extérieur, dans lebut d'offrir aux PME exportatricesun dispositif simplifié, coordon-né et plus efficace.L'objectif était de confier - sansexclusivité - à chaque acteur lerôle qui lui revient, en vertu deses " avantages comparatifs »dans la séquence de l'export : auxCCI, le rôle d'identifier les expor-tateurs potentiels ; à Ubifrance etaux Missions économiques, celuide leur proposer les destinationsadaptées à leur projet et les ser-vices facilitant leur prospection ;aux Chambres de commerce àl'étranger, la mission de fournirdes services à haute valeur ajou-tée aux PME françaises ayant fran-chi le cap de la prospection etdésormais en phase d'installationou de développement sur le mar-ché considéré. Les Conseillers du Commerceextérieur pourront continuer, auxcôtés des opérateurs, à faire béné-ficier les entreprises de leur expé-rience et de leur professionnalis-me par le biais des analyses et dela formation qu'ils prodiguent. Unprogramme " France » et un cata-logue de produits communs serontmis en place. Afin d'asseoir le rôled'Ubifrance dans sa mission d'ac-compagnateur des entreprises deFrance vers l'extérieur, il a été déci-dé de lui confier progressivementla gestion directe des Missions éco-nomiques réalisant le service auxentreprises.D'autres par te -naires sont ve -nus avec leursmoyens et leursservices renforcer cette équipe :Oseo, Coface, Inpi, qui constituentaussi des relais de politiquepublique ; le Conseil français desinvestisseurs en Afrique (CIAN)et l'AFD, qui a signé une conven-tion avec Ubi france le 9 septembreet dont les missions seront révi-sées dans le cadre d'une nouvelleconvention d'objectif et de moyensavec l'État. Par ailleurs une conventionUbifrance/CIAN, signée le ...[Anne-Marie Idrac, secrétaire d'État français au Commerce extérieur ]Nouvelle équipe de France de l'export : " À chaque acteur le rôle qui lui revient, en vertu de ses "avantages comparatifs" »

Signature de l'accord-cadre entre le groupe AFD (Agence française de dévelop-pement) et Ubifrance, le 9 septembre 2009. De droite à gauche Anne-Marie Idrac, secrétaire d'État au Commerce extérieur, Jean-Michel Severino,directeur général de l'AFD et Luc Rigouzzo, directeur général de Proparco. (MEIE)[Une coopération d'ores et déjà prévue sur le forum PME France Afrique au Maroc début 2010

14LE MOCI- Hors série - décembre 2009SpécialL'AFRIQUE ET LA FRANCE11juin 2009, permettra de déve-lopper les relations entre lesentreprises françaises implantéesen Afrique, notamment subsa-harienne, et Ubifrance. Unecoopération est d'ores et déjà pré-vue sur le forum PME FranceAfrique qui devrait se déroulerau Maroc début 2010. L'intérêtdu CIAN est de toucher davan-tage de PME, notamment lesfournisseurs ou équipementiersde ses adhérents actuels, favori-sant ainsi une forme de portage. Le Moci:Existe-t-il un modèledans les autres pays dont la France s'inspire ou pourraits'inspirer pour réformer cette " Mai son France » à l'in-ternational ?Anne-Marie Idrac :Nous n'avonspas le sentiment d'avoir " imité »d'autres pays en mettant en pla-ce notre réforme. Elle a été essen-tiellement conduite pour répon -dre le plus parfaitement possibleaux besoins des entreprises. Laplupart des pays européens ontconfié à des opérateurs publics lamise en oeuvre de la politique dedéveloppement international desentreprises. Ce sont les disposi-tifs publics espagnol et italien quisont les plus proches du systèmefrançais de promotion de l'offrenationale avec un ministère detutelle, une agence centrale char-gée de l'information et la promo-tion (l'Institut du commerce exté-rieur, ICEX en Espagne, ICE enItalie), des relais en province etun réseau à l'étranger rattaché auxambassades. Nous nous rappro-chons aussi de l'Allemagne, dufait que ce pays s'appuie aussi surle ré seau de ses Cham bres decommerce àl'étranger poursou tenir l'inter -na tionalisationde leurs entre-prises.Le Moci:Quel est, à vos yeux,l'enjeu particulier que repré-sente le marché africain ? Anne-Marie Idrac :Nos rela-tions économiques avec l'Afriquese distinguent avant tout par leurancienneté et leur intensité,même si, et c'est bien normal, lepoids relatif de ces échanges a eutendance à diminuer au coursdes dernières décennies, au furet à mesure que les pays africainsont diversifié leurs partenariatscommerciaux. Aujourd'hui enco-re, la France compte cependantparmi les premiers fournisseursde nombre de pays africains, etdétient une part de marché del'ordre de 8% en moyenne surl'Afrique subsaharienne (près dudouble de notre part mondiale),avec des niveaux dépassant 15%dans les pays de la Zone franc. Une telle présence justifie biensûr que nous restions tous vigi-lants et mobilisés pour défendrenos atouts (et ils sont nombreuxen Afrique), mais aussi que nousdémontrions le rôle positif quejouent nos entreprises dans ledéveloppement économique deces pays. C'est en effet une demes grandes convictions : nonseulement le secteur privé peutet doit jouer un rôle moteur dansle développement économique,mais en outre, les entreprisesfrançaises, reconnues pour leurfiabilité et leur compétence, doi-vent montrer l'exemple. En cesens, la promotion des intérêtsde nos entreprises et l'aide audéveloppement se rejoignent surcertains objectifs, je pense notam-ment à la Responsabilité socialeet environnementale (RSE) desentreprises.Face à une concurrence qui miseprincipalement voire unique-ment sur des bas prix, la valori-sation de notresavoir-faire passe ainsi parune exigenceaccrue en ter -mes d'impact social et environ-nemental et par une meilleurecoordination de l'équipe deFrance de l'inter national, je viensd'en parler. C'est pourquoi enmatière d'aide au développe-ment, la position française se veutexemplaire tant en matière dedéliement que d'efficacité de nosinstruments. À cet égard, ...

Répartition des IDE français en Afrique par secteurIndustries manufacturières8710112223145131535595738Intermédiation financièreIndustries extractivesImmobilier, services aux entreprisesTransports CommunicationsHôtels et restaurantsAgricultureet pêcheConstructionCommerce et réparationÉlectricité, gaz et eauSources : Banque de FranceEn 2008, en millions d'euros[Une telle présence justifie bien sûr que nous restions tous vigilants et mobiliséspour défendre nos atouts

16LE MOCI- Hors série - décembre 2009SpécialL'AFRIQUE ET LA FRANCEl'initiative pour le soutien à la crois-sance de l'Afrique, dite initiative" du Cap », qu'a lancée le prési-dent de la République l'année der-nière, s'annonce comme un vec-teur tout à fait innovant et majeurde l'investissement privé africain.En deux mots, il s'agit en effet defaciliter l'accès au financementdes PME africaines à travers unfonds de participation (250 mil-lions d'euros), un fonds de garan-tie (250 millions d'euros) et l'aug-mentation des financements del'AFD en direction des entreprises(à hauteur de 2 milliards d'eurossur cinq ans). Après un an dedémarrage effectif, l'objectif desoutenir 2 000 entreprises et300 000 emplois privés enAfrique subsaharienne semble enbonne voie.Sur le terrain, tout ceci supposeégalement que nos services éco-nomiques (qui cumulent biensouvent en Afrique les fonctionscommerciales qui sont ailleursdévolues aux bureaux Ubifrance)travaillent en bonne intelligenceavec notre communauté d'affairesd'une part et avec l'AFD d'autrepart. J'ai demandé à ce que celasoit inscrit dans les textes contrac-tuels encadrant leurs relations.En dépit du contexte de crise, j'aipar ailleurs décidé de conserveren 2009 une politique d'assu -rance-crédit ouverte et réactive,qui s'est traduite par des assouplis-sements dans plusieurs pays..Propos recueillis par Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-GentilLe top 15 des clients et des fournisseurs africains de la France(Exportations et importations en millions d'euros)20082009 Evol. 2009/2008(9 mois)(9 mois)Clients de la FranceAlgérie5499,43774,7-4,80%Maroc4247,52562,8-19,70%Tunisie3295,72166,5-13,40%Afrique du Sud1643,1978,7-20,90%Nigeria1465,810343,70%Égypte1205,11022,224,60%Sénégal790,6466-19,30% Côte d'Ivoire744,3495,2-11,70%Cameroun574,9396,8-7,30%Gabon559,3371,2-9,60%Angola505,2367,10,40%Congo498337,4-0,70%Libye484,9570,747,40%Maurice341193,9-21,80%Ghana337,1283,848,70%Fournisseurs de la FranceAlgérie4818,92193,6-40,90%Tunisie3788,82270-24,00%Libye3434,11554,6-39,50%Nigeria3262,71445,7-39,60%Maroc2870,51844,5-17,80%Angola2721,31615,4-25,90%Afrique du Sud1202,4638-28,30%Égypte928,8763,924,70%Guinée équatoriale815,8233,1-69,20%Côte d'Ivoire566423,22,24%Congo476,5419,525,70%Cameroun370,5143,9-226,60%Madagascar299,8205,2-8,10%Ghana199,6140,9-8,90%Mauritanie175,429,8-78,40%Source : Douanes françaises

18LE MOCI- Hors série - décembre 2009SpécialL'AFRIQUE ET LA FRANCEAussi louable soit-elle du point de vue français, l'Afrique subsaharienne risquede ne pas sortir indemne de la réforme de " l'équipe de France de l'export » menée par Bercy. Du moins à court terme. La volonté de rationaliser, au niveau mondial,le dispositif de promotion du commerce extérieur et des investissements français à l'étranger, pour des raisons tant d'efficacité que de réduction des coûts, n'est jamais de bon augure pour des pays et des marchés situésdans une zone, l'Afrique subsaharienne, où l'action s'assimile davantage à du travail de dentelle... Mais pour y voir plus clair, un point sur l'impact de la réforme sur l'organisation des services s'impose. Selon la réforme du dispositifd'appui français au Commerceextérieur engagée en 2008, toutce qui relève du service aux entre-prises est désormais piloté parUbifrance. Dans ce contexte, uncertain nombre de représenta-tions à l'étranger de la Directiongénérale du Trésor et de la poli-tique économique (DGTPE) - lesMissions économiques - ont com-mencé à basculer dans le girond'Ubifrance en quatre vagues :janvier et septembre 2009, jan-vier et septembre 2010. Ellesconservent leur dénomination de" missions économiques ». Là oùl'activité de service aux entreprisesest moindre, comme en Afriquesubsaharienne, les anciennesMissions continuent à exercer àla fois leurs fonctions purementrégaliennes et les services auxentreprises. Il s'agit alors de " ser-vices économiques » et leursactions pour les entreprises sontmenées sous la houletted'Ubifrance. Avec les Chambres de commerceet d'industrie (CCI) en France etles Chambres françaises de com-merce et d'industrie à l'étranger(CCIFE), Ubifrance a noué desconven tions departenariat fortespour favoriser unmeilleur échan-ge d'informa tionset une meilleure coordination deleurs activités mutuelles. Pourrésumer: aux CCI la tâche d'iden-tifier des exportateurs françaispotentiels et de les orienter dansle circuit de l'international, àUbifrance et aux Missions éco-nomiques celle de les accompa-gner sur un gros bout du chemin,aux CCIFE de les aider à s'im-planter sur place. Une des premières concrétisationsglobales de ces conventions a étéla publication, le 13 octobre der-nier, sur le site Internet d'Ubi -france, du premier " programmeFrance » 2010, présentant l'en-semble des opérations à venir desacteurs impliqués : missions deprospection, rencontres d'ache-teurs étrangers,stands collectifssur des salonsétrangers,séminaires,forums.... Des conventions departenariat ont été égalementsignées avec des acteurs clés telsque le CIAN, la Coface, Oseo, lesCCEF, l'AFD, Sopexa, etc. Resteà signer la convention de parte-nariat avec le Medef.En parallèle à la réformed'Ubifrance se tisse laborieuse-ment celle des Chambres de com-merce. Elle devrait donner nais-sance à des Chambres decommerce et d'industrie régio-nales (CCIR) renforcées avec quiUbifrance a déjà signé desaccords. Mais quid de l'Afrique ? " La réfor-me d'Ubifrance consiste à seconcentrer sur les pays où laFrance a une représentation for-te, en gros l'Afrique du Nord etl'Afrique du Sud. Au milieu, c'estle vide sidéral ! », souligneAlexandre Vilgrain, président duCIAN et Pdg du groupe Somdiaa.Ubifrance a déjà un bureau enAlgérie, en Tunisie et prochaine-ment en Afrique du Sud, maisailleurs sur le continent, mêmeau Nigeria, la réforme n'est pasencore d'actualité.En outre, la réorganisation inter-ne d'Ubifrance privilégie l'ap-proche par grandes filières secto-Équipe de France de l'export :l'Afrique subsaharienne est-elle hors jeu ?[Entre le nord et le sud du continent, " le vide sidéral »À la question " l'Afrique subsaharienne risque-t-elle d'être marginalisée par cette réforme ? »,voici sa réponse :" La réforme en elle-même nous touche peu,du moins ici au Cameroun, puisque pourl'instant - et pour sans doute un temps encorerelativement long - les deux activités de laMission économique (régaliennes et servicesaux entreprises, Ndlr) ne sont pas séparées. [...] J'ai compris la réforme comme étant uneréforme qui intéresse les grandes entitéscomme les États-Unis, le Japon, l'Inde, etc. [...]La dimension de nos pays en Afrique - saufbien entendu l'Afrique du Sud ou sans doute leNigeria ou demain la RDC - sont, sans quecela soit péjoratif, de petits pays, de petitsmarchés. [...] Et même lorsqu'on raisonneCemac ou Uemoa, on raisonne toujours enoccultant ou presque - un peu moinsmaintenant - le Nigeria. Pourtant, le Nigeria est le géant régional, que ce soit de la régionouest-africaine ou centrale. On finit par se dire - à tort sûrement - quecette réforme n'est pas pour nous ! Pas tout desuite... Alors, ne faudrait-il pas, notammentpour l'Afrique, raisonner non pas au niveau despays mais à l'échelon au-dessus, c'est-à-direau niveau d'un ensemble de Régions ? »[Témoignage ]Patrice Desgranges, président de la section des CCEF du Cameroun" La réforme en elle-même nous touche peu »

20LE MOCI- Hors série - décembre 2009SpécialL'AFRIQUE ET LA FRANCErielles délaissant celle par zonesgéographiques, hormis les dépar-tements " Intelligence marché »et " Événements spéciaux ». " C'est vrai que l'on a moins d'ac-tions sur l'Afrique. Ces grandesactions sectorielles sont assezmobilisatrices », fait-on remar-quer chez Ubifrance. Dans le pro-gramme France 2010, sur les 398opérations recensées à la mi-octobre dans l'ensemble du mon-de, seulement 18 actions étaientprévues en Afrique subsaharien-ne, 26 en Afrique du Nord (dontdeux en Égypte), 8 sur la seuleAfrique du Sud et une dansl'océan Indien.Pour Ubifrance, raison de pluspour mettre en avant l'importan-ce d'organismes bénéficiant d'unréseau de terrain tels que le CIAN,les Conseillers du Commerceextérieur de la France (CCE) ouencore l'AFD. Et de mettre enavant les conventions de parte-nariat signées avec le CIAN, le11 juin, ou encore plus récem-ment avec l'AFD. Côté CIAN,cependant, les limites du parte-nariat sont vite posées : selon sonprésident, Alexandre Vilgrain, iln'est pas dans les missions duCIAN de travailler à la promotiondu commerce international desPME françaises. Quant auxmembres présents sur le terrain,sans être les représentants locauxd'Ubifrance, ils participent auxChambres de commerce et autresclubs d'investisseurs, entités quitravaillent à accroître la présencefrançaise.Le CIAN propose " d'apporter[son] expertise dans le choix despriorités tant géographiques quesectorielles », poursuit son pré-sident. Un rôle qui complète celuides CCE mais qui ne saurait seconfondre. " Chaque CCE infor-me, via son mandat, le gouver-nement français de ce qui se pas-se dans son pays d'implantationet incite à y venir pour investir.Celui qui est au Togo parle duTogo, au Bénin du Bénin, etc. Ilen est de même d'un ambassa-deur. Ce qui est demandé auCIAN c'est de relativiser, enquelque sorte, ces informationscar il a une vision globale du conti-nent. Le CIAN peut être une for-ce de proposition », expliqueencore Alexandre Vilgrain. Quant à l'AFD, elle se félicite decet accordsigné avecUbifrance." Cela per-mettraqu'Ubifrance, sur la base d'infor-mations que nous leur commu-niquerions sur la situation éco-nomique et financière des pays,l'état des infrastructures, la gou-vernance de certains secteurs, l'en-vironnement des affaires, etc., etsur la base de leur propre systè-me d'information, puisse bâtir deséléments de communication versles entreprises », notamment lesPME, précise Michel Jacquier,directeur général adjoint de l'AFD.Mais pour proposer tel ou telpays, encore faut-il que l'Afriquesubsaharienne soit sur l'écranradar d'Ubifrance. Pour JérômeCazes, directeur général deCoface, cela ne fait pas de dou-te. " Cette zone de moindres tur-bulences a bien sûr été repéréepar les entreprises qui ont redé-couvert, dans certains cas, l'in-térêt des marchés africains. »Dans ce cas, la réforme est salu-taire, déclare Jean-Louis Latour,nouveau délégué général duComité national des CCEF :" L'Afrique représentait quelque15 à 20% de nos exportations ily a trente ans contre 3% aujour-d'hui. Donc, on a très fortementdiminué le dispositif de l'État enAfrique. Raison de plus pour queles CCE et les Chambres de com-merce puissent prendre touteleur place dans le nouveau dis-positif d'Ubifrance. Sur l'Afrique,plus encore peut-être qu'en Asieou en Europe, on est condamnéà travailler ensemble. Sinon, rienne se passera ! »Pour certains, cette réforme nefera que renforcer des réseaux decoopération préexistants. " Leschangements à Ubifrance n'ontaucun impact sur La Maison del'Afrique », souligne sa directri-ce, Sylvie duChaxel. " Detout temps, ladirectioninternationa-le de la CCIP a travaillé avec lesMissions économiques et cetaccord va renforcer notre parte-nariat », précise de son côtéFrédéric Brunet, délégué du pré-sident de la CCIP chargé de l'in-novation et de l'Afrique. En revanche, la réforme des CCIen France, qui doit aboutir à unerégionalisation d'un certainnombre de services, risque d'af-fecter l'intérêt manifesté par cer-taines chambres pour l'Afrique." Il y aura mutualisation demoyens et de services au sein desstructures régionales : c'est le butde la réforme des chambres, pour-suit Frédéric Brunet. Demain onpeut imaginer qu'il n'y auraqu'une direction internationalepar chambre régionale ou dumoins que les chambres localestravailleront main dans la main.Supposons qu'il y ait un arbitra-ge au niveau de la Région, où seu-lement une petite chambre s'in-téresse à l'Afrique, et que cetarbitrage dise que l'Afrique n'estpas la priorité de la Région... ! Il faudra rester vigilant et sebattre. Je suis un défenseur del'Afrique et je pense que si onremonte un niveau au-dessus,on risque de perdre dans cer-taines régions. » .[Renforcer des réseaux de coopération préexistants

Services économiquesBureaux UbifranceImplantations actuelles en Afrique des représentations Ubifrance-Missions économiqueset des Services économiquesSource : Ubifrance

LE MOCI- Hors série - décembre 200921RAPPORT 2010

À la question " l'Afrique subsaharienne risque-t-elle d'être marginalisée par cette réforme ? », voici sa réponse :" Il faut rappeler que la réforme du dispositif public, notamment celle des services économiques des ambassades, avec la rationalisationdu dispositif autour de postes régionauxsupervisant des grappes de pays, adémarré il y a déjà une dizaine d'annéesau niveau de l'Afrique subsaharienne.Aujourd'hui, au contraire, la dynamique nouvelle des échangesentre l'Afrique du Nord et l'Afriquesubsaharienne, l'émergence de nouvelles concurrences en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne,auxquelles s'ajoute la mise en synergie du dispositif français, devraient conduire à plus d'actions ou des actions pluspercutantes sur le continent africain. Par exemple, ce sont les opérationstransversales aux pays du Maghreb et de l'Afrique du Nord que l'on mène depuis plusieurs annéesmaintenant avec MedAllia [...] où sont rassemblées des entreprisesd'Afrique du Nord avec des entreprisesfrançaises. Cette réforme du dispositif les a rendues possibles et les a facilitées parce que tout le monde a connaissance, partage et met en commun ces opérations. »* En vertu d'une convention signée en2006 et reconduite en 2009, la CFCIMest la représentante exclusived'Ubifrance sur toute la partie " appui aux entreprises » et Ubifrance n'a plus d'autres implantations au Maroc.[Témoignage ]Dominique Brunin, directeur général de la Chambre française de commerce et d'industrie du Maroc (CFCIM)*.Vers " plus d'actions ou des actions plus percutantes sur le continent africain »

22LE MOCI- Hors série - décembre 2009SpécialL'AFRIQUE ET LA FRANCELa 4eConférence des ministres africains de l'Intégration, en mai dernier, a été claire : au vu des avancées de chaque communauté régionale, " il n'est pas certainqu'une union douanière continentale puisse être mise en place d'ici 2019 comme planifié », rapportait alors l'hebdomadaire Les Afriques. De fait, selon les zones et les institutions, le niveau d'avancée en matière d'intégration est très variable.Des zones de libre-échange exis-tent déjà au sein du Comesa(Marché commun de l'Afriquede l'Est et australe), avec ses19 pays membres et son mar-ché de 400 millions d'habitants,de la SADC (Communauté dedéveloppement de l'Afriqueaustrale), de la Cedeao (Com -mu nauté économique des Étatsde l'Afrique de l'Ouest) et del'EAC (Communauté del'Afrique de l'Est). À l'Ouest, en Zone franc,l'Uemoa (Union économique etmonétaire de l'Afrique del'Ouest) et la Cemac (Com -munauté économique et moné-taire de l'Afrique centrale) dis-posent depuis longtemps d'uneunion monétaire. En revanche,l'Igad (Autorité intergouverne-mentale pour le développement)et la Censad (Com munauté desÉtats sahélo- sahariens) sontencore loin du but.Aucune union douanière ache-vée n'est en vigueur sur le conti-nent, l'Uemoa étant la plusaboutie avec un tarif extérieurcommun en place depuis 2000.Au sein de la Cedeao, les visasont été levés, certains pays déli-vrant des passeports commu-nautaires.Un grand pas a toutefois été faitpar le Comesa, la SADC etl'EAC qui ont décidé, à Kampalaen octobre 2008, de se rappro-cher pour créer une zone delibre-échange. Au sommet deVictoria Falls en juin, ils ontdébattu d'un tarif extérieurcommun pour les marchan-dises. Les restrictions aux visasde tourisme au sein de la zoneont déjà été levées. Globalement, l'intégration aencore du chemin à faire auniveau institutionnel et poli-tique. Elle est également à par-achever sur le terrain, mêmedans les régions où l'intégrationest la plus avancée. Selon VivienFoster, de la Banque mondiale," la vitesse effective du traficinternational de fret est demoins de 10 km/h lorsque tousles délais associés au passagedes frontières et des ports sontpris en considération »...Un retard qui pénalise l'Afrique.Partant du principe que " lesretombées de la croissance outrefrontières comptent parmi lesprincipaux bénéfices de l'inté-gration régionale » car " la crois-sance des pays voisins renfor-ce la croissance intérieure, quifavorise à son tour les voisins »,les auteurs du Rapport 2009 surle développement dans le mon-de relèvent qu'en Afrique sub-saharienne, " les retombéesmoyennes de la croissance ontété bien plus faibles, indiquantle manque relatif d'intégrationrégionale, en dépit d'une plé-thore d'accords commerciauxrégionaux. »Un avis que Lionel Zinsou, pré-sident de Pai Partners, rejoint.Pour lui, l'intégration régiona-le est " évidemment » la solu-tion aux problèmes de l'Afriqueet la crise mondiale n'a pas vrai-ment fait évoluer la donne duproblème. " L'Afrique a les moyens de s'ai-der elle-même, simplement c'estencore dans les limbes. L'Afriquea des réserves de change impor-tantes de l'ordre de 400 mil-liards USD. Certains pays ontdes surplus considérables -l'Algérie, la Libye, le Nigeria,l'Angola - et c'est complètementnouveau. Mais pour l'instant,elles ne sont pas du tout mobi-lisées pour l'Afrique et ça, la cri-se ne l'a pas résolu », fait-ilremarquer. .Unions régionales africaines : l'intégration dans les limbes

Avec sous-régionAvec reste du continentAvec reste du monde

Afrique : la structure des échanges commerciauxImportationsExportationsAFRIQUEAFRIQUEDU NORDAFRIQUEDE L'OUESTAFRIQUECENTRALEAFRIQUEDE L'ESTAFRIQUEAUSTRALEAFRIQUEAFRIQUEDU NORDAFRIQUEDE L'OUESTAFRIQUECENTRALEAFRIQUEDE L'ESTAFRIQUEAUSTRALEEn pourcentageSource : à partir des données de la Cnuced 0128831969388114856167887850991319694870,53,59614167031681

LE MOCI- Hors série - décembre 200923RAPPORT 2010Le Moci:La crise accélère-t-elle le processus régional en Afrique ?Michel Jacquier :J'aurais tendance à vous répondre " oui »car c'est la logique. Mais, très honnêtement, je ne peux direni ça ni son contraire. Les processus de renforcement de cette intégration régionale ont préexisté à la crise. Ce qui est probable c'est que sur un certain nombre de sujets - je pense à l'énergie notamment - la prégnance des besoins va favoriser une accélération des interconnexions régionales, la mise en commun d'uncertain nombre d'infrastructures de production, etc. Mais je ne peux pas dire que la crise a été un déclencheurde ce mouvement. Ce mouvement préexistait.Le Moci:Comment l'AFD soutient-elle ce processusd'intégration ?Michel Jacquier :La coopération française et l'AFDsoutiennent les intégrations régionales à travers des aides budgétaires que nous faisons à l'Uemoa depuis2005 et à la Cemac depuis 2007. Ces aides, de l'ordre de 20 millions d'euros par an pour chacune, ont pourobjectif principal de soutenir les programmes économiquesrégionaux qui sont pilotés par les deux commissions,Afrique de l'Ouest et Afrique centrale. Ces deux dispositifsont été mis en place dans le cadre de l'appui particulier quenous donnons à la Zone franc. Sur l'Afrique anglo-saxonnepar contre, nous ne faisons rien de précis en matière de soutien institutionnel aux régions. .

[Parole d'acteur ]Michel Jacquier, directeur général délégué de l'AFD et président du Fonds d'investissement et de soutien aux entreprises en Afrique (Fisea) " La prégnance des besoins va favoriser une accélération des interconnexions régionales »

24LE MOCI- Hors série - décembre 2009SpécialL'AFRIQUE ET LA FRANCE" L'Afrique fait avec elle-même 10% de son commerce extérieur, l'Asie 50% et l'Europe 73%.», souligne Lionel Zinsou, président dePAI Partners. " Mais il n'y a aucun suspense : dans une génération, dans 25 ans,l'Afrique fera 50% de ses échanges avec elle-même. Ainsi, on peut voir cette absence d'intégration comme une faiblesse très grande de l'économie africaine ou comme un vrai moteur de développement car cela va changer. »Comme bon nombre d'intégra-tions régionales à travers le mon-de, l'économie précède le poli-tique. Des projets d'infra-structure très lourds, notammentdans les secteurs de l'énergie etdu transport, se réalisent alorsque les institutions régionales secherchent encore. Énergie : foisonnement d'interconnexions régionalesLe manque d'énergie paralyse :les 48 pays d'Afrique subsaha-rienne, soit 800 millions de per-sonnes, génèrent l'équivalent dela production électrique del'Espagne. Pire encore, laconsommation en Afrique seraiten baisse, selon la Banque mon-diale, à 124 kw-h/hab/an, soitun dixième de ce qui se trouveailleurs dans les pays en déve-loppement. Les entreprises enAfrique perdraient 5% de leursmarchés du fait des ruptures decourant. L'Afrique foisonne de projetsd'électrification, notammentd'interconnexions régionales. Eneffet, 60% du potentiel hydro-électrique du sous-continent estconcentré en RD Congo et enÉthiopie tandis que 21 des48 pays d'Afrique subsaharien-ne ont des systèmes nationauxqui génèrent moins de 200 MW," un niveau qui ne leur permetpas d'être efficient », note VivienFoster, de la Banque mondiale. Actuellement, seulement 16%de l'énergie est commercialiséehors des frontières nationales, laplupart des échanges se réalisantentre l'Afrique du Sud et ses voi-sins. Quelque 500 millions USDpar an devraient être investis jus-qu'en 2015 dans des systèmesd'interconnexion pour créer deréels pools régionaux et réduirele coût de l'énergie.Intégrations régionales : les projets d'infrastructures précèdent les accords politiques

Réseau de télécommunications large bande Existant et en construction ManquantPrincipaux corridors routiers Bon Pauvre ou manquantRéseau électriquehors Afrique du Nord Existant Manquant

Le défi des infrastructures régionalesSource : African Development Bank, 2008.Cette carte des réseaux électriques, routiers et de télécommunicationsmontre la faiblesse des liaisons d'envergures régionales en Afrique.

26LE MOCI- Hors série - décembre 2009SpécialL'AFRIQUE ET LA FRANCEL'Afrique du Sud, fer de lance enzone australe, souffre cruelle-ment de ce déficit énergétiqueet l'opérateur public Eskom mul-tiplie projets et contrats auniveau de la sous-région. LeMozambique, qui ne consom-me que 5% deson électricité,en est un destout premiersbénéficiaires etrecherche 8,5 milliards USDpour financer son plan straté-gique énergétique 2009-2013qui lui permettrait de produire14 000 MW contre les 2 075MW actuels. Par ailleurs, afinque le Botswana ne pâtisse pasdu manque d'électricité, notam-ment du fait de la Coupe dumonde en RSA, le Mozambiquelui fournira 50 MW. Des accordssemblables sont passés avec leLesotho et le Swaziland.Mais d'autres s'activent. LaNamibie, qui dispose de gise-ments d'uranium, entend sedoter d'une centrale nucléairepour subvenir à ses propresbesoins, mais aussi pour échan-ger au sein du Southern AfricanPower Pool, le bras énergie dela SADC. Et le Zimbabwe, laZambie, le Botswana et laNamibie développeront la ligneZizabona qui permettra à600MW supplémentaires d'ap-provisionner la région. Selon laDevelopment Bank of SouthernAfrica (DBSA), les pays de laSADC pourraient économiserjusqu'à 48 milliards USD s'ilsdéveloppaient leurs projets éner-gétiques conjointement. En Afrique centrale, l'énorme pro-jet hydroélectrique d'Inga en RDCongo, pays qui a un potentielhydroélectrique estimé à 100000MW, se poursuit : c'est l'ensemblede l'Afrique australe via la Zambiequi en bénéficierait. À l'ouest de l'Afrique, des étudesde préinvestissement ont été lan-cées dans le cadre du WestAfricanPower Pool(Wapp) pourla construc-tion d'uneligne électrique de 330 KV entrela Côte d'Ivoire et le Ghana. Àterme, l'interconnexion s'éten-dra jusqu'au Nigeria.Transports : l'accès à la mertoujours privilégiéNombre de projets dans lestransports et la logistique obéis-sent à la nécessité de désengor-ger les ports existants et à rédui-re la vulnérabilité des paysenclavés. En effet, fidèles à l'his-toire, les projets en Afrique sui-vent aujourd'hui encore unelogique économique, de corri-dors vers la mer, soit quelque10 000 km. " Si on voulaitmieux relier les pays, dans unelogique de meilleure intégrationrégionale, il serait question plu-tôt de 60 000 à 100 000 km »,estime Vivien Foster. Parmi les projets, l'Éthiopie déve-loppe son réseau routier pourrejoindre les ports de Mombassaet Port-Soudan, afin de réduiresa dépendance à l'égard deDjibouti. Parallèlement, laTanzanie érige deux nouveauxports pour faire face à la haussedu nombre de conteneurs quitransiteront par son territoire cesvingt prochaines années, reliantla Zambie, le Burundi, le Malawi,le Rwanda et l'Ouganda à la mer. On peut aussi citer le Kenya etl'Ouganda qui construiront d'ici2017 un nouveau chemin de ferqui partira du port de Mombassapour desservir le Rwanda, l'É-thiopie, le Sud Soudan et leBurundi. Actuellement, 16 mil-lions de tonnes (Mt) de mar-chandises passent par le port deMombassa. En 2030, on devraitavoisiner les 30 Mt. En Afrique de l'Ouest, d'ici 2012,le port d'Abidjan devrait dépen-ser 62,3 millions USD pour bienasseoir son hub régional des-servant le Burkina Faso, le Niger[500 millions USD d'investissements par an jusqu'en 2015Afrique : le déficit en infrastructuresAfrique subsaharienneAutresPMAPMADensité routes bitumes (km par km2)31134Densité en routes (km par km2)137211Densité téléphonie fixe (ligne pour 1 000 personnes)1078Densité téléphonie mobile (ligne pour 1 000 personnes)5576Densité Internet23Production électrique (MW par million de personnes)37326Couverture électricité (% de la population)1641Couverture eau (% de la population)6072Couverture sanitaire (% de la population)3451Source : Africa Infrastructure Country Diagnostic, Vivien Foster, septembre 2008

LE MOCI- Hors série - décembre 200927RAPPORT 2010et le Mali : la progression de sontrafic l'y oblige. Télécoms, hydrocarbures : un déploiement dynamiqueLes autres secteurs ne sont pasen reste. En matière de hautdébit, l'Afrique de l'Est s'est illus-trée cette année avec le déploie-ment par Seacom de nouveauxcâbles optiques sous-marins. Surle créneau porteur de la télé-phonie, les opérateurs télépho-niques comme Safaricom (grou-pe britannique Vodafone), Zain(Koweït), MTN (Afrique du Sud)ou encore Orange (France) ontdéveloppé une stratégie non pasrégionale mais continentale toutau long de 2009.Dans le secteur des hydrocar-bures, les négociations ont avan-cé cette année entre la RD Congoet l'Angola quant à l'explorationpétrolière au large de leurs côtescommunes, tandis que Kinshasaorganisait avec l'Ouganda l'ex-ploration pétrolière du lac Albert.Rappelons par ailleurs le pipe-line de 1 000 km qui traverse leCameroun pour évacuer lepétrole du Tchad. Pour sa part,le mozambicain Petromocconstruira un terminal pétrolierd'ici 2014 destiné à desservir larégion, tandis qu'un pipeline de450 km devrait relierJohannesburg au port deMaputo. En Afrique de l'Ouest, l'illus-tration la plus frappante est legazoduc entre le Nigeria, leBénin, le Togo et le Ghana.Toutefois, si les travaux deconstruction en mer sont ter-minés et que le réseau est prêtdepuis décembre 2008, trans-portant déjà du gaz naturel deLagos à Takoradi au Ghana, lesautres pays ne sont pas encoredesservis. Autre projet régionalde grande envergure : l'accordsigné début juillet entre leNigeria, l'Algérie et le Niger pourconstruire un gazoduc à traversle Sahara. Cela fait trente ansque ce projet est dans lestiroirs...Un projet, selon leministre algérien de l'Énergie,Chakib Khelil, que les Africainsdevraient pouvoir réaliser sansavoir recours aux entreprisesétrangères. .A.G-G et B.C[Parole d'acteur ]Dominique Lafont, directeur général de Bolloré Africa LogisticsLes institutions régionales ? " Nous, opérateurs privés, nous ne les sentons pas très présentes »" Si vous prenez l'exemple du Katangadans lequel il y a une exploitation du cuivreimportante, il y a l'existant et le potentiel.L'existant, c'est principalement le port de Durban avec derrière une relationroutière jusqu'au Nord, et dans une moindre mesure les ports de Dar es-Salaam et Beira. Le futur, ce sera des exports sur les différents portsde Lobito, de Walvis Bay, de Durban, de Beira et de Dar es-Salaam. [...] Nous avons donc développé des corridorsd'accès via Dar es-Salaam, Beira etDurban avec des investissements que nous avions faits dans White Horse et tout notre réseau de base que nous avons tout au long de la chaîne au Zimbabwe, en Zambie, en Tanzanie et au Katanga. Demain, pour l'export, car nous savons que l'exportation de cuivreva beaucoup augmenter, il faudra ouvrird'autres corridors que seront Walvis Bay et Lobito, ce à quoi on travailleactuellement. [...] La fluidité de lalogistique suppose qu'il y ait plusieursalternatives de corridors et de ports.[...] [...] Parfois, les initiatives régionales sontprincipalement du domaine du privé. C'est l'exemple du Katanga : dès lors qu'il n'y a pas d'hostilité politique,ces initiatives privées se développentpratiquement sans soutien politique. En revanche, il peut être important d'avoirun soutien politique comme, par exemple, dans notre projet entre le Somaliland et l'Éthiopie [...]. D'une façon générale, nous, opérateursprivés, ne sentons pas très présentes les institutions régionales. Cependant, ce n'est pas pour autantqu'elles n'existent pas. Toutefois, le plus souvent, dans ce processus de désenclavement logistique, nous avonsdavantage affaire à la souveraineténationale qu'aux institutions régionales.Peut-être aussi parce qu'on ne s'y prend pas bien ! Mais en tout état de cause, dans tous nos contacts, on ne nous a jamais dit : vous devriez essayer par telle ou telle instance régionale. »

Depuis deux ans, on assiste

à une véritable offensive

des banques marocaines et nigérianes en Afrique, plus précisément dans la zone

Uemoa et plus timidement

dans la zone Cemac.

Le mouvement a démarré en 2005

avec la première banque du Maroc,

Attijariwafa Bank (AWB), qui s'est

d'abord déployée en Tunisie avec la reprise de la Banque du Sud, puis au Sénégal où elle détient aujourd'hui une position domi- nante. Après avoir implanté une filiale à Dakar, elle a pris posses- sion de la Banque sénégalo-tuni- sienne puis de la Compagnie ban- caire d'Afrique occidentale (CBAO). AWB Sénégal et la CBOA sont en train de fusionner et, avec le rachat du réseau du Crédit

Agricole en novembre 2008, elle

renforce sa position au Sénégal et prend position dans d'autres pays (Congo, Gabon, Côte d'Ivoire et

Cameroun). En outre, elle a acquis

la Banque internationale du Mali en juillet 2008.

La Banque marocaine du

Commerce extérieur (BMCE) est

dans les pas de sa grande soeur.

Elle l'avait précédée en ouvrant une

banque d'affaires BMCE Capital

Sénégal, puis en étant présente au

Congo et au Mali. Avec une prise

de participation de 35% dans

Africa Financial Holding (AFH),

portée à 42,5% en 2008, la BMCE a conclu un partenariat stratégique avec Bank of Africa (BOA) lui ouvrant un réseau couvrant dix pays d'Afrique, dont l'Afrique de l'Est (Kenya, Madagascar,

Ouganda, Burundi...). Une allian-

ce Sud-Sud et francophone avec la volonté affichée d'une stratégie de banque globale sur le continent.

Les banques marocaines sont sui-

vies de près par les puissantes banques nigérianes. United Bank of Africa (UBA) et Access Bank sont les plus offensives. Dans leur silla- ge, suivent Diamond Bank et

Zenith Bank. Après s'être installée

banques nigérianes et marocaines, si l'arrivée de ces nouveaux parte- naires sera bénéfique ou non pour les pays. Je suis hésitant. Les déci- sions qui sont prises à Lagos ou à

Casablanca chercheront plus la ren-

tabilité que le développement ».

Un observateur averti souligne que

la multiplication des banques fra- gilise le système bancaire et qu'au final, ce qui importe pour une banque est la base de dépôts, et donc la confiance. Or, cinq banques nigérianes viennent d'être mises sous tutelle de leur Banque centrale. En outre, si le taux de bancarisation dans la zone Uemoa est faible, aux environs de 6 à 7%, " le gâteau » ne s'agrandit pas alors que le nombre de parts augmen- te. Jusqu'où ?

Inévitablement on devrait obser-

ver dans les deux à trois prochaines années une concentration du sec- teur. D'autant plus que les nou- velles règles prudentielles de la

BCEAO renforcent les exigences en

capitalisation. .A.G-G et B.C

28LE MOCI- Hors série - décembre 2009SpécialL'AFRIQUE ET LA FRANCEBanques : redistribution des cartes sur un marché en pleine effervescence[Parole d'acteur ]Paul Derreumaux, président de BOA Group " Un véritable décloisonnement géographique au pl anbancaire »" Parler maintenant de banques régionalesn'est plus tellement adapté, des banques ont une ambition continentale. Et ce qui estimportant, c'est le fait que l'on a assisté à partir de 2005 à un véritabledécloisonnement des zones géographiquesdans le continent afquotesdbs_dbs7.pdfusesText_13