[PDF] Faute de goût - Le Proscenium



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Dix-huit petits textes avec des fautes d’usage

Texte 1 Un jour, un voleur qui vivait dans un narbre décida de partir à l’aventure en voitur Comme il avait une senté fragile, il emporta un peutit l’ivre qui contenait tous les noms des médicaments existants Dans un bois, il rencontra un marain, sa femme et leur fils qui jouaient au ballont en promenant leur chiend



Paragraphe 1 : Lélément objectif de la faute

Il existe certains cas dans lesquels l'existence d'une faute sera incontestable C'est le cas où un texte de loi interdit un acte ou impose une obligation qui n'a pas été respectée Sont d'abord visées toutes les infractions pénales Il y a faute en cas de violation d'un texte même si ce texte n'était pas assorti d'une sanction pénale



Copie sans faute - Académie de Créteil

J L Coupel – CPC Luçon – 18 janvier 2007 – « Les Copies sans faute » - V 1 - page 5/5 7 – La Copie « réorganisée » Compétences: écrire et disposer les éléments d’un texte dans la feuille en fonction d’une consigne de mise en page



Dix-huit petits textes avec des fautes de correspondance

Texte 1 Un jour, un voleu qui vivait dans un arbre décida de partir à l’aventore en voiture Comme il avait une santé fragine, il emporta un petit livre qui contenait tous les noms des médicarents existants Dans un bois, il rencontrar un martin, sa femme et leur fils qui jouaient au ballan, en promenant leur chien



Faute de goût - Le Proscenium

petit spectacle, quel que soit l’ordre des pièces suivantes et quelles que soient les pièces retenues (page 5) • Le bar de la barbue: Colin Cognito entre, incognito, dans un restaurant de pirates Colin va-t-il décerner des étoiles de mer au “bar de la barbue” ? (page 6) • Quand c’est l’heure, c’est lard Quand ce n’est



Brevet de français Mémento - ac-dijonfr

faites de matériaux de récupération et où vivent les gens les plus pauvres, faute de pouvoir se loger dans un endroit plus décent Qualifier / Caractériser Il faut trouver un ou plusieurs mots (tirés du texte ou non) pour définir un passage du texte, un personnage ou une situation



CORRECTION DU DM SUR UN POEME DE VICTOR HUGO

C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme Où rampe la raison, l'honnêteté périt Dieu, le premier auteur de tout ce qu'on écrit, A mis, sur cette terre où les hommes sont ivres, Les ailes des esprits dans les pages des livres Tout homme ouvrant un livre y trouve une aile, et peut



Lecture compréhension « Un petit frère pas comme les autres

-Lire le texte de lecture fluence et inscrire son score Lecture compréhension « Un petit frère pas comme les autres »-Commence par résumer le début de l’histoire - A la fin du chapitre 4 que j’ai lu hier, Lili fuit dans la forêt Un personnage arrive, Monsieur Hibou, et se met à lui parler Il lui raconte une histoire :



RACONTER UN SOUVENIR DE VOYAGE

Après cela, les apprenants se verront remettre une feuille d’activités écrites : phrases incomplètes où il faut mettre le verbe à la bonne forme selon le contexte de la phrase, petit tableau de conjugaison (passé composé, imparfait et plus-que-parfait) et un petit exercice lexical sur le tourisme et le voyage

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Faute de goût - Ann Rocard 2/25 Faute de goût ! Les tribulations d'un agent secret de la restauration Comédie à sketches de Ann ROCARD Pour les acteurs de Sallagriffon (Alpes-Maritimes 06)

Faute de goût - Ann Rocard 3/25 Caractéristiques Durées approximatives : environ 40 minutes en tout. • Colin Cognito : 1 mn à 1mn 30. • Le bar de la barbue : 8 mn. • Quand c'est l'heur e, c'est lard ! Qu and ce n'est plus l'heure, c'est encore l'art ! : 10 mn. • Végé-terrien ou végétarien ? : 8 mn. • Gastronomique... C'est le hic ! : 11 à 12 mn. Distribution : • Colin Cognito : Colin (peut être joué par le même acteur ou bien par des acteurs différents, vêtus et maquillés de la même f açon... à part l es déguisements bien sûr !) • Le bar de la barbue : Colin, la sirène, la patronne pirate, Toto le pirate au marteau. • Quand c'est l'heure, c'est lar d ! Qu and ce n'est plus l'heure, c'est encore l'art ! : Colin, Marie-Georgette, Marie-Gabrielle, Léo Tokart. • Végé-terrien ou végétarien ? : Colin, Véro, Rovert de la Médaille, madame Vertigo. • Gastronomique... C'est le hic ! : Colin, Charlotte la serveuse, Françoise la cliente, le chef. Nombreux figurants : serveu rs ou serveuses, clie nts ou clientes. Accessoires : • Colin Cognito : carnet et stylo dans sa poche. • Le bar de la barbue : de quoi faire le service, assiettes et autres éléments sur les tables, un marteau, une scie (en plastique), carte (menu), parapluie, bouteille rouge avec feuille roulée à l'intérieur, bocal vide (en plastique), gros poisson qui imite un thon. • Quand c'est l'heur e, c'est lard ! Qu and ce n'est plus l'heure, c'est encore l'art ! : Ce qui est nécessaire au restaurant (tables, de quoi mettre les couverts, etc.), pailles, carnet et stylo, ballon vert gonflable sur lequel est dessiné une grenouille au moyen d'un feutre indélébile, punaise scotchée sur le doigt de Colin. Sculptures : grand poireau vertical (qui fait le poireau), pyramide de choux (légumes), pommes de terre dans une boîte, sculpture pouce de César. Tableaux : pomme collée ou clouée au centre d'un panneau blanc, deux carottes fixées sur un autre panneau, haricots sur tableau. • Végé-terrien ou végétarien ? : Ce qui est nécessaire au restaurant, lampe frontale.

Faute de goût - Ann Rocard 4/25 • Gastronomique... C'est le hic ! : ce qui est nécessaire pour le restaurant, perruque de chauve, moustaches, lunettes, plats annoncés par le chef et liste de plats, co upe de cha mpagne en plastique), assiette en cart on couverte de mousse à raser. Public : tout public. Synopsis : • Colin Cognito : Courte présentation du personnage principal au début du petit spectacle, que l que soit l'ordre des pièces suivantes et quelles que soient les pièces retenues. (page 5) • Le bar de la barbue : Colin Cognito entre, incognito, dans un restaurant de pirates. Colin va-t-il décerner des étoiles de mer au "bar de la barbue" ? (page 6) • Quand c'est l'heure , c'est lard ! Qu and ce n'est plus l'heure, c'est encore l'art ! : Colin Cognito veut tester la galerie-restaurant, L'ART TICHO, qui a ouvert récemme nt. Le grand chef, Léo Tokart, y présente plats culinaires, mais aussi tableaux et sculptures. De quoi ouvrir l'appétit ! (page 11) • Végé-terrien ou végétarien ? : Colin Cognito se rend à " La Vérité, sinon rien », un restaurant, situé au fond d'une grotte. Bizarre, les serveurs ont le visage vert. Est-ce parce qu'ils ne mangent que des légumes ? (page 16) • Gastronomique... C'est le hic ! : Col in Cognito va dîne r au restaurant gastronomique, " L'As de pique », qui a déjà une étoile de mer au guide Machin-Machin. On y mange di vinement bien.. . et le service est impeccable ! (page 21) Et bien d'autres aventures culinaires de Colin Cognito pour celles et ceux qui le souhaiteront ! Bon appétit ! L'auteure peut être contactée par courriel : annrocard14@gmail.com - ou par l'intermédiaire de son site : http:/www.annrocard.com/

Faute de goût - Ann Rocard 5/25 Colin Cognito Ann Rocard Musique typique de films d'agents secrets. Colin Cognito traverse la salle, arrive sur scène et s'adresse au public. COLIN : Vous ne me reconnaissez pas ? Tant mieux ! Personn e ne doit me reconnaître car je travaille pour le célèbre guide Machin-Machin. C'est moi qui donne une ou plusieurs étoiles de mer aux restaurants qui le méritent. Pour passer inaperçu, je me déguise... Hi, hi, hi... et j'arrive incognito dans les restos quand on m'y attend le moins. (se présente comme James Bond) Mon nom est Cognito. Colin Cognito. Je suis un agent secret de la restauration. Hi, hi, hi... Alors, gare aux fautes de goût ! Suite de la musique. Colin Cognito s'en va. La lumière s'éteint progressivement. Fin de la courte présentation

Faute de goût - Ann Rocard 6/25 Le bar de la barbue Ann Rocard Musique. Dévoiler le restaurant (par exemple ouvrir un rideau ou replier un paravent). Une sirène fait le service. La patronne pirate finit d'installer les tables. Un client-pirate entre dans le restaurant ; il tient un marteau. PATRONNE : Bienvenue au resto " Le bar de la barbue » ! TOTO : Vous n'êtes pas barbue... PATRONNE : Pirate ignare ! TOTO : (ne comprend pas) Ignare ? PATRONNE : Ignorant ! La barbue est un poisson marin à la chair délicate ! TOTO : Ah, bon. PATRONNE : Et le bar aussi ! Vous voulez déjeuner ? TOTO : Oui. PATRONNE : (montre une table) Asseyez-vous. (Toto s'assoit et elle lui donne la carte) Voici la carte. TOTO : La carte au trésor ? PATRONNE : Le menu ! TOTO : (pose son marteau sur la table et regarde la carte) Il n'y a que du poisson, c'est empoisonnant. PATRONNE : C'est la spécialité de la maison. TOTO : Je veux bien un poisson-scie comme entrée... Et le poisson du jour comme plat principal. Quel est le poisson du jour ? PATRONNE : Surprise du chef ! TOTO : C'est vous le chef ? PATRONNE : Oui, le seul maître à bord de mon bateau-resto. C'est pourquoi je ne sers jamais de seiches. Non seulement, elles sont mouillées... Mais en plus, elles risqueraient de jeter l'ancre. (éclate d'un gros rire pendant que Toto écarquille les yeux, ne comprenant pas le jeu de mots) Ha, ha, ha ! Jeter l'encre, ignare ! TOTO : C'est drôle ? Il faut rire ? PATRONNE : Rire comme une baleine... Ha, ha, ha ! (s'arrête de rire d'un seul coup) Trêve de plaisanterie ! Avec un verre d'eau de mer ou d'eau de mort ? TOTO : Je préfère l'eau-de-vie. PATRONNE : Je vais voir ce que je peux faire. Un poisson-scie pour la six et un verre d'eau-de-vie éternelle ! Musique. La patronne va dans les coulisses. Toto prend son marteau et commence à tapoter sur la table. La sirène s'approche (elle parle en chantant). Pendant ce temps, Colin arrive, déguisé en pirate qui boîte. Il écoute, très intéressé.

Faute de goût - Ann Rocard 7/25 SIRÈNE : Avez-vous un problème, monsieur ? TOTO : Aucun, mademoiselle. (tapote) Appelez-moi Toto. SIRÈNE : Si cela peut vous faire plaisir. Avez-vous choisi le homard à l'armoricaine ? TOTO : Avec le nom que je porte, sûrement pas ! SIRÈNE : Je ne comprends pas, monsieur Toto... TOTO : Omar, c'est mon prénom. O-M-A-R. Vous saisissez ? (la sirène fait non de la tête) Omar Toto. Toto donne un coup de marteau sur la table, la sirène sursaute. SIRÈNE : Aaaaaaaah ! TOTO : Vous parlez toujours en chantant, mademoiselle ? SIRÈNE : (montre sa queue de poisson) Je n'y peux rien. C'est de naissance. J'ai une voix de sirène, d'après mon tonton Ulysse. TOTO : Bravo ! Mais que faisiez-vous aux temps chauds ? SIRÈNE : Je chantais, ne vous déplaise ! TOTO : Vous chantiez ? J'en suis fort aise. Eh bien, dansez maintenant ! SIRÈNE : Pardon ? TOTO : Je plaisante. Entre nous, ça ne m'a pas plu que votre patronne me traite d'ignare. (tapote sur la table) Dites donc... On n'est pas serrés comme des sardines en boîte dans votre resto ! SIRÈNE : Il n'y a pas un poisson-chat à cette heure-là. Si vous préférez, revenez plus tard. La sirène aperçoit Colin. SIRÈNE : Excusez-moi, j'ai un client. La sirène se dirige vers Colin, tandis que Toto tapote (sans bruit pour ne pas couvrir les voix des autres acteurs). SIRÈNE : Bonjour, monsieur. Bienvenue au resto " Le bar de la barbue » ! COLIN : Merci, mademoiselle. Je voudrais déjeuner. La sirène fait asseoir Colin à une table. COLIN : (montre Toto) Ce client serait-il un peu marteau ? SIRÈNE : (se tapote la tempe du bout de l'index) Juste un peu... COLIN : Oh, oh... J'ai déjà eu affaire à lui ; c'est un vrai requin, il a les dents longues. SIRÈNE : Un requin-marteau ? (Colin approuve de la tête) Aïe, aïe, aïe ! Vous ne vous appelez pas Toto, vous aussi ? COLIN : Non, Colin. Juste Colin. SIRÈNE : Comme le poisson ? COLIN : C'est cela. Je suis assez pressé. SIRÈNE : Comme un citron ? Voici le menu.

Faute de goût - Ann Rocard 8/25 COLIN : Je n'en ai pas besoin. Apportez-moi de la baleine, s'il vous plaît. SIRÈNE : Je vais prévenir ma patronne. COLIN : Et une bouteille à la mer ! SIRÈNE : Avec ou sans message à l'intérieur ? COLIN : Sans. Couleur rouge. Merci. (en aparté) Ils laissent un client taper sur une table... Quelle pollution sonore ! Faute de goût ! Faute de goût ! Musique. La sirène s'éloign e. Colin observe Toto qui tapote. La patronne revient, mécontente, un parapluie à la main. Elle se dirige vers Colin et pose le parapluie sur son assiette. PATRONNE : Douze baleines pour la douze ! Qui dit mieux ? COLIN : Qu'est-ce que cela signifie ? PATRONNE : Vous avez commandé de la baleine ? COLIN : Oui, mais je ne mange pas de ce pain-là ! PATRONNE : Il faut protéger les baleines, monsieur le pirate à la noix ! La disparition des baleines causerait le déséquilibre des plaques tectoniques ! COLIN : Quel est ce charabia ? PATRONNE : " Le bar de la barbue » est un resto qui respecte la flore et la faune, monsieur ! Ce n'est pas un panier de crabes ici ! Choisissez autre chose ! COLIN : Une sardine, ce sera parfait. PATRONNE : A l'huile ? (Colin approuve de la tête) Ça baigne ! Et une sardine pour la douze ! (en s'éloignant vers les coulisses) COLIN : (ouvre le parapluie au-dessus de sa tête) Faute de goût ! Faute de goût ! La patronne repart. Colin replie le parapluie en bougonnant. La sirène apporte une scie (en plastique), posée sur un plat, et la dépose sur la table de Toto. TOTO : (prend la scie) Vous vous moquez de moi ? Ça, un poisson-scie ? SIRÈNE : C'est ce que le poisson-chat n'a pas mangé... C'est à prendre ou à laisser. Très énervé, Toto scie la table d'une main et tape avec la marteau de l'autre. SIRÈNE : C'est idéal pour accompagner le marteau. Un peu de patience... Je vais chercher votre verre. TOTO : Et la suite ! Le poisson surprise. La sirène approuve de la tête et s'en va. TOTO : Ce resto ne vaut pas un clou ! La patronne revient et dépose la bouteille rouge sur la table de Colin. PATRONNE : Il ne reste que des bouteilles avec messages. COLIN : A l'intérieur ? PATRONNE : Evidemment. La patronne repart. Colin essaie d'attraper le message dans la bouteille.

Faute de goût - Ann Rocard 10/25 La sirène les rejoint en chantant toujours pendant que la patronne sort le message de la bouteille. SIRÈNE : Alli allo, et vive le chameau ! PATRONNE : (tend le message à Colin) Et voilà le message. Lisez-le à voix haute ! SIRÈNE : Un message pour les colins sages ! COLIN : (lit) " Je vous ai reconnu, monsieur Colin Cognito. Les étoiles de mer ne sont pas pour mon resto. » Colin écarquille les yeux, se lève, prêt à partir. PATRONNE : Prenez le temps... Pardon, prenez le thon, je vous l'offre de bon coeur. SIRÈNE : Car c'est le ton qui fait la chanson ! Colin sourit jaune et sort du resto, le gros thon sous le bras. PATRONNE : (à la sirène) Qu'as-tu à ajouter, Pénélope ? SIRÈNE : Comme disait mon tonton Ulysse, tout finit en queue de poisson ! Noir. Fin du sketch

Faute de goût - Ann Rocard 11/25 Quand c'est l'heure, c'est lard ! Quand ce n'est plus l'heure, c'est encore l'art ! Ann Rocard Colin apparaît dans la salle. Il s'adresse aux spectateurs. COLIN : Je vais aller tester " L'art Ticho », la galerie-restaurant qui vient d'ouvrir dans ce quartier. On m'en a dit grand bien. Le chef, Léo Tokart, gagnera-t-il une étoile de mer ? Mystère ! Tout d'abord, il faut que je me déguise un peu pour passer inaperçu. Je suis le meilleur agent secret de la restauration. Au cas où vous l'auriez oublié... (comme James Bond) mon nom est Cognito. Colin Cognito. Musique. Colin s'éloigne et disparaît dans le s coulisses. Dévoiler la galerie-restaurant : " Chez Léo Tokart - L 'ART TICHO ». Petites table s de restaurant, sculptures loufoques et tableaux dingos, en rapport avec nourriture ou boisson. Deux clientes snobs sont déjà assises, l'une en face de l'autre. Elles sont en train de boire à la paille, chacune tient son verre (en plastique). MARIE-GEORGETTE : Ah, Marie-Gabrielle, tu as eu une idée de géniiiii iiiiii ie ! J'adooooooooore cet endroit. MARIE-GABRIELLE : Moi, aussi, j'adoooooore ! Marie-Georgette, je te l'avais bien dit. C'est un lieu faaaaabuleux. Marie-Georgette et Marie-Gabrielle se déplacent d'oeuvre en oeuvre. MARIE-GEORGETTE : (s'extasie devant une sculp ture de poireau placé verticalement) Ah, ce légume qui fait le poireau ! MARIE-GABRIELLE : (s'extasie devant une pyramide de choux - légumes) Et cette pyramide... Elle est trop chou ! MARIE-GEORGETTE : (s'extasie devant deux carottes fixées sur un panneau) Oh, devine quel est le titre de cette subliiiiiiiiiiime oeuvre d'art ! MARIE-GABRIELLE : Heu... La symbolique des carottes aérodynamiques ? MARIE-GEORGETTE : Non, Marie-Gaby ! (prend l'ai r totalement in spiré) " Les carottes sont cuites ; la caravane passe. » MARIE-GABRIELLE : Où est donc la caravane ? MARIE-GEORGETTE : Ce que tu peux être terre-à-terre. On s'en moooooooque. MARIE-GABRIELLE : (hausse les épaules, puis s'extasie devant une boîte remplie de pommes de terre) Marie-Georgette ! Une boîte de patates en décomposition : c'est fantastiiiiiiiiiiiiique. Léo Tokart arrive à grands pas, une toque sur la tête. Il doit avoir des gestes exagérés et parler avec un drôle d'accent, par exemple en roulant les r. LÉO : Merci, mesdames ! Merci ! J'aime sculpter les patates... et patati et patata ! MARIE-GABRIELLE : Pourquoi les laissez-vous pourrir, monsieur Tokart ? LÉO : C'est le cycle de la vie. Savez-vous que toutes les oeuvres exposées à " L'art Ticho » sont comestibles ?

Faute de goût - Ann Rocard 12/25 MARIE-GEORGETTE : Même les pommes de terre en décomposition ? LÉO : Il en faut pour tous les goûts. MARIE-GEORGETTE : (en montran t une pomme fixée sur un p anneau) Je préférerais goûter ce tableau-là. Il est à croquer. LÉO : " La pomme d'Adam » ! Une pomme bio, évidemment. MARIE-GABRIELLE : J'adooooooooooore ! Combien coûte-t-il ? LÉO : 3000 euros. Je ne travaille pas pour des prunes, chère madame. MARIE-GEORGETTE : Avec un prix pareil, les pépins me resteraient en travers de la gorge. MARIE-GABRIELLE : Oh, Marie-Georgette ! Il est trognon, ce tableau. Un peu plus, j'en tomberais dans les pommes. MARIE-GEORGETTE : (en montrant la pomme du tableau) Avez-vous la même pour le dessert, monsieur Tokart ? LÉO : Oui, en moins fripée. MARIE-GEORGETTE : Plus abordable ? LÉO : 3 euros. MARIE-GEORGETTE : Je m'en contenterai. LÉO : Asseyez-vous, mesdames. Je vous apporte votre (en insistant sur les sons "ar") quatre-quarts au caviar et votre nectar de nénuphar. Deux des spécialités de Léo Tokart, c'est-à-dire moi. MARIE-GEORGETTE et MARIE-GABRIELLE : (la main su r le coeur) Aaa ah ! On adoooooooore ! Musique. Léo Tokart repart dans les coulisses, tandis que Marie-Georgette et Marie-Gabrielle s'assoient et finissen t de boire à la paille. Colin entre dans la galerie-restaurant ; il porte une perruque colorée, de grosses lunet tes, une veste très voyante. Il admire les sculptures et les tableaux. MARIE-GABRIELLE : Marie-Georgette, j'en ai les yeux qui pétillent de gourmandise. MARIE-GEORGETTE : Marie-Gaby, j'en ai l'estomac dans les talons. MARIE-GABRIELLE : J'en salive d'impatience. MARIE-GEORGETTE : J'ai une faim de loup. MARIE-GABRIELLE : J'ai les crocs, comme dirait mon petit neveu, Charles-Edouard. MARIE-GEORGETTE : Hi, hi, hi... Les crocs ? Ça craque et ça crique ! Ça choque et c'est chiiiiiiiiiiic ! Colin s'arrête devant un tableau : haricots verts fixés sur un panneau. COLIN : (en aparté) Intéressant. Très intéressant. Hum... " La faim des haricots ». Faim, F-A-I-M. Ça ouvre l'appétit. Excellente idée. Colin s'assoit à une table pendant que Léo Tokart apporte leur commande à Marie-Georgette et Marie-Gabrielle. LÉO : Quatre-quarts au caviar et nectar de nénuphar !

Faute de goût - Ann Rocard 13/25 MARIE-GABRIELLE : On en mangerait ! LÉO : Ça tombe bien. Bon appétit, mesdames. MARIE-GABRIELLE et MARIE-GEORGETTE : Merci, monsieur Tokart. Pendant que Marie-Gabrielle et Marie-Georgette mangent et boivent, papotent (uniquement en bougeant les lèvres, sans parler), Léo Tokart s'approche de Colin qui regarde une sculpture de pouce (d'après la sculpture de César). LÉO : Bonjour, cher monsieur. COLIN : Bonjour, monsieur. LÉO : (en montrant la sculpture) Voulez-vous manger sur le pouce ? COLIN : Non, me restaurer tout simplement. Est-ce vous qui avez sculpté cette oeuvre qui fait de l'auto-stop ? LÉO : Hélas, non. (en insistant sur le son "ar") Il faut rendre à César ce qui est à César. COLIN : On m'a beaucoup parlé de votre galerie-restaurant. LÉO : J'en suis flatté. (regarde attentivement Colin - appuie sur le son "ar") Bizarre... Ne seriez-vous pas, par h asard, Colin Maillard ? Ou plutôt Colin Cognito, l'agent secret de la restauration ? COLIN : Heu, non. Mon nom est Bon. LÉO : Bond ? Comme le célèbre James ? COLIN : Non. Mon nom est Bon. Jean Bon. LÉO : Ah, bon... COLIN : Non. Jean Bon. Jean, c'est mon prénom. Je suis... heu, un artiste. LÉO : Sculptez-vous le jambon, monsieur Bon ? COLIN : Heu, oui... Le jambon périmé de préférence. LÉO : C'est l'enfance de l'art, l'enfance du lard, monsieur Bon, car dans le cochon, tout est bon ! Mais il est l'heure... Souhaitez-vous déjeuner ? COLIN : Oui, tout en admirant vos chefs-d'oeuvre, monsieur Léo Tokart. LÉO : Quand c'est l'heure, c'est lard... avec D ! COLIN : Les dés en sont jetés ! LÉO : Quand ce n'est plus l'heure, c'est encore l'art... avec un T ! COLIN : C'est justement ma tasse de thé. LÉO : Monsieur Bon, nous allons nous entendre comme des (appuie sur lardons) lardons en foire. COLIN : Des larrons ? LÉO : Si vous voulez. (tend la carte à Colin)

Faute de goût - Ann Rocard 14/25 COLIN : J'espère que vos créations culinaires sont aussi exceptionnelles que vos tableaux et vos sculptures. Que me conseillez-vous ? LÉO : Comme hors d'oeuvre, mon chef-d'oeuvre : l'artichaut au lard. COLIN : Chaud, l'artichaut ? LÉO : Glacé. Et croyez-moi, il a le coeur gros. COLIN : C'est du lard ou du cochon ? LÉO : Ni l'un ni l'autre. COLIN : Parfait, monsieur Tokart. Ensuite, je prendrais volontiers une grenouille de bénitier sur lit d'amandes. LÉO : Sans les amandes... COLIN : Pourquoi ? LÉO : Je les réserve pour la police. COLIN : Dommage. (en aparté) Faute de goût, faute de goût. LÉO : Choisissez plutôt (en appuyant sur le son "ar") le steak tartare aux épinards. COLIN : Non. D'ailleurs, je préfère la grenouille comme entrée, et l'artichaut au lard comme plat principal, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. LÉO : Le client est roi, monsieur Bon. COLIN : Tout à fait. Et pour finir, un dessert à base de coings. J'aime beaucoup les quatre coings. LÉO : Evitez les coings coings, c'est pour les canards boiteux. COLIN : Et la grenade ? LÉO : Explosion programmée. Ce n'est pas de la tarte. COLIN : (hoche la tête - en aparté) Faute de goût, faute de goût... (fort) Alors ? LÉO : Une bonne poire, c'est ce qu'il a de mieux. COLIN : Et un verre de vin pour l'accompagner. LÉO : Vingt ? Désolé, monsieur Bon, je n'en ai que dix-neuf. COLIN : (hoche la tête - en aparté) Faute de goût... Mais enfin... (fort) Ça ira. Léo Tokart passe à côté de Marie-Georgette et Marie-Gabrielle. LÉO : Tout va bien, mesdames ? MARIE-GABRIELLE : Le quatre-quarts au caviar était délicieux ! MARIE-GEORGETTE : Un régal ! Et on a adoré le nectar de nénuphar ! Quant à la pomme artistique non fripée, elle nous a fait rajeunir de dix ans, n'est-ce pas, Marie-Gaby ? MARIE-GABRIELLE : Oh, oui, Marie-Georgette ! Vous nous apporterez l'addition, s'il vous plaît, monsieur Tokart. Musique. Léo Tokart approuve avec un large sourire, puis dispa raît dans les coulisses. Marie-Georgette et Marie-Gabrielle se lèvent pour admirer de nouveau les

Faute de goût - Ann Rocard 15/25 oeuvres en attendant l'addition. Colin sort un carnet et un stylo de sa poche, et prend des notes. Léo Tokart revient en portant une assiette : sur celle-ci est fixé un ballon gonflable vert (grâce à un bou t de sco tch) ; une grenouille e st dessinée sur le ballon (au feutre indélébile). Colin a une punaise "scotchée" sur son index. LÉO : La grenouille de bénitier sans ses amandes. COLIN : Elle est énorme ! LÉO : Une grenouille qui en avait marre de sa mare. Alors elle s'est mise à enfler, enfler, enfler... COLIN : J'espère qu'elle ne finira pas comme la grenouille de la fable de La Fontaine. LÉO : La pauvre bête qui voulait devenir aussi grosse que le boeuf ? COLIN : Et qui enfla si fort qu'elle en creva... Colin appuie discrèt ement sur le ballon ave c la punaise. Le ballon explose. Tous sursautent. MARIE-GABRIELLE et MARIE-GEORGETTE : (effrayées) Aaaaaaaaaaaaah ! COLIN : (crie) Faute de goût ! Faute de goût ! Pire qu'une grenade ! LÉO : (rit) C'est une création, monsieur Bon, un hors-d'oeuvre en pleine évolution ! Quand ce n'est plus l'heure, c'est encore l'art ! MARIE-GABRIELLE et MARIE-GEORGETTE : (applaudissent) Brav o, monsieur Tokart ! LÉO : (à Colin) Je vous apporte tout de suite la véritable grenouille. COLIN : (se lève, mécontent) San s façon. Je préfère rester sur ma fa im. Adi eu, monsieur Léo Tokart. Léo Tokart en reste bouche bée. Colin sort de la galerie-restaurant. MARIE-GABRIELLE : Ce client n'a aucun humour. MARIE-GEORGETTE : Pour v ous consoler, monsieur Toka rt, nous allons vous acheter ce tableau. (montre " La faim des haricots ») La faim des haricots. MARIE-GABRIELLE : Pauvre s petits légumes qui n'ont rien à se mettre sous la dent... MARIE-GEORGETTE : Ils n'ont même pas de dents... MARIE-GABRIELLE : S'il n'y a rien dedans, qu'ont-ils donc à l'intérieur ? MARIE-GEORGETTE : Du vent, Marie-Gaby, du vent ! LÉO : Mesdames, désolé de vous interrompre... Mais qui aura le mot de la fin ? MARIE-GABRIELLE et MARIE-GEORGETTE : C'est nous ! On vous adooooooore ! Noir. Fin du sketch

Faute de goût - Ann Rocard 16/25 Végé-terrien ou végétarien ? Ann Rocard Musique. Dévoiler le restaurant " La Vérité, sinon rien ». Tout est vert, peu éclairé. Une serveuse et un serveur arrangent les table s ; ils so nt vêtus d e vert et ont le visage maquillé en vert. Colin Cognito traverse la salle, une lampe frontale allumée sur la tête. COLIN : Il faut vraiment le vouloir pour aller dans ce restaurant, situé au centre de la Terre ou presque ! " La Vérité, sinon rien. » : drôle de nom pour un resto végétarien. Aussi vrai que je m'appelle Cognito, Colin Cognito, je n'ai aucun a priori. Je suis un agent secret de la restauration totalement objectif. Donc, je goûte à tout ! Colin entre dans le restaurant. La serveuse et le serveur se précipitent vers lui. VÉRO : Bonsoir, monsieur. ROVERT : Monsieur, bonsoir. COLIN : Bonsoir. VÉRO : Avez-vous réservé ? COLIN : Non. VÉRO : Pour l'instant il n'y a personne... ROVERT : ... Mais nous attendons beaucoup de monde un peu plus tard. COLIN : Il est encore tôt, et je comptais dîner rapidement. ROVERT : Nous pouvons peut-être trouver une solution, Véro ? VÉRO : La table numéro 3 n'est réservée que dans une heure et demie, Rovert. COLIN : Rovert ? C'est votre prénom ? ROVERT : Oui, un prénom d'origine jupiterrienne. COLIN : Ah ? ROVERT : Rovert de la Médaille. VÉRO : (fronce les sourcils) Rovert ! ROVERT : Pardon. Hum... Je vais chercher la tarte... heu, la carte. VÉRO : (guide Colin vers la table 3) Notre patronne, madame Vertigo, nous interdit de parler de nous. Le service avant tout ! Connaissez-vous madame Vertigo ? COLIN : Non. VÉRO : (fait semblant d e chuchoter) C'est une grande asp erge... mais, chut ! (se redresse) Etes-vous déjà venu dans notre restaurant, " La Vérité, sinon rien » ? COLIN : C'est la première fois. VÉRO : Vous n'allez pas être déçu. COLIN : Je l'espère. Hum... J'aimerais vous poser une question. VÉRO : Oui ?

Faute de goût - Ann Rocard 17/25 COLIN : Pourquoi avez-vous le visage de cette couleur-là ? VÉRO : Comment dire... COLIN : Est-ce parce que vous êtes végétarienne ? Parce que vous ne mangez que des légumes ? VÉRO : Non, monsieur. C'est de naissance. COLIN : Vous me rassurez. Je n'ai aucune envie de mettre au vert... Je plaisante. Rovert revient avec la carte qu'il tend à Colin. ROVERT : Voici la carte. Je v ous recomman de l'exception du jou r. Ça délie l es langues ! COLIN : C'est-à-dire ? ROVERT : Dans ce restaurant végétarien, mon copain... COLIN : (un peu choqué) Copain ? ROVERT : Je disais donc... Dans ce restaurant végétarien, nous faisons parfois une entorse au menu. Ce soir, nous proposons des brochettes de vers. COLIN : De légumes verts ? VÉRO : Non, monsieur ! Des brochettes de vers de terre. COLIN : (écarquille les yeux) De vers de terre ? (en aparté) Faute de goût, faute de goût... ROVERT : C'est excellent, mon adjudant ! Ça glisse sous les dents ! COLIN : Adjudant ? VÉRO : Ne faites pas attention, monsieur. Rovert parle parfois d'une façon qui déplaît à madame Vertigo. ROVERT : J'insiste ! Prenez les brochettes de vers, mon pépère ! COLIN : (très choqué) Pépère ? (en aparté) Faute de goût, faute de goût... Véro fait signe à Colin de ne pas faire attention à la façon de parler de Rovert. VÉRO : Vive les vers ! Vous en goûtez un ? Vous en voulez cent ! COLIN : Non, merci. Je préfèrerais un oeuf mimosa. VÉRO : Un oeuf ? Mais monsieur... ROVERT : Qui mange un oeuf, mange un boeuf ! VÉRO : Qui m ange un boeuf, mange un veuf... et l'on ne peut p lus s'arrêter de dévorer ce qui passe à notre portée. ROVERT : De plus, j'ai bien envie d'ajouter : quelle est l'origine du monde ? L'oeuf ou la poule ? La poule ou l'oeuf ? L'oeuf ou la poule qui rend maboule ? COLIN : (l'interrompt) J'ai compris, monsieur de la Médaille ! Pas d'oeuf ni de boeuf ni de veuf ! VÉRO : (à Rovert) La poule ou l'oeuf ? L'oeuf ou la poule ? Tu connais la réponse, toi, Rovert ? (Rovert fait non de la tête) Il faudra que je me renseigne. Colin regarde le menu.

Faute de goût - Ann Rocard 18/25 COLIN : Bon. Accélérons. Une soupe de vermicelles, s'il vous plaît. ROVERT : Il n'y en a plus. COLIN : Ne me racontez pas de salades ! Le restaurant est encore vide. VÉRO : Mais notre estomac est déjà plein. COLIN : Alors, une fricassée de tomates. VÉRO : J'en ai des vertes et des pas mûres. COLIN : Ce n'est pas logique pour un restaurant. Pourquoi n'achetez-vous pas des fruits et des légumes bien mûrs ? ROVERT : Ce ne sont pas vos oignons. COLIN : (se lève) Mes oignons ? VÉRO : (essaie de faire asseoir Colin) Ne lui en veuillez pas, monsieur. Rovert vient d'atterrir. Il ne connaît pas encore les ficelles du métier. Il a appris le français par correspondance Kaléoptitique. COLIN : (se rassoit en bougonnant) Mes oignons ! Faute de goût, faute de goût... VÉRO : (fronce les sourcils) Ro vert ! Si ma dame Ve rtigo t'entend, tu risq ues de repartir illico presto tout là-haut ! Elle a l'ouïe fine... grâce à ses oreilles en feuilles de chou. ROVERT : Pardon. COLIN : Je crois que je vais me contenter d'un dessert. ROVERT : Une noix, mon coco, pour avoir la pêche ? Une compote, mon pote ? VÉRO : Rovert ! Le service avant tout ! Colin se lève et se dirige vers la sortie. Madame Vertigo se dresse entre Colin et la porte (plus grande que Colin et maigre si possible ! Le teint vert, une perruque verte qui dissimule les oreilles en feuilles de chou... tant mieux pour l'actrice !) Mme VERTIGO : Ça sent la chair fraîche dans mon restaurant végétarien. Il n'a plus faim, le monsieur ? COLIN : Non, merci. Mme VERTIGO : Il ne veut pas goûter les bons petits plats de madame Vertigo, le monsieur ? COLIN : J'ai la gorge nouée, je ne pourrai rien avaler. Mme VERTIGO : Je saurai la dénouer... la gorge du monsieur ! Je saurai lui tirer les vers du nez... au petit monsieur ! Colin n'est très rassuré. Mme VERTIGO : Le petit monsieur qui vient incognito dans mon restaurant... et qui ne veut rien manger ! Le petit monsieur qui s'amuse à compter les étoiles dans la mer et non les étoiles du ciel ! Un verre de Voie lactée pour le petit monsieur ? COLIN : Je n'ai pas soif... Mme VERTIGO : Bois sans soif, petit monsieur ! Colin recule lentement en faisant non de la tête.

Faute de goût - Ann Rocard 19/25 Mme VERTIGO : Le seul client qui est blanc comme un navet ! Le seul client qui n'a pas le teint vert... Il ne trouve pas ça bizarre, le petit monsieur ? COLIN : (en tremblant) Si, très étrange. VÉRO : (discrètement à Rovert) Madame Vertigo a l'air très en colère. ROVERT : (discrètement à Véro) Tu crois que l e petit monsieur va pa sser à la casserole ? VÉRO : (idem) C'est mal parti pour lui... Tu sais bien que ce restaurant est réservé aux... ROVERT : (idem) Oui. C'est mal parti pour lui... Ça me fait de la peine. Je l'aimais bien. VÉRO : (idem) Le premier Terrien qui met les pieds ici. ROVERT : (idem) On pourrait lui donner un coup de main ? Mme VERTIGO : Le petit monsieur a-t-il tout compris ? COLIN : Oui... Non... Mme VERTIGO : Que pense le petit monsieur de mon restaurant, " La Vérité, sinon rien » ? COLIN : C'est un restaurant végétarien... Mme VERTIGO : (d'une grosse voix) Végé-terrien ! Pas végétarien ! COLIN : On y fait parfois des entorses au menu... Mme VERTIGO : Mais encore ? COLIN : Des brochettes de vers de terre... Mme VERTIGO : Pas de quoi se noyer dans un verre ! Ha, ha, ha... dans un ver de terre ! Par Jupiter ! COLIN : On n'y sert pas d'oeuf mimosa... Mme VERTIGO : Il apprend vite, le petit monsieur ! Et qu'a-t-il d'autre de particulier, mon restaurant, caché au fond d'une grotte ? Quel est le plat pré féré des extraterrestres ? COLIN : (bégaie) Ex... tra... terrestres ? Mme VERTIGO : La chair humaine ! C'est cher de faire bonne chère, mon cher ! Ha, ha, ha ! Colin s'évanouit. Madame Vertigo s'approche et lui tape le bras. Mme VERTIGO : Il est tombé dans les pommes. Pouah ! Aucun intérêt. Il est maigre comme un clou. Rapportez-le à la surface ! A part les brochettes de vers, ce soir, il n'y aura pas d'autre entorse au menu. Compris ? VÉRO : Oui, madame Vertigo. Mme VERTIGO : La soucoupe en provenance de Jupiter ne va pas tarder à arriver. Le service avant tout ! ROVERT et VÉRO : (au garde-à-vous) Le service avant tout ! VÉRO : Et pas de fautes de goût !

Faute de goût - Ann Rocard 20/25 ROVERT : Un point, c'est fou ! Noir. Fin du sketch

Faute de goût - Ann Rocard 21/25 Gastronomique... C'est le hic ! Ann Rocard Colin traverse la scène. COLIN : Je suis le meilleur agent secret de la restauration... ce qui ne m'empêche pas de vivre d angereusement. (soupire) Pour l'insta nt, je n'ai pas trouvé un seul restaurant qui mérite un centième d'étoile de mer. C'est pourquoi aujourd'hui, je me rends à " L'As de pique », un restaurant gastronomique qui a déjà une étoile de mer dans le guide Machin-Machin. J'y suis déjà allé plusieurs fois. Comment faire pour qu'on ne me reconnaisse pas ? Je vais trouver un déguisement parfait, parole de... (se présente à la manière de James Bond) Cognito ! Colin Cognito ! Musique. Colin s'en va. Dévoiler le restaurant, " L'As de pique ». Restaurant chic, très classique. La serveuse va et vient, accueille les clients (figurants), les installe à une table, etc. Sorte de ballet en musique. Colin arrive ; il porte une perruque de chauve (ou bonnet de piscine couleur chair), des lunettes de myope, une grosse moustache. La serveuse l'installe à une table. Suite du ballet en musiqu e : le ch ef (homme ou femme) arri ve, suivi de plusieurs serveurs (figurants) qui portent les plats. Tou s se déplacent en tre les tables à l a queue leu leu. Quand le chef annonce un plat, le serveur-figurant qui le porte répète ce que vient de dire le chef (ce qui permet des faire participer des figurants n'ayant pas besoin de mémoriser le texte ). Au fur et à mesure, les serveurs retournent chercher un autre plat dans les coulisses quand ils ont présenté celui qu'ils portaient. Seul le chef reste toujours sur scène pendant le passage suivant. CHEF : " L'As de pique » vous remercie de votre présence savoureuse. Pas de carte dans ce célèbre restaurant, mais une présentation visuelle qui a toujours beaucoup de succès. Les clients applaudissent. Le ch ef lève la main pour obtenir le silence. Eventuellement, il peut avoir à la main la liste des plats et y jeter un coup d'oeil. CHEF : Comme chaque soir, voici le grand défilé ! (frappe dans ses mains) Fleur d'agneau en folie bergère ! SERVEUR-FIGURANT 1 : Fleur d'agneau en folie bergère ! CHEF : Raie à la gelée d'agrumes frigorifiés ! SERVEUR-FIGURANT 2 : Raie à la gelée d'agrumes frigorifiés ! CHEF : Fraises aux abois qui ont du chien ! SERVEUR-FIGURANT 3 : Fraises aux abois qui ont du chien ! CHEF : Chaud-froid de volailles enrhumées ! SERVEUR-FIGURANT 4 : Chaud-froid de volailles enrhumées ! CHEF : Curry de porc-épic et pic et colégram ! SERVEUR-FIGURANT 5 : Curry de porc-épic et pic et colégram ! CHEF : Capi taine Haddock farci aux moules à g aufres et aux champi gnons migrateurs !

Faute de goût - Ann Rocard 22/25 SERVEUR-FIGURANT 6 : Capi taine Haddock farci aux moules à g aufres et aux champignons migrateurs ! CHEF : Eclairs au tonnerre de Brest et canard à l'orage ! SERVEUR-FIGURANT 7 : Eclairs au tonnerre de Brest et canard à l'orage ! CHEF : Charlotte de foie gras aux françoises ! SERVEUR-FIGURANT 8 : Charlotte de foie gras aux françoises ! CHEF : Escargots pignolos baveux à souhait ! SERVEUR-FIGURANT 9 : Escargots pignolos baveux à souhait ! CHEF : Crocodile en croûte de sésame ouvre-toi ! SERVEUR-FIGURANT 10 : Crocodile en croûte de sésame ouvre-toi ! CHEF : Mousse de chocolat truffé de pistaches qui tachent les moustaches ! SERVEUR-FIGURANT 11 : Mousse de chocolat truffé de pistaches qui tachent les moustaches ! CHEF : Gigot mariné au poivre bleu sans selle de cheval ! SERVEUR-FIGURANT 12 : Gigot mariné au poivre bleu sans selle de cheval ! CHEF : Coulis de fruits de la passion sur vol-au-vent du Nord ! SERVEUR-FIGURANT 13 : Coulis de fruits de la passion sur vol-au-vent du Nord ! CHEF : Croustillant de lièvre qui pose un lapin ! SERVEUR-FIGURANT 14 : Croustillant de lièvre qui pose un lapin ! CHEF : Petit pois unique sur son lit de princesse de conte de fées ! SERVEUR-FIGURANT 15 : Petit pois unique sur son lit de princesse de conte de fées ! CHEF : Velouté d'oseille aux huîtres du Bengale ! SERVEUR-FIGURANT 16 : Velouté d'oseille aux huîtres du Bengale ! CHEF : Et crème fouettée jusqu'au sang qui finit en eau de boudin ! SERVEUR-FIGURANT 17 : Et crèm e foue ttée jusqu'a u sang qui finit en eau de boudin ! Les serveurs-figurants disparaissent dans les coulisses. Le chef salue, applaudi par tous les clients ravis. CHEF : Merci. Merci ! Fait es vos jeux ! Rien ne va plus ! Moi , je retourne à m es fourneaux... en vous souhaitant " Bon appétit ! » Musique. Nouveaux applaudi ssements pendant que le chef disparaît dans les coulisses. Les serveurs-figurants (et/ou serveuses) vont de table e n table pour prendre les commandes, pendant que Charlotte s'approche de Colin. CHARLOTTE (serveuse) : Avez-vous fait votre choix, monsieur ? COLIN : Il y a tant de noms prometteurs, tant de plats extraordinaires... que j'ai bien du mal à me décider.

Faute de goût - Ann Rocard 23/25 CHARLOTTE : Si je puis me permettre, le petit pois unique sur son lit de princesse de conte de fées est d'une finesse exceptionnelle... et particulièrement nourrissant. COLIN : De quoi est fait le lit ? CHARLOTTE : Croûtons recyclés à l'huile d'olives renoyautées une à une. COLIN : Hum, non... (réfléchit) Que pensez-vous du Capit aine Had dock farci aux moules à gaufres et aux champignons migrateurs ? CHARLOTTE : A votre place, je me méfierais un peu, car elles étaient en grève ces derniers temps. COLIN : Qui ? CHARLOTTE : Les moules, monsieur. Les moules ! COLIN : En grève sur la grève ? CHARLOTTE : Evidemment. COLIN : (en aparté) Faute de goût, faute de goût... CHARLOTTE : Quant aux champignons migrateurs, ils sont en pleine accélération. COLIN : C'est-à-dire ? CHARLOTTE : Ils ont tendance à appuyer un peu trop sur le champignon... sur leurs voisins. Ils leur écrasent le pied. COLIN : Quel dom mage ! J'ai une passion po ur les champig nons. Hum, les chanterelles... CHARLOTTE : ... Ont trop chanté ! COLIN : Les bolets blafards... CHARLOTTE : ... En ont ras-le-bol ! COLIN : Les pleurotes... CHARLOTTE : ... Pleurnichent sans arrêt ! COLIN : Les trompettes-de-la-mort... CHARLOTTE : ... Sonnent nuit et jour ! COLIN : (en aparté) Faute de goût, faute de goût... (fort) Je revi endrai le mois prochain goûter les champignons migrateurs. (réfléchit) Hum... J'hésite. D'où provient le crocodile en croûte de sésame ouvre-toi ? CHARLOTTE : De la caverne d'Ali Baba. COLIN : Je m'en doutais un peu. Non, pas de croco ! Ça me rappellerait trop le sac de ma tante Odile. Elle a fini dans l'estomac d'un alligator... CHARLOTTE : Et le sac ? COLIN : Le sac aussi ! Bon... Et le porc-épic ? Est-il authentique ? CHARLOTTE : Parfaitement authentique ! Votre choix est le meilleur, monsieur ! Le curry de porc-épic et pic et colégram'. COLIN : Bour et bour et ratatam' ? CHARLOTTE : Amstram' gram' pic gram'. Incontestablement.

Faute de goût - Ann Rocard 24/25 COLIN : Je vous fais confiance, mademoiselle. CHARLOTTE : Dois-je appeler le sommelier ? COLIN : Ce n e sera pas n écessaire. Une coupe de ch ampagne se m ariera merveilleusement avec ce curry de porc-épic. CHARLOTTE : Une coupe de champagne. Bien, monsieur. COLIN : Et pour le dessert, aucune hésitation. Ce sera la crème fouettée jusqu'au sang qui finit en eau de boudin. CHARLOTTE : Excellent choix, monsieur. Musique. Charlotte va dans les coulisses, puis revient et s'approche de la table de Françoise, pendant qu'un serveur-figurant apporte à Colin la coupe de champagne, posée sur un plateau. D'autres serveurs-figurants servent d'autres clients-figurants. CHARLOTTE : Madame, avez-vous fait votre choix ? FRANÇOISE : Une aile de raie me suffira. CHARLOTTE : Il n'y a pas d'L dans raie. R-A-I-E... Pas le moindre L. FRANÇOISE : (mime) Une aile de raie. Pas la lettre L. CHARLOTTE : Excusez-moi ! Où ai-je donc la tête ? FRANÇOISE : Sur vos épaules, mademoiselle. CHARLOTTE : Donc une aile de raie à la gelée d'agrumes frigorifiés. FRANÇOISE : L'aile sans les agrumes. J'ai besoin de me réchauffer. CHARLOTTE : Sans les agrumes frigorifiés. Bien, madame. FRANÇOISE : Les fraises aux abois qui ont du chien... mordent-elles ? CHARLOTTE : Pardon ? FRANÇOISE : Est-ce qu'elles mordent ? CHARLOTTE : Non, bien sûr. FRANÇOISE : Finalement, je choisi la charlotte de foie gras aux françoises. Hi, hi, hi... Françoise, c'est mon prénom. CHARLOTTE : Comme c'est amusant, moi, je m'appelle Charlotte. FRANÇOISE : Et pour le dessert, je verrai tout à l'heure si j'ai encore faim pour un régime de bananes... car j'ai quelques kilos à perdre. CHARLOTTE : Prenez votre temps. Voulez-vous que j'appelle le sommelier ? FRANÇOISE : Oui. Merci. Musique. Charlotte s'éloigne et disparaît dans les coulisses. Un serveur-figurant vient prendre la commande pour la boisson, puis va chercher la bouteille et sert un verre à Françoise qui boit une gorgée, satisfaite. Les serveurs-figurants continuent de servir les clients-figurants. Un serveur apporte le porc-épic à Colin qui remercie, puis a l'air de se régaler. Un autre serveur apporte l'aile de raie et la dépose devant Françoise. FRANÇOISE : Merci.

Faute de goût - Ann Rocard 25/25 Le serveur repart. Françoise mange une bouchée de raie, (bruitages bizarres) se met à trembler en poussant un cri, puis s'immobilise. Charlotte se précipite vers Françoise. CHARLOTTE : Que se passe-t-il ? Qu'avez-vous ? COLIN : (à la table voisine) Cette personne n'a pas l'air dans son assiette. CHARLOTTE : Elle a reçu une décharge. Ce n'est pas étonnant, car elle vient de goûter la raie électrique branchée sur 220 volts. COLIN : Faute de goût, faute de goût... CHARLOTTE : Avec les agrumes frigorifiés, cela ne se serait pas produit. Il faut que je prévienne le chef. Sa réaction sera terrible... Avoir servi une raie sans agrumes, il va en faire une indigestion. COLIN : Ne vous inquiétez pas, cette cliente s'en remettra. CHARLOTTE : Vous en êtes sûr ? COLIN : Occupez-vous plutôt de mon dessert. La crème fouettée ! CHARLOTTE : Oui, monsieur. Le curry de porc-épic vous a-t-il satisfait ? COLIN : Pic et pic et colégram, bour et bour et ratatam, amstram gram pic gram ! CHARLOTTE : J'en suis ravie. Charlotte s'éloigne vers les coul isses. Un serveur-figurant débarrasse la table de Colin. Françoise commence à rebouger un peu, en faisant des gestes saccadés. COLIN : (en aparté) Une électrocution à " L'As de pique » ! Faute de goût, faute de goût... Dommage, car le curry de porc-épic mérite bien une deuxième étoile de mer. Un autre serveur arrive en portant la crème fouettée (mousse à raser sur une assiette en carton) sur un plateau. Charlotte l'accompagne. CHARLOTTE : La crème fouettée jusqu'au sang qui finit en eau de boudin ! COLIN : Quel parfum ! Ah, cette crème fouettée sent divinement bon... Musique dramatique. Françoise se lève (elle a toujours des mouvements saccadés) et passe près de la table de Colin au moment où le serveur va placer l'assiette de crème fouettée devant Colin. Françoise heurte le bras du serveur qui applique l'assiette en carton, remplie de mousse à raser, sur le visage de Colin. FRANÇOISE : (avec une voix hachée) Elle sent divinement bon... mais finit en eau de boudin ! Noir. Fin du sketch

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