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Toute jeune Brésilienne du Nordeste, Maria n'aspire qu'à l'Aventure, au grand amour. Elle travaille comme vendeuse dans un magasin de tissus et s'offre une semaine de vacances à Rio de Janeiro. Sur la plage de Copacabana, un Suisse lui propose de devenir danseuse de cabaret à Genève. Elle voit là le début d'un conte de fées, mais la réalité sera tout autre. Maria en vient à se prostituer - sans honte, puisqu'elle apprend à son âme à ne pas se plaindre de ce que fait son corps, et qu'elle s'interdit de tomber amoureuse. Après tout, la prostitution est un métier comme un autre, avec ses règles, ses horaires et ses jours de repos. Mais le sexe - tout comme l'amour - reste pour elle une énigme. Pour découvrir le sens sacré de la sexualité, Maria devra trouver le chemin de la réconciliation avec elle-même. Paulo Coelho décrit pas à pas l'initiation d'une jeune femme, un parcours qui montre les limites de la prétendue libération sexuelle et l'esprit. Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous. Amen.
PAULO COELHO
Onze minutes
TRADUIT DU PORTUGAIS (BRÉSIL)
PAR FRANÇOISE MARCHAND-SAUVAGNARGUES
Titre original :
ONZE MINUTOS
Sant Jordi Asociados, Barcelone, Espagne.
Le 29 mai 2002, quelques heures avant de mettre un point final à ce livre, je suis allé à Lourdes, en France, chercher un peu deau miraculeuse à la source. Jétais déjà sur lesplanade de la cathédrale quand un monsieur, âgé denviron soixante- dix ans, sest adressé à moi ; " Savez-vous que vous ressemblez à Paulo Coelho ? » Je lui ai répondu que jétais Paulo Coelho. Lhomme ma donné laccolade et ma présenté son épouse et sa petite-fille. Il ma dit combien mes livres comptaient dans sa vie, et il a conclu : " Ils me font rêver. » Jai entendu cette phrase très souvent, et elle me fait toujours plaisir. A cet instant, cependant, jai éprouvé une vive inquiétude je savais que Onze minutes aborde un sujet délicat, dérangeant, choquant. Jai marché jusquà la source afin dy recueillir un peu deau miraculeuse, puis jai demandé à lhomme où il habitait (dans le Nord de la France, non loin de la frontière belge) et jai noté son nom. Ce livre vous est dédié, Maurice Gravelines. Jai un devoir envers vous, votre femme, votre petite-fille, et envers moi- même : parler de ce qui me préoccupe, et non de ce que tout le monde aimerait entendre. Certains livres nous font rêver, échapper à ce qui est primordial pour un auteur avec laquelle il écrit. Survint une femme de la ville qui était pécheresse ; elle avait appris que [Jésus] était à table dans la maison du pharisien. Apportant un flacon de parfum en albâtre et se plaçant par-derrière, tout en pleurs, aux pieds de Jésus, elle se mit à baigner ses pieds de larmes ; elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux du parfum. Voyant cela, le pharisien qui lavait invité se dit en lui- même : " Si cet homme était un prophète, il saurait -qui est cette femme qui le touche, et ce quelle est : une pécheresse. » Jésus prit la parole et lui dit : " Simon, jai quelque chose à te dire. » " Parle, Maître », dit-il. " Un créancier avait deux débiteurs ; lun lui devait cinq cents pièces dargent, lautre cinquante. Comme ils navaient pas de quoi rembourser, il fit grâce de leur dette à tous les deux. Lequel des deux laimera le plus ? » Simon répondit : " Je pense que cest celui auquel il a fait grâce de la plus grande dette. » Jésus lui dit : " Tu as bien jugé. » Et, se tournant vers la femme, il dit à Simon : " Tu vois cette femme. Je suis entré dans ta maison : tu ne mas pas versé deau sur les pieds, mais elle, elle a baigné mes pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne mas pas donné de baiser, mais elle, depuis quelle est entrée, elle na pas cessé de me couvrir les pieds de baisers. Tu nas pas répandu dhuile odorante sur ma tête, mais elle, elle a répandu un parfum sur mes pieds. Si je te déclare que ses péchés si nombreux ont été pardonnes, cest parce quelle a montré beaucoup damour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu damour. »
Luc, VII, 37-47
Parce que je suis la première et la dernière
Je suis la vénérée et la méprisée
Je suis la prostituée et la sainte
Je suis lépouse et la vierge
Je suis la mère et la fille
Je suis les bras de ma mère
Je suis la stérile et mes enfants sont innombrables
Je suis la bien mariée et la célibataire
Je suis celle qui donne le jour et celle qui na jamais procréé Je suis la consolation des douleurs de lenfantement
Je suis lépouse et lépoux
et cest mon homme qui ma créée
Je suis la mère de mon père
i et il est mon fils rejeté
Respectez-moi toujours
Car je suis la scandaleuse et la magnifique
Hymne à Isis, III ou IV siècle ap. J.-C,
découvert à Nag Hamadi Il était une fois une prostituée qui sappelait Maria. Un moment. " Il était une fois », telle est la meilleure manière de débuter un conte pour enfants, tandis que " prostituée » est un terme dadultes. Comment peut-on faire débuter une histoire sur cette apparente contradiction ? Mais enfin, puisque, à chaque instant de nos existences, nous avons un pied dans le conte de fées et lautre dans labîme, conservons ce commencement. Il était une fois une prostituée qui sappelait Maria. Comme toutes les prostituées, elle était née vierge et innocente et, durant son adolescence, elle avait rêvé de rencontrer lhomme de sa vie (qui serait riche, beau, intelligent), de lépouser (en robe de mariée), davoir de lui deux enfants (qui deviendraient célèbres), dhabiter une jolie maison (avec vue sur la mer). Son père était représentant de commerce, sa mère couturière. Dans sa ville du Nordeste du Brésil, il ny avait quun cinéma, une boîte de nuit, une agence bancaire ; cest pourquoi Maria attendait le jour où son prince charmant apparaîtrait sans prévenir, , et où elle partirait conquérir le monde avec lui. Comme le prince charmant ne se montrait pas, il ne lui restait quà rêver. Elle tomba amoureuse pour la première fois à lâge de onze ans, tandis quelle se rendait à pied à lécole primaire. Le jour de la rentrée, elle découvrit quelle nétait pas seule sur le trajet : non loin delle cheminait un gamin qui habitait dans le voisinage et fréquentait lécole aux mêmes heures. Ils navaient jamais échangé un mot, mais Maria remarqua que les moments de la journée qui lui plaisaient le plus étaient ceux quelle passait sur la route poussiéreuse, malgré la soif, la fatigue, le soleil au zénith, le garçon qui marchait vite tandis quelle faisait des efforts épuisants pour demeurer à sa hauteur. La scène se répéta pendant plusieurs mois ; Maria, qui détestait étudier et navait dautre distraction que la télévision, se mit à désirer que le temps sécoule rapidement ; elle attendait anxieusement de se rendre à lécole et, contrairement aux filles de son âge, trouvait très ennuyeuses les fins de semaine. Comme les heures passent bien plus lentement pour un enfant que pour un adulte, elle en souffrait, trouvait les jours interminables, car ils ne lui offraient que dix minutes à partager avec lamour de sa vie et des milliers dautres pour penser à lui, imaginer comme il serait bon quils puissent se parler. Or, un matin, le gamin sapprocha delle et lui demanda de lui prêter un crayon. Maria ne répondit pas, elle fit mine dêtre irritée par cet abord intempestif et pressa le pas. Elle était restée pétrifiée deffroi en le voyant se diriger vers elle, elle avait peur quil sût quelle laimait, lattendait, rêvait de le prendre par la main, de dépasser la porte de lécole pour suivre la route jusquau bout, où disait-on se trouvaient une grande ville, des personnages de roman, des artistes, des automobiles, de nombreuses salles de cinéma et toutes sortes de merveilles. Toute la journée, elle ne parvint pas à se concentrer en classe. Elle souffrait de son comportement absurde, tout en étant soulagée de savoir que le garçon lui aussi lavait remarquée. Le crayon nétait quun prétexte pour engager la conversation quand il sétait approché, elle avait aperçu un stylo dans sa poche. Elle languit de le revoir. Cette nuit-là et les nuits qui suivirent elle se mit à imaginer toutes les réponses quelle lui ferait, jusquà ce quelle eût trouvé la bonne manière de débuter une histoire qui ne finirait jamais. Mais il ne lui adressa plus jamais la parole. Ils continuaient de se rendre ensemble à lécole, Maria marchant parfois quelques pas devant lui, tenant un crayon dans la main droite, parfois derrière pour pouvoir le contempler tendrement. Elle dut se contenter daimer et de souffrir en silence jusquà la fin de lannée scolaire. Pendant les vacances, qui lui parurent interminables, elle séveilla un matin, les cuisses tachées de sang, et crut quelle allait mourir ; elle décida de laisser une lettre au garçon dans laquelle elle lui avouerait quil avait été le grand amour de sa vie, puis elle fit le projet de senfoncer dans le sertâo où elle serait dévorée par lune des bêtes sauvages qui terrorisaient les paysans de la région : le loup-garou ou la mule-sans-tête1. Ainsi, ses parents ne pleureraient pas sa mort, car les pauvres gardent espoir, en dépit des tragédies qui les accablent. Ils penseraient quelle avait été enlevée par une famille fortunée et sans enfants, et quelle reviendrait un jour, couverte de gloire et dargent tandis que lactuel (et éternel) amour de sa vie ne parviendrait pas à loublier et quil souffrirait chaque matin de ne plus lui avoir adressé la parole. Elle ne put rédiger la lettre, car sa mère entra dans la chambre, vit les draps rougis, sourit et lui dit : " Te voilà une jeune fille, ma petite. » Maria voulut savoir quel rapport il existait entre le fait dêtre une jeune fille et le sang qui sécoulait entre ses jambes, mais sa mère fut incapable de le lui expliquer. Elle affirma seulement que cétait normal et que désormais elle devrait porter une serviette pas plus grosse quun traversin de poupée quatre ou cinq jours par mois. Maria lui demanda si les hommes aussi se servaient dun tuyau pour empêcher que le sang ne tache leur pantalon, et elle apprit que ça narrivait quaux femmes. Elle sen plaignit à Dieu, mais finit par saccoutumer à la menstruation. Cependant, elle ne shabituait pas à labsence du garçon, et se reprochait sans cesse lattitude stupide qui consistait à fuir ce quelle désirait le plus. La veille de la rentrée des classes, elle entra dans la seule église de la ville et
1 -sans-tête est la
concubine du curé qui, métamorphosée en mule, sort, certaines nuits superstitieux. (N. d. T.) jura à saint Antoine quelle prendrait linitiative de parler au garçon. Le lendemain, elle sarrangea du mieux quelle put, mit une robe que sa mère avait confectionnée spécialement pour loccasion et sortit, en remerciant Dieu que les vacances fussent enfin terminées. Mais le garçon ne reparut pas. Ainsi passa une nouvelle semaine dangoisse avant que Maria napprît par des camarades quil avait quitté la ville. " Il est parti loin », lui dit quelquun. A cet instant, Maria découvrit que lon peut perdre certaines choses à jamais. Elle apprit également quil existait un endroit appelé " loin », que le monde était vaste et sa ville petite, et que les êtres les plus intéressants finissent toujours par partir. Elle aurait aimé sen aller elle aussi, mais elle était encore très jeune. Néanmoins, en regardant les rues poussiéreuses, elle décida quun jour elle marcherait sur les traces du garçon. Les neuf vendredis suivants, selon une coutume de sa religion, elle communia et pria la Vierge Marie de la tirer de là un jour. Elle eut de la peine quelque temps et chercha vainement à retrouver la trace du gamin, mais personne ne savait où ses parents avaient déménagé. Alors Maria commença à trouver le monde trop vaste, et lamour dangereux ; elle pensa que la Vierge habitait des cieux trop lointains pour prêter loreille aux requêtes des enfants. Trois années sécoulèrent. Elle apprit la géographie et les mathématiques, suivit les feuilletons à la télévision, découvrit en douce au collège ses premières revues érotiques, se mit à tenir un journal où elle évoquait son existence monotone et laissait libre cours à son envie de connaître ce quon lui enseignait -locéan, la neige, les hommes portant turban, les femmes élégantes et couvertes de bijouxMais, comme nul ne peut vivre de désirs impossibles surtout avec une mère couturière et un père toujours absent , elle comprit bientôt quelle devait prêter davantage attention à ce qui se passait autour delle. Elle étudiait pour sen sortir dans la vie, en même temps quelle cherchait un compagnon avec qui elle pût partager ses rêves daventures. Lorsquelle eut quinze ans, elle tomba amoureuse dun garçon quelle avait rencontré dans une procession durant la semaine sainte. Elle ne répéta pas son erreur denfance : ils parlèrent, devinrent amis, puis allèrent au cinéma et aux fêtes ensemble. Elle le constata de nouveau, lamour était davantage associé à labsence quà la présence de lautre : le jeune homme ne cessait de lui manquer, elle passait des heures à imaginer ce dont elle lui parlerait à leur prochaine rencontre, et se remémorait chaque seconde partagée, cherchant ce quelle avait fait de bien ou de mal. Elle aimait se voir comme une jeune fille dexpérience, qui avait déjà laissé échapper une grande passion et connaissait la douleur ainsi causée. Elle était maintenant décidée à lutter de toutes ses forces pour cetquotesdbs_dbs21.pdfusesText_27