LES PARTICULARITÉS DE LA COOPÉRATIVE DE SOLIDARITÉ
La coopérative de solidarité est celle qui regroupe au moins deux catégories de membres parmi les suivantes: 1) des membres utilisateurs, soit des personnes ou sociétés qui utilisent les services offerts par la coopérative L’objectif de la coopérative vis-à-vis de cette catégorie de membres est
COOPÉRATIVE DE SOLIDARITÉ
La coopérative de solidarité offre donc la possibilité aux personnes ayant un intérêt commun et des besoins diversifiés de se regrouper dans une même coopérative Cette nouvelle forme de coopérative vise toutes les activités supportées par le milieu dont prioritairement celles du secteur de l’économie sociale
Les coopératives de solidarité : un modèle unique de soutien
l’inclusion de membres non-usagers, les « membres de soutien » Les membres de soutien ap-puient la mission de la coopérative sans avoir nécessairement recours à ses services Ainsi, la structure même des coopératives de solidarité formalise l’internalisation de parties prenantes
Les coopératives de solidarité : une forme organisationnelle
La Coopérative en alimentation saine L’Églantier du Kamouraska (Saint-Pascal-de-Kamouraska), région du Bas-Saint-Laurent; La Coopérative de solidarité récréotouristique du Mont Adstock, région de Chaudière-Appalaches L’impact de ces organisations sur les cinq dimensions d’analyse de la cohésion sociale est principalement
La Coopérative
La Coopérative Déclaration sur l’identité coopérative (2010): «Les coopératives constituent un modèle d’entreprise démocratique fondé sur les valeurs de responsabilité, de solidarité et de transparence Ce sont des sociétés de personne ayant pour finalité
Les particularités de la rentabilité sociale des coopératives
Le Bilan de vie coopérative (La Coop fédérée, 2005) est un outil qui mesure les activités de l'association coopérative ainsi que sa contribution dans le milieu et qui vise à permettre, d'un côté, aux coopératives de mesurer, d'analyser et de comparer leurs
Sociétés coopératives et diagnostic financier : comment
s’emploient à mettre en place des activités économiques répondant aux besoins de la communauté Ce n’est pas une coïncidence si l’émergence des coopératives citoyennes suit la crise financière de 2008 Ces entreprises comptent sur la prise de conscience par le grand public qu’il est possible de faire les choses autrement
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Tous droits r€serv€s Editions EMS ' In Quarto SARL, 2017 Cet article est diffus€ et pr€serv€ par "rudit. "rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos€ de Montr€al. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.
https://www.erudit.org/fr/Document g€n€r€ le 6 oct. 2023 19:32Revue internationale P.M.E.
Luc K. Audebrand, Myriam Michaud et Kyriam LachapelleVolume 30, num€ro 3-4, 2017URI : https://id.erudit.org/iderudit/1042664arDOI : https://doi.org/10.7202/1042664arAller au sommaire du num€ro"diteur(s)Editions EMS ' In Quarto SARLISSN0776-5436 (imprim€)1918-9699 (num€rique)D€couvrir la revueCiter cet article
Audebrand, L. K., Michaud, M. & Lachapelle, K. (2017). Les coop€ratives de Revue internationale P.M.E. 30(3-4), 163'189. https://doi.org/10.7202/1042664ar
R€sum€ de l'article
Les coop€ratives multisoci€taires (CMS), relativement r€centes dans plusieurs cat€gories de membres. Apr†s un bref survol du mod†le coop€ratif et des particularit€s des CMS, nous pr€sentons les r‡les vari€s que remplissent les recherche empirique a permis de distinguer quatre r‡les principaux des membres de soutien, soit : fournir des ressources (humaines, intellectuelles, informelle, raffermir les liens entre la coop€rative et sa communaut€ et finalement, constituer une source de l€gitimit€ pour la coop€rative, en tant g€n€ralement d€crits en termes positifs par les personnes interrog€es, permettant de mettre en €vidence le soutien apport€ au d€veloppement entrepreneurial de ces organisations. En discussion, nous mettons en valeur les r€sultats de notre recherche ... la lumi†re de la th€orisation autour du mod†lecoop€ratif, de la th€orie des parties prenantes et de la th€orie de la d€pendance
163Les coopératives de solidarité
: un modèle unique de soutien à l'entrepreneuriat collectif 1Luc K. AUDEBRAND
Luc K. Audebrand est professeur agrégé à la FSA ULaval (Université Laval) et titulaire de
la chaire de leadership en création et gestion de coopératives et d'entreprises collectives. Il s'intéresse aux paradoxes et à la gouvernance des entreprises d'économie sociale.Département de management
Faculté des sciences de l'administration (FSA ULaval)Université Laval
Pavillon Palasis-Prince
2325, rue de la Terrasse
QUÉBEC (Québec), Canada G1V 0A6
luc.audebrand@fsa.ulaval.caMyriam MICHAUD
Myriam Michaud est détentrice d'une maîtrise en philosophie et candidate au doctorat en management à la FSA ULaval (Université Laval). Ses intérêts de recherche portent sur lemodèle coopératif, la gouvernance, la démocratie organisationnelle et l'éducation coopérative.
Département de management
Faculté des sciences de l'administration (FSA ULaval)Université Laval
Pavillon Palasis-Prince
2325, rue de la Terrasse
QUÉBEC (Québec), Canada G1V 0A6
myriam.michaud.1@ulaval.caKyriam LACHAPELLE
Kyriam Lachapelle est détentrice d'un baccalauréat en entrepreneuriat et marketing et d'unMBA spécialisé en stratégie et innovation de l'Université Laval. Elle s'intéresse aux coopératives
de solidarité comme forme d'innovation sociale.Département de management
Faculté des sciences de l'administration (FSA ULaval)Université Laval
Pavillon Palasis-Prince
2325, rue de la Terrasse
QUÉBEC (Québec), Canada G1V 0A6
kyriam.lachapelle.1@ulaval.ca 1 Nous tenons à remercier le soutien ?nancier du Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH) du Canada (subvention 430-2013-0300).164 / RIPME volume 30 - numéro 3-4 - 2017
RÉSUMÉ
Les coopératives multisociétaires (CMS), relativement récentes dans l'environnement coopératif, sont
des coopératives incluant à leur gouvernance plusieurs catégories de membres. Après un bref survol du
modèle coopératif et des particularités des CMS, nous présentons les rôles variés que remplissent les
membres de soutien en aide au développement de l'organisation. Notre recherche empirique a permisde distinguer quatre rôles principaux des membres de soutien, soit?: fournir des ressources (humaines,
intellectuelles, matérielles et ?nancières), in?uencer l'avenir de la CMS de façon formelle et informelle,
ra ermir les liens entre la coopérative et sa communauté et ?nalement, constituer une source de
légitimité pour la coopérative, en tant qu'incarnation de la dimension sociale de la mission. Ces rôles sont
généralement décrits en termes positifs par les personnes interrogées, permettant de mettre en évidence
le soutien apporté au développement entrepreneurial de ces organisations. En discussion, nous mettons
en valeur les résultats de notre recherche à la lumière de la théorisation autour du modèle coopératif, de
la théorie des parties prenantes et de la théorie de la dépendance des ressources. En somme, cet article
présente le type d'appui à l'entrepreneuriat propre au modèle particulier des CMS.MOTS-CLÉS
Coopérative, Coopérative multisociétaire, Membre de soutien, Entrepreneuriat collectif,Parties prenantes
Multi-stakeholders cooperatives
: a unique model of support to collective entrepreneurshipABSTRACT
Multi-stakeholder cooperatives (MSC), a relatively recent organizational form in the cooperative environment, are cooperatives that include in their governance more than one category of members. A?er a short overview of the cooperative model and the distinctive features of MSC, we present the various roles realized by supporting members in helping the development of the organization. Ourempirical research allowed us to ?nd four main roles of supporting members?: supply resources (human,
intellectual, material and ?nancial), in?uence the future of the cooperative, strengthen the links between the cooperative and its community and ?nally, be a source of legitimacy for the cooperative, as an embodiment of the social aspect of the mission. aese roles are usually described in positiveterms by the respondents, which illustrate the support provided to the entrepreneurial development of
these organizations. In the discussion section, we highlight the results of our research in the light of the
traditional cooperative venture, the stakeholders' theory and the resource dependency theory. In sum,
this article presents the kind of support to entrepreneurship speci?c to the distinctive model of MSC.
KEYWORDS
Cooperative, Multi-stakeholder cooperative, Supporting member, Collective entrepreneurship, StakeholdersLas cooperativas multisocietarias
: un modelo único de apoyo al emprendimiento colectivoRESUMEN
Las cooperativas multisocietarias (CMS), relativamente nuevas en el medio cooperativo, son cooperativas
que incluyen en su gobernancia varias categorías de miembros. Después de esbozar el modelo cooperativo
y las peculiaridades de las CMS, presentamos los distintos roles cumplidos por los miembros de apoyoen la ayuda al desarrollo de la organización. Nuestra investigación empírica ha permitido revelar
cuatro roles esenciales?: proveer recursos (humanos, intelectuales, materiales y ?nancieros), in?uenciar
Les coopératives de solidarité : un modèle unique de soutien à l'entrepreneuriat collectif
Luc K. AUDEBRAND, Myriam MICHAUD et Kyriam LACHAPELLE 165el futuro de la cooperativa, fortalecer los vínculos entre la cooperativa y su comunidad, y ?nalmente,
ser una fuente de legitimidad para la cooperativa, ya que encarnan la dimensión social de su misión.
Estos roles son generalmente descriptos positivamente por las personas entrevistadas, lo que evidencia el
apoyo al desarrollo emprendedor de estas organizaciones. En la discusión destacamos los resultados de
nuestra investigación analizada según las perspectivas del modelo cooperativo, de la teoría de las partes
interesadas y de la teoría de la dependencia de recursos. En resumen, esta publicación presenta el tipo
de apoyo al desarrollo emprendedor propio del modelo único de las CMS.PALABRAS CLAVE
Cooperativa, Cooperativa multisocietaria, Miembro de apoyo, Emprendimiento colectivo, Partes interesadasINTRODUCTION
L'ancrage dans le milieu se révèle particulièrement important pour les nouvelles entreprises
(Van Der Yeught et Bergery, 2012). Cet ancrage leur permet de béné cier des ressources collectives de toute une communauté (Bérard, Bruyère et Saleilles, 2015). L'e?ort entrepre-neurial peut d'ailleurs être considéré comme un système adaptatif complexe in?uencé par la
relation entre l'entrepreneur et son contexte (Anderson, Dodd et Jack, 2012). D'autres études montrent que les PME qui innovent le plus sont généralement celles qui ont des "?pratiquestournées vers l'externe, visant à développer un réseau social étendu?» qui, à son tour, permet
de développer un capital social facilitant "?l'acquisition de nouvelles connaissances et leur exploitation, en permettant la création de valeur à travers les échanges et la combinaisond'actifs intellectuels existants?» (Bérard, Bruyère et Saleilles, 2015, p.?214). Les PME les plus
innovantes sont ainsi celles qui parviennent non seulement à tirer pro t des informationsprovenant de leurs réseaux de proximité, mais également de leurs réseaux étendus, qui per-
mettent davantage la circulation d'idées nouvelles et disruptives (Julien, Andriambeloson, et Ramangalahy, 2004). Dans un même ordre d'idée, d'autres recherches ont démontré que"?la mutualisation des ressources et des compétences pratiquées conduit à une plus grande eb-
cience de l'activité productive?» des PME (Van Der Yeught et Bergery, 2012, p.?178). En dépit
de la diversité des besoins des entrepreneurs, ces études illustrent l'in?uence de la commu- nauté dans l'appui à l'entrepreneuriat et la performance des organisations. Les recherches sur les stratégies entrepreneuriales collectives démontrent aussi l'importance de réunir les diverses parties prenantes autour d'un objectif commun (Noireaux, 2015). Lorsque des acteurs s'engagent dans une stratégie entrepreneuriale collective, ils doiventidenti er les di?érents types de parties prenantes. Plus précisément, "?les liens avec les par-
ties prenantes critiques sont essentiels même si ces dernières poursuivent des objectifs indivi-
duels qui vont à l'encontre de l'objectif initial de la [stratégie entrepreneuriale collective]. La compréhension des objectifs poursuivis par les parties prenantes critiques permet à la [stra- tégie entrepreneuriale collective] d'adapter ses objectifs en fonction de son environnement(Noireaux, 2015, p.?110). De même, la performance d'une organisation peut être évaluée par
des critères variés en fonction des intérêts des parties prenantes. Cet article se consacre à mieux comprendre le rôle joué par les parties prenantes dans uncontexte particulier d'entrepreneuriat collectif?: les coopératives multisociétaires (CMS). Il s'agit
d'une réalité entrepreneuriale encore méconnue qui présente de nombreux éléments novateurs
166 / RIPME volume 30 - numéro 3-4 - 2017
en appui au développement entrepreneurial. La CMS est un modèle d'a?aires résolument ancré
dans son milieu, faisant appel à l'intelligence collective de la communauté en réunissant de
nombreuses parties prenantes au sein de sa structure organisationnelle et de sa gouvernance. En e?et, les CMS se distinguent des coopératives traditionnelles, car elles incluent plus d'une catégorie de membres, notamment des membres consommateurs, producteurs et travailleurs (Girard et Langlois, 2009). Les CMS existent au Québec depuis 1997 sous le nom de " coopérative de solidarité ». On les retrouve aussi dans de nombreux pays, incluant la France (Margado,
2005), l'Italie (?omas, 2004) et les États-Unis (Lund, 2012). Au Québec, la vaste majorité des
coopératives de solidarité sont des PME qui comptent moins de 50 employés 2Une des principales caractéristiques des coopératives de solidarité est qu'elles admettent aussi
l'inclusion de membres non-usagers, les " membres de soutien ». Les membres de soutien appuient la mission de la coopérative sans avoir nécessairement recours à ses services. Ainsi, la
structure même des coopératives de solidarité formalise l'internalisation de parties prenantes
habituellement externes à l'organisation (Michaud, 2009). Il s'agit d'une pratique propre à cemodèle d'entreprise, grâce à laquelle l'environnement externe soutient les porteurs du projet,
les dirigeants et les administrateurs de façon formelle. La présence de membres de soutien représente ainsi un appui important pour les projets entrepreneuriaux coopératifs.Cet article présente les résultats d'une étude qualitative exploratoire portant sur les membres de
soutien dans les coopératives de solidarité et permet de mieux comprendre la manière dont ces
membres de la communauté appuient le développement entrepreneurial en milieu urbain et rural. Les résultats de cette étude proviennent d'entrevues semi-dirigées qui ont été réalisées au-
près de trente intervenants issus de quatorze coopératives de solidarité de la Capitale-Nationale
et de Chaudière-Appalaches, dans la province de Québec. Notre objectif était de mieux com prendre les rôles joués par les membres de soutien en appui à l'entrepreneuriat au sein descoopératives de solidarité. Les résultats indiquent que les membres de soutien des coopératives
de solidarité jouent di?érents rôles, notamment, comme apporteurs de ressources (humaines, ?nancières, matérielles et professionnelles), comme source d'in?uence formelle et informelledans les conseils d'administration et les assemblées générales, comme vecteur de promotion de
la coopérative ou encore comme source de légitimité pour les décisions qui sont prises par les
administrateurs de la coopérative. Ces di?érents rôles permettent à la communauté d'aider la
coopérative de solidarité à atteindre ses objectifs, tant économiques que sociaux.Dans la suite de cet article, nous présentons d'abord quelques éléments théoriques concernant
le modèle coopératif et plus précisément, les caractéristiques de la coopérative multisociétaire.
Puis, nous présentons l'approche méthodologique adoptée dans cette recherche ainsi que notre
échantillon. Ensuite, nous présentons les résultats de notre étude et les discutons à la lumière de
la théorisation autour du modèle coopératif, de la théorie des parties prenantes et de la théorie
de la dépendance des ressources. La conclusion précise les limites de l'étude et ouvre sur de
futures avenues de recherche. 2Selon une recension des coopératives de solidarité eectuée le 15août2016 à l'aide du "Répertoire
des coopératives» mis en ligne par le Gouvernement du Québec: www.economie.gouv.qc.ca.Les coopératives de solidarité : un modèle unique de soutien à l'entrepreneuriat collectif
Luc K. AUDEBRAND, Myriam MICHAUD et Kyriam LACHAPELLE 1671. LES COOPÉRATIVES MULTISOCIÉTAIRES COMME SOUTIEN
À L'ENTREPRENEURIAT
1.1. Le modèle coopératif
Les coopératives représentent un pan important du développement entrepreneurial et so- cial, tant au niveau local, national que mondial. Elles procurent un emploi à plusieurs mil- lions de personnes à travers le monde, dont plus de 155?000 au Canada. Elles sont présentes dans presque tous les secteurs d'activités?: agroalimentaire, habitation, foresterie, servicesfunéraires, services nanciers, arts et spectacles, éducation, santé et services sociaux, etc.
Au Québec, les coopératives démontrent un taux de survie presque deux fois plus élevé que
les autres formes entrepreneuriales après trois ans (75?% vs 48?%), cinq ans (62?% vs 35?%) et dix ans (44?% vs 20?%) (MDEIE, 2008). Elles contribuent à la stabilité et à la diversité écono-mique, sociale et politique ainsi qu'à l'équité de l'accès aux biens et services (Ansart, Artis,
et Monvoisin, 2015?; La?eur et Merrien, 2012). Les coopératives sont également considérées
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