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Le Portrait de Dorian Gray - Internet Archive

"Le Portrait de Dorian Gray" fut écrit et publié par Oscar Wilde en 1890 et révisé en 1891 Touchant des sujets philosophiques et fantastiques, Wilde révèle le côté décadent de l'époque Victorienne, touchant même au Satanisme, avec le jeune Dorian Gray, qui rend son âme à un portrait de lui-même, afin de ne jamais vieillir



LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY - Lyber

le Portrait de Dorian Gray, 1891) Ce roman lui vaut une très grande notoriété, mais le pu-blic anglais, choqué, lui reproche l’immoralité de certains per-



The Picture of Dorian Gray - Planet Publish

The Picture of Dorian Gray 3 of 250 more oppressive, and the dim roar of London was like the bourdon note of a distant organ In the centre of the room, clamped to an upright easel, stood the full-length portrait of a young man of extraordinary personal beauty, and in front of it, some little distance away, was sitting the artist himself, Basil



Le portrait de Dorian Gray

Le portrait de Dorian Gray Ecrit en 1890, le Portrait de Dorian Gray se présente comme un conte philosophique et social, à la fois noir et fantastique Utilisant le mythe de la jeunesse éternelle, mythifiée par des éloges dithyrambiques de Lord Henry Wotton, jeune dandy philosophe et excentrique, Wilde



The Picture of Dorian Gray - sleepingcatbookscom

Le Portrait de Dorian Gray chapter I Thestudio was filledwith the rich odour of roses, and when the light summer wind stirred amidst the trees of the garden, there



O rEtratO DE DOrian gray

Le portrait de Dorian Gray Preparação Camila Vargas Boldrini Revisão Carmen T S Costa Luciana Baraldi Composição Lilian Mitsunaga [2011] Todos os direitos desta edição reservados à editora schwarcz ltda Rua Bandeira Paulista 702 cj 32 04532-002 — São Paulo — sp — Brasil Telefone: (11) 3707-3500 Fax: (11) 3707-3501 www



Elements of a Gothic novel in The Picture of Dorian Gray

the Wanderer provides patterns for Dorian Gray: As an example, the protagonist if Mel-moth is able to survive 150 years without aging The fact that Wilde had a Gothic novel as his inspiration is also an explanation for the big amount of Gothic elements in Dorian Gray 4 Elements of Gothic fiction appearing in The picture of Dorian Gray 4 1



S LEE

—C’est le corpus de lecture pour la session Je lis les titres :Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde,Sredni Vashtarde Saki, La chute de la maison Usherde Poe, et Shining de Stephen King —Saki et Poe, ce sont deux nouvelles, explique Paul Je leur donne des photocopies Les deux autres sont des romans qu’ils doivent acheter D



De profundis - La Ballade de la geôle de Reading

Le Portrait de Dorian Gray Le Portrait de Mr W H , suivi de La Plume, le crayon et le poison Salomé (édition bilingue avec dossier) Un mari idéal (édition bilingue avec dossier) NORD COMPO _ 03 20 41 40 01 _ 28-03-08 12:03:10 Z28659 U000 - Oasys Rev 18 02Rev 18 02 - Page 2

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1234
Flammarion25 mai 1895. Oscar Wilde, dramaturge admiré du

Tout-Londres et amant de lord Alfred Douglas, est

condamné à deux ans de travaux forcés pour "outrage aux moeurs». Début 1897, l'écrivain brisé, réduit au sinistre matricule "C.3.3.», obtient enfin du directeur de la prison de Reading l'autorisation d'écrire. La longue lettre qu'il rédige alors à l'intention de Douglas, à qui il reproche de l'avoir abandonné, ne sera publiée, partiellement, que cinq ans après sa mort: récit autobio- graphique et méditation existentielle sur l'art et la douleur, De profundis est aussi l'un des plus beaux témoignages qui soient sur la passion. Quant à

La Ballade de la geôle

de Reading (1898), inspirée d'une histoire vraie, elle retrace les derniers jours d'un soldat exécuté pour avoir égorgé sa femme par jalousie. Ce poème poignant est le chant du

cygne de Wilde, qui mourut deux ans après sa publication.Traduction, présentation, notes, dossier,

chronologie et bibliographie par Pascal Aquien WILDE

De profundis

La Ballade de la geôle de Reading

WILDE DE PROFUNDIS / LA BALLADE DE LA GEÔLE DE READINGISBN : 978-2-0807-1234-9 www.editions.flammarion.com08-IV

ÉDITION AVEC DOSSIER

DOSSIER

1.Les procès

d'Oscar Wilde

2.Oscar Wilde prisonnier3.Wilde et la réforme

du régime pénitentiaire

4.Les poètes en prison:anthologie

Édition

avec dossierTexte intégral

Illustration :

Virginie Berthemet

© Flammarion

Catégorie JWilde

De profundis

La Ballade de la geôle de Reading

(bilingue)

Présentation et traduction

par Pascal Aquien Exe-De profundis Ballade-couv 28/03/08 11:55 Page 1Extrait de la publication

De profundis

La Ballade de la geôlede Reading

NORD COMPO _ 03.20.41.40.01 _ 28-03-08 12:03:10Z28659 U000 - Oasys Rev 18.02Rev 18.02 - Page 1Extrait de la publication

Du mÍme auteur

dans la mÍme collection LíImportance díÍtre constant(Èdition bilingue avec dossier).

Le Portrait de Dorian Gray.

Le Portrait de Mr W.H.

, suivi deLa Plume, le crayon et le poison.

SalomÈ(Èdition bilingue avec dossier).

Un mari idÈal(Èdition bilingue avec dossier). NORD COMPO _ 03.20.41.40.01 _ 28-03-08 12:03:10Z28659 U000 - Oasys Rev 18.02Rev 18.02 - Page 2 WILDE

De profundis

La Ballade de la geôlede Reading

TRADUCTION

PRÉSENTATION

NOTES

DOSSIER

CHRONOLOGIE

BIBLIOGRAPHIE

par Pascal Aquien

Ouvrage traduit avec le concours

du Centre national du livre

GF Flammarion

NORD COMPO _ 03.20.41.40.01 _ 28-03-08 12:03:11Z28659 U000 - Oasys Rev 18.02Rev 18.02 - Page 3Extrait de la publication

© ...ditions Flammarion, Paris, 2008.

ISBN : 978-2-0807-1234-9

NORD COMPO _ 03.20.41.40.01 _ 28-03-08 12:03:11Z28659 U000 - Oasys Rev 18.02Rev 18.02 - Page 4Extrait de la publication

PrÈsentation

´ Chaque homme porte la forme entiËre

de líhumaine condition. ª M

ONTAIGNE,Essais, livre III, chapitreII.

DE PROFUNDIS

GENéSE DE LÕÎUVRE

En ce 25 mai 1895, Oscar Wilde, dramaturge admirÈ du Tout-Londres et amant du plus jeune fils du marquis de Queensberry, lord Alfred Douglas ñ surnommÈ Bosie par ses proches ñ, et de bien díautres jeunes gens quíil rencontrait et frÈquentait occasionnellement dans des lieux plus ou moins publics, fut condamnÈ ‡ deux ans de travaux forcÈs pour ´ outrage aux múurs ª, ‡ líissue díun procËs ignominieux et perdu díavance 1 . Un an plus tard, en juin 1896, aprËs quíil eut passÈ huit mois ‡ Reading, o˘ il Ètait enfermÈ depuis novembre 1895, et quíil eut dÈj‡ purgÈ quatorze mois de sa peine dans des conditions abominables 2 , líÈcrivain brisÈ, privÈ de nom et rÈduit ‡ un sinistre matricule, C. 3. 3., vit sa situation síamÈliorer un tant soit peu : le directeur de la prison, Henry Bevan Isaacson, personnage aussi haineux quíobtus, fut affectÈ ‡ un nouveau poste et remplacÈ par un certain James Osmond Nelson, notoirement plus humain. Celui-ci prit

1. Pour plus de dÈtails sur le procËs, la condamnation et líincarcÈra-

tion de Wilde, voir le Dossier en fin de volume, p. 283-293.

2. Voir Dossier, p. 290-293.

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PrÈsentation6

diverses mesures appréciées de l'ensemble des détenus, parmi lesquelles la réduction des punitions, jusque-là infligées pour des motifs la plupart du temps stupides (une cellule mal balayée, quelques paroles échangées avec un codétenu), et celle des châtiments corporels. Il tint aussi à rencontrer Wilde, et se prit de sympathie pour lui. Sensible à son désespoir et indigné qu'on lui refusât même de l'encre et du papier, il fit en sorte que Wilde pût écrire à sa guise, ou à peu près (l'écrivain devait se limiter, comme tous les autres détenus, à de la correspon- dance privée, seule admise), et disposer des livres que, jusqu'alors, on lui avait refusés. C'est à ce moment-là que germa en Wilde l'idée de rédiger une lettre à l'intention du jeune homme qu'il avait tant aimé et qui l'avait si mal payé de retour. Pour autant, les conditions matérielles étaient loin d'être idéales. En effet, il n'était autorisé à rédiger qu'une page à la fois, le feuillet (du papier admi- nistratif de couleur bleue) lui étant retiré une fois ter- miné. Celui-ci était alors remplacé par un autre, sans que l'auteur pût relire ce qu'il avait écrit la veille. Wilde commença à travailler en janvier 1897, jusqu'en mars de cette même année, et il eut rapidement l'idée de sortir sa lettre de la sphère privée. Pourquoi ne pas la publier, se demanda-t-il, s'inscrivant ainsi dans la lignée d'autres écrivains persécutés, non moins illustres et tout aussi malheureux ? Ovide, par exemple, qui, chassé de Rome par l'empereur Auguste (parce que, dit-on, sonArt díaimerlui avait déplu), et assigné par lui à résidence dans la ville de Tomes sur la mer Noire, adressa pendant dix ans à ses amis des poèmes épistolaires, lesTristeset lesPontiques, où s'exprime la douleur de l'exilé. Mais Wilde avait une autre idée en tête, non moins gratifiante et bien plus malicieuse. Ne l'avait-on pas présenté comme un être pervers habité par les plus obscures forces du mal ? Eh bien, il endosserait, par jeu et par défi, un autre costume, celui du prêtre et, pourquoi pas, celui du ser- vant suprême, le pape en personne ! " C'est véritablement une encyclique et, à l'instar des bulles du Saint-Père que l'on désigne par leurs premiers mots, on pourra en parler

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PrÈsentation7

comme de l'

Epistola : In carcere et vinculis[soitLettre en

prison, et dans les chaÓnes ] », écrivit-il à son ami Robert

Ross le 1

er avril 1897 1 . Ce titre n'était pas de lui puisqu'il l'avait emprunté à Horace dont, en bon latiniste, il connaissait les...pÓtreset lesOdes, mais il lui plut d'imagi- ner, l'espace d'un instant, que pussent se rencontrer sous sa plume, pour son bon plaisir et pour le suprême déplai- sir de ses détracteurs, le souverain pontife et le grand poète païen. Wilde redressait la tête, et cette tâche eut sur lui d'heureux effets thérapeutiques : Des très nombreuses choses pour lesquelles je doive remer- cier le directeur de la prison, il n'y en a pas pour laquelle je lui sois plus reconnaissant que de m'avoir permis d'écrire à A.D.[sic], et autant que je le désirais. Pendant deux ans ou presque, j'ai porté en mon coeur un fardeau d'amertume, plus lourd de jour en jour, et je suis enfin parvenu à me débarras- ser de la plus grande partie 2 Que devint cette lettre ? Son auteur voulait qu'elle fût expédiée depuis Reading à son destinataire, comme il en avait fait la demande auprès de Nelson. Celui-ci n'y était pas hostile, mais il ne pouvait prendre seul cette décision, Wilde, en outre, n'étant pas un prisonnier ordinaire. Aussi le directeur se référa-t-il le 2 avril à ses supérieurs, à qui il soumit la requête du détenu : leur réponse fut négative. Ils se contentèrent de lui demander de conserver soigneusement le manuscrit et de le remettre à son auteur à sa libération. C'est ce que fit Nelson, qui avait par ailleurs conscience de détenir un document d'impor- tance. Une fois libéré, le 19 mai, son manuscrit sous le bras, Wilde s'empressa de quitter l'Angleterre pour tou- jours : le 20, il débarquait à Dieppe, où l'attendait Ross à qui il confia son " épître ». Celui-ci, qui la conserva

1. Lettre à Robert Ross, 1

er avril 1897,The Complete Letters of Oscar Wilde, éd. Merlin Holland et Rupert Hart-Davis, New York, Henry

Holt, 2000, p. 782.

2. Lettre à Robert Ross, 1

er avril 1897,The Complete Letters of Oscar Wilde,op. cit., p. 782-783 ; les passages cités sont donnés dans ma propre traduction.

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PrÈsentation8

jusqu'en août, en fit faire deux exemplaires dactylogra- phiés, dont il transmit une copie à Douglas quelque temps plus tard. Du moins à en croire Ross puisque, par la suite, Douglas, qui n'en était pas à un mensonge près comme il le prouva dans les divers ouvrages qu'il consa- cra à Wilde, nia opiniâtrement l'avoir reçue. Quant au manuscrit, Ross le conserva précieusement, bien décidé à le déposer plus tard en lieu sûr.

LES PÉRIPÉTIES DE LA PUBLICATION

Ce n'est pas en Angleterre, mais en Allemagne, queDe profundisfut porté pour la première fois à la connais- sance du public. Des extraits, traduits par Max Meyer- feld, furent publiés dans les numéros d'une revue berlinoise,Die Neue Rundschau, de janvier à février 1905, soit cinq ans après la mort de Wilde. La même année, Ross publia à son tour environ un tiers de la lettre chez Methuen, à Londres, après avoir pris soin d'expurger tous les passages qui mentionnaient Douglas - dont le " Cher Bosie » liminaire - et la famille Queensberry, et qui les rendaient responsables de la chute ignominieuse de Wilde. Aussi les lecteurs crurent-ils que la lettre était adressée à Ross en personne, d'autant plus que ses rela- tions d'amitié avec le poète forçat étaient connues. Ross ne découragea pas cette interprétation, principalement par souci de se protéger, en tant qu'éditeur, contre un éventuel procès en diffamation devant lequel, il le savait, Alfred Douglas, toujours prêt à rompre des lances, ne reculerait pas. Ce texte, il l'intitulaDe profundis, en s'inspirant des premiers mots du psaume 130 :

Des profondeurs je t'appelle, Yahvé.

Seigneur, entends ma voix !

Que tes oreilles soient attentives à la voix

de mes supplications ! Ce choix, qui n'était pas anodin, avait valeur d'inter- prétation : en effet, le psalmiste biblique, accablé par ses

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PrÈsentation9

fautes et épouvanté par ses imperfections, n'attend le pardon et le salut que de la grâce de Yahvé, seul préten- dument capable de l'arracher aux " profondeurs » de sa détresse infinie. Cela dit, si l'écrivain connut le désespoir, il n'est pas certain que la position du psalmiste, qui sup- pose la foi inébranlable en Dieu, fût exactement la sienne, tant s'en faut. Mais sans doute Ross voulait-il rassurer les bien-pensants et protéger son ami contre de nouvelles attaques. Trois ans plus tard parut chez Methuen, dans le tome XI de l'édition desåuvres complËtesd'Oscar Wilde, dirigée par Ross, une nouvelle version, supérieure à la première. Le texte avait été augmenté, bien qu'il fût toujours expurgé de toute allusion à Douglas, et Ross avait ajouté quatre lettres que Wilde lui avait adressées depuis Reading, et deux lettres de l'écrivain précédem- ment publiées dans leDaily Chronicle: l'une sur le gar- dien Thomas Martin, qui lui était venu en aide lors de son emprisonnement et qui, à ses risques et périls, s'était ému du sort terrible réservé aux enfants incarcérés, l'autre sur une proposition de réforme du système carcé- ral 1 . L'année suivante, en 1909, Ross offrit le manuscrit original au British Museum. En posant toutefois une condition : il ne devait pas être rendu public avant cin- quante ans à partir de la date de dépôt. En 1913, enfin, parut une nouvelle édition, encore augmentée mais, bien entendu, lacunaire. De son côté, en 1912, un certain Arthur Ransome, qui était un ami de Ross, publia une étude sur l'écrivain inti- tuléeOscar Wilde : A Critical Study, qui faisait allusion aux fameux passages censurés, que Ross, en privé, avait portés à sa connaissance. Mal lui en prit : l'année sui- vante, Douglas l'attaqua en justice, de même que son édi- teur. Le texte de Wilde fut alors lu à voix haute dans le tribunal : le jury estima non seulement qu'il ne calom- niait pas legentlemanombrageux, mais encore qu'il disait toute la vérité sur lui. Aussi Douglas perdit-il son procès. Ransome, cependant, n'avait guère apprécié cette

1. Voir Dossier, p. 294-312.

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PrÈsentation10

fâcheuse publicité : dans la seconde édition de son livre, il supprima les passages litigieux. Cette affaire eut une autre conséquence : pour éviter qu'un tel incident se reproduisît, il fut décidé officieusement que, du vivant de Douglas, le texte complet ne serait pas publié, comme l'avait implicitement demandé Ross en 1909 1 . Dont acte. Les années passèrent, et Ross ayant légué le second exem- plaire dactylographié de la lettre au seul fils survivant de

Wilde, Vyvyan Holland

2 , celui-ci estima que le moment était venu de faire connaître la lettre dans son intégralité : il la publia en 1949, toujours sous le titreDe profundis, et la présenta, en toute bonne foi, comme la première version complète et véridique. Pourtant, elle présentait quatre types d'inexactitudes, plus ou moins graves : des lectures erronées de l'écriture de Wilde, qui, autrefois limpide et élégante, était devenue parfois difficilement lisible ; des erreurs imputables au dactylographe, qui avait de temps en temps mal entendu le texte dicté par Ross ; des " améliorations » (de nature grammaticale et syntaxique) dues à Ross lui-même, et d'inexplicables déplacements de phrases, voire de paragraphes entiers, au sein du texte. De plus, Ross avait supprimé une cen- taine de mots, violemment critiques à l'endroit de Dou- glas et de son père. En fait, la première édition véritablement conforme au manuscrit autographe du Bri- tish Museum ne fut publiée qu'en 1962. Elle est due à Rupert Hart-Davis, qui fut le premier à recenser les erreurs mentionnées ci-dessus.

1. Né en 1870, Bosie aurait eu quatre-vingt-neuf ans en 1959, et il

était peu probable qu'il atteignît cet âge ; il mourut de fait en 1945.

2. Le fils aîné de Wilde, Cyril, officier de l'armée britannique dans

un régiment du Royal Field Artillery, avait été tué sur le front, en France, le 9 mai 1915. Constance Wilde changea de nom après le procès de son mari. Elle choisit celui de Holland, qu'elle emprunta à son frère (Otho Holland Lloyd) et qu'elle transmit à ses fils.

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PrÈsentation11

UNE RÉCEPTION CONTRASTÉE

Lorsque parut la version de 1905, la plupart des cri- tiques, convaincus de la " culpabilité » évidemment scan- daleuse de Wilde, préférèrent la considérer comme un aveu de repentance formulé par un pécheur honteux. C'est ce qu'attestent les titres des diverses recensions alors publiées dans la presse, par exemple " Un livre de pénitence » (

Bookman

, avril 1905) ou " Le réveil d'une

âme » (

Inquirer, 12 août 1905), dont les connotations reli- gieuses sont patentes. Dans leTimes Literary Supplement du 24 février 1905, Edward Verrall Lucas, qui avait été autorisé à consulter le manuscrit, estima même qu'on y trouvait " çà et là une suave et raisonnable contribution

à l'évangile de l'humanité

1

». Pour sa part, André Gide,

moins bénisseur et beaucoup plus nuancé dans son éva- luation du " crime » de Wilde, puisqu'il était lui-même homosexuel, écrivit le 15 août 1905 dansLíErmitageque ce texte suscitait en lui une profonde émotion : À peine peut-on considérer leDe profundiscomme un livre ; c'est coupé d'assez vaines et spécieuses théories, le san- glot d'un blessé qui se débat. Je n'ai pu l'écouter sans larmes ; je voudrais pourtant en parler sans un tremblement dans ma voix. Ces appréciations, pour diverses qu'elles fussent, se contentaient de voir dans la lettre un acte de contrition. Elles anticipaient également le célèbre commentaire d'Albert Camus qui, dans " L'artiste en prison » (1952), s'est attaché à souligner les supposées faiblesses esthé- tiques de Wilde, à ses yeux homme brillant mais artiste inaccompli, ce qui était aussi l'idée de Gide. À en croire Camus, Wilde ne serait véritablement devenu écrivain qu'après avoir bu jusqu'à la lie la coupe de la douleur, ce qui entache de futilité toutes les oeuvres, pourtant fonda- mentales, composées avant son incarcération :quotesdbs_dbs5.pdfusesText_10