[PDF] Dossier pédagogique L’Illusion comique



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Dossier pédagogique L’Illusion comique

HdA – Une adaptation de L’Illusion comique au cinéma, par Mathieu Amalric page 41 page 43 L’ÉQUIPE ARTISTIQUE page 46 BIBLIOGRAPHIE / SITOGRAPHIE page 50 Comme l’écrit Corneille : Mademoiselle, voici un étrange monstre que je vous dédie Le premier acte n’est qu’un prologue ; les trois suivants font une comédie imparfaite, le



ASSOCIATION DES PROFESSEURS DE LETTRES

L’Illusion comique (1636) succède à cinq comédies, une tragi-comédie (Clitandre , 1630-1631) et une tragédie ( Médée , 1635, qui vaut à Corneille une pension de Richelieu), précède immédiatement Le Cid (1636-1637), pièce suivie de la fameuse Querelle du Cid où interviendra la jeune Académie française



Les fourberies de Scapin - Malraux

L’Illusion Comique de Corneille) dans l’enchainement des scènes ; Scapin est cette figure de grand faiseur qui claque des doigts en enchainant les fourberies Car il n’a rien à perdre Ni non plus, rien à gagner Il n’a aucun intérêt ni financier ni amical à aider Octave et Léandre face à leurs pères



LE BAROQUE

1636 : Corneille, L’Illusion comique 1641 : Rembrandt, La Ronde de nuit 1643 : Expériences de Torricelli 1643-1661 : Régence d’Anne d’Autriche 1648 : Traités de Westphalie (fin de la guerre de Trente Ans) Expériences de Pascale sur le vide 1648-1642 : Fronde 1661 : avènement de Louis XIV



Nom : CAVAILLÉ Prénom : Fabien

« Les prestiges de l’illusion », chapitre d’analyse des mises en scène de l’ Illusion Comique (B Jaques, J-M Villégier, F Fisbach, ) pour L’Illusion Comique , ouvrage dirigé par Catherine



CHAPITRE 2 – Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIe

• Pierre Corneille, L’Illusion comique (p 150 ES/S et Techno / p 152 L/ES/S) SÉQUENCE 2 – Maîtres et valets dans la comé-die du XVIIIe siècle



Classiques Bordas • Dossier pédagogique • Molière • Les

comique : elle ne porte que si elle vient en contrepoint d’un mouvement crescendo Maître et valet Précisons enfin que, si ce comique passe ici par la forme, il n’est pas de pure forme, puisqu’il annonce l’opposition sociale qui va être la domi-nante de la seconde moitié de la scène : nous avons au départ la revanche



quence ① éiade et le renouve ement de la poésie

-Comment le comique de la scène souligne-t-il l’abus de pouvoir de Dom Juan ? [L’abus de pouvoir se voit dans la séduction d’une femme fiancée (soulignée par le comique du comble et de la surprise) et dans l’usage de la force (souligné par le comique de la poursuite, des coups qui ratent leur but et des fanfaronnades de Pierrot)]



ON NE BADINE PAS AVEC LAMOUR - C Guerrieri, enseignante de

Enfin, La vie est un songe utilise les thèmes du mensonge, du déguisement et de l'illusion Tous ces éléments renvoient bien sûr à On ne badine pas avec l'amour Nous avons ensuite les personnages des grotesques, qui sont directement inspirés de Shakespeare7 Le personnage de Blazius, par son très fort rapport au corps et son statut de



LA LECTURE EN CLASSE DE SECONDE ET PREMIERE

2° - Questionnaire sur la lecture (entretien mutuel entre élèves) 3° - Inventer votre sujet de Bac (sujet de dissertation, textes et questions, écriture d’invention)

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Dossier pédagogique

L"Illusion comique

de Pierre Corneille mis en scène par Christine Berg © JAC, L"Illusion comique, de Pierre Corneille, mis en scène par Christine Berg (2016). mardi 22 mars au samedi 02 avril 2016 (création à l"Espace Jean Vilar de Revin du 1er au 02 octobre 2015) Dossier pédagogique réalisé par Clémence Littaye, professeure du service éducatif : c.littaye@lacomediedereims.fr Contacts relations publiques : Margot Linard : m.linard@lacomediedereims.fr Rénilde Gérardin : r.gerardin@lacomediedereims.fr 2 texte Pierre Corneille mise en scène Christine Berg avec

Pridamant Loïc Brabant

Lise, Géronte Pauline Deshons

Matamore, Dorante Mireille Herbstmeyer

Isabelle Morgane Nairaud

Clindor, Alcandre Antoine Philippot

Adraste, le geôlier, Eraste Stephan Ramirez

Rosine (en vidéo) Céline Chéenne

lumières Elie Romero composition musicale et piano Gabriel Philippot régie de plateau Morgane Barbry préparation technique Marine Molard réalisation des costumes Nathalie Begue construction du décor Florent Gallier administration/GECA Fabienne Christophle diffusion Claire Dupont

Coproduction

ici et maintenant théâtre / Espace Jean Vilar de Revin

La compagnie

ici et maintenant théâtre est conventionnée avec le Ministère de la Culture / Direction Régionale des Affaires Culturelles de Champagne-Ardenne, avec l"ORCCA / Conseil

Régional de Champagne-Ardenne,

et subventionnée par les villes de Châlons-en-Champagne et Reims, ainsi que par le Conseil Général de la Marne Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National 3

SSOOMMMMAAIIRREE

LLEE PPRROOJJEETT AARRTTIISSTTIIQQUUEE

NNootteess ddee mmiissee eenn ssccèènnee ppaarr CChhrriissttiinnee BBeerrgg PPrréésseennttaattiioonn dduu ssppeeccttaaccllee page 4 page 5 PPIIEERRRREE CCOORRNNEEIILLLLEE EETT LL""IILLLLUUSSIIOONN CCOOMMIIQQUUEE UUnnee bbiiooggrraapphhiiee ddee PPiieerrrree CCoorrnneeiillllee

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TTEEXXTTEESS EENN PPAARRAALLLLÈÈLLEE

Baroque et littérature (généralités - le théâtre du monde) La mise en abyme dans le théâtre européen du XVIIème siècle (extraits de Hamlet de Shakespeare, La vie est un songe de Calderon, Le véritable Saint Genest de Rotrou, L"Impromptu de Versailles de Molière) page 27
page 35 HHIISSTTOOIIRREE DDEESS AARRTTSS -- PPRROOLLOONNGGEEMMEENNTTSS

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page 41
page 43 LL""ÉÉQQUUIIPPEE AARRTTIISSTTIIQQUUEE page 46 BBIIBBLLIIOOGGRRAAPPHHIIEE // SSIITTOOGGRRAAPPHHIIEE page 50

Comme l"écrit Corneille : Mademoiselle, voici un étrange monstre que je vous dédie. Le

premier acte n"est qu"un prologue ; les trois suivants font une comédie imparfaite, le dernier est une tragédie : et tout cela cousu ensemble fait une comédie. Premier acte, premier lieu : une grotte mystérieuse perdue dans la campagne. Pour avoir des nouvelles de son fils, un

père de famille autoritaire et inquiet vient consulter le magicien Alcandre, capable de

retrouver des fantômes... il assistera en direct aux aventures de son fils... mais tout ça n"est

qu"illusion. Cette pièce, défense et illustration des comédiens et de la scène, a été militante

dès sa création ; elle adresse aujourd"hui encore un éloge immense aux pouvoirs du théâtre.

Christine Berg, après avoir présenté Peer Gynt à la Comédie la saison précédente, explore

une nouvelle fois le théâtre forain dont elle a le secret. Elle emmène sa fidèle équipe

artistique dans une nouvelle épopée : un petit théâtre ambulant se déplie devant nous.

Mensonges, mirages, travestissements, L"Illusion comique va nous ouvrir grand les yeux. 4

LLEE PPRROOJJEETT AARRTTIISSTTIIQQUUEE

NNootteess ddee mmiissee eenn ssccèènnee ppaarr CChhrriissttiinnee BBeerrgg Hypothèses de départ...Voilà la plus belle comédie de Corneille.

D"abord parce qu"elle est encore totalement

baroque et donc libre, affranchie du carcan à la fois de la bienséance, de la vraisemblance et des fameuses unités. Cela lui donne une fantaisie, une capacité à surprendre et à enchanter : c"est un magicien qui nous entraîne dans cette folie !

L"Illusion comique est aussi l"un des plus

beaux éloges du théâtre. Certes, Alcandre à la fin de la pièce, et c"est bien sûr Corneille qu"on entend, vante les joies, les nécessités, les bienfaits du théâtre sur les spectateurs mais au-delà de cette apologie, l"oeuvre elle- même est un formidable acte poétique : c"est

le théâtre qui va déciller les yeux de Pridamant et lui faire reconnaître son enfant. Le théâtre

fait ouvrir les yeux.

La pièce présente, pour ce faire, une galerie de personnages mémorables, dont le plus

inoubliable est bien sûr Matamore, géniale création de Corneille issue du Capitan poltron de

la comédie espagnole. Personnage inutile dans l"action dramatique, sublime dans son

rapport au langage qui n"est qu"une affabulation continuelle, du théâtre à l"état pur. Les

autres personnages ne sont pas en reste : Isabelle, la jeune première incroyablement

émancipée, Lise la suivante qui est à la fois un personnage tragique et comique et bien plus

qu"une servante, Clindor le jeune homme inconstant, malin et opportuniste, reflet de toutes les époques...

Et puis

L"Illusion comique est une comédie très réussie, flamboyante et qui s"appuie sur un

argument que Shakespeare lui-même n"a cessé de mettre en mots : le théâtre n"est

qu"illusion et c"est cette illusion qui nous permet de voir... Alors nous allons nous servir des moyens originels du théâtre pour raconter cette fable des origines elle aussi.

© Gg

5

Pierre-André Weitz a conçu une scénographie d"artisan de théâtre : 4 petits théâtres

(tréteaux, rideaux) et une boîte magique...

La mise en scène de l"illusion (au sens propre) se déclinera à partir de l"argument suivant :

lors d"une soirée de prestidigitation chic, on use de tous les tours, y compris et surtout de magie, pour multiplier les identités, les dédoubler, les troubler devant un Pridamant myope et confondu ; photos, ombres, images animées, vidéo... C"est Clindor lui-même qui s"est travesti en Alcandre et Matamore est joué par une femme...

Nous allons réunir de nouveau notre équipe artistique fidèle : les acteurs Loïc Brabant,

Antoine Philippot, Stephan Ramirez, le brillant scénographe Pierre-André Weitz, et 3 nouvelles venues, Mireille Herbstmeyer, Morgane Nairaud et Pauline Deshons. Gabriel Philippot composera pour l"occasion une musique baroque qui dérape et même qui dé- rap... Mensonges, illusion, travestissements, l"art de la comédie chez Corneille est à son comble ; rien n"est plus vrai que l"illusion puisqu"elle réunit les êtres.

Christine Berg

PPrréésseennttaattiioonn dduu ssppeeccttaaccllee Le site de la Comédie de Reims propose, sur la page consacrée au spectacle, une présentation du spectacle par Christine Berg, ainsi qu"un teaser.

Présentation du spectacle par Christine Berg

Teaser du spectacle

6 PPIIEERRRREE CCOORRNNEEIILLLLEE EETT LL""IILLLLUUSSIIOONN CCOOMMIIQQUUEE UUnnee bbiiooggrraapphhiiee ddee PPiieerrrree CCoorrnneeiillllee

Né à Rouen, le 6 juin 1606.

Avocat général de la Table de Marbre à Rouen. Le plus grand de nos auteurs tragiques, il donna sa première pièce,

Mélite, en

1625. Son chef-d"oeuvre,

le Cid, joué onze ans après, obtint un immense succès et souleva la critique passionnée de Mairet et de Scudéry que soutenait Richelieu. Le cardinal imposa à l"Académie de juger cette oeuvre. " L"Académie française donna ses sentiments sur le Cid, et cet ouvrage fut digne de la grande réputation de cette Compagnie naissante. Elle sut

conserver tous les égards qu"elle devait et à la passion du cardinal et à l"estime prodigieuse

que le public avait conçue du Cid. » (Fontenelle). Corneille fréquentait l"hôtel de

Rambouillet ; il y donna quatre ans après

le Cid, la première lecture de Polyeucte que l"on

applaudit par déférence pour l"auteur, mais que l"on trouva mauvaise. Il ne se présenta à

l"Académie qu"après la mort de Richelieu ; elle lui préféra, sous prétexte qu"il habitait la

province, en 1644, Salomon de Virelade, et en 1646 Pierre Du Ryer. Lorsque mourut

Mainard, il fit savoir à l"Académie qu"il avait arrangé ses affaires pour pouvoir passer une

partie de l"année à Paris ; elle n"eut plus aucune objection sérieuse à lui opposer, et il fut élu

le 22 janvier 1647. On l"a surnommé le Grand Corneille et le Père de la Tragédie. Il a laissé

huit comédies, vingt-trois tragédies, trois discours en prose sur l"art dramatique : sur le

poème dramatique, sur la tragédie, sur les trois unités ; les examens sur ses pièces, des

poésies diverses et une traduction en vers de l"Imitation de Jésus-Christ.

Il donna

Médée en 1635, le Cid qui fut traduit dans toutes les langues européennes, sauf la turque et l"esclavonne, en 1636, Horace et Cinna en 1639, Polyeucte en 1640, le Menteur en 1642,

Rodogune en 1646.

Fontenelle, Taschereau et Guizot ont écrit chacun une

Vie de Corneille ; Voltaire a publié ses

oeuvres avec un Commentaire ; La Bruyère, Racine, Gaillard, Bailly, Auger, Victorin Fabre ont composé son Éloge. Sainte-Beuve a consacré au Cid quatre Nouveaux Lundis.

La vieillesse de Corneille fut attristée par la pauvreté et par la jeune gloire de Racine que les

jaloux opposaient à la sienne. Corneille mourut doyen de l"Académie. " Comme c"est une loi dans cette Académie que le directeur fait les frais d"un service pour ceux qui meurent sous son directorat, il y eut une

contestation de générosité entre Racine et l"abbé de Lavau, à qui ferait le service de

7 Corneille, parce qu"il paraissait incertain sous le directorat duquel il était mort. La chose ayant été remise au jugement de la compagnie, l"abbé de Lavau l"emporta. » (Fontenelle).

Mort le 1er octobre 1684.

Article consacré à la biographie de Pierre Corneille, sur la page " Les Immortels » du site de

l"Académie française, PPrréésseennttaattiioonn ddee llaa ppiièèccee

Liste des personnages

ALCANDRE, magicien.

PRIDAMANT, père de Clindor.

DORANTE, ami de Pridamant.

MATAMORE, capitaine gascon, amoureux d"Isabelle.

CLINDOR, suivant de Capitan, et amant d"Isabelle.

ADRASTE, gentilhomme, amoureux d"Isabelle.

GÉRONTE, père d"Isabelle.

ISABELLE, fille de Géronte.

LYSE.

LE GEÔLIER, de Bordeaux.

PAGE du CAPITAN.

CLINDOR, représentant Théagène, seigneur anglais.

ISABELLE, représentant Hyppolyte, femme de

Théagène.

LYSE, représentant Clarine, suivante d"Hippolyte.

ERASTE, écuyer de Florilame.

Troupe de domestiques d"Adraste.

Troupe de domestiques de Florilame

Présentation des personnages

Matamore

Il vient d"une longue tradition. Le héros du

Miles gloriosus de Plaute voulait à la fois être un guerrier redoutable et un séducteur irrésistible. Le soldat fanfaron, un des types les plus

célèbres de " l"ancienne comédie », conservera cette double prétention. Il passe du théâtre

latin au répertoire italien des XV ème et XVIème siècles. (...) Le personnage de Corneille reste

fidèle à l"image du soldat fanfaron ainsi dessiné. Impossible de prendre au sérieux ce

fantoche, de prêter une vérité humaine à ce vantard qui ne se contente pas de la Terre © JAC, L"Illusion comique, de Pierre Corneille, mis en scène par Christine Berg (2016). 8 comme scène de ses exploits, mais qui se pose en rival de Jupiter, donnant des ordres aux Parques et séduisant l"Aurore ! Aucune importance dramatique : c"est une marionnette qui

apparaît pour soulever les rires après des scènes angoissantes. Il courtise Isabelle après les

menaces d"Adraste (II,4), il propose ses services à Géronte après les remontrances

adressées à Isabelle (III,3). Il affronte les dangers nocturnes lorsque Lyse veut se venger de

Clindor (III,7), et il disparaît lorsque la comédie intérieure finit. Amoureux bafoué, faux brave,

il n"inspire ni pitié ni crainte. C"est Guignol, ou Ubu Roi ! Toutefois, il ne s"agit là que d"une

analyse superficielle. Le véritable intérêt du personnage de Matamore n"est pas de détendre

l"atmosphère dans quelques intermèdes comiques. Par son langage, par sa démesure verbale, il annonce Rodrigue ou Horace. Avant que la scène ne retentisse des échos du combat contre les Maures, elle résonne des vantardises du faux " tueur de Maures » : " Le seul bruit de mon nom renverse les murailles, Défait les escadrons et gagne les batailles. »

Existe-t-il une différence entre ces mots prononcés par le fanfaron et ceux que lancera

Rodrigue triomphant ?

L"Illusion comique précède Le Cid de quelques mois. Avant de

dessiner " le héros », Corneille en fait-il la caricature ? Avant la tragi-comédie, en donne-t-il

la parodie ? Avant d"exalter la vaillance, la tourne-t-il en dérision ? Autant de questions qui restent sans réponse. Il semble toutefois étrange que Corneille cherche à ridiculiser son

héros avant même de lui laisser la parole. Peut-être y a-t-il chez lui une volonté de montrer

les limites de l"héroïsme : au moment où il entrevoit sa grandeur, il perçoit également son

emphase, qui risque de basculer dans le ridicule. Alfred Simon parle de " démystification du

héros », et il ajoute : " C"est un véritable exorcisme inutile, puisque, d"une part, l"orgueil

reparaît chez Don Diègue, Horace, Polyeucte, et que d"autre part, la victoire du héros est

précaire et que son échec devient tragiquement évident de Nicomède à Suréna. » Plus

qu"un anti-héros, Matamore est un héros " en creux » : sa jactance est plaquée sur du vide,

sur une absence d"action. Héroïsme trompe-l"oeil... ce qui est vérité, raison d"être chez

Rodrigue n"est qu"un masque chez Matamore. Fasciné par l"imaginaire, vivant dans

l"illusoire, Matamore apparaît dans la pièce comme l"abcès de la fixation baroque. Sa

mythomanie l"apparente aux fous et aux extravagants qui hantent le théâtre de cette

époque ; son langage fait de lui une métaphore ambulante ; son obsession est de paraître ce qu"il n"est pas. Matamore, seul, dépose son masque, il avoue sa peur (III, 7), il n"est plus qu"un poltron que cachent mal ses oripeaux d"un foudre de guerre. On entrevoit ici la

dérision du comédien qui retrouve son vrai visage une fois la représentation terminée : tout

n"était qu"illusion ! 9

Clindor

Héros picaresque, il a fait de multiples métiers, plus ou moins honorables. Incapacité à se

fixer ? Goût de l"aventure ? Chacun de ses avatars est vécu comme une véritable

métamorphose : Clindor protéiforme prédit l"avenir, compose des romans ou devient le

domestique d"un fanfaron. Lui non plus n"est jamais ce qu"il paraît. Il a caché son nom. " Et s"est fait de Clindor le sieur de la Montagne. » (I, 3, v. 206) Fils d"un gentilhomme breton, il

est devenu valet. Il sert de " faire-valoir » à Matamore mais, en même temps, il le berne ; il

traite Adraste en égal : ce n"est pas de l"amoureux d"une servante qu"il est le rival, mais d"un homme de sa condition. Lorsqu"il courtise Lyse, il le fait avec toute l"insolence d"un

seigneur, annonçant déjà Almaviva auprès de Suzanne. Il aime la maîtresse mais il séduit la

servante. (...) Aimer Isabelle en délaissant Lyse ; aimer Lyse en renonçant à Isabelle, ce serait faire un choix, et Clindor refuse ce choix qui le fixerait. Etre inconstant, c"est être épicurien, profiter de tous les plaisirs que la vie dispense en se gardant bien de prendre

l"amour au sérieux. A quoi bon choisir, alors qu"il est si simple d"accueillir également toutes

les joies ? Lorsqu"il fait l"apologie de l"adultère, peut-on parler à son propos de cynisme ? Parlons plutôt de la nostalgie d"une humanité sans contrainte et sans tragique. C"est sans

doute cette innocence qui fait dire à M. Garapon que " Clindor appartient à la génération

antérieure à l"idée de péché ». Où est-il sincère ? Auprès de Lyse ? Auprès d"Isabelle ?

Dans la prison ? Dans le jardin du Prince Florilame ? Il ne vit que dans l"instant, et le métier

de comédien lui permet de résoudre ses contradictions. Il peut alors " officiellement » porter

un masque, paraître ce qu"il n"est pas : un grand seigneur amant d"une princesse. C"est par

un artifice qu"il s"intègre à la société qu"il avait voulu fuir : il s"est fixé dans une profession

par définition instable : on l"annonce " monté en haut degré d"honneur » (IV, 10) alors que le

métier de comédien est encore décrié. Lyse

C"est la première servante importante du répertoire français. Elle succède à la nourrice de la

tradition antique et s"affirme nettement dans sa condition de domestique. (Dans La suivante, Corneille avait esquissé un personnage de demoiselle de compagnie assez

indécis : Amarante était surtout une précieuse réduite aux fonctions de servante contre son

gré.) Lyse reconnaît l"infériorité de sa situation qui l"empêche d"être aimée de Clindor, mais

en même temps, elle profite des caractéristiques de sa condition : elle accepte un diamant pour prix de sa trahison, repousse avec impertinence les avances de Clindor, séduit sans

vergogne le geôlier... et tient à prendre sa revanche sur la caste qui lui est supérieure...

Mais elle échappe à son univers de soubrette lorsqu"elle est déchirée par des conflits

10

moraux que le théâtre traditionnel réserve à la classe des maîtres. Son originalité ne vient

pas du fait qu"elle mène l"action et qu"elle domine Isabelle (Dorine et Toinette auront la

même autorité) mais surtout de ce qu"elle est entièrement maîtresse du destin de Clindor.

Elle referme sur lui les portes d"une prison qu"elle ouvrira ensuite, non par pitié pour lui ou pour Isabelle, mais après un combat entre ce qu"il faut bien appeler son amour et sa gloire : elle refuse la mesquinerie d"une liaison et celle d"une vengeance. Ainsi elle s"affirme non seulement au-dessus d"Isabelle, mais aussi au-dessus de Clindor, puisqu"elle lui rend la

liberté sans rien exiger de lui. Tout se passe comme dans un monde à l"envers où la

suivante donne aux maîtres la permission de s"aimer. Affirmation d"une volonté, mais aussi manifestation d"autodestruction : elle se sacrifie en épousant le geôlier. En dehors d"elle- même et du combat qu"elle vient de remporter, rien ne compte.

Isabelle

Auprès de sa suivante, Isabelle semble un peu terne. Intéressante toutefois par sa lucidité,

par ses revendications de liberté et par la façon dont elle réclame le droit de choisir son amour, elle atteint une grandeur touchante au dernier acte, sous le nom d"Hippolyte. Il ne s"agit pas de complaisance envers un mari volage mais d"une résignation émouvante où elle

rejoint la soumission de Grisélidis. La jeune fille impérieuse qui se cabrait devant l"autorité

d"un père a fait place à une femme plus mûre qui constate avec mélancolie la fin de sa jeunesse : " Puisque mon teint se fane et ma beauté se lasse... » On ne prend peut-être pas assez garde, en étudiant L"Illusion comique, au fait que c"est par le vieillissement d"une femme que Corneille nous rend perceptible le sentiment de la durée... Isabelle apporte à la pièce une note de tendresse, cette tendresse que l"on retrouvera chez Bérénice (dans Tite et Bérénice ) puis chez Eurydice (dans Suréna).

Pridamant

Il incarne d"abord le père, l"image que Clindor a voulu fuir. Le thème des rapports entre le père et le fils apparaîtra dans Le Cid, dans Horace, dans Le Menteur. Don Diègue ordonne à

Rodrigue : " Montre-toi digne fils d"un père tel que moi. » (I, 5, v. 288) Pridamant souffre de

ne plus voir auprès de lui le reflet de ce qu"il a été, et il veut donc retrouver le fils qu"il a

chassé. Égoïsme de vieillard qui craint de mourir seul ? Peut-être aussi désir de se

réconcilier avec soi-même en abolissant le remords ? Il souffre de l"évocation peu glorieuse

de la vie de Clindor et se réjouit de la haute condition qu"on prête à celui-ci... Mais

Pridamant nous intéresse à d"autres titres : il représente une classe sociale. Il appartient à la

petite noblesse de Bretagne et il considère la profession de comédien comme infamante : 11

réflexe " bourgeois » d"honorabilité qui trouve un apaisement dans l"apologie du théâtre que

fait Alcandre. Notons l"argument qui emporte son adhésion : " Le théâtre est un fief dont les

rentes sont bonnes. » (V, 5, v. 1666) Clindor est parti de chez son père en emportant de

l"argent, mais voilà qu"il en gagne plus maintenant que s"il était resté au logis ! De plus, il est

admiré des Grands et son métier a la caution morale du roi... Il n"en faut pas plus pour

convaincre un bourgeois de l"excellence du théâtre. Enfin, Pridamant est " le » spectateur : il

est notre miroir. Dupé par le metteur en scène Alcandre, il s"est laissé abuser par les riches

vêtements du premier acte, il n"a pas su distinguer la fiction du réel malgré les

avertissements du magicien fasciné par le théâtre, il veut connaître ce monde merveilleux,

mais son sort est de rester en deçà du miroir, il ne peut qu"assister à la féerie sans y

participer : Alcandre le menace de mort à la moindre intervention. Bon public, victime d"un

théâtre sans " distanciation », il se découvre abusé et reconnaît le pouvoir de cet art : " J"ai

pris sa mort pour vraie, et ce n"était que feinte. »

Alcandre

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