[PDF] Les origines de l’Univers : science et foi



Previous PDF Next PDF







La Terre - Science et Technologie Lucille-Teasdale

chapitres sur l’univers vivant Le présent chapitre porte sur les trois autres enveloppes de la Terre Quelles sont les enveloppes de la Terre ? Les êtres vivants habitent à la surface de la Terre, sur la croûte terrestre Ils dépendent de la couche d’air qui englobe la planète L’eau qui recouvre la Terre leur est aussi indispensable



THÉORIE UNIVERS TERRE-ESPACE, ST-STE, 4e secondaire

THÉORIE UNIVERS TERRE-ESPACE, ST-STE, 4e secondaire L’HYDROSPHÈRE (Mers-océans-lacs-cours d’eau ) Les trois quarts de la Terre sont recouverts d’eau 97 d’eau salée et 3 d’eau douce Moins de 1 de l’eau douce est accessible (cours d’eau, nappe souterraines) Le reste



THÉORIE UNIVERS TERRE-ESPACE - Pasyo Science

THÉORIE UNIVERS TERRE-ESPACE L’ATMOSPHÈRE L’air est un mélange homogène Ce mélange est constitué de 78 de diazote (N 2), 21 de dioxygène (O 2) et les autres gaz 1 (Argon, Dioxyde de carbone, Néon, Hélium, Méthane, Krypton, Xénon, Dihydrogène, Ozone )



Les origines de l’Univers : science et foi

de la terre et tout arbre dont le fruit porte sa semence; ce sera votre nourriture 30 - À toute bête de la terre, à tout oiseau du ciel, à tout ce qui remue sur la terre et qui a souffle de vie, je donne pour nourriture toute herbe mûrissante



Chapitre 1 : A la découverte de l’univers

Chapitre 1 : A la découverte de l’univers I Activité Questionnaire sur le c’est pas sorcier « mystère de l’univers » II L’univers 1 Le big bang L'histoire de l’univers est une longue saga d’environ 13,7 milliards d’années Le cosmos est né à partir d’un état très dense et très chaud Au début, tout n'est qu'énergie



La naissance de la Terre - Dunod

l’Univers Il faut alors élargir le champ de l’investigation à ce qui nous échappe et nous paraît hors de la compréhension humaine Mythes et religions ont donné des réponses qui s’imposent soit par la croyance en une vérité révélée soit par une stricte inter-prétation de ce que perçoivent nos sens Dans l’un et l’autre des



Le Petit Livre de lUnivers - Dunod

l’Univers, c’est à l’astronomie qu’il faut s’en remettre À son service, des yeux électroniques scrutent le ciel avec un formidable pouvoir de per- ception, si bien que l’Univers est devenu, comme le disait Fontenelle,



Discours sur l’origine de l’univers

L’origine de l’univers est devenue une terre promise : on ne cesse d’annoncer qu’on s’en approche, qu’elle n’est pas un ailleurs inaccessible, que le « mur de Planck » qui continue de faire obstacle aux théories physiques est en passe d’être franchi, que le grand dévoilement est une



Frida KAHLO

L’Étreinte amoureuse de l’univers, la terre, moi, Diego et Monsieur Xólotl 1949 Arts, créations, cultures Arts, espaces, temps Arts, états et pouvoir Arts, mythes et religions Arts, techniques, expressions Arts, ruptures, continuité El abrazo de amor del universo, la tierra, yo, Diego y el señor Xólotl, 1949,



Guide de la messe - Boston University

Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ; nous te le présentons ; il deviendra le pain de la vie -Béni soit Dieu, maintenant et toujours Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris

[PDF] age systeme solaire

[PDF] variable quantitative continue graphique

[PDF] variable qualitative nominale

[PDF] variable dichotomique définition

[PDF] variable discrète et continue exemple

[PDF] variable qualitative statistique

[PDF] variable quantitative continue definition

[PDF] doeth

[PDF] visite d'entreprise pour élèves

[PDF] ada maroc appel d'offre 2016

[PDF] agence de développement agricole

[PDF] ada appel d'offre 2017

[PDF] ada maroc appel d'offre 2017

[PDF] loi 15-02 relative ? la réforme portuaire

[PDF] présentation du secteur portuaire au maroc

Les origines de l'Univers : science et foi Conférences de Jean Duhaime et d'Hubert Reeves Soirée du 23 octobre 2008 Bible et scienc e devant les origines de l'Univer s : op position ou complémentarité? Par Jean Duhaime Théologien, bibliste, sociologue, Jean Duhaime enseigne à la Faculté de théologie et de sciences des religions de l'Université de Montréal depuis 1976. Il a fait des études bibliques à l'Uni versité de Montréal de mêm e qu'à l'École biblique et archéologique française de Jérusalem. Intéressé par les Psaumes, les prophètes et les textes de Qumrân, il est très engagé dans le di alogue interreli gieux, particulièrement entre judaïsme et christianisme. Introduction Pendant plusieurs siè cles, dans le judaïsme et dans la chrétienté, on a pens é les origines de l'Univers principalement à partir des données bibliques sur la création, et notamment du récit du premier chapitre de la Genèse, qui évoque une création du monde par Dieu en six jours il y a 6 000 ans. Avec le développement des outils scientifiques, une autre vision s'est progressivement mise en place : il e st devenu courant aujourd'hui d'évoquer une e xplosion initiale, le " Big bang », survenu il y a environ 13,7 milliards d'années, d'où aurait jailli un Univers en expansion où l'humanité est apparue au terme d'un long processus de sélection naturelle. Une personne croyante doit-elle choisir entre ces deux versions des origines? Pour certains, elles sont irréconciliables et, si l'on croit que la Bible est la Parole de Dieu, il faut rejeter le point de vue scientifique. Pour d'autres, la foi et la science sont complémentaires et peuvent apporter, chacune à sa manière, un éclairage pertinent sur la question des origines de l'Univers. Pour illus trer ces deux points de vue diverge nts, je propose d'abord de parc ourir les principales données bibliques, puis d'explorer brièvement la manière dont elles sont interprétées par les promoteurs du " créationnisme » ou du " dessein intelligent » et pa r un théologien représentatif de ceux qui soutiennent la compatibilité des visions biblique et scientifique.

Quelques données bibliques sur les origines de l'Univers La Bible s'ouvre sur deux récits de création. D ans le premier (Gn 1,1-2,4a), Die u agit en souverain qui fait advenir les choses par sa parole. Il crée d'abord le temps en séparant la lumière et les ténèbres, ensuite l'espace en séparant les cieux, les eaux et la terre puis il meuble ces espaces de leurs occupants : les luminaires célestes, les bêtes de la mer et de la terre, et après ces dernières, comme point d'orgue, l'être humain, créé à son image, mâle et femelle, qui reçoit mission de dominer la terre. Dieu trouve que tout ce qu'il avait fait en ces six premiers jours du monde était " très bon » : Gn 1,26-2,1 Dieu dit : " Faisons l'homme à notre image, selon notre ressembl ance, e t qu'il soume tte les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent sur la terre! » 27 - Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa; mâle et femelle il les créa. 28 - Dieu les bénit et Dieu leur dit : " Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre! » 29 - Dieu dit : " Voici, je vous donne toute herbe qui porte sa semence sur toute la surface de la terre et tout arbre dont le fruit porte sa semence; ce sera votre nourriture. 30 - À toute bête de la terre, à tout oiseau du ciel, à tout ce qui remue sur la terre et qui a souffle de vie, je donne pour nourriture toute herbe mûrissante. » Il en fut ainsi. 31 - Dieu vit tout ce qu'il avait fait. Voilà, c'était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour. 2, 1 - Le ciel, la terre et tous leurs éléments furent achevés. Dans le second récit (Gn 2,4b-24), un Dieu artisan fabrique d'abord l'homme à partir de la poussière du sol et plante ensuite un jardin où il place le " terrien » (Adam) pour le garder et le cultiver. Il veut ensuite pour l'homme une " aide accordée »; il crée les animaux, mais l'homme n'y trouve pas la partenaire recherchée; la femme est finalement créée à partir d'une des côtes et l'homme y reconnaît enfin " l'os de ses os et la chair de sa chair » : Gn 2,4b-15* Le jour où le SEIGNEUR Dieu fit la terre et le ciel, 5 - il n'y avait encore sur la terre aucun arbuste des champs, et aucune herbe des champs n'avait encore germé, car le SEIGNEUR Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n'y avait pas d'homme pour cultiver le sol; 6 - mais un flux montait de la terre et irriguait toute la surface du sol. 7 - Le SEIGNEUR Dieu modela l'homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l'haleine de vie, et l'homme devint un être vivant. 8 - Le SEIGNEUR Dieu planta un jardin en Éden, à l'orient, [...]

15 - Le SEIGNEUR Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Éden pour cultiver le sol et le garder. La thématique de la création se retrouve également ailleurs dans la Bible, par exemple dans le Ps 104 et en Jb 38-41. Le Ps 104 est apparenté au récit de la création en six jours, avec quelques particularités intéressantes. Encadré par une invitation à bénir le Seigneur, (v. 1a.35b) il évoque en première partie la maîtrise de Dieu sur les eaux (v. 1b-18) : il les domine depuis les cieux (v. 1b-4), les a séparées de la terre, a limité leur territoire (v. 5-9) et s'en sert pour donner la vie (v. 10-18). La deuxième partie, parallèle à la première, montre comment Dieu dispense la vie (v. 19-35a) : en faisant alterner ténèbres et lumière, il permet la circulation sans heurt des bêtes féroces, de nuit, et des hommes, de jour; chacun pouvant ainsi se procurer sa nourriture (v. 19-23); on trouve la même surabondanc e de vie da ns la mer qui n'est pl us un chaos, mais un grouillement d'animaux innombrables (v. 24-26); Dieu donne non seulement la nourriture, mais aussi le souffle à chacune de ses créatures, à chaque instant, en se tenant à une distance suffisante pour ne pas l'anéantir de son regard ou de son toucher; ceux qui abusent de ce souffle, les pécheurs, sont appelés à disparaître (v. 27-35a). L'idée est ici non seulement d'un geste initial de création, mais de la maît rise constante du chaos par Dieu e t du don de la vie sans cess e renouvelé : Ps 104,27-30 Tous comptent sur toi pour leur donner en temps voulu la nourriture: 28 - tu donnes, ils ramassent; tu ouvres ta main, ils se rassasient. 29 - Tu caches ta face, ils sont épouvantés; tu leur reprends le souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. 30 - Tu envoies ton souffle, ils sont créés, et tu renouvelles la surface du sol. Dans les chapitres 38 à 41 du livre de Job, Dieu se manifeste au héros qui, après avoir rejeté toutes les explications possibles à sa souffrance, réclamait d'en débattre avec Dieu lui-même. Mais au lieu de lui offrir l'explication demandée, Dieu lui décrit sa puissance créatrice et le met au défi d'en faire autant. Il a posé la pierre d'angle de la terre, l'a assise sur ses piliers immergés et a freiné les eaux pour la protéger. Il commande au matin, aux neiges et aux vents, et s'occupe des animaux s auvages, même ceux qui sont apparemment les pl us dangereux et les plus monstrueux. Devant tant de puissance, Job se confond en humbles excuses et renouvelle s a confiance à Dieu : Job 38,4-12* Où est-ce que tu étais quand je fondai la terre? Dis-le-moi puisque tu es si savant. 5 - Qui en fixa les mesures, le saurais-tu? Ou qui tendit sur elle le cordeau? 6 - En quoi s'immergent ses piliers, et qui donc posa sa pierre d'angle [...] 8 - Quelqu'un ferma deux battants sur l'Océan quand il jaillissait du sein maternel, 9 - quand je lui donnais les brumes pour se vêtir, et le langeais de nuées sombres.

10 - J'ai brisé son élan par mon décret, j'ai verrouillé les deux battants 11 - et j'ai dit : " Tu viendras jusqu'ici, pas plus loin; là s'arrêtera l'insolence de tes flots! » 12 - As-tu, un seul de tes jours, commandé au matin, et assigné à l'aurore son poste [...] ? Voilà quelques-uns des principaux textes bibliques qui évoquent les origines de l'Univers. La cosmologie qu'ils suggèrent est relativement simple : trois espaces, le ciel, au-dessus de nos têtes, la terre, sans doute plate et assise sur ses piliers, la mer menaçante mais contenue dans ses limites et leurs habitants, créés tels que nous les voyons encore par un Dieu puissant qui continue de pourvoir au bon ordre du monde et qui nourrit les vivants. Malgré leur cohérence apparente, ces textes comportent des divergences. L'une des plus évidentes est la séquence des événements qui diffère du récit de Gn 1 au récit de Gn 2. Mais on aura aussi remarqué que le récit de Gn 1 est le seul où l'homme se voit confier la " domination de la terre ». Dans Gn 2, il est placé dans le jardin pour le cultiver et le garder. Dans le Ps 104, il est totalement intégré à son environnement et dépendant de Dieu pour la nourriture et le souffle au même titre que toutes les autres créatures. Chez Job, on souligne son impuissance radicale devant un Univers qui le dépasse complètement. La Bible, en somme, n'offre pas un regard parfaitement homogène et cohérent sur les origines de l'Univers. Plutôt que de chercher à éliminer ou à réconcilier ces contradictions, il vaut mieux reconnaître que la Bible, en ce domaine comme en d'autres, a plusieurs manières d'aborder la question pour dire à travers chacune quelque chose de la richesse d'un mystère qui échappe en bonne partie à l'esprit humain. Cette diversité suggère également que d'autres points de vue sur les origines de l'Univers sont également possibles... Pourtant, depuis que le développement des sciences de la nature a proposé une vision évolutive des origines du monde, certains interprètes de la Bible se sont braqués contre elle, tandis que d'autres ont cherché à l'intégrer dans leur réflexion. Bible et science en opposition. Créationnisme et dessein intelligent On assoc ie généralement les premie rs heurts entre la Bible et la sci ence à l'élabora tion par Copernic, Kepler et Galilée, au 16e et 17e siècle, d'un nouveau modèle du monde fondé sur des données empiriques apparemment incompatibles avec les affirmations de la Bible. Mais c'est surtout vers la fin du 19e et au début du 20e siècle qu'il faut situer la crise entre Bible et science autour des origines de l'Univers. Dans un article récent sur le créationnisme, Arthur McCalla retrace l'histoire de cette crise, qui se poursuit toujours. Le contexte : l'avènement de la critique biblique moderne À cette époque, la découverte de divers récits de création provenant d'anciennes civilisations du Proche-Orient (Mésopotamie, Égypte, Ugarit) et dont certains semblent avoir servi de modèle aux récit s bibliques, ébranlait l'i dée que la Bible proviendrait d'une révélation divine exceptionnelle et exclusive. Ces découvertes am ènent également à distinguer dans les te xtes

5bibliques et extrabibliques divers genres littéraires, à interpréter chacun selon sa spécificité. Les premiers chapitres de la Genèse seraient à considérer comme des récits à caractère mythique, véhiculant une vérité de foi et non une vérité historique proprement dite. On assiste simultanément au développement de la méthode historique (ou historico-critique) qui commence à distinguer dans les livres bibliques plusieurs couches de rédaction superposées : ainsi les cinq premiers livres (le Pentateuque) proviendraient non pas de Moïse (13e s. avant notre ère), mais de quatre courants de pensée (yahviste, élohiste, deutéronomique et sacerdotal), dont les textes, élaborés entre le 10e et le 6e s. avant notre ère se distinguent par leur style et leur théologie. Le récit de Gn 1, appartiendrait à la couche la plus récente (sacerdotale) et celui de Gn 2 à la plus ancienne (yahviste), ce qui expliquerait leurs divergences. Les découvertes archéologiques et l'avènement de la critique biblique ont secoué les Églises chrétiennes, aussi bien catholiques que protestantes. La crise fut d'autant plus grande en milieu protestant que la Bible constitue théoriquement la seule référence autorisée et qu'il importe qu'on puisse s'y fier entièrement. Comment pourrait-on se fier à des textes anonymes comportant des contradictions, du moins en apparence? Créationnisme et fondamentalisme au début du 20e siècle C'est dans ce contexte que se situe le débat entourant la théorie de Darwin sur l'origine des espèces (parue en 1859). Darw in pré tendait démontrer de m anière empirique que le m onde animal comme nous le connaissons et dont nous faisons partie est le résultat d'un processus évolutif échelonné sur une très longue période. Ni les animaux ni l'homme ne seraient sortis tels quels des mains de Dieu il y a 6 000 ans, au moment de la création, comme la Bible le raconte. Certains chrétiens libéraux, qui avaient déjà admis que les récits de la Genèse n'étaient pas de l'histoire véritable, avaient intégrées les idées de Da rwin " confiants que le processus de l'évolution témoignait de l'intelligence et de la bienveillance de Dieu » (McCalla, 2007, p. 548). D'autres au contraire, particulièrement aux États-Unis, y virent une attaque supplémentaire contre ce qu'ils définissaient comment l'" inerrance » de la Bible. Pour eux, l'inerrance est l'un des cinq points fondamentaux qu'un chrétien doit affirmer. L'inerrance biblique telle que définie par ces " fondamentalistes » au début du 20e siècle signifie que " chaque mot est divinement inspiré et que, par conséquent, la Bible ne contient aucune erreur d'aucune sorte, aucun mythe, et rien qui ne soit devenu désuet » (p. 548-549). Au milieu des années 1920, au Tennessee, les militants de la World's Christian Fundamentals Association (WFCA) parvinrent à faire adopter une loi interdisant " d'enseigner toute théorie qui nie le récit de la création divine de l'être humain tel qu'enseignée par la Bible et d'enseigner à la place que l'être humai n desce nd d'un ordre inférieur d'animaux » (cité par McCalla, 2007, p. 549). La constitutiona lité de cette loi fut débat tue en cour (procè s Scope, 1925), avec un résultat mitigé.

6Le créationnisme des années 1960 Les premiers fondamentalistes prenaient parfois certains passages de la Bible " au figuré » pour en préserver l'inerrance en dépit des évidences apportées par la recherche scientifique. Ainsi, selon certains, les six " jours » de la création correspondraient à six " périodes » plutôt qu'à des journées de 24 heures. On pouvait de cette manière concilier le récit biblique avec la théorie scientifique qui supposait une terre très ancienne. Mais une deuxième vague de fonda mentalistes se montra plus radical e. Ce nouvea u créationnisme apparut en 1961, avec la publication par John C. Whitcomb et Henry M. Morris d'un ouvrage intitulé The Genesis Flood : the Biblical Record and Its Scientific Implications. Selon les auteurs, l'interprétation des six jours de la création comme six périodes de l'histoire esquive le sens littéral de la Bible. Se basant sur les visions de la prophétesse adventiste Ellen Gould White et les travaux d'un de ses disciples, George McCready Price, Whitcomb et Morris soutiennent que la création du monde a eu lieu en six journées de 24 heures. Selon eux, le récit biblique enseigne aussi que la mort est la conséquence du péché d'Adam et Ève (Gn 3) et par conséquent les fossiles découverts par les scientifiques doivent dater d'après cet événement. Enfin, la surface actuelle de la terre aurait été modelée par le déluge (Gn 6-9) survenu il y a environ 6 000 ans. En s'appuya nt sur la Bible, réputée inerrance, et sur une utili sation séle ctive de données scientifiques qui vont dans leur sens, les créationnistes de la deuxième vague soutiennent que la terre est jeune, que la mort n'apparaît pas avant le péché et que le déluge fut universel. Selon eux, conclut McCalla (p. 551), " puisque toute science véritable doit se conformer à ces faits, les sciences modernes de la géologie historique et de la biologie évolutive, qui les contredisent, doivent être fausses ». La " science » de la création Dans la foulée de cet ouvrage, Morris et quelques collègues ont créé un Institut de recherche sur la création qui s'est donné pour mission d'appuyer la théorie de la jeunesse de la terre et de la présenter comme une donnée sc ientifique plutôt que comme une donnée biblique. L'objecti f serait de discréditer le modèle évolutionniste pour consolider le créationnisme et à en promouvoir l'enseignement dans les écoles en tant que science. En 1968, une décision de la Cour suprême américaine a déclaré inconstitutionnelles les lois d'États qui bannissaient l'enseignement de la théorie de l'évolution dans les écoles parce que ces lois avaient un but manifestement religieux. On établissait ainsi la neutralité religieuse comme norme à respecter pour toute décision antiévolutionniste future. Les tenants de la " science » de la création ont alors fait valoir que leur point de vue était aussi scientifique que celui des évolutionnistes et réclamé un traitement équitable des deux théories dans les écoles. Ils ont eu gain de cause en Arkansas et en Louisiane en 1981, pour une courte période seulement : les lois des deux États ont été rejetées par les instances supérieures qui ont

7estimé que la science de la cré ation, fondée sur l'enseignement de la Bible , n'avait rien de scientifique. Le " dessein intelligent » Toujours selon McCal la, la réplique des créationnistes à la déc ision des t ribunaux fut l'émergence d'un nouveau courant, celui du " dessein intelligent ». Ce coura nt cherche rait à " esquiver les objecti ons constitutionnell es à l'enseignement du créationnisme en éli minant complètement le cadre biblique de la science de la création » (p. 554). L'un des a rguments princi paux du biochimiste Michael Behe, un promoteur du desse in intelligent, est que " la théorie darwinienne de l'évolution est inapte à rendre compte de l'extrême complexité des cellules telle que la découvre la biologie moléculaire » (p. 554). Il faut supposer derrière cette " complexité irréductible » une int elligenc e qui a conçu la vie organique. Le mathématicien William Demski a monté un argumentaire similaire à propos de la complexité informationnelle de l'ADN des êtres vivants. La théorie du dessein intelligent a donné lieu à de nouvelles disputes juridiques qui se sont soldées de la même manière que les précédentes. Les tribunaux ont jugé que cette théorie n'est pas scientifique, mais qu'il s'agit plutôt d'" un habile camouflage de créationnisme conçu pour protéger une interprétation particulière de la Bible » (p. 556). Au terme de ce tour d'horizon, McCalla conclut que le créationnisme, en réalité, n'est pas préoccupé d'abord par la science, mais " par le statut de la Bible dans le monde moderne » et qu'il a pour but principal de " défendre l'autorité de la Bible en tant que réservoir d'une vérité transhistorique » et de protéger " une compréhe nsion supranaturelle et providentia liste du monde » (p. 556). Les diverses formes qu'il a prises depuis un siècle montrent l'incapacité de ses promoteurs à intégrer les découvertes scientifiques récentes dans une vision du monde inspirée par la Bible. Plutôt que de renoncer à ce qu'ils conçoivent comme la vérité de la Bible, ils préfèrent nier les découvertes scientifiques ou tenter de les assimiler à une vision fondamentaliste de la Bible. Pourtant une autre voie est possible, celle de l'intégration de la Bible et de la science sous le mode de la complémentarité dans le respect de leur identité respective. Bible et science en complémentarité Plusieurs tentatives ont été faites pour rapprocher le point de vue de la Bible et celui de la science. À l'époque où s'élaboraient la première vague fondamentaliste américaine, le jésuite et paléontologue Teilhard de Chardin (1969) esquissait déjà une vision évolutive du monde dont il voyait l'achèveme nt dans un Christ cosmique. Plus récemme nt, une tenta tive des plus intéressantes a été proposée dans le Petit traité du commencement de toutes choses du théologien Hans Küng (2008), dont je veux présenter ici l'essentiel concernant notre propos. Dans cet ouvrage volontairement succinct, Küng entend mettre en dialogue les avancées des sciences physiques et biologiques et celles de la recherche biblique et théologique pour répondre

8à la question : " Que peut encore dire un croyant de la Création et d'un Dieu créateur maintenant que l'on sait que la Terre a 13,7 milliards d'années, que la Vie en a près de 5 milliards et que les premiers hommes sont apparus il y a environ 2 millions d'années? » (4e de couverture) Le livre se divise en cinq parties. Je m'arrêterai aux trois premières. En première partie (" Y a-t-il une théorie unifiée pour tout? »), après avoir résumé la manière dont la physique moderne se représente les origines de l'Univers, Küng pose la question de savoir " ce qui tient le monde au plus profond », c'est-à-dire la question " de l'origine et du sens du Tout de la réalité » (p. 60). Pour y répondre, il préconise " un modèle de la complémentarité, modèle d'interaction constructive et critique entre sciences de la nature et religion, où les sphères propres de chaque discipli ne sont préservées, tous l es passages illégitimes évités et toute absolutisation écartée et dans lequel pourt ant on tente, dans un questionneme nt et un enrichissement mutuels, de rendre justice à l a réalité dans son ense mble et en toutes s es dimensions » (p. 61). Dans la deuxième partie (" Dieu comme commencement? »), Küng souligne que la science moderne doit, " si elle veut procéder méthodiquement et de manière irréprochable, s'abstenir de prendre en compte Dieu - qui ne peut [...] être constaté et analysé empiriquement » (p. 74). Les sciences physiques, affirme-t-il, " n'ont pas le droit d'étendre leur jugement au-delà de l'horizon de l'expérience » (p. 75). Cela n'empêche pas le physicien, en tant qu'être humain responsable, de se l aisser int erpeller par ce que Küng appelle le mystère ultime de la Ré alité : " C'est la question de la relation fondamentale du monde à une origine, un appui, un but ultime de la Réalité, et cette questi on est posée non seulement au scienti fique, mais à l'homme en tant qu'homme » (p. 104). Cette réalité ultime, ce mystère initial de la Réalité, les religions monothéistes le " désignent du nom souvent ma l compris, souvent mal utilisé, de Dieu ». Küng rec ommande donc aux scientifiques, s'ils ne veulent pas renoncer à cette question des causes, " de prendre Dieu en compte du moins comme une hypothèse » (p. 105). Une telle hypothèse est certes indémontrable aussi bien par les s ciences phys iques que par le raisonneme nt philosophique, mais on peut pourtant l'admettre en avançant à partir " d'une décision et d'une disposition de base qui fait fond sur la confiance et dont il est possible de répondre rationnellement » (p. 106). L'idée que Dieu soit le fondement ultime de la Réalité offre, selon Küng, une sorte de point d'Archimède, " un appui solide à partir duquel il peut aborder les grandes questions » existentielles sur l'origine et le sens de l'Univers et en dégager des orientations éthiques (p. 109). Dans la troisième partie (" Création du monde ou évolution? »), Küng évoque les travaux de Darwin et présente les points de vue d'Auguste Comte, Teilhard de Chardin et Alfred North Whitehead sur le rapport entre Di eu et l'évolution. Pour l e premier, pè re du positivisme, le progrès n'a pas besoin de Dieu. Pour le second, savant et mystique, l'évolution converge vers l'accomplissement du monde et de l'homme en Dieu. Pour le troi siè me, mathém aticien et philosophe, Dieu et le monde sont en devenir, en procès. Après avoir montré sommairement les possibilités et limites de ces trois manières d'articuler la question, Küng offre sa propre réflexion. Küng propose l a formulation suivante : " Voici ce qui est fondamental : Dieu est dans cet

9Univers, et cet Univers est en Dieu. Simultanément, Dieu est plus grand que le monde » (p. 136). Dans quelques pages extrêmement denses, il développe sa pensée en évoquant ce qu'il considère comme les principales caractéristiques de Dieu : " Dieu n'est pas isolé dans cet Univers. Son incommensurabilité enveloppe le monde, elle n'est pas localisable ». Il est à la fois " immanent au monde », qu'il " traverse de l'intérieur » et sur lequel il agit, et " transcendant au monde », " supérieur au cosmos ». Il est éternel, mais d'une éternité qui " est contemporaine de toutes les parties du temps ». Il est " la dynamique même, il crée le monde en lui-même, il le maintient et le meut invisibleme nt de l'intérieur ». Il e st par c onséquent " pensable dans le contexte d'une compréhension de la réalité moderne, unitaire et dynamique » (p. 136-137). Qu'en est-il alors des récits bibliques de la création? La Bible, " parole de Dieu dans la parole humaine, utilise pour décrire l'activité créatrice de Dieu un langage métaphorique et analogique inspiré de l'activité humaine. Elle cherche de cette manière à répondre " à des questions déjà soulevées par les hommes de l'époque, et encore importantes pour les hommes d'aujourd'hui » (p. 149). Elle " ne décrit pas des faits relevant des sciences physiques; en revanche, elle les interprète, y compris pour notre vie et notre activité humaine actuelles » (p. 150). Son langage religieux ne saurait être assimilé sans plus au langage scientifique : " Ce qui veut dire ceci : théorie du Big bang et foi en la Création, théorie de l'évolution et création de l'homme ne se contredisent pas, mais il est impossible de les harmoniser » (p. 150) comme ont tenté de le faire les créationnistes Morris et Whitcomb. Pour Küng, le s récit s bibliques de la créa tion répondent à des " questions existentielle s élémentaires ». Ils affirment qu'au début, n'existait qu'un Dieu bon, " origine de toutes choses et de tout un chacun », sans autre dieu, sans dualisme entre le bien et le mal ou entre l'esprit et la matière (p. 154). Le récit de Gn 1 affirme que le processus de création a pour but " l'homme au coeur du cosmos » et non " l'homme isolé » (p. 155), ce qui le pose dans une relation non seulement envers Dieu, mais envers l'ensemble du cosmos auquel il appartient. Cela lui fournit un sens et des orientations pour son action : " Croire au Dieu créateur me fait saisir avec plus de gravité, de réalisme et d'espoir ma responsabilité envers mes semblables et mon environnement, ainsi que les devoirs qui m'incombent à leur égard » (p. 158). La démarche de Küng est systématique, bien informée et éclairante. Elle met en dialogue les sciences de la nature et les sciences bibliques sans les confondre et sans chercher à les assimiler. On pourrait certes en disc uter un détail ou l'autre e t nuancer certaines affirmations enc ore débattues aussi bien dans un milieu que dans l'autre. Elle constitue néanmoins, à mon sens un exercice remarquablement réussi dans son ensemble et un modèle à suivre. Conclusion J'aimerais conclure par deux citations qui résument l'essentiel de ce parcours en précisant le sens qu'on peut donner aujourd'hui, comme croyant, au concept de création. J'emprunte la première à Luc Platea ux, ex-professeur en biologie anima le et évolution à l'Universit é Henri-Poincaré (Nancy I) et co-auteur de l'ouvrage Pour lire la création, l'évolution. Il écrit au sujet du rejet de

10diverses formes de créationnisme par de nombreuses Églises chrétiennes : Cela ne signifie aucunement que la foi chrétienne s'écarte de l'affirmation d'une création. Car il ne faut pas conf ondre la notion de cré ation avec une théorie créati onniste. Il es t parfaitement concevable de professer la foi en un Dieu créateur de tout ce qui est, sans en conclure que la créati on est instantanée. La notion de création s'es t maintenant la issée pénétrer par la perspective historique qui imprègne toute la Bible (histoire des actions et paroles de Dieu pour les hommes) et il est devenu classique pour des croyants chrétiens de percevoir la création comme une action permanente du Créateur, dont l'évolution nous décrit l'histoire (p. 9). La seconde provient d'une profession de foi des Évêques de France publiée en 1978 sous le titre Il est grand le mystère de la foi et cité dans le même collectif. Elle va dans le même sens : " Création : ce terme n'évoque pas tellement l'instant zéro ou la chiquenaude initiale; s'il désigne une origine temporelle lointaine, il signifie plutôt le lien actuel avec l'Invisible de toute existence qui constitue le monde dans sa réalité et son dynamisme » (les Évêques de France, p. 19, cité par Montenat, Plateaux et Roux, p. 162). Bibliographie Barnes, Michael Horace. 2007. " Intelligent design: the new creationism », Horizons 29 : 344-362. Beauchamp, Paul et Irène Fernandez. 1998. " Création. », p. 283-290 dans Jean-Yves Lacoste, Dictionnaire critique de théologie. Paris: Presses universitaires de France (2e éd. 2007, p. 340-348). Darwin, Charles. 1872 (1859). The origin of species by means of natur al selection of the preservation of favored races in the struggle for life. N.Y.,: Burt. Église catholique et Confé rence des évêques catholiques du Canada. 1993. Catéchisme de l'Église catholique. Ottawa: CECC. Eicher, Peter et Bernard Lauret. 1996. Nouveau dictionnaire de théologie. Paris: Cerf. Évêques de France [Les]. 1978. Il est grand le mystère de la foi. Paris: Centurion. Ganoczy, Alexandre. 1988. " Création », p. 84-88 dans Dictionnaire de théologie, sous la dir. de Peter Eicher. Paris: Éditions du Cerf (2e éd. 1996, p. 149-154). Gesché, Adolphe. 1994. Dieu pour penser, IV. Le cosmos. Paris: Cerf. Gibert, Pierre. 1992. Petite histoire de l'exégèse biblique. Paris: Editions du Cerf. Gisel, Pierre et Luci e Kaennel. 1999. La créat ion du monde : discours reli gieux , discours scientifiques, discours de foi. Genève/Bienne: Labor et Fides/Société biblique suisse. Küng, Hans. 1996. Credo . La confession de foi des Apôtres expliquée aux hommes d'aujourd'hui. Paris: Seuil. Küng, Hans. 2008. Petit traité du commencement de toutes choses. Paris: Seuil. Lacoste, Jean-Yves et Olivier Riaudel. 2007. Dictionnaire critique de théologie. Paris: Presses Universitaires de France. McCalla, Arthur. 2007. " Creationism », Religion Compass 1:547-560.

11Montenat, Christian, Pascal Roux et Luc Plateaux. 2007. Pour lire la création, l'évolution. Paris: Cerf. Rahner, Karl. 1967. Science, évolution et pensée chrétienne ; théologie et sciences, christologie et évolution. Paris: Desclée de Brouwer. Rahner, Karl. 1983. " II. L'homme devant le mystère absolu », p. 59-107, Traité fondamental de la foi : introduction au concept du christianisme. Paris: Le Centurion. Robinson, Ira. 2007. " American Jewish views of evolution and intelligent design », Modern Judaism 27:173-192. Seux, Marie-Joseph, Jacques Briend et Jésus-Luis Cunchillos. 1981. La Création du monde et de l'homme : d'après les textes du Proche-Orient ancien. Paris: Service biblique Évangile et Vie Éditions du Cerf. Teilhard de Chardin, Pierre. 1955. OEuvres. Paris: Editions du Seuil. Teilhard de Chardin, Pierre. 1969. Comment je crois. Paris: Editions du Seuil. Whitcomb, John Clement et Henry Madi son Morris. 1961. The Genesis Flood : the Biblical record and its scientific implications. Philadelphia: Presbyterian and Reformed Pub. Co. Worthing, Mark William. 1996. God, creation, and contemporary physics. Minneapolis: Fortress Press.

1

Que savons-nous des premiers temps de l'Univers? Par Hubert Reeves Astrophysicien, communicateur scientifique et écologiste, Hubert Reeves a fait ses études cl assiques au Collège Jean-de-Brébeuf (B.A., 1950). Inscrit à la Faculté de sciences de l 'Unive rsité de Montréal, il obtient un baccalauréat ès sciences en physique (1953), puis une maîtrise de l'Université McGill (1955). Il poursuit ses études en astrophysique nucléair e à l'Université Cornell (Ithaca, N.Y.) où il soutien sa thèse de doctorat (1960). De 1960 à 1964, il est professeur de physique à l'Université de Montréal, tout en étant conseiller scientifique à la NASA. Pr ofesseur invité à l'Université de Bruxelles en 1964-1965, il est, à parti r de 1966, directeur de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS) avec affectation au Commissariat à l'énergie atomique de Saclay en France, tout en restant attaché à l'Université de Montréal à titre de professeur associé. Ses écrits ont été traduits en plusieurs langues. Son livre Patience dans l'azur a été considéré comme un chef-d'oeuvre de vulgarisation faisant éclater notre vision de l'Univers1. ***** Le mot " création », thème de cette soirée, n'est pas , à proprement parlé, du domaine de la science. On peut expliquer " quelque chose » à partir " d'autre chose », mais pas à partir de " rien ». La s cience n'es t pas un domaine de vérité, mai s de plausibili té. À la l umiè re de l'ensemble des observations et des théories de la physique, que pouvons-nous dire du cosmos et de son passé? Aujourd'hui, la théorie du Big bang paraît la mieux adaptée, la plus crédible, la plus plausible. Mais il ne s'agit nullement d'un savoir figé : cette théorie a ses problèmes et ses limites, elle n'est pas achevée. De surcroît, comme toute théorie scientifique, elle est vulnérable : elle pourrait être mise en péril et même détrônée par de futures observations. Mais, à ce jour, elle reste, et de loin, notre meilleur choix parmi les différentes théories cosmologiques. Que dit-elle? Que l'Univers a été plus chaud, plus dense et plus lumineux dans le passé. Que des extrapolations nous amènent à la conclusion qu'il y a 13,7 milliards d'années, la température, la densité et la luminosité de l'Univers atteignaient des valeurs extrêmes qui posent à la physique des problèmes loin d'être résolus. Il est habituel de parler alors d'un " début de l'Univers », dans un sens qui reste assez vague. Il nous est encore impossible de décrire " ce qu'il y avait avant ». Pénétrer dans ce domaine inconnu, dans cette nouvelle Terra incognita, exigerait de trouver au préalable la solution de l'un des plus grands problèmes contemporains : comment concilier la théorie de la relati vité général e d'Albert Einstein et la physique des atomes , ou physi que quantique? En d'aut res mots , comment trouver une form ulation satisf aisante d'une théorie quantique de la gravitation? La théorie du Big bang nous dit que, depuis cette période, l'Univers est en expansion et que 1 Source : http://www.ordre-national.gouv.qc.ca/membres/membre.asp?id=148

1 cette expansion ne se fait pas à partir d'un point qui en serait le centre, mais à partir de chaque point de l'espace; que l'Univers n'a donc ni centre ni frontière. À grande échelle (celle des amas de galaxies), il est homogène. Une image pri se par le satell ite WMAP nous montre l'aspect de l'Uni vers quelque 400 000 ans après le Big bang. À cette époque, la matière cosmique était à environ 3 000 degrés absolus, soit environ 2 700 °C. Elle était extrêmement homogène en densité et en température, avec cependant des fluctuations de quelques cent millièmes de la valeur moyenne. La différence entre valeurs observées et valeurs attendues pour un rayonnement thermique à la température 2,725 degré s absolus est généralement inférieure à 1 %. Cet te concordance entre thé orie et observations constitue une des meilleures preuves de la crédibilité de la théorie du Big bang. Une telle isothermie pose problème : quel agent physique aurait pu la réaliser si peu de temps après le Big bang? Pour expl iquer ce phénomène, on fait l'hypothè se d'un bref épi sode d'expansion spatiale ext rêmement rapide (appelé " inflation »). Cette hypothèse a le méri te d'expliquer bien d'autres part icularités de la matière cos mique initiale, comme par exemple l'apparition de ces fluctuations dans la distribution de la matière, fluctuations qui ont favorisé la germination des galaxies. Mais la cause de cette inflation reste à ce jour inconnue. La physique quantique impose l'existence de nouvelles formes d'énergie appelées " énergies du vide », qui devra ient, au même titre que toutes les aut res formes d'énergie (t hermique, gravitationnelle, etc.) influencer l'expansion de l'Univers. En l'absence d'une théorie quantique de la gravité, la physique contemporaine ne nous permet pas d'estimer correctement la densité cosmique de ces énergies. Les estimations les plus approximatives donnent des valeurs si élevées qu'elles auraient limité la durée de l'Univers à une infime fraction de seconde, ce qui n'est manifestement pas le cas! Ce désaccord peut être contourné par l'introduction de nouvelles hypothèses, mais, selon ces dernières, cette densité serait égale à zéro, ce que contredisent les résultats de l'observation de l'énergie sombre, qui indiquent qu'elle n'est pas nulle, mais, en fait, comparable à la densité de la matière cosmique! Ce problème est connu sous le nom d'" énigme de la constante cosmologique d'Einstein ». À ce jour, aucune solution crédible ne semble se profiler à l'horizon. Ajoutons que ce problème n'est pas spécifique à la théorie du Big bang : il est celui de la physique tout entière.

quotesdbs_dbs12.pdfusesText_18