LES VOIX

215250

Trimestriel • 10 €

NOVEMBRE 2021 / Kislev 5782

n°7DOSSIER /

Audrey Azoulay,

entre Paris et Essaouira

DOSSIER /

L"in/uence

Albert Cohen,

40 ans aprèsDOSSIER /

Enrico Macias parrain

du premier of ce "JEM à l"air Séfarade»

CULTURE/

Rencontre

avec le Pôle culture JEM

ACTUALITÉ/

Les combats

du Rabbin

Daniel FarhiLES VOIXSEFARADES

Myriam Levain pour @_staytunes_

Chema est une publication Judaïsme en Mouvement - Editeur : Richard

Yaël Hirsch - Myriam Levain pour @_staytunes_

Dessins :

Olivier Ranson -

- Photo : Patrick Altar - Maquettiste : Muriel Bloch-Michel - ISSN

Chers LECTEURS ET amis,

À l'approche de notre week-end séfarade des 19 et 20 novembre avec Enrico Macias comme invité d'honneur et participant, nous nous penchons sur l'histoire, la présence et les particularités des Juifs séfarades, en particulier en France et en Afrique du Nord. Moi qui suis ashkénaze à 100 %, dont la famille est d'origine alsacienne depuis des siècles, je ne peux que constater que, sans la présence nombreuse des Juifs séfarades en France, sa communauté ancestrale, en partie disparue dans la Shoah et l'abandon du judaïsme qui s'en est suivi, serait quasi inexistante aujourd'hui. Et sourions des histoires humoristiques opposant artificiellement les séfarades et les ashkénazes. Nous sommes issus de la même histoire, les non-juifs nous le reprochent d'ailleurs assez. Et la roue tourne, lorsque l'on pense qu'au moment de la Révolution française, plus des deux tiers des français juifs vivaient en Alsace. Ils étaient maquignons, usuriers, colporteurs, etc. Les juifs séfarade s du Sud-Ouest étaient mieux éduqués et tenaient des positions sociales plus élevées. Et ils ne voulaient surtout pas qu'on le s associe aux Juifs ashkénazes d'Alsace ... Ainsi, j'avais raison sans le savoir alors que, petit garçon en 1962 à Strasbourg, je voyais ces Juifs séfarades venir du Maghreb, déracinés et pour la majorité d'entre eux sans un sou et je ne comprenais pas pourquoi ils ne partageaient pas la même synagogue que nous, en étant confinés dans des endroits secondaires. Les choses ont heureusement bien changé depuis. Les séfarades ont construit de belles et grandes synagogues et se sont pour beaucoup magnifiquement élevés dans la société. De nombreux intellectuels mettent en évidence ces particularités dans le Chema que vous tenez entre les mains, que ce soit notre rabbin Philippe Haddad, Audrey Azoulay et d'autres que je n'ai pas la place de citer ici. Leur langue, leur relation avec leur terre d'origine, avec les Ashkénazes, avec le judaïsme libéral, avec leur environnement non-juif, etc. Nous y abordons évidemment beaucoup d'autres thèmes, communautaires et au-delà, que j'espère vous aurez du plaisir

à lire.

Joyeux 'Hanouka, et toutes mes amitiés

Richard Metzger,

administrateur de JEM

Édito

Ce numéro de Chema

A ÉTÉ RÉALISÉ

AVEC LE SOUTIEN DE

Remerciements à nos partenaires: AUJF FSJU, CASIP, KKL, LAMARTINE, LUSTYCK traiteur, MÉMORIAL DE LA SHOA, PRÉVENTION SÉCURITAIRE, WARGA

p.46 À 52 p.28 À 33 p.44 p.34 À 43 p.04 À 05

MOT DES PRÉSIDENTS

DOSSIER THEMATIQUE /

VOIX SÉFARADES

06/Edito de Yaël Hirsch, rédactrice en chef

08/Deux générations de musiciens parlent de l"identité

juive séfarade - Interview d'Enrico Macias et Jean-Claude Ghrenassia

10/"/Je voudrais saisir la ‘tunisianité" du coeur/»

Interview de Myriam Levain

12/"/Quand je chante un air de Tlemcen j"ai mon maître et mes parents avec moi » - Interview d'Armand Benhamou

14/Les Juifs séfarades sont les Juifs les plus modernes Interview de Philippe Boukara

16/"/Je me sens dépositaire d"un monde juif en terre arabo-musulmane/» - Interview d'Audrey Azoulay

18/"/Séfarades, avez-vous dit ?/»

Tribune d'Armand Abecassis

20/"/La langue est l"héritage le plus riche d"Albert Cohen..

Interview d'Anny Dayan-Rosenman & Philippe Zard

22/K comme Kanisse - Texte d'Eve Gani

24/Portrait de l'avocat Francis Chouraqui

26/Vis à vis - Rabbin Philippe Haddad / Philippe Péres

ACTUALITÉ - INTERNATIONALE ET SOCIALE /

28/Du monde entier - Brèves internationales

30/Hommage à Daniel Farhi

33/La Tribune de Thibaut Trétout :Les Séfarades : Une histoire planétaire dans l'ombre

et la lumière

CULTURE /

34/Les Collections nationales Martine et Léon Cligman

sont à découvrir à l"Abbaye Royale de Fontevraud par Yaël Hirsch

35/Sorties culturelles

36/5 oeuvres et objets de l"exposition " Juifs d"Orient/»commentées par les commissaires Hanna Boghanim et Élodie Bouffard

38/"/Avec la culture, nous espérons attirer d"autres publics »

Interview de Laurence Haziza et Yaël Hirsch

40/Carnet des livres -Interview de Perrine Simon-Nahum

42/Cahier Tendance / Interview de Yariv Berreby

et carnet d'adresses de Myriam Levain

VIE JUIVE /

44/La Tribune d"Emmanuel Niddam : Voix séfarade : résiste,

prouve que tu existes !

VIE JEM /

46/"/Matin Torah, permet à chacun de poser des questions »

Interview de Fabienne Sabban

48/Carnet des Activités JEM

52/Carnet JEM

p.06 À 27

4. NOVEMBRE 2021 - n° 7/ EDITO

Jean-François Bensahel et Gad WeiL

Présidents de JEM

Manuel Lagos Cid

Chers amis,

Il pourrait bien se passer quelque

chose de neuf dans le petit monde du judaïsme français.

Le Consistoire central a en effet un

nouveau président. Nous n'avons pas eu à attendre dans l'anxiété la fumée blanche, comme les catholiques sur la place Saint Pierre. Car cette élection

était dépourvue de toute incertitude,

un seul candidat s'étant déclaré: Élie

Korchia.

Certes, le Consistoire de Paris poursuit

sa route avec Joël Mergui comme président, ayant atteint la limite du nombre des mandats possibles au

Consistoire central.

Chacune de ces deux personnalités

de la politique du judaïsme en France s'appuiera sur deux rabbins, Haïm

Korsia, Grand Rabbin du Consistoire

Central, et Michel Guggenheim, Grand

Rabbin de Paris.

Élie Korchia est un homme ouvert,

aimable, et, comme ses premières déclarations donnent à le penser, conscient de la pluralité du judaïsme en

France. Nous nous en réjouissons. Notre

souhait le plus profond est de nouer des relations continues et paisibles avec l'organe qui représente une grande partie des Juifs orthodoxes de France, de conserve avec les Loubavitch, qui ont eux aussi leur propre cacherout, leurs donateurs, et leurs rabbins. Il est à la tête d'une institution qui a le privilège de l'Histoire, et qui, du temps de la non-séparation de l'Eglise et de l'État, avait le monopole de l'expression du judaïsme en France. Depuis 1905, ce n'est plus le cas. Il n'en a plus le monopole de droit. Et depuis que, il y a une trentaine d'années, le Consistoire a choisi de se replier sur un judaïsme orthodoxe et de plus en plus orthodoxe, il ne peut plus prétendre en détenir le monopole de fait.

L'évolution à droite toute du Consistoire

sur cette période ne doit rien au hasard et s'explique facilement. Elle traduit le jeu politico-religieux israélien, la participation des partis religieux et très religieux aux gouvernements successifs, et la "haredisation» d'une partie de la société israélienne portée par une poussée démographique de sept enfants par femme. Un certain nombre de représentants du Consistoire sont très liés à cette politique et à ces groupes, dont ils invitent régulièrement les leaders religieux ou les porte-paroles.

Arrivés à Paris, ceux-ci s'en prennent

violemment et publiquement aux Juifs libéraux et massorti. C'est leur obsession en Israël. Ils n'ont pas envie que soit mis avait octroyé, pensant bien faire pour

Trimestriel • 10 €

NOVEMBRE 2021 / Kislev 5782

n°7DOSSIER /

Audrey Azoulay,

entre Paris et Essaouira

DOSSIER /

L"in/uence

Albert Cohen,

40 ans aprèsDOSSIER /

Enrico Macias parrain

du premier of ce "JEM à l"air Séfarade»

CULTURE/

Rencontre

avec le Pôle culture JEM

ACTUALITÉ/

Les combats

du Rabbin

Daniel FarhiLES VOIXSEFARADES

Myriam Levain pour @_staytunes_

Chema est une publication Judaïsme en Mouvement - Editeur : Richard

Yaël Hirsch - Myriam Levain pour @_staytunes_

Dessins :

Olivier Ranson -

- Photo : Patrick Altar - Maquettiste : Muriel Bloch-Michel - ISSN

Chers LECTEURS ET amis,

À l'approche de notre week-end séfarade des 19 et 20 novembre avec Enrico Macias comme invité d'honneur et participant, nous nous penchons sur l'histoire, la présence et les particularités des Juifs séfarades, en particulier en France et en Afrique du Nord. Moi qui suis ashkénaze à 100 %, dont la famille est d'origine alsacienne depuis des siècles, je ne peux que constater que, sans la présence nombreuse des Juifs séfarades en France, sa communauté ancestrale, en partie disparue dans la Shoah et l'abandon du judaïsme qui s'en est suivi, serait quasi inexistante aujourd'hui. Et sourions des histoires humoristiques opposant artificiellement les séfarades et les ashkénazes. Nous sommes issus de la même histoire, les non-juifs nous le reprochent d'ailleurs assez. Et la roue tourne, lorsque l'on pense qu'au moment de la Révolution française, plus des deux tiers des français juifs vivaient en Alsace. Ils étaient maquignons, usuriers, colporteurs, etc. Les juifs séfarade s du Sud-Ouest étaient mieux éduqués et tenaient des positions sociales plus élevées. Et ils ne voulaient surtout pas qu'on le s associe aux Juifs ashkénazes d'Alsace ... Ainsi, j'avais raison sans le savoir alors que, petit garçon en 1962 à Strasbourg, je voyais ces Juifs séfarades venir du Maghreb, déracinés et pour la majorité d'entre eux sans un sou et je ne comprenais pas pourquoi ils ne partageaient pas la même synagogue que nous, en étant confinés dans des endroits secondaires. Les choses ont heureusement bien changé depuis. Les séfarades ont construit de belles et grandes synagogues et se sont pour beaucoup magnifiquement élevés dans la société. De nombreux intellectuels mettent en évidence ces particularités dans le Chema que vous tenez entre les mains, que ce soit notre rabbin Philippe Haddad, Audrey Azoulay et d'autres que je n'ai pas la place de citer ici. Leur langue, leur relation avec leur terre d'origine, avec les Ashkénazes, avec le judaïsme libéral, avec leur environnement non-juif, etc. Nous y abordons évidemment beaucoup d'autres thèmes, communautaires et au-delà, que j'espère vous aurez du plaisir

à lire.

Joyeux 'Hanouka, et toutes mes amitiés

Richard Metzger,

administrateur de JEM

Édito

Ce numéro de Chema

A ÉTÉ RÉALISÉ

AVEC LE SOUTIEN DE

Remerciements à nos partenaires: AUJF FSJU, CASIP, KKL, LAMARTINE, LUSTYCK traiteur, MÉMORIAL DE LA SHOA, PRÉVENTION SÉCURITAIRE, WARGA

p.46 À 52 p.28 À 33 p.44 p.34 À 43 p.04 À 05

MOT DES PRÉSIDENTS

DOSSIER THEMATIQUE /

VOIX SÉFARADES

06/Edito de Yaël Hirsch, rédactrice en chef

08/Deux générations de musiciens parlent de l"identité

juive séfarade - Interview d'Enrico Macias et Jean-Claude Ghrenassia

10/"/Je voudrais saisir la ‘tunisianité" du coeur/»

Interview de Myriam Levain

12/"/Quand je chante un air de Tlemcen j"ai mon maître et mes parents avec moi » - Interview d'Armand Benhamou

14/Les Juifs séfarades sont les Juifs les plus modernes Interview de Philippe Boukara

16/"/Je me sens dépositaire d"un monde juif en terre arabo-musulmane/» - Interview d'Audrey Azoulay

18/"/Séfarades, avez-vous dit ?/»

Tribune d'Armand Abecassis

20/"/La langue est l"héritage le plus riche d"Albert Cohen..

Interview d'Anny Dayan-Rosenman & Philippe Zard

22/K comme Kanisse - Texte d'Eve Gani

24/Portrait de l'avocat Francis Chouraqui

26/Vis à vis - Rabbin Philippe Haddad / Philippe Péres

ACTUALITÉ - INTERNATIONALE ET SOCIALE /

28/Du monde entier - Brèves internationales

30/Hommage à Daniel Farhi

33/La Tribune de Thibaut Trétout :Les Séfarades : Une histoire planétaire dans l'ombre

et la lumière

CULTURE /

34/Les Collections nationales Martine et Léon Cligman

sont à découvrir à l"Abbaye Royale de Fontevraud par Yaël Hirsch

35/Sorties culturelles

36/5 oeuvres et objets de l"exposition " Juifs d"Orient/»commentées par les commissaires Hanna Boghanim et Élodie Bouffard

38/"/Avec la culture, nous espérons attirer d"autres publics »

Interview de Laurence Haziza et Yaël Hirsch

40/Carnet des livres -Interview de Perrine Simon-Nahum

42/Cahier Tendance / Interview de Yariv Berreby

et carnet d'adresses de Myriam Levain

VIE JUIVE /

44/La Tribune d"Emmanuel Niddam : Voix séfarade : résiste,

prouve que tu existes !

VIE JEM /

46/"/Matin Torah, permet à chacun de poser des questions »

Interview de Fabienne Sabban

48/Carnet des Activités JEM

52/Carnet JEM

p.06 À 27

4. NOVEMBRE 2021 - n° 7/ EDITO

Jean-François Bensahel et Gad WeiL

Présidents de JEM

Manuel Lagos Cid

Chers amis,

Il pourrait bien se passer quelque

chose de neuf dans le petit monde du judaïsme français.

Le Consistoire central a en effet un

nouveau président. Nous n'avons pas eu à attendre dans l'anxiété la fumée blanche, comme les catholiques sur la place Saint Pierre. Car cette élection

était dépourvue de toute incertitude,

un seul candidat s'étant déclaré: Élie

Korchia.

Certes, le Consistoire de Paris poursuit

sa route avec Joël Mergui comme président, ayant atteint la limite du nombre des mandats possibles au

Consistoire central.

Chacune de ces deux personnalités

de la politique du judaïsme en France s'appuiera sur deux rabbins, Haïm

Korsia, Grand Rabbin du Consistoire

Central, et Michel Guggenheim, Grand

Rabbin de Paris.

Élie Korchia est un homme ouvert,

aimable, et, comme ses premières déclarations donnent à le penser, conscient de la pluralité du judaïsme en

France. Nous nous en réjouissons. Notre

souhait le plus profond est de nouer des relations continues et paisibles avec l'organe qui représente une grande partie des Juifs orthodoxes de France, de conserve avec les Loubavitch, qui ont eux aussi leur propre cacherout, leurs donateurs, et leurs rabbins. Il est à la tête d'une institution qui a le privilège de l'Histoire, et qui, du temps de la non-séparation de l'Eglise et de l'État, avait le monopole de l'expression du judaïsme en France. Depuis 1905, ce n'est plus le cas. Il n'en a plus le monopole de droit. Et depuis que, il y a une trentaine d'années, le Consistoire a choisi de se replier sur un judaïsme orthodoxe et de plus en plus orthodoxe, il ne peut plus prétendre en détenir le monopole de fait.

L'évolution à droite toute du Consistoire

sur cette période ne doit rien au hasard et s'explique facilement. Elle traduit le jeu politico-religieux israélien, la participation des partis religieux et très religieux aux gouvernements successifs, et la "haredisation» d'une partie de la société israélienne portée par une poussée démographique de sept enfants par femme. Un certain nombre de représentants du Consistoire sont très liés à cette politique et à ces groupes, dont ils invitent régulièrement les leaders religieux ou les porte-paroles.

Arrivés à Paris, ceux-ci s'en prennent

violemment et publiquement aux Juifs libéraux et massorti. C'est leur obsession en Israël. Ils n'ont pas envie que soit mis avait octroyé, pensant bien faire pour