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3 janv. 2017 bernard Cache Greg Lynn et le Pli de Deleuze. Florence Plihon ... Folding in Architecture



Larticulation de lArchitecture et les téchnologies du numériques

8 Gilles Deleuze Le pli: Leibniz et le Baroque

86
Le rôle de la philosophie et des mathématiques dans le design paramétrique en architecture

Mohammed Akazaf,

Architecte Doctorant, Centre des Etudes Doctorales, m.akazaf@enerabat.ac.ma m.mhammedi@enarabat.ac.ma

Résumé

L'architecture a toujours été caractérisée par des relations fortes et systématiques avec les inventions

technologiques. Son histoire est bien documentée sur cette oscillation entre art et technique, deux

polarités ayant chacune ses préoccupations et ses fondements philosophiques et fonctionnels. Nous

le monde, une architecture souvent caractérisée par des formes fluides et par des processus de

réalisation non-standard. Le but de cet article est de jeter un éclairage sur les relations qui relient

technologies du numérique ; nous allons essayer d'expliquer comment cette

mutation, générée par la révolution numérique, a été " co-pilotée » à l'origine par d'autres sciences

telles que les mathématiques et la philosophie. Les signes de cette mutation remontent à la fin des

années 60, années de l'avènement du microprocesseur autres

types de géométries non euclidiennes. Il a fallu une vingtaine s, qui étaient nécessaires au

développement des machines, pour qu'une poignée d'architectes américains adoptent

convenue comme la french theory de certains philosophes français pour définir de nouvelles écritures

formelles pour l'architecture. du numérique design est désormais soumise

à l'hégémonie de l'algorithme. La nature de celui-ci confère à l'approche conceptuelle de multiples

appellations telles que : Morphogenesis, Architecture Génétique, Géométrie Fractale, Design

Paramétrique etc. Bien que l'architecture du numérique s'est bien libérée avec la découverte de

nouveaux outils de design, mais le chemin pour découvrir de nouveaux outils et procédés de

constructions, aux regards de la lenteur en CNC appliquée , semble encore long.

Mots-clés : Architecture, design paramétrique, philosophie, mathématique, géométries fractales,

design computationnel, design génératif

Abstract

Architecture has always been characterized by strong and systematic relationships with technological

inventions. Its history is well documented on this oscillation between art and technique, two polarities

each having its concerns and its philosophical and functional foundations. The aim of this paper is to shed

light on the relationships that link architecture to digital technologies; we will try to explain how this

mutation, generated by the digital revolution, was originally "co-piloted" by other sciences such as

mathematics and philosophy. Signs of this mutation date back to the late 1960s, when the microprocessor

was introduced and when other types of non-Euclidean geometry were discovered in mathematics. The

architectural aesthetic of digital design, whose transcendent meaning is linked to its generative logic, is

now subject to the hegemony of the algorithm giving to the conceptual approach multiple names such as:

Morphogenesis, Genetic Architecture, Fractal Geometry, Parametric Design etc. Although digital

architecture has been liberated, but the path to discover new construction tools and processes, in view of

the slowness of evolution in CNC applied to architecture, still seems long.

Keywords: Architecture, parametric design, philosophy, mathematics, fractal geometries, computational

design, generative design 87

1. Introduction

Cette réflexion trouve sa justification dans les questionnements -toujours en suspens- portant sur le

numérique. Selon Mario Carpo, il faudrait un grand historien, un mathématicien et un philosophe pour

expliquer comment et pourquoi cette révolution culturelle marquée par la technologie du numérique

a engendré un nouveau style architectural basé sur des lignes et des surfaces lisses et courbes1. Ce

questionnement concourt avec les préoccupations de cette recherche et étant convaincu que la

prévision du futur est derrière nous, nous comptons nous attarder sur la genèse et les initiatives qui

ont

Nous sommes effectivement saisis

contemporaine à travers le monde, une architecture souvent caractérisée par des " blobs » fluides et

par des processus de réalisation non-standard. Des formes marquées par des courbes audacieuses et

exubérantes qui poussent certains architectes à qualifier cette architecture de baroque ou de

néobaroque II, des mots qui ont ressurgi durant les années 1990, dans certains discours autour de

Le musée Guggenheim de Frank Gehry à Bilbao,

plus exposé par tous les protagonistes de cette révolution numérique, dont les conséquences pour le

secteur de la construction, sont significatives voire similaires à celles de la révolution industrielle.

On date en architecture par la

réalisation de ce musée à Bilbao en 1997 bien que certaines publications révèlent une origine un peu

plus ancienne que cela2. Les conséquences de la révolution numérique devront être perçues de

manière similaire à celles de la révolution industrielle, et un parallélisme devra être établit entre le

Guggenheim de Bilbao et le Crystal Palace réalisé par Joseph Paxton en 1851, afin de mesurer tournant esthétique que le numérique

comparaison devra éveiller un débat responsable et une comparaison sérieuse qui pointe les aspects

de nouveauté et les changements profonds opérés sur les mentalités professionnelle

3 La révolution dans le Crystal Palace a ramené un changement aux niveaux des matériaux

auparavant sont restés les mêmes. Il a fallu un siècle pour que les bâtiments en verre et en acier soient

omniprésents dans les quatre coins du globe. Le numérique est en train de révolutionner la manière

de concevoir (Design Computationnel), la manière de collaborer (Building Information Modelling)

ainsi que la manière de réaliser (CNC. CAD/CAM/ CFAO)4. De nouvelles compétences et de

nouveaux mécanismes professionnels sont en train

initiatives isolées nécessitant des efforts d'adaptation colossaux. Ces improvisations sont engagées

par des architectes, éparpillés sur la planète, çà et là, sans qu, à même de suivre

, soit établi. Il faut bien recherches. Se conformer, donc, aux nouvelles exigences de la profession et de son nouveau paradigme de production, ne peut pas actualisé, sans lequel Il es préoccupations portant sur le style en architecture qui constituaient

le ciment qui fédérait les théories homogènes donnant naissance à des courants bien distincts, sont

mortes. Ces préoccupations ont cédé la place à d'autres ambitions et challenges qui font de

1 Mario Carpo, The ௗ

Institute of Technology, 2016.

2 Greg Lynn, Folding In Architecture, Wiley-Academy, 1995.

3 Branko Kolarevic, Architecture in the Digital Age: Design and Manufacturing (New York, NY: Spon Press, 2003).

4 Nous comptons consacrer cet article rien que pour le design.

88
En exploitant ce qu'offre actuellement la technologie à tous les niveaux, ls rêves, d'autres désirs et .

2. Approche méthodologique

que nous comptons adopter dans ce cadre est une approche qualitative

basée sur une démarche inductive. Nous nous baserons sur les textes, les conférences et les

publications traitant les problématiques architecture. Nous analyserons les discours des architectes -garde afin de dépoussiérer les fondements philosophiques qui leurs servent ier une architecture marquée par des connections et des structures si complexes. Nous confrontons aussi leurs propos à s discours antagonistes

qui pilotent la mutation en architecture du numérique. Notre préoccupation de définir la nature de

cette mutation est portée par la volonté de rattraper le retard accusé en matière enseignement de

et de la formation des professionnels ; elle est aussi motivée par le désir technico-juridique où le numérique sera au service de ecture. Nos variables spécifiques dans cet numérique, la philosophie et les

mathématiques. Nous allons analyser toutes les articulations constructives possibles afin de nuancer

entre le particulier et le général. Nous commencerons dans un premier temps par déconstruire tous

les préjugés qui attribuent le changement du style en architecture uniquement au numérique pour

vérifier, ensuite, à quelle mesure et à quel degré ce constat devrait être validé ou pas. Nous allons

analyser à travers une reconstruction chronologique, du numérique, e cette culture du numérique en architecture pour constituer un nouveau paradigme de réflexion et de conception paramétrique, itératif et collaboratif.

3. Résultats

3.1. Genèse et Origine

Nous sommes incapables processus de production du projet architectural

sans faire appel aux technologies numériques. Mais avant de commencer à examiner le potentiel des

ordinateurs et des technologies numériques, nous allons établir une lecture chronologique pour

comprendre comment somme-nous arrivés à la situation contemporaine.5

pluriel impliquant la multiplicité, la variabilité et les formes pliables qui caractérisent

l'architecture du numérique trouve son ancrage théorique dans la philosophie de Gilles

Deleuze (1925-1995), l'un des penseurs français les plus influents du XXe siècle6 dont la vision a été

adoptée par quelques architectes avant-garde aux Amérique. Deleuze estime que la

réalité et les événements ne sont pas organisés suivant des fils continus, dans une succession

ordonnée7. Le " pliage » ou le " pli » est parmi les nombreux termes et concepts, tels que l'affiliation,

l'espace lisse et strié, la souplesse et la multiplicité, qui sont attribués et à la vision du

monde de Deleuze :

" Le Baroque ne renvoie pas à une essence, mais plutôt à une fonction opératoire, à un trait. Il ne cesse de faire

5 Nick Dunn, Digital Fabrication in Architecture (London: King, 2012).

6 Kolarevic, Architecture in the Digital Age.2003

7 Gilles Deleuze. A Thousand Plateaus: Capitalism and Schizophrenia. Minneapolis: University of Minnesota Press, 1987.

89
classiques... Mais il courbe et recourbe les plis, les po .8

Cette vision a été empruntée par des architectes, contemporains tel que Peter Eisenman, Greg Lynn

et Bernard Cache,9 Pour justifier une nouvelle esthétique marquée par les plis et les structures

connectées et, surtout, pour contester la causalité linéaire omniprésente de la pensée conceptuelle

" classique ». à avoir influencé les architectes américains par des paradigmes

philosophiques. Il y avait bien avant lui Jaque Derrida, le philosophe français, dont la théorie

déconstructiviste a été accueillie par Peter Eisenman, Frank o Gehry, et Daniel Libeskind, et bien

utres qui ont adopté ce qui est convenu comme la french theory. Ils ont traduit cette théorie en

expressions architecturales très controversées. Dans sa construction théorique, Jacques Derrida s'est

aperçu de la non légitimité scientifique de certaines modes de pensée qui ont perdu leur argumentaire

au regard de la mutation sociale et technologique. En architecture, La trabéation, par exemple, est une

architecture depuis la hutte primitive, celle-ci se voit dépassée -plaçant qui combine une fluidité très liquide

et une résistance impressionnante. De ce fait, les principes de verticalité exigée autrefois par la

stabilité face aux lois de la pesanteur sont à reconsidérer. Avec la philosophie déconstructiviste, la

naissance à une architectonique dont les caractéristiques dépassent les

qualités tridimensionnelles pour rajouter une 4ème dimension, qui est perçue à travers les

se

toujours les architectes à recourir à des sémantiques et des métaphores qui dégagent des massages

codés, et qui interprètent les préoccupations intellectuelles et sociales de leurs temps. numérique, qui se veut fluide et connectée, celle déconstructiviste

est caractérisée de Conflit et de Contradiction. du contraste, souvent utilisé pour décrire cette

architecture, réduit sa valeur et prône celle du numérique qui a pris dans ses débuts des appellations

comme Blob-architecture ou Blobitecture10. La contradiction et le conflit renvoient d'ailleurs tous les

deux au même sens, pposition. Le recours à cette sémantique, présente dans l'architecture,

est motivé essentiellement par des préoccupations artistiques auxquelles une d'architecture devra répondre Etre et Art d'une à sa capacité d'exprimer les contradictions qui régissent le fonctionnement humain et celui de ces émotions 11. Ces aspects sont ni d'ordre technique ni d'ordre philosophique, et ils sont communs à beaucoup d' arts réparties sur plusieurs courants et plusieurs périodes dans l'histoire.

3.2. Les facteurs de la mutation en architecture

Avant de passer à un discours beaucoup plus technique qui porte sur le numérique en architecture,

cette déconstruction/reconstruction, -ci semble tout à fait naturelle,

et pour préciser aussi, que le rôle du numérique en tant que " outils », consiste à permettre de

8 Gilles Deleuze, Le pli: Leibniz et le Baroque, Collection " Critique » (Paris: Editions de Minuit, 1988).

9 essé à la philosophie du pli de Deleuze.

10 Ce mot a été utilisé pour la première fois par Greg Lynn, dans la revue "Folding In Architecture".1995

11 Dennis Boyes, Etre et Art, Desclée De Brouwer, Ddb.christianis, 1993.

90

sélectionner parmi les plusieurs orientations esthétiques possibles, celle qui semble la plus

contextualisée et qui traduit les soucis intellectuels, philosophiques et artistiques de son temps.

La première raison de cette mutation qui semble naturelle et qui reste propre à la condition humaine

reste constitue le premier facteur de mutation vers le "Nouveau». Johann Wolfgang Von Goethe (romancier, dramaturge, poète, scientifique, théoricien de l'art et homme d'État allemand disait que "si les singes savaient sennuyer, ils pourraient devenir des hommes»12. En effet, à rnit situations où rien de son besoin vital ne lui manque. le déplaisir, le crève- tion humaine de manière générale. se trouve,

ainsi, poussé à évoluer et à muter par les programmes qui lui sont offerts par son créateur. Gaston

Bachelard :

" Par les révolutions spirituelles que nécessite l'invention scientifique, l'homme devient une espèce mutante, ou

pour mieux dire encore, une espèce qui a besoin de muter, qui souffre de ne pas changer. Spirituellement,

»13.

est traumatisé devant la répétition et la multiplicité qui naucune variabilité, elle

lui inspire la stagnation et la mort. La répétition génère un sentiment négatif et non désirable quand

elle ne parvient à aucune originalité dans son ensemble14. Gilles Deleuze a dédié tout un ouvrage pour

traiter le concept de la différence et son opposition à la répétition :

" ..si la répétition est possible elle est du miracle plutôt que de la loi. Elle est contre la loi

15. »

Changement

permanente dans ce monde (16). La répétition au-delà d'une

certaine limite, crée une inflation dans l'originalité de artefact, elle simule une stagnation similaire

à la ligne horizontale dans un ECG qu Pour illustrer cela, il suffit de prendre le Guggenheim de Bilbao, aussi singulier même ville une dizaine de fois. te de produire des écritures architecturales variées, celles-ci

restent le résultat de standards et de corpus de fabrications qui finissent par homogénéiser les

productions architecturales dans une aire géographique Le deuxième te qui caractérise la civilisation occidentale depuis de 17. l nouveaux

12 " Annales, notes quotidiennes et annuelles de 1822 à 1825 (1830). - 1 citations - Référence citations »,

dicocitations.lemonde.fr,

30_.php.

13 : Librairie philosophique J. Vrin, vol. 5, Bibliothèque des

textes philosophique, 1934.

14 Remy Butler, Rythmes et Répétitions - YouTube, https://www.youtube.com/watch?v=cjiYWdU-pjE.

15 Gilles Deleuze, Différence et répétition (Presse Universitaires de France, Bibliothèque de Philosophie contemporaine,

1968).

16 Héraclite, philosophe grec de la fin du VI siècle av. J.-C.

17 - moderne. 91
marchés qui caractérise le capitalisme investit des Le troisième élément est défini par la

force créative et la sensibilité de l'Homme qui dépassent toujours ses capacités d'expression. Il

pas à prouver que beaucoup aux sens dont jouit l'être humain sont toujours méconnus. L'esprit humain à chaque fois qu'une nouvelle invention apparait, se voit donner des

possibilités supplémentaires pour se faire connaitre en allant au bout de ses rêves et pour vider toutes

les charges émotionnelles issues de son indifférence vis-à-vis de son vécu. Régit par la loi du

changement, L'Homme évolue toujours pour réceptionner, à chaque fois, les choses de manière

différente, ce qui produit des rebondissements différents dans un processus interactif et itératif.

Ces constats placent les technologies du numérique dans le registre global, réticulé et actif, qui évolue selon ses propres mécanismes

et imprévisible que arithmétique et tendancielle. Les technologies du numérique sont des outils

techniques » et elles sont susceptibles d'être dépassées, dans le futur, par autres encore

plus bluffantes.

3.3. Le numérique et la nouvelle esthétique en architecture

s offerts par le numérique ent . Cette fascination du numérique qui reste effectivement attractive s dont nous allons décliner les plus saillantes :

3.3.1. Les surfaces à double courbures, les NURBS et le Bézier Spline

La première ogies du numérique est liée aux nouvelles aptitudes de représentation géométriques .

Les mécanismes classiques de projections des concepts de projets basés sur la géométrie euclidienne

telle que la symétrie, la centralité, la répétition, la rotation, etc., n'intéressent plus les architectes. En

dépit de leur utilité, de leur beauté, de leur stabilité, et surtout de leur universalité, les lois d'Euclide

se voient écartées par la nécessité esthétique de la " Blobitecture de l'architecture Violet le duc, changeant de système, la nature des formes

produites change aussi. Cette dépendance de la chose à son système a été déjà révélée par Aristote :

"En un autre sens, la cause est la forme et le modèle des choses ; c'est-à-dire la notion qui détermine

l'essence de la chose . .. La nature agit par un principe intérieur, tandis que l'art est toujours une cause

extérieure à ce qu'il produit ».18

Si nous accordons une grande importance à cet aspect de géométrie générative de la conception,

et les limitations géométriques conditionnent la construction des projets. Le constat pertinent de

William Michell a synthétisé ce rapport systématique qui a toujours limité phase de construction : " architects drew what they could build, and built what they could draw"19

18 Aristote, de la Nature, trad. par Barthélémy Saint-Hilaire,

Librairie Philosophique de la Drange, vol. II, Chapitre 1, § 3 (Paris, 1862).

19 William J. Roll Over Euclid: How Frank Gehry Designs and Builds (ed.), Frank Gehry,

Architect. New York: Guggenheim Museum Publications, 2001, pp. 352 92

Nous admettons que la prédominance de la courbe et des angles pliés et arrondis n'est pas propre à

l'architecture du numérique, elle est bien présente dans beaucoup de projets iconiques bien avant cela.

un exemple pertinent dans ce cadre, le projet a été imaginé par

le danois Jorn Utzon en 1957 (1957-1973)20 et il est l'un des plus célèbres bâtiments du 20ème siècle.

architecture originale et révolutionnaire de son époque, il ressemble à un voilier pour les uns, ou à un coquillage pour les autres. Saarinen (1910-1961), constitue aussi un bon corpus numérique. aéroport international de Washington-Dulles, ou

le Terminal 5 de l'aéroport international John-F. Kennedy ou encore le design de la chaise Tulipe,

Branko

Kolarevic21, l'approche prudente de Saarinen à l'égard de la forme plastique est exemplaire parce

Bernard Cache, il a expliqué cette ambivalence, en à identifier la nature et 22

La courbe du passé est différente de celle d'aujourd'hui, celle hier est alourdie par une inertie

euclidienne, elle était le résultat dun consensus entre les capacités de perception géométriqu

une liberté dans un mouvement cherchant une beauté formelle. Les lois de la

géométrie euclidienne intervenaient toujours pour se rapprocher de ce virtuel non complètement

définit à la base dans l'imaginaire des concepteurs. Ainsi, les courbes aussi belles, aussi sinueuses et

-planes dont on connait les propriétés de dessin, dont on a les traces courbes et dont on maitrise les techniques de constructions.

Ce mode

sur la planche à dessin, selon des assimilations et des approximations géométriques produit une perte

premier geste qui jaillit de l'esprit de l'architecte et sa projection géométrique et technique sur le

papier. Que ce soit de manière consciente ou pas, tous les architectes de la vieille école ont été exposés

à cette difficulté.

20 " History -

story/sydney-opera-house-history.html.

21 Bernard Cache. Earth Moves. Cambridge: MIT Press, 1995.

22 Kolarevic, Architecture in the Digital Age.2003.

Figure 1: Côte à côte Opéra de Sydney de Jorn Utzon à gauche avec une simple courbure et Centre

Culturel Heydar Aliyev de Zaha Hadid à droite avec une double courbure. 93

Le deuxième handicap est lié aux difficultés de la construction. Les masses sont souvent inscrites

dans des formes géométriques primitives, élémentaires pour des raisons de faisabilité du coffrage et

du coulage. Ce paradigme simpliste produit des formes facilement identifiables, qui sont saisies et

dominées par la perception, ce qui ne produit chez l'observateur que peu de satisfaction qui reste

temporaire. Au demeurant, l'ennui finit par produire des sentiments de rejet à cause de l'absence d'une

d'esthétique défiante. exemple le plus représentatif, encore une fois, est celui du Musée de

Guggenheim de Bilbao de Frank Gehry. Le projet bien qu'il reste identifiable par la richesse de ses lignes et ses emboitements sculpturaux, se refuse être mémorable ou dominé

par la perception. Son côté plastique lui permet d'échapper à la rigidité euclidienne et de s'exposer à

observateur, pour prendre, à chaque rencontre une manifestation différente.

Pourquoi les courbures sont si présentes dans l'architecture du numérique ? Et qu'est ce qui rend

l'architecture aussi subjuguée par les courbures plus que jamais ? ce qui rend ce retour à la courbure permise par le logiciel aussi attractif? les propriétés de la courbe commandée par Spline et par

Béziers23, offrent une nouvelle richesse esthétique beaucoup plus intéressante. Le rayon des tronçons

de cercles qui se joignent pour former la courbe change de manière continue et donne plus de douceur

et de finesse. Or dans la géométrie classique la courbe est issue, juste, d'un d'assemblage de trois ou

quatre (10 maximum) arcs de cercles dont le centre est défini. Sans le logiciel il est impossible de

tracer une courbure formée darcs de cercles. Voilà infini est devenu non seulement atteignable par l'algorithme mais surtout paramétrable et maîtrisable.

23 Les courbes de Bézier sont des courbes polynomiales paramétriques décrites pour la première fois en 1962 par Pierre

Bézier (ingénieur Arts et Métiers et Supélec à la régie Renault dans les années 1950). Wikipédia

Figure 2: Les plaques d'acier à double

courbure pour la salle de conférence de la DG Bank (2000), Berlin, Allemagne, architecte Gehry Partners.à droite avec une double courbure.

Source: Branko kolarevic Architecture

in the Digital age Design and manufacturing Edited by. Figure 3: Utilisation de surfaces roulées et à double courbure dans le pavillon de l'eau (1998), Pays-Bas, architecte Lars Spuybroek / NOX Architects. Source: Branko kolarevic Architecture in the Digital age

Design and manufacturing Edited by.

94

Quel est le sens phénoménologique qui transcendait la courbe dans la géométrie Euclidienne

particulière et celui qui la transcende dans la géométrie topologique ? Le retour à la courbe est porté

par une mutation technologique qui a, à la fois, nourri et facilité la perception et qui est en train de

faciliter leurs rebondissements sur le réel. La nature des courbes infinies dans leur définition jaillit

comme une conspiration universelle à des rêves tant emprisonnés. La filière de production

conceptuelle, qui donnait naissances à des artefacts architecturaux, empruntait une voie où se faisant

beaucoup de déperditions qualitatives. quand il original ne parvenait jamais

à projeter son imaginaire, il procédait par une série approximations que ce soit lors de la réflexion,

lors de la projection de dessin ou lors de la construction. Le décalage entre le rêve et la réalité était

important au point que le projet réalisé ne constitue qu'un symbole ou un avatar du projet initialement

pensé. Cette potentialité des courbes NURBS dotées une continuité variable et douce, génère

multiplicité, diversité, plusieurs angle de beauté, plusieuun que l'autre.

Ce potentiel donne la possibilité d'interpeller la perception à chaque fois différemment;

défiante qui se refuse à la domination.

3.3.2. Le Design computationnel génératif

Le deuxième élément attractif est lié à de nouvelles aptitudes de conception et de composition. Il

du Design Génératif basé sur la morphogensis, la tectonique, les L-système et la géométrie

fractale comme nouvelle approche du design. Ce sont des opérations computationnelles durant

lesquelles les logiciels ne sont plus des outils de représentation destinés à la visualisation mais

fonctionnent comme des outils générateurs par la dérivation des masses et des formes.

niveau où le processus cognitif de réflexion classique et linéaire se voit bousculé, opérant ainsi un

balancement décisif dans les modes de conception du design en architecture. En s'éloignant

radicalement des traditions et normes séculaires de la conception architecturale, les formes générées

numériquement ne sont ni conçues ni dessinées comme le voudraient le paradigme traditionnel, mais

elles sont obtenues par des méthodes de calcul génératif qui sont choisies par le concepteur. Ainsi, au

lieu de modéliser une forme externe, les concepteurs articulent une logique générative interne, par le

Figure 4: Greg Lynn, courbe obtenue par géométrie Euclidienne en haut et courbe Spline obtenue par des

logiciels de modélisation 3D (en bas). La courbe en haut est alors que la courbe Spline est . Source: G. Lynn, Animate Form, 1999, p.21. © Greg Lynn. 95
qui produit ensuite, de manière automatique, une

gamme de possibilités à partir desquelles il pourrait choisir une proposition formelle appropriée pour

un développement ultérieur. une des possibilités offertes par la machine, et qui reste la plus originale et la plus révélatrice des changements importants qui en Architecture. Nous parlons désormais algébrisation du design computationnel

où le rôle dalgorithme dépasse la représentation de la réalité virtuelle pensée mais participe dans sa

fabrication.

Pour , (une

année avant microprocesseur par un ingénieur et un physicien d'Intel : Marcian Hoff et Federico Faggin)24, quand un biologiste angrois nommé Aristid Lindenmayer (1925-1989) a appellation du L-Systems25. Ce formalisme, étant étroitement lié aux langages formels,

modélisation des plantes, a pris une ampleur révolutionnaire après 1984, lorsque, Alvy Ray Smith a

introduit des techniques d'infographie de pointe pour visualiser les structures et les processus

modélisés.26

24 Alain Binet, Le Second xxe siècle (1939-2000), Paris, Ellipses, 2003, p.208

25 A. Lindenmayer. Mathematical models for cellular interaction in development, Parts I and II. Journal of Theoretical

Biology, 18:280315, 1968.

26 Alvy Ray Smith, " Plants Fractals and Formal Languages. », Computer Graphics, juillet 1984,

Figure 5 flocon de

neige avec 3 étapes de dérivations. 96

Les effets qui sont, désormais, appliqués à la matérialité et à la forme, par le logiciel, ne sont pas

plastiques mais sont des lois mathématiques transcrites dans des scripts qui les font subir aux formes.

Le logiciel 3d studio Max et le module de Dynamo pour Revit constituent tous les deux des exemples

pertinents pour illustrer ce niveau du computationnel design. On ne procède plus dans ce processus

par la détermination de la masse, de la peau ou de l'enveloppe mais on commence par définir la règle

intérieure de la " tectonique » qui commande vers extérieur des manifestations morphologiques.

Figure 7 : -Systeme avec

différentes valeurs des constantes.

Figure 6 Ray Smith).

97

Ce processus paramétrable donne une multitude de résultats morphologiques qui permettent à

l'architecte de faire des validations par phase et selon un avancement très contrôlé. Les relations

classiques qui lient les représentations du dessin au design se voient ébranlées, voire même rompues

aux regards des possibilités infinies que le computationnel design offre actuellement. Le plan ne

génère plus la façade et la coupe se dote d'un rôle purement analytique27. Une partie de la théorie de

Philippe Boudon en architecturologie notamment celle se rapportant au plan générateur est à

reconsidérer dans ce nouveau paradigme génératif du design.

3.3.3. La variabilité infinie de masse

Le troisième élément attractif, et qui rime à son tour avec les visions de Deleuze, relève de la

variabilité infinie selon une ressemblance. Les grilles, les répétitions et les symétries perdent leurs

raisons dêtre car la variabilité infinie devient aussi réalisable que la modularité et que la

personnalisation de masse présente des alternatives à la production de masse28. Les anciens principes

de composition se voient neutralisés, aussi classiques soient-ils, ils permettaient de structurer,

occuper, de une conception. Ils permettaient aussi de réguler la disproportion élément avec le tout. Apparemment ces

éléments de composition gênent elle ne les supporte plus. La répétition tue, on ne sait

pas où est ce qu'on s'arrête et elle est synonyme de limite, il n'y a pas d'évolution dans la répétition

qu'on devra toujours distinguer du rythme. Quant à la symétrie, elle rappelle la monarchie, une seule

source de commandement où tout est ramené à une seule référence qui est l'axe ou le centre de

symétrie. esprit de l'architecture contemporaine qui se veut libre, équitable, durable, a du mal à coexister avec ces principes.

Au design cohérent, unifié, reconnaissable et perceptible, le computationnel design offre une

variabilité aussi bien infinie que la répétition monotone, il produit une dialectique architecturale

diversifiée mais unifiée par son obéissance aux mêmes scripts générateurs. Dans la multitude des

formes, produites avec ce paradigme de la variabilité infinie, on ne peut identifier aucune copie computationnel permet une contextualisation à laquelle aaspirer et si cette contextualisation sest manifestée par l'acier, le verre, le

béton dans l'architecture moderne, elle est en train de le faire aujourd'hui moyennant un formalisme

computationnel.

27 Kolarevic, Architecture in the Digital Age.2003

28 Ibid.

Figure 8 : Tutoriel Grasshopper », Maison paramétrique - Tutoriels Rhino Grasshopper (blog), de

Mohamed Yazdi.

98

4. Conclusion

transistor sont dominants hui, ils embarquent dans bien qu'elle constitue

la dernière forteresse qui résiste face à cette conquête. Elle se voit imposée une nouvelle géométrie

séduisante, dont les lois et les mécanismes sont aussi mathématiques et universels que ceux et celles

Euclide.

Les comp

conceptuel sont une intelligence hybride (analogique et numérique). Ces compositions demeure comme un spectateur et non comme un acteur.

Le paradigme de la variabilité de masse obtenu par le computationnel a été perçu par les architectes

avant-garde numérique comme une échappatoire au paradigme de la standardisation de masse futur plus intelligent et plus connecté où linformation transmise par les surfaces

vers l'environnement deviendra plus importante que les aspects formels et esthétiques. La

prédominance actuelle de l'esthétique reculera au profit du nombre et des mathématiques.

définir des théories universelles, à même de lui procurer une grande longévité, se verra absorbée par la machine rationnelle en

Architecture a erré depuis très longtemps, à gauche et à droite sans vraiment atteindre au-une

beauté subjective et le plus souvent éphémère, un argumentaire indispensable pour la condition

humaine. Ainsi dans un futur dominé par le nombre, par la multiplicité, par l'optimisation, par la gestion automatique des én dont les

yeux restent fixés plusieurs heures sur son smartphone, qui se souciera de la forme ou de l'esthétique.

inquiétant dans cette révolution

mais c'est la grande vitesse qui fait défiler les nouveautés sans pour autant que ces nouveautés soient

complètement consommées et digérées. Nous sommes saisis par cette vitesse.

La dématérialisation est en train de tuer le présent. Si ces multiples effets ont été déjà signalés par

plusieurs penseurs (Aristote, Heidegger, Jacques Ellul, Bertrand Giles, John Crary..) personne ne pouvait en mesurer l'ampleur qui se cristallisent jour après jour dans notre

quotidien. Comme toute technique, la dématérialisation qui constitue une des nouveautés apportées

par l'ordinateur rend le présent insignifiant en

le remplaçant soit par un futur qui installe une anxiété chronique, soit en forçant un voyage

nostalgique dans le passé ; du a plus de présent, il n'y a que le futur avec quelques moments

du passé. Le philosophe français Bernard Stiegler qualifie les effets du numérique de disrupteurs, un

concept qui définit l'incapacité à suivre et à se synchroniser avec les nouveautés qui surgissent de

temps à autre de cette technologie du numérique devenue ubiquitaire. Ce changement accéléré qui

ne va pas sans répercussions le processus de production du projet architectural le paradigme du

workflow linéaire et chronologique pour un autre réticulé, paramétrable et interopérable de manière

instantanée. Cette réalité est constatée dans la mise à jour des de programmes régulièrement. Beaucoup de modules sont rajoutés chaque année et font

dernière version du logiciel sans que les précédentes soient maitrisées et utilisées. Les phénomènes

technologiques se défilent dans un enchaînement non linéaire et selon une vitesse qu'ils ne laissent

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même pas le temps aux philosophes, chroniqueurs, sociologues, psychologie pour en étudier

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