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Mémoires de la Société académique de Maine et Loire

pestiférés se couvraientla tête d'un bonnet etc. CONTRE-POISON



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qui allaient visiter les pestiférés souvent Internet Wikipédia. Numéro spécial 2012 ... thèque



HISTOIRE DE FRANCE

préau du milieu mangeaient grande foison de chevaliers ; on disait qu'il y en vous impose le devoir d'exterminer les pestiférés à cause de votre ...







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pot .d'estain l'escu de Bourgogne



Aire de mise en Valeur de lArchitecture et du Patrimoine A.V.A.P.

pestiférés contagieux ou suspects que l'on isolait (notamment au Source : Lac d'Annecy



Les Misérables - Tome II - Cosette

La première chose qui le frappa dans ce préau ce fut une non



Deux scènes de cannibalisme dans la peinture de Francisco de

Après Laurent Matheron (1858) il écrit Goya (1867)47



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18 oct. 2018 Le Voyageur Éditions. (biographie de 30 ans de vie artistique). 2010. Mesnager par Mesnager Doux murs murs

HISTOIRE DE FRANCE

TOME TROISIÈME

SAINT LOUIS. - PHILIPPE LE BEL. - LES DERNIERS

CAPÉTIENS DIRECTS (1226-1328).

PAR CHARLES-VICTOR LANGLOIS.

PARIS - LIBRAIRIE HACHETTE - 1901.

LIVRE PREMIER. - LES ÉVÉNEMENTS POLITIQUES

DE 1226 À 1285.

CHAPITRE PREMIER. - LA MINORITÉ DE LOUIS IX.

I. Blanche de Castille, son entourage et ses adversaires. - II. Le gouvernement de Blanche de Castille, jusqu'au départ du cardinal de Saint-Ange. - III. Chevauchées et conventions, de 1229 à 1231. - IV.

Dernières années de la régence.

CHAPITRE II. - LOUIS IX ET SON ENTOURAGE.

I. Louis IX. - II. Propos et maximes de Louis IX. - III. L'entourage de

Louis IX.

CHAPITRE III. - POLITIQUE INTÉRIEURE (DE 1235 À 1270). I. La noblesse. - II. Louis IX, le Saint-Siège et le clergé de France. -

III. Les villes et le commun.

CHAPITRE IV. - POLITIQUE EXTÉRIEURE (DE 1235 à 1270). I. La France, la Papauté et l'Empire jusqu'en 1254. - II. Arbitrages de Louis IX (Flandre, Angleterre, etc.). - III. Louis IX et les royaumes du

Midi. - IV. La question d'Orient.

CHAPITRE V. - LE TEMPS DE PHILIPPE III (DE 1270 À 1285). I. Philippe III et son entourage. - II. Les premières années du règne. - III. Relations avec les royaumes du Midi. - IV. La croisade d'Aragon.

LIVRE II. - LES ÉVÉNEMENTS POLITIQUES DE

1286 à 1328.

CHAPITRE PREMIER. - LES DERNIERS CAPÉTIENS DIRECTS. I. - Philippe le Bel et ses fils. - II. L'entourage des derniers Capétiens directs.

CHAPITRE II. - PHILIPPE LE BEL ET BONIFACE VIII.

I. Philippe le Bel et les prédécesseurs de Boniface. Avènement de Boniface. - II. Le premier différend entre Philippe et Boniface. - III. Les origines du second différend. La rupture. - IV. L'affaire de Bernard Saisset. - V. Le second différend (jusqu'en novembre 1302). - VI. Le second différend, de novembre 1302 à juin 1303. - VII. L'attentat d'Anagni. - VIII. L'épilogue du différend sous Benoît XI et Clément V. CHAPITRE III. - PHILIPPE LE BEL ET CLÉMENT V. - L"AFFAIRE

DES TEMPLIERS.

I. L'Ordre du Temple au commencement du XIVe siècle. - II. Préliminaires du procès des Templiers. - III. Le procès des Templiers : première phase, jusqu'à l'été de 1308. - IV. Le procès des Templiers : seconde phase, jusqu'au Concile de Vienne. - V. L'Ordre au Concile de

Vienne. - VI. Épilogue de l'affaire.

CHAPITRE IV. - LES CAUSES CÉLÈBRES DES PREMIÈRES

ANNÉES DU XIVe SIÈCLE.

I. Bernard Délicieux. - II. - L'affaire de Guichard de Troyes. - III. Les brus du roi. - IV. Autres procès et faits-divers.

CHAPITRE V. - JUIFS, LOMBARDS, MONNAIES.

I. Les Juifs. - II. Les Lombards. - III. - Les monnaies. CHAPITRE VI. - LE ROI ET LA NATION (DE 1285 À 1328). I. L'Église de France sous Philippe le Bel. - II. La noblesse et le commun sous Philippe le Bel. - III. Consultations générales de la nation. Jusqu'en

1314. - IV. Le mouvement de 1314. - V. - Les cahiers des ligues de

1314 et les ordonnances de Louis X. - VI. L'activité et la disparition des

ligues au temps de Philippe V. - VII. - Consultations et assemblées sous

Philippe V et Charles IV. - VIII. Conclusion.

CHAPITRE VII. - LA FRANCE ET LES PAYS VOISINS (DE 1285 À

1328).

I. Les idées de Pierre Dubois. - II. Le Midi et l'Orient. - III. L'Angleterre. - IV. La Flandre. - V. L'Empire.

LIVRE III. - LES INSTITUTIONS ET LA CIVILISATION

(1226-1328). CHAPITRE PREMIER. - LES INSTITUTIONS MONARCHIQUES. L'administration centrale - I. Définitions. - II. - Les services de l'Hôtel. - III. Les sessions judiciaires de la Curia regis. Les parlements, le Parlement. - IV. Les commissions des comptes. Chambre aux deniers et Chambre des comptes. - V. Le Conseil. - L'administration locale - VI. Les fonctionnaires du roi et les commissaires de la cour dans les provinces. CHAPITRE II. - LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE AU XIIIe SIÈCLE. I. Le livre de Guillaume Le Maire. - II. Jehan et Blonde. - III. Bauduin de Sebourc. - IV. Les fabliaux.

CHAPITRE III. - LE MOUVEMENT INTELLECTUEL.

I. Les Universités. - II. - Tendances générales du XIIIe siècle. - III. Littérature savante, en latin. - IV. Littérature en langue vulgaire.

CHAPITRE IV. - L"ACTIVITÉ ARTISTIQUE.

I. Un artiste du XIIIe siècle. Villard de Honnecourt, d'après son album. - II. Les artistes du XIIIe siècle. - III. Les écoles et les oeuvres.

LIVRE PREMIER. - LES ÉVÉNEMENTS POLITIQUES

DE 1226 À 1285.

CHAPITRE PREMIER. - LA MINORITÉ DE LOUIS IX1.

I. - BLANCHE DE CASTILLE, SON ENTOURAGE ET SES ADVERSAIRES. LA mort subite, suspecte, de Louis VIII ouvrit en France une crise. L'héritage de haines que Philippe-Auguste et Louis VIII avaient accumulé pendant trente années de conquêtes fut dévolu, en novembre 1226, à un enfant de douze ans ; et, par là la France et la monarchie, si prospères au commencement du XIIIe siècle, semblèrent, du jour au lendemain, en péril. Louis VIII, à son lit de mort, avait déclaré que son successeur, avec le royaume, et ses autres enfants mineurs devaient être, jusqu'à leur majorité, sous le bail (en la garde) de la reine Blanche, sa veuve. L'archevêque de Sens, les évêques de Chartres et de Beauvais l'affirmèrent par écrit. Cette désignation in extremis, faite au détriment des princes du sang, ne fut pas sérieusement discutée. Le droit public de la monarchie était encore souple, informe. Les ennemis de la reine Blanche, qui l'ont accablée d'injures, ne se sont jamais unis pour l'accuser d'avoir usurpé la régence ou de prolonger illégalement la minorité de son fils. Les barons de France acceptèrent, en fait, sans poser la question de droit, que la reine fût préposée, de par la volonté du roi défunt, au gouvernement du royaume. C'est ainsi que la défense des traditions capétiennes fut remise, en des circonstances difficiles, à une femme étrangère. La reine Blanche était la fille d'Aliénor d'Angleterre et d'Alfonse le Noble de Castille, la soeur de Bérengère de Léon, cette princesse virile qui sut se débrouiller au milieu des intrigues violentes de la noblesse castillane, et qui fit de

1 SOURCES. L'exploration des sources originales de l'histoire politique du XIIIe siècle n'est

pas achevée. La plupart des chroniques ont été, il est vrai, réunies dans les t. XX à XXIII

des Historiens de la France, et les autres sources littéraires sont indiquées dans l'Histoire

littéraire de la France (à partir du t. XVI). Mais il reste beaucoup à faire pour les

documents d'archives. L'inventaire, suivant l'ordre chronologique, des pièces contenues

dans les layettes du Trésor des chartes, n'a encore été publié que jusqu'à l'année 1360.

L'entreprise de l'École française de Rome, qui s'est imposé la tâche d'analyser les

registres de la Chancellerie pontificale au XIIIe siècle, est en cours d'exécution. Les

derniers volumes du recueil des Historiens de la France contiennent quelques comptes royaux du XIIIe siècle ; mais la majeure partie des documents financiers est inédite.

OUVRAGES À CONSULTER. L'histoire du règne de Louis IX a été très diligemment étudiée, au

XVIIe siècle, par Le Nain de Tillemont ; la compilation de Le Nain (imprimée, en 6 vol., par M. de Gaulle : Vie de saint Louis, 1847-1851) est encore utile, parce que l'auteur s'est servi de sources qui sont aujourd'hui perdues. De nos jours, MM. F. Faure (Histoire de saint Louis, 1865), H. Wallon (Saint Louis et son temps, 1875), À. Lecoy de la Marche

(La France sous saint Louis, s. d., Bibliothèque d'histoire illustrée), et quantité d'autres

auteurs (voir la Bio-bibliographie de M. U. Chevalier, au mot

Louis IX) ont écrit sur ce

sujet. Mais aucun de ces ouvrages généraux ne présente maintenant le dernier état de la

science : l'histoire de France, de 1226 à la fin du XIIIe siècle, a été récemment

renouvelée par des monographies, qui seront indiquées plus loin.

L'histoire de la Minorité de Louis IX, en particulier, a été renouvelée par É. Berger :

Histoire de Blanche de Castille, 1895.

Ferdinand III, son fils, un roi et un saint. Amenée en France à douze ans, en

1.200, elle n'était jamais, depuis, sortie du royaume ; mais elle n'avait pas oublié

l'Espagne : il y eut toujours des dames et des serviteurs espagnols dans sa maison" elle recevait souvent de là-bas, et elle y envoyait, des messages et des cadeaux. Femme du prince Louis, elle avait été une épouse féconde, fidèle, active ; lorsque Louis, appelé en Angleterre par les ennemis du roi Jean, avait vu ses affaires compromises, Blanche avait organisé à Calais une flotte de secours. Un conteur populaire du mir siècle, le Ménestrel de Reims, rapporte à ce sujet une anecdote, qui, vraie ou fausse, peint le caractère attribué par les contemporains à la bru de Philippe-Auguste. Le prince Louis, à bout de ressources, serré de près par les Anglais, avait en vain demandé de l'argent à son père. Quand madame Blanche le sut, elle vint au roi et lui dit : Laisserez- vous ainsi mourir mon seigneur, votre fils, en pays étranger ? Sire, pour Dieu, il doit régner après vous, envoyez-lui ce qu'il lui faut, et d'abord les revenus de son patrimoine. Certes, dit le roi, Blanche, je n'en ferai rien. Non, sire ? Non vraiment, dit le roi. Par le nom de Dieu, dit madame Blanche, je sais, moi, ce que je ferai : j'ai de beaux enfants de mon seigneur ; je les mettrai en gage, et je trouverai bien quelqu'un qui me prêtera sur eux. Et elle s'en alla comme folle ; mais le roi la fit rappeler et lui dit : Blanche, je vous donnerai de mon trésor autant comme vous voudrez ; faites-en ce que vous voudrez ; mais sachez, en vérité, que je ne lui enverrai rien. Sire, répondit madame Blanche, vous dites bien. Et alors un grand trésor lui fut délivré, qu'elle envoya à son seigneur Voilà tout ce que l'on sait d'elle avant le moment où la mort de son mari lui imposa de grandes responsabilités. Autour d'elle, pour l'assister, il y avait des hommes d'expérience, vieillis à la cour de Philippe-Auguste. Frère Guérin, chevalier de l'Hôpital, un des héros de Bouvines, devenu évêque de Senlis et chancelier de France, que l'on considérait en novembre 1226 comme le plus ferme soutien de la dynastie, mourut, il est vrai, dès le mois d'avril 1227 ; mais d'autres serviteurs éprouvés étaient en état de le suppléer. Au premier rang, le vénérable Barthélemi de Roie, chambrier de France depuis vingt ans. La Chronique de Tours dit que les adversaires du royaume, le voyant gouverné, après la mort du roi Louis, par un enfant, une femme et un vieillard (Barthélemi de Roie), le crurent une proie facile, suivant ce dictum d'Ovide :

Tres sumus imbelles numero : sine viribus uxor,

LaErlesque senex Telemachusque puer

Avec Barthélemi figuraient dans le conseil intime de la reine Blanche les membres de ces familles loyales, originaires, pour la plupart, de l'Île-de-France et du Gâtinais, qui, attachées depuis longtemps à la maison capétienne, comblées par elle de faveurs, étaient en possession de lui fournir des grands officiers, des maréchaux, des baillis et des évêques : les Montmorenci, les Montfort, les Beaumont, les Valeri, les Milli, les Clément, les Cornu. Gautier Cornu, archevêque de Sens, fut un des ministres les plus actifs de la cour du roi pendant la minorité de Louis IX. Le connétable Mathieu de Montmorenci, le maréchal Jean Clément, seigneur du Mez, Jean de Beaumont, etc., passaient pour des gens de guerre accomplis 1.

1 On ne connaît guère, du reste, que les noms, les titres, la généalogie et quelques actes

insignifiants de tous ces personnages. Un éloge contemporain de Barthélemi de Roie ne parle que de sa piété, de sa bienfaisance et de ses alliances. La figure de Gautier Cornu Ce personnel de gouvernement fut mis tout de suite à l'épreuve. En effet, les grands vassaux de la couronne, domptés, puis tenus en respect pendant les règnes précédents, auraient pris volontiers une revanche. Mais, autant que par les mérites de son entourage, la reine Blanche devait être servie, en cette occurrence, par la nullité de ses adversaires. Les grands seigneurs de France étaient alors tout à fait dépourvus d'esprit politique et de méthode. Ils ne ressemblaient nullement à leurs contemporains, les barons anglais de Jean-sans- Terre et d'Henri III. Au contraire, à quatre cents ans de distance, il y a des analogies frappantes entre la minorité de Louis IX et la minorité de Louis XIV : une opposition brillante, bruyante, désordonnée, alliée à l'étranger ; des intrigues, des cavalcades et des chansons ; d'effroyables misères ; et contre le

roc de l'autorité royale, déjà si solide qu'une tempête aurait eu peine à ébranler,

un vent de fronde qui souffle 1. Le premier des princes du sang était le comte de Boulogne, Philippe, fils légitimé d'Agnès de Méranie et de Philippe-Auguste. On l'appelait

Hurepel, le Hérissé, à

cause de sa chevelure, abondante et mal peignée, comme celle de son père. Il devait beaucoup à Louis VIII, qui l'avait investi des domaines de la maison de Dammartin, après la condamnation de Renaut de Dammartin à la prison perpétuelle. Il était riche, et, comme oncle d'un roi enfant, candidat éventuel au gouvernement du royaume. - La maison de Dreux, qui remontait à Louis VI, était représentée par le comte Robert Gâteblé de Dreux, son chef, et par les trois frères de ce comte : Jean de Braine, comte de Mâcon, Henri de Braine qui fut trésorier de Beauvais, puis archevêque de Reims, enfin Pierre, dit Mauclerc, le grand homme de la famille. Celui-ci, veuf d'Alix, l'héritière de la Bretagne française et du comté de Richmond en Angleterre, avait, depuis 1221, la garde de ces deux fiefs au nom de son fils mineur, Jean le Roux ; il était hautain, hargneux et tenace ; il avait passé son temps, jusque-là à guerroyer contre le clergé et la noblesse sauvages de Bretagne, et contre ses voisins de Poitou et d'Anjou ; on disait qu'il avait fait murer des fugitifs dans des lieux d'asile consacrés, et enterrer vif un prêtre. Son ambition passait pour être sans limites : le bruit courait que Robert, fondateur de la maison de Dreux, avait été le premier-né de Louis le Gros et que sa race était injustement écartée du trône. - Les autres princes de souche capétienne, ceux de la maison de Courtenai et Hugues IV de Bourgogne, étaient encore jeunes ou sans autorité. Entre la couronne et Mauclerc, fauteur probable de révolte, les maîtres des grandes principautés féodales, Flandre, Champagne, Guienne, Toulouse, semblaient appelés à décider. À l'avènement de Louis IX, l'époux de Jeanne de Flandre, Ferrand de Portugal, le vaincu de Bouvines, était prisonnier à Paris, dans le château du Louvre, depuis est aussi complètement effacée ; le dominicain Thomas de Cantimpré a parlé de lui, mais seulement pour déclarer que la mort de ce prélat († 1241) fut un effet de la vengeance

divine : Gautier aurait conseillé à Louis IX la mansuétude envers les Juifs ; Thomas

ajoute que le roi quitta précipitamment le chitenu de Vincennes, où le doigt de Dieu avait touché l'archevêque, pour ne pas subir de même l'effet de la colère divine, ne cum archiepiscopo divinitus feriretur

1 Le commun peuple ne joua aucun rôle dans les troubles qui marquèrent la minorité de

Louis IX ; mais toutes ses sympathies allaient à la cause royale, parce qu'il l'identifiait

avec la cause de l'ordre. L'élégie de Robert Saincereau sur la mort de Louis VIII,

composée dès 1226, traduit maladroitement, mais clairement, ce sentiment profond.

Comparez le

Dit des alliés, en 1315 (Voir plus bas, livre II, chap. VI, § VI). de longues années. Mais comme il était le beau-frère de la reine de Portugal, soeur de Blanche, celle-ci, parente très dévouée, avait, dès 1226, obtenu de Louis VIII ce que Philippe-Auguste avait refusé aux supplications de deux papes : la promesse de le délivrer. En janvier 1227, elle le délivra elle-même, par un traité qui, du reste, assurait à la couronne une rançon et des garanties convenables. Le comte Ferrand et sa femme, la comtesse Jeanne, furent liés désormais par ce bienfait. Le comte de Champagne, Thibaut IV, avait fait à Louis VIII une grosse injure, lorsque, au siège d'Avignon, il avait abandonné l'armée royale, sous prétexte que ses quarante jours de service féodal étaient accomplis. Que s'était-il passé ? La malveillance publique inventa des explications et des enjolivements : il avait noué des intelligences avec les assiégés, il était l'amant de la reine, etc. De la mort imprévue du roi, on conclut à l'empoisonnement, et, comme l'empoisonneur, on désigna Thibaut. D'après la Chronique de Mousket, la rumeur fut si forte que Blanche crut devoir interdire au comte de Champagne, qui se rendait en grand apparat au couronnement de Louis IX, l'entrée de la ville de Reims. Mais si la reine prit en effet cette mesure rigoureuse, ce ne fut pas de bon coeur. Elle n'ignorait point que Thibaut, son cousin issu de germain, prétendait l'aimer d'amour. Ce puissant comte, qui se mêlait de faire des vers, et qui en fit d'assez gracieux, pensait sans doute à la mère du roi de France quand il a dit, dans une chanson célèbre :

Cele que j'aim est de tel seignorie

Que sa biautez me fait outrecuidier

Amour romanesque, inoffensif, d'un jeune homme sensible, au caractère faible, pour une mère de famille, déjà mire, vertueuse sans doute, et dont la passion maîtresse était l'orgueil. Il y a, d'ailleurs, des raisons de croire que Blanche de Castille avait, de son côté, pour Thibaut, une sorte d'affection maternelle, indulgente et bourrue. Pourquoi aurait-elle dédaigné d'user, dans l'intérêt de sa politique, de son ascendant personnel sur cet amoureux transi ? Ainsi, du côté du Nord et de l'Est, la dynastie n'avait rien à craindre ; le danger était au Sud-Ouest. D'une part, le comte de Toulouse et les Languedociens n'avaient pas été abattus par la trop courte campagne de Louis VIII. De l'autre, l'hostilité du duc de Guienne, roi d'Angleterre, était certaine. Maître de la Gascogne, Henri III ne pouvait pas oublier que Philippe-Auguste avait enlevé au roi Jean, son père, plusieurs provinces, où - surtout en Poitou et en Normandie - les partisans de la domination anglaise étaient encore nombreux. Henri III était le patron désigné des rebelles, comme Pierre Mauclerc en était, à défaut de Philippe Hurepel, le chef. Heureusement, il n'avait que vingt ans, il était très occupé dans son ile, et ce fut toujours un pauvre homme, maladroit, faible, brutal et méprisé. Tels sont les personnages qui, pendant les dix années de la minorité de Louis IX, ont tenu les premiers rôles sur la scène politique ; l'histoire de France, pendant

ces dix années, est celle de leurs alliances et de leurs luttes. À l'arrière-plan

évoluent des comparses : Hugues de Lusignan, comte de la Marche, époux de l'ex-reine d'Angleterre, mère de Henri III ; les barons de Bretagne, ennemis de Pierre Mauclerc, ralliés autour de Henri d'Avaugour, chef de la maison de Penthièvre ; et d'autres seigneurs qui, tantôt fidèles à leurs suzerains immédiats, tantôt unis au parti contraire, compliquent considérablement le jeu des combinaisons. Enfin, de haut et de loin, le pape assiste aux conflits. Le pape, c'était alors Grégoire IX, qui se montra d'abord favorable à Henri III, vassal du Saint-Siège, mais qui, sous l'influence de son légat en France, changea bientôt d'attitude. Ce légat, Romain Frangipani, cardinal-diacre du titre de Saint-Ange, avait été accrédité auprès de Louis VIII par Honorius III, en 1223 ; après la mort du roi, il resta près de la reine, se mit à son service et la dirigea. Comme, dans plusieurs provinces ecclésiastiques, les chapitres des cathédrales refusaient de payer la décime pour la croisade de Languedoc, il s'employa pour les y contraindre : le chapitre de Paris l'accusa devant Grégoire IX d'avoir dit que, pour faire avoir sa décime à madame Blanche, il ôterait aux chanoines jusqu'à leurs chapes . Attaqué, le cardinal alla plaider sa cause à Rome et la gagna. Il revint, plus impérieux, plus écouté que jamais. Ce n'était point un parvenu, un diplomate, comme d'autres Italiens, fins et bas, qui ont gouverné la France ; c'était un cavalier, un grand seigneur, d'allures dédaigneuses et cassantes. II. - LE GOUVERNEMENT DE BLANCHE DE CASTILLE, JUSQU'AU DÉPART

DU CARDINAL DE SAINT-ANGE.

LE désarroi des grands seigneurs irrésolus, divisés, sans programme, valut à la reine et au cardinal, sans effusion de sang, le gain décisif des premières rencontres. Le couronnement de Louis IX eut lieu à Reims, le 29 novembre 1226, selon le cérémonial ordinaire. Puis Blanche, accompagnée du légat, de Philippe Hurepel, du comte de Dreux et d'une armée, marcha droit au sud-ouest, où les Bretons, les Poitevins et les Anglos-Gascons remuaient. Elle s'arrêta à Loudun ; les mécontents campaient à Thouars. Là au commencement de mars 1227, le comte de Bar et le comte de Champagne (qui s'était laissé entraîner, dans un moment de mauvaise humeur contre la reine) abandonnèrent les coalisés. Quinze jours après, Pierre Mauclerc et le comte de la Marche firent, eux-mêmes, leur soumission ; ils obtinrent par les traités de Vendôme des terres et des revenus considérables, mais ils s'engagèrent à servir le roi envers et contre tous ; des mariages furent arrangés entre leurs enfants et ceux de Blanche. Les Anglos- Gascons, étonnés de rester seuls, acceptèrent une trêve. Les traités de Vendôme n'avaient aussi que la valeur d'une trêve. L'effervescence

ne tomba pas. lin jour, le petit Louis IX étant à Châtres (Arpajon), près de

Montlhéry, fut menacé par un parti de barons rebelles dont le quartier général était à Corbeil et qui avaient formé le projet de s'emparer de sa personne. Les milices de Paris et de l'Île-de-France, si dévouées à la famille royale, l'allèrent délivrer. Et le roi n'oublia jamais cette scène :

Il me conta, dit Joinville, que,

depuis Montlhéry, le chemin était tout plein de gens en armes et sans armes jusques à Paris, et que tous criaient à Notre Seigneur qu'il lui donnât bonne vie et longue, et le deffendit et gardât . - Cette fois, Philippe Hurepel parait comme chef des conjurés. Depuis que Renaut de Dammartin, son beau-père, dont il avait usurpé l'héritage, était mort en prison, la reine avait perdu un puissant moyen d'intimidation sur ce personnage, et on l'avait aisément décidé à se mettre en avant. Il y eut, en 1228, des assemblées de la noblesse, préparatoires d'un soulèvement ; le comte de Bretagne et le sire de Couci - Enguerran III, pour qui fut bâti le château dont les ruines se voient à Couci, - en étaient. Mais tout se réduisit à des feux de paille, aussi vite éteints qu'allumés. En plein hiver

(janvier 1229), la reine et le jeune roi, à la tête d'une armée où figurait le

contingent des Champenois, s'emparèrent du château fort de Bellême, au Perche, qui appartenait à Mauclerc ; le sire de la Haie-Painel, près d'Avranches, qui s'était armé au nom du roi d'Angleterre, duc de Normandie, fut aisément mis à la raison par le bailli de Gisors. Les autres ne bougèrent pas. Blanche avait pris, du reste, ses précautions contre le comte Hurepel et ses alliés de Picardie : elle s'était fait prêter un serment spécial de fidélité par les magistrats municipaux des villes situées entre la Seine et la frontière de Flandre, voisines de ces rebelles. Rouen, Beauvais, Mantes, Pontoise, Amiens, Compiègne, Laon, Montdidier, Noyon, Saint-Quentin, toutes les villes de la Somme, s'étaient engagées à défendre, de tout leur pouvoir, madame Blanche et ses enfants. En même temps, un danger très redoutable se dissipait au midi. Le légat, revenu de Rome au printemps de 1228, avec les pleins pouvoirs du Saint-Siège, avait donné une impulsion vigoureuse à la guerre qui tramait en Languedoc contre Raimond VII, depuis la mort de Louis VIII, sans épisodes notables : le Toulousain fut ravagé, la place forte de Brusque fut prise. Fatigué, découragé, Raimond VII se résigna à la paix : sous la médiation du comte de Champagne, il entra en pourparlers, à Meaux, avec le cardinal et les gens du roi. À Paris, quelques jours après, le jeudi saint de l'année 1229, le défenseur de l'indépendance languedocienne fit publiquement amende honorable, au parvis de Notre-Dame, entre les mains de Romain Frangipani. Le traité de Paris, d'avril Ce, abandonna au roi les pays qui formèrent les sénéchaussées royales de Beaucaire et de Carcassonne ; Jeanne, fille unique du comte de Toulouse, était promise à un des

frères du roi, avec l'expectative de Toulouse et de son évêché, et des autres

domaines de Raimond (Agenais, Rouergue, partie du Querci et de l'Albigeois), si Raimond n'avait point d'autre hoir lors de l'ouverture de sa succession. En outre, le comte de Toulouse jura d'être fidèle, sa vie durant, à l'Église et au roi, et de maintenir la paix sur ses terres ; en garantie de quoi il livrait aux royaux neuf forteresses, dont le Château-Narbonnais de Toulouse. Enfin l'autorité ecclésiastique veillerait, dans les pays entre le Rhône et la Garonne, encore infectés d'hérésie, au rétablissement et à la préservation de la foi 1. Cinq mois plus tard, Roger Bernard, comte de Foix, se soumettait à son tour, à

Melun.

Si le traité de Paris, très habilement rédigé, est, comme on l'a cru, l'oeuvre du cardinal de Saint-Ange, c'est le plus signalé service que le Frangipani ait rendu à la cour de France. Mais ce n'est pas le seul. À tort ou à raison, la reine se conforma constamment à ses conseils. Il réussit à prolonger jusqu'au 22 juillet

1229 la trêve avec les Anglais. C'est lui qui envenima une querelle, d'abord

insignifiante, entre le gouvernement royal et l'Université de Paris, au point de mettre en péril l'existence de ce grand corps. Enfin, c'est grâce à lui que Thibaut de Champagne fut couvert contre les autres barons, ses ennemis, de la protection du Saint-Siège. Le cardinal de Saint-Ange n'aimait pas l'Université ; dès 1225, sous Louis VIII, il

avait brisé son sceau, déchiré ses privilèges, et sa maison avait été pillée par les

clercs exaspérés. En février 1229, à Saint-Marcel-hors-les-murs, une bande

1 La clause la plus dure était celle qui, relative au mariage de Jeanne, promettait

éventuellement le Midi Toulousain à un prince capétien.quotesdbs_dbs46.pdfusesText_46
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