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UNIVERSITE DE NANTES

ECOLE DOCTORALE

DROIT ET SCIENCES SOCIALES

Thèse de Doctorat de l'Université de Nantes

Géographie

Présentée et soutenue publiquement par

Teodoro GILABERT

Le 7 octobre 2004

LA GEOGRAPHIE DE L'ART CONTEMPORAIN

EN FRANCE

Jury

Directeur de thèse :

M. Jean-Pierre PEYON, professeur émérite , Université de Nantes

Rapporteurs :

Mme Maria GRAVARI-BARBAS, professeur à l'Université d'Angers M. Jean-Robert PITTE, professeur à l'Université de Paris Sorbonne-Paris IV

Suffragants :

Mme Nathalie HEINICH, directrice de recherche au CNRS (CRAL UMR 8566- EHESS

Paris)

M. Antoine LATASTE, adjoint au directeur de la DRAC des Pays de la Loire

Invité :

M. Jean-Joseph REGENT, président de la Société des amis du musée des Beaux-Arts de

Nantes

Centre d'Etudes sur les Sociétés, les Territoires, l'Aménagement - Nantes

UMR ESO CNRS 6590

2 (Remerciements)

A tous ceux qui ont contribué à ce travail

de près de loin un peu beaucoup tg 3 (Prière d'insérer) in Georges Perec, Espèces d'espaces, Paris, Galilée, 1974, p. 1. 4

Sommaire

Introduction générale

.......................................................................p. 8 Première partie : L'art contemporain en France depuis 1959 ....p.22 I. Art contemporain : de nouvelles formes d'inscriptions spatiales .........p. 23

1. Le Nouveau Réalisme...................................................................p. 23

2. Le Land Art..............................................................................p. 36

3. Installation, environnement et travail in situ ......................................p. 43

4. Une esthétique relationnelle...........................................................p. 58

5. Artistes travaillant sur l'espace public.............................................p. 65

6. La déambulation et les oeuvres d'art mobiles.....................................p. 78

7. L'art numérique, Internet, le téléphone et l'espace géographique............p. 79

8. La fin des ateliers d'artistes ?.........................................................p. 91

9. Le musée comme médium dans l'art contemporain..............................p. 99

II. L'art contemporain dans les politiques culturelles (1959-2004).........p. 101

1. La naissance du ministère d'Etat des Affaires Culturelles....................p. 101

2. Malraux et l'art contemporain......................................................p. 104

3. L'entre-deux - Mai : la culture dans le " domaine réservé du Président »p. 112

4. Les années Lang : deuxième rupture (mai 1981 - mars 1986 et mai 1988 -

mars 1993)..............................................................................p. 116

5. Art contemporain, culture et cohabitations......................................p. 129

6. L'Etat, l'art et les artistes : les aides à la constitution d'un patrimoine d'art

contemporain et à la création.......................................................p. 151 Conclusion de la première partie................................................p. 187 5 Deuxième partie : Les lieux de l'art contemporain en France...p. 196 I. Art contemporain et aménagement du territoire ..............................p. 196 Introduction.................................................................................p. 196

1. La répartition des lieux d'exposition de l'art contemporain..................p. 199

2. Les lieux institutionnels et l'aménagement culturel du territoire............p. 203

3. La commande publique, un outil pour l'aménagement culturel du territoire ?

.................................................................................................p. 211

4. Bilan de l'action des Fonds régionaux d'art contemporain : approche

géographique...........................................................................p. 216

5. Les galeries d'art contemporain....................................................p. 229

II. Etude typologique des lieux de l'art contemporain ..........................p. 243 Introduction.................................................................................p. 243

1. Type 1 : Lieux d'exposition ou de vente consacrés (totalement ou en partie) à

l'art contemporain construits spécialement à cet effet..............................p.247

2. Type 2: Lieux d'exposition ou de vente consacrés (totalement ou en partie) à

l'art contemporain dans un bâtiment initialement prévu pour une autre fonction..................................................................................p. 258

3. Type 3: L'art dans des bâtiments ouverts au public, n'étant pas consacrés à

l'art contemporain, mais offrant des lieux d'exposition temporaires ou permanents..................................................................................p. 282

4. Type 4 : L'art dans l'espace public..................................................p. 309

5.Type 5 : Les parcours...................................................................p. 339

Conclusion de la deuxième partie................................................p. 356 6 Troisième partie : Géographie de l'art contemporain dans la région des Pays de la Loire ..........................................................p. 360

1. La répartition des lieux de l'art contemporain dans la région des Pays de la

Loire.....................................................................................p. 362

2. La géographie de l'art contemporain dans la métropole de Nantes Saint-

Nazaire..................................................................................p. 364

3. Les lieux de l'art contemporain hors du département de Loire-Atlantique

Conclusion de la troisième partie ...............................................p. 484 Conclusion générale ..............................................................p. 487 Bibliographie générale ..........................................................p. 499 Table des figures ...................................................................p. 517 Table des photographies .......................................................p. 519 Table des tableaux .................................................................p. 526 Table des documents ............................................................p. 527 Table des matières ................................................................p. 528 7 Liste des principaux sigles utilisés (date de création - terme) : AFAA : Association Française d'Action Artistique (1922-) CNAC : Centre National d'Art Contemporain (1967-1982) CNAP : Centre National des Arts Plastiques (1982-) DAP : Délégation aux Arts Plastiques (1982-) DEP : Département des Etudes et de la Prospective (1986-)

DMF : Direction des Musées de France (1945-)

DRAC : Directions Régionales des Affaires Culturelles (1969-) ENSBA : Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts (1648-) FIAC : Foire Internationale d'Art Contemporain de Paris (1973-) FIACRE : Fonds d'Incitation à la Création (1982-)

FNAC : Fonds National d'Art Contemporain (1976-)

FRAC : Fonds Régionaux d'Art Contemporain (1982-) FRAM : Fonds Régionaux d'Acquisition des Musées (1982-) 8

Introduction générale

Au début des années 1960, il n'existait que trois lieux d'exposition institutionnels 1 pour l'art contemporain 2 en France : le Musée National d'Art Moderne et le Musée d'art moderne de la Ville de Paris situés dans les deux ailes du Palais de Tokyo, à Paris, et le musée de Grenoble. L'Annuaire de l'art contemporain, publié depuis 2001 sur Internet 3 par le Centre National des Arts Plastiques (CNAP), dépendant du ministère de la Culture et de la Communication, présentait, en mars 2003, plus de 1

300 références de lieux de l'art contemporain, dont 410 lieux institutionnels. La carte ci-

dessous a été réalisée à partir de cet annuaire. Nous avons extrait la liste des " structures

et lieux de diffusion » d'" arts plastiques / arts visuels » pour tout le territoire français,

ce qui représente 1059 lieux, sans compter les galeries commerciales. Après une relecture critique 4 , nous avons ramené ce nombre à 998. Nous n'avons pas pris en compte les DOM-TOM, qui ne possèdent pas de lieux permanents, à part les FRAC de la Réunion et de la Martinique, qui connaissent d'ailleurs de gros problèmes de fonctionnement. Cette base de données, officielle, sous-estime largement la réalité car de nombreux lieux ne sont pas reconnus par le ministère de la Culture. Depuis la fin des années 1970, et surtout le début des années 1980, nous assistons à une multiplication du nombre de lieux consacrés à l'art contemporain en France. Cet annuaire est constamment mis à jour car de nouveaux lieux apparaissent chaque année, compensant largement ceux qui disparaissent. Il s'agit de lieux d'exposition, mais aussi de création, de diffusion, d'enseignement, de recherche... Les explications de ce phénomène exceptionnel sont liées notamment à l'histoire des politiques culturelles. Nous verrons qu'il est essentiellement dû à une plus grande intervention de l'Etat, puis des collectivités territoriales, après les lois sur la décentralisation de 1982, mais aussi des acteurs privés. 9 Figure 1 : Les lieux d'exposition d'art contemporain par commune, en 2003 (hors galeries commerciales) Le rôle fondamental de l'Etat dans la gestion et l'organisation des structures consacrées à l'art contemporain, constitue aujourd'hui une exception dans le monde. Il ne doit cependant pas gommer la prise en compte tardive de la création contemporaine par les différents gouvernements de la IVème et même du début de la Vème

République.

Nous avons d'emblée évoqué le terme de lieu, qui est ici perçu dans une acception très large : " Partie circonscrite de l'espace où se situe une chose, où se

0 150 km

N 75
Lyon

MarseilleRennes

Nantes

Paris

Conception : Gilabert T.

Réalisation : Allard-Plu T., 2003

U

MRESO-CNR

S Sources : CNAP, Annuaire de l'art contemporain, mars 2003

Direction des Musées de France

INSEE, RP 1999

Nombre de lieux d'exposition

par commune (hors galeries)

998 lieux d'exposition (hors galeries)

en France métropolitaine

Aires urbaines

(Définition INSEE 1999) 10 déroule une action » 5 , qui reprend le sens étymologique du locus latin. Le musée, la galerie, la rue, l'atelier... sont donc des lieux qui peuvent être qualifiés " d'art

contemporain » s'ils ont été investis par des acteurs, artistes ou médiateurs justifiant ce

qualificatif. La définition du lieu par les géographes est sujette à débat. Depuis Paul Vidal de la Blache, qui concevait sa discipline comme " la science des lieux et non des hommes », et Denis Retaillé qui pense que " faire de la géographie, c'est reconnaître et nommer la différence entre les lieux » 6 , les géographes ont tendance à insister sur l'appropriation et la construction des lieux par les hommes. Rémy Allain a fait le point sur la définition de ce terme, apparemment banal : " Plus qu'une définition concise et de toute manière contestable, pour le moment

encore, il est utile d'en préciser les caractères minimaux : il s'agit d'un espace infra-territorial,

d'étendue de forme variable (ponctuelle, linéaire, aréolaire, bâtie ou non) dont l'identité se

découvre dans la durée ; le lieu n'a pas d'étiquette, il se révèle. Il s'agit d'un " produit

d'interaction », sujet-objet, au même titre que le paysage (...). Non quantifiable, et donc synonyme de concept flou, il fait peur. Son étude est risquée (tant pis pour nous !). » 7 Ces " caractères minimaux » nous permettant de regrouper, sous le terme de lieu tous les espaces investis par l'art et les artistes, du musée à l'atelier, nous adopterons

cette définition. Nous considérerons également que les interventions d'art éphémère se

font dans un lieu. L'" identité se découvre dans la durée », mais celle-ci peut être courte

si l'oeuvre est efficace et permet alors au lieu de se " révéler ». Une revue, un livre ou un écran d'ordinateur ne peuvent, d'après cette définition, constituer un lieu. Ils ne sont que des médias, entre l'artiste et le spectateur. Cependant, une salle équipée d'ordinateurs, conçue pour permettre l'accès du public aux oeuvres numériques, peut être perçue comme un lieu. De même, le lieu unique 8 de Nantes, transformé en " très grande librairie » présentant plus de 15 000 ouvrages dans le cadre de l'opération " Le livre et l'art », qui dure cinq jours 9 , constitue un lieu de diffusion de l'art contemporain. Nous prenons également un " risque » en consacrant notre recherche à l'art contemporain. Sa définition est effectivement très controversée. Au sens littéral, on Le monde du géographe, Paris, Presses de Sciences Po, 1997, p. 77. 7

In ESO, travaux et documents, publication semestrielle de l'Unité Mixte de Recherche 6590 du CNRS : ESPACES

GEOGRAPHIQUES ET SOCIETES, n°16, octobre 2001, p. 13. 8

Centre d'art pluridisciplinaire à Nantes, dans une ancienne usine LU. S'écrit sans majuscules, peut-être pour ne pas

imposer une référence à LU (Lefèvre-Utile). 9

Ce festival " Le livre et l'art » existe depuis 2000. Des lectures et des performances d'artistes sont également

proposées au public. La dernière édition s'est déroulée du 2 au 6 juin 2004. 11 pourrait inclure les créations de tous les artistes vivants. Or, de nombreux artistes 10 d'aujourd'hui travaillent comme leurs prédécesseurs du XIXème ou du début du XXème siècle et n'apportent rien de nouveau sur le plan de leur démarche. Ces plasticiens, le plus souvent peintres, ne sont pas considérés, pour la plupart des spécialistes, comme " contemporains ». En effet, la notion d'art contemporain sous- entend une remise en question de l'ordre artistique établi et exclut donc de facto, des artistes pourtant parfois reconnus par le marché, mais pas par l'Institution (le ministère de la Culture et la Délégation aux Arts Plastiques). Il est de plus difficile, pour cette

définition, de se référer, à une période précise de l'histoire de l'art, puisque cette

appellation ne fait pas l'unanimité chez les spécialistes. Certains, notamment de nombreux historiens, englobent sous cette étiquette l'art après 1945, succédant à l'art

moderne, avec la difficulté consistant à classer des artistes comme Picasso, qui étaient à

l'avant-garde au début du XXème siècle, mais qui, après 1945, ont cessé d'innover. D'autres, comme les conservateurs de musées, font commencer l'art contemporain en

1960, avec la naissance de mouvements comme le Nouveau Réalisme en France, et le

Pop Art aux Etats-Unis. Pour d'autres encore, l'art contemporain est celui qui est reconnu, et de ce fait, aidé financièrement par la Délégation aux Arts Plastiques. Il s'agit donc essentiellement de l'art à partir des années 1980 (certains parlent des " années Lang »). Il faut rappeler également la définition issue de la législation douanière. Celle-ci ne s'appuie pas sur les aspects artistiques et considère " ...comme contemporaines dans le cadre de la procédure d'exportation les oeuvres d'artistes vivants

ou dans le cas d'artistes décédés, les oeuvres datant de moins de vingt ans. La frontière

de cet art " contemporain » se trouve ainsi en perpétuel mouvement. » 11 En fait, la définition est assez élastique et l'appartenance à l'art contemporain fait parfois abstraction de la chronologie et privilégie la reconnaissance des marchands (et de leur clientèle) ou des responsables des lieux d'exposition. Ainsi, en 2000, on a pu voir à la Foire Internationale d'Art Contemporain de Paris des artistes comme Rodtchenko (avant-garde russe des années 1920) ou Man Ray (photographe surréaliste)... Dans le même esprit, la Galerie Nationale du Jeu de Paume,

théoriquement réservée à l'art contemporain, a présenté en 2000, une exposition Gaston

Chaissac (artiste rattaché à l'Art Brut, mort en 1964). C'est ainsi que certains Le rôle des pays prescripteurs sur le marché et dans le monde de l'art contemporain, Paris, Ministère des Affaires Etrangères, 2001, p. 16. 12 responsables des Fonds Régionaux d'Art Contemporain reconnaissent Marcel Duchamp (ses premiers ready-mades 12 datent de 1913 ) comme plus contemporain que de nombreux jeunes artistes. Ce sont pourtant ces spécialistes qui, aujourd'hui, ont bien souvent la définition la plus restrictive de l'art contemporain et s'intéressent essentiellement aux artistes qualifiés parfois de " très contemporains ». Le terme " art contemporain » désigne donc plus souvent une catégorie esthétique, même si parfois

l'esthétique disparaît derrière le concept ou la démarche, qu'une catégorie temporelle.

Ces querelles d'appellation ne sont pas de vaines disputes intellectuelles, mais constituent un enjeu fondamental, sur le plan de la notoriété, de la visibilité et donc du marché. En effet, " classer une oeuvre en " art contemporain », c'est la qualifier ou selon, la disqualifier. » 13 Face à ces multiples définitions, nous adopterons une attitude d'ouverture, et pour éviter toute polémique, nous considérerons que l'art contemporain est l'art qui est revendiqué comme tel par les artistes concernés. L'imprécision induite par cette définition ne faussera pas nos conclusions. Nous verrons en effet que l'art qui peut avoir de réelles conséquences en termes d'aménagement du territoire, est le plus souvent un art reconnu (et donc subventionné) par les institutions, à l'échelle nationale ou locale. Nous nous rapprocherons donc de la définition institutionnelle, mais avec beaucoup de souplesse...ce qui nous permettra aussi de nous intéresser aux lieux alternatifs de création et d'exposition (micro-aménagement de l'espace), sans nous soucier de l'appartenance " officielle » de ces artistes à l'art contemporain. Nous avons écarté de notre champ d'étude les lieux consacrés aux périodes

artistiques précédentes. En effet, le sujet aurait alors été trop étendu et nous verrons que

les nouveaux lieux créés en France concernent essentiellement l'art contemporain. Les

exceptions à cette règle sont très rares et s'expliquent par une volonté exprimée au plus

haut niveau de l'exécutif. Il s'agit principalement des musées d'Orsay et des Arts Premiers, soutenus personnellement par les présidents de la République Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac. Le problème de la définition de l'art contemporain ne se limite pas à la chronologie, il concerne aussi les modes et les champs d'interventions des artistes. L'art Le triple jeu de l'art contemporain, Paris, Ed. de Minuit, 1998, p. 10. 13 contemporain est de plus en plus transdisciplinaire. Il n'est pas rare de voir des plasticiens travailler avec des musiciens et des danseurs. La frontière entre ces disciplines est de moins en moins étanche ; certains plasticiens sont ou deviennent parfois eux-mêmes compositeurs, chorégraphes ou cinéastes. Cela n'a pas réellement de conséquences spatiales car nous verrons que les nouveaux lieux dédiés à l'art contemporain font preuve d'une grande polyvalence et s'adaptent facilement aux

contraintes liées à cette transdisciplinarité. Nous réduirons toutefois l'art contemporain

aux seuls arts plastiques (peinture, sculpture, photo, vidéo, art numérique...), sans évacuer les possibilités de démarches transdisciplinaires, mais en écartant volontairement l'architecture. En effet, inclure l'architecture contemporaine reviendrait à beaucoup trop élargir notre domaine d'étude, jusqu'à lui faire perdre toute sa spécificité. Nous n'aborderons les questions architecturales que si elles sont liées directement à un lieu consacré à l'art contemporain. Nous verrons alors que l'efficacité spatiale d'un lieu est parfois autant liée au contenant (le bâtiment et son architecture) qu'au contenu (les oeuvres exposées). La multiplication du nombre de lieux de l'art contemporain et des activités qu'ils induisent, sur tout le territoire français, a engendré des flux, humains (les artistes, le public), matériels (les oeuvres) et financiers (investissements). Elle est due aux interventions des différents acteurs : artistes, publics, marchands, acheteurs, institutions, collectivités territoriales, Etat... Nous pouvons donc envisager l'étude d'une géographie de l'art contemporain en

France.

Cela revient à décrire et analyser, à différentes échelles, le fonctionnement et la répartition des lieux de l'art contemporain. Nous pourrons alors étudier les conséquences sur l'aménagement du territoire. Il faudra auparavant déterminer le mode d'inscription spatiale des différents acteurs. Nous insisterons notamment sur celui des artistes, à travers l'analyse de leurs pratiques, mais aussi à travers la création et le

fonctionnement des lieux qui sont consacrés à la réalisation ou à la monstration de leurs

oeuvres. Notre démarche s'inscrit donc dans deux champs de la géographie. Elle relève tout d'abord de la géographie culturelle, non pas perçue comme une approche culturelle 14 des faits géographiques 14 , mais comme une géographie du fait culturel, au même titre que " ...la géographie commerciale est une géographie du commerce. Elle s'intéresse à

la géographie des lieux sacrés, des universités, des musées, des cinémas, des restaurants,

etc... Il s'agit de la culture au sens le plus large du terme en tant qu'elle se manifeste dans des pratiques et s'inscrit dans des espaces » 15 . Elle relève aussi de la géographie sociale qui analyse les relations entre les hommes et les espaces " ...à savoir les pratiques, les usages, les représentations, les imaginaires, les systèmes de valeurs et les stratégies que les acteurs déploient dans l'espace » 16 . Notre inscription dans une géographie sociale ne signifie pas le refus systématique d'une géographie vidalienne présentée avant tout comme la " science des lieux ». Nous insisterons certes sur la spatialité des différents acteurs : Etat, collectivités territoriales, artistes, publics, galeristes, collectionneurs... le lieu étant donc d'abord envisagé comme le cadre et le

résultat de leurs actions. Les lieux seront tout de même ensuite étudiés de manière plus

classique, à travers l'analyse des répartitions, à différentes échelles, selon une approche

typologique fondée sur des critères de localisation. Notre géographie est donc toujours

une " science des lieux », abordée à travers l'étude des hommes en société. L'analyse

critique des politiques d'aménagement culturel du territoire et de la démocratisation de l'art contemporain, dans le cadre plus large de l'étude des politiques culturelles, confirme effectivement notre inscription dans une géographie sociale. Ce sujet, pourtant rattaché à des branches fertiles de la géographie (urbaine,

culturelle, sociale, aménagement) a été peu abordé (cf bibliographie) par les géographes

français et étrangers, tout au moins dans sa globalité. Cela peut sembler paradoxal : " ... la culture devient aujourd'hui une question d'actualité, la relation qu'elle entretient avec les lieux n'a pas pour autant été fouillée par les géographes » 17 . Cette affirmation, concernant l'ensemble des champs culturels, est encore plus pertinente au niveau de l'art contemporain. La thèse de Françoise Lucchini, sur " Les équipements culturels des villes françaises » 18 constitue cependant une exception et aborde le sujet. Toutefois, elle ne Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, sous la direction de Jacques LEVY et Michel LUSSAULT, Paris, Belin, 2003, p. 218. 16

Laurent CAILLY, in Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, sous la direction de Jacques LEVY

et Michel LUSSAULT, Paris, Belin, 2003, p. 854. 17 Maria GRAVARI-BARBAS, Philippe VIOLIER, Lieux de culture - culture des lieux, Rennes, Presses

Universitaires de Rennes, 203, p. 11.

18 Thèse de doctorat de géographie, Université de Paris I Panthéon - Sorbonne, 1998, p. 15 prend en compte qu'une cinquantaine d'artothèques, 31 centres d'art conventionnés et

les écoles d'art. Cette vision très partielle, par rapport aux 2 657 lieux référencés en

2003 dans l'Annuaire de l'art contemporain, créé par le Centre national des arts

plastiques, est censée permettre d'élaborer une typologie des politiques culturelles municipales. Les résultats sont bien entendu faussés par le caractère trop restreint des critères retenus. Cela est d'autant plus vrai que l'implantation d'un centre d'art ne relève que très rarement d'une stratégie municipale, mais plutôt, comme nous le verrons ultérieurement, d'un engagement d'individus particulièrement motivés. Ce travail, dont nous ne contestons pas les conclusions générales, n'apporte donc pas une réelle contribution à la construction d'une géographie de l'art contemporain. Nous pouvons cependant observer une prise en compte récente, mais néanmoins modeste, de cette thématique. Alors que " Les mots de la géographie, dictionnaire critique » 19 ignorait le terme " art », le " Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés » 20 , plus récent, possède cette entrée. Un texte de Rodolphe de Koninck y présente les quelques travaux d'une géographie des arts qu'il qualifie de " balbutiante [et qui pourrait] avoir l'ambition d'apporter sa contribution à la connaissance des

phénomènes artistiques en renouvelant les outils et les méthodes utilisés jusqu'alors par

l'histoire ou la sociologie de l'art ». Il décrit quelques thèmes développés par les géographes : " le développement des foyers artistiques - en relation avec le concept centre / périphérie - et, d'autre part, la mise en évidence des dynamiques de diffusion des innovations comme des productions ». Les travaux évoqués, mais non cités, ne concernent pas l'art contemporain. Il suggère aussi l'étude de la circulation des oeuvres d'art qui " est un des indicateurs sûrs, mais peu utilisé, du fonctionnement du système-quotesdbs_dbs46.pdfusesText_46
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