[PDF] SEQUENCE II : Le personnage de roman un héros trop humain





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Descriptif des activités : Epreuves anticipées de Français 2016 Descriptif des activités : Epreuves anticipées de Français 2016

Lecture cunsive (lecture d'été pour toutes les classes de première) : La Mort du Roi Tsongor de Laurent Gaudé. Actiütés personnelles : Page 3. Séquence 2 zLe 



SEQUENCE II : Le personnage de roman un héros trop humain

Texte 5 : Laurent Gaudé La mort du roi Tsongor



La mort du roi Tsongor Laurent Gaudé Introduction

SEQUENCE 3 : LA2 « La mort du roi »



Étude des malentendus socio-cognitifs présents dans lexercice de

21 sept. 2020 Annexe 3. Texte support de la lecture analytique distribué aux élèves : Gaudé



Documents ressources classe de terminale – AU XX° siècle l

- Séance à dominante lecture : lecture analytique de deux extraits dans ce premier lecture du roman La mort du roi Tsongor et sur vos lectures personnelles.



Ressources pour la classe terminale préparatoire au baccalauréat

- Séance à dominante lecture : lecture analytique de deux extraits dans ce premier ensemble la lecture du roman. La Mort du roi Tsongor et sur vos lectures ...



La Mort du Roi Tsongor La Mort du Roi Tsongor

. . . . . . . . 9. Chapitre II ‒ Le voile de Souba . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .47. Chapitre III ‒ La guerre .



Fiche Séquence de Français (Bac Pro)

Cette étude de La mort du roi Tsongor de Laurent Gaudé (2002) s'inscrit dans Lecture analytique : la signification des tombeaux et de la quête. Oral ...



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La Mort du Roi Tsongor Lecture analytique 1 Une Antiquité

chapitre p.52 « Et plein d'effroi » -> toutes les composantes de la tragédie ... La Mort du Roi Tsongor. Lecture analytique 3. Le Personnage et le souffle épique.



La Mort du Roi Tsongor Lecture analytique 1 Une Antiquité

On comprend donc que le déroulement normal de la journée est bouleversé et qu'un grand. Page 3. événement se prépare. Celui-ci est annoncé à la fin du dernier 



FICHE PÉDAGOGIQUE - LA MORT DU ROI TSONGOR – Laurent

(8 sous-chapitres.) 6 - Perspectives d'étude thèmes. Massaba et les 7 collines (4 au nord et 3 au sud). Souba et 



La Mort du Roi Tsongor

TEXTE INTÉGRAL. Laurent Gaudé. La Mort du roi Tsongor Présentation notes



Classe de 1ère S3 SEQUENCE 3 : LA3 « Le souffle épique »

http://litterature.emoi.free.fr/data/documents/pdf/s3s5la3-le-souffle-epique.pdf



Résumé de La mort du roi Tsongor de Laurent Gaudé 2002 Roman

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La mort du roi Tsongor Laurent Gaudé Introduction : - auteur + con

- situation de l'extrait : chapitre 1 - le roi Tsongor et Katabolonga sont liés par un serment ancien : le fidèle serviteur dernier guerrier à avoir affronté 



Fiche Séquence de Français (Bac Pro)

Etude de l'œuvre intégrale La mort du Roi Tsongor de Laurent GAUDE. Un récit mythique qui interroge la condition humaine et les tragédies du XX.



Lecture analytique 1 Incipit de La mort du roi Tsongor Laurent Gaudé

4) dont on ne saisit pas forcément très bien le rôle mais il semble avoir une valeur symbolique et confère un certain mystère au personnage. - Personnages 



Candide ou lOptimisme Candide ou lOptimisme

TEXTE ÉTUDIÉ. 7. Chapitre 3 – Comment Candide se sauva Le texte de Voltaire cherche à démonter le discours des ... La Mort du roi Tsongor.



SEQUENCE II : Le personnage de roman un héros trop humain

Texte 3 : Sylvie Germain Le livre des nuits

SEQUENCE II : Le personnage de roman, un héros trop humain...Lectures analytiques

Texte 1 : Stendhal, La chartreuse de Parme, 1

ère partie, ch 3, 1839Texte 2?: Hugo, Les Mis

érables, 1862, Tome 2

Texte 3 : Sylvie Germain, Le livre des nuits, 1984

Texte 4 : Pierre Lemaitre, Au revoir l

à-haut, 2013

Texte 5 : Laurent Gaud

é, La mort du roi Tsongor, chap. VI, 2002

Texte 1 - Stendhal, La chartreuse de Parme, 1839, Ière partie, ch. 3Nous avouerons que notre h

éros était fort peu héros en ce moment. Toutefois la peur nevenait chez lui qu'en seconde ligne?; il

était surtout scandalisé de ce bruit qui lui faisait mal auxoreilles. L'escorte prit le galop?; on traversait une grande pi

èce de terre labourée, située au-delà ducanal, et ce champ

était jonché de cadavres. - Les habits rouges?! les habits rouges1?! criaient avec joie les hussards de l'escorte, et d'abord

Fabrice ne comprenait pas?; enfin il remarqua qu'en effet presque tous les cadavres

étaient vêtus derouge. Une circonstance lui donna un frisson d'horreur?; il remarqua que beaucoup de ces

malheureux habits rouges vivaient encore, ils criaient évidemment pour demander du secours, etpersonne ne s'arr

êtait pour leur en donner. Notre héros, fort humain, se donnait toutes les peines dumonde pour que son cheval ne m

ît les pieds sur aucun habit rouge. L'escorte s'arrêta ; Fabrice, quine faisait pas assez d'attention

à son devoir de soldat, galopait toujours en regardant un malheureuxbless

é. - Veux-tu bien t'arr

êter, blanc-bec?! lui cria le maréchal des logis2. Fabrice s'aperçut qu'il était àvingt pas sur la droite en avant des g

énéraux, et précisément du côté où ils regardaient avec leurslorgnettes. En revenant se ranger

à la queue des autres hussards restés à quelques pas en arrière, ilvit le plus gros de ces g

énéraux qui parlait à son voisin, général aussi, d'un air d'autorité et presquede r

éprimande?; il jurait. Fabrice ne put retenir sa curiosité?; et, malgré le conseil de ne point parler,à

lui donné par son amie la geôlière, il arrangea une petite phrase bien française, bien correcte, et dità

son voisin?: - Quel est-il ce g énéral qui gourmande son voisin?? - Pardi, c'est le mar

échal?!- Quel mar

échal?? - Le mar

échal Ney3, bêta?! Ah çà?! où as-tu servi jusqu'ici?? Fabrice, quoique fort susceptible, ne songea point

à se fâcher de l'injure?; il contemplait, perdu dansune admiration enfantine, ce fameux prince de la Moskova4, le brave des braves.

Tout

à coup on partit au grand galop. Quelques instants après, Fabrice vit, à vingt pas en avant, uneterre labour

ée qui était remuée d'une façon singulière. Le fond des sillons était plein d'eau, et la terrefort humide, qui formait la cr

ête de ces sillons, volait en petits fragments noirs lancés à trois ouquatre pieds de haut. Fabrice remarqua en passant cet effet singulier?; puis sa pens

ée se remit àsonger

à la gloire du maréchal. Il entendit un cri sec auprès de lui?: c'étaient deux hussards5 qui

tombaient atteints par des boulets?; et, lorsqu'il les regarda, ils

étaient déjà à vingt pas de l'escorte.Ce qui lui sembla horrible, ce fut un cheval tout sanglant qui se d

ébattait sur la terre labourée, enengageant ses pieds dans ses propres entrailles?; il voulait suivre les autres?: le sang coulait dans la

boue.

Ah?! m'y voil

à donc enfin au feu?! se dit-il. J'ai vu le feu?! se répétait-il avec satisfaction. Me voiciun vrai militaire.

À ce moment, l'escorte allait ventre à terre, et notre héros comprit que c'étaient desboulets qui faisaient voler la terre de toutes parts. Il avait beau regarder du c

ôté d'où venaient lesboulets, il voyait la fum ée blanche de la batterie à une distance énorme, et, au milieu du ronflementé

gal et continu produit par les coups de canon, il lui semblait entendre des décharges beaucoup plusvoisines?; il n'y comprenait rien du tout.

1L'uniforme anglais est alors rouge : cette indication permet d'identifier la bataille de Waterloo, première

confrontation directe avec l'Angleterre et défaite décisive de Napoléon.

2Sous-officier de cavalerie, grade équivalent à Sergent.

3Surnommé par l'Empereur le " Brave des braves », héros de la campagne de Russie, il a précipité par une charge

trop audacieuse la défaite de Waterloo.

4Titre gagné par le maréchal Ney lors de la campagne de Russie alors qu'il exécute une retraite audacieuse.

5Soldat de cavalerie légère.5

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Texte 2 : Victor Hugo, Les Misérables, 1862, Tome II, chap. 19 " Le champ de bataille la nuit ».

Le rôdeur nocturne que nous venons de faire entrevoir au lecteur allait de ce côté, il furetait cette

immense tombe. Il regardait. Il passait on ne sait quelle hideuse revue des morts. Il marchait les pieds

dans le sang.

Tout à coup il s'arrêta.

À quelques pas devant lui, dans le chemin creux, au point où finissait le monceau des morts, de

dessous cet amas d'hommes et de chevaux, sortait une main ouverte, éclairée par la lune. Cette main avait au doigt quelque chose qui brillait, et qui était un anneau d'or. L'homme se courba, demeura un moment accroupi, et quand il se releva, il n'y avait plus d'anneau

à cette main.

Il ne se releva pas précisément ; il resta dans une attitude fausse et effarouchée, tournant le dos au

tas de morts, scrutant l'horizon, à genoux, tout l'avant du corps portant sur les deux index appuyés à

terre, la tête guettant par-dessus le bord du chemin creux. Les quatre pattes du chacal conviennent à de

certaines actions.

Puis, prenant son parti, il se dressa.

En ce moment il eut un soubresaut. Il sentit que par derrière on le tenait.

Il se retourna ; c'était la main ouverte qui s'était refermée et qui avait saisi le pan de sa capote1.

Un honnête homme eût eu peur. Celui-ci se mit à rire. - Tiens, dit-il, ce n'est que le mort. J'aime mieux un revenant qu'un gendarme. Cependant la main défaillit et le lâcha. L'effort s'épuise vite dans la tombe. - Ah çà ! reprit le rôdeur, est-il vivant ce mort ? Voyons donc.

Il se pencha de nouveau, fouilla le tas, écarta ce qui faisait obstacle, saisit la main, empoigna le

bras, dégagea la tête, tira le corps, et quelques instants après il traînait dans l'ombre du chemin creux un

homme inanimé, au moins évanoui. C'était un cuirassier, un officier, un officier même d'un certain

rang ; une grosse épaulette d'or sortait de dessous la cuirasse ; cet officier n'avait plus de casque. Un

furieux coup de sabre balafrait son visage où l'on ne voyait que du sang. Du reste, il ne semblait pas

qu'il eût de membre cassé, et par quelque hasard heureux, si ce mot est possible ici, les morts s'étaient

arc-boutés au-dessus de lui de façon à le garantir de l'écrasement. Ses yeux étaient fermés.

Il avait sur sa cuirasse la croix d'argent de la Légion d'honneur. Le rôdeur arracha cette croix qui disparut dans un des gouffres2 qu'il avait sous sa capote.

Après quoi, il tâta le gousset de l'officier, y sentit une montre et la prit. Puis il fouilla le gilet, y

trouva une bourse et l'empocha.

Comme il en était à cette phase des secours qu'il portait à ce mourant, l'officier ouvrit les yeux.

- Merci, dit-il faiblement. La brusquerie des mouvements de l'homme qui le maniait, la fraîcheur de la nuit, l'air respiré librement, l'avaient tiré de sa léthargie. Le rôdeur ne répondit point. Il leva la tête. On entendait un bruit de pas dans la plaine ; probablement quelque patrouille qui approchait. L'officier murmura, car il y avait encore de l'agonie dans sa voix : - Qui a gagné la bataille ? - Les anglais, répondit le rôdeur.

L'officier reprit :

- Cherchez dans mes poches. Vous y trouverez une bourse et une montre. Prenez-les.

C'était déjà fait.

Le rôdeur exécuta le semblant demandé, et dit : - Il n'y a rien. - On m'a volé, reprit l'officier, j'en suis fâché. C'eût été pour vous. Texte 3 : Sylvie Germain, le Livre des Nuits, III, " Nuits des roses », chapitre 4, 1985

1Capote : Vêtement de dessus que portent les soldats pour se protéger du froid et de la pluie.

2Gouffres : Sac profond.5

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France, 1914. Augustin et Mathurin, deux frères jumeaux de 17 ans sont appelés au front. Augustin écritdans un journal pour t

émoigner de ce qu'ils vivent dans les tranchées. Ils se lient d'amitié avec sept autresoldats qui vont tous mourir les uns apr

ès les autres. Trois viennent d'être tués. Augustin continuait

à tenir son journal, au hasard des jours et des nuits. Il ne savait même plus pourquoi, pour qui, il faisait encore cela. Au d

ébut, il avait écrit pour les siens, pour sa famille et pour Juliette,afin de garder un lien avec eux, de demeurer, tout en

étant soldat, avant tout un fils, un frère, un fiancé, - unhomme en vie sauvegard

é par l'amour. Mais la vie refluait sans cesse, l'espoir se raréfiait, et la colère seglissait dans son coeur. D

éjà il n'écrivait plus pour les siens, il écrivait pour personne, pour rien, - il écrivaitcontre. Contre la peur, la haine, la folie et la mort.

Ange Luggieri se laissa tuer pour un rayon de soleil. L'hiver avait été si long, si rude, que lorsque leprintemps amor

ça une faible percée Ange ne put s'empêcher de pointer le bout de son nez en l'air, risquantune t

ête d'enfant ravi au-dessus du muret de sacs de sable derrière lequel il s'abritait : "Sentez donc ça, lesgars, c'est le printemps ! » s'exclama-t-il en dressant son visage vers le ciel bleuissant. Mais une grenade

doubla de vitesse le timide rayon de soleil et emporta la t ête du soldat Luggieri dont le sourire allègre éclataen bouillie. Le printemps ne se d écouragea pas pour autant, il s'entêta à faire éclore sur la terre éventrée desp

âquerettes rosées, des touffes de pervenche et de cresson doré, des primevères et des violettes dont l'odeurd

érivait dans l'air saturé de relents de poudre et de pourriture. Et comme pour souligner encore la joliessed

érisoire de cette effloraison des oiseaux invisibles se prenaient à chanter. Ils rentraient s'établir sur leurterre, sans souci de la guerre qui la leur disputait pourtant avec rage, et l'on pouvait entendre en contrepoint

de la mitraille le l

éger gazouillis des fauvettes et les sifflements flûtés des grives et des merles. Mais d'autresanimaux, plus nombreux et visibles, s'

égaillaient également sur le champ de bataille. Ceux-là ne migraientpas avec les saisons, mais avec les all

ées et venues de la guerre seulement. C'étaient les rats, quin'attendaient m

ême plus que les soldats soient morts, s'attaquant aussi bien aux blessés sur les brancards." En fait les rats c'est nous,

écrivit Augustin. Nous vivons comme des rats, à ramper jour et nuit dansla gadoue, les d

écombres, les cadavres. Nous devenons des rats, sauf que nous on a le ventre creux alorsqu'eux ils ont la panse si pleine qu'elle leur pend. Et puis il y a la vermine qui grouille jusque dans nos

gamelles. » Elle finit m

ême par grouiller dans l'imagination des soldats qui s'amusaient à attraper poux etpunaises pour les faire griller sur le feu apr

ès les avoir baptisés Hindenburg1, Falkenhayn2, Berlin, Munich ou

Hambourg et les avoir c

érémonieusement décorés de la croix de fer3. Les autres, en face, en faisaient tout autant.

Quelques regains de froid vinrent encore d

éfier le printemps, puis l'été prit le dessus. La guerres'

éternisait toujours. " Tout tremble. La terre est comme un gros animal pris de vomissements. Je ne saism

ême pas quel jour, quelle heure c'est. Des colonnes de fumées noires, suffocantes, passent en trombe. Leciel est noir comme une

énorme cheminée qu'on n'aurait pas ramonée depuis des siècles. On ne voit mêmeplus le soleil, et pourtant il fait chaud comme dans un four. On nous ordonne de tirer. Alors on tire. Mais on

ne sait m

ême pas sur quoi, sur qui. On ne voit rien. La fumée brûle les yeux. On tire les paupières fermées,gonfl

ées de terre et de fumée. Parfois je me dis : " Tiens, je suis mort, et je tire encore. Je vais tirer comme

a toute l'éternité. Tirer, tirer, sans plus jamais arrêter, car il n'y aura pas de jugement dernier pour mettre finà

cette horreur. C'est la mort, je suis là, et je tire. » Voilà ce que je me dis. Eh bien non, la fumée s'estdissip

ée, le tir a cessé. Ce n'était pas l'éternité. Je me suis frotté les yeux, quand je les ai rouverts, j'ai aperçuAdrian qui avait d

égringolé juste à côté de moi. J'ai cru qu'il avait culbuté et qu'il rigolait, la tête à larenverse. Mais quand je me suis approch

é, j'ai vu. Il avait la mâchoire fracassée, et plus de nez. Il avait aussiperdu une oreille et un oeil. Malgr

é tout, je l'ai reconnu. Il restait un oeil, un oeil d'un bleu très vif, commeune fleur de chicor

ée. Voilà, encore un camarade de tué. Quand ce sera mon tour, je pourrai pas racontercomment

ça s'est passé. Mais ça ne fait rien, car il n'y a plus rien à raconter, déjà. C'est toujours la mêmechose. Alors vous autres, vous pourrez bien inventer comment

ça s'est passé pour Mathurin ou pour moiquand on sera tu

és. Parce que maintenant, vous savez tout. Mais c'est quand même encore rien ce que vouspourrez savoir. Et puis, peut-

être que vous ne recevrez jamais ce cahier. »1Paul von Hindenburg, militaire et homme d'Etat allemand ; chef du grand Etat major de l'armée impériale

allemande.

2 Chef de l'Etat-magor, un des concepteurs de l'offensive de Verdun.

3Décoration décernée pour acte d'héroïsme 5

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Texte 4 : Pierre Lemaître, Au revoir là-hautNovembre 1919 Apr

ès la guerre, l'Etat confie à des société privées le soin d'exhumer les corps des soldats enterrés au frontet de les regrouper en de vastes n

écropoles militaires. Henri D'Aulnay Pradelle, ancien lieutenant, arrivisteet cupide, profite de cette horrible opportunit

é pour s'enrichir dans le commerce des cercueils. Il visite lascierie-menuiserie Lavall

ée, accompagné de son régisseur, pour acheter des cercueils. C'est de ces ateliers qu'était sorti le magniifique spécimen de cercueil destiné au Service des sépultures, une

superbe bière en chêne de première qualité, valant ses soixante francs. Maintenant qu'il avait rempli sa fonction

attractive vis à vis de la Commission d'adjudication, on pouvait passer aux choses sérieuses, aux cercueils qui

seraient efffectivement livrés.

Pradelle et Lavallée étaient dans l'atelier principal suivis de Dupré et d'un contremaître qui avait endossé son

bleu du dimanche pour l'occasion. On passa devant une série de cercueils alignés côte à côte, raides comme des

soldats morts et dont la qualité était visiblement dégressive.

- Nos héros..., commença doctement Lavallée en posant la main sur un cercueil en châtaigner, un modèle du

milieu de travée.

- Me faîtes pas chier avec ça, le coupa Pradelle. Qu'est-ce que vous avez à moins de trente francs ? [...]

- Ce qu'on vend pour ce prix-là, trente francs, c'est du peuplier. Faible résistance ! Ils vont se casser, s'efffondrer

même, parce qu'ils ne sont pas conçus pour la manutention. Au minimum, il faut du hêtre. Quarante francs. Et

encore ! Je dis ça, c'est à cause de la quantité, sinon, c'est du quarante-cinq francs...

Henri tourna la tête à gauche.

- Ça, c'est quoi ? On s'avança. Lavallée se mit à rire, à gorge déployée, un rire faux, trop sonore. - C'est du bouleau ! - Ça vaut combien ? - Trente-six... - Et ça ? Henri désignait un cercueil de ifin de gamme, juste avant les modèles en bois rebuté. - C'est du pin ! - Combien ? - Euh... trente-trois...

Parfait. Henri posa la main sur le cercueil, le tapota comme un cheval de course, quasiment admiratif, mais on

ne savait ce qu'il admirait, la qualité de la menuiserie, la modicité du prix ou son propre génie.

Lavallée crut devoir faire preuve de professionnalisme : - Si vous me permettez, ce modèle n'est pas vraiment adapté aux besoins. Voyez-vous... - Les besoins ? coupa Henri. Quels besoins ? - Le transport, cher monsieur ! Encore une fois, le transport, tout est là ! - Vous les expédiez à plat. Au départ, pas de problème ! - Oui, au départ... - A l'arrivée, vous les montez, pas de problème !

- Non, bien sûr. Le diiÌifiÌicile, voyez-vous, je me permets d'insister, c'est à partir du moment où commence à les

manipuler : on les descend du camion, on les pose, on les déplace, on procède à la mise en bière...

- J'ai entendu, mais à partir de là, ce n'est plus votre problème. Vous livrez, c'est tout. N'est-ce pas Dupré ?

Henri avait raison de se tourner vers son régisseur parce que ce serait son problème à lui. Il n'attendit d'ailleurs

pas la réponse. Lavallée aurait voulu argumenter, évoquer la réputation de sa maison, souligner... Henri le coupa

dans son élan : - Vous avez dit trente-trois francs ?

Le menuisier sortit en hâte son calepin.

- Vu la quantité que je commande, on va dire trente francs, hein ?

Lavallée cherchait son crayon, le temps de le trouver, il venait de perdre encore trois francs par cercueil.

- Non, non, non cria-t-il. C'est trente-trois en comptant avec la quantité !

On sentit que cette fois et sur ce point précis, Lavallée resterait inébranlable. On le vit à sa cambrure.

- Trente francs, non, c'est hors de question !

On aurait dit qu'il venait soudainement de grandir de dix centimètres, face rougie, crayon tremblant, intraitable,

le genre à se faire tuer sur place pour trois francs. Henri opina longuement de la tête, je vois, je vois, je vois... - Bien, dit-il enifin conciliant. Et bien, trente-trois francs. 5 10 15 20 25
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On n'en revenait pas, de cette reddition soudaine. Lavallée inscrivit le chifffre sur son carnet, cette victoire

inattendue le laissait frémissant, épuisé, rempli de crainte. - Dites-moi Dupré... reprit Henri d'un air soucieux. Lavallée, Dupré, le contremaître, tout le monde se raidit de nouveau. - Pour Compiègne et Laon, c'est du un mètre soixante-dix, non ? [...] Dupré approuva. Un mètre soixante-dix, c'est bien ça.

- On a dit trente-trois francs pour un mètre soixante-dix, reprit Pradelle à l'intention de Lavallée. Et pour un

mètre cinquante ?

Surpris par cette nouvelle approche, personne ne se ifigura ce que voulait dire concrètement des cercueils moins

longs que prévu. Le menuisier n'avait pas envisagé cette hypothèse, il fallait calculer, il rouvrit son carnet, se

lança dans une règle de trois qui prit un temps fou. On attendait. Henri se tenait toujours devant le cercueil en

pin, il avait cessé de lui lflatter la croupe, le couvait simplement du regard comme s'il se promettait une bonne

partie de plaisir avec une ifille nouvellement arrivée. Lavallée leva enifin les yeux, l'idée faisait son chemin dans son esprit. - Trente francs... déclara-t-il d'une voix blanche. - Han, han, ifit Pradelle, la bouche entrouverte, pensif.

Chacun commençait à imaginer les conséquences pratiques : placer un soldat mort d'un mètre soixante dans un

cercueil d'un mètre cinquante. Dans l'esprit du contremaître, il fallait plier la tête du mort, le menton contre la

poitrine. Dupré pensait plutôt qu'on placerait le cadavre sur le lflanc, les jambes légèrement repliées. Gaston

Lavallée, lui, ne voyait rien du tout, il avait perdu deux neveux dans la Somme le même jour, la famille avait

réclamé les restes, il avait fabriqué lui-même les cercueils, chêne massif, avec une grande croix et des poignées

dorées, et il se refusait à imaginer de quelle manière on ferait entrer des corps trop grands dans des bières trop

petites.

Pradelle prit alors l'air du type qui demande un renseignement sans conséquence, à toutes ifins utiles, juste pour

savoir :

- Dites-moi, Lavallée, des cercueils d'un mètre trente, ça irait chercher dans les combien ?

Une heure plus tard, on avait signé l'accord de principe. Deux cents cercueils seraient acheminés chaque jour en

gare d'Orléans. Le prix unitaire était descendu à vingt-huit francs. Pradelle était très satisfait de la négociation.

Il venait de rembourser son Hispano-Suza.

Chapitre 14, novembre 1919, pp 250-25650

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Texte 5 : Laurent Gaudé, La mort du roi Tsongor, chap VI, 2002

Le roman présente une réécriture de la guerre de Troie. Le roi Tsongor promet sa ifille Samilia au

prince Kouame. Cependant, Sango Kerim, amoureux de sa ifille, revendique également sa main. Pour

éviter le conlflit entre les deux hommes, le roi Tsongor se sacriifie. Mais la guerre éclate ; deux camps

s'afffrontent ; les partisans du prince et ceux de Sango Kerim. Le passage se situe à la ifin du roman, lors

du dernier combat. Sango Kerim et Kouame ont proposé à ceux qui le veulent de s'en aller.

Il ne resta dans la plaine qu'une poign

ée d'hommes. C'étaient les fous brûlés par la guerre, quiacceptaient d'embrasser la vengeance. Tous avaient encore un homme

à tuer. Tous voulaient venger un frèreou un ami et fixaient avec la haine sauvage du chien celui sur lequel ils se jetteraient.

Le vieux Barnak

était là. À ses pieds, ceux qui, parmi ses compagnons, avaient décidé de partiravaient d

éposé leur réserve de khat. Il y en avait tant que cela formait un monticule d'herbe séchée.Lentement, il se pencha et,

à pleine main, engouffra le khat dans sa bouche. Il mâchait, recrachait, sepenchait

à nouveau et reprenait une poignée d'herbe. Lorsqu'il eut tout recraché, il ne resta autour de lui quedes bouts de racines mastiqu

és. Il se murmura à lui-même : " Maintenant, je ne dormirai plus jamais. »

Jamais aucun homme n'avait aval

é une telle quantité de drogue. Son corps tout entier était traverséde soubresauts. Ses muscles fatigu

és par les années avaient de nouveau la vigueur des serpents. Les visionsqui l'assaillaient lui faisaient tourner les yeux et venir la bave aux l

èvres.Le signal fut donn

é et ce fut la mêlée. Un dernier assaut de forcenés. Il n'y avait plus de stratégie,plus de fraternit

é. Chacun se battait pour lui-même. Non pas pour préserver sa vie, mais pour prendre cellede l'ennemi qu'il s'

était désigné. C'était comme une mêlée de sangliers. Les têtes étaient fracassées. Des jetsde sang venaient inonder les visages. Les armures

étaient éventrées. Une clameur horrible de râles guerriersfaisait trembler les vieux murs immobiles de Massaba.

Sango Kerim et Kouame, les premiers, se ru

èrent l'un sur l'autre. Et au milieu de la cohue, ils essayaient, àtoute force, de se percer les flancs. Mais encore une fois, ni l'un ni l'autre ne parvenait

à vaincre. La sueurperlait sur leur front. Ils s' épuisaient vainement au combat. C'est alors que surgit Barnak. D'un geste ampledu bras, il d

écapita Sango Kerim. Sa tête, tristement, roula dans la poussière et il n'eut pas même le temps dedire adieu

à la cité qui l'avait vu naître. Déjà la vie coulait hors de lui. Kouame abaissa son glaive. Il n'enrevenait pas. Son ennemi gisait l

à, à ses pieds. Mais il n'eut pas le temps de se réjouir de cette victoire. Levieux Barnak le regardait maintenant avec ses yeux hallucin

és. Il ne reconnaissait plus personne. Il ne voyait,partout autour de lui, que des corps

à transpercer. Il enfonça son arme jusqu'à la garde dans le cou deKouame qui le fixa avec de grands yeux

étonnés. Il s'effondra à terre. Sans vie. Tué par son ami, aux pieds deson rival d écapité.Barnak, alors, fut assailli par des dizaines de guerriers, des deux camps m êlés. Ils l'encerclèrent comme deschasseurs qui acculent une b

ête sauvage et le harcelèrent de coups. Il mourut ainsi. Frappé par des dizainesde lances. Pi

étiné et lapidé par les deux armées.Partout les guerriers tombaient. Partout, les corps s'entassaient. Tout s'

épuisait doucement. Il ne restait qued'horribles bless

és qui se traînaient, à la force des bras, pour tenter d'échapper au festin des hyènes qui déjàse pressaient dans la plaine. Sako fut le dernier

à mourir. Son frère Danga lui ouvrit le ventre et répandit sesentrailles. Dans un dernier effort, il parvint

à frapper Danga au pied. Du sang jaillit du tendon sectionné maisDanga riait. Il avait gagn

é." Tu meurs, Sako, et la victoire est à moi. A moi, Massaba et le royaume de mon père. Tu meurs. Je t'ai

terrassé. »

Il laissa le cadavre de son frère derrière lui et voulut courir à Massaba. Pour ouvrir les portes de la ville

en seigneur. Pour jouir de son bien. Mais de sa blessure, le sang continuait à couler. Il ne pouvait plus marcher

et s'afffaiblissait. La ville, alors, lui sembla inifiniment loin. Il rampait maintenant. En riant toujours. Il ne se

rendait pas compte que la prédiction s'accomplissait. Lui, le jumeau de Sako, qui était né deux heures après son

frère, mourrait deux heures après lui. Ils vivraient le même temps de vie. Sako l'avait précédé dans la mort et il

l'attendait. Impatient. Danga, lentement, se vida de son sang. Et de même qu'il était né le visage propulsé dans

les bras baignés par le sang de son frère, il agonisa dans la poussière rouge du carnage. Tout était accompli. La

mort de l'un signiifiait à l'autre le terme de sa vie. Lorsque Danga expira, sans avoir pu atteindre les portes de la ville, ce fut un immense silence qui s'abattit sur Massaba. Il n'y avait plus personne. C' était l'heure des charognards et du vol lourd des oiseauxcarnassiers.5 10 15 20 25
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