[PDF] DONALD TRUMP ET LE PROTECTIONNISME : LES DANGERS D





Previous PDF Next PDF



theme-5-protectionnisme-raisons-et-risques.pdf

Risque de freiner les exportations par des mesures de rétorsion de la part des pays victimes du protectionnisme=> baisse de la croissance. Favorise des 



Après la crise: Éviter le protectionnisme - Finances et

Le commerce mondial s'est contracté dans les derniers mois de l'année. 2008. Les dirigeants disent avoir tiré les leçons de la grande crise des années 30 et s' 



DONALD TRUMP ET LE PROTECTIONNISME : LES DANGERS D

LE PROTECTIONNISME : LES DANGERS D'UNE. ILLUSION. › Annick Steta. En décidant début mars d'augmenter les taxes pesant sur les importations d'acier et 



Chapitre 1 : Quels sont les fondements du commerce international et

4) Fondements et risques du protectionnisme. 5) FMN et commerce intra-?firme au cœur de la mondialisation de la production.



DONALD TRUMP ET LE PROTECTIONNISME : LES DANGERS D

LE PROTECTIONNISME : LES DANGERS D'UNE. ILLUSION. › Annick Steta. En décidant début mars d'augmenter les taxes pesant sur les importations d'acier et 



La crise et au-delà

danger et les formes manifestes de protectionnisme ont été évitées dans une large mesure. exposé aux dettes à haut risque qui ont grippé les.



Chapitre 11 : Quels sont les fondements du commerce international

4) Fondements et risques du protectionnisme. 5) FMN et commerce intra-?firme au cœur de la mondialisation de la production.



PROTECTIONNISME DANS LASSURANCE ET LA

Pour être fiables donc solvables



Déclaration de M. Le Maire France

https://www.imf.org/External/spring/2018/imfc/statement/fra/fra.pdf

155

DONALD TRUMP ET

LE PROTECTIONNISME :

LES DANGERS D'UNE

ILLUSION

n décidant début mars d'augmenter les taxes pesant sur les importations d'acier et d'aluminium, à hau teur de 25 % pour les premières et de 10 % pour les secondes , le président des États-Unis a provoqué une levée de boucliers. Les autorités des pays visés par cette mesure ont immédiatement condamné cette nouvelle atteinte de Donald Trump au multilatéralisme commercial. Alors que l'hôte de la Maison-Blanche avait assuré, dans un Tweet daté du 3 mars, que " les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner

», le président du

Conseil européen, Donald Tusk, a rétorqué quelques jours plus tard que " les guerres commerciales sont mauvaises et faciles à perdre ». Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a annoncé que l'Union européenne préparait des mesures de rétorsion compatibles avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Ces mesures consisteraient à relever de façon signi?cative le niveau des taxes à l'importation frappant des produits américains emblématiques ou fabriqués dans des États associés à des personnalités soutenant Donald Trump. Pourraient notamment être concernés le

études, reportages, réexions

156
bourbon, qui est produit dans le Kentucky - ?ef de Mitch

McConnell,

chef de la majorité républicaine au Sénat depuis 2017 -, et les motos Harley-Davidson, qui sont fabriquées dans le Wisconsin - terre d'élection de Paul Ryan, membre du Parti républicain et président de la Chambre des représentants depuis 2015. L'Union européenne avait adopté une stratégie similaire en 2002. Soucieux de défendre l'industrie sidérurgique américaine, George W. Bush avait à cette

époque imposé des droits de douane frap

pant di?érents types d'acier et allant jusqu'à 30
% . La Commission européenne répli- qua en taxant les importations de jus d'orange américain, lequel est essentiellement produit en Floride - État dont le gouverneur était Jeb Bush et dont les voix avaient, au terme d'un recomptage chaotique, assuré la victoire du candidat républicain à l'élection présidentielle de novembre

2002. A?n de répondre à la hausse des taxes à l'importation

annoncée par Donald Trump, la Commission européenne envisage également de prendre des mesures de sauvegarde, qui permettent de protéger une branche d'activité spéci?que en cas de hausse imprévue des importations. De telles mesures pourraient trouver à s'appliquer si l'imposition par les États-Unis de taxes à l'importation avait pour conséquence un détournement des importations mondiales d'acier et d'aluminium vers l'Union européenne, détournement qui aurait pour e?et de pousser les prix à la baisse. Du point de vue économique, la décision prise par Donald Trump n'a aucun sens. Le président des États-Unis prétend vouloir assurer la pérennité de l'industrie américaine de l'acier et de l'alumi nium, qui emploie 140

000 salariés. Ce faisant, il prend le risque de

mettre en péril les secteurs qui, comme l'aéronautique, l'automobile, la construction et l'emballage, sont les principaux utilisateurs de ces métaux. La taxation des importations d'acier et d'aluminium accroî tra les coûts qu'ils supportent : les producteurs américains d'acier et d'aluminium tendront en e?et à aligner les prix de leurs produits sur ceux des métaux importés. Elle érodera donc la compétitivité de sec teurs regroupant 6,5 millions de salariés. Selon certaines estimations, les mesures annoncées par Donald Trump pourraient se traduire par la 157
donald trump et le protectionnisme : les dangers d'une illusion création de 10

000 emplois dans l'industrie sidérurgique et par la des-

truction de 80

000 emplois dans les secteurs utilisant l'acier. Le bilan

serait donc largement négatif. Cela n'aurait rien d'une surprise : la hausse des taxes à l'importation sur l'acier décidée en 2002 par George W. Bush avait eu pour conséquence la destruction de 200

000 emplois

dans les industries de transformation utilisant ce métal - un nombre supérieur à celui du total des emplois dans l'industrie sidérurgique américaine, laquelle occupait 187

500 personnes en décembre 2002

. En?n, ces mesures pénaliseront plusieurs pays alliés des États- Unis et ne concerneront que marginalement la Chine. Le Canada et le Mexique, qui sont respectivement le premier et le quatrième four nisseur d'acier des États-Unis, échappent pour le moment à la hausse des taxes à l'importation décidée par Donald Trump. Le président des États-Unis lie leur sort à la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena), dont la huitième session de négociationsi a été repoussée de mars à avril. Washington souhaite en particulier introduire dans le texte de l'accord une " clause crépusculaire » qui permettrait de mettre ?n à l'Alena tous les cinq ans, sauf si les trois États membres s'accordaient à le prolonger. D'autres partenaires com merciaux des États-Unis sont exemptés de ces taxes jusqu'au 1 er mai les pays de l'Union européenne, l'Argentine, l'Australie, le Brésil et la Corée du Sud. Dans l'immédiat, ce sont donc d'autres pays exporta teurs d'acier et d'aluminium qui devraient être touchés : la Russie, la Turquie, le Japon et Taïwan. La Chine ne produit quant à elle que 2 de l'acier importé par les États-Unis. Le ministre chinois des A?aires étrangères, Wang Yi, a néanmoins vivement critiqué la décision prise par Donald Trump. Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue le 8 mars, il a rappelé que " la guerre commerciale est un mauvais remède » dont " l'issue ne peut être que fatale ». Comme les représen- tants d'autres pays opposés à l'augmentation des taxes à l'importation annoncée par le président des États-Unis, Wang Yi redoute moins l'impact immédiat de ces mesures que leurs conséquences ultérieures. Elles sont en e?et susceptibles de désorganiser les chaînes de piroduc tion d'une multitude de secteurs d'activité, qui sont désormais forte ment internationalisées. C'est en raison de cette imbrication que ile

études, reportages, réexions

158
déclenchement d'une " guerre commerciale » mondiale pourrait avoir des conséquences catastrophiques. L'annonce faite le 22 mars par Donald Trump d'importantes sanctions commerciales visant la Chine a accru la probabilité d'un tel con?it. Bien qu'elle soit économiquement inepte, la stratégie du président des États-Unis est cohérente avec ses promesses de campagne et avec les convictions de son électorat. L'ancien homme d'a?aires new-yorkais, qui a triomphé de seize candidats lors des primaires du Parti républicain pour l'élection présidentielle de novembre

2016, a rompu avec la tradi-

tion libre-échangiste du parti de l'éléphant. En développant une rhéto rique consistant à mettre en cause les pratiques commerciales des pays tiers et à se poser en protecteur des travailleurs américains, il a séduit des individus dont les perspectives économiques se sont réduites et qui sont hantés par la peur du déclassement. Entrent également en jeu des consi dérations de géographie économique : en prenant le parti des ouvriers de la métallurgie, Donald Trump prétend rendre vie aux États désin dustrialisés de la " ceinture de la rouille » (Rust Belt). Mais il y a fort à parier qu'il cherche surtout à préserver sa majorité lors des élections de mi-mandat qui auront lieu en novembre prochain. Là encore, il met ses pas dans ceux de George W. Bush. Lorsque le quarante-troisième pré sident des États-Unis avait imposé des taxes à l'importation sur l'acier, il avait lui aussi en ligne de mire des élections de mi-mandat. Il savait notamment que ces mesures auraient un impact positif rapidement per ceptible sur l'industrie sidérurgique de trois États représentant un enjeu important pour ces élections : la Virginie-Occidentale, la Pennsylvanie et l'Ohio . Une bonne part de cynisme entre donc dans le bras de fer commercial engagé par Donald Trump. Le choix de faire reposer ces hausses de barrières tarifaires sur une loi adoptée durant la guerre froide en dit par ailleurs long sur les motivations du président des États-Unis. La section 232 du Trade Expansion Act de 1962 permet de prendre des dispositions destinées 159
donald trump et le protectionnisme : les dangers d'une illusion à réduire des importations représentant une menace pour la sécu rité nationale. Si l'administration Trump a invoqué la section 232, c'est parce qu'elle estime que les importations d'acier et d'aluminium menacent la pérennité d'une production nationale indispensable aux forces armées et à certaines industries d'intérêt stratégique. Il semble toutefois baroque de considérer que des importations provenant en majeure partie de pays alliés des États-Unis peuvent représenter quelque menace que ce soit pour la sécurité de la première puissance mondiale. On ne peut cependant exclure que l'Organe de règlement des di?érends (ORD) de l'OMC valide les mesures prises par le pré sident des États-Unis s'il venait à être saisi par des États victimes de ces restrictions aux échanges. L'article 21 de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (General Agreement on Tari?s and Trade (Gatt)), au respect duquel veille l'OMC, prévoit un certain nombre d'exceptions concernant la sécurité des parties contractantes. En par ticulier, aucune disposition du Gatt ne peut être interprétée " comme empêchant une partie contractante de prendre toutes mesures qu'elle estimera nécessaires à la protection des intérêts essentiels de sa sécu rité ». Parce que l'article 21 du Gatt donne une très grande latitude aux parties contractantes, il n'a été invoqué qu'une douzaine de fois en soixante-dix ans. Aucune de ces a?aires n'est d'ailleurs allée su?sam ment loin pour que l'ORD soit saisi. S'il en allait di?éremment cette fois-ci, les membres de cet organe devraient faire face à un dilemme. En considérant que le recours à l'article 21 du Gatt est justi?é, l'ORD autoriserait de facto d'autres États à mettre en oeuvre des restrictions aux échanges fondées sur des considérations douteuses. Mais donner tort aux États-Unis reviendrait à a?rmer qu'un panel genevois est mieux à même d'évaluer les menaces pesant sur la sécurité d'un pays membre que ne le sont ses plus hauts dirigeants . Raillé pour son ignorance et ses emportements, Donald Trump a réussi à créer un piège parfait : en attaquant sa décision, les pays tiers pourraient contri- buer à discréditer l'OMC. Dans leur écrasante majorité, les États membres de l'OMC veillent à ne pas fragiliser le multilatéralisme commercial. Il en allait jusqu'à présent ainsi des États-Unis. Bien qu'ils se soient toujours montrés

études, reportages, réexions

160
réservés à l'égard de cette organisation, ils n'avaient pas cherché à la vider de sa substance. Contrairement à ses prédécesseurs, Donald Trump semble décidé à paralyser l'institution genevoise. Parce que Washington bloque les nominations nécessaires pour remplacer trois membres sortants, l'Organe d'appel de l'ORD, qui connaît des appels concernant des rapports remis par des groupes spéciaux dans le cadre de di?érends soumis par des États membres de l'OMC, pourrait ne plus être en mesure d'assurer sa mission d'ici quelques mois. Un quatrième membre doit en e?et quitter ses fonctions ?n septembre. L'Organe d'appel de l'ORD étant composé de sept membres, il n'en restera donc plus que trois. Cette formation réduite ne permettra pas de traiter l'ensemble des litiges qui pourraient être soumis à l'Organe d'appel. Ce travail de sape n'est qu'un élément du virage protec tionniste engagé par Donald Trump. Dès son arrivée au pouvoir, il a désengagé les États-Unis de l'Accord de partenariat transpaci?que (Trans- Paci?c Partnership Agreement (TPP)), un traité multilatéral de libre-échange visant à intégrer les économies des deux rives du Paci ?que. En mars

2018, les onze autres États parties au TPP ont signé

une nouvelle version de cet accord. Membre du Peterson Institute for International Economics, Je?rey Schott considère qu'en restant en dehors, " les États-Unis sont assurément les grands perdants du nouveau TPP. Les entreprises américaines seront défavorisées sur des marchés importants tels que le Japon par rapport à leurs concurrentes canadiennes ou mexicaines

» . Donald Trump entend par ailleurs

contraindre le Canada et le Mexique à consentir d'importantes conces sions dans le cadre de la renégociation de l'Alena. Il s'est en?n dit prêt à exempter durablement certains États alliés de la hausse des taxes sur les importations d'acier et d'aluminium, ce en fonction d'un certain nombre de critères qui restent à dé?nir. Autrement dit, le président des États-Unis cherche à substituer des rapports de force aux règles commerciales internationales, qu'il s'agisse de celles de l'OMC ou de celles régissant les accords régionaux de libre-échange. En agissant de la sorte, Donald Trump sacri?e les intérêts de l'éco nomie américaine à ceux - parfois réels, mais souvent fantasmés - d'une petite partie de la population. Comme d'autres responsables 161
donald trump et le protectionnisme : les dangers d'une illusion politiques, dont Emmanuel Macron, il a compris que le clivage entre ceux qui tirent pro?t de l'ouverture des frontières et ceux qui enquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46
[PDF] les risques geologiques (dans le chapitres des séismes)

[PDF] les risques géologiques naturels

[PDF] les risques geologiques pour l'homme

[PDF] les risques géologiques svt 4ème

[PDF] Les risques infectieux :comment fonctionne les antibiotiques sur les bactéries

[PDF] Les risques lies a l'activités interne du globe

[PDF] Les risques liés au courant du secteur

[PDF] Les risques liés aux déchets médicaux

[PDF] les risques majeurs

[PDF] Les risques majeurs au Japon

[PDF] les risques majeurs pdf

[PDF] les risques naturels cm2

[PDF] les risques naturels dans l'île de la réunion ccf

[PDF] les risques professionnels dans l'activité de travail

[PDF] les risques professionnels en entreprise