[PDF] LES SORCIÈRES DE SALEM 26 mars 2019 Salem Nouvelle-

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ARTHUR MILLEREMMANUEL DEMARCY-MOTA

CRƒATIONAVEC LA TROUPE DU THƒåTRE DE LA VILLE

LES SORCIÈRES

DE SALEM

ESPACE CARDIN

1 AVENUE GABRIEL- PARIS 8Dossier d"accompagnement

26 MARS - 19 AVRIL 2019

SAISON 2018I 2019

© J. Casanova

THÉÂTRE DE LA VILLE PARISDOSSIER D"ACCOMPAGNEMENTLES SORCIÈRES DE SALEM SAISON 2018-2019 2 RƒVƒLATIONS MENSONGéRES, DƒLATIONS, FAUX AVEUX... LES SORCIÈRES DE SALEMRAPPELLENT TOUT CE QUI, PARTOUT RELéVE, AUJOURD"HUI, D"UNE Ç CHASSE AUX SORCIéRES È.

1692. Salem, Nouvelle-Angleterre.

Parce qu"elle a dŽcouvert la liaison de son mari, John Proctor, avec leur servante Abigail, Elisabeth ren-

voie la jeune femme. Pour se venger celle-ci rŽunit quelques-unes de ses amies et organise en pleine

nuit, au plus profond de la fort, une sŽance de sorcellerie censŽe nuire ˆ Elisabeth. Les jeunes filles sont

fanatismes. HystŽrie fŽminine? Interventions surnaturelles? Simulations par dŽsir de vengeance? Toutes

les personnes dŽsignŽes comme possŽdŽes par le groupe de jeunes filles sont envoyŽes ˆ la potence. Les

condamnationspleuvent. Pour sauver sa femme, John Proctor avoue devant le tribunal sa relation adul-

moins d"avouer son allŽgeance au diable. D"abord hŽsitant, il finit par accepter sa sentence, afin que la

mort de ceux qui l"ont prŽcŽdŽ ne soit pas vaine.

DURƒE 1 H 50

TEXTE ARTHUR MILLER

MISE EN SCéNE & VERSION SCƒNIQUE

EMMANUEL DEMARCY-MOTA

ASSISTANT Ë LA MISE EN SCéNE CHRISTOPHE LEMAIRE 2 e ASSISTANTE Ë LA MISE EN SCéNEJULIE PEIGNƒ

SCƒNOGRAPHIEYVES COLLET

& EMMANUEL DEMARCY-MOTA

LUMIéRESCHRISTOPHE LEMAIRE& YVES COLLET

COSTUME FANNY BROUSTE

MUSIQUE ARMAN MƒLIéS

CRƒATION VIDƒO MIKE GUERMYET

MAQUILLAGE CATHERINE NICOLAS

CRƒATION SONORE FLAVIEN GAUDON

ACCESSOIRESCHRISTOPHE CORNUT

ASSISTANT LUMIéRES THOMAS FALINOWER

ASSISTANTE COSTUMEALIX DESCIEUX-READ

RƒALISATION COSTUME ALBANE CHENEAU,

MARGAUX PONSARD

ASSISTANT SONNATHAN CHENAUD JOFFART

CONSEILLER ARTISTIQUE FRAN‚OIS REGNAULT

TRAINING PHYSIQUENINA DIPLA

TRAVAIL VOCALMARYSE MARTINES

VERSION FRAN‚AISE DU TEXTEFRAN‚OIS REGNAULT,

JULIE PEIGNƒ, CHRISTOPHE LEMAIREAVEC

ƒLODIE BOUCHEZ ABIGAIL WILLIAMS

SERGE MAGGIANI JOHN PROCTOR,

SARAH KARBASNIKOFFELISABETH PROCTOR,

PHILIPPE DEMARLERƒVƒREND HALE,

SANDRA FAUREANN PUTNAM,

JAURIS CASANOVADANFORTH,

LUCIE GALLO BETTY PARRIS,

JACKEE TOTOHATHORNE,

MARIE-FRANCE ALVAREZ TITUBA,

STƒPHANE KRÄHENBÜHL THOMAS PUTNAM / E. CHEEVER,

ƒLEONORE LENNEMERCY LEWIS,

GƒRALD MAILLETRƒVƒREND PARRIS,

GRACE SERI MARY WARREN

CHARLES-ROGER BOUR GILLES COREY

PHOTOS JEAN-LOUIS FERNANDEZ

PRODUCTIONThŽ‰tre de la Ville-Paris.

AVEC LE SOUTIEN DUJeune ThŽ‰tre national.

dans les pays de langue franaise par l"agence Drama-Suzanne Sarquier www.dramaparis.com en accord avec l"agence ICM et SAMUEL FRENCH c/o Buddy Thomas ˆ New York.

ARTHUR MILLEREMMANUEL DEMARCY-MOTA

CRƒATIONAVEC LA TROUPE DU THƒåTRE DE LA VILLE

LES SORCIÈRES DE SALEM

THÉÂTRE DE LA VILLE PARISDOSSIER D"ACCOMPAGNEMENTLES SORCIÈRES DE SALEM SAISON 2018-2019 3

SOMMAIRE

NOTE D"INTENTION P. 4

PROCéS DU MACCARTHYSME

OU DRAME UNIVERSEL P. 5 CHASSE AUX SORCIéRES ET LISTE NOIRE P. 7 SALEM EN 1692 P. 10 DE NOS JOURS P. 11 ÇNƒCROLOGIEÈ / ARTHUR MILLER P. 14 EMMANIUEL DEMARCY-MOTA P. 16 THÉÂTRE DE LA VILLE PARISDOSSIER D"ACCOMPAGNEMENTLES SORCIÈRES DE SALEM SAISON 2018-2019 4

NOTE D"INTENTION

UNE COMMUNAUTƒ HUMAINE QUI SE DƒCHIRE.

l"intolŽrance et l"aveuglement collectif peuvent dŽchirer une communautŽ humaine. Celle que nous observons ici, livrŽe ˆ une

meute d"enfants ˆ laquelle toute vŽritŽ est par principe accordŽe, semble agitŽe par des puissances alchimiques, des forces

souterraines qui deviendront vite incontr™lables. Sur cette terre amŽricaine, encore gorgŽe du sang des Indiens auxquels elle

a ŽtŽ arrachŽe, les habitants s"attaquent et se dŽfendent jusqu"ˆ l"aveuglement, tels des scorpions menacŽs. La suite de com-

vengeance, ˆ l"accusation, ˆ la dŽnonciation de son voisin par vengeance, dŽsir de possession, l‰chetŽ ou mme intŽrt finan-

cier. Comme dans un chaudron malŽfique o les plus bas instincts seraient portŽs ˆ Žbullition, tous les paradoxes humains

s"organisent ici en une machine rhŽtorique n"ayant plus pour objet que la mort, sous couvert de la recherche d"un certain type

de ÇpuretŽÈ. L"histoire de l"humanitŽ, grande ou petite, est faite de ces encha"nements. Les puissances obscures qui sous-

donnent naissance ici ˆ un ensemble de rituels, de pensŽes magiques et d"actions mystŽrieuses. C"est le lieu des fant™mes et

du monde et des motivations humaines, dont elle cherche ˆ scruter la complexitŽ. InfluencŽe par une certaine ǎcole

AmŽricaineÈ elle est aussi un passionnant territoire de recherches pour le jeu de l"acteur, dont elle peut interroger autrement

aussi en son titre original, The Crucible, creuset dans lequel les ingrŽdients sont portŽs ˆ Žbullition.

Emmanuel Demarcy Mota

THÉÂTRE DE LA VILLE PARISDOSSIER D"ACCOMPAGNEMENTLES SORCIÈRES DE SALEM SAISON 2018-2019 5

PROCÈS DU MACCARTHYSME

OU DRAME UNIVERSEL?

QUEL RAPPORT RƒEL Y A-T-IL

ENTRE CHASSE AUX SORCIéRES DE 1692

ET LA Ç CHASSE AUX SORCIéRES È DES ANNƒES 1950

AUX ƒTATS-UNIS?

furent montrŽes ˆ Paris en 1955 au ThŽ‰tre de la Ville (alors Sarah Bernhardt) avec Simone Signoret et Yves Montand, sur les Žcrans dans l"adaptation de Jean-Paul Sartre avec ces mmes comŽdiens ou dans la version de Nicholas Hytner avec Daniel Day-Lewis, ou encore qu"il en ait seulement entendu parler, le curieux Žprouve immŽdiatement pour ce eurent lieu en 1692 ˆ Salem, dans ce monde puritain de la Nouvelle-Angleterre, on est d"abord sensible ˆ ce parfum de soufre. nombreuses condamnations (14 femmes et 5 hommes pen- dus, une noyŽe, un homme ŽcrasŽ sous les pierres et 1 000 Broadway entend traiter sous forme de parabole des ŽvŽ- nements de 1692. Elle tŽmoigne de faon indirecte d"un contexte politique et idŽologique o se retrouvent des phŽ- ment lancŽ par le sŽnateur Joseph McCarthy en 1950 lors- munistes,ou ceux souponnŽs de l"tre, ou de l"avoir ŽtŽ, en les accusantd"Ç activitŽs anti-amŽricaines, de soutien ˆ l"URSSÈ, et que les USA furent occupŽs pendant au moins quatre ans ˆ des poursuites visant diplomates, fonction- naires et conseillers, membres du dŽpartement d"ƒtat, et un nombre considŽrabled"artistes, d"acteurs,etc. Albert Einstein dŽnonce le maccarthysme comme Ç un danger incomparablement plus grandpour notre sociŽtŽ que ces quelques communistes qui peuvent tre dans notre pays È, ajoutant que Ç ces investigations ont dŽjˆ largement minŽ opposition se leva contre cette Ç paranoïa È et contre McCarthy, et c"est lorsqu"il s"en prit ˆ l"armŽe qu"il fut desti-

tuŽ par le SŽnat en 1954, et sombra dans l"alcoolisme.Les AmŽricains ont gardŽ la mŽmoire de cette Žpoque dite

d Un grand nombre d"artistes et d"acteurs eurent leurs car- le rŽalisateur d"Un Tramway nommŽ dŽsir(1951) et deSur les consentit ˆ donner des noms, et qu"Arthur Miller lui-mme fut interrogŽ en 1956 sur ses activitŽs politiques, dont il ren- dit compte, ˆ condition de ne donner aucun nom, ce qui lui fut accordŽ. On se souvient enfin qu"Ethel et Julius Rosenberg furent accusŽs d"espionnage au profit de l"URSS et passŽs

ˆ la chaise Žlectrique en 1953.

Bien que rejetŽe par certains conservateurs amŽricains, cette tient bon. Les communistes Žtant aussi innocentsque les femmes accusŽes de sorcellerie, aucune dŽfense possible d"un accusŽ si ce n"est par la confession ou le dŽsaveu, un cli- mat d"intempŽrance politique... Cependant, comme allŽgorie, n"est devenu que l"une d"entre elles. Car elle est non seulement politique, mais aussireligieuse, et conduit ˆ des apories si on la sŽpare d"une question esthŽtique et dramaturgique. Miller entend tŽmoigner - de faon indirecte - d"un contexte o on mŽfiances, dŽlations, arrestations, emprisonnements, dŽ chŽ - ances de droits. L"allŽgorie millŽrienne implique, au contraire de celle plut™t comique de Brecht, une entreprise tragique, traversŽe par la peur, l"angoisse, le dŽsespoir et la ruine. C"est un drame d"une portŽe universelle. ont d"ailleurs peut-tre cherchŽ ˆ en Ždulcorer la termino- logie religieuse. L"Žpisode fanatique ou mystique, dŽmoniaque ou ŽvangŽlique ne sont pas le masque de questions poli- tiques ou Žconomiques plus matŽrielles. Il n"est d"ailleurspas question du reste de l"AmŽrique. L"auteur souhaite sans doute que la forme oppressive de la religion disparaisse, pourdon- ner lieu ˆ l"homme libre. Il croit au bien et au mal, malgrŽ ses sympathies un moment communistes. THÉÂTRE DE LA VILLE PARISDOSSIER D"ACCOMPAGNEMENTLES SORCIÈRES DE SALEM SAISON 2018-2019 6 r Žel, il semble qu"on en arrive au choix forcŽ: ou tu dŽnonces ton semblable, et tu as la vie sauve, ou tu refuses de le dŽnoncer et on te tue, Ç La bourse ou la vie!, Ç La libertŽ ou sous la catŽgorie souvent invoquŽe par l"auteur de la trahison mentir pour satisfaire le juge, dŽnoncer son semblable, trahir la ligne d"un parti ou la patrie...). La rŽflexion de Miller est Žthique et morale mais il ne prŽtend rien conclure sur la foi ni sur la religion en gŽnŽral: il montre seulementqu"en cette circonstance monstrueuse, elles ont pu donner lieu au mensonge, ˆ l"imposture et au fanatisme. Car ces charmantes jeunes filles n"en sont pas moins per-

verses, prtes ˆ tous les mensonges et ˆ toutes les dŽlations,au chantage et ˆ la simulation. Et les honntes juges, les

p asteurs imbus d"eux-mmes et les fonctionnaires zŽlŽs, sans doute sexuellement perturbŽs par ces exactions, renon- sŽrieuse, la moindre attitude raisonnable, la moindre in dulgence, tive gŽnŽrale et provoquent toutes ces pendaisons. Serait-ce que le Diable a bien pu se substituer ˆ l"absence de Dieu dans cette petite ville fermŽe de la Nouvelle Angleterre? La gr‰ce divinesemble les avoir abandonnŽs et on ne peut s"™ter de l"idŽe que les condamnations ont lieu dans une petite ville sans gouvernement o le tte-ˆ-tte entre juges et accusŽs prend la forme d"un dialogue de sourds, sans mŽditation ni tiers terme.

Franois Regnault

THÉÂTRE DE LA VILLE PARISDOSSIER D"ACCOMPAGNEMENTLES SORCIÈRES DE SALEM SAISON 2018-2019 7 Dans l"AmŽrique des annŽes 1950, il ne fait pas bon tre s ympathisant de la cause communiste. Alors que la Guerre Froide fait rage entre deux blocs aux idŽaux radicalement opposŽs, la Commission des activitŽs anti-amŽricaines du parlement des ƒtats-Unis conna"t son heure de gloire. Ë sa tte: un fŽroce sŽnateur du nom de Joseph McCarthy. Ce dernier se met en tte de poursuivre tous ceux qui sont soup - onnŽs d"tre ou de sympathiser avec les communistes. De

1950 ˆ 1956, l"AmŽrique livre une vaste croisade contre

l"ennemi rouge. Liste noire des Çdix de HollywoodÈ, con dam - rythmeront les sales annŽes du maccarthysme. Arthur furieuse folie fanatique que fut cette pŽriode de la terrible situation lui inspirera l"Žcriture d"une de ses plus belles temps capable de ressurgir ˆ tout moment dans nos modestes sociŽtŽs. pour eux. Pour deux couples. L"un franais, l"autre amŽricain. Le couple amŽricain Žtait celui d"Ethel et Julius Rosenberg, accusŽs d"espionnage contre les ƒtats-Unis au profit de premier lynchage public de la ÇTerreur RougeÈ. Les Rosenberg, ayant plaidŽ leur innocence durant tout leur valle sur la chaise Žlectrique. Une mort en direct, face au regard d"un monde accablŽ. Un an plus tard, un couple fran- franais par Marcel AymŽ. Nous sommes en 1954 et sur la Signoret et Yves Montand dans les r™les principaux. Ë l"Žpoque, compagnons de route du Parti Communiste fran - un Žcho ˆ leurs convictions personnelles et surtout une occasion de rappeler au public l"atroce histoire d"Ethel et

Julius Rosenberg.

Arthur Miller s"est inspirŽ de cette sombre pŽriode de Çchasse c Salem. La petite communautŽ pieuse du Massachussetts est ŽbranlŽe par des suspicieux actes de sorcellerie. Une nuit, une douzaine de jeunes filles de la petite bourgade puritaine sont trouvŽes dans les bois se livrant ˆ des pratiques sataniques. Elles dansent comme des btes sauvages, boivent du sang et invoquent le diable... le tout sous le regard effarŽ du rŽvŽrend Parris. Ce dernier est l"oncle d"Abigaïl Williams ˆ l"origine de cette lugubre soirŽe. Au lendemain de l"Žtrange rite, plusieurs jeunes filles accompagnant Abigaïl tombent malades. La communautŽ prŽoccupŽe fait alors appel ˆ un expert en exorcisme fort rŽputŽ dans la rŽgion. Le rŽvŽrend Hale arrive en ville, et c"est l"affreuse hystŽrie puritaine qui s"empare de toutes les ‰mes de Salem. La machine infernale est en marche et sur sa route les coupables ne cessent de sortant toujours de la bouche des enfants, comme le stipule le malfaisant juge Danforth, le partial tribunal croit sur paro- leles jeunes filles ˆ l"origine du drame. Les condamnations pleuvent, et parmi elle, celle d"ƒlisabeth Proctor tombe un beau matin alors que celle-ci apprend avec consternation de la bouche de son mari le mal qui sŽvit ˆ Salem. quelques jours... et de quelques mensonges. Ë l"origine du pour rŽcupŽrer son amour John Proctor, mari d"ƒlisabeth. Son seul but Žtant de voir sa rivale mourir. Mourir sur le bžcher avec d"autres innocents accusŽs ˆ tort, comme ƒlisabeth de sorcellerie. Vingt-cinq d"entre-eux se refusant ˆ confesser leurs pŽchŽs prŽsumŽs trouveront la mort sous les yeux d"un village assoiffŽ d"exŽcutions. Superbe transposition d"un drame de tous les temps, Arthur citŽ des hommes ˆ perdre pied et ˆ devenir des bourreaux du jour au lendemain. Des bourreaux aveuglŽs, sans morale, ni conscience emportŽs dans une dŽferlante envie de mort. La communautŽ de Salem de 1692, aveuglŽe par les lois de la Bible, fait Žcho ˆ la communautŽ amŽricaine des annŽes

1950, aveuglŽe quant ˆ elle par sa haine du communisme.

Le diable en ce temps-lˆ Žtait rouge et les ‰mes puritaines amŽricaines le combattaient de toutes leurs forces. Le soi-

CHASSE AUX SORCIÈRES & LISTE NOIRE

THÉÂTRE DE LA VILLE PARISDOSSIER D"ACCOMPAGNEMENTLES SORCIÈRES DE SALEM SAISON 2018-2019 8 se dŽfendre, en vain, il ne sera jamais entendu. Lorsque John Proctor confesse son vŽritable pŽchŽ, celui d"ǐtre le dŽ - bauchŽ et Abigaïl la putainÈ, le prŽsumŽ coupable n"est pas ŽcoutŽ par ses bourreaux. Tout est jouŽ d"avance, pour lui c omme pour les autres, sa femme et ses amis, dont le seul tort est de ne pas avoir avouŽ ce que le jury populaire voulait entendre. La simple vengeance d"une gamine sur sa rivale a conduit toute une ville au pŽril dans la dŽvote sociŽtŽ de 1692. La s imple haine de l"idŽe communiste a conduit un couple amŽ - ricain sur la chaise Žlectrique, et avec eux, de nombreuses partisans ou amis de l"idŽe communiste, sans parler du lyn- chage mŽdiatique dŽclenchŽ dans la puritaine AmŽrique hommes aux pires ignominies, aux pires injustices. En cinq actes poignants, rythmŽs et presque incomprŽhensibles peu na"tre, en si peu de temps et avec si peu de preuve, Les temps. Parce qu"elle est d"hier, d"aujourd"hui mais aussi de ˆ la commission McCarthy) se doit d"attirer notre attention et cela Žternellement cette terrifiante histoire de chasse l"hystŽrie collective qui l"entoura, illustre de faon magis- trale l"effroyable capacitŽ de l"homme ˆ franchir ˆ tous le fanatisme.

Les Sorcières de Salem d"Arthur Miller

(Robert Laffont, Pavillons Poche)

CHASSE AUX SORCIéRES ET LISTE NOIRE,

UN SUJET LONGTEMPS TABOU Ë HOLLYWOOD,

GEORGE CLOONEY EST LE PREMIER

Ë SOUS-TENDRE SON PLAIDOYER

D"UN DISCOURS CONTEMPORAIN.

Au plus fort de la guerre froide, l"anticommunisme amŽricain, dont la figure de proue est le sŽnateur Joseph McCarthy, s"attaque ˆ Hollywood. Le cartel des studios fait lui-mme le mŽnage en dressant une liste noire des artistes indŽsi- r ables. Certains choisissent l"exil: Joseph Losey, Jules Dassin, John Berry, Charlie Chaplin. Pendant ces annŽes de guerre froide, rares sont les films qui s"autorisent une allusion ˆ maccarthysme ˆ travers la Nouvelle-Angleterre du XVII e la Fox par Nicholas Hytner). western de Fred Zinnemann (1952), stigmatise de faon allŽ - go rique le climat de terreur qui s"Žtait emparŽ de Hollywood. AbandonnŽ par tous ses amis et par les habitants de la bour - gade qu"il doit protŽger des gangsters, un shŽrif, victime de la l‰chetŽ ambiante, se retrouve seul. Carl Foreman, le scŽ- rŽalise en 1957 Un roi ˆ New York,qui tourne en dŽrision la frayeur anticommuniste. Le film ne sera projetŽ aux ƒtats-

Unis qu"en 1973.

C"est ˆ cette Žpoque que le maccarthysme devient un sujet Pollack retrace les luttes d"une jeune juive (Barbra Streisand): speakerine de radio dans les annŽes 1930, Žpouse d"un scŽ- nariste hollywoodien dans les annŽes 1940, elle dŽfend les tandis que son mari (Robert Redford) Žpouse le discours o l"hŽroïne compara"t devant la Commission sur les activi- tŽs antiamŽricaines et refuse de livrer des noms. Ë la fresque Prte-nom(1976), il confie ˆ Woody Allen le r™le d"un caissier de restaurant auquel un copain, scŽnariste figurant sur la liste noire, demande de signer ses travaux moyennant un pourcentage. Jusqu"au jour o il est convoquŽ ˆ son tour devant la commission. La tŽlŽvision ose ˆ son tour aborder cette sombre pŽriode, en particulier dans Fear on Trial, qui retrace le licenciement rution (1976) devant la commission. Et dansTail Gunner Joe, qui vise le passŽ trouble d"un sŽnateur jouŽ par Peter Boyle et en qui tout le monde reconna"t McCarthy (1977). THÉÂTRE DE LA VILLE PARISDOSSIER D"ACCOMPAGNEMENTLES SORCIÈRES DE SALEM SAISON 2018-2019 9 En 1988, Peter Yates (Bullitt) tourne Une femme en pŽril, dont gner devant la commission sur les activitŽs antiamŽricaines. En 1991, le producteur Irving Winkler reprend un projet de Bertrand Tavernier qui Žvoquait le sort des blacklistŽsŽmi- g et rŽalise lui-mmeLa Liste noire(1991), histoire d"un scŽ- nariste (Robert De Niro) inquiŽtŽ pour avoir frŽquentŽ jadis des gens de gauche, convoquŽ devant la commission, et qui, pris dans l"engrenage du boycott de ses projets, se lance d ans un combat pour la libertŽ d"expression. Le r™le de l"un de ses amis, un rŽalisateur communiste qui lui demande de terminer un film ˆ sa place car il doit fuir en Angleterre, est tenu par Martin Scorsese. George Clooney est le premier ˆ sous-tendre son plaidoyer d"un discours contemporain. Ë travers l"Žvocation du com- bat du journaliste de CBS Edward R. Murrow, Good Night, and Good Luck s"interroge sur les similitudes existant entre la politique de McCarthy et celle de George W. Bush. In Le MondePubliŽ le 03 janvier 2006 ˆ 13h21 -Mis ˆ jour le 03 janvier 2006 ˆ 13h21

LES CINƒASTES AMƒRICAINS DANS LE PIéGE

DU MACCARTHYSME

Les sorcières de Hollywood, de Thomas Wieder,

ƒditions Philippe Rey, (2006), 252 pages.

En 250 pages, Thomas Wieder donne un passionnant pano- rama du cinŽma amŽricain pendant le maccarthysme. Ce qu"il montre mŽrite d"tre connu d"autant que ce n"est pas sans rapport avec la politique de suspicion du gouvernement Bushquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46

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