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UNIVERSITÉ PARIS-EST
École Doctorale Lettres, Sciences Humaines et Sciences SocialesThèse de Doctorat en Histoire grecque
Emerik FLAMMENT
LES VOYAGES OFFICIELS ET LES DÉPLACEMENTS DES PERSONNAGES PUBLICSEN ORIENT
DE LA MORT D'ALEXANDRE LE GRAND AU DÉBUT DE L'EMPIRE ROMAIN (323-30 av. J.-C.) Entre cérémonial politique et pratique culturelleSous la direction de Marie-Françoise BASLEZ
2008UNIVERSITÉ PARIS-EST
École Doctorale Lettres, Sciences Humaines et Sciences SocialesThèse de Doctorat en Histoire grecque
Emerik FLAMMENT
LES VOYAGES OFFICIELS ET LES DÉPLACEMENTS DES PERSONNAGES PUBLICSEN ORIENT
DE LA MORT D'ALEXANDRE LE GRAND AU DÉBUT DE L'EMPIRE ROMAIN (323-30 av. J.-C.) Entre cérémonial politique et pratique culturelleSous la direction de Marie-Françoise BASLEZ
Professeur à l'Université de Paris-Est
Président du jury : Roland Etienne, Professeur à l'Université de Paris 1 Rapporteurs : Ivana Savalli-Lestrade, Chargé de recherche au CNRS Michel Molin, Professeur à l'Université de Paris 13 2008Je tiens, au seuil de cette étude, à adresser mes remerciements à ma Directrice de recherches, M e Marie-Françoise Baslez qui, depuis la maîtrise jusqu'à ce jour, a suivi avec la plus grande attention l'évolution de mes travaux et de ma réflexion ; sans le soutien qu'elle
n'a cessé de me témoigner tout au long de ces années parfois difficiles, cette thèse n'aurait pu
aller à son terme. Ma reconnaissance s'adresse également à toute l'équipe du Centre Jean-CharlesPicard de l'Université Paris-Est, notamment à sa directrice, Me Françoise Prévot, à qui je dois
d'avoir pu séjourner à l'Ecole Française de Rome, ainsi qu'à M Philippe Blaudeau qui m'a permis de pouvoir développer certaines de mes analyses et les soumettre à la critique de la communauté scientifique dans le cadre d'un colloque organisé par ses soins. 1Introduction
Qu'il s'agisse des souverains hellénistiques ou des imperatores romains des deuxderniers siècles de la République, il apparaît clairement, au travers de la documentation
disponible, notamment littéraire, que l'acte de voyager occupait une place tout à fait centrale
dans la carrière et l'existence de ces personnages : les Vies des hommes illustres comme leshistoires générales de la conquête romaine sont ainsi scandées par leurs déplacements
incessants. John Ma l'a exprimé avec force : " A l'époque hellénistique, le perpétuel
mouvement du souverain représente un élément constituant du royaume et de la royauté.Toute l'histoire politique de la haute époque hellénistique, l'âge des rois, est marquée par les
rois en mouvement »1. L'élargissement géographique du monde grec induit par l'expédition
d'Alexandre le Grand, puis sa fragmentation politique à l'époque des Diadoques enroyaumes souvent immenses et hétérogènes eurent en effet pour corollaire le développement
voire l'explosion de la pratique du voyage royal. Sans aller jusqu'à parler de nomadisme royal comme Pierre Briant a pu le faire au sujet du roi perse2, force est ainsi de constaterl'extraordinaire mobilité des souverains hellénistiques à l'intérieur de leurs royaumes, mais
aussi, en certaines occasions - militaires, diplomatiques voire touristiques -, à l'échelle de l'ensemble du bassin méditerranéen oriental3. Même les Lagides, longtemps considérés
comme particulièrement sédentaires, effectuèrent de nombreux déplacements dans la chôra
égyptienne
4. A Rome, c'est évidemment l'extension de l'empire par la conquête de l'Orient
grec qui imposa la mobilité des imperatores dans le cadre de leurs carrières militaires et1 J. Ma, " Dans les pas d'Antiochos III : l'Asie Mineure entre pouvoir et discours », dans Fr. Prost (dir.),
L'Orient méditerranéen de la mort d'Alexandre aux campagnes de Pompée. Cités et royaumes à l'époque
hellénistique, Actes du colloque international de la SOPHAU, Rennes, 4-6 avril 2003, Rennes-Toulouse, 2003,
p. 243 ; plus généralement voir J. Ma, Antiochos III et les cités d'Asie Mineure occidentale, trad. fr. Paris, 2004
(2001²).2 P. Briant, " Le nomadisme du Grand Roi », Iranica Antiqua, 23, 1988, p. 267-269.
3 Voir en ce sens I. Savalli-Lestrade, " L'élaboration de la décision royale dans l'Orient hellénistique », dans Fr.
Prost (dir.), L'Orient méditerranéen de la mort d'Alexandre aux campagnes de Pompée. Cités et royaumes à
l'époque hellénistique, Actes du colloque international de la SOPHAU, Rennes, 4-6 avril 2003, Rennes-
Toulouse, 2003, p. 28-31.
4 W. Clarysse, " The Ptolemies visiting the Egyptian Chora », dans L. Mooren (éd.), Politics, Administration
and Society in the Hellenistic and Roman World, Proceedings of the International Colloquium, Bertinoro, 19-
24 July 1997, Louvain, 2000, p. 29-53.
2administratives5, même s'il convient de ne pas négliger le rôle joué par le philhellénisme de
ces personnages 6. Dans un ouvrage de synthèse sur le voyage dans l'Antiquité, le premier en languefrançaise, Jean-Marie André et Marie-Françoise Baslez prennent le parti d'appliquer à ces
déplacements la terminologie du " voyage officiel », dont l'image est aujourd'huiparticulièrement médiatisée et dont l'usage comme concept à part entière du langage
politique moderne est désormais répandu, sans que son contenu en soit forcément précisé7.
Or, l'emploi de ce concept pour désigner des réalités antiques ne va pas sans poser
problème : en établissant un rapide bilan historiographique de cette pratique, Jean-Marie
André et Marie-Françoise Baslez constatent et déplorent d'ailleurs l'absence d'étude
d'ensemble consacrée à celle-ci8. On ne peut, il est vrai, que s'étonner de la rareté des
travaux relatifs aux déplacements des souverains hellénistiques et des magistrats romains,alors même que ceux-ci occupent une place primordiale dans les sources littéraires et
jouaient un rôle capital dans la vie politique de l'époque.Jusqu'à une date récente, le voyage dans l'Antiquité n'a que très peu suscité l'intérêt
des historiens. Il a fallu attendre 1974 pour que soit publiée la première tentative de synthèse
sur le voyage antique : celle-ci est à mettre au compte de Lionel Casson, dont l'ambitionaffichée était précisément de proposer le premier ouvrage traitant intégralement de ce sujet9.
La déception du lecteur est à la hauteur des espoirs suscités par les intentions de l'auteur tant
l'ensemble se révèle sommaire10. Si, dans une perspective sociologique, Lionel Casson
distingue certes les déplacements effectués pour le compte de l'Etat des voyages à vocation professionnelle, religieuse ou culturelle, il ne leur consacre aucune analyse spécifique, se concentrant davantage sur les techniques et l'infrastructure du voyage11. C'est également le5 J.-M. André et M.-Fr. Baslez, Voyager dans l'Antiquité, Paris, 1993, p. 95-118.
6 Voir notamment J.-L. Ferrary, Philhellénisme et impérialisme. Aspects idéologiques de la conquête romaine
du monde hellénistique, Rome, 1988, p. 497-615.7 J.-M. André et M.-Fr. Baslez, 1993, p. 103-114 (pour les imperatores) et p. 167-172 (pour les souverains
hellénistiques). Avant eux, déjà, Jean Rougé avait cru pouvoir user d'une telle dénomination pour qualifier les
déplacements des empereurs romains et des monarques orientaux : J. Rougé, " Voyages officiels en
Méditerranée orientale à la fin de la République et au premier siècle de l'Empire », REA, 55, 1953, p. 294-300.
8 J.-M. André et M.-Fr. Baslez, 1993, p. 552.
9 L. Casson, Travel in the Ancient World, Londres, 1974.
10 Voir en ce sens le compte rendu de Chr. Le Roy, " Voyageurs et marins de l'Antiquité », REG, 88, 1975, p.
178-181.
11L. Casson, 1974, p. 76-85 et 128-137.
3 cas dans l'ouvrage de Raymond Chevallier publié en 1988 et intitulé Voyages et déplacements dans l'empire romain12 : derrière ce titre prometteur, l'étude proposée
s'apparente en fait à un catalogue de sources ; la typologie esquissée par l'auteur se révèle en
outre très artificielle et ne fait, en tout état de cause, jamais intervenir le concept de " voyage
officiel »13. On n'en trouve pas non plus trace dans un recueil d'articles sur le voyage antique
publié à Gênes en 199114. Depuis l'ouvrage de Jean-Marie André et Marie-Françoise Baslez,
les travaux sur la mobilité dans l'Antiquité se sont, toutes proportions gardées, multipliés15,
sans que les déplacements des souverains hellénistiques et des imperatores romains ne soientpour autant envisagés à nouveau sous l'angle du " voyage officiel ». L'application à
l'Antiquité du concept moderne semble donc montrer ses limites. En élargissant la perspective aux autres périodes historiques, il apparaît que cettecatégorie, largement utilisée par les historiens de l'époque contemporaine au sujet des
déplacements des chefs d'Etat et de gouvernements, a aussi eu tendance à se répandre dansl'historiographie médiévale et moderne pour désigner les voyages des rois de France à
l'intérieur du royaume16. Là encore toutefois, le concept n'a jamais été clairement défini17.
12 R. Chevallier, Voyages et déplacements dans l'empire romain, Paris, 1988.
13 Vraisemblablement à des fins d'organisation de son catalogue, l'auteur distingue notamment déplacements
administratifs (p. 153-173), voyages diplomatiques (p. 205-237) et campagnes militaires (p. 239-271) ; or, ces
catégories ne rendent que très imparfaitement compte des réalités antiques.14 G. Camassa et S. Fasce (éd.), Idea e realtà del viaggio. Il viaggio nel mondo antico, Gênes, 1991.
15 H. Duchêne (éd.), Voyageurs et Antiquité classique, Dijon, 2003 ; Cl. Moatti (éd.), La mobilité des personnes
en Méditerranée de l'Antiquité à l'époque moderne. Procédures de contrôle et documents d'identification,
Rome, 2004 ; M. G. Angeli Bertinelli et A. Donati (éd.), Le vie della storia. Migrazioni di popoli, viaggi di
individui, circolazione di idee nel Mediterraneo antico, Atti del II Incontro Internazionale di Storia Antica,
Gênes, 6-8 octobre 2004, Rome, 2006 ; Cl. Moatti et W. Kaiser (dir.), Gens de passage en Méditerranée de
l'Antiquité à l'époque moderne : procédures de contrôle et d'identification, Actes des colloques " Gens de
passage dans les villes et les ports de la Méditerranée, de l'Antiquité à l'époque moderne » , Aix en Provence,
23-24 mai 2003 et " La mobilité des personnes en Méditerranée, de l'Antiquité à l'époque moderne : formes
d'identification et de falsification », Naples, 2-4 décembre 2004, Paris, 2007.16 Voir les différentes contributions réunies dans J. W. Derymez, O. Ihl et G. Sabatier (dir.), Un cérémonial
politique : les voyages officiels des chefs d'Etat, Paris, 1998. Sur les déplacements officiels des présidents de la
République française, voir N. Mariot, Bains de foule. Les voyages présidentiels en province, 1888-2002, Paris,
2006 et pour un exemple de voyage royal, voir J. Boutier, A. Dewerpe et D. Nordman, Un tour de France royal.
Le voyage de Charles IX (1564-1566), Paris, 1984.
17 J. W. Derymez, O. Ihl et G. Sabatier, " Introduction », dans J. W. Derymez, O. Ihl et G. Sabatier (dir.), Un
cérémonial politique : les voyages officiels des chefs d'Etat, Paris, 1998, p. 10-14, se contentent de souligner
4 Ce bilan historiographique, aussi succinct soit-il, permet en tout cas de mettre enlumière le caractère problématique de la question du " voyage officiel » antique : il suggère
en premier lieu la nécessité de réfléchir sur le contenu de ce concept et incite, dans un second
temps, à s'interroger sur la validité et l'intérêt historique de son usage pour caractériser les
déplacements des souverains hellénistiques et des magistrats romains. C'est ce qui constitue l'objet de cette recherche, dont il convient de préciser maintenant les limites. Le choix qui a été fait de se limiter aux rois et aux imperatores appelle en effetquelques explications. Ce choix, progressif et délibéré, tient d'abord à l'importance de la
documentation disponible : si les voyages des souverains hellénistiques et des imperatores romains sont, du fait même de l'importance de ces personnages, relativement bien informéspar les auteurs anciens, les renseignements relatifs aux déplacements des représentants
royaux ou des magistrats romains de second rang sont plus rares et on ne dispose guère à leursujet de récits développés dans les sources littéraires, base d'une histoire des représentations.
D'autre part, certaines catégories de personnages qui effectuaient des déplacementsfonctionnels et pourraient, à ce titre, être considérées comme des " voyageurs officiels » ont
déjà fait l'objet de travaux et même de synthèse auxquels il paraît difficile d'apporter des
éléments réellement novateurs : c'est notamment le cas des ambassadeurs grecs et romains qui n'ont donc pas été retenus ici 18.combien le " voyage officiel » apparaît comme une réalité complexe, hétérogène et changeante selon les lieux,
les époques et les hommes ; à aucun moment les auteurs ne cherchent à définir ce concept.
18 Aujourd'hui encore, les principales références concernant les ambassadeurs grecs de la période classique
demeurent D. J. Mosley, Envoys and Diplomacy in Ancient Greece, Wiesbaden, 1973 et F. Adcock et D. J.
Mosley, Diplomacy in Ancient Greece, Londres, 1975 ; on peut y ajouter, plus récemment, L. Piccirilli,
L'invenzione della diplomazia nella Grecia antica, Rome, 2002. Pour les trois derniers siècles de notre ère, la
pratique diplomatique grecque a surtout été étudiée dans le contexte romain : voir, principalement, F. Canali De
Rossi, Le ambascerie dal mondo greco a Roma in età repubblicana, Roma, 1997 (qui rassemble les sources) ;
M. Coudry, " Contrôle et traitement des ambassadeurs étrangers sous la République romaine », dans Cl. Moatti
(éd.), La mobilité en Méditerranée de l'Antiquité à l'époque moderne. Procédures de contrôle et documents
d'identification, Rome, 2004, p. 529-565 ; J. Linderski, " Ambassadors go to Rome », dans E. Frézouls et A.
Jacquemin (éd.), Les relations internationales, Actes du colloque de Strasbourg, Strasbourg, 15-17 juin 1993,
Paris, 1995, p. 453-478 et J.-L. Ferrary, " Les ambassadeurs grecs au Sénat romain », dans J.-P. Caillet et M.
Sot (dir.), L'audience. Rituels et cadres spatiaux dans l'Antiquité et le Haut Moyen-Age, Paris, 2007, p. 113-
122. Sur la diplomatie romaine, voir essentiellement Cl. Auliard, La diplomatie romaine de la fondation de
Rome à la fin de la République, Lille, 1992 (Thèse sous forme de microfiches), dont une partie à été récemment
publiée : Cl. Auliard, La diplomatie romaine : l'autre instrument de la conquête. De la fondation de Rome à la
fin des guerres samnites (753-290 av. J.-C.), Rennes, 2006. 5 Les limites fixées à cette enquête tiennent également au fait que, dans le langagepolitique et médiatique moderne, le qualificatif d'" officiel » est clairement réservé aux
déplacements des personnages les plus éminents, chefs d'Etat et de gouvernements principalement, princes héritiers des familles royales éventuellement, ministres plus rarement : déjà l'on pointe que dans l'acception contemporaine du terme, les conditions de l'accueil du voyageur et le retentissement médiatique du voyage participent largement de la reconnaissance de l'" officiel ». Il semble donc plus cohérent et plus pertinent d'axer cetravail sur des personnages antiques d'importance équivalente. Si, du côté grec, les
souverains hellénistiques paraissent tout désignés, le problème se pose de manière
éminemment plus complexe du côté romain où les nombreux magistrats élus par les comices
peuvent, dans une large mesure, être considérés comme des représentants de l'Etat romaindès lors qu'ils étaient amenés à se déplacer dans le cadre de leurs fonctions. Parmi ceux-là,
les imperatores de l'époque républicaine méritaient d'être privilégiés : ce titre - car il
s'agissait bien d'un titre - désignait spécifiquement les généraux victorieux et acclamés
comme tels par leurs troupes19, mais s'appliquait aussi plus largement, dans le langage
politique, à tous ceux qui étaient investis d'un pouvoir de commandement20. On réservera ici
le terme aux magistrats et promagistrats romains qui possédaient l'impérium, c'est à dire les
(pro)consuls et les (pro)préteurs dont même les populations grecques étaient en mesure depercevoir l'importance particulière puisque leur pouvoir était marqué extérieurement par des
signes distinctifs tels que les haches des licteurs ou encore les vêtements de pourpre. Ce sontprécisément ces (pro)magistratures cum imperio qui ont constitué le cadre privilégié des
voyages fonctionnels de l'époque républicaine puisqu'elles impliquaient principalement le commandement des expéditions militaires et le gouvernement des provinces. Au contraire, depar leurs fonctions mêmes, les édiles et les censeurs n'étaient normalement pas amenés à se
déplacer hors d'Italie, tandis que les questeurs ne le faisaient qu'en tant que collaborateurs de magistrats supérieurs. Se limiter aux (pro)consuls et aux (pro)préteurs permettait en outre de travailler sur des personnages publics romains d'importance politique sensiblement égale à celle des souverains hellénistiques et facilitait donc la mise en parallèle et la comparaison.C'est précisément en étudiant cette même pratique dans le cadre de deux types d'Etat et de
régimes politiques distincts, mais aussi dans deux sphères culturelles différentes, qu'il
19 Voir R. Combès, " Imperator ». Recherches sur l'emploi et la signification du titre d'imperator dans la Rome
républicaine, Paris, 1966.20 Voir la définition du terme imperator dans F. Gaffiot, Dictionnaire Latin-Français, Paris, 2000 (nouvelle
édition revue et augmentée sous la direction de P. Flobert). 6 apparaît possible d'évaluer et de saisir au mieux la pertinence de la catégorie du " voyage officiel antique ». On pouvait envisager de nombreuses manières, aussi différentes que stimulantes, pour définir et analyser les voyages des souverains hellénistiques et des imperatores romains. Lapremière, qui est certainement la plus évidente, consiste à les étudier pour ce qu'ils étaient
fondamentalement : des déplacements dans l'espace dont on pourrait s'attacher à déterminer les modalités, qu'il s'agisse des moyens financiers et matériels mis en oeuvre, del'infrastructure d'accueil utilisée, des itinéraires empruntés, des étapes ou escales effectuées,
ou bien encore des difficultés et dangers rencontrés. C'est ce qu'a fait par exemple Helmut Halfmann dans son ouvrage de référence consacré aux déplacements des empereurs romains :celui-ci s'est en effet particulièrement intéressé à la logistique du voyage impérial, en
étudiant longuement son organisation, sur terre comme sur mer, à travers la question destrajets et des routes, celle des destinations et des étapes, ou bien encore à travers le problème
du ravitaillement et de l'hébergement pour lesquels l'auteur a montré que l'on recourait non seulement aux services de l'Etat, mais aussi aux réquisitions et aux contributions plus ou moins volontaires des communautés locales21. Il s'agit cependant là d'une démarche plus
descriptive qu'analytique que l'on ne reprendra pas ici pour les souverains hellénistiques etles imperatores romains. Si les réalités matérielles de leurs déplacements seront certes prises
en compte dans le cadre de cette étude, elles ne le seront cependant pas pour elles-mêmes,mais seulement dans la mesure où elles peuvent être évaluées comme des éléments
discriminants dans la pratique du voyage et donc constitutifs de l'" officiel ». Dans la perspective d'Helmut Halfmann, qui a aussi cherché à établir une typologiedes voyages impériaux, en distinguant notamment les expéditions militaires, les tournées
d'inspection et les opérations de propagande22, on pourrait se pencher plus particulièrement
sur les principaux motifs qui présidèrent aux déplacements des rois hellénistiques et des
imperatores romains : la guerre et la diplomatie d'abord, l'administration des territoires etdes populations ensuite. Cependant, il s'agit là de domaines déjà bien connus des historiens.
Envisager ces types de déplacements à travers le prisme du " voyage officiel » n'a pas paru de nature à permettre de les éclairer sous un jour nouveau, pas plus d'ailleurs que leur priseen compte n'a semblé susceptible d'apporter des éléments véritablement utiles à la
1986, essentiellement p. 65-89, auxquelles on ajoutera le dernier chapitre, p. 157-244, dans lequel l'auteur
établit, pour chaque empereur, la liste des déplacements.22 H. Halfmann, 1986, p. 15-64.
7compréhension de la catégorie du " voyage officiel ». Ainsi, il a déjà été démontré que si les
voyages des souverains hellénistiques et des imperatores romains mêlaient les objectifs et prenaient la forme de déplacements mixtes, à la fois guerriers, diplomatiques etadministratifs, ils consistaient le plus souvent à la base en une expédition militaire23. Il a dès
lors paru de peu d'intérêt de refaire l'histoire événementielle et militaire de la période24.
Helmut Halfmann consacre encore un long développement aux rapports quis'établissaient entre l'empereur et les cités qu'il visitait, soulignant combien le prince aimait
à se poser en bienfaiteur des communautés locales qui n'en étaient pas moins astreintes à un
certain nombre d'obligations et de contraintes d'accueil envers le voyageur et son entourage25. On aurait donc pu faire une place dans cette enquête à l'évergétisme des
souverains hellénistiques et des imperatores romains au cours de leurs déplacements en
Orient et aux honneurs que leurs bienfaits ont suscités de la part des communautés civiques.Là encore cependant, l'évergétisme est apparu comme sujet largement étudié26. De plus, la
23 Voir en ce sens J.-M. André et M.-Fr. Baslez, 1993, p. 104-109 (pour les imperatores romains) et W.
Clarysse, 2000, p. 33-39 (pour les souverains hellénistiques).24 Les déplacements militaires des souverains hellénistiques et des imperatores romains dans l'Orient
méditerranéen sont répertoriés et analysés par E. Will, Histoire politique du monde hellénistique, 2 tomes,
Nancy, 1979
2 et 19822 ; les conditions matérielles des expéditions ont été étudiées, pour le monde hellénistique,
par M. Holleaux, " Ceux qui sont dans le bagage », REG, 39, 1926, p. 355-366 (repris dans Etudes d'épigraphie
et d'histoire grecques, Tome III, Paris, 1968 (1942), p. 15-26), M. Austin, " Hellenistic Kings, War and the
Economy », CQ, 36, 1986, p. 450-466 et M. Launey, Recherches sur les armées hellénistiques, 2 tomes, Paris,
1987 (réimpression avec addenda et mise à jour par Y. Garlan, Ph. Gauthier et Cl. Orrieux) et, pour le monde
1999.25
H. Halfmann, 1986, p. 90-110 (sur l'entourage de l'empereur) et p. 124-142 (sur l'évergétisme impérial et les
munera des communautés locales).26 Voir, essentiellement, P. Veyne, Le pain et le cirque, sociologie historique d'un pluralisme politique, Paris,
1976 ; Ph. Gauthier, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs (IVème-Ier s. av. J.-C.). Contribution à l'histoire des
institutions, Paris, 1985 ; J. L. Ferrary, " De l'évergétisme hellénistique à l'évergétisme romain », dans M.
Christol et O. Masson (éd.), Actes du Xème congrès international d'épigraphie grecque et latine, Nîmes, 4-9
octobre 1992, Paris, 1997, p. 199-225 et J. Ma, 2004. Les bienfaits des souverains hellénistiques aux cités et
sanctuaires grecs ainsi que les honneurs qu'ils leurs ont valu ont par ailleurs fait l'objet de catalogues de
und Heiligtümer, Berlin, 1995 et H. Kotsidu, Timè kai doxa. Ehrungen für hellenistische Herrscher im
Berlin, 2000. Au sommet de la hiérarchie des honneurs, le culte du souverain qui a pu commémorer et
8 nature et le sens de ce phénomène ne changent pas fondamentalement selon que la relationévergétique s'établissait indirectement, par la voie épistolaire et par le biais d'ambassadeurs,
ou directement, à l'occasion du passage du bienfaiteur. l'ouvrage de Helmut Halfmann en indique finalement bien l'orientation générale autant queles limites. Il s'agissait pour l'auteur de faire l'histoire des voyages impériaux et d'en
déterminer les finalités autant que les modalités. On l'aura compris, cette étude s'inscrit dans
une perspective tout à fait différente. Au regard des principaux apports de la documentation disponible et en tenant compte des travaux déjà conduits, elle ambitionne d'explorer une voieplus novatrice en cherchant à proposer une définition phénoménologique et non pas
conceptuelle ou seulement typologique du " voyage officiel ». Il s'agit donc moins ici d'une étude sur la pratique du voyage que d'une réflexion sur la manifestation et la perception del'" officiel » qui s'inscrit dans le cadre d'une réflexion plus large menée aujourd'hui sur la
pertinence des notions de public et de privé dans l'Antiquité27. Un chapitre liminaire propose
tout d'abord une première définition du " voyage officiel » antique fondée, notamment, sur le
critère déterminant du statut du voyageur et sur le rôle discriminant de l'infrastructure du
voyage. Au fil de l'enquête, l'importance du cérémonial politique, protocolaire ou rituel,s'est imposée : il est analysé à travers l'étude de quelques cas de convois funèbres et de
cortèges nuptiaux consistant en de véritables voyages d'apparat. Mais la dimensioncérémonielle du voyage ressort particulièrement, à la faveur d'une documentation beaucoup
plus abondante, des modalités de l'entrée solennelle des rois et des imperatores dans lescités. L'interaction entre la sphère du public et celle du privé, c'est à dire le rapport entre le
voyage fonctionnel et le déplacement personnel, est analysée à partir des voyages de jeunesse
des souverains hellénistiques et des aristocrates romains, ainsi qu'au travers de la pratique du tourisme culturel auquel se livraient les imperatores en déplacement en Orient. Enfin, unchapitre conclusif consacré au voyage d'exil et à sa représentation littéraire vise à dessiner,
en négatif, l'image conventionnelle du " voyage officiel ».pérenniser le passage du roi, à lui aussi été bien étudié : voir, à ce sujet, les remarques de J.-M. André et M.-Fr.
Baslez, 1993, p. 170-172.
27Public et privé en Grèce ancienne : lieux, conduites, pratiques, Ktéma, 23, 1998. 9
Chapitre 1
Essai de définition phénoménologique :
les critères déterminants du " voyage officiel » antique L'expression " voyage officiel » est devenue usuelle et nul ne songerait aujourd'hui àen remettre en cause l'usage ou à en contester la validité. Pourtant, à y regarder de plus près,
elle risque fort d'apparaître comme l'une de ces pré-notions que dénonçait Durkheim en son
temps, à savoir l'un de ces concepts que l'on emploie couramment et dont le sens semble implicitement connu et accepté de tous, mais dont la définition et le contenu ne sont jamais clairement explicités1. Un rapide sondage historiographique réalisé dans le seul champ de la
recherche française montre ainsi que le concept ou, à tout le moins, la catégorie de " voyage
officiel » traverse toutes les périodes historiques et tous les contextes socio-politiques : tandis
que certains historiens de l'Antiquité y ont recours pour désigner les déplacements des
souverains hellénistiques ou des imperatores et des empereurs romains2, les médiévistes et les modernistes quant à eux l'appliquent aux déplacements des rois de France3, les contemporainistes à ceux des " chefs d'Etat » - au premier rang desquels figurent évidemment les présidents de la République française -4 ; à aucun moment, pourtant, le
voyage officiel ne semble avoir fait l'objet d'une tentative de définition phénoménologique5.
C'est la raison pour laquelle il paraît nécessaire, en bonne méthode, d'établir
préalablement un certain nombre de critères de définition de cette pratique et de déterminer
1 E. Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, Paris, 1995 (1895), notamment p. 15-34.
2 J. Rougé, " Voyages officiels en Méditerranée orientale à la fin de la République et au premier siècle de
l'Empire », REA, 55, 1953, p. 294-300 ; J.-M. André et M.-Fr. Baslez, Voyager dans l'Antiquité, Paris, 1993, p.
167-206.
3 G. Sabatier, " Les voyages des rois de France » et C. Laborde, " Les voyages du roi : les représentations du
pouvoir royal sous la restauration », dans J. W. Derymez, O. Ihl et G. Sabatier (dir.), Un cérémonial politique :
les voyages officiels des chefs d'Etat, Paris, 1998, p. 15-44 et 101-112.4 Voir les contributions de P. Niéto et P. Harismendy, " Sadi Carnot, un président voyageur », O. Ihl, " Sous le
regard de l'indigène. Le voyage du président Loubet en Algérie », J. W. Dereymez, " Le maréchal et son
royaume : les voyages du chef de l'Etat français (septembre 1940-octobre 1942) », A. S. Clacys, " La
symbolique de la hauteur dans les voyages du Général de Gaulle en Afrique noire. 1958-1959 », dans J. W.
Derymez, O. Ihl et G. Sabatier (dir.), Un cérémonial politique : les voyages officiels des chefs d'Etat, Paris,
1998, p. 113-168 ; 169-242 ; 243-270 ; 271-292.
5 Ainsi, ni J. Rougé, 1953, p. 294-300, ni J.-M. André et M.-Fr. Baslez, 1993, p. 167-206 ne proposent de
définir préalablement le phénomène qu'ils entendent étudier. 10dans quelle mesure la catégorie de " voyage officiel » est-elle opératoire pour l'Antiquité
gréco-romaine, notamment pour qualifier et caractériser les déplacements des souverains
hellénistiques et des imperatores romains ? De l'" officiel » au " public » : la difficile identification du voyage d'Etat Il convient tout d'abord de se pencher sur le problème, crucial, du vocabulaire.L'expression française " voyage officiel », dont on ignore à quel moment elle fut forgée pour
la première fois6, ne possède, semble-t-il, aucun équivalent antique : les sources, littéraires
comme épigraphiques, n'établissent pas de distinction claire entre les déplacements qu'unmoderne considérerait comme " officiels » et ceux qui n'entreraient pas dans cette catégorie
particulière. Cela ne signifie cependant pas que la pratique n'existait pas. Ainsi, les traducteurs dela Collection des Universités de France rendent souvent par " officiel » les termes démosios
ou koinos en grec et publicus en latin7. Littéralement, il conviendrait de les traduire par" public » : étymologiquement en effet, démosios vient de démos, tandis que publicus dérive
de populus ; ces mots renvoient donc au " peuple »8, mais également, s'agissant de l'Antiquité gréco-romaine, à l'" Etat »9. Pour Alain Fouchard, démosios est en effet le terme
grec qui exprime le mieux la notion moderne d' " Etat »10, tandis qu'en latin, l'Etat constitue
la res publica, c'est-à-dire la " chose publique »11. Si l'emploi du concept d'Etat pour
6 Des deux termes, le second est le plus récent : alors que " voyage », dans son acception moderne apparaît au
XVème siècle, " officiel » n'est attesté pour la première fois dans la langue française qu'en 1778 : J. Dubois, H.
Mitterand et A. Dauzat, Dictionnaire étymologique et historique du français, Paris, 2005, article " officiel », p.
678.7 Fr. De Polignac et P. Schmidtt-Pantel, " Introduction », dans Public et privé en Grèce ancienne : lieux,
conduites, pratiques, Ktéma, 23, 1998, p. 5-13.8 L'étymologie de koinos est plus incertaine mais ce terme renvoie lui aussi à la notion de communauté, c'est à
dire, dans le langage politique grec, au peuple : P. Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque.
Histoire des mots, Paris, 1998, (nouvelle édition mise à jour), article " koinos », p. 552-553.
9 P. Chantraine, 1998, article " démos », p. 273-274 et article " koinos », p. 552-553 ; A. Ernoult et A. Meillet,
Dictionnaire étymologique de la langue latine. Histoire des mots, Paris, 2001 (retirage de la 4ème édition de
1959 augmentée d'additions et de corrections), article " publicus », p. 542.
10 A. Fouchard, " Démosios et démos : sur l'Etat grec », dans Public et privé en Grèce ancienne : lieux,
conduites, pratiques, Ktéma, 23, 1998, p. 59-69.11 Voir par exemple le texte de Cicéron, Des Lois, III, 8, 18, cité infra, p. 15.
11 caractériser certaines formes d'organisation socio-politique antiques ne va pas sans poser problème12, les historiens modernes s'accordent cependant depuis longtemps à en reconnaître
la validité tant pour désigner les royautés hellénistiques que la République romaine13. On
peut dès lors considérer comme " officiel » ou " public » tout ce qui concerne l'Etat ; la
terminologie diplomatique française et britannique substitue d'ailleurs souvent l'expression " voyage d'Etat » à celle de " voyage officiel ». Ainsi, dans le monde grec, un homme public est un individu qui détient un pouvoir ou exerce une charge au nom d'un Etat14. On retrouve là l'étymologie du terme français
" officiel » : ce mot a en effet été emprunté à l'anglais " official », lui-même pris au latin
officialis, dérivé de officium15. Or, dans la langue latine, officium désigna d'abord une charge
publique avant de renvoyer plus précisément aux devoirs, aux obligations liés à celle-ci16.
D'ailleurs, parmi les nombreuses catégories de voyageurs qu'ils envisagent, les juristes du Digeste distinguent notamment ceux qui voyagent pour " le service de l'Etat », rei publicae causa : il s'agit des voyageurs officiels17. Il semblerait donc que le statut du voyageur constitue un premier critère de définitionprobant : pour justifier le qualificatif d' " officiel », un voyage doit d'abord être accompli par
un personnage public, investi d'une fonction par un Etat et pouvant, à ce titre, être considéré
12 Sur le problème de la définition et de l'usage de ce concept moderne en histoire ancienne, on lira avec profit
l'ouvrage de M. H. Hansen, Polis et Cité-Etat. Un concept antique et son équivalent moderne, trad. fr. Paris,
2004 (2001²) ; rien dans la manière dont l'auteur définit l'Etat (notamment p. 55-77) ne paraît s'opposer à
l'emploi de ce terme pour désigner tant les monarchies hellénistiques que la République romaine.
13 Pour le monde grec, voir V. Ehrenberg, L'Etat grec, trad. fr. Paris, 1976, p. 225-373 et plus récemment A.
Fouchard, Les Etats grecs, Paris, 2003, p. 71-134 ; plus précisément, sur le royaume séleucide envisagé comme
un Etat, voir J. Ma, " Les rois », dans A. Erskine (dir.), Le monde hellénistique. Espace, sociétés, cultures, 323-
31 av. J.-C., Rennes, 2004, p. 248. Pour le monde romain, voir L. Homo, Les institutions politiques romaines.
De la cité à l'Etat, Paris, 1970 (1927), p. 35-227 et plus récemment B. Lançon, L'Etat romain. Quatorze siècles
de modèles politiques, Paris, 1995, p. 21-48.14 M. Casevitz, " Note sur le vocabulaire du privé et du public », et P. Ceccarelli, Fr. Létoublon et M. Steinrück,
" L'individu, le territoire, la graisse : du public et du privé chez Homère », dans Public et privé en Grèce
ancienne : lieux, conduites, pratiques, Ktéma, 23, 1998, respectivement p. 39-45 et 47-57.15 J. Dubois, H. Mitterand et A. Dauzat, 2005, article " officiel », p. 678.
16 A. Ernoult et A. Meillet, 2001, article " officium », p. 459-460.
17 C. Wolff, " Le voyage et les juristes du Digeste », dans M. G. Angeli Bertinelli et A. Donti (éd.), Le vie della
storia. Migrazioni di popoli, viaggi di individui, circolazione di idee nel Mediterraneo antoci, Atti del II
incontro Internazionale di Storia Antica, Gênes, 6-8 octobre 2004, Rome, 2006, p. 319-339, notamment p. 320-
321.12
comme un représentant de cet Etat. Pourtant, ce critère, en apparence simple, se révèle
problématique et doit être affiné en tenant compte notamment des spécificités des royautés
hellénistiques et de la République romaine dans lesquelles se pose, pour des raisons
différentes, le problème des frontières entre public et privé, entre démosios/publicus et
idios/privatus. Entre public et privé : des limites brouilléesSans revenir en détail sur le problème toujours très discuté de la royauté hellénistique,
il n'est pas inutile d'en rappeler quelques unes des principales caractéristiques susceptibles d'éclairer la pratique et, par là même, la définition du " voyage officiel ».On le sait, le roi hellénistique était, avant toute autre chose, un chef de guerre
victorieux : la victoire au combat, signe de la bienveillance divine, révélait la nature royale et
légitimait l'exercice du pouvoir suprême ; l'idéologie et la propagande monarchiques
s'articulaient très largement autour du thème de la victoire18. Partant de là, la royauté
hellénistique était fondamentalement un régime politique personnel19. Le titre
traditionnellement porté par les souverains hellénistiques est, à cet égard, significatif : dans
leurs lettres ou sur leurs monnaies, les rois eux-mêmes employaient pour se présenter une formule simple mais révélatrice, à savoir le terme de basileus suivi de leur nom20 ; on ne trouve donc dans cette titulature aucun élément territorial ou ethnique21. Outre cette
dimension personnelle, la monarchie hellénistique se distinguait aussi par son caractère
absolu. Du fait de sa nature royale, reconnue par les dieux, mais également en raison desmultiples qualités qui s'attachaient traditionnellement à sa fonction, le roi hellénistique se
trouvait placé au dessus du commun des mortels et exerçait un pouvoir souverain et absolu ;18 Cl. Préaux, Le monde hellénistique. La Grèce et l'Orient de la mort d'Alexandre à la conquête romaine. 323-
146 av. J.-C., Tome I, Paris, 2003 (1978), p. 183-185 ; M. Austin, " Hellenistic Kings, War and the Economy »,
CQ, 36, 1986, p. 450-466 ; B. Virgilio, Lancia, diadema e porpora. Il re e la regalita ellenistica, Pise, 2003², p.
45-87 ; A. Chaniotis, War in the Hellenistic World. A Social and Cultural History, Blackwell publishing, 2005,
p. 57-77. 19M. Austin, 1986, p. 451.
20 Les lettres royales sont commodément réunies par C. B. Welles, Royal Correspondence in the Hellenistic
Period, New Haven, 1934 ; sur les monnaies royales, voir H. Nicolet-Pierre, Numismatique grecque, Paris,
2002, p. 207-232.
21Cl. Préaux, 2003, p. 186.
13non seulement il faisait la loi, mais il était la loi22. Tous ces éléments font que, dans un tel
système politique, la dichotomie moderne entre public et privé n'a évidemment plus aucune valeur en ce sens que le roi ne devait sa fonction et son pouvoir à personne sinon à lui-même : il n'était donc pas seulement le représentant de l'Etat, il en était l'incarnation vivante.
On a parfois proposé d'établir une distinction entre les royautés dites " personnelles »,
lagide, séleucide et attalide pour ne citer que les plus célèbres, et les royautés " nationales »,
notamment la monarchie antigonide23. Cette bipartition doit aujourd'hui être abandonnée24.
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