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croisées d'ogives du xiie siècle n'ait pas été entreprise en aquitaine orientale carrières de pierre « jusqu'à achèvement du monastère en construction 

  • Quel est l'intérêt de la croisée d'ogive ?

    Cette technique permet de reporter le poids et les poussées de la voûte aux pieds des arcs sur des sommiers contrebutés par des arcs-boutants. Sa mise en œuvre limite les travaux de coffrage aux arcs mais son équilibrage est plus complexe et sa fragilité impose une couverture.
  • Comment construire une ogive ?

    La voûte en tiers-point est une voûte d'ogives surbaissée :

    1Tracer un segment [AB];2Trisecter le segment [AB]; on obtient les points O1 et O2 : AO1 = O1O2 = O2B = AB/3;3On obtient l'ogive en tra?nt les arcs de cercle de centre O1 et O2 passant respectivement. par A et B.
  • Comment s'appellent les deux arcs qui forment une croisée d'ogives ?

    Elle découle de la voûte d'arêtes romane, que les maçons gothiques avaient renforcée en plus des arcs doubleaux et des formerets, par deux arcs diagonaux appelés ogives. Celles-ci appareillées sous les arêtes se croisent sous la clef de voûte, pour former la croisée d'ogives.
  • Voûte d'arêtes établie sur le croisement de deux ou trois ogives, spécifique du voûtement gothique. Dans la voûte sur croisée d'ogives, caractéristique de la construction gothique, les ogives sont généralement des arcs en plein cintre, les doubleaux et formerets d'encadrement étant, eux, des arcs brisés.

In SituRevue des patrimoines

6 | 2005

Patrimoine en situation : l'Inventaire général entre histoire et prospective Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

Jean-Philippe Meyer

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/insitu/8808

DOI : 10.4000/insitu.8808

ISSN : 1630-7305

Éditeur

Ministère de la culture

Référence électronique

Jean-Philippe Meyer, " Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace », In Situ [En ligne], 6 | 2005, mis

en ligne le 15 mai 2012, consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/insitu/8808 ;

DOI : 10.4000/insitu.8808

Ce document a été généré automatiquement le 19 avril 2019.

In Situ Revues des patrimoines est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons

Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modication 4.0 International. Voûtes d'ogives de l'époque romane enAlsaceJean-Philippe Meyer

1 Avec le domaine anglo-normand et la Lombardie, la région du Rhin supérieur compta,

durant la première moitié du XII e siècle, parmi les zones géographiques pionnières dans l'emploi des voûtes d'ogives

1. Vers 1110 ou 1120, les bras du transept de la cathédrale de

Spire furent couverts chacun d'une voûte à nervures de quinze mètres de portée2. (fig. n ° 1)Les parties orientales de la cathédrale de Worms possèdent un couvrement très

analogue ; grâce à l'analyse des bois d'échafaudage, on peut le dater des années 1130-1140

3. Rudolf Kautzsch, puis Robert Will ont particulièrement fait progresser les

connaissances sur les principales églises romanes d'Alsace4. Pour sa part, le Service régional de l'Inventaire a réuni, depuis sa création en 1964, une ample documentation sur les édifices religieux de la région

5, incluant notamment l'étude de leur chronologie, une

couverture photographique et des relevés ; l'emploi de voûtes d'ogives a été mis en

évidence dans de petites constructions jamais signalées jusqu'à présent (fig. n° 1). La base

des recherches sur l'architecture romane de l'Alsace s'en trouve élargie de façon appréciable. Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 20051

Figure 1

Carte des églises romanes citées, comportant une ou plusieurs voûtes d'ogives. Tirets : anciennes

limites des diocèses de Strasbourg et de Bâle. : églises basilicales ; : édice disparu ; : églises

ou chapelles à vaisseau unique (1. Wissembourg, Saint-Jean ; 2. Ingwiller ; 3. Saverne, Notre-Dame ; 4.

Haut-Barr, chapelle castrale ; 5. Haegen; 6. Thal; 7. Schweinheim; 8. Schaffhouse-sur-Zorn; 9. Gougenheim; 10. Geudertheim; 11. Salenthal; 12. Allenwiller; 13. Furdenheim; 14. Osthoffen; 15. Balbronn; 16. Soultz-les-Bains; 17. Boersch; 18. Meistratzheim; 19. Urschenheim; 20. Niedermorschwihr; 21. Obermorschwihr ; 22. Hirtzfelden ; 23. Oelenberg, chapelle remontée ; 24.

Schlierbach)

Carte Inv. J.-P. Meyer - A. Rachedi © Inventaire général, ADAGP, 2004

2 Au-delà des problèmes de datation, ces croisées d'ogives demandent à être questionnées

quant à leur origine. Mais les conséquences sur le traitement des espaces intérieurs ne

présentent pas moins d'intérêt, car l'emploi de voûtes est source d'effets spécifiques, qui

se modifièrent jusqu'à la fin de l'époque romane.

Lombardie ou Palatinat ?

3 Les voûtes d'ogives furent apparemment introduites en Alsace par plusieurs voies.

Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 20052

Figure 2

Plans d'édices à voûtes d'ogives, à la même échelle. A. Murbach, église abbatiale, vers 1140-1150

(relevé J.-Ph. Meyer) ; B. Saint-Jean-Saverne, église prieurale, vers 1140-1160 (relevé Inventaire

général, modié) ; C. Sélestat, église prieurale, vers 1155-1170 (d'après Kautzsch, 1944, modié) ; D.

Rosheim, église paroissiale, vers 1150-1180 (d'après Will, 1965, modié) ; E. Guebwiller, église

paroissiale, vers 1180-1230 (d'après Kautzsch, 1944, modié) ; F. Altorf, nef de l'église abbatiale, vers

1190-1220 (d'après Kautzsch, 1944) ; G. Obersteigen, église collégiale, vers 1213-1220 (document

S.D.A.P. du Bas-Rhin, 1977, modié) ; H. Balbronn, église paroissiale, n du XIIe siècle ou début du XIIIe

(plan avant restauration, par l'architecte G. Weigend, janvier 1900, conservé aux archives paroissiales

de Balbronn)

© Inventaire général, ADAGP, 2004

4 L'un des premiers édifices conservés qui présente un tel couvrement est l'église abbatiale

de Murbach (voir fig. n° 2) (A). Les nervures ont la forme de bandeaux. Dans le choeur et la croisée du transept fut mise en oeuvre une solution archaïque, avec une ogive continue contre laquelle butent les deux branches restantes. En revanche, dans les bras du transept, les nervures ont une clef commune, respectivement carrée et cruciforme. Les colonnettes soutenant les voûtes furent montées avec le restant des piliers, si bien que l'hypothèse d'une adjonction ultérieure

6 ne peut être retenue. Les analogies avec les

voûtes d'ogives de Lombardie ont souvent été soulignées

7. La retombée sur des

colonnettes à chapiteaux disposés en biais et le contrebutement par des salles hautes à voûtes d'arêtes pourraient être inspirés de Saint-Ambroise de Milan. Certaines analogies évoquent les voûtes du transept de la cathédrale de Spire : signes lapidaires, arcs composés de claveaux en grès alternativement rouge et gris clair. Si les tailleurs de pierre furent sans doute formés à Spire, le concepteur a, par ailleurs, dû connaître certaines réalisations d'Italie septentrionale. Les textes ne suffisent pas pour dater cet édifice majeur ; on l'attribue en général au deuxième quart du XIIe siècle, par comparaison avec les églises présentant un décor analogue

8.Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 20053

5 La connaissance des cathédrales du Palatinat est manifeste à l'église de Saint-Jean-

Saverne, bâtie vers 1140-1160 (voir fig. n° 2) (B).

Figure 3

Saint-Jean-Saverne. Eglise prieurale (vers 1140-1160). Face nord du choeur des religieuses : départ

des voûtes

Phot. J.-P. Meyer © J.-P. Meyer

6 Les voûtes établies sur le choeur et le vaisseau central montrent des nervures larges de

près de cinquante centimètres. Ces dernières se composent d'un bandeau dans lequel s'engage un boudin (fig. n° 3). La grande largeur des bandeaux évoque les nervures de Worms

9. Pourtant, le profil incluant un boudin et l'emploi de consoles ne se conçoivent

pas sans des contacts avec les oeuvres situées au-delà des Vosges, même si elles restent difficiles à localiser

10. Les bâtisseurs examinèrent sans doute plusieurs édifices couverts

de croisées d'ogives et tirèrent parti de divers modèles.

7 Si l'influence de l'Italie du Nord resta marginale, les exemples prestigieux de Spire et

surtout de Worms exercèrent dans la région du Rhin supérieur une influence durable11. Parallèlement s'établirent des relations artistiques entre l'Empire, dont faisait partie l'Alsace, et l'Ile-de-France. La connaissance de sources lorraines ou françaises

Le porche de Lautenbach

8 Des liens avec des prototypes situés au-delà des Vosges semblent décelables à l'église

collégiale de Lautenbach. Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 20054

Figure 4

Lautenbach. Eglise collégiale. Porche (vers 1140-1150) Phot. C. Czarnowsky s.d. © Inventaire général, ADAGP

9 Le massif de façade renferme un porche très orné, à trois vaisseaux de deux travées (fig. n

° 4). Les croisées d'ogives, profilées en boudin sous un bandeau peu débordant, y ont une

très faible portée (2 m et 2,60 m). Les doubleaux sont également pourvus d'un boudin,

alors qu'un tore borde les formerets. Le profil de ces ogives apparaît dans le

déambulatoire de l'abbatiale de Saint-Denis (1140-1144) et à l'église prieurale de Marolles-

en-Brie, vers 1120-1130. Une voûte d'ogives précoce, à nervures toriques et formerets en boudin, avec des sommiers communs, comparable à celles de la collégiale alsacienne, est conservée dans le porche de Notre-Dame de Saint-Dié (milieu du XIIe siècle) ; elle semble aussi en rapport avec des exemples français. La façade de Lautenbach fut probablement réalisée vers 1140, car les deux niveaux d'arcatures décoratives qui ornent l'extérieur sont analogues à ceux qu'on observe aux parties basses de l'abbatiale de Murbach, construite vers cette date.

Croisées d'ogives de type lorrain

10 Dans la nef de l'église prieurale de Sélestat (voir fig. n° 2) (C) et (fig. n° 5) alternent les

piles fortes à noyau carré et les piles faibles composées de quatre demi-colonnes. Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 20055

Figure 5

Sélestat. Eglise prieurale. Nef (vers 1160-1170) Phot. Inv. C. Menninger © Inventaire général, ADAGP, 1994

11 Les ogives sont profilées en bandeau avec boudin engagé. Leur départ, entre les

doubleaux et les formerets, est assuré par un tronc de cône ou " cornet », surmonté d'un petit chapiteau. Ce chantier se situait au débouché de la route de Lorraine. Des voûtes de ce type existaient à Notre-Dame de Saint-Dié, dont la nef servit de modèle pour la forme des supports et la structure générale des trois vaisseaux. Un couvrement analogue fut employé sur la croisée du transept à l'abbatiale d'Andlau, bâtie après l'incendie des environs de 1160 ; les formes décoratives montrent, là encore, l'influence directe de l'art lorrain. Le massif de façade de Marmoutier (vers 1150-1170) conserve lui aussi, sur le

porche, une voûte d'ogives à cornets. On peut la comparer à celle subsistant à la croisée

du transept de l'église cistercienne de Droiteval, au sud-ouest d'Epinal12. Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 20056

Figure 6

Rosheim. Eglise paroissiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Croisée du transept et nef, vers l'ouest (parties

achevées vers 1180) Phot. Inv. G. Ebner © Inventaire général, ADAGP, 1987

12 L'église paroissiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Rosheim (voir fig. n° 2) (D) et (fig. n° 6),

réalisée vers 1150-1180

13, est particulièrement somptueuse. Elle apparaît comme la

synthèse de différents courants, locaux et d'origine plus lointaine. Le choeur montre une voûte avec une nervure continue contre laquelle butent les deux autres branches, comme à Murbach ; dans les bras du transept, le couvrement est marqué par l'influence de cette abbatiale (colonnettes en porte-à-faux, ogives de profil carré), alors que la croisée et la nef ont de fortes nervures toriques, débutant en cornet, à la manière lorraine. Dans les églises de Saint-Jean-Saverne, Sainte-Foy de Sélestat et Rosheim, le vaisseau central à

voûtes d'ogives est associé à des bas-côtés voûtés d'arêtes ; l'élévation comprend deux

niveaux (grandes arcades, fenêtres hautes), séparés par un cordon qui prolonge les impostes des supports. Le troisième art roman et les contacts avec l'art gothique

13 A partir du dernier quart du siècle, les contacts avec les chantiers du Nord de la France se

multiplièrent. On les a mis en évidence à la cathédrale de Bâle14, siège épiscopal dont

dépendait la Haute-Alsace. Les croisées d'ogives y furent étendues aux bas-côtés. Cette

solution se diffusa dans la région, tout comme l'emploi de supports composés, à colonnes

engagées et colonnettes. A cet égard, l'église paroissiale Saint-Léger de Guebwiller (voir

fig. n° 2) (E) (vers 1180-1230) prend modèle sur Bâle. Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 20057

Figure 7

Pfaffenheim. Choeur de l'église paroissiale (vers 1220-1230) Phot. Inv. C. Menninger © Inventaire général, ADAGP, 1996

14 Des réminiscences bâloises se retrouvent aussi dans les paroissiales de Sigolsheim (vers

1180-1190 ?), Eguisheim et Turckheim (vers 1220-1230). Le choeur de l'église de

Pfaffenheim fut construit vers le même moment par des ouvriers venus du chantier de

Guebwiller ; à l'intérieur, les supports fasciculés lui confèrent une grande légèreté ; mais

des fenêtres fort étroites évident les parois, à la manière romane (fig. n° 7). Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 20058

Figure 8

Strasbourg. Cathédrale. Bras septentrional du transept : voûte sud-est (vers 1200-1210) Phot. Inv. J.-C. Stamm © Inventaire général, ADAGP, 1976

15 En Basse-Alsace, la reconstruction de la cathédrale de Strasbourg suivit l'incendie de

1176 ; on éleva l'abside ainsi que le vaste vaisseau transversal, en plusieurs campagnes de

travaux ; la tour-lanterne fut dotée d'une coupole nervurée, conformément aux modèles

du Palatinat ; le bras nord du transept, divisé en quatre travées, appartient à une phase de

travaux plus récente (vers 1210) ; il reçut des voûtes très bombées, avec ogives bordées de

moulures (fig. n° 8). Les relations avec l'architecture religieuse des régions de Laon,

Soissons, Noyon semblent assurées

15. L'église abbatiale de Honcourt, une rotonde bâtie

vers 1186 et malheureusement démolie au XVIII e siècle, possédait, semble-t-il, un bas-côté tournant avec voûtes d'ogives à cinq branches qui évoquent celles de la cathédrale de

Noyon (tribunes du déambulatoire).

Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 20059

Figure 9

Wangenbourg-Engenthal. Eglise collégiale d'Obersteigen. Nef et choeur (vers 1213-1220) Phot. Inv. J.-C. Stamm © Inventaire général, ADAGP, 1976

16 Dans le diocèse, l'influence de la cathédrale de Worms s'avéra déterminante, notamment

à l'abbatiale d'Altorf (alternance de piles fortes et faibles) (voir fig. n° 2) (F). Dans les deux

églises de Neuwiller-lès-Saverne et à Saint-Etienne de Strasbourg, son souvenir se mêla à

d'autres courants. A Neuwiller, possession des évêques de Metz, furent encore employées des ogives à " cornet » ; dans les parties les plus récentes du transept apparaissent des

supports fasciculés. La petite église collégiale d'Obersteigen (voir fig. n° 2) (G) et (fig. n° 9)

16, datée de 1213-1220, est remarquable par l'élégance de sa structure, à colonnettes

soutenant de fines ogives moulurées (amande entre deux tores, ou entre deux cavets) ; les chapiteaux à crochets, ornés de frises de pointes de diamants, les colonnettes baguées et le type des contreforts indiqueraient l'influence de la cathédrale de Noyon ou de celle de

Soissons (bras sud du transept).

Petites églises et chapelles à voûte d'ogives

17 Les petites paroissiales constituent un type d'édifice à part17. La nef, souvent reconstruite

au cours des temps, était de plan rectangulaire et couverte d'un plafond. A sa face orientale s'adossait un choeur d'une seule travée, que surmontait souvent un clocher.

Celui-ci pouvait aussi se dresser à côté du sanctuaire, ou encore à l'ouest de la nef, au-

dessus du porche. Dans de nombreux villages, la tour fut maintenue lors des rénovations. Dans certains cas, son rez-de-chaussée conserve une voûte d'ogives romane. Les sources d'inspiration sont en général identifiables dans la région même. Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 200510

Premiers exemples d'ogives sur les petits édifices

18 L'église de Murbach était manifestement connue des bâtisseurs du clocher de Hirtzfelden.

Dans l'ancien choeur, les nervures minces, en forme de bandeau, retombent sur des colonnettes d'angle ; on retrouve ici l'emploi d'une ogive continue ; les chapiteaux, de type cubique, sont ornés de demi-cercles emboîtés, motif qui apparaît vers 115018 ; il pourrait s'agir d'une réalisation à peine postérieure à cette date. La paroissiale de Rosheim fit également école ; les ogives de profil rectangulaire furent adoptées à Meistratzheim, dans le choeur de l'église Saint-André19. Elles prennent appui sur des piles d'angle quadrangulaires, dans lesquelles s'engage une colonnette. Les chapiteaux, notamment celui à deux masques, font penser au décor de Rosheim.

19 L'église de Saint-Jean-Saverne exerça elle aussi une certaine influence. Le château-fort

épiscopal du Haut-Barr, au-dessus de Saverne, est tout proche. Il comprend une luxueuse chapelle

20. Son vaisseau était couvert de voûtes d'ogives, en deux travées. Du couvrement

ne subsistent que deux colonnettes d'angle avec chapiteau cubique en biais. Les formerets peu saillants et n'atteignant pas les supports paraissent être un souvenir de l'église de

Saint-Jean ; à l'extérieur, le décor de lésènes moulurées et de frises d'arceaux prenant

appui sur des consoles rappelle celui du transept de Rosheim ; la réalisation se situerait ainsi vers 1170. Dans la tour-choeur de Haegen

21, les ogives en forme de boudin engagé

dans un bandeau plus large ont une clef carrée ; ce profil, le type de clef, ainsi que les supports, avec imposte arrondie et chanfreinée, sont là encore une réminiscence de Saint-Jean-Saverne. Le clocher et la voûte doivent dater du troisième quart du XIIe siècle.

20 L'église de Boersch conserve la base de sa tour-choeur romane22. Les minces ogives

toriques sont comparables à des exemples lorrains (porche de Notre-Dame de Saint-Dié). Les chapiteaux des colonnettes d'angle, de type cubique et décor de palmettes, ne semblent guère postérieurs aux années 1170-1180.

Multiplication des croisées d'ogives vers 1200

21 A la fin de l'époque romane coexistent dans les petits édifices des solutions archaïsantes

et plus novatrices, sans que leur origine soit toujours décelable. Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 200511

Figure 10

Osthoffen. Eglise paroissiale. Tour-porche : couronnement d'une colonnette, soutenant une ogive en forme de bandeau Phot. Inv. Rezazadeh © Inventaire général, ADAGP, 1995

22 Les ogives en forme de bandeau se maintinrent à Osthoffen, dans le clocher-porche23, où

elles retombent sur des colonnettes. Celles-ci sont ornées à leur partie supérieure d'un masque saillant, sous un abaque arrondi (fig. n° 10). Ce détail et le dessin des masques barbus pourraient dériver de sculptures visibles dans l'église paroissiale de Dorlisheim ; la réalisation est sans doute un peu postérieure (après 1190). Le même profil d'ogive24 réapparaît dans l'ancienne tour-choeur de l'église de Schaffhouse-sur-Zorn25 ; dans celle de Geudertheim

26, l'imposte arrondie des colonnettes d'angle et les formerets naissant en

porte-à-faux font penser à la prieurale de Saint-Jean-Saverne ; sous l'intrados, la clef cruciforme est sculptée en bas-relief de quatre masques humains disposés de manière rayonnante, une solution certainement inspirée de précédents français27. En Haute-

Alsace, dans l'ancienne tour-choeur d'Urschenheim

28, les ogives ont également un profil

carré. Elles prennent appui sur des colonnettes accompagnées de deux ressauts, " articulation » présente dans les édifices de la fin de l'époque romane. Les chapiteaux cubiques, décorés de rainures, sont analogues à ceux d'Eguisheim (supports au revers du massif de façade)

29 ; la mouluration des impostes a un aspect tardif (vers 1220 ?). A

Schlierbach

30, les nervures, en bandeau bordé de deux tores, évoquent celles employées

vers 1200 à l'église de Guebwiller. Le porche de l'église d'Obermorschwihr31 montre des ogives en bandeau chanfreiné, forme introduite tardivement (second quart du XIIIe siècle ?)

32 ; elles prennent encore appui sur des consoles à chapiteau cubique.

Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 200512

Figure 11

Ingwiller. Eglise paroissiale. Choeur, vers l'est

Phot. Inv. B. Parent © Inventaire général, ADAGP, 2000

23 Les ogives moulurées en bandeau dans lequel s'engage un tore connurent une large

diffusion

33. Elles apparaissent à Ingwiller (tour-choeur) (fig. n° 11) et Gougenheim (porche,

avec vestiges d'une voûte écroulée)

34 ; dans l'église paroissiale de Saverne (porche), la clef

est ornée d'un disque plat ; pour cette raison, on pourrait attribuer la voûte à la fin du XII

e siècle, bien que les supports soient de simples ressauts35. Une voûte de ce type fut employée dans la paroissiale de Balbronn (vers 1200 ?), qui conserve sa nef romane couverte d'un plafond (voir fig. n° 2) (H)

36. Le même profil apparaît encore dans l'église de

Furdenheim

37, où les chapiteaux en coussinet indiquent les environs de 1200.

Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 200513

Figure 12

Soultz-les-Bains. Eglise paroissiale. Angle nord-est de l'ancien choeur : départ d'ogive Phot. Inv. B. Parent, E. Fritsch © Inventaire général, ADAGP, 1995

24 A Soultz-les-Bains, les ogives, du même type, prennent appui sur des colonnettes38. Au-

dessus du sommier carré, une sorte de congé assure le raccord avec le bandeau de la nervure, tandis qu'un masque d'homme se situe au départ du boudin (fig. n° 12). Cette solution inhabituelle est un peu comparable aux ogives à " cornet » utilisées en Lorraine,

à Sélestat et à Andlau

39. Les chapiteaux rappellent l'art lorrain de la fin de l'époque

romane

40. La clef de voûte est sculptée d'un Agnus Dei41.

Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 200514

Figure 13

Marmoutier. Cimetière de l'ancienne église paroissiale. Chapelle Saint-Denis. Choeur (vers 1213-1220)

Phot. Inv. J.-C. Stamm © Inventaire général, ADAGP, 1976

25 Des formes plus proches du gothique apparaissent dans la chapelle Saint-Denis de

Marmoutier (fig. n° 13)

42 ; le choeur rectangulaire y est couvert d'une voûte d'ogives

sexpartite, la plus ancienne de la région ; les chapiteaux à crochets peuvent se comparer à ceux d'Obersteigen (vers 1213-1220). La tour-choeur de Salenthal43 montre de minces ogives toriques, qui s'amincissent en cornet entre les formerets, comme dans l'abbatiale de Neuwiller (début du XIII e siècle). Le clocher fortifié d'Allenwiller44 possède des nervures minces, en amande ; les chapiteaux semblables à ceux de Neuwiller, Marmoutier, Obersteigen, indiqueraient une réalisation vers 1220. A Wissembourg, l'église paroissiale Saint-Jean

45 subit plusieurs agrandissements ; l'ancien choeur, au sud

du clocher, se présente comme une travée trapue, couverte d'une voûte d'ogives (profil en amande engagée dans un bandeau peu débordant).

26 D'autres exemples encore, moins bien conservés, témoignent d'une large diffusion de

cette technique en Alsace 46.
Caractères généraux des petits édifices à voûte d'ogives

27 Tous ces édifices secondaires ne sont datés par aucun texte. Le décor y est peu abondant.

Les datations proposées ne peuvent être qu'imprécises. Cependant, il est clair qu'aucune de ces voûtes n'est antérieure à celles de Murbach et de Lautenbach, donc aux années

1140-1150. Dans les églises à nef unique, la croisée d'ogives fut employée dans le choeur

ou le porche, au lieu d'une voûte d'arêtes

47 ou d'un berceau48. Grâce à ces exemples

mineurs, on discerne le rayonnement de chantiers comme ceux de Murbach, Rosheim ouVoûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 200515

Saint-Jean-Saverne. Toutefois les modèles ne furent jamais reproduits tels quels. On peut croire que, comme dans le cas des édifices plus importants, les bâtisseurs de petites églises examinaient plusieurs oeuvres voisines. Des contacts ponctuels avec des réalisations plus lointaines ne sont pas à exclure

49. Les supports s'avèrent d'une grande

variété (colonnette, pilastre avec fine colonnette engagée, colonnette entre deux ressauts, console) et reflètent la diversité des solutions présentes ailleurs en Alsace. Lorsque subsiste le vaisseau primitif, couvert d'un plafond, on voit qu'il est légèrement plus large que haut

50. Ces proportions trapues se retrouvent à l'arc triomphal et dans le choeur, où

les supports d'angle sont très peu élevés. De telles travées basses semblent typiques de cette catégorie de constructions. Conception des espaces intérieurs et mutation du style

28 Au XIe siècle et durant la première moitié du XIIe, dans les églises basilicales, les espaces

intérieurs couverts de plafonds se présentent comme d'amples parallélépipèdes aux parois lisses. Le vaisseau central était alors séparé des collatéraux soit par des piles carrées (Eschau), soit par des colonnes (Hattstatt), ou encore par une alternance de piliers carrés et de colonnes (Surbourg, Lautenbach). L'introduction de la voûte d'ogives amena à modifier, peu à peu, la conception des intérieurs.

29 Durant une première période (vers 1140-1180), les piles cruciformes à quatre pilastres

(Saint-Jean-Saverne) perpétuèrent une forme venant de l'architecture plafonnée (piles de la croisée du transept) ; elles furent seulement dotées de colonnettes ou de consoles pour recevoir les ogives. Dès lors fut introduit le plan associant une travée double du vaisseau

principal à deux travées dans les bas-côtés, avec alternance de supports forts et faibles,

solution qui allait devenir la règle.

30 A partir de 1170-1180 environ se produisit une accentuation des effets. Dans la nef haute

de l'église de Rosheim, les ogives en boudin sont très volumineuses, tout comme les doubleaux à deux rouleaux. Le contraste est évident, entre la simplicité monumentale des piliers à quatre pilastres et le couvrement modelé de façon généreuse. Celui-ci s'en trouvait efficacement mis en valeur. La robustesse des ogives dans les petites églises illustre également cette tendance. Après 1180, les supports furent complétés par des demi-colonnes, des dosserets, des colonnettes (Bâle, Guebwiller, Altorf, cathédrale de Strasbourg, abbatiale de Neuwiller). Par exception, les piles reçurent des proportions extrêmement puissantes, dans la cathédrale de Strasbourg (croisée du transept) ou dans

la nef d'Altorf, faisant ressortir la solidité de la structure. Les fenêtres restèrent presque

toujours petites, générant de fortes ombres. La scansion de l'espace produite par la membrure et cet éclairage discontinu est à l'opposé de la manière dont, au même moment, les constructeurs gothiques unifiaient l'intérieur des vaisseaux. Jusqu'en fin de

période, les bâtisseurs alsaciens se refusèrent à évider les murs au moyen de galeries de

circulation ; ils renoncèrent aussi à plaquer contre eux des arcades décoratives. On peut croire que leur but était de préserver la monumentalité des parois, embellies, au moins dans les monuments principaux, par un parement en pierre de taille.

31 Au dehors, les églises de la fin de l'époque romane se caractérisent par de vastes surfaces

planes, ornées de lésènes et de frises d'arceaux d'un faible relief. Les contreforts ne furent

employés qu'assez rarement (Bâle, Pfaffenheim, transept de la cathédrale de Strasbourg).Voûtes d'ogives de l'époque romane en Alsace

In Situ, 6 | 200516

En matière de volumes d'ensemble, le goût pour les formes géométriques articulées avec

vigueur reste évident à Guebwiller, Altorf, Saint-Etienne de Strasbourg.

32 Dans les ultimes réalisations, vers 1210-1220, les motifs empruntés au premier art

gothique devinrent plus nombreux : supports composés à l'aspect gracile et parfois de type fasciculé, nervures bordées de moulures, sveltes contreforts à plusieurs retraits51. Mais la plénitude des parois resta prédominante. On ne peut donc parler d'un passage progressif au style gothique. Par recours à de multiples sources, localisées entre autres dans le Nord de la France, l'architecture s'enrichit d'effets nouveaux, tout en conservant un caractère spécifiquement roman. Il suffit de confronter des vues de la cathédrale de Laon et d'églises alsaciennes du premier quart du XIIIe siècle pour s'en convaincre.

Conclusion

33 Les voûtes d'ogives furent mises en oeuvre en Alsace à partir des années 1140-1150, grâce

à des contacts réitérés avec les chantiers de Spire et de Worms, l'Italie du Nord (pour Murbach), la Lorraine et, sur le tard, avec la Picardie et l'Ile-de-France. Entre Vosges et

Rhin, les bâtisseurs reproduisirent certaines formules d'un édifice à l'autre ; il ne s'agit

jamais de copie stricte, mais d'une adaptation à chaque nouveau programme. Certes, les

exemples recensés ne révèlent pas une précocité exceptionnelle. Néanmoins, durant la

seconde moitié du XII e et au début du XIIIe siècle, l'Alsace fut la seule région de l'Empire à

utiliser la croisée d'ogives si fréquemment. Les petites églises où subsiste une voûte à

nervures confirment l'intérêt que suscitait cette technique coûteuse, mais riche en effets.

L'emploi de voûtes conduisit à une modification du style : articulation accrue,

enrichissement des supports, rythme intérieur accentué. Les traits fondamentaux de l'architecture romane en Alsace en furent peu affectés et persistèrent jusque vers 1220 : volumes que délimitent des murs pleins, forte épaisseur des parois, éclairage assuré par des fenêtres relativement exiguës. Malgré maints emprunts de détails, les tendancesquotesdbs_dbs41.pdfusesText_41
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