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ANNÉE - Nº 17664 -7,90 F - 1,20 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY - DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANISAMEDI 10 NOVEMBRE 2001

SOMMAIRE

bL"économie et la guerre :Le som- met de l"Organisation mondiale du commerce (OMC) se tient, sur fond de guerre en Asie centrale, à Doha (Qatar). Les 142 pays membres arri- veront-ils à lancer un nouveau cycle de libéralisation du commer- ce mondial ? Plusieurs participants, dont l"Inde et le Pakistan, font con- naître leur hostilité. Une trentaine de pays sont candidats à l"adhésion

à l"OMC, parmi lesquels la Russie et

l"Arabie saoudite. Notre entretien avec Pascal Lamy, commissaire européen au commerce :" Notre souci du développement nous met en position d"intermédiaire entre les Etats-Unis et les pays du Sud ».

La Banque centrale européenne

(BCE) baisse d"un demi-point son principal taux directeur, ramené à

3,25 %. Elle manifeste son inquié-

tude pour la croissance et affirme son souhait de" restaurer la con- fiance ». p. 2 et 3 et, sur la BCE, p. 18 et notre éditorial p. 17 bLa guerre contre Al-Qaida :La bataille de Mazar-e-Charif conti- nue. L"enquête de notre envoyé spécial en Ouzbékistan sur trois semaines de combats pour cette ville du nord de l"Afghanistan. Un entretien avec Joseph Biden, prési- dent de la commission des affaires

étrangères du Sénat américain :

" Ce sont les talibans qui tuent des

Afghans. »A Paris, le président

pakistanais Pervez Moucharraf et le délégué de l"ONU Lakhdar Brahi- mi exposent leur vision de l"après- talibans. A Washington, George

Bush évoque" une guerre pour

sauver la civilisation elle-même ».

Les relations entre le Pentagone et

la presse se dégradent. Les accusa- tions américaines contre une gran- de entreprise somalienne. p.4à7 bCommunication:Loin de leur pays, les Afghans s"expriment sur

Internet. Enquête sur les sites de la

diaspora. p. 20

LA BATAILLE DE MAZAR-E-CHARIF

Cette villequi tremble

Lí´ Espagnol ordinaire ª qui a empÍchÈ líETA de faire sauter la tour Picasso ‡ Madrid

MADRID

de notre correspondante

Ben Laden devancé par l"ETA. Le richissime

terroriste saoudien n"a rien inventé en faisant détruire les tours jumelles, symbole de la puis- sance financière de New York, si l"on en croit

Juan Cotino, directeur général de la police

espagnole. En effet, d"après les révélations que lui a faites Ana Belen Egües Gurruchaga, arrê- tée mardi 6 novembre, alors qu"elle venait de faire sauter une voiture piégée dans la capitale espagnole - attentat qui a fait 90 blessés -, l"organisation séparatiste basque armée ETA avait presque mené à terme un projet du même genre, prévu pour le 22 décembre 1999.

Il s"agissait, a avoué la jeune femme -

" Dolorès », selon son nom de code, dirigeait ces dernières années les actions du sanglant " commando Madrid »-, de détruire entière- ment la tour Picasso, un immeuble emblémati- que de la capitale espagnole. Le plus haut en tout cas (157 mètres et 43 étages), et celui dans lequel travaillent chaque jour 5 000 per- sonnes, employées dans les bureaux des entre- prises les plus prestigieuses d"Espagne. Coïn-cidence macabre : la tour Picasso, construite en 1989, est l"oeuvre de l"architecte japonais

Minoru Yamasaki, concepteur des tours new-

yorkaises.

L"attentat, le premier projeté par l"ETA en

1999, après quatorze mois de trêve, avait été

conçu comme un coup d"éclat particulière- ment spectaculaire. Il aurait dû se produire le

22 décembre, lorsque les rues sont noires de

monde, à la veille de Noël. Deux camionnettes chargées de 1,7 tonne de dynamite devaient être placées à la base de la tour. Un contrôle routier miraculeux avait permis à la police de les intercepter avant qu"arrive à bon port ce que les Espagnols ont baptisé depuis" la cara- vane de la mort ».

La nouvelle n"a pas manqué de jeter l"effroi

dans l"opinion. Elle est tombée au moment où, à l"occasion des funérailles de la dernière victi- me du terrorisme, le juge José Maria Lidon, assassiné à Getxo en Biscaye, mercredi matin, des milliers et des milliers de manifestants

étaient descendus dans la rue pour protester,

dans tout le pays, contre les agissements de

l"ETA. Agissements dont le directeur de la po-lice affirmera qu"" ils restent inchangés en dépit

des événements du 11 septembre, qui n"ont eu aucune espèce d"influence sur la stratégie de l"ETA et ne l"ont pas fait non plus réfléchir ».

Seule note positive dans ces journées de

deuil, l"Espagne s"est trouvé un nouveau héros.

Ce héros anonyme a suivi au volant de sa voi-

ture et au péril de sa vie, mardi, les deux Etar- ras qui s"enfuyaient après avoir fait exploser un véhicule piégé au coeur de Madrid. Tout en préservant son anonymat, pour des raisons

évidentes, il a voulu remercier tous ceux qui,

par l"intermédiaire de la presse, lui ont adressé des félicitations émues. Aussi a-t-il écrit au maire de Madrid, qui a lu sa lettre à la télé- vision.

On y apprend que le héros n"a rien d"un poli-

cier. C"est un quidam père de famille." Je n"ai rien fait qu"un autre n"aurait pu faire,écrit-il.

La fin du terrorisme est en chacun de nous lors-

que nous agissons sans peur et sommes vigilants pour préserver l"Etat de droit. »Et il signe :"Un

Espagnol ordinaire. »

Marie-Claude Decamps

POINT DE VUE

La fin du nÈolibÈralisme

par Ulrich Beck

France............................ 8

SociÈtÈ........................... 10

RÈgions......................... 14

Horizons ....................... 15

Entreprises................... 18

Communication........... 20

Tableau de bord .......... 21

Carnet............................ 24Aujourdíhui.................. 25

MÈtÈorologie............... 28

Jeux................................ 28

Culture .......................... 29

Guide culturel.............. 31

Kiosque ......................... 32

Abonnements .............. 32

Radio-TÈlÈvision......... 33

OLIVIER MORIN/AFP

RUGBY

Résister auxSpringboks

PALÉONTOLOGIE

Des singes et

des hommes a

L"ÉDUCATIONnationale les

appelle les " primo-arri- vants ». Ils sont 27 000 enfants, tout juste arrivés en France sans en par- ler la langue, inscrits dans les établis- sements scolaires. Ecoles et collèges sont mal préparés face à cet afflux.

Dans un rapport, rendu public ven-

dredi 9 septembre, le Haut conseil à l"intégration, critique ainsi le" nom- bre insuffisant de classes d"initiation et d"accueil »ainsi que" l"absence de structure spécifique pour les plus de seize ans ».Des classes d"initia- tion ont été mises en place depuis

1970. Mais les enfants sont encore

nombreux à se retrouver dans des classes traditionnelles, sans soutien.

Lire page 12

D.R.MARCO DI LAURO/AP

fwww.lemonde.fr/dossier-special L

ES attentats terroristes et

les dangers de la maladie du charbon soulèvent une question qu"il n"est plus possible d"escamoter : le bref règne de l"économie est-il déjà révolu ?

Assiste-t-on à une redécouverte du

primat de la politique ? La marche triomphale du néolibéralisme, qui semblait jusque-là irrésistible, est- elle soudain brisée dans son élan ?

L"irruption de la terreur globale,

en effet, équivaut à un Tchernobyl de l"économie mondiale : comme on enterrait là-bas les bienfaits de l"énergie nucléaire, on enterre ici les promesses de salut du néolibéra- lisme. Les auteurs des meurtriers attentats-suicides n"ont pas seule- ment révélé au grand jour la vulné- rabilité de la civilisation occiden- tale, ils nous ont aussi donné un avant-goût du type de conflits aux- quels la mondialisation économi- que peut conduire. Dans un monde de risques globaux, le mot d"ordre du néolibéralisme appelant à rem-quotesdbs_dbs26.pdfusesText_32

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