[PDF] Commentaire 14 jui. 2013 Christian Eckert





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N° 1328 ASSEMBLÉE NATIONALE

25 juil. 2013 (2) M. Christian Eckert Rapport général sur le projet de loi de finances pour 2013



Mission denquête La contribution additionnelle à limpôt sur les

9 nov. 2017 L'article d'octobre 2012 publié dans la Revue de droit fiscal n° 40 ... Dans le projet de loi de finances préparé pendant l'été 2017



AS SSEM MBLÉ ÉE N 73 NATI IONA ALE

12 octobre 201. MIE GÉNÉRA. (n° 235). BLIQUES. MAINES. TIS. RA MOTIN. ALE. 7. ALE ET DU. S. N I. CE QUE PRÉVOIT LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2018.



N° 274

Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 12 octobre 2017. L'ÉDUCATION SUR LE PROJET DE LOI de finances pour 2018. TOME IV.



WT/TPR/S/301/Rev.1 14 octobre 2014 (14-5833) Page: 1/160

14 oct. 2014 En 2012 les zones franches visées par la Loi n° 32 ont représenté ... En avril 2013



AS SSEM MBLÉ ÉE N 73 NATI IONA ALE

discussion de la seconde partie du présent projet de loi de finances. (2) Loi n° 2011-1977 du 28 décembre 2011 de finances pour 2012 article 72.



PROJET DE LOI

19 oct. 2021 II. – Au premier alinéa du C du VI de l'article 28 de la loi n° 2017-1837 du 30 décembre 2017 de finances pour 2018 l'année : « 2022 » est ...



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Modèle pour la frappe des Rapports Parlementaires

21 déc. 2017 l'Assemblée nationale n'avaient pu être adoptés avant l'expiration de la ... la question préalable au projet de loi de finances pour 2017 .



Commentaire

14 jui. 2013 Christian Eckert Rapport sur le projet de loi de finances rectificative pour 2013

Commentaire

Décision n° 2013-684 DC du 29 décembre 2013

Loi de finances rectificative pour 2013

et Décision n° 2013-685 DC du 29 décembre 2013

Loi de finances pour 2014

* Le projet de loi de finances rectificative (LFR) pour 2013 a été délibéré en c onseil des ministres le 13 novembre 2013. Il a été adopté en première lecture par l'Assemblée nationale le 10 décembre 2013 puis rejeté par le Sénat le 13 décembre 2013. La commission mixte paritaire (CMP) qui s'est réunie le 16 décembre 2013 n'a pas réussi à parvenir à un accord sur un texte. Le projet de loi a donc été adopté en nouvelle lecture par l'Assemblée nationale le 17 décembre puis rejeté par le Sénat le 18 décembre. Le Gouvernement a alors demandé à l'Assemblée nationale de statuer en lecture définitive, ce qu'elle a fait le 19 décembre. La loi de finances rectificative pour 2013 a été déférée par plus de soixante députés et par plus de soixante sénateurs.

Les députés et sénateurs contest

aient la conformité à la Constitution de l'article 10. Les sénateurs requérants contestaient aussi la conformité à la Constitution de son article 39 ainsi que la procédure d'adoption de son article 60. Dans sa décision n° 2013-684 DC du 29 décembre 2013, le Conseil constitutionnel a écarté les griefs dirigés contre l'article 10. Il l'a déclaré conforme à la Constitution. En revanche, il a jugé contraires à la Constitution l'article 39 et certaines dispositions de l'article 60, ainsi que certaines dispositions des articles

30 et 43 et l'article 66 qu'il a examinés

d'office. Il a en outre jugé que devaient être déclarées contraires à la Constitution des dispositions des articles

77 et 85 qui avaient été adoptées dans des conditions ne

respectant pas les règles de procédure. 2 * Le projet de loi de finances (LFI) pour 2014 a été délibéré en conseil des ministres le 25 septembre 2013. Il a été adopté par l'Assemblée nationale en première lecture le 19 novembre 2013 puis rejeté par le Sénat le 27 novembre. Après l'échec de la CMP le 5 décembre 2013, il a fait l'objet d'un nouveau vote de l'Assemblée nationale le 13 décembre puis d'un nouveau rejet au Sénat le 17 décembre. Le Gouvernement a alors demandé à l'Assemblée nationale de l'adopter en lecture définitive, ce qu'elle a fait le 19 décembre. La loi de finances pour 2014 a été déférée par plus de soixante députés et plus de soixante sénateurs. Les députés et les sénateurs contestaient la conformité à la Constitution de ses articles 13, 15, 22, 92, 96, 97, 98, 100 et 106. Les députés mettaient aussi en cause ses articles 3, 30 et 134 ainsi que certaines dispositions de son article 27 et les sénateurs ses articles

77, 78, 99 et 101.

Dans sa décision n° 2013-685 DC du 29 décembre 2013, le Conseil constitutionnel a déclaré conformes à la Constitution les articles

3, 15, 22, 30,

77, 78, 98, 99, 101 et 134, ainsi que le paragraphe I de l'article 92. Il a déclaré

contraires à la Constitution les articles

13, 96, 97, 100 et 106, les dispositions

contestées de l'article 27, ainsi que les paragraphes II et III de l'article 92. Le Conseil constitutionnel a également examiné les 1° et 2° de l'article 1729 D

du code général des impôts (que complétait l'article 99 de la loi) et les a déclarés

contraires à la Constitution.

Le Conseil a

enfin examiné d'office le paragraphe I de l'article 12 et les douzième et quatorzième alinéas de l'article 76 qu'il a déclarés contraires à la Constitution. Enfin, il censuré comme n'ayant pas été adoptés selon une procédure conforme à la Constitution soit comme " cavaliers budgétaires » soit comme contraires à la règle dite de l'entonnoir) les C, E et F du paragraphe I de l'article 11, le paragraphe II de l'article 12, le paragraphe II de l'article 19, les articles 112 à 116 et le paragraphe III de l'article 121. 3 I. - Le renforcement des obligations déclaratives en matière d'assurance-vie (article 10 de la loi de finances rectificative pour 2013) I ssu d'un amendement du rapporteur général de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, l'article 10 de la loi déférée rétablit l'article 1649 ter dans le code général des impôts (CGI) pour améliorer l'information de l'administration fiscale sur les contrats détenus par les particuliers en matière d'assurance-vie. Il existe déjà des obligations de déclaration pour les assureurs en cas de rachat ou de dénouement d'un contrat d'assurance-vie 1 , ainsi que des obligations à la charge des assurés, notamment ceux qui ont des contrats souscrits auprès d'organismes étrangers 2 L'article 10 crée à la charge des entreprises d'assurance, des institutions de prévoyance et des mutuelles, une obligation de déclaration de la souscription et du dénouement des contrats de capitalisation ou des placements de même nature, notamment des contrats d'assurance-vie. Il permet, dans ce domaine, la création d'un fichier analogue à celui qui existe pour les comptes bancaires (FICOBA). C réé en 1971 puis informatisé en 1982, le FICOBA est géré par la direction générale des finances publiques. Aux termes de l'article 1649 A du CGI, " les administrations publiques, les établissements ou organismes soumis au contrôle de l'autorité administrative et toutes personnes qui reçoivent habituellement en dépôt des valeurs mobilières, titres ou espèces doivent déclarer à l'administration des impôts l'ouverture et la clôture des comptes de toute nature ». Ces comptes sont ensuite recensés dans le FICOBA 3 . L'arrêté du 14 juin 1982 précise les conditions de fonctionnement et d'interrogation de ce fichier 4 Pour les contrats d'assurance-vie, le législateur est allé un peu plus loin. Ne doivent pas seulement, en effet, être déclarés la souscription et le dénouement des contrats (paragraphe I du nouvel article 1649 ter). Le législateur a également prévu (paragraphe II du même article) que les entreprises et institutions prévues au paragraphe I de l'article 1649 ter devaient aussi déclarer également chaque année au titre de ces contrats : " pour les contrats d'assurance-vie non rachetables souscrits depuis le 20 novembre 1991, le montant cumulé des primes versées entre le soixante-dixième anniversaire du souscripteur et le 1 Voir les articles 242 ter, le paragraphe IV de l'article 806 et l'article 757 B du CGI. 2

Voir les

articles 1649 AA et 1766 du CGI. 3

Le FICOBA enregistre plus de 80 millions de personnes physiques, françaises ou étrangères, disposant d'un

compte en France. 4

Arrêté du 14 juin 1982 relatif à l'extension d'un système automatisé de gestion du fichier des comptes

bancaires. 4 1 er janvier de l'année de la déclaration, lorsque ce montant est supérieur ou

égal à 7

500 euros » et " pour les autres contrats, quelle que soit leur date de

souscription, le montant cumulé des primes versées au 1 er janvier de l'année de la déclaration et la valeur de rachat ou le montant du capital garanti, y compris sous forme de rente, à la même date, lorsque ce montant ou cette valeur est supérieur ou égal à 7 500 euros ». Ces dispositions qui, à l'origine, n'excluaient pas du champ des obligations annuelles de déclaration les contrats dont la valeur des primes versées est inférieure à 7 500 euros, ont été modifiées en nouvelle lecture à l'Assemblée nationale, pour prendre en compte une proposition de la commission des finances du Sénat 5 Le paragraphe III de l'article 1649 ter précise que les déclarations prévues aux paragraphes I et II s'effectuent dans les conditions et délais fixés par décret en

Conseil d'État.

Le même article 10 de la loi déférée modifie aussi la première phrase du premier alinéa de l'article 1649 AA du CGI pour renforcer les obligations des souscripteurs de contrats de capitalisation ou des placements de même nature, notamment des contrats d'assurance-vie, lorsque ces contrats sont souscrits auprès d'organismes d'assurances établis hors de France. Ces souscripteurs seront désormais tenus de déclarer, en même temps que leur déclaration de revenus et en plus des références des contrats, des dates d'effet et de durée de ces contrats et des opérations de remboursement effectuées au cours de l'année (ce qui existe déjà), les opérations de versement des primes ainsi que la valeur de rachat ou le montant du capital garanti, y compris sous forme de rente, au 1 er janvier de l'année de la déclaration. Pour ces contrats souscrits à l'étranger, le législateur n'a pas pu aller au -delà du renforcement des obligations de leurs titulaires car, comme le soulignait M. Christian Eckert, rapporteur général de la commission des finances à l'Assemblée nationale : " dans l'état actuel des accords bilatéraux conclus par la France... il n'est pas possible d'exiger des organismes étrangers qu'ils déclarent les personnes qui ont souscrit des contrats d'assurance-vie auprès d'eux » 6 L'article 10 prévoit également, en modifiant l'article 1736 du CGI relatif aux infractions commises par les tiers déclarants, un dispositif de sanctions fiscales similaire à celui qui existe en matière bancaire et qui a été renforcé par la loi n° 2013-1117 du 6 décembre 2013 relative à la lutte contre la fraude fiscale et la 5

Sénat, compte-rendu des débats, séance du 13 décembre 2013 ; Assemblée nationale, compte-rendu des débats,

deuxième séance du mardi 17 décembre 2013, amendement n° 141 présenté par le Gouvernement.

6

M. Christian Eckert, Rapport sur le projet de loi de finances rectificative pour 2013, Assemblée nationale,

XIV e législature, n° 1590, 27 novembre 2013, p. 122. 5 grande délinquance économique et financière 7 : " Les infractions à l'article

1649 ter sont passibles d'une amende de 1 500 euros par absence de dépôt de

déclaration et, dans la limite de 10 000 euros par déclaration, de 150 euros par omission ou inexactitude déclarative. » L'article 10 précise enfin, dans son paragraphe II, que le paragraphe I, c'est-à- dire toutes les dispositions relatives aussi bien aux obligations de déclaration qu'aux sanctions, sont applicables à compter du 1 er janvier 2016. Il précise aussi que " les contrats souscrits avant cette date et non dénoués à cette même date doivent être déclarés conformément aux I et III de l'article 1649 ter du code général des impôts au plus tard le 15 juin 2016 » et que le paragraphe II de ce dernier article leur est applicable à compter du 1 er janvier 2016. Les requérants, aussi bien les députés que les sénateurs, soutenaient que la création de ce fichier ne répond à aucun motif d'intérêt général, que les dis positions de l'article 10 prévoient des obligations de déclaration beaucoup trop générales qui portent atteinte au droit au respect de la vie privée et, enfin, que le législateur a méconnu sa compétence en ne prévoyant aucune garantie, en particulier l'intervention de la Commission nationale de l'informatique et des libertés. Mais si toute l'argumentation visait à contester la création d'un fichier des contrats d'assurance-vie, et s'il s'agit bien, ainsi qu'il résulte des débats parlementaires, de permettre la création d'un traitement de données à caractère personnel 8 , les dispositions contestées ne prévoient pas, en elles mêmes, la création de ce fichier. Le Conseil constitutionnel a d'abord rappelé " que l'article 34 de la Constitution dispose que la loi fixe les règles concernant les garanties fondamentales 7

L'article 19 de cette loi a modifié le paragraphe IV de l'article 1736 du CGI : " Les infractions au premier

alinéa de l'article 1649 A sont passibles d'une amende de 1 500 € par ouverture ou clôture de compte non

déclarée.

" Sauf cas de force majeure, les omissions de déclaration de modification de compte et les inexactitudes ou

omissions constatées dans les déclarations men tionnées au même premier alinéa entraînent l'application d'une

amende de 150 € par omission ou inexactitude, sans que le total des amendes applicables aux informations

devant être produites simultanément p uisse être supérieur à 10 000 €

Le Conseil constitutionnel n'a pas examiné ces dispositions dans sa décision n° 2013-679 DC du 4 décembre

2013.
8

Aux termes de l'article 2 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux

libertés " constitue une donnée à caractère personnel toute information relative à une personne physique

identifiée ou qui peut être identifiée, directement ou indirectement, par référence à un numéro d'identification ou

à un ou plusieurs éléments qui lui sont propres (...) ». Et le même article définit le traitement de données à

caractère personnel comme " toute opération ou tout ensemble d'opérations portant sur de telles données, quel

que soit le procédé utilisé, et notamment la collecte, l'enregistrement, l'organisation, la conservation,

l'adaptation ou la modification, l'extraction, la consultation, l'utilisation, la communication par transmission,

diffusion ou toute autre forme de mise à disposition, le rapprochement ou l'interconnexion, ainsi que le

verrouillage, l'effacement ou la destruction 6 accordées aux citoyens pour l'exercice des libertés publiques ; qu'il incombe au législateur, dans le cadre de sa compétence, d'assurer la conciliation entre, d'une part, la lutte contre la fraude fiscale, qui constitue un objectif de valeur constitutionnelle, et, d'autre part, le respect des autres droits et libertés constitutionnellement protégés, au nombre desquels figure le droit au respect de la vie privée qui découle de l'article 2 de la

Déclaration des droits de l'homme

et du citoyen de 1789 ; que, dans l'exercice de son pouvoir, le législateur ne saurait priver de garanties légales des exigences constitutionnelles

» (cons. 10).

Ensuite, il a relevé qu'il ressort des débats parlementaires qu'en renforçant les obligations de déclaration en matière d'assurance-vie et en permettant que soit mis en place un fichier des contrats d'assurance-vie, le législateur a entendu favoriser la connaissance par l'administration de ces contrats afin de mieux prendre en compte la matière imposable et faciliter la lutte contre la fraude fiscale et qu'il a poursuivi un but d'intérêt général. Après avoir rappelé le dispositif de l'article 10 et précisé que " les informations transmises sont à la seule destination de l'administration fiscale qui est tenue à l'obligation de secret dans les conditions prévues à l'article L. 103 du livre des procédures fiscales » (cons. 12), le Conseil constitutionnel a relevé que, si la mise en oeuvre des dispositions d e cet article implique la création d'un traitement de données à caractère personnel des informations ainsi recueill ies, il ressort des débats parlementaires que le législateur n'a pas entendu déroger aux garanties apportées par la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés 9 qui s'appliqueront aux traitements en cause 10 . C'est pourquoi le Conseil a jugé " que, par suite, il appartiendra aux autorités compétentes, dans le respect de ces garanties et sous le contrôle de la juridiction compétente, de s'assurer que la collecte, l'enregistrement, la conservation, la consultation , la communication, la contestation et la rectification des données de ce fichier des contrats d'assurance-vie seront mis en oeuvre de manière adéquate et proportionnée à l'objectif poursuivi » (cons. 13). Le Conseil constitutionnel a jugé que les dispositions de l'article 10, au regard de l'objectif d'intérêt général poursuivi, ne portent pas une atteinte disproportionnée au droit au respect de la vie privée.

Par suite, ces dispositions

qui ne méconnaissent aucune autre exigence constitutionnelle ont été jugées conformes à la Constitution. 9 Notamment, lors de la séance du 13 décembre 2013 au Sénat. 10

Voir par exemple, les décisions n°

s

2010-25 QPC du 16 septembre 2010, M. Jean-Victor C. (Fichier

empreintes génétiques), cons. 16 ; 2009-580 DC du 10 juin 2009, Loi favorisant la diffusion et la protection de la création sur internet, cons. 29 ; 2003-467 DC du 13 mars 2003, Loi pour la sécurité intérieure, cons. 26. 7 II. - Dispositions commentées de la décision n° 2013-685 DC sur la loi de finances pour 2014 A. - Le plafonnement de l'impôt de solidarité sur la fortune (article 13) Le Conseil constitutionnel avait censuré, en loi de finances pour 2013, certaines dispositions relatives au plafonnement de l'impôt de solidarité sur la fortune

ISF) qui y incluaient des revenus " latents »

11 . L'article 13 de la loi de finances pour 2014 proposait à nouveau d'introduire dans le dénominateur utilisé pour le calcul du plafonnement de l'ISF les revenus des bons ou contrats de capitalisation et des placements de même nature, notamment des contrats d'assurance-vie. Ces revenus " sont [...] considérés comme des revenus réalisés au cours de la même année en France ou hors de France ». Le montant retenu est celui pris en compte pour les prélèvements sociaux " au titre du 3° du II de l'article L. 136-7 du code de la sécurité sociale ». Le Conseil constitutionnel a eu l'occasion de rendre plusieurs décisions sur l'ISF dont une sur le plafonnement. De manière générale, le Conseil considère " qu'en instituant un tel impôt, le législateur a entendu frapper la capacité contributive que confère la détention d'un ensemble de biens et de droits » 12 Saisi de la loi de finances rectificative pour 2011 qui procédait à la réforme de l'ISF, il a jugé que respectaient la prise en compte de cette faculté contributive la modification du barème de l'ISF concomitante de la suppression du plafonnement de l'ISF ainsi que de celle du bouclier fiscal 13 . En 2012, saisi d'une disposition qui établissait une contribution exceptionnelle s'ajoutant à l'ISF dû pour l'année 2012, le Conseil a jugé que " le législateur ne saurait rétablir un barème de l'impôt sur la fortune tel que celui qui était en vigueur avant l'année 2012 sans l'assortir d'un dispositif de plafonnement ou produisant des effets équivalents destinés à éviter une rupture caractérisée de l'égalité devant les charges publiques 14 À la suite de cette décision, lorsque le législateur, en loi de finances pour 2013, a rétabli un barème de l'ISF quasiment identique à celui antérieur à la réforme de la loi de finances rectificative pour 2011, il a dans le même temps rétabli dans le CGI un article 885 V bis relatif au plafonnement de l'ISF lorsque la somme de cet impôt et des impositions sur le revenu excède 75 % de l'ensemble des revenus du contribuable. Ce taux est inférieur à celui de 85 % applicable au dispositif de plafonnement en vigueur jusqu'en 2011. Par rapport au bouclier 11 Décision n° 2012-662 DC du 29 décembre 2012, Loi de finances pour 2013, cons. 93 à 96. 12

Décisions n° 2010-99 QPC du 11 février 2011, Mme Laurence N. (Impôt de solidarité sur la fortune -

Plafonnement), cons. 4 et 5 et n° 2012-662 DC du 29 décembre 2012précitée, cons. 90. 13

Décision n° 2011-638 DC du 28 juillet 2011, Loi de finances rectificative pour 2011, cons. 15 à 20.

14

Décision n° 2012-654 DC du 9 août 2012, Loi de finances rectificative pour 2012 (II), cons. 33.

8 fiscal, ce plafonnement n'intègre pas tous les impôts directs, notamment la taxe d'habitation et la taxe foncière relatives à la résidence principale. Par ailleurs il n'existe plus de " plafonnement du plafonnement ». Dans ces conditions, le calcul du plafonnement est assez différent de celui existant jusqu'en 2011. Les dispositions de l'article 13 de la LFI pour 2013 prévoyaient d'assimiler cinq catégories de revenus à des revenus réalisés en

France pour déterminer le respect du t

aux de 75 % : - les intérêts des plans d'épargne logement (1°) ; - la variation de la valeur de rachat des bons ou contrats de capitalisation, des contrats d'assurance-vie, ainsi que des instruments financiers de toute nature visant à capitaliser des revenus (2°) ; - les produits capitalisés dans les trusts à l'étranger (3°) ; - le bénéfice distribuable pour les porteurs de parts ou d'actions d'une société

passible de l'impôt sur les sociétés (IS) si le contribuable a contrôlé cette société

" à un moment quelconque » au cours des cinq dernières années (4°) ; - les plus-values ayant donné lieu à sursis d'imposition et les gains ayant donné lieu à report d'imposition (5°). Cette orientation aurait toutefois conduit à une appréciation de la capacité contributive des redevables en traitant comme des revenus des sommes qui n'ont pas été effectivement perçues et qui pourront dans certains cas ne jamais l'être. L'inclusion de ces revenus capitalisés ou distribuables non distribués dans le calcul du plafonnement conduisait à faire peser une charge fiscale totale à l'aune d'un revenu présumé, soit incertain, soit dont le redevable n'a pas la libre disposition. Le Conseil a donc déclaré contraire à la Constitution l'intégration des revenus latents dans le dénominateur du calcul du plafonnement (troisième à seizième alinéas du F du paragraphe I de l'article 13). Dans la même logique d'exigence de prise en compte des facultés contributives pour déterminer le montant de l'impôt sur la fortune, le Conseil constitutionnel a censuré les dispositions qui donnaient une nouvelle rédaction de l'article 885

O ter du CGI relatif à l'assiette

de l'ISF lorsque des biens appartenant aux sociétés dont les contribuables sont associés ou actionnaires ne sont pas nécessaires à l'activité professionnelle. Dans la décision n° 2012-662 DC du 29 décembre 2012, le Conseil constitutionnel a ainsi jugé : 9 " Considérant, en troisième lieu, qu'en rétablissant, à l'article 885 V bis du code précité, des règles de plafonnement qui ne procèdent pas d'un calcul impôt par impôt et qui limitent la somme de l'impôt de solidarité sur la fortune et des impôts dus au titre des revenus et produits de l'année précédente à une fraction du total des revenus de l'année précédente, le législateur a entendu éviter la rupture caractérisée de l'égalité devant les charges publiques qui résulterait de l'absence d'un tel plafonnement ; qu'en fixant cette fraction à 75 %, il n'a pas méconnu les exigences constitutionnelles précitées " Considérant que, pour le calcul du plafonnement, les dispositions du paragraphe II de l'article 885 V bis précitées intègrent dans le revenu du contribuable des intérêts et produits capitalisés, les bénéfices distribuables de sociétés financières et les plus values ou gains ayant fait l'objet d'un sursis ou d'un report d'imposition " Considérant, toutefois, qu'en intégrant ainsi, dans le revenu du contribuable pour le calcul du plafonnement de l'impôt de solidarité sur la fortune et de la totalité des impôts dus au titre d es revenus, des sommes qui ne correspondent pas à des bénéfices ou revenus que le contribuable a réalisés ou dont il a disposé au cours de la même année, le législateur a fondé son appréciation sur des critères qui méconnaissent l'exigence de prise en comp te des facultés contributives ; que, par suite, les troisième à seizième alinéas du F du paragraphe I de l'article 13 doivent être déclarés contraires à la Constitution ; qu'il en va de même, au dix-septième alinéa de ce F, des mots : " ; y compris celles mentionnées au 5° du II ; " Considérant que, de même, si le législateur pouvait, pour la détermination du patrimoine non professionnel des contribuables, prendre en compte la fraction de la valeur des parts ou actions correspondant aux éléments du patrimoine des sociétés qui ne sont pas nécessaires à l'activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou libérale de la société, il ne pouvait asseoir l'impôt de solidarité sur la fortune sur ces éléments du patrimoine de la société à concurrence du pourcentage détenu dans cette d ernière alors même qu'il n'est pas établi que ces biens sont, dans les faits, à la disposition de l'actionnaire ou de l'associé ; que le législateur a défini une assiette sans lien avec les facultés contributives ; que, par suite, le C du paragraphe I de l'article 13 doit également être déclaré contraire à la

Constitution ».

L'article 13 de la loi de finances pour 2014 a été introduit par amendement du rapporteur général de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, M. Christian Eckert. Conscient " que l'amendement présente une certaine fragilité constitutionnelle », il avançait deux arguments pour le défendre. 10

D'une part, l'exposé des motifs

de l'amendement indiquait que l'article 13 " doit permettre de répondre aux incertitudes soulevées par la parution d'une instruction fiscale, publiée le 14 juin 2013, qui rétablissait trois catégories de revenus au dénominateur du plafonnement, censurées par le Conseil constitutionnel ». Cette instruction 15 , publiée trois jours avant la clôture des dépôts des déclarations d'ISF pour 2013, a exigé l'inclusion dans la " base revenus » pour le calcul du plafonnement de l'ISF des produits des plans d'épargne logement et des revenus des bons ou contrats de capitalisation et des placements de même nature, notamment les contrats d'assurance-vie, pour leur montant retenu pour les prélèvements sociaux prélevés au fil de l'eau (contrats en euros, fraction en euros des contrats multisupports).

Toutefois, par une décision du 20

décembre 2013, le Conseil d'État a annulé " le paragraphe 180 en tant qu'il concerne les produits attachés aux bons et contrats de capitalisation ainsi qu'aux placements de même nature (assurance-vie) » et le paragraphe 200 de l'instruction précitée du 14 juin 2013 16

D'autre part,

l'exposé des motifs de l'amendement de

M. Christian Eckert

introduisant cette disposition expliquait qu'elle " s'appuie sur un précédent jurisprudentiel établi par le Conseil constitutionnel relatif au champ des revenus pris en compte par le bouclier fisca l ». Le plafonnement de l'ISF a été instauré dès la création de cet impôt par l'article 26 de loi n° 88-1149 du 23 décembre 1988 de finances pour 1989. Il a limité la somme de l'ISF et des impôts dus en France et à l'étranger au titre des revenus et produits de l'année précédente à 85 % du total des revenus nets de frais professionnels de l'année précédente (70 % avant la LFI pour 1991). Lequotesdbs_dbs7.pdfusesText_13
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