LHOMME QUI VENDAIT DES DURIANS A NEW YORK :
L'HOMME QUI VENDAIT DES DURIANS A NEW. YORK : une vie de labeur (5'). VIDEO. AUDIO. JAY: (En cantonais). "Ecoutons d'abord." JAY: (En cantonais).
Untitled
connaissances indigènes touchant tous les aspects de la vie y compris la ges- tion de l'environnement naturel
Les fruits nourritures ambiguës des corps et des esprits
21 ????. 2012 ?. Pour ce qui concerne la flore sauvage de France sur une catégorie ... comme un grand inducteur de métaphores (fruit du labeur/des labours
La Fille automate
Un homme le bouscule des poulets carmin à la main levée haut
Études rurales 180
12 ????. 2002 ?. L'impact social de la caféiculture en Tanzanie du nord ... à la bourse de New York pour l'arabica et à la bourse de Londres pour le robusta.
UNIVERSITÀ DI BOLOGNA
Au premier rang des livres qui font la «honte de ce siècle» cabaret le coup d'appétit d'usage
[LE_MONDE - 1] LE_MONDE/PAGES 06/07/01
6 ???. 2001 ?. placer les hommes qui la compo- ... de l'armée dans la vie politique algérienne. ... La promotion du 5 juillet pourrait être l'occa-.
Modernisation agricole développement économique et changement
24 ???. 2015 ?. Indonésie Paris
MEDEDELINGEN DER ZITTINGEN BULLETIN DES SÉANCES
26 ????. 1972 ?. Ce furent 19 années de labeur intensif qui mit à rude ... J. Jadin: Importance des amibes de l'eau dans la vie de l'homme.
Modernisation agricole, développement
économique et changement social
Le riz, la terre et l'homme à Java
Jean-Luc Maurer
Éditeur : Graduate Institute Publications
Année d'édition : 1986
Date de mise en ligne : 24 mars 2015
Collection : International
ISBN électronique : 9782940549351
http://books.openedition.orgÉdition impriméeISBN : 9782130396222
Nombre de pages : 328
Référence électronique
MAURER, Jean-Luc.
Modernisation agricole, développement économique et changement social : Le riz, la terre et l'homme à Java. Nouvelle édition [en ligne]. Genève : Graduate Institute Publications, 1986(généré le 08 septembre 2016). Disponible sur Internet :
ISBN : 9782940549351.
Ce document a été généré automatiquement le 8 septembre 2016. Il est issu d'une numérisation par
reconnaissance optique de caractères.© Graduate Institute Publications, 1986
Creative Commons - Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 Unported - CC BY-NC-ND 3.0 La modernisation d'une agriculture entraîne toujours une diversification de l'économie et unrenforcement de la différenciation sociale. Condition première d'un développement économique
équilibré pour les uns, cause majeure d'un changement social inégalitaire pour les autres, cette
stratégie fait l'objet d'un bilan controversé dans tous les grands pays d'Asie où elle a été
appliquée. Prenant l'Indonésie comme étude de cas, cet ouvrage établit un diagnostic précis et
nuancé sur ce problème fondamental. Il s'articule essentiellement autour d'une analyse
comparative très minutieuse de quatre villages du centre sud de Java. Par le biais d'une approcheinterdisciplinaire originale, il montre toute la complexité des relations existant entre l'homme, la
terre et le travail dans une des régions rizicoles les plus densément peuplées de la planète.
N'hésitant pas à rentrer de la manière la plus concrète dans l'économie domestique des familles
villageoises, il révèle l'étonnante subtilité des stratégies de survie élaborées par une des
paysanneries les plus admirables du monde. Le fait de situer cette étude de villages dans lecontexte plus large de l'évolution politique, économique et sociale du pays de 1971 à 1981 permet
finalement de relier le niveau d'observation micro-régional au cadre d'analyse macro-national. Cet ouvrage comble indiscutablement une lacune importante dans les études sur le monde ruralindonésien. Au-delà de l'utilité immédiate qu'il aura pour tous ceux qui s'intéressent au grand
archipel, il devrait également toucher l'audience beaucoup plus large des nombreux étudiants, chercheurs et praticiens travaillant sur les problèmes de modernisation agricole dans le TiersMonde.
JEAN-LUC MAURER
En 1986 Jean-Luc Maurer est chargé de cours et chercheur à l'Institut universitaire d'études du développement de Genève. Titulaire d'un doctorat de l'Institut universitaire de hautes études internationales, il travaille depuis une quinzaine d'années sur la problématique des pays en développement, principalement dans le domaine de la socio-économie rurale. Spécialiste de l'Indonésie où il a longuement vécu pour mener à bien
l'essentiel de ses recherches, il a également acquis une vaste expérience des problèmes d'autres pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et d'Océanie où il a effectué de nombreuses missions et des séjours répétés.1 SOMMAIREPréfacePierre GourouAvant-proposIntroductionDe la problématique au terrain d'enquête
Première partie
Avant-terrain : vue d'ensemble et cadrage progressif du sujet La situation politique, économique et sociale de l'Indonésie en 1971 La place changeante de l'agriculture dans l'économie indonésienne Une stratégie de " révolution verte » concentrée sur Java La société paysanne javanaise de Raffles à Geertz Le terrain villageois : problèmes de méthode et méthodes d'enquête Deuxième partie. Terrain : quatre villages du coeur du KejawènPréambule
Chapitre I. Tirtonirmolo : le sawah des portes de la ville de YogyakartaMilieu naturel et potentiel agricole
Espace exigu, multitude humaine
Seuils et catégories de propriété foncièreOccupation principale et activités annexes
Chapitre II. Tirtonirmolo (suite) : Calendrier agricole et utilisation des terresLe programme BIMAS : un bilan local
Gros plan sur la raffinerie sucrière de Madukismo Chapitre III. Tirtonirmolo (fin) : Clivages politiques et valeurs culturellesDu lurah au buruh : une galerie de dix portraits
En guise de conclusion : un condensé des problèmes-clefs Chapitre IV. Timbulhardjo : le sawah du centre de la plaine de BantulEnvironnement et population
Structure de la propriété foncière
Profil de l'emploi
Rythmes et performances agricoles
Diagnostic sur le programme BIMAS
Du culturel au politique : un survol en piqués.Deux villageois d'exception sous la loupe
Epilogue : les leçons de l'analyse comparative
2 Chapitre V. Wukirsari : le tegal des contreforts du plateau de Gunung KidulL'homme et son milieu
La répartition des terres
L'éventail des activités
La production agricole
Le tour des autres problèmes
Cinq différents niveaux de vie
Les enseignements à tirer
Chapitre VI. Argodadi : le pekarangan des berges de la rivière Progo Conditions naturelles et densités démographiquesSeuils fonciers et accès à la terre
Gamme des diverses occupations professionnelles
Tour d'horizon de l'agriculture et de ses problèmes. Pauvreté économique et tendances socio-politiques Echantillon tiercé de stratégies locales de survieRemarques finales : confirmations et comparaisons
Sommaire
Troisième partie
Après-terrain : tentative de synthèse et ouverture progressive Essai d'interprétation globale du dilemme rural javanais La situation politique, économique et sociale de l'Indonésie en 1981Conclusion
Modernisation agricole, développement économique et changement socialBibliographie
Glossaire
Cartes3
NOTE DE L'ÉDITEURCet ouvrage a été publié pour la première fois en 1986, dans la collection Publications de
l'Institut de hautes études internationales, Genève, aux Presses universitaires de France, Paris
(ISBN 2-13-039622-4).4PréfacePierre Gourou
1 Préfacer le présent ouvrage est un grand honneur pour moi. Je l'ai lu et étudié avec
passion, en éprouvant le sentiment justifié de m'enrichir, à chaque page, par ma lecture. Je reviendrai plus loin sur le contenu de l'oeuvre de J.-L. Maurer ; mais je voudrais d'abordinsister sur les qualités de ce livre, né d'un esprit profondément et sincèrement voué à
l'étude des pays en voie de développement et à la solution de leurs problèmes. En toutesses parties l'ouvrage témoigne de l'intérêt viscéral que l'auteur prend à ses recherches. Il
les mène avec sympathie et chaleur. Il ne se décourage pas devant certaines constatationsaffligeantes ; il est, à juste titre, convaincu de la possibilité d'y porter remède ; il pense, en
tous cas, que le premier pas, l'approche indispensable, est une étude honnête etapprofondie. J.-L. Maurer s'est donné les moyens de la réussite ; il a maîtrisé la langue
parlée, il a noué les relations les plus confiantes avec les experts javanais et avec ses informateurs villageois ; il a fait de longs séjours sur le terrain et dépouillé une bibliographie exhaustive. Il sait communiquer au lecteur la joie qu'il a éprouvée à voir vivre les paysans javanais et à comprendre leur mode de vie.2 Grâce à J.-L. Maurer nous pénétrons dans l'intimité de campagnes javanaises. Prenons le
village de Tirtonirmolo, près de Yogyakarta, qui a particulièrement retenu l'attention de l'auteur. Le fait brutal, essentiel : le village compte 2 600 habitants par kilomètre carré de surface générale. Cette énorme densité ne se justifie pas par l'industrie ; elle repose fondamentalement sur la riziculture inondée, source de toute l'économie locale. Certes, les conditions naturelles sont propices ; le climat est chaud toute l'année, la saison des pluies est généreuse (mais la saison sèche est bien affirmée) ; dérivés de roches volcaniques, les sols sont fertiles et meubles ; le terroir villageois est une plaine sans obstacle de relief. Cependant, pour atteindre 2 600 habitants par km2 (et les nourrir), il faut à la population des techniques de production intensives et des encadrements corrects. Les techniques de production : il est normal de faire ici trois récoltes de riz en douze mois (ou cinq en vingt-quatre mois) ; cela est possible seulement par un large usage d'engrais chimiques et par une irrigation perfectionnée. Ces techniques de production peuvent être appliquées grâce à des encadrements assurant le bon fonctionnement du5 réseau d'irrigation, la diffusion des améliorations agricoles, la distribution des semences améliorées, des engrais chimiques et des pesticides, l'activité du commerce.3 Soigneusement analysées par J.-L. Maurer, les techniques de production méritent
quelques précisions. L'irrigation d'abord : elle est assurée, à partir d'un barrage, par 2 300
m de canaux principaux, 4 800 de canaux secondaires, 27 000 de canaux tertiaire (surlesquels se branchent les artérioles desservant les rizières) ; finesse de ce système, en un
village qui couvre seulement 460 hectares. Pour mener sur le même sol trois récoltes en douze mois, il faut un calendrier agricole très serré et fidèlement respecté, que le repiquage rend possible : grâce au repiquage l'année agricole compte l'équivalent de quinze mois solaires. Par son agriculture intensive, Tirtonirmolo peut produire plus de riz qu'il n'en consomme et disposer d'un excédent commercial.4 Ainsi s'expliquent les indices, soigneusement relevés par J.-L. Maurer, d'un certain
adoucissement de la condition paysanne. Le plus frappant de ces indices : près de la moitié des habitations sont faites de briques, de tuiles et de dalles de terre cuite ; douzepour cent seulement sont entièrement bâties de matières végétales traditionnelles. Bien
sûr, le tableau n'est pas idyllique, mais Tirtonirmolo (et bien d'autres villages avec lui) ne connaissent pas la misère qui frappe des terroirs comme le massif calcaire de GunungKidul, où l'irrigation est impossible. Tirtonirmolo bénéficie d'autre part de la contiguïté
de la grande ville de Yogyakarta, débouché privilégié pour ses divers produits. Mais le croît démographique, soigneusement étudié par J.-L. Maurer, est tel que l'avenir économique pourrait être sérieusement compromis si l'industrialisation ne prenait unélan décisif. La " transmigration » vers les " îles extérieures » ne saurait être d'un grand
secours.5 Il faut être reconnaissant à l'auteur d'avoir apporté sur ces sujets, et sur tant d'autres, des
analyses approfondies. Son livre mérite le respect, - et une large diffusion.AUTEUR
PIERRE GOUROU
Bruxelles Juin 19856
Avant-proposPour Mihimana et à la mémoire de " Ibu » Romana Ratih Soesilo1 La recherche de terrain sur laquelle est basée cette étude, comme la rédaction du
volumineux travail qui en a résulté puis sa publication sous une forme abrégée dans le présent ouvrage, n'auraient jamais été possibles sans le soutien scientifique et financier de plusieurs institutions, ni la collaboration et l'amitié de beaucoup plus de personnes que celles à qui je peux décemment rendre hommage dans le cadre restreint de cet avant- propos.2 En premier lieu, rien n'eut été entrepris ni réalisé sans la généreuse bourse de recherche
conjointement octroyée par la Coopération Technique Suisse et l'Institut Africain de Genève. Une fois sur le terrain, le parrainage de l'Institut Indonésien des Sciences (LIPI) et l'appui actif de l'Ambassade de Suisse en Indonésie m'ont grandement facilité les choses. Enfin, c'est grâce à l'effort financier commun d'un pool d'institutions suisses comprenant l'Institut Universitaire de Hautes Etudes Internationales, l'Institut Universitaire d'Etudes du Développement, l'Université de Genève, la Fondation Eckenstein et le Fonds National de la Recherche Scientifique que cet ouvrage a pu être publié.3 Parmi tous ceux - maîtres, collègues et amis - envers lesquels je suis redevable, je me
bornerai à mentionner Gilbert Etienne, éminent connaisseur des problèmes du
développement rural asiatique, sans la confiance et la conscience duquel rien n'aurait jamais commencé ni abouti ; Jacques Freymond, ancien directeur de l'IUHEI ; Pierre Bungener, Roy Preiswerk et Jacques Forster, directeurs successifs de l'IUED ; Gustav Papanek, alors membre du Harvard Advisory Group ; Masri Singarimbun et Mubyarto, tous deux professeurs à l'Université Gadjah Mada de Yogyakarta ; Terence et Valerie Hull,puis Chris Manning, mes aînés en recherche attachés à l'Australian National University de
Canberra ; Mas Amin Yitno et Mas Susetiyo, mes précieux assistants de recherche ; les familles Yap Dumanauw et Gunawan, refuges de chaleur humaine dans les moments difficiles ; Pak Burdjo, chef du village de Tirtonirmolo et Pak Hardjo, admirable paysan du village de Timbulhardjo, au nom de tous les villageois javanais importunés sans la patience et la science desquels ce travail n'eut jamais vu le jour ; Pierre Gourou, ancien professeur au Collège de France, à qui je dois comme beaucoup d'autres ma vocation tropicaliste ; Denys Lombard, directeur d'études à l'EHESS de Paris, auquel tous les7 indonésianistes francophones doivent énormement ; Ibu Romana Ratih Soesilo, mon professeur d'indonésien, remarquable femme de tête et de coeur malheureusement troptôt disparue ; enfin, Françoise Berlioz, qui a dactylographié à la perfection l'énorme
manuscrit initial.4 Les nombreuses autres personnes de par le vaste monde que je sais m'avoir soutenu tout
au long de ce combat douteux comprendront très certainement que je ne puisse toutes les nommer. Je serai par contre impardonnable de ne pas évoquer pour conclure la dette quej'ai à l'égard des miens qui ont beaucoup enduré et prodigué plus encore, et sans lesquels
rien ne serait. Que tous voient dans cet ouvrage un modeste gage de ma reconnaissance.8 Introduction De la problématique au terrain d'enquête1 Cet ouvrage est la version fortement abrégée d'une volumineuse étude, elle-même
aboutissement d'une très longue recherche s'étalant sur une quinzaine d'années.2 C'est en effet vers 1968 que nous commençâmes à nous intéresser de près aux problèmes
de développement économique et de modernisation sociale du " Tiers Monde ». A cette époque, la communauté internationale des théoriciens et des praticiens de tous poilspenchés sur leur étude était déjà toute bruissante de la grande " querelle des anciens et
des modernes » opposant les tenants de " la croissance d'abord » aux partisans de" l'équité avant tout ». Les sociétés non-occidentales étant essentiellement rurales et
paysannes, c'est bien évidemment le problème de la modernisation agricole qui était habituellement au centre de la controverse. Toutefois, l'extension rapide et bruyante dela stratégie technicienne dite de " révolution verte » avait relancé cette dernière sous une
forme plus antagoniste et passionnée que jamais. Le choix du thème de notre rechercheétait donc tout trouvé : elle serait consacrée à l'analyse des conditions et des
conséquences économiques et sociales de la modernisation agricole dans les pays en voie de développement.3 Restait alors encore à identifier l'étude de cas particulière qui illustrerait le mieux une
problématique aussi générale. Nous savions déjà depuis longtemps qu'elle serait
asiatique. En effet, non seulement avions-nous toujours été fortement attiré par la profondeur historique et la richesse des civilisations de ce vaste continent auquel l'humanité doit tant, mais encore, la question de la modernisation agricole était-elle devenue une nécessité particulièrement urgent et vitale pour la majeure partie des pays pauvres et surpeuplés le constituant. Nous la voulions par ailleurs tropicale, après que Pierre Gourou ait su nous sensibiliser par ses écrits aux problèmes spécifiques de cesrégions. Or, d'un côté, celles faisant partie de l'espace indien avaient déjà été l'objet de
nombreuses études rurales de ce type alors que celles appartenant au monde chinois demeuraient très difficiles d'accès pour des raisons essentiellement politiques. En revanche, à égale distance de ces deux géants, intégralement située dans la ceintureintertropicale et fascinante par sa diversité passée et présente, la région carrefour du9
sud-est asiatique, tout à la fois pont entre les continents d'Asie et d'Australie et porte entre les océans Indien et Pacifique, offrait, à tout point de vue, des perspectives plus intéressantes.4 Dès lors, le choix de l'Indonésie, le plus grand archipel du monde qui - selon la phrase
célèbre de Douwes Dekker - " se tortille autour de l'équateur comme une ceinture d'émeraudes », s'imposait presque de lui-même. Quatre raisons majeures le justifiaient ànotre sens pleinement. Premièrement, bien qu'il ait été de fort loin le plus peuplé de la
région, ait pesé d'un poids politique et stratégique très supérieur à celui de ses voisins
immédiats et ait disposé d'un énorme potentiel économique, tant agricole que minier, ce grand pays restait relativement sous-étudié. Deuxièmement, la situation de développement le caractérisant était le produit d'un long processus historique original et complexe passant par une floraison pré-coloniale aussi riche que variée, une colonisation inégale mais remarquablement précoce et traumatisante dans certaines régions, un réveil nationaliste brusque et virulent suivi d'une lutte de libération âpre et dévastatrice et enfin, une indépendance difficile, pleine d'écueils, de tensions et de conflits, ayant vu le régime populiste tiers-mondiste et socialisant du flamboyant Sukarno être remplacé, dans le sang des communistes, par l'" Ordre Nouveau » militaro-technocrate et pro- occidental de l'énigmatique Suharto. Troisièmement, ce dernier s'était précisément attelé, dès son arrivée au pouvoir, à un effort de reconstruction et de développementéconomique sans précédent, plaçant la modernisation agricole et l'autosuffisance
alimentaire au rang de ses préoccupations primordiales. Quatrièmement, la langue indonésienne, sans être aussi simple que l'affirmaient certains, présentait tout de même un degré de complexité moindre que la majorité des langues tonales à écriture non- romanisée de la péninsule indochinoise et pouvait donc être assimilée suffisamment rapidement pour se lancer dans une recherche de terrain. 10CARTE 1 : L'Indonésie, pont entre l'Asie et l'Australie et porte entre l'Océan Indien et l'OcéanPacifique
5 Cette dernière dura 18 mois, de novembre 1972 à Mai 1974. Elle fut suivie par une courte
phase d'étude comparative d'environ deux mois en Malaisie et d'un mois en Thaïlande. EnIndonésie, douze village furent analysés à fond, dont dix à Java et deux à Sumatra, alors
qu'une enquête approfondie sur le secteur des plantations était également réalisée dans
plusieurs provinces des deux îles et plus particulièrement à Sumatra Nord. En Malaisie,certaines enquêtes dispersées furent menées à bien sur les deux côtes de la péninsule, à
Malaka, Penang et Province Wellesley, Kedah, Trengganu et Kelantan alors qu'en Thaïlande, elles furent principalement concentrées dans la région de la plaine centrale,avec une brève incursion du côté de Chiang Maï. Par la suite, de 1976 à 1982, nous eûmes
la chance de pouvoir séjourner en Indonésie plusieurs semaines chaque année, à l'occasion de missions de courte durée effectuées un peu partout dans l'archipel pour le compte de l'agence suisse de coopération au développement. Cela nous a indubitablement permis de ne pas trop perdre contact avec les réalités du pays et de continuer à suivre d'assez près son expérience de modernisation agricole.6 Le présent ouvrage ne reprend pas, loin s'en faut, l'intégralité de l'énorme quantité de
matériel accumulé pendant toutes ces années puisqu'il ne porte que sur quatre des dix villages javanais initialement étudiés, ceux de la région de Yogyakarta. Un tel choix s'explique par le fait que ce sont tout d'abord les villages à l'étude desquels nous avons consacré le plus de temps et où l'analyse comparative s'avère la plus pertinente, maisaussi les seuls dont nous ayons véritablement pu continuer à suivre l'évolution grâce aux
brèves visites que nous ne manquâmes jamais d'y faire lors de chacune de nos fréquentesescales à Yogyakarta pendant la décennie écoulée. Ceci dit, le terrain de base sur lequel
repose cette étude villageoise comparative est relativement lointain.117 C'est pour pallier à ce problème que nous avons adopté une approche classique consistant
à partir du général pour y revenir au terme d'un long détour dans le particulier et avons
inscrit la recherche de terrain constituant la poutre maîtresse de cette étude dans uneperspective historique plus " globale » qui couvre entièrement la décennie des années 70,
particulièrement cruciale et significative pour le développement indonésien. En fait, nous avons tout simplement emprunté à la technique cinématographique en décidant de procéder par rétrécissements et élargissements successifs et progressifs du champ devision. Après un vaste " traveling panorama » sur la situation générale de l'Indonésie en
1971, on procèdera donc à un rapide mouvement plongeant de " zoom avant » qui
débouchera sur un très long " gros plan » sur les problèmes de modernisation agricole et de développement rural au niveau de la sphère villageoise, puis on enclenchera le " zoom arrière » nous permettant de terminer par un nouveau " traveling panorama » sur l'état du pays en 1981, au bout de dix années de croissance soutenue.12Première partie13
Avant-terrain : vue d'ensemble etcadrage progressif du sujet La situation politique, économique et sociale del'Indonésie en 1971
1 L'année 1971 marque un tournant important dans l'histoire de l'Indonésie post-
sukarnienne. Elle est, en effet, jalonnée par toute une série d'événements politiques, économiques et sociaux majeurs qui ne peuvent manquer de la singulariser.2 Sur le plan politique, le plus déterminant d'entre eux réside dans la tenue, début juillet, des
deuxièmes élections parlementaires de l'histoire du pays.Les premières en dateremontaient à 1955, année qui marquait déjà le dixième anniversaire d'une indépendance
proclamée à la veille de la capitulation japonaise et le sixième des accords de la Haye ayant mis fin à la guerre de libération nationale contre le colonisateur hollandais. Quatre grands partis, représentant les principales orientations socio-politiques indonésiennes,s'étaient alors répartis de manière à peu près égale le gros des suffrages, le PNI des
nationalistes arrivant légèrement en tête devant le MASJUMI des musulmans modernistes, lui-même suivi de près par le NU des coreligionnaires conservateurs qui précédait de peu le PKI des communistes. Cette clarification du rapport de force n'avait en rien contribué à résoudre le problème de l'instabilité gouvernementale chronique qui affectait la jeune république depuis sa naissance, ni à éliminer les rébellions endémiques d'originesdiverses menaçant sans arrêt son intégrité territoriale. C'est précisément pour se donner
les moyens de faire face à toutes ces graves difficultés, selon lui largement imputables à un système parlementaire d'inspiration occidentale totalement inadapté aux traditions et aux conditions politico-culturelles indonésiennes, que Sukarno avait finalement réussi, entre 1957 et 1958, à imposer au pays les principes de gouvernement lui tenant depuis toujours à coeur. La " démocratie dirigée » était née.3 Décrire en quelques mots cette fascinante machine de Tinguely institutionnelle, à ranger
dans l'arsenal hétéroclite des tentatives de modernisation politique de type " troisième voie » dont a été témoin le Tiers-Monde depuis 1945, quelque part entre les socialismes authentiques d'aspiration communautaire et les capitalismes d'état les plus14 bureaucratiques, constitue une véritable gageure. Au risque de simplifier, disons qu'elle reposait, au premier chef, sur un régime présidentiel de type archi-populiste, qu'elle fonctionnait principalement au nationalisme romantique teinté de démagogie et d'autoritarisme et qu'elle visait essentiellement à sauvegarder une unité nationale problématique et à essayer de produire une ambitieuse synthèse unanimiste entre les grands courants socio-politiques susmentionnés. Son inauguration ouvrait une périodetroublée et presque surréaliste, caractérisée, sur le plan international, par l'engagement
de plus en plus actif et remarqué de l'Indonésie dans le camp des pays anti-impérialistes - ainsi que son rapprochement concomitant avec la Chine - le tout ponctué de deux conflits régionaux majeurs à propos de l'Irian Occidental et de la Malaysia, et, sur le plan national, par l'affirmation croissante de l'armée comme acteur prépondérant du jeu politique et la montée progressive des antagonismes entre les forces progressistes etconservatrices écartelant la société indonésienne, le marxisme à une extrémité et l'islam
à l'autre. Si la fuite en avant dans laquelle il s'était lancé eut finalement pour effet de créer une unité nationale solide et presque miraculeuse, Sukarno, le maître dalang charismatique et volontariste à l'automne de sa vie, fut submergé par les forcesincontrôlables qu'il avait déclenchées et échoua cruellement dans sa tentative pathétique
de conciliation entre des visions du monde par trop incompatibles. Dès le début desannées 60, il était évident que le vieux rêve de syncrétisme politico-culturel le hantant ne
se réaliserait jamais. L'histoire s'accéléra et la polarisation d'une société de plus en plus
fébrile s'accentua progressivement pour atteindre un paroxysme irréversible à partir de1963/64, quand le PKI, sûr de sa force, déclencha une âpre lutte de classe dans les
campagnes javanaises en décidant l'application unilatérale de la loi agraire de 1960, restée jusque là lettre morte1, et exigea ouvertement la création d'une milice populaire
armée. Trop de lourds nuages s'étaient accumulés dans le ciel indonésien pour que l'on ne
sentit pas le dénouement tout proche en cette folle année 1965 que Sukarno, triste ironie de l'histoire, avait pompeusement baptisée " Vivere Pericoloso ! ». L'orage éclata le dernier soir du mois de septembre.CARTE 2 : L'atomisation insulaire indonésienne
CARTES DE L'INDONÉSIE EN 1975 PRINCIPALES ILES ET VILLES MAJEURES DE L'ARCHIPEL4 Bien que chacun soit plus ou moins au courant des événements dramatiques qui ouvrirent
alors l'une des périodes les plus sombres de l'histoire indonésienne, leur interprétation15est encore à ce jour très controversée. Tentative délibérée de coup d'état préparé et
exécuté par le Parti communiste avec l'aval de Sukarno, comme le présente la version officielle du régime militaro-technocrate actuellement au pouvoir, ou règlement de compte strictement interne à l'armée par lequel une poignée d'officiers progressistesvoulut prévenir et déjouer le putsch que préparaient les généraux conservateurs, comme
le prétendent certains de ses plus farouches détracteurs, il est difficile de trancher. La vérité se situe vraisemblablement quelque part entre ces deux extrêmes. Quoiqu'il en soit, la presse du PKI eut la maladresse d'approuver explicitement le principe du coup dès le surlendemain matin, et il fut prouvé par la suite que certains membres des jeunessescommunistes avaient participé au massacre des généraux qui n'avaient pas été tués au
moment de leur enlèvement. Cela fut amplement suffisant pour signer son arrêt de mort.Le général Suharto, un des seuls officiers supérieurs à ne pas avoir été sur la liste des
conspirateurs, et dont le rôle dans cette obscure affaire est, selon certains analystes, encore plus flou que tout le reste, assuma sur le champ le commandement de l'armée laissé vaquant et, manoeuvrant avec une extraordinaire finesse, rétablit facilement l'ordre sans effusion de sang dans la capitale. Après une relative accalmie, les choses prirent en revanche une tournure effroyable en province. Certaines unités de choc de l'arméeorganisèrent, avec l'aide des jeunesses islamiques fanatisées et d'autres éléments
conservateurs, une véritable chasse aux sorcières communistes. Un terrible vent de folie meurtrière, à mi-chemin entre l'amuk et le jihad, souffla pendant plusieurs mois d'affilée sur l'archipel. Quand il retomba plus d'un demi-million d'Indonésiens avaient été odieusement massacrés, et plusieurs centaines de milliers d'autres avaient été ou allaientêtre arrêtés et incarcérés dans des geôles dont certains ne ressortiraient que quinze
années plus tard. Le PKI, décimé, traqué, était sur le point d'être banni et anéanti alors
que Sukarno, malade et prématurément vieilli, indirectement compromis dans une saleaffaire où il avait été manipulé et s'était enlisé, dénonçant avec courage l'holocauste des
communistes et vilipendé pour cela par le front des étudiants conservateurs, était à la veille de perdre le pouvoir. Un premier pas important fut franchi dans cette direction le11 mars 1966 quand il signa, sous la contrainte, l'ordre conférant à Suharto la
responsabilité de restaurer l'ordre public et la sécurité. L'ORLA, l'" Ordre Ancien », cédait
la place à l'ORBA, l'" Ordre Nouveau ».5 Il fallut cependant encore exactement deux ans pour dépouiller le père de l'indépendance
nationale de tous les attributs de son pouvoir. La chose se fit une nouvelle fois " à la javanaise », d'une manière subtile, progressive et feutrée, en respectant même unecertaine apparence de légalité. Après avoir interdit le PKI, fait arrêter tous les principaux
ministres du dernier cabinet ministériel de Sukarno, purgé l'administration et l'armée de tous les éléments communistes ou nationalistes de gauche et s'être entouré d'une nouvelle équipe de politiciens, de militaires et de technocrates partageant ses vues, Suharto convoqua un parlement épuré et docile qui lui conféra, en mars 1967, le titre deprésident en exercice jusqu'à ce que les élections législatives promises soient organisées.
La dernière mesure décisive mettant un terme à cette situation ambigüe de dualité du pouvoir exécutif fut prise en mars 1968, lors de la session parlementaire suivante, quandle nouvel homme fort du pays fut élu, à l'unanimité, président en titre pour un mandat de
cinq ans, selon les termes de la constitution de 1945. Trois mois plus tard, Suharto mit en place son premier cabinet ministériel de développement et, alors que Sukarno, dont les plus extrémistes demandaient avec insistance le procès, abandonné de tous et placé en résidence surveillée, se rapprochait inexorablement du tombeau, il put se consacrer16entièrement à la préparation des élections qu'il s'était engagé à tenir, conformément au
principe de souveraineté populaire sous-tendant la constitution de 1945 et à l'esprit desPancasila
2 sur lesquels elle reposait et dont il s'était naturellement réclamé dès l'origine de
son action. Il s'agissait, par ce biais, de donner à son régime les apparences d'une démocratie aux yeux des pays occidentaux sur lesquels il comptait pour soutenir la nouvelle stratégie de développement et d'asseoir la légitimité de son pouvoir face aux partis politiques nationaux, avec lesquels il n'était d'ailleurs aucunement question de le partager. Pour cela, on fit tout d'abord adopter par le parlement des règles électorales garantissant une large marge de sécurité au gouvernement puisque le suffrage universel ne portait que sur 360 des 460 sièges à pouvoir, les 100 derniers membres du parlement - dont 75 devaient obligatoirement faire partie des forces armées - étant directementdésignés par le président en personne. Ensuite, on s'appliqua à épurer la scène politique
des éléments jugés indésirables en interdisant de vote tous ceux qui avaient été membres
ou sympathisants du PKI désormais banni et à affaiblir, par tous les moyens, les autres grandes formations sorties vainqueurs du scrutin de 1955 en intervenant systématiquement dans leurs affaires internes, comme ce fut le cas pour le MASJUMI, devenu PARMUSI, ou pour le PNI. Finalement, on ressortit des tiroirs poussiéreux de la Démocratie Dirigée la vieille idée sukarnienne des " groupes fonctionnels » que l'on transforma, sous le nom de GOLKAR, en véritable machine de guerre électorale pro- gouvernementale. Ainsi bénéficiait-elle de moyens matériels et financiers énormes, de l'appui total de l'armée et également de celui, peut-être moins unanime et spontané, desfonctionnaires, à qui on laissait le choix peu enviable d'adhérer à la nouvelle organisation
ou de démissionner. Après une campagne électorale marquée par de nombreuses irrégularités et pressions en tous genres, le scrutin eut finalement lieu le 3 juillet 1971. Les résultats dépassèrent largement les espérances du gouvernement puisque le GOLKARobtenait à peu près les 2/3 des suffrages exprimés et des sièges à pourvoir, toutes les
autres formations politiques indonésiennes sortant, à l'exception du NU, totalement laminées du scrutin. Fort de ce succès lui procurant une légitimité indiscutable et interprété comme une approbation populaire massive de la politique suivie depuis sonquotesdbs_dbs30.pdfusesText_36[PDF] QUALIFORAGE DÉVELOPPEMENT ET ÉVOLUTION VERS UNE CERTIFICATION. Bilan de l année 2013. Rapport final
[PDF] FORMULAIRE DE DEMANDE DE PERMISSION D ADMISSION
[PDF] GARANTIES SANTÉ MMJ-RÉFÉRENCE. Notre métier, vous protéger depuis plus de 70 ans ET PRÉVOYANCE. Fonctionnaires et magistrats
[PDF] Master Métiers de l enseignement scolaire Mémoire professionnel de deuxième année
[PDF] Le Service social vous accompagne
[PDF] PRODUCTION CONSOMMATION & AMÉNAGEMENT ÉCO-RESPONSABLE AIDES AUX ÉTUDES
[PDF] Liste et caractéristiques des équipements et matériaux éligibles au CITE
[PDF] BUREAU D ETUDES D ARCHITECTURE
[PDF] N universel N SPP. Réservé SPP. Au service de la coopération régionale entre les collectivités françaises et les pays du Pacifique
[PDF] Bilan du concours pilote de bourses de recherche du printemps 2013 tenu dans le cadre de la réforme des programmes ouverts
[PDF] Ville de Besançon. Collectivité territoriale 120 000 habitants 3000 agents 200 métiers 252 lieux de travail. Audits? Audits internes à Besançon
[PDF] Préprogramme des thématiques
[PDF] EDUCATION THÉRAPEUTIQUE EN ALLERGIE ALIMENTAIRE: CRITÈRES ET OUTILS D EVALUATION PROPOSITIONS DU GRETAA
[PDF] FILIÈRE ADMINISTRATIVE