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LHOMME QUI VENDAIT DES DURIANS A NEW YORK :

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Modernisation agricole développement économique et changement

Modernisation agricole, développement

économique et changement social

Le riz, la terre et l'homme à Java

Jean-Luc Maurer

Éditeur : Graduate Institute Publications

Année d'édition : 1986

Date de mise en ligne : 24 mars 2015

Collection : International

ISBN électronique : 9782940549351

http://books.openedition.orgÉdition imprimée

ISBN : 9782130396222

Nombre de pages : 328

Référence électronique

MAURER, Jean-Luc.

Modernisation agricole, développement économique et changement social : Le riz, la terre et l'homme à Java. Nouvelle édition [en ligne]. Genève : Graduate Institute Publications, 1986

(généré le 08 septembre 2016). Disponible sur Internet : .

ISBN : 9782940549351.

Ce document a été généré automatiquement le 8 septembre 2016. Il est issu d'une numérisation par

reconnaissance optique de caractères.

© Graduate Institute Publications, 1986

Creative Commons - Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 Unported - CC BY-NC-ND 3.0 La modernisation d'une agriculture entraîne toujours une diversification de l'économie et un

renforcement de la différenciation sociale. Condition première d'un développement économique

équilibré pour les uns, cause majeure d'un changement social inégalitaire pour les autres, cette

stratégie fait l'objet d'un bilan controversé dans tous les grands pays d'Asie où elle a été

appliquée. Prenant l'Indonésie comme étude de cas, cet ouvrage établit un diagnostic précis et

nuancé sur ce problème fondamental. Il s'articule essentiellement autour d'une analyse

comparative très minutieuse de quatre villages du centre sud de Java. Par le biais d'une approche

interdisciplinaire originale, il montre toute la complexité des relations existant entre l'homme, la

terre et le travail dans une des régions rizicoles les plus densément peuplées de la planète.

N'hésitant pas à rentrer de la manière la plus concrète dans l'économie domestique des familles

villageoises, il révèle l'étonnante subtilité des stratégies de survie élaborées par une des

paysanneries les plus admirables du monde. Le fait de situer cette étude de villages dans le

contexte plus large de l'évolution politique, économique et sociale du pays de 1971 à 1981 permet

finalement de relier le niveau d'observation micro-régional au cadre d'analyse macro-national. Cet ouvrage comble indiscutablement une lacune importante dans les études sur le monde rural

indonésien. Au-delà de l'utilité immédiate qu'il aura pour tous ceux qui s'intéressent au grand

archipel, il devrait également toucher l'audience beaucoup plus large des nombreux étudiants, chercheurs et praticiens travaillant sur les problèmes de modernisation agricole dans le Tiers

Monde.

JEAN-LUC MAURER

En 1986 Jean-Luc Maurer est chargé de cours et chercheur à l'Institut universitaire d'études du développement de Genève. Titulaire d'un doctorat de l'Institut universitaire de hautes études internationales, il travaille depuis une quinzaine d'années sur la problématique des pays en développement, principalement dans le domaine de la socio-

économie rurale. Spécialiste de l'Indonésie où il a longuement vécu pour mener à bien

l'essentiel de ses recherches, il a également acquis une vaste expérience des problèmes d'autres pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et d'Océanie où il a effectué de nombreuses missions et des séjours répétés.1 SOMMAIREPréfacePierre GourouAvant-proposIntroduction

De la problématique au terrain d'enquête

Première partie

Avant-terrain : vue d'ensemble et cadrage progressif du sujet La situation politique, économique et sociale de l'Indonésie en 1971 La place changeante de l'agriculture dans l'économie indonésienne Une stratégie de " révolution verte » concentrée sur Java La société paysanne javanaise de Raffles à Geertz Le terrain villageois : problèmes de méthode et méthodes d'enquête Deuxième partie. Terrain : quatre villages du coeur du Kejawèn

Préambule

Chapitre I. Tirtonirmolo : le sawah des portes de la ville de Yogyakarta

Milieu naturel et potentiel agricole

Espace exigu, multitude humaine

Seuils et catégories de propriété foncière

Occupation principale et activités annexes

Chapitre II. Tirtonirmolo (suite) : Calendrier agricole et utilisation des terres

Le programme BIMAS : un bilan local

Gros plan sur la raffinerie sucrière de Madukismo Chapitre III. Tirtonirmolo (fin) : Clivages politiques et valeurs culturelles

Du lurah au buruh : une galerie de dix portraits

En guise de conclusion : un condensé des problèmes-clefs Chapitre IV. Timbulhardjo : le sawah du centre de la plaine de Bantul

Environnement et population

Structure de la propriété foncière

Profil de l'emploi

Rythmes et performances agricoles

Diagnostic sur le programme BIMAS

Du culturel au politique : un survol en piqués.

Deux villageois d'exception sous la loupe

Epilogue : les leçons de l'analyse comparative

2 Chapitre V. Wukirsari : le tegal des contreforts du plateau de Gunung Kidul

L'homme et son milieu

La répartition des terres

L'éventail des activités

La production agricole

Le tour des autres problèmes

Cinq différents niveaux de vie

Les enseignements à tirer

Chapitre VI. Argodadi : le pekarangan des berges de la rivière Progo Conditions naturelles et densités démographiques

Seuils fonciers et accès à la terre

Gamme des diverses occupations professionnelles

Tour d'horizon de l'agriculture et de ses problèmes. Pauvreté économique et tendances socio-politiques Echantillon tiercé de stratégies locales de survie

Remarques finales : confirmations et comparaisons

Sommaire

Troisième partie

Après-terrain : tentative de synthèse et ouverture progressive Essai d'interprétation globale du dilemme rural javanais La situation politique, économique et sociale de l'Indonésie en 1981

Conclusion

Modernisation agricole, développement économique et changement social

Bibliographie

Glossaire

Cartes3

NOTE DE L'ÉDITEURCet ouvrage a été publié pour la première fois en 1986, dans la collection Publications de

l'Institut de hautes études internationales, Genève, aux Presses universitaires de France, Paris

(ISBN 2-13-039622-4).4

PréfacePierre Gourou

1 Préfacer le présent ouvrage est un grand honneur pour moi. Je l'ai lu et étudié avec

passion, en éprouvant le sentiment justifié de m'enrichir, à chaque page, par ma lecture. Je reviendrai plus loin sur le contenu de l'oeuvre de J.-L. Maurer ; mais je voudrais d'abord

insister sur les qualités de ce livre, né d'un esprit profondément et sincèrement voué à

l'étude des pays en voie de développement et à la solution de leurs problèmes. En toutes

ses parties l'ouvrage témoigne de l'intérêt viscéral que l'auteur prend à ses recherches. Il

les mène avec sympathie et chaleur. Il ne se décourage pas devant certaines constatations

affligeantes ; il est, à juste titre, convaincu de la possibilité d'y porter remède ; il pense, en

tous cas, que le premier pas, l'approche indispensable, est une étude honnête et

approfondie. J.-L. Maurer s'est donné les moyens de la réussite ; il a maîtrisé la langue

parlée, il a noué les relations les plus confiantes avec les experts javanais et avec ses informateurs villageois ; il a fait de longs séjours sur le terrain et dépouillé une bibliographie exhaustive. Il sait communiquer au lecteur la joie qu'il a éprouvée à voir vivre les paysans javanais et à comprendre leur mode de vie.

2 Grâce à J.-L. Maurer nous pénétrons dans l'intimité de campagnes javanaises. Prenons le

village de Tirtonirmolo, près de Yogyakarta, qui a particulièrement retenu l'attention de l'auteur. Le fait brutal, essentiel : le village compte 2 600 habitants par kilomètre carré de surface générale. Cette énorme densité ne se justifie pas par l'industrie ; elle repose fondamentalement sur la riziculture inondée, source de toute l'économie locale. Certes, les conditions naturelles sont propices ; le climat est chaud toute l'année, la saison des pluies est généreuse (mais la saison sèche est bien affirmée) ; dérivés de roches volcaniques, les sols sont fertiles et meubles ; le terroir villageois est une plaine sans obstacle de relief. Cependant, pour atteindre 2 600 habitants par km2 (et les nourrir), il faut à la population des techniques de production intensives et des encadrements corrects. Les techniques de production : il est normal de faire ici trois récoltes de riz en douze mois (ou cinq en vingt-quatre mois) ; cela est possible seulement par un large usage d'engrais chimiques et par une irrigation perfectionnée. Ces techniques de production peuvent être appliquées grâce à des encadrements assurant le bon fonctionnement du5 réseau d'irrigation, la diffusion des améliorations agricoles, la distribution des semences améliorées, des engrais chimiques et des pesticides, l'activité du commerce.

3 Soigneusement analysées par J.-L. Maurer, les techniques de production méritent

quelques précisions. L'irrigation d'abord : elle est assurée, à partir d'un barrage, par 2 300

m de canaux principaux, 4 800 de canaux secondaires, 27 000 de canaux tertiaire (sur

lesquels se branchent les artérioles desservant les rizières) ; finesse de ce système, en un

village qui couvre seulement 460 hectares. Pour mener sur le même sol trois récoltes en douze mois, il faut un calendrier agricole très serré et fidèlement respecté, que le repiquage rend possible : grâce au repiquage l'année agricole compte l'équivalent de quinze mois solaires. Par son agriculture intensive, Tirtonirmolo peut produire plus de riz qu'il n'en consomme et disposer d'un excédent commercial.

4 Ainsi s'expliquent les indices, soigneusement relevés par J.-L. Maurer, d'un certain

adoucissement de la condition paysanne. Le plus frappant de ces indices : près de la moitié des habitations sont faites de briques, de tuiles et de dalles de terre cuite ; douze

pour cent seulement sont entièrement bâties de matières végétales traditionnelles. Bien

sûr, le tableau n'est pas idyllique, mais Tirtonirmolo (et bien d'autres villages avec lui) ne connaissent pas la misère qui frappe des terroirs comme le massif calcaire de Gunung

Kidul, où l'irrigation est impossible. Tirtonirmolo bénéficie d'autre part de la contiguïté

de la grande ville de Yogyakarta, débouché privilégié pour ses divers produits. Mais le croît démographique, soigneusement étudié par J.-L. Maurer, est tel que l'avenir économique pourrait être sérieusement compromis si l'industrialisation ne prenait un

élan décisif. La " transmigration » vers les " îles extérieures » ne saurait être d'un grand

secours.

5 Il faut être reconnaissant à l'auteur d'avoir apporté sur ces sujets, et sur tant d'autres, des

analyses approfondies. Son livre mérite le respect, - et une large diffusion.

AUTEUR

PIERRE GOUROU

Bruxelles Juin 19856

Avant-proposPour Mihimana et à la mémoire de " Ibu » Romana Ratih Soesilo

1 La recherche de terrain sur laquelle est basée cette étude, comme la rédaction du

volumineux travail qui en a résulté puis sa publication sous une forme abrégée dans le présent ouvrage, n'auraient jamais été possibles sans le soutien scientifique et financier de plusieurs institutions, ni la collaboration et l'amitié de beaucoup plus de personnes que celles à qui je peux décemment rendre hommage dans le cadre restreint de cet avant- propos.

2 En premier lieu, rien n'eut été entrepris ni réalisé sans la généreuse bourse de recherche

conjointement octroyée par la Coopération Technique Suisse et l'Institut Africain de Genève. Une fois sur le terrain, le parrainage de l'Institut Indonésien des Sciences (LIPI) et l'appui actif de l'Ambassade de Suisse en Indonésie m'ont grandement facilité les choses. Enfin, c'est grâce à l'effort financier commun d'un pool d'institutions suisses comprenant l'Institut Universitaire de Hautes Etudes Internationales, l'Institut Universitaire d'Etudes du Développement, l'Université de Genève, la Fondation Eckenstein et le Fonds National de la Recherche Scientifique que cet ouvrage a pu être publié.

3 Parmi tous ceux - maîtres, collègues et amis - envers lesquels je suis redevable, je me

bornerai à mentionner Gilbert Etienne, éminent connaisseur des problèmes du

développement rural asiatique, sans la confiance et la conscience duquel rien n'aurait jamais commencé ni abouti ; Jacques Freymond, ancien directeur de l'IUHEI ; Pierre Bungener, Roy Preiswerk et Jacques Forster, directeurs successifs de l'IUED ; Gustav Papanek, alors membre du Harvard Advisory Group ; Masri Singarimbun et Mubyarto, tous deux professeurs à l'Université Gadjah Mada de Yogyakarta ; Terence et Valerie Hull,

puis Chris Manning, mes aînés en recherche attachés à l'Australian National University de

Canberra ; Mas Amin Yitno et Mas Susetiyo, mes précieux assistants de recherche ; les familles Yap Dumanauw et Gunawan, refuges de chaleur humaine dans les moments difficiles ; Pak Burdjo, chef du village de Tirtonirmolo et Pak Hardjo, admirable paysan du village de Timbulhardjo, au nom de tous les villageois javanais importunés sans la patience et la science desquels ce travail n'eut jamais vu le jour ; Pierre Gourou, ancien professeur au Collège de France, à qui je dois comme beaucoup d'autres ma vocation tropicaliste ; Denys Lombard, directeur d'études à l'EHESS de Paris, auquel tous les7 indonésianistes francophones doivent énormement ; Ibu Romana Ratih Soesilo, mon professeur d'indonésien, remarquable femme de tête et de coeur malheureusement trop

tôt disparue ; enfin, Françoise Berlioz, qui a dactylographié à la perfection l'énorme

manuscrit initial.

4 Les nombreuses autres personnes de par le vaste monde que je sais m'avoir soutenu tout

au long de ce combat douteux comprendront très certainement que je ne puisse toutes les nommer. Je serai par contre impardonnable de ne pas évoquer pour conclure la dette que

j'ai à l'égard des miens qui ont beaucoup enduré et prodigué plus encore, et sans lesquels

rien ne serait. Que tous voient dans cet ouvrage un modeste gage de ma reconnaissance.8 Introduction De la problématique au terrain d'enquête

1 Cet ouvrage est la version fortement abrégée d'une volumineuse étude, elle-même

aboutissement d'une très longue recherche s'étalant sur une quinzaine d'années.

2 C'est en effet vers 1968 que nous commençâmes à nous intéresser de près aux problèmes

de développement économique et de modernisation sociale du " Tiers Monde ». A cette époque, la communauté internationale des théoriciens et des praticiens de tous poils

penchés sur leur étude était déjà toute bruissante de la grande " querelle des anciens et

des modernes » opposant les tenants de " la croissance d'abord » aux partisans de

" l'équité avant tout ». Les sociétés non-occidentales étant essentiellement rurales et

paysannes, c'est bien évidemment le problème de la modernisation agricole qui était habituellement au centre de la controverse. Toutefois, l'extension rapide et bruyante de

la stratégie technicienne dite de " révolution verte » avait relancé cette dernière sous une

forme plus antagoniste et passionnée que jamais. Le choix du thème de notre recherche

était donc tout trouvé : elle serait consacrée à l'analyse des conditions et des

conséquences économiques et sociales de la modernisation agricole dans les pays en voie de développement.

3 Restait alors encore à identifier l'étude de cas particulière qui illustrerait le mieux une

problématique aussi générale. Nous savions déjà depuis longtemps qu'elle serait

asiatique. En effet, non seulement avions-nous toujours été fortement attiré par la profondeur historique et la richesse des civilisations de ce vaste continent auquel l'humanité doit tant, mais encore, la question de la modernisation agricole était-elle devenue une nécessité particulièrement urgent et vitale pour la majeure partie des pays pauvres et surpeuplés le constituant. Nous la voulions par ailleurs tropicale, après que Pierre Gourou ait su nous sensibiliser par ses écrits aux problèmes spécifiques de ces

régions. Or, d'un côté, celles faisant partie de l'espace indien avaient déjà été l'objet de

nombreuses études rurales de ce type alors que celles appartenant au monde chinois demeuraient très difficiles d'accès pour des raisons essentiellement politiques. En revanche, à égale distance de ces deux géants, intégralement située dans la ceinture

intertropicale et fascinante par sa diversité passée et présente, la région carrefour du9

sud-est asiatique, tout à la fois pont entre les continents d'Asie et d'Australie et porte entre les océans Indien et Pacifique, offrait, à tout point de vue, des perspectives plus intéressantes.

4 Dès lors, le choix de l'Indonésie, le plus grand archipel du monde qui - selon la phrase

célèbre de Douwes Dekker - " se tortille autour de l'équateur comme une ceinture d'émeraudes », s'imposait presque de lui-même. Quatre raisons majeures le justifiaient à

notre sens pleinement. Premièrement, bien qu'il ait été de fort loin le plus peuplé de la

région, ait pesé d'un poids politique et stratégique très supérieur à celui de ses voisins

immédiats et ait disposé d'un énorme potentiel économique, tant agricole que minier, ce grand pays restait relativement sous-étudié. Deuxièmement, la situation de développement le caractérisant était le produit d'un long processus historique original et complexe passant par une floraison pré-coloniale aussi riche que variée, une colonisation inégale mais remarquablement précoce et traumatisante dans certaines régions, un réveil nationaliste brusque et virulent suivi d'une lutte de libération âpre et dévastatrice et enfin, une indépendance difficile, pleine d'écueils, de tensions et de conflits, ayant vu le régime populiste tiers-mondiste et socialisant du flamboyant Sukarno être remplacé, dans le sang des communistes, par l'" Ordre Nouveau » militaro-technocrate et pro- occidental de l'énigmatique Suharto. Troisièmement, ce dernier s'était précisément attelé, dès son arrivée au pouvoir, à un effort de reconstruction et de développement

économique sans précédent, plaçant la modernisation agricole et l'autosuffisance

alimentaire au rang de ses préoccupations primordiales. Quatrièmement, la langue indonésienne, sans être aussi simple que l'affirmaient certains, présentait tout de même un degré de complexité moindre que la majorité des langues tonales à écriture non- romanisée de la péninsule indochinoise et pouvait donc être assimilée suffisamment rapidement pour se lancer dans une recherche de terrain. 10

CARTE 1 : L'Indonésie, pont entre l'Asie et l'Australie et porte entre l'Océan Indien et l'OcéanPacifique

5 Cette dernière dura 18 mois, de novembre 1972 à Mai 1974. Elle fut suivie par une courte

phase d'étude comparative d'environ deux mois en Malaisie et d'un mois en Thaïlande. En

Indonésie, douze village furent analysés à fond, dont dix à Java et deux à Sumatra, alors

qu'une enquête approfondie sur le secteur des plantations était également réalisée dans

plusieurs provinces des deux îles et plus particulièrement à Sumatra Nord. En Malaisie,

certaines enquêtes dispersées furent menées à bien sur les deux côtes de la péninsule, à

Malaka, Penang et Province Wellesley, Kedah, Trengganu et Kelantan alors qu'en Thaïlande, elles furent principalement concentrées dans la région de la plaine centrale,

avec une brève incursion du côté de Chiang Maï. Par la suite, de 1976 à 1982, nous eûmes

la chance de pouvoir séjourner en Indonésie plusieurs semaines chaque année, à l'occasion de missions de courte durée effectuées un peu partout dans l'archipel pour le compte de l'agence suisse de coopération au développement. Cela nous a indubitablement permis de ne pas trop perdre contact avec les réalités du pays et de continuer à suivre d'assez près son expérience de modernisation agricole.

6 Le présent ouvrage ne reprend pas, loin s'en faut, l'intégralité de l'énorme quantité de

matériel accumulé pendant toutes ces années puisqu'il ne porte que sur quatre des dix villages javanais initialement étudiés, ceux de la région de Yogyakarta. Un tel choix s'explique par le fait que ce sont tout d'abord les villages à l'étude desquels nous avons consacré le plus de temps et où l'analyse comparative s'avère la plus pertinente, mais

aussi les seuls dont nous ayons véritablement pu continuer à suivre l'évolution grâce aux

brèves visites que nous ne manquâmes jamais d'y faire lors de chacune de nos fréquentes

escales à Yogyakarta pendant la décennie écoulée. Ceci dit, le terrain de base sur lequel

repose cette étude villageoise comparative est relativement lointain.11

7 C'est pour pallier à ce problème que nous avons adopté une approche classique consistant

à partir du général pour y revenir au terme d'un long détour dans le particulier et avons

inscrit la recherche de terrain constituant la poutre maîtresse de cette étude dans une

perspective historique plus " globale » qui couvre entièrement la décennie des années 70,

particulièrement cruciale et significative pour le développement indonésien. En fait, nous avons tout simplement emprunté à la technique cinématographique en décidant de procéder par rétrécissements et élargissements successifs et progressifs du champ de

vision. Après un vaste " traveling panorama » sur la situation générale de l'Indonésie en

1971, on procèdera donc à un rapide mouvement plongeant de " zoom avant » qui

débouchera sur un très long " gros plan » sur les problèmes de modernisation agricole et de développement rural au niveau de la sphère villageoise, puis on enclenchera le " zoom arrière » nous permettant de terminer par un nouveau " traveling panorama » sur l'état du pays en 1981, au bout de dix années de croissance soutenue.12

Première partie13

Avant-terrain : vue d'ensemble etcadrage progressif du sujet La situation politique, économique et sociale del'Indonésie en 1971

1 L'année 1971 marque un tournant important dans l'histoire de l'Indonésie post-

sukarnienne. Elle est, en effet, jalonnée par toute une série d'événements politiques, économiques et sociaux majeurs qui ne peuvent manquer de la singulariser.

2 Sur le plan politique, le plus déterminant d'entre eux réside dans la tenue, début juillet, des

deuxièmes élections parlementaires de l'histoire du pays.Les premières en date

remontaient à 1955, année qui marquait déjà le dixième anniversaire d'une indépendance

proclamée à la veille de la capitulation japonaise et le sixième des accords de la Haye ayant mis fin à la guerre de libération nationale contre le colonisateur hollandais. Quatre grands partis, représentant les principales orientations socio-politiques indonésiennes,

s'étaient alors répartis de manière à peu près égale le gros des suffrages, le PNI des

nationalistes arrivant légèrement en tête devant le MASJUMI des musulmans modernistes, lui-même suivi de près par le NU des coreligionnaires conservateurs qui précédait de peu le PKI des communistes. Cette clarification du rapport de force n'avait en rien contribué à résoudre le problème de l'instabilité gouvernementale chronique qui affectait la jeune république depuis sa naissance, ni à éliminer les rébellions endémiques d'origines

diverses menaçant sans arrêt son intégrité territoriale. C'est précisément pour se donner

les moyens de faire face à toutes ces graves difficultés, selon lui largement imputables à un système parlementaire d'inspiration occidentale totalement inadapté aux traditions et aux conditions politico-culturelles indonésiennes, que Sukarno avait finalement réussi, entre 1957 et 1958, à imposer au pays les principes de gouvernement lui tenant depuis toujours à coeur. La " démocratie dirigée » était née.

3 Décrire en quelques mots cette fascinante machine de Tinguely institutionnelle, à ranger

dans l'arsenal hétéroclite des tentatives de modernisation politique de type " troisième voie » dont a été témoin le Tiers-Monde depuis 1945, quelque part entre les socialismes authentiques d'aspiration communautaire et les capitalismes d'état les plus14 bureaucratiques, constitue une véritable gageure. Au risque de simplifier, disons qu'elle reposait, au premier chef, sur un régime présidentiel de type archi-populiste, qu'elle fonctionnait principalement au nationalisme romantique teinté de démagogie et d'autoritarisme et qu'elle visait essentiellement à sauvegarder une unité nationale problématique et à essayer de produire une ambitieuse synthèse unanimiste entre les grands courants socio-politiques susmentionnés. Son inauguration ouvrait une période

troublée et presque surréaliste, caractérisée, sur le plan international, par l'engagement

de plus en plus actif et remarqué de l'Indonésie dans le camp des pays anti-impérialistes - ainsi que son rapprochement concomitant avec la Chine - le tout ponctué de deux conflits régionaux majeurs à propos de l'Irian Occidental et de la Malaysia, et, sur le plan national, par l'affirmation croissante de l'armée comme acteur prépondérant du jeu politique et la montée progressive des antagonismes entre les forces progressistes et

conservatrices écartelant la société indonésienne, le marxisme à une extrémité et l'islam

à l'autre. Si la fuite en avant dans laquelle il s'était lancé eut finalement pour effet de créer une unité nationale solide et presque miraculeuse, Sukarno, le maître dalang charismatique et volontariste à l'automne de sa vie, fut submergé par les forces

incontrôlables qu'il avait déclenchées et échoua cruellement dans sa tentative pathétique

de conciliation entre des visions du monde par trop incompatibles. Dès le début des

années 60, il était évident que le vieux rêve de syncrétisme politico-culturel le hantant ne

se réaliserait jamais. L'histoire s'accéléra et la polarisation d'une société de plus en plus

fébrile s'accentua progressivement pour atteindre un paroxysme irréversible à partir de

1963/64, quand le PKI, sûr de sa force, déclencha une âpre lutte de classe dans les

campagnes javanaises en décidant l'application unilatérale de la loi agraire de 1960, restée jusque là lettre morte

1, et exigea ouvertement la création d'une milice populaire

armée. Trop de lourds nuages s'étaient accumulés dans le ciel indonésien pour que l'on ne

sentit pas le dénouement tout proche en cette folle année 1965 que Sukarno, triste ironie de l'histoire, avait pompeusement baptisée " Vivere Pericoloso ! ». L'orage éclata le dernier soir du mois de septembre.

CARTE 2 : L'atomisation insulaire indonésienne

CARTES DE L'INDONÉSIE EN 1975 PRINCIPALES ILES ET VILLES MAJEURES DE L'ARCHIPEL

4 Bien que chacun soit plus ou moins au courant des événements dramatiques qui ouvrirent

alors l'une des périodes les plus sombres de l'histoire indonésienne, leur interprétation15

est encore à ce jour très controversée. Tentative délibérée de coup d'état préparé et

exécuté par le Parti communiste avec l'aval de Sukarno, comme le présente la version officielle du régime militaro-technocrate actuellement au pouvoir, ou règlement de compte strictement interne à l'armée par lequel une poignée d'officiers progressistes

voulut prévenir et déjouer le putsch que préparaient les généraux conservateurs, comme

le prétendent certains de ses plus farouches détracteurs, il est difficile de trancher. La vérité se situe vraisemblablement quelque part entre ces deux extrêmes. Quoiqu'il en soit, la presse du PKI eut la maladresse d'approuver explicitement le principe du coup dès le surlendemain matin, et il fut prouvé par la suite que certains membres des jeunesses

communistes avaient participé au massacre des généraux qui n'avaient pas été tués au

moment de leur enlèvement. Cela fut amplement suffisant pour signer son arrêt de mort.

Le général Suharto, un des seuls officiers supérieurs à ne pas avoir été sur la liste des

conspirateurs, et dont le rôle dans cette obscure affaire est, selon certains analystes, encore plus flou que tout le reste, assuma sur le champ le commandement de l'armée laissé vaquant et, manoeuvrant avec une extraordinaire finesse, rétablit facilement l'ordre sans effusion de sang dans la capitale. Après une relative accalmie, les choses prirent en revanche une tournure effroyable en province. Certaines unités de choc de l'armée

organisèrent, avec l'aide des jeunesses islamiques fanatisées et d'autres éléments

conservateurs, une véritable chasse aux sorcières communistes. Un terrible vent de folie meurtrière, à mi-chemin entre l'amuk et le jihad, souffla pendant plusieurs mois d'affilée sur l'archipel. Quand il retomba plus d'un demi-million d'Indonésiens avaient été odieusement massacrés, et plusieurs centaines de milliers d'autres avaient été ou allaient

être arrêtés et incarcérés dans des geôles dont certains ne ressortiraient que quinze

années plus tard. Le PKI, décimé, traqué, était sur le point d'être banni et anéanti alors

que Sukarno, malade et prématurément vieilli, indirectement compromis dans une sale

affaire où il avait été manipulé et s'était enlisé, dénonçant avec courage l'holocauste des

communistes et vilipendé pour cela par le front des étudiants conservateurs, était à la veille de perdre le pouvoir. Un premier pas important fut franchi dans cette direction le

11 mars 1966 quand il signa, sous la contrainte, l'ordre conférant à Suharto la

responsabilité de restaurer l'ordre public et la sécurité. L'ORLA, l'" Ordre Ancien », cédait

la place à l'ORBA, l'" Ordre Nouveau ».

5 Il fallut cependant encore exactement deux ans pour dépouiller le père de l'indépendance

nationale de tous les attributs de son pouvoir. La chose se fit une nouvelle fois " à la javanaise », d'une manière subtile, progressive et feutrée, en respectant même une

certaine apparence de légalité. Après avoir interdit le PKI, fait arrêter tous les principaux

ministres du dernier cabinet ministériel de Sukarno, purgé l'administration et l'armée de tous les éléments communistes ou nationalistes de gauche et s'être entouré d'une nouvelle équipe de politiciens, de militaires et de technocrates partageant ses vues, Suharto convoqua un parlement épuré et docile qui lui conféra, en mars 1967, le titre de

président en exercice jusqu'à ce que les élections législatives promises soient organisées.

La dernière mesure décisive mettant un terme à cette situation ambigüe de dualité du pouvoir exécutif fut prise en mars 1968, lors de la session parlementaire suivante, quand

le nouvel homme fort du pays fut élu, à l'unanimité, président en titre pour un mandat de

cinq ans, selon les termes de la constitution de 1945. Trois mois plus tard, Suharto mit en place son premier cabinet ministériel de développement et, alors que Sukarno, dont les plus extrémistes demandaient avec insistance le procès, abandonné de tous et placé en résidence surveillée, se rapprochait inexorablement du tombeau, il put se consacrer16

entièrement à la préparation des élections qu'il s'était engagé à tenir, conformément au

principe de souveraineté populaire sous-tendant la constitution de 1945 et à l'esprit des

Pancasila

2 sur lesquels elle reposait et dont il s'était naturellement réclamé dès l'origine de

son action. Il s'agissait, par ce biais, de donner à son régime les apparences d'une démocratie aux yeux des pays occidentaux sur lesquels il comptait pour soutenir la nouvelle stratégie de développement et d'asseoir la légitimité de son pouvoir face aux partis politiques nationaux, avec lesquels il n'était d'ailleurs aucunement question de le partager. Pour cela, on fit tout d'abord adopter par le parlement des règles électorales garantissant une large marge de sécurité au gouvernement puisque le suffrage universel ne portait que sur 360 des 460 sièges à pouvoir, les 100 derniers membres du parlement - dont 75 devaient obligatoirement faire partie des forces armées - étant directement

désignés par le président en personne. Ensuite, on s'appliqua à épurer la scène politique

des éléments jugés indésirables en interdisant de vote tous ceux qui avaient été membres

ou sympathisants du PKI désormais banni et à affaiblir, par tous les moyens, les autres grandes formations sorties vainqueurs du scrutin de 1955 en intervenant systématiquement dans leurs affaires internes, comme ce fut le cas pour le MASJUMI, devenu PARMUSI, ou pour le PNI. Finalement, on ressortit des tiroirs poussiéreux de la Démocratie Dirigée la vieille idée sukarnienne des " groupes fonctionnels » que l'on transforma, sous le nom de GOLKAR, en véritable machine de guerre électorale pro- gouvernementale. Ainsi bénéficiait-elle de moyens matériels et financiers énormes, de l'appui total de l'armée et également de celui, peut-être moins unanime et spontané, des

fonctionnaires, à qui on laissait le choix peu enviable d'adhérer à la nouvelle organisation

ou de démissionner. Après une campagne électorale marquée par de nombreuses irrégularités et pressions en tous genres, le scrutin eut finalement lieu le 3 juillet 1971. Les résultats dépassèrent largement les espérances du gouvernement puisque le GOLKAR

obtenait à peu près les 2/3 des suffrages exprimés et des sièges à pourvoir, toutes les

autres formations politiques indonésiennes sortant, à l'exception du NU, totalement laminées du scrutin. Fort de ce succès lui procurant une légitimité indiscutable et interprété comme une approbation populaire massive de la politique suivie depuis sonquotesdbs_dbs30.pdfusesText_36
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