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Guerre et littérature de jeunesse française (1870-1919). De la voix

20 mars 2012 librairie Berger-Levrault les beaux livres illustrés par Guy Arnoux

1

UNIVERSITE BLAISE PASCAL - CLERMONT II

U.F.R. LETTRES, LANGUES ET SCIENCES HUMAINES

Doctorat

Littérature française

Laurence OLIVIER-MESSONNIER

GUERRE ET LITTERATURE DE JEUNESSE FRANÇAISE (1870-1919) De la voix officielle à la matérialisation littéraire et iconographique

Tome I

Thèse dirigée par M. Robert PICKERING

Soutenue publiquement le vendredi 27 juin 2008

Jury :

- M. Christian CHELEBOURG (Maître de Conférences Habilité, Université de la

Réunion - rapporteur)

- M. Jean-Pierre DUBOST (Professeur, Université Blaise Pascal) - M. Francis MARCOIN (Professeur, Université d'Artois - rapporteur) - M. Robert PICKERING (Professeur, Université Blaise Pascal - directeur de la thèse) 2

À MES ÉLÈVES

3

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier tous ceux sans qui cette entreprise n'aurait pu aboutir : Monsieur Robert Pickering, mon directeur de thèse, qui a convaincu Messieurs Christian Chelebourg et

Francis Marcoin, spécialistes de la littérature de jeunesse, de s'intéresser à mon travail. Ma

gratitude va également aux conservateurs des fonds précieux découverts à la Bibliothèque de

l'Heure Joyeuse, à la Bibliothèque de la Joie par les Livres, à la Bibliothèque nationale de

France, aux bibliothécaires du fonds patrimonial de la Bibliothèque de Moulins et de la

Bibliothèque de Montluçon. Merci aux collectionneurs spécialistes de la Grande Guerre, aux

directeurs d'établissements scolaires et aux généreux prêteurs bibliophiles, qui ont fourni un

substrat indispensable à ce document. Enfin ma reconnaissance va aux miens, à mon fils et à

mon époux qui m'ont insufflé l'énergie nécessaire pour dépasser les doutes inhérents à toute

recherche. 4

INTRODUCTION

"Maxima debetur puero reverentia » 1 I L'homme qui germe au coeur de l'enfant est façonné et sculpté à la gouge de ses lectures. " Essaierez-vous de corriger l'automne ? Si vous voulez des fleurs plus belles, agissez sur le printemps. »

2 La métaphore de Paul Hazard justifie le respect dû à l'enfant par

le truchement des livres qui lui sont offerts et conditionnent sa maturité. Le renouvellement

des ouvrages qui lui sont destinés, est subordonné à l'inculcation culturelle et idéologique

désirée par les penseurs ou les pédagogues. Le 19 e siècle a particulièrement oeuvré à la

reconnaissance de l'enfant tant sur le plan littéraire que pédagogique. L'enfant héros, né de

l'introspection romantique, acquiert un statut qui s'affirme au cours du siècle à une cadence

rapide : à partir de 1870, presque chaque année voit surgir une publication dont il est le sujet.

L'action en faveur de l'enfance date essentiellement de la seconde moitié du 19 e siècle grâce

aux étapes décisives des sciences de l'éducation. La petite enfance est l'objet de toutes les

attentions dès le début du siècle avec la création des " salles d'asile » en 1828, imitées des

" Infant Schools » anglaises. La ligne de pensée de Madame Pape-Carpantier est suivie par

Jules Ferry, dont le ministère libéral et " laïcisateur » va favoriser l'intégration des enfants

d'âge préscolaire. Un immense champ s'ouvre donc à ceux qui détiennent entre leurs mains la formation des esprits juvéniles : les éducateurs de la nation et les concepteurs de livres pour enfants. Cette donnée, essentielle au développement intellectuel et moral des plus jeunes, est prise en compte par les officiers de l'Instruction publique et les auteurs de jeunesse, qui ont saisi

l'aubaine de la scolarisation massive et de l'alphabétisation instaurées par la Troisième

République. Le 19

e siècle n'a pourtant pas été le premier à s'intéresser au bonheur de

l'enfance : le Moyen Age célèbre le culte de l'enfant à travers des chansons de geste dont il

est le héros ou bien à travers l'exaltation de la Vierge et de l'Enfant des vitraux des

cathédrales. L'art chrétien glorifie l'enfant dont seule, l'Eglise pourvoit à l'instruction.

L'humanisme de la Renaissance le met à l'honneur grâce à Rabelais et sa proposition d'une éducation idéale dans l'abbaye de Thélème. Le 17 e siècle oppose deux conceptions de

l'éducation de l'enfant : la sévérité à son encontre et les sévices corporels préconisés émanent

1 " Le plus grand respect est dû à l'enfant » : le précepte antique est rappelé par Victor Toursch dans sa thèse,

L'enfant français à la fin du 19

e siècle d'après ses principaux romanciers. Paris, Les Presses Modernes, 1939.

2 Paul HAZARD, Les Livres, les Enfants, les Hommes. Paris, Flammarion, 1937, p.8.

5

d'une vision biblique de l'homme coupable, qui a transmis ses fautes à ses descendants.

Fénelon conseille au contraire la douceur et le dialogue. Le 18 e siècle et la Révolution bouleversent l'ordre social et contribuent au développement d'une pensée individualiste, avec Rousseau qui conseille l'amour de l'enfant tel qu'il est. De ces transformations, la littérature du 19 e siècle se fait l'écho. Toutefois, si des pédagogues comme Ferdinand Buisson ou André Lichtenberger posent la question des méthodes pédagogiques et de la psychologie enfantine, il

faut attendre la thèse de Marie-Thérèse Latzarus, La Littérature enfantine dans la seconde

moitié du 19 e siècle3, pour obtenir un regard distancié sur une littérature qui n'est plus jugée comme secondaire ou inférieure.

Consacrer une thèse à la littérature de jeunesse est une entreprise paradoxale qui

requiert un jugement adulte sur des productions destinées à la fraîcheur des esprits juvéniles.

Ce travail s'inscrit à la fois dans une démarche analytique générale de la production livresque

enfantine et de ses satellites parascolaires, et dans un parcours professionnel personnel,

consacré depuis plus de vingt-cinq ans à l'enseignement de la littérature aux plus jeunes. En

effet, après avoir côtoyé, éveillé, guidé des élèves de deux à vingt ans, nous avons désiré

étudier ce qui leur était proposé, il y a maintenant cent ans, dans un cadre scolaire mais aussi

dans leur vie quotidienne en dehors des murs de l'école. Pourquoi ce choix ? Nous aurions pu

nous intéresser à la littérature de jeunesse contemporaine, mais cette dernière est encore peu

diffusée auprès des lycéens. Nous avons préféré la distanciation nécessaire à la réflexion sur

un domaine encore mal défini, méconnu mais existant de longue date. L'immersion dans les

méandres de l'histoire nationale et l'étude conjointe de la littérature qui en émane, sont de

puissants révélateurs des mentalités adultes et juvéniles. Le travail sur la production livresque à destination des enfants en temps de guerre se situe au confluent des axes sociologique, politique, pédagogique et littéraire. Le livre pour

enfants, qu'il soit scolaire ou non, est le réceptacle émotif et éthique des idées sources jaillies

en amont, de la société qui les essaime. Son impact sensitif sur le lecteur est bien compris par

les auteurs et les éditeurs, a fortiori dans une période troublée par les guerres. Avant 1870, la

sériation opérée répond à la visée éducative ou récréative. Cette dichotomie se rattache à

l'antagonisme entre l'art et la morale, mis au jour par Flaubert et Baudelaire qui revendiquent

la liberté pour l' " artiste ». Cependant, il est difficile sous le Second Empire, de résister aux

sirènes mercantiles des commandes éditoriales. La conception moderne de l'art opposé à tout

didactisme n'est guère viable dans le domaine de la littérature enfantine.

3 Marie-Thérèse LATZARUS, La littérature enfantine dans la seconde moitié du 19e siècle. Paris, PUF, 1924.

6 Les robinsonnades font florès, les romans idéalistes, réalistes ou misérabilistes sont accompagnés du roman national initié par Erckmann-Chatrian. La Comtesse de Ségur,

Zénaïde Fleuriot, Jules Verne, Hector Malot font des émules parmi les auteurs patriotiques de

la fin du 19 e siècle et du début du 20e siècle. Paul d'Ivoi, le Capitaine Danrit en sont les

épigones. La narration prime au milieu des genres hétérogènes répertoriés. Elle peut faire

vibrer grâce aux trépidations aventurières des conquérants dans un univers changeant, elle

peut rassurer par l'installation de personnages sages et conventionnels dans un milieu immobile et confortable. Les chansons conservent un air romantique par l'enfance qu'elles

invoquent. Elles constituent un filon prospère agrémenté par les images de Boutet de Monvel.

La poésie enfantine issue du modèle hugolien fleurit la plume de Ratisbonne, de Laprade ou de Coppée, très prodigues en temps de guerre. Bien que le magazine ne soit pas un genre

littéraire, il témoigne d'une dynamique à l'intention des enfants : elle adapte les genres

traditionnels à son destinataire par la métamorphose du roman en roman-feuilleton, la

transformation des contes en historiettes, la transfiguration du théâtre en saynètes, la

réécriture d'apologues inspirés des fabulistes antiques ou classiques. Les rubriques inhérentes au journal témoignent du désir d'instruire en divertissant, de

lier l'utile à l'agréable. Cette nouvelle presse à destination des enfants soulève un problème

moral et littéraire pour les spécialistes de la littérature et les parents. A la question éthique

posée par des textes jugés parfois inconvenants, s'ajoute la remise en cause de leur valeur

littéraire. Les productions sont dépourvues de haute tenue littéraire et ne satisfont pas aux

exigences intellectuelles et émotives des enfants, dit-on. Entre les plaisirs faciles et les plaisirs

délicats, le choix est difficile pendant les cinquante années qui séparent la défaite de Sedan du

Traité de Versailles. Soucieux de marquer l'empreinte de l'histoire nationale prestigieuse, les

auteurs et les illustrateurs pour enfants ont parfois dû brider leur imagination ou bien l'adapter

aux circonstances, pour satisfaire l'entreprise d'acculturation des esprits juvéniles.

Les élèves d'aujourd'hui sont curieux de savoir ce qui était proposé à leurs pairs

d'antan. Ils expriment leur étonnement quant à la facture des textes qui leur étaient soumis, et

surtout quant à l'axiologie qu'ils véhiculaient. La subordination aux instructions officielles

s'impose à eux. C'est d'ailleurs celles de 2001 qui ont permis de les initier aux travaux

personnels encadrés et de leur rappeler les bases d'une éducation civique, juridique et sociale

concomitamment à l'enseignement du français. La technique d'autonomie préconisée est un

outil performant d'analyse des phénomènes sociologiques et littéraires d'une période

historique déterminée : 1870-1919. La sélection de ces cinquante années d'histoire littéraire

7

est liée à l'étude d'ouvrages recommandés aux lycéens et puisés aux sources mêlées du

décadentisme, du réalisme, du naturalisme et du surréalisme. Les lectures de Huysmans, de Daudet, de Zola, de Maupassant, d'Apollinaire, de

Cendrars, pour ne citer que les auteurs les plus commentés, contribuent à l'éveil d'une

curiosité sans cesse sollicitée par des questionnements d'ordre historique, éthique et politique.

Comment expliquer Boule de Suif sans évoquer l'occupation prussienne née de la défaite de Sedan ? Comment analyser La Débâcle sans mentionner la chute du Second Empire et la trahison de Bazaine ? Comment comprendre " La fantaisie et l'histoire » des Contes du lundi, sans connaître les implications du Traité de Francfort et l'annexion de l'Alsace-Lorraine par

l'Allemagne ? Comment sensibiliser aux Poèmes à Lou sans se référer à la Grande Guerre et

aux fulgurances poétiques qu'elle a engendrées ? Comment apprécier la prose ardente et

sincère de La main coupée sans connaître l'horrible boucherie de 1914-1918 ? L'étude de mouvements littéraires est consubstantielle à la connaissance de l'histoire

et des facteurs politiques et sociaux qui les ont générés. Les perspectives d'étude proposées

par les instructions officielles de 2001 et de 2006 recommandent une analyse argumentative, rhétorique, générique, génétique et culturelle des productions livresques du 16 e au 20e siècles.

Le choix d'ouvrages s'échelonnant sur cinquante années de vie littéraire française, encadrée

par deux guerres, s'avère fructueux tant sur le plan pédagogique que didactique. L'intérêt

accordé à des événements politiques qui ont marqué la France, l'Europe, le monde,

sélectionne des oeuvres en phase avec l'actualité, et capables d'émouvoir un siècle plus tard.

Découvrir ce qui conditionne l'apprentissage de l'instruction civique et morale des

enfants, de 1870 à 1919, permet de mesurer l'évolution des techniques pédagogiques à l'aune

des réactions des élèves actuels. La conscience d'une inféodation des ouvrages offerts à la

lecture scolaire, quel que soit le siècle envisagé, décille les yeux sur la corrélation entre la

voix officielle et sa matérialisation littéraire et iconographique. L'élève est sollicité dans sa

réflexion sur une littérature née d'un phénomène politique. Le recul qui lui est demandé,

l'oblige à se départir de préjugés tenaces à l'encontre de textes considérés comme

inabordables. Pour les aborder, il faut tenir compte du passé et du présent, de " tout le passé,

car la langue, la littérature et la culture ne prennent sens que dans leur perspective

historique. » 4 Ainsi, l'étude de livres extrascolaires et de manuels destinés à des enfants de cinq à

treize ans s'adjoint naturellement à celle des textes de littérature française de la période

4 Français, classes de seconde et de première, Lycée. CNDP, collection " Lycée », 2001, préface, p.7.

Disposition de l'arrêté du 5 juin 2001.

8

envisagée. Les débats marquants de l'histoire culturelle ne peuvent être éludés, dans une

perspective épistémologique. Comprendre l'art de démontrer, de convaincre et de persuader,

passe par un travail sur l'argumentation et notamment l'introduction à la " littérature

d'idées ». L'analyse rhétorique de discours épidictiques suppose la comparaison entre des

textes littéraires et non littéraires. Le statut de la vérité visée est subordonné à la position de

l'énonciateur dans son discours. La démonstration de la nécessité du triple théorème de

l'instruction gratuite, laïque et obligatoire, a pour méthode la logique, et pour moyen le calcul.

La cohérence du raisonnement aboutit à l'affirmation d'une vérité générale. Cette optique

d'analyse des formes de l'argumentation relève du délicat raisonnement distancié et de

l'usage circonstancié du langage, tendu entre la sécurité rationnelle et objective de la preuve,

et le risque de manipulation trompeuse et subjective. Soumettre à l'appréciation des élèves

une démonstration, une harangue, un discours prônant la laïcité comme celui de Jaurès, ou

l'effort de guerre comme ceux de Poincaré, de ses ministres pendant la Grande Guerre, invite à réfléchir sur les enjeux des décisions étatiques. On peut argumenter de différentes manières : l'injonction, les arguments qui relèvent de " l'ultima ratio regis » constituent la forme la plus radicale des discours. Convaincre et persuader sont les deux axes de l'argumentation qui peuvent se mêler. Il n'est de meilleure illustration à cet égard, que les textes phares proposés aux élèves de la fin du 19 e siècle et du début du 20 e siècle à propos de la guerre franco-prussienne et de la Grande Guerre. Les

scansions majeures de l'histoire littéraire ne peuvent s'appréhender que par les effets produits

et la relation avec les registres et les genres. Les poètes occupent une place de choix dans

cette perspective idéologique couvrant cinquante années de littérature de jeunesse, de 1870 à

1919 : Hugo, Maeterlinck et Déroulède côtoient Goethe et Rilke.

Cette approche de la " littérature d'idées » perdure du 19 e au 21e siècles. Elle se fonde

sur des textes littéraires sans pour autant exclure d'autres modèles. La réflexion sur les

moyens et les finalités de l'argumentation introduit les élèves à la connaissance d'auteurs dont

l'oeuvre relève pour l'essentiel de la littérature dite " d'idées ». Cette propédeutique à la

réflexion philosophique ancrée dans la littérature, permet de spécifier ce domaine en français

par rapport aux sujets traités en éducation civique. Curieusement, les propos que nous tenons,

semblent les échos lointains de ceux qui armoriaient les préfaces des manuels de lecture

courante de G. Bruno ou de Jean Aicard

5 au 19e et au 20e siècles. A un degré moindre en

matière de patriotisme et de " morale en action », les problématiques envisagées demeurent :

5 G. BRUNO, Le Tour de la France par deux enfants. Paris, Belin, 1877.

J. AICARD, L'héroïsme français, Anecdotes de la guerre par un Français. Paris, Hatier, 1915.

9

littérature et altérité, littérature et éducation, littérature et politique, littérature et guerre, sont

au coeur des instructions officielles de 2001 tout comme elles l'étaient en 1881-1882, et dans les programmes de 1870 à 1919. " Le lien avec l'éducation civique, juridique et sociale est manifeste. » 6

Le regard porté sur l'autre et la réflexion sur la colonisation sont déjà le fer de lance de

Jules Ferry en 1882. L'incitation à réfléchir à l'histoire des débats sur l'éducation du 16

e au 20

e siècle, résonne comme un écho de la célébration des bienfaits de l'école républicaine mise

à l'honneur par G. Bruno ou Antoine Chalamet

7 au 19e siècle. L'invitation à analyser les

textes portant sur le débat démocratique, sur sa critique ou sur ses objets, à partir d'ouvrages

de Hugo, de Zola ou de Jaurès trouve naturellement son prolongement dans l'examen des " Livres Rose de la Guerre » de Larousse ou de la presse enfantine de 1914 à 1918. Le regard de l'adolescent du 21 e siècle sur ce qui était donné à lire aux enfants d'autrefois, révèle les

failles d'un système pédagogique directif et propagandiste ainsi que la force persuasive née de

l'image et du texte. L'exhortation à l'étude de textes romanesques, de pamphlets, de

documents visuels et cinématographiques du 19 e et du 20e siècles, s'inscrit dans la droite lignée des explications de textes demandées dans les manuels de Jean Aicard en 1915, des sujets d'invention requis dans le livre d'Antoine Chalamet dans les années 1890, ou bien des informations fournies aux héros du Tour de l'Europe pendant la Guerre de G. Bruno 8 en 1916.
Les affiches de Poulbot, les lettres autographes, les caricatures de Hansi, les poèmes

cocardiers de Déroulède n'ont plus le même impact aujourd'hui et suscitent une interprétation

distanciée. Ils ont perdu leur visée d'embrigadement mais n'en demeurent pas moins de

précieux atouts pédagogiques pour mesurer les progrès du libre-arbitre accordé à l'enfant en

un siècle. Les débats provoqués mènent sur les sentiers de l'analyse axiologique.

L'intégration de documents historiques et pédagogiques comme ceux de Philippe Ariès,

d'Emile Durkheim ou de Jules Ferry

9 apportent une vision externe et critique souvent absente

des textes littéraires. L'utilisation de textes juridiques sur la loi Falloux de 1850, de

propositions pédagogiques émanant de Ferdinand Buisson, d'Ernest Lavisse ou d'André

Lichtenberger, confèrent à cette entreprise une richesse inédite. Le travail effectué sur les

6 Français, classes de seconde et de première, op. cit., p.42.

7 Antoine CHALAMET, Jean Felber. Paris, Alcide Picard et Kaan, s.d.

8 G. BRUNO, Le Tour de l'Europe pendant la Guerre. Paris, Belin, 1916.

9 Français, classes de seconde et de première, op. cit., p.43. Les trois références suivantes apparaissent :

Philippe ARIES, L'Enfant et la Vie familiale sous l'Ancien Régime.

Emile DURKHEIM, L'Education morale.

Jules FERRY, Discours sur l'égalité d'éducation. 10

représentations littéraires et iconographiques de la Grande Guerre en travaux personnels

encadrés, l'analyse de la presse enfantine de 1914 à 1918 dans le cadre de l'instruction

civique, des thèmes de la défense et de la patrie, ouvrent d'innombrables perspectives de

recherches. De cette expérience pédagogique est né le désir d'examiner les rapports entre la

voix officielle et la littérature de jeunesse entre 1870 et 1919. II Cette période encadrée par deux conflits est propice à l'analyse des liens entre guerre

et littérature enfantine. La coexistence entre les guerres et la littérature de jeunesse française

entre 1870 et 1919 soulève le problème du rapport aux recommandations institutionnelles : de

la voix officielle à la matérialisation littéraire et iconographique, la transmission des décisions

suit différents chemins. Comment la voix officielle se communique-t-elle à la littérature de

jeunesse ? Quel impact a-t-elle sur les productions enfantines ? Quels moyens littéraires et iconographiques sont mis en place pour la restituer ? A ces questions de translation

informative et idéologique s'ajoute le problème du contexte historique. En effet, il faut

s'interroger sur les répercussions de la défaite de 1870 sur les discours officiels et donc sur les

livres destinés aux plus jeunes. L'influence de la Grande Guerre est-elle de même nature ?

L'interrogation porte aussi sur la poétique

10. Ces phénomènes affectent-ils la liberté créatrice

des auteurs de jeunesse ? Trouve-t-on, pendant ces cinquante années, uniquement des

ouvrages s'inscrivant dans la ligne de pensée édictée ou bien en existe-t-il de subversifs ou de

critiques ? Le coeur de la problématique réside dans la question de l'obédience ou de la

déviance par rapport aux consignes gouvernementales, d'une littérature scolaire et extrascolaire. De la défaite de Sedan au Traité de Versailles, l'insinuation des consignes institutionnelles au sein des oeuvres pour enfants varie. De nombreux facteurs expliquent ces

fluctuations. Trois paramètres déterminent la recherche d'informations nécessaires à

l'élaboration d'une thèse : la voix officielle, la littérature de jeunesse, le public sont des

entités à cerner. La définition préliminaire du champ d'investigation évite toute dispersion

dans une jungle littéraire et administrative. La voix officielle dont nous avons retenu les échos

est celle du Ministère de l'Instruction publique de 1870 à 1919, du Journal Officiel et des

10 Le mot " poétique » est à prendre au sens où l'entend Bachelard dans La poétique de la rêverie : une

dynamique de création, un état d'âme naissante qui émane de la rêverie, une puissance psychique de poétisation.

Source : Gaston BACHELARD, La poétique de la rêverie. Paris, PUF, 1974, pp.14-15. 11

recueils de lois, décrets et règlements concomitants. Elle est aussi proférée par les instances

militaires en temps de guerre ou peut même émaner de l'étranger, de l'Allemagne ou des Alliés, en particulier pendant la Première Guerre Mondiale.

L'expression " littérature de jeunesse » est elle-même complexe, déviée en " littérature

pour enfants » ou " littérature enfantine ». Sa définition est ardue tant pour ce qui est du fait

littéraire que de son destinataire. Le souci de légitimer un objet d'étude longtemps négligé par

l'historiographie et la recherche universitaire, se heurte à une nébuleuse sémantique et une

production hybride écartelée entre art et pédagogie. La littérature, dans son acception

générique d'oeuvres écrites et portant la marque de préoccupations esthétiques, est à envisager

sous l'angle de l'adaptation à un public enfantin. Elle doit aussi être soumise au crible de la

qualité de l'écriture. Le critère de la valeur littéraire d'une production écrite tient à la

renommée de son auteur et à la clarté de son style. La multiplicité et l'hétérogénéité des

publications enfantines de 1870 à 1919, compliquent la recherche d'ouvrages ciblés sur la

patrie et la guerre. Le fonds patrimonial constitué par les fables de La Fontaine, les poésies de

Victor Hugo, les contes de Perrault relayés par les traductions de Grimm ou d'Andersen, demeure la pierre angulaire de la littérature enfantine. Mais les progrès de la scolarisation et de l'alphabétisation au 19 e siècle engendrent un

désir de lire. Corrélativement se développent le secteur éditorial et une " littérature

industrielle »

11 plus soucieuse de l'attrait du public que de la qualité des écrits publiés. La

période étudiée offre un large choix de livres rendus accessibles par la modernisation des techniques d'impression et d'illustration. Pour les Républicains des années 1880, le livre est un marchepied du savoir et le moteur de l'ascension sociale. Tout concourt à sa sacralisation : le développement des bibliothèques scolaires institué par l'arrêté du 1 er juin 1862, l'extension

des bibliothèques publiques, des librairies, la distribution de livres de prix, les initiatives en

faveur de la lecture populaire, contribuent à l'ancrage de la foi en un idéal civique et laïque

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