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Simulons avec le grand duc de Toscane

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HISTOIREDr L. PASTOR

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FURCY RAYNAUD

HISTOIRE

DES PAPES

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LA FIN DU MOYEN AGEDES PAPES

DEPUIS LA FIN DU MOYEN AGE

OUVRAGE ÉCRIT D'APRÈS UN GRAND NOMBRE DE DOCUMENTS INÉDITS EXTRAITS DES ARCHIVES SECRÈTES DU VATICAN ET AUTRESLE D' LOUIS PASTOR PROCESSEUR A L*UNIVERSITÉ d'iNNSBRUCKTRADUIT DE L'ALLEMAND

Par FIJRCY RAYNAUDTOME SIXIEME

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HISTOIRE DES PAPES

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Ce volume a été déposé au ministère de l'intérieur (section de la librairie)

eu février 1898.

HISTOIRE

DES PAPES

DEPUIS LA FIN DU MOYEN AGE

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LE D" LOUIS PASTOR

PROFESSEUR A L'uNIV F n SI T fc d'iNNSBRÜCKTRADUIT DE L'ALLEMAND

Par FURCY RAYNAUDTOME SIXIÈME

CINQUIÈME ÉDITION

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PLON-NOURRIT et C , IMPRIMEURS-ÉDITEURS8 , Il DE G A H A N C 1 È 11 il 6° 1924

Tous droits réservés

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HISTOIRE DES PAPES

LIVRE IX

ALEXANDRE VI (1492-1503) (SUITE)

VI

SAVONAROLE ET ALEXANDRE VI.Plus devenait évidente l'inanité des espérances données

par Alexandre VI pour la réforme de l'Église, plus les regards des peuples d'Italie se tournaient vers l'éloquent dominicain, en qui tout contrastait de la façon la plus tranchée avec l'es prit de la Renaissance antichrétienne, cet esprit qui tendait à transformer le chef de l'Église en un prince séculier et dont

Alexandre VI était la personnification *.Dans la brillante ville de Florence, si profondément cor

rompue par les Médicis, peuplée de " philosophes païens, de viveurs, d'artistes, de banquiers et de marchands, de politi ciens et de critiques raffinés2 », Savonarole avait provoqué, au moins momentanément, un mouvement de retour à des moeurs meilleures, que rien n'eût pu faire prévoir Aussi bien des gens étaient-ils disposés à attendre de lui la réforme de Rome, d'autant plus qu'il ne cessait de répéter que Flo

rence, " coeur de l'Italie », était appelée à répandre sur le1 Fïuntz, Sixtus IV9 p. 56. Voy. t. V, Introduction, p. 168, 179 et suiv.* Gregorovius, t. Vil, 3e édit., p. 40V (4e édit., p. 410).VI.I

îHISTOIRE DES PAPES.

monde la lumière qui le renouvellerait1. La nécessité absolue d'une réforme de Rome, du Pape et de la curie était un de ses thèmes favoris. A la cour des Borgia, on s'inquiétait peu, ou, pour mieux dire, on ne s'inquiétait nullement des har diesses de langage du dominicain de Florence : elles lais saient en particulier Alexandre VI parfaitement indifférent. Du moment que le moine de Saint-Marc n'attaquait aucun dogme essentiel, il ne venait même pas à l'idée du Pape d'entraver la liberté de sa parole. Si Savonarole avait su se renfermer dans son rôle de religieux et de prédicateur, il est à peu près certain que ses démêlés avec Alexandre VI ne se fussent pas produits *. Malheureusement pour lui, il n'en fut pas ainsi; emporté par son imagination ardente, il se lança de plus en plus dans la politique et fournit lui-même à ses ennemis

des motifs plausibles de réclamer l'intervention du Pape.Savonarole fut, un moment, en passe de devenir " roi de

Florence ", et pourtant il avait à compter avec des ennemis nombreux et puissants; c'étaient d'abord Pierre de Médicis et ses partisans, puis tous les adversaires de la constitu tion démocralico-théocra tique et de la rigoureuse police des moeurs introduites sous son influence, composant le parti auquel on donnait le nom d'Arrabiati, ou enragés, par opposi tion à celui des Frateschi (sequelle des moines) ou Piagnoni (sobriquet qui signifie pleurards, ou soupirants, parce qu'ils se lamentaient de la corruption des temps) ; c'étaient, enfin, toutes les puissances italiennes, résolument engagées dans lu politique antifrançaise. Cette politique était aussi celle du Pape, qui l'approuvait et l'appuyait de tout son pouvoir. Flo rence seule résistait au mouvement, sous l'influence de Savo narole, avocat infatigable et ardent de l'alliance avec la France. Fidèle au rôle prétendu d'envoyé de Dieu, par lequel il motivait ses motions les plus hasardées, en prêchant l'al liance avec Charles VIII il affirmait n'être que l'interprète

de la volonté divine. Après tout ce qui s'était passé, il s'obsli-* Giticcurdini, Stor. fiorent., p. 138.* Voy. Cosgi, Savonarola, p. 437, et surtout l'étude de Pellegiuhi, dam

VArch. d. Soc. Rom., t. XI, p. 710.

HISTOIRE DES PAPES.3

naît à voir dans le roi de France, malgré sa frivolité et son libertinage, l'instrument choisi de Dieu pour la réforme de l'Église : " Charles, disait-il sur un ton prophétique, sera infailliblement victorieux, et si Florence lui garde sa fidé lité, elle recouvrera ses possessions perdues. » Il ne pronon çait pour ainsi dire pas un sermon sans y parler de la néces sité de l'alliance avec la France Souvent il ajoutait " qu'en

tout cas Charles VIII réformerait l'Église * » .11 ne faut pas perdre de vue que la menace d'un concile

réformateur, équivalant à une menace de déposition, était un des moyens de pression fréquemment employés par le roi de France à l'égard du Pape, et l'on comprendra que 1 attitude du moine florentin devait finir par donner de 1 ombrage à Rome, d'autant plus qu'il était prouvé que l'adhésion de Flo rence à la ligue, souhaitée et sollicitée par le Pape, n'avait pas d'adversaire plus résolu que lui. Confiant dans la faveur populaire, il se croyait inexpugnable; les relations du temps constatent unanimement le prestige extraordinaire de cet homme. " On le vénère comme un saint et on 1 honore comme un prophète » , écrit l'ambassadeur du duc d Este3. " Nombre de gens, rapporte le chroniqueur florentin Landucci, étaient tellement entichés du nouveau prophète qu'ils se seraient jetés au feu pour lui, sans hésitation. » Ainsi porté par la faveur populaire, Tardent dominicain entreprit une campagne d'extermination contre ses adversaires : dans un de ses ser mons il se laissa emporter par le fanatisme politique jusqu à demander, le crucifix en main, la peine de mort pour tous ceux qui travaillaient à la restauration de la tyrannie à Ho- rence*. Poussé à bout, contraint d'intervenir, Alexandre \ l fit preuve d'une grande modération 5. Par un bref du 25 juil

let 1495, rédigé en termes très bienveillants, il invita Savo- 11 Meier, p- 93; Ranke, Studien, p. 258.* Cappelli, Savonarola, p. 52.» Ibid., p. 41, 51, 52, 56, 63.1 Voy. t. V, Introduction, p. 206 et suiv.

• IUnke, Studien, p. 246, le reconnaît, tandis que Villmii, t. I, 2' édit., p. 392, insiste, comme il l'avait fait dans la première édition, sur la fureur et l'esprit vindicatif du Pape. narole, " au nom du devoir sacré de l'obéissance », à venir sans délai à Rome, pour y rendre compte des prophéties qu'il présentait au peuple comme des révélations divines. Savo- narole répondit, dès le 31 juillet, par un refus : tout en recon naissant l'obligation de l'obéissance en sa qualité de reli gieux, il s'excusa, sous prétexte que son état de santé et les embûches que ne manqueraient pas de lui tendre ses enne mis ne lui permettaient pas de voyager, et qu'en outre son départ ne pourrait avoir lieu sans de graves inconvénients pour la ville de Florence1.Cette réponse provoqua un deuxième bref, daté du 8 sep tembre et adressé aux religieux du monastère de Sainte- Croix, adversaires déclarés de ceux de Saint-Marc. Un cer tain frère Savonarole, était-il dit dans le bref, se donne pour un prophète envoyé de Dieu, sans en fournir de preuves, soit par des miracles, soit par un témoignage spécial de l'Écri ture : la patience du Pape est à bout; il ordonne que Savo narole s'abstienne de toute espèce de prédication : doréna vant, le monastère de Saint-Marc sera de nouveau rattaché à la congrégation de Lombardie : le supérieur de cette congré gation désignera la résidence où Savonarole devra se rendre : toute résistance à ces ordres entraînerait, ipso facto, l'ex communication *.L'ordre du Pape marquait pour Savonarole le moment d'une crise décisive. Comme prêtre et comme religieux il était obligé, par un voeu, à l'obéissance envers le chef suprême de l'Église, quel que pût être ce chef personnellement et alors même que sa décision eût été dictée par des motifs politiques. Or, en vertu des règles canoniques, le Pape avait incontesta blement le droit d'arrêter les dispositions ordonnées par le bref du 8 septembre. Savonarole ne le méconnaissait point. Le

15 septembre, il écrivait à un confrère de Rome : " Je con

nais l'origine de toutes ces embûches, et je sais qu'elles vien nent de citoyens pervers qui veulent la restauration de la

tyrannie dans Florence et s'entendent avec certains potentats1 Vili.ari, t. I, 2'^édit., p. civ, cyn.* Voy. Ghkiurdi, p. 388.4 HISTOIRE DES PAPES.

L

HISTOIRE DES PAPES.5

d'Italie......Néanmoins, si je ne puis faire autrement pour lesalut de mon âme, je suis décidé à obéir, car je ne veux pas

me rendre coupable même d'un péché véniel » Cependant, dans la réponse qu'il adressa au Pape le 29 septembre, on ne le trouve plus aussi décidé, et, de plus, les termes en sont pas sablement ambigus. Après s'être plaint de ses ennemis qui, dit-il, ont trompé le Pape, il ajoute : " Pour ce qui concerne ma doctrine, je me suis toujours soumis au jugement de l'Église : quant à mes prophéties, je n'ai jamais dit positive ment que je fusse prophète, bien que j'eusse pu le faire sans commettre le crime d'hérésie. Le fait est que j'ai annoncé à l'avance certaines choses qui sont arrivées depuis; d'autres encore s'accompliront avec le temps. Au reste, l'Italie entière sait que les châtiments ont déjà commencé, et que c'est uniquement par ma parole que la paix a été maintenue à Flo rence... Remettre notre cause à la décision du vicaire de Lombardie équivaut à nous donner pour juge notre adver saire même... Les docteurs de l'Église enseignent unanime ment qu'il est permis à chacun de passer d'une règle à une autre règle plus rigoureuse et plus sévère. C'est ce que nous avons fait en nous séparant de nos frères de Lombardie. Une nouvelle union avec eux ne ferait que réveiller les rancunes qui, malheureusement, existent entre les deux congrégations, et provoquer de nouvelles dissensions et de nouveaux scan dales. Votre Sainteté dit qu'elle ordonne cette réunion afin que d'autres ne tombent pas dans les mêmes erreurs que moi. J'ai démontré que je n'étais tombé dans aucune erreur. L'effet doit donc cesser avec la cause. J'ai prouvé la fausseté de toutes les accusations portées contre moi; j'attends une réponse à mon plaidoyer et une sentence d'absolution. Je prêche la doctrine des saints docteurs; je ne m'en écarte en rien; si, cependant, j'étais tombé dans l'erreur, je suis prêt, non seulement à me corriger, mais encore à l'avouer et à faire amende honorable en présence de tout le peuple... Pour

terminer, je répète ce que j'ai toujours dit, à savoir que je1 Cette lettre a été publiée par Perrens, p. 534-538 Voy. Villari, t. I,

2e édit., p. 404

GHISTOIRE DES PAPES.

soumets ma personne et mes écrits au jugement de la sainte Église romaine '. »Un nouveau bref, en date du 16 octobre, fournit une nou velle preuve de la sagesse et de la modération d'Alexandre \ I : pour le cas où Savonarole se soumettrait à l'interdiction de la prédication, le Pape s'y déclare prêt à céder sur le point le plus important du bref précédent, la réunion du monastère de Saint-Marc à la province de Lombardie. Mais, pour le moine de Saint-Marc, le rôle de prédicateur se confondait avec celui d'agitateur politique. Le bref est rédigé dans des termes calculés de façon à conserver " tous les ménagements pos sibles » ; il débute par un coup d'oeil rétrospectif sur les actes de Rome antérieurs au sujet de l'affaire en question. Déjà, y est-il dit, à une époque précédente, le Pape a exprimé le déplaisir que lui causaient les agitations dont Flo rence a été le théâtre et dont la cause principale était la pré dication de Savonarole; car celui-ci, au lieu de se borner à prêcher contre les vices, a annoncé l'avenir et affirmé que ce qu'il disait, il le savait par une inspiration du Saint- Esprit. Ce sont là des choses dangereuses pour le salut du peuple et de nature à semer des germes de division. C'est pourquoi, après mûre réflexion, le Pape a appelé Savona role à Rome pour y présenter sa justification. Depuis lors, il a appris, tant par la lettre de Savonarole que par des lettres écrites par lui à ses amis, que le religieux entend faire sa soumission sur tous les points à l'Église romaine, comme il convient à un bon chrétien. Le Pape veut donc croire que Savonarole a péché plutôt par excès de zèle que par mauvaise intention. Cependant, afin de ne rien négliger dans une affaire de cette importance, il a décidé de lui écrire encore une fois et lui ordonne, au nom de la sainte obéissance, de s'abstenir de toute prédication, tant en public qu'en lieu clos, en attendant qu'il puisse sûrement et com modément venir à Rome, ou que l'on ait envoyé à Flo

rence une commission d'enquête. S'il se montre obéissant, les 11 ViLLitu, t. I, 2e édit., p 405-406 Cf. Peiirens, p. 326-329.

HISTOIRE DES PAPES.1

censures contenues dans les brefs précédents seront levées Sur ces entrefaites, le 11 octobre, Savonarolc, en présence des dangers que faisaient courir à Florence les intrigues de Pierre de Médicis, mettant de côté toute autre considération, avait reparu dans la chaire, pour prêcher à ses concitoyens la lutte contre le tyran. Malgré la sainteté du lieu, cette fois encore il demanda la peine de mort pour tous ceux qui favo risaient le retour des Médicis. " On doit, dit-il, les traiter comme les Romains traitaient ceux qui travaillaient à faire remonter Tarquin sur le trône. Vous n'avez pas d'égards pour le Christ, et vous voudriez en avoir pour un simple citoyen? Laissez la justice suivre son cours. Faites tomber sa tète; fût-

il le chef de la plus noble famille, faites tomber sa tète 1 » .Il répéta la môme chose, à peu près dans les mêmes termes,

dans deux autres sermons, prononcés le 15 et le 26 octobre. C'est alors seulement que parvint à Florence le bref du

16 octobre, qui aurait dû y arriver beaucoup plus tôt : la cause

de ce retard est restée inexpliquée. Savonarole avait atteint le but qu'il se proposait et fait échouer les projets de Pierre de Médicis, mais sa conscience devait 1 obliger à recon naître que, depuis le 15, il était en état de violation du voeu d'obéissance, car il avait enfreint les ordres de son chef suprême, de qui, seul, les prédicateurs tiennent leurs pou voirs. La publication du bref devait donc le mettre dans un terrible embarras. 11 ne s'était pas attendu à une pareille modération de la part du Pape; nous en voyons la preuve dans un fait qui projette un jour fâcheux sur son caractère. Il s'était mis secrètement en relation avec le duc de t errare par l'intermédiaire de l'ambassadeur de ce prince à Horence, et l'avait prié de le prendre sous sa protection dans le cas où l'on n'accepterait pas ses excuses et où l'on voudrait donner

Suite à la procédure entamée contre lu i3. Mais la situation1 Meier, p. 115, 359-360 : la date indiquée par cet écrivain est fausse;

Gherardi, p. 390-391, donne la date vraie.* Voy. t. V, Introduction, p. 206 et suiv.

8 Dépèclie du 26 octobre publiée par Gvpei.li, Savonarola, p 69. Il en res

sort qu'à cette date le bref du 16 octobre n'avait pas encore été reçu à Ho rence.

8HISTOIRE DES PAPES.

était changée : d'un côté, le Pape se montrait disposé à des concessions et au pardon; de l'autre, Savonarole avait atteint le but qu'il s'était proposé en remontant en chaire; il avait déjoué les projets des Médicis; il pouvait donc, sans se faire trop de violence, renoncer à la parole pendant la station de l'Avent. La soumission, au moins apparente, lui était d'au tant plus facile, que ses partisans avaient de plus en plus la haute main dans la ville 1 ; en fait, loin de songer à faire sa soumission définitive en toute loyauté, il mettait tout en oeuvre pour arracher au Pape la levée du décret qui lui inter disait l'accès de la chaire. Le gouvernement de Florence tra vaillait dans le même sens et frappait à toutes les portes. Il s'adressa, notamment, au cardinalGaraffa, protecteur del'ordre des Dominicains à Rome. Son ambassadeur lui écrivit que ce prince de l'Église avait obtenu du Pape, en faveur de Savona role, l'autorisation de reprendre le cours de ses prédications, à condition qu'il s'y tînt strictement sur le terrain purement religieux. Cependant Savonarole lui-même n'a jamais osé prétendre que cette autorisation ait été donnée formellement. Il n'existe aucun bref autorisant une pareille supposition, et l'on peut affirmer que l'autorisation en question ne fut même pas donnée verbalement : les actes de la Seigneurie de Flo rence le prouvent5. En effet, par un décret du 11 février

1496, celle-ci ordonna à Savonarole de reprendre le cours de

ses prédications à la cathédrale, sous peine d'indignité3. Le moine, qui avait trouvé une infinité de prétextes pour déso béir aux ordres du chef suprême de la religion, obéit sur-le-

champ aux ordres de l'autorité séculière.Le 17 février, Savonarole reprit le cours de ses serinons et

1 Ranke, Studien, p. 552.* Voy. Gosci, p. 431-432; cf. Cipolla, p. 735. Il me paraît intéressant

d'attirer l'attention sur la lettre de Savonarole à Antonio de Olanda (Villari, t. II, 2e édit., p. exiv) ¡ on y lit i * Si împetrabitur beentia prtedicandi pro me a Summo Pontífice, dabo vobis in praedicatorem Fr. Doininicuin de Piscia. Excitate ergo fratres et alios devotos ad orandum pro bac causa, quia

res habet difficultatem. »3 Gheiurdi, Documenti, p. 129 et suiv. Il ressort du document cité à la

p. 136 et suiv. de cet ouvrage, que dAs cette époque l'attitude de Savonarole était 1 objet de nombreuses critiques i Florence même.

HISTOIRE DES PAPES.9

continua sans interruption pendant tout le carême. Dès le premier jour on put constater quel progrès il avait déjà fait dans la voie hérissée d'écueils où l'avait engagé son imagina tion aventureuse. Gomme autrefois Jean Iluss, il ne se fit point scrupule de déclarer que chacun ne doit l'ohéissance religieuse que dans la mesure où elle ne heurte point ses con victions personnelles. " Le Pape, dit-il, ne peut pas m'or donner une chose contraire à la charité chrétienne ou à l'Évangile. Je ne crois pas non plus que jamais il veuille le faire ; mais, s il le faisait, je lui dirais en ce moment : " Vous " n'êtes point Pasteur, vous ne représentez point l'Église ro- " maine, vous êtes dans l'erreur. » Dès qu'il apparaît hors de doute qu un supérieur commande une chose contraire aux ordres de Dieu et spécialement au commandement de la cha rité chrétienne, il n'est permis à personne d'obéir. Si, au con traire, la chose n'est pas parfaitement évidente, s'il subsiste seulement un doute, si faible qu'il soit, il faut obéir1. » Plus loin, il déclare que, descendant dans sa propre conscience, il a examiné ses voies et qu'il les a trouvées pures, parce qu'il n'a rien enseigné que de conforme aux doctrines de l'Église. Bien qu il ait la conviction que les brefs émanés de Rome ne sont pas recevables, parce que les décisions qu'ils ren ferment sont basées sur des rapports faux et mensongers, il ne veut commettre aucune imprudence. C'est pour ce motif

qu'il a gardé le silence jusqu'à l'heure présente ; mais, en1 Cette importante déclaration se trouve dans les Prediche di frate Iliero-

nymo da Ferrara, Firenze, 1496 (st. fl). Villaiu, t. II, 2" édit., p. 425, prétend que la doctrine hussite de Savonarole était " absolument catholique et ne différait nullement de celle de saint Thomas et d'autres docteurs de l'Église et Papes» . Cette affirmation a été réfutée par Schwab, dans le Bonner Literaturblatt, t. IV, p. 904, et par Frantz, Sixtus IV, p. 79 et suiv. ; Cf. p. 182. Ce dernier rappelle que déjà Bayle avait fait remarquer que si Savonarole admettait en principe que l'on doit plutôt obéir à Dieu qu'aux hommes, il était inconséquent avec lui-même en renonçant à prêcher sur l'ordre du gouvernement. Frantz, op. cit., p. 80, démontre encore que la doc trine de saint Thomas diffère absolument de celle de Savonarole, " attendu

que le cas extrême où le peuple eût été entièrement privé de la prédication et

des sacrements n'existait pas dans les circonstances, puisqu'il restait à Saint- Marc d'autres bons prédicateurs et qu'il était suffisamment pourvu aux besoins religieux de la ville » .

10HISTOIRE DES RAPES.

constatant l'inertie des bons et 1 audace croissante des mé chants, il a senti qu'il devait reprendre sa place. " Avant de le faire, pourtant, je me suis tourné vers le Seigneur et je lui ai dit : J'aspirais à la paix et à la tranquillité; mais vous m en avez tiré en me montrant votre lumière. Je voudrais me reposer, et je ne trouve point de lieu propice. Je voudrais vivre dans la retraite et garder le silence, mais je ne le puis pas, car la parole de Dieu brûle en moi comme une flamme dévo rante et consumera la moelle de mes os si je ne lui donne point une issue. Eh bien, Seigneur, puisque vous voulez que j'affronte les dangers de cette mer orageuse, que votre volonté soit faite! » En parlant ainsi, il avait, sans doute, oublié déjà que c'était l'autorité séculière qui lui avait ordonné de prê

cher et l'avait lancé de nouveau " sur la mer orageuse » .Dans son deuxième sermon, Savonarole visa particulière

ment les vices de Home. Il débuta par un commentai!e sin gulier de ce passage du prophète Amos : a Audite verbum hoc, vaccoe pingues, quoe estis in monte Samarioe (IV, i). 1 our moi, dit-il, ces vaches grasses signifient les prostituées de Rome et d'Italie... Dira-t-on qu'il n'y en a point en Italie et à Rome? Pour Rome, seulement, dire qu'il y en a mille, c'est trop peu; dix mille, quarante mille, c'est trop peu encore A Rome, hommes et femmes font métier de la prostitution. » Il continue ainsi et décrit les vices de Rome dans des teimes que, de nos jours, on n'oserait même plus reproduire Il ne songeait pas que, dans son auditoire, se trouvaient des cen taines d'enfants innocents, pour lesquels on avait construit

des gradins spéciaux le long des murs de 1 église.La violence de ce langage n'est pas un cas isolé, une

explosion d'indignation dans un moment d'entraînement; loin de là, dans toute la série des sermons de ce carême, Savo narole reprend sa description des vices de Rome, et toujours avec la même exagération. De temps à autre, il touche aux questions politiques, mais toujours il revient, avec une insis

tance marquée, à ses déclarations contre la curie; de degré en1 C'est l'opinion d'un admirateur passionné de Savonarole : V itU R i, t I,2' édit., p. 428.

HISTOIRE DES PAPES.U

degré, il en arrive à s'écrier : " Fuyez Rome! car Babylone signifie confusion, et Rome a jeté la confusion dans toute l'Écriture sainte, elle a fait une confusion de tous les vices, elle a mis la confusion en toutes choses. » Dans le sermon final du carême de 1496, Savonarole expose encore une fois sa théorie nouvelle de l'obéissance religieuse, théorie faite pour bouleverser toute l'organisation de l'Église. " Nous ne sommes pas obligés, dit-il, d'obéir à tous les commande ments. Lorsqu'ils ont été donnés à la suite de faux rapports, ils sont sans valeur; s'ils sont en contradiction évidente avec la loi de la charité chrétienne contenue dans l'Évangile, le

devoir est d'y résister1. »Ces provocations ne réussirent pas à faire sortir Alexandre VI

de sa modération ; il était parfaitement résolu à ne rien pré cipiter2. Il patienta plus de six mois, voulant laisser à Savo narole le temps de venir à résipiscence. Cependant, autour de lui on était de plus en plus d'avis qu'un nouvel acte de vigueur devenait indispensable. Des motifs politiques et reli gieux l'imposaient. La persistance de Savonarole à ne tenir aucun compte de la défense de prêcher, à prodiguer dans ses sermons les outrages contre Rome, à s'adjuger le rôle de pro phète, finissait par devenir intolérable 3. D'autre part, la poli tique française suivie par Florence sous l'influence de ce moine constituait, aux yeux d'Alexandre VI, un double danger : pour l'Italie, celui d'une deuxième invasion de Charles VIII; pour

lui-même, peut-être, celui de la déposition et d'un schisme.Cependant, à Florence, les esprits s'échauffaient de plus en

plus, et la prédication de Savonarole était faite pour surexciter

les passions *. On savait, par des rapports venus de là, qu ili Villari, t. I, 2' édit., p. 439 : cet écrivain dit, avec raison, que ces

paroles résonnent comme une déclaration de guerre.s Voy. l'étude de Pellegrixi dans VArch. d. Soc. Rom., t. XI, p. 713. Voy.

encore : Creighton, t. III, p. 224.3 Gheiurdi, p. 141.* Perrens, p. 261, dit à ce sujet : Si Savonarole avait possédé véritablement

la vertu d'humilité dont il faisait parade et qui est l'une de celles qui dis tinguent en première ligne le religieux digne de ce nom, il se fût éloigné de Florence, ou, tout au moins, il eût cessé de prêcher. Si convaincu qu'il pût

être de posséder la vérité, il était prêtre, et, comme tel, il ne lui était pas

12HISTOIRE DES PAPES.

n'eût pas parlé des Turcs comme il parlait du Pape et qu'il disait pis des princes italiens que des hérétiques. A l'étranger même, on eut bientôt connaissance des outrages prodigués par lui dans ses sermons à l'égard du Pape : il répéta plus d'une fois qu'il avait reçu d'Allemagne, par lettres, des témoi gnages d'approbation. On rapporte même que le Sultan fit traduire ses sermons en langue turque1. Pas n'était besoin des instigations des membres de la ligue, auxquelles s'ajoutèrent celles du cardinal Ascagne Sforza, pour décider Alexandre VI à en finir. Savonarole et ses partisans appliquaient de plus en plus un système de terrorisme intolérable. Le prophète poussait l'extravagance jusqu'à déclarer dans ses sermons que quiconque n'avait pas foi en lui ne pouvait pas être un bon chrétien. Son plus ardent satellite, Frère Domenico de Pescia, exagérait encore ces hardiesses de langage : Avant que les doctrines de Savonarole soient démolies, disait-il, la terre et la mer, le ciel même périraient : les chérubins et les séraphins, la sainte Vierge et le Christ lui-même seraient engloutis dans la tourmente s.Le 7 novembre 1496, le Pape publia un nouveau bref; il s'agissait de mettre fin à ces scandales et d'éloigner de Flo rence Savonarole, chef du parti français, tout en le traitant avec tous les ménagements possibles. Le Pape abandonnait son premier projet de réunion du monastère de Saint-Marc à la congrégation de Lombardie, en considération de leur hos tilité réciproque. Au lieu de cela, il formait une nouvelle congrégation, composée de tous les monastères dominicains de la Toscane et du territoire romain, et plaçait à sa tête un vicaire spécial, qui devait être élu tous les deux ans par les divers prieurs, conformément aux statuts de l'ordre. Pour la

première période biennale, il investissait de ces fonctions lepermis de provoquer l'effusion du sang pour la faire triompher, ni de con-

sentir à être une cause de déplorables dissensions entre les citoyens. Mais son aine était endurcie à la lutte; ces agitations étaient sa vie. " Je ne puis pas

vivre sans prêcher » , disait-il.1 Villari, t. I, 2e édit., p. 458. Voy. Ranke, Studien, p 255, et Perrens,

p. 236.* Relation de Parenti, dans Ranke, Studien, p. 265.

HISTOIRE DES PAPES.13

cardinal Caraffa, dont l'amitié pour Savonarole ne s'était jamais démentie 1Le prophète florentin opposa de nouveau un refus absolu d'obéissance à cet ordre de son chef suprême, et, pour justi

fier sa conduite, il mit en avant des motifs bien singuliers." Le rattachement à la nouvelle congrégation, disait-il dans

son apologie de la congrégation de Saint-Marc, ne dépend pas de moi seul, mais aussi de la volonté de deux cent cin quante religieux qui ont écrit au Pape en sens contraire ; je ne peux ni ne dois faire opposition à leur résolution, car elle paraît équitable et respectable. La réunion ordonnée par le Pape est impossible, déraisonnable, nuisible. Les moines de Saint-Marc ne peuvent pas être contraints de l'accepter, car les supérieurs n'ont pas le droit d'ordonner une chose con traire à la constitution de l'ordre, à la charité chrétienne et au salut de nos âmes. Nous devons donc admettre qu'ils ont été induits en erreur par de faux rapports et, provisoirement, résister à un ordre qui blesse la charité chrétienne. Ni menaces, ni excommunications ne doivent nous ébranler; loin de là, nous devons plutôt nous exposer à la mort que de nous soumettre à une mesure qui serait un poison et la perte de nos âmes. » En attendant, Savonarole continuait à prê cher, et si, dans ses sermons, il parlait beaucoup de son don

de prophétie, il parlait encore plus de politique.Tous ces faits, grossis encore par les ennemis de Savona

role, qui intriguaient activement à Rome, ne pouvaient man quer de blesser profondément le Pape. Alexandre VI avait, parmi ses contemporains, une grande réputation de prudence; il la mérita une fois de plus en cette circonstance. En véri table homme d'État, au lieu de se laisser entraîner à entrer directement en lutte contre le moine de Saint-Marc, il pré féra chercher d'abord un autre expédient pour arriver à ses fins. Et d'abord, pour détacher les Florentins de l'alliance

française, il leur promit la restitution de Pise et leur demanda 11 Ce bref se trouve dans le cod. 2053 de la Bibl. Riccardi et a été publié

par Villmu, 1.1, 2" édit., p. cxlii-cxi.iv, et dans le Bull. ord. proedic., t. IV, p. 124-125.

14HISTOIRE DES PAPES

de lui envoyer un nouvel ambassadeur, chargé de traiter cettequotesdbs_dbs44.pdfusesText_44
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