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POÉTIQUES DE LA FILIATION.

CLÉMENT MAROT ET SES MAÎTRES : JEAN MAROT, JEAN LEMAIRE ET

GUILLAUME CRETIN

by

ELLEN DELVALLÉE

A dissertation submitted to the

Graduate School-New Brunswick

Rutgers, The State University of New Jersey

in partial fulfillment of the requirements for the degree of

Doctor of Philosophy

Graduate Program in French

Written under the direction of

François Cornilliat (Rutgers University) and

Francis Goyet (Université Grenoble Alpes)

and approved by _____________________ _____________________ _____________________ _____________________

New Brunswick, New Jersey

OCTOBER 2017

ii

ABSTRACT OF THE DISSERTATION

Poétiques de la filiation.

Clément Marot et ses maîtres : Jean Marot, Jean Lemaire et Guillaume Cretin (Poetics of filiation. Clément Marot and his masters: Jean Marot, Jean Lemaire et Guillaume Cretin)

By ELLEN DELVALLÉE

Dissertation Directors:

François Cornilliat (Rutgers University)

Francis Goyet (Université Grenoble Alpes)

This dissertation focuses on the evolution of French poetry in the early Renaissance, by way of Clément Marot's debt to three writers of the previous generation, the "Grands Rhétoriqueurs" Jean Lemaire, Guillaume Cretin, and Jean Marot (Clément's father). The recent rehabilitation of the Rhétoriqueurs has left the premise of a "Marotic revolution" largely untouched, for the younger Marot developed a simpler, less grandiloquent poetic style than his predecessors and abandoned the duties of epideictic historiography in favor of shorter forms and lighter subjects. My research challenges this premise, along with the artificial border between the Middle Ages and the Renaissance traditionally set around the

year 1500 by French literary history. I contend that Marot's art has to be studied in a

iii "genealogical" light as much as on its own terms, and my goal was to reevaluate the

influences that played a most direct role in shaping it. First, through close comparative

readings of the occasional epideictic poetry addressed by the four writers of the corpus to their patrons (in particular funeral laments, historiography and propaganda works), I show how the work of three Rhétoriqueurs of the last generation was already evolving in response to shifts affecting court culture and its duties; and how these changes, in turn, announced and nurtured their successor's innovations. Second, I analyze Clément's own account of this process: for it was his habit to salute the three masters who trained or advised him, thereby acknowledging his debt - or moving past it, albeit never in a polemical fashion. Whether he ostensibly avoided their poetic practices or tacitly copied them, whether he presented himself as a grateful apprentice or as a mature author making his mark, the younger Marot kept sketching out a history of recent poetry along with a tale of his own life. By studying actual, objective changes regarding poetic genres together with the personal narrative that highlights and makes retrospective sense of some of them, I show how Marot's work implies and builds up a succession scenario, characterized by variety and subtlety rather than by the kind of rupture dramatized by later literary movements. iv

Acknowledgement

Il m'est agréable de remercier ici - même de façon non poétique - les maîtres qui m'ont

guidée dans la réalisation de cette thèse. Francis Goyet et François Cornilliat ont rivalisé

d'érudition et de sollicitude dans l'accompagnement de mes travaux. D'une façon unique et

complémentaire, ils m'ont prodigué de patients éclairages rhétoriques et poétiques, des

relectures non moins critiques que bienveillantes, un soutien de tous les instants, et m'ont abreuvée de conseils judicieux, me permettant d'avancer avec un enthousiasme constant

d'une idée à l'autre, et d'une institution à l'autre. Ma dette à leur égard est infinie.

Je tiens également à remercier les membres de mon jury, Estelle Doudet, Ana Pairet, Nathalie Dauvois et Michel Magnien, qui m'ont fait l'honneur de lire un travail qui leur doit tant. Leur culture qui transcende les frontières du Moyen Âge et du XVI e siècle, leur conversation ou leurs écrits ont inlassablement inspiré ces recherches. Mes remerciements vont aussi aux membres de l'équipe RARE de l'Université Grenoble-Alpes, qui m'ont chaleureusement accueillie dès mes années de Master et dont les

débats animés et la passion pour les études rhétoriques ont nourri bien des pages de cette

thèse, ainsi qu'aux professeurs du Département de Français de Rutgers University, dont la rigueur des enseignements et l'ardeur du soutien m'ont souvent préservée de l'erreur et du découragement. Ces travaux n'auraient jamais abouti sans l'appui moral et matériel que j'ai

reçu. De part et d'autre de l'Atlantique, ils m'ont offert un espace d'échanges aussi fécond

v

que convivial, faisant de ces années de recherche un pèlerinage intellectuel et personnel d'une

richesse inestimable. Je me permets d'exprimer ici ma reconnaissance envers Michel Jourde, qui a suscité mon goût pour les études seiziémistes à l'ENS de Lyon par son savoir autant que par sa

bienveillance. Je ne pourrais imaginer de meilleure initiation à la lecture des livres de la

Renaissance.

Je suis également redevable envers l'ensemble des collègues - professeurs ou étudiants,

seiziémistes ou non - rencontrés dans les colloques et séminaires de France ou d'Amérique

du Nord. Dresser la liste exhaustive de ces " pères » et pairs est un défi que je laisse aux

poètes, mais je tiens ici à saluer en particulier la générosité de Guillaume Berthon dans le

partage de son immense savoir marotique, les conseils de tous ordres de Scott Francis, la

diligence d'Adeline Desbois-Ientile qui a mis sa thèse sur Lemaire fraîchement soutenue à ma

disposition, les échanges pédagogiques et poétiques avec Susan Kenney, ou encore le soutien indéfectible de Maria Hernandez. Que tous sachent que leur aide ainsi que leur amitié ne cesseront de m'honorer. Ma gratitude va aussi envers la fondation Andrew W. Mellon, dont la Completion

Dissertation Fellowship m'a offert des conditions idéales pour mener ces travaux à leur

terme. Enfin, je ne saurais exprimer combien la patience et les encouragements constants de mes parents, de ma soeur et de Johan - qui ont vu non pas un, mais plusieurs Marot faire irruption dans leur existence - ont contribué, sans doute bien plus qu'ils ne l'imaginent, à l'aboutissement de ce travail. Puisse le fruit être à la hauteur de leur dévouement. vi

SOMMAIRE

ABSTRACT OF THE DISSERTATION ..................................................................... ii

ACKNOWLEDGEMENT ............................................................................................ iv

SOMMAIRE ................................................................................................................. vi

INTRODUCTION ........................................................................................................ 1

1/ Problématique .................................................................................................................... 3

2/ Corpus ................................................................................................................................... 5

3/ État de la recherche ......................................................................................................... 15

4/ Méthodes et plan de l'étude ........................................................................................... 20

PREMIÈRE PARTIE LIEUX ET STRATÉGIES ÉTHIQUES DE LA

DÉPLORATION FUNÈBRE .................................................................................... 25

vii I- REGARDS RHÉTORIQUES : UN DISCOURS À LA CROISÉE DES GENRES DÉMONSTRATIF ET

DÉLIBÉRATIF

................................................................................................................................... 30

1/ Le choix d'une approche par types de discours .......................................................... 30

i Utilité et méthodologie de l'approche selon le type de discours .................................. 30

i Description de l'oratio funebris et de la consolatio ................................................................ 34

2/ Remarques diachroniques sur le flottement générique de la déploration funèbre. 38

· La théorisation antique de l'oratio funebris .......................................................................... 38

· Le tournant chrétien et la pratique de la déploration funèbre jusqu'à la fin du XV e

siècle ............................................................................................................................................. 41

II- LEMAIRE : L'EFFICACITÉ RHÉTORIQUE DE LA CONSOLATION ........................................... 46

1/ Le Temple d'Honneur et de Vertus : maîtrise théorique et renouvellement pratique

d'une tradition ....................................................................................................................... 46

· L'oeuvre du " disciple de Molinet » .................................................................................... 47

· Enjeux de la pastorale funèbre ........................................................................................... 53

2/ La Plainte du Désiré : aux confins de la lamentatio et de la consolatio ............................ 60

· Le discours volontairement épidictique de Peinture et ses impasses ........................... 62

· Une consolation amorcée par Rhétorique ........................................................................ 73

3/ La Couronne Margaritique : l'art de la consolation ......................................................... 85

· Une consolatio masquée ......................................................................................................... 88

· Une delectatio de circonstance .............................................................................................. 92

· Une laudatio performative .................................................................................................... 98

4/ Les Epîtres de l'Amant vert : contrepoint personnel et badin ..................................... 107

· Un miroir humoristique du deuil de Marguerite ........................................................... 109

· Les lieux de la consolation visités par le perroquet ....................................................... 115

5/ Les regretz de la Dame Infortunee sur le trespas de son treschier frere unicque et Des Anciennes

pompes funeralles : inquiétudes politiques et poétiques ..................................................... 120

III- CRETIN : UNE DÉPLORATION À ÉCHELLE HUMAINE ........................................................ 127

1/ Déploration dudit Cretin sur le trespas de feu Okergan, Tresorier de Sainct Martin de Tours :

quelle survie et quelle gloire ? ............................................................................................ 127

viii

· Lamentations et éloges de Musique ................................................................................. 128

· Le travail des orateurs et historiens ................................................................................. 133

· L'alliance de la rhétorique et de la musique pour une consolation religieuse ........... 136

2/ Les autres textes de Cretin sur la mort : un sens chrétien ....................................... 138

· La Translation du chant de Misere .......................................................................................... 138

· L'Invective contre la mort ......................................................................................................... 141

3/ Plainte sur le trespas du saige et vertueux Chevallier, feu de bonne mémoire messire Guillaume

de Byssipat... : renouveau personnel et chrétien de la déploration funèbre .................. 144

· Les limites du temple d'honneur ...................................................................................... 145

· Gloire et consolation familières ....................................................................................... 150

4/ Plainte sur le trespas de feu maistre Jehan Braconnier, dit Lourdault, chantre : bis repetita

placent ..................................................................................................................................... 156

· Détournements humoristiques ......................................................................................... 157

· Une " complainte expresse » ............................................................................................. 161

· Le poète, le rhéteur et le musicien ................................................................................... 164

5/ L'apparition du Mareschal sans reproche, feu messire Jaques de Chabannes : la déploration à

d'autres fins .......................................................................................................................... 168

· De la fiction poétique à la réalité historique : le type-cadre du songe ........................ 171

· La mesure dans l'épidictique ............................................................................................. 175

· La consolation d'une autre déploration .......................................................................... 179

IV- CLÉMENT MAROT : VERS UNE CONSOLATION ÉVANGÉLIQUE ET PERSONNELLE ....... 185

1/ Les complaintes de L'Adolescence clémentine : essais à la façon des Rhétoriqueurs . 186

· La " Complaincte du Baron de Malleville » .................................................................... 186

· La " Complaincte d'une Niepce, sur la mort de sa Tante » ......................................... 188

· La chanson première : " Plaisir n'ay plus... » .................................................................. 190

2/ Le rondeau " Aux Amys, & Soeurs de feu Claude Perreal, Lyonnois » : une voix

personnelle contre les déplorations officielles de Lemaire ........................................... 192

3/ La Déploration sur le trespas de Messire Florimond Robertet : une déploration ? ............ 199

· De la mort de l'ami à la consolation du croyant ............................................................ 199

· La critique d'une tradition ................................................................................................. 206

· Un prêche évangélique ...................................................................................................... 211

ix

· Une rhétorique (trop) combative ..................................................................................... 217

4/ L'Eglogue sur le trespas de ma dame Loyse de Savoye, mere du Roy Françoys, premier de ce

nom : adaptation pastorale (et marotique) de la déploration des Rhétoriqueurs ........ 224

· Une tradition de l'antiquité aux Rhétoriqueurs revendiquée ....................................... 227

· Une déploration chrétienne .............................................................................................. 238

· Une nouvelle rhétorique de la déploration ..................................................................... 247

5/ Les " élégies déploratives » : exercices de style à la façon de Marot ...................... 254

6/ La Complainte de Monsieur le General, Guillaume Preudhomme ou la déploration de la

Grande Rhétorique ............................................................................................................. 266

· La Plainte sur le trespas de Byssipat comme modèle ........................................................... 267

· L'approfondissement du modèle ..................................................................................... 269

· Marot dans l'histoire littéraire ........................................................................................... 273

V- JEAN MAROT, JEAN LEMAIRE ET LES ÉPITAPHES DE CLÉMENT ...................................... 279

1/ Des oraisons funèbres didactiques et chrétiennes .................................................... 281

· Déploration funèbre et épitaphe : des attendus rhétoriques différents ..................... 281

· Aspects moraux et chrétiens des épitaphes royales de Jean Marot ............................ 283

· Enseignement moral et évangélique des épitaphes de Clément Marot ..................... 290

2/ Une écriture gravée : fonction mnémonique et historique ...................................... 302

· Complémentarité de l'épitaphe et de la déploration ..................................................... 303

· Points de vue historiques sur la mort de Claude de France ........................................ 310

· Lemaire et l'épitaphe de l'homme de lettres .................................................................. 321

3/ Esprit et modestie : la quintessence de la déploration marotique .......................... 330

· La fabrication des sections : un nivellement par le bas et par la foi ........................... 331

· Fous et comédiens : du " passetemps » à l'enseignement ............................................ 336

· Vers un style joyeux ........................................................................................................... 342

L'épitaphe " De Jan de Montdoulcet » ............................................................................ 347

Épitaphe ou épigramme ? " De la fille de Vaugourt » .................................................. 351

DEUXIÈME PARTIE MUTATIONS DE L'HISTOIRE ET DE LA

PROPAGANDE ......................................................................................................... 357

x I- LE CORPUS HISTORIOGRAPHIQUE DE CLÉMENT MAROT ET LES RUPTURES QU'IL

ILLUSTRE

........................................................................................................................................ 362

1/ Relevé et périodisation dans le corpus de Clément Marot......................................... 362

2/ La charge d'historiographe au début du XVIe siècle ................................................ 369

· De la Bourgogne à la France ............................................................................................ 370

· Titres et pratiques ............................................................................................................... 374

· Actor, assertor ou compilator : éthos, vérité et propagande ................................................. 380

3/ Cretin et le tournant de 1525 ....................................................................................... 386

· Pavie ..................................................................................................................................... 386

· L'apparition du Mareschal sans reproche : les limites de l'historiographie ......................... 388

La propagande n'apprend rien ......................................................................................... 389

L'autopsie ne suffit pas ...................................................................................................... 394

· Un manifeste pour la Chronique françoyse .......................................................................... 400

L'étude et le recul de l'historien ....................................................................................... 401

La chronique françoyse : collation et partage du savoir ...................................................... 404

II- L'HEUREUX VOYAGE DU HAINAUT DE CLÉMENT MAROT ............................................... 417

1/ La genèse : un voyage inachevé ? ................................................................................ 417

· Les bribes de récit de campagne de Clément ................................................................. 417

· L'atelier des Voyages de Jean .............................................................................................. 420

· L'inachèvement volontaire ? ............................................................................................. 425

2/ La forme et le style : l'avènement de l'épître de Gênes au Hainaut ....................... 429

· Le Voyage de Gênes : les masques de l'acteur et de sa dédicataire ................................. 431

· Le Voyage de Venise : " l'autheur » omniscient ................................................................. 438

· Les lettres de Marignan : le coeur des dames et celui du poète ................................... 449

Rappels éditoriaux et hypothèses ..................................................................................... 450

La primauté du " cueur » sur les événements ................................................................. 453

L'historiographie des " cueurs » ....................................................................................... 457

Une nouvelle génération politique et poétique .............................................................. 462

· Histoire et épîtres chez Clément ...................................................................................... 468

3/ L'engagement : un pacifisme non subversif .............................................................. 478

xi

· Les topoï de la sympathie pour Labeur............................................................................. 479

Sur le champ de bataille ..................................................................................................... 479

Labeur en France ................................................................................................................ 485

· Le pacifisme de Clément en Hainaut .............................................................................. 490

Un roi et un poète humanistes : la ballade " De la naissance de Monseigneur le

Daulphin » ........................................................................................................................... 491

Fidélité politique de Clément en Hainaut : l'épître en prose ....................................... 495

Le vrai courage : le rondeau " De ceulx, qui alloient sur Mulle au Camp d'Attigny » et

la ballade " De l'arrivée de Monsieur d'Alençon en Haynault » .................................. 501

Préparatifs de guerre : " L'Epistre du Camp d'Attigny » .............................................. 504

Le roi avec le peuple : La ballade " De Paix, & Victoire » ........................................... 513

III- REDÉFINITION DE LA PLACE DE L'ÉCRIVAIN DE COUR ................................................... 518

1/ De la gloire du sujet à celle de l'écrivain .................................................................... 519

· Éléments contextuels et rappels critiques ....................................................................... 520

Nouveaux moyens de " l'émergence de la conscience littéraire » ............................... 520

Gloire des Rhétoriqueurs, gloire humaniste ................................................................... 524

L'imprimé et la valorisation du travail littéraire ............................................................. 527

· Lemaire : diffusion imprimée, style et autorité de l'indiciaire ...................................... 529

Les aléas de la carrière ....................................................................................................... 529

La Concorde du Genre Humain : enjeux d'une double diffusion ..................................... 532

Prise en compte du public et méfiance des " rhétoriques couleurs » dans les

Illustrations ............................................................................................................................. 538

La Concorde des deux langages : tentation vénérienne et programme palladien ............. 560

Autorité historiographique et pédagogie morale ........................................................... 575

2/ L'histoire des " petits » chez Clément Marot ............................................................. 585

· Les bergers de la cour ........................................................................................................ 585

· Autorité poétique et poids du nombre............................................................................ 589

Discours de la publication ................................................................................................. 589

Le poète de France en exil ................................................................................................ 591

· La propagande chez Marot après 1525 ........................................................................... 598

Pavie et ses suites : la voix du peuple .............................................................................. 598

Campagne de 1537 contre l'Empereur : le conformisme du poète rappelé .............. 608 L'alliance avec Charles Quint : la conscience d'une nation chrétienne ...................... 611 Les poèmes de Cérisoles : un testament historiographique ou poétique ? ................ 622

3/ La " petite » histoire ...................................................................................................... 629

xii

· Chronique et " passetemps » ............................................................................................. 630

· Le poète comme acteur burlesque de l'histoire ............................................................. 643

Du sujet regardé au sujet regardant ................................................................................. 643

Requêtes marotiques .......................................................................................................... 649

4/ La chronique épidictique de la cour ............................................................................ 662

· Jeux littéraires à la cour ...................................................................................................... 665

Mauvais perdant, bon encomiaste ................................................................................... 666

L'éloge de François Ier et la familiarité avec Marguerite ............................................... 670

· Vie du poète et tâche du courtisan .................................................................................. 674

Consubstantialité de la vie du poète et du courtisan..................................................... 674

Un art poétique marotique développé à la cour ............................................................ 676

Rhétorique du récit personnel et de l'éloge : épître du valet de Gascogne et autres

épigrammes .......................................................................................................................... 682

TROISIÈME PARTIE L'HISTOIRE POÉTIQUE DE CLÉMENT MAROT ..... 688

I- STRATÉGIES DE CARRIÈRE ...................................................................................................... 693

1/ Rhétoriqueurs et publicité dans L'Adolescence clémentine ............................................ 694

· Le poids de Jean Lemaire .................................................................................................. 695

Le maître ès coupes féminines de l'épître liminaire ...................................................... 695

Lemaire et la rhétorique au Temple de Cupido .................................................................. 699

Les réécritures du Temple de Cupido................................................................................... 707

Le Jugement de Minos et le verdict de Clément.................................................................. 717

· Cretin, le rhétoriqueur primé ............................................................................................ 719

2/ Deux Marot à la cour .................................................................................................... 725

· " j'ay basty à Clement, [...] Et à Marot » .......................................................................... 726

L'échange de compliments entre Clavier et Marot ....................................................... 727

L'Adolescence de Clément .................................................................................................... 730

" Le jour du trespas / De Jehan Marot » ........................................................................ 732

· Représentations de l'aide paternelle : des " bons vieillards » marotiques .................. 736

La traduction de la Première Églogue de Virgile ................................................................ 738

Coup d'essai et coup de maîtres dans l'" Epistre du Despourveu » ........................... 742

xiii

· Collaborations souterraines .............................................................................................. 751

Rondeaux et ballade sur la naissance du Dauphin ........................................................ 753

Initiation, collaboration et saine compétition aux Puys rouennais ............................. 771

· Splendeurs et misères du fils de Jean à la cour .............................................................. 797

Phaéton dans le premier livre des Métamorphoses d'Ovide ............................................ 798

Le " vray disant avocat » des épîtres I et II de La Suite ................................................ 800

II- RÉVOLUTIONS PROCLAMÉES ET DÉTOURNEMENTS TACITES ........................................... 806

1/ Des hommages distancés aux maîtres du passé ........................................................ 808

· Cretin, père de la Rhétorique française ........................................................................... 809

· Lemaire, repreneur intempestif ? ..................................................................................... 812

L'épître XXI " Au lieutenant Gontier » .......................................................................... 812

L'épigramme " Sur la devise de Jan le Maire de Belges, laquelle est : De peu assez »

............................................................................................................................................... 816

2/ Pratique du rondeau chez les Marot ........................................................................... 819

· Postures et dialogues : Clément " maistre » et " disciple » ........................................... 823

Un incipit magistral ............................................................................................................ 825

Forme circulaire et cercles littéraires ............................................................................... 829

· Les Marot au coeur de l'évolution du rondeau ............................................................... 832

Du refrain au rentrement .................................................................................................. 835

Le rentrement dans le rondeau cinquain ........................................................................ 839

· Un cas particulier : le rondeau parfait ............................................................................. 848

Définitions du genre .......................................................................................................... 849

Le rondeau parfait à la croisée du chant royal et de l'épître ........................................ 852

3/ Fidélité aux Puys ou subversion du chant royal ? ..................................................... 862

· Le " Chant Royal Chrestien » : le discours évangélique ................................................ 864

· Inflexions évangéliques au Puy de May .......................................................................... 867

· Le " Chant Royal dont le Roy bailla le refrain » : une oeuvre courtisane ................... 869

Un chant littéralement royal ............................................................................................. 869

Le détournement par la tradition ..................................................................................... 873

· Le " Chant Royal de la Conception nostre Dame » : la voix de Marie et le chant du

cygne ........................................................................................................................................... 876

xiv

4/ Coup d'éclat ou coup de grâce : autour de la " Petite Epistre au Roy » ................ 885

· L'épître familière, des cercles de poètes à la cour ......................................................... 889

Le cercle des Rhétoriqueurs .............................................................................................. 890

Le masque du Dépourvu ................................................................................................... 897

La familiarité de Marot à la cour ...................................................................................... 905

· La mutation de l'équivoque .............................................................................................. 910

Chez Lemaire et Cretin ...................................................................................................... 911

De Cretin à Marot : les épîtres du " sceau » ................................................................... 915

· Les suites de la " Petite Epistre au Roy » ........................................................................ 928

Mise en scène et datation .................................................................................................. 928

Postérité de l'équivoque et autres effets sonores .......................................................... 934

Saturation de la rime .......................................................................................................... 938

III- UN PÈLERINAGE DE VIE POÉTIQUE ................................................................................... 945

1/ Les reconstitutions de L'Adolescence clémentine et de La Suite .................................... 946

· Deux recueils : principes généraux .................................................................................. 947

De L'Adolescence clémentine à La Suite ................................................................................ 947

Organisation biographique et générique des recueils ................................................... 953

· Manipulations poétiques ................................................................................................... 958

Antidatations et réécritures ............................................................................................... 958

Logique des déplacements ................................................................................................ 964

2/ Une histoire poétique, des rondeaux aux épigrammes, en passant par les élégies

............................................................................................................................................... 970

· La composition des élégies entre rondeaux et épigrammes......................................... 973

Similarités de dispositio ........................................................................................................ 973

La tentation du Canzoniere ................................................................................................. 979

· Le mélange des traditions amoureuses dans les élégies ................................................ 981

· Une forme conçue (et recueillie) entre rondeaux et épigrammes ............................... 992

3/ L'apprentissage auprès du " Bon Vieillard » ............................................................ 1002

· " Autobiographie et allégorie narrative » ...................................................................... 1002

· L'Enfer ................................................................................................................................ 1008

xv

Autobiographie et allégorie ............................................................................................. 1009

Autobiographie et défense .............................................................................................. 1012

· L'épître XXIV de La Suite ............................................................................................... 1020

· L'Eglogue au Roy, soubs les noms de Pan, & Robin ............................................................. 1027

De la requête au manifeste poétique : l'héritage du père ........................................... 1031

L'imitation impossible : la définition d'une poétique instable ................................... 1040

· Du symbolique à l'humain, Jean et Lemaire dans les épîtres ferraraises ................. 1047

4/ Clément, éditeur de Jean ............................................................................................ 1052

· Les principes de constitution du recueil ....................................................................... 1057

Un recueil élaboré par Jean ............................................................................................. 1057

La composition d'un recueil pour le couple royal ....................................................... 1061

Bornes chronologiques : le recueil d'une circonstance évanouie .............................. 1065

· Réécritures marotiques .................................................................................................... 1072

Les différents types de réécritures : le cas des rondeaux ............................................ 1074

Les manuscrits fautifs ...................................................................................................... 1077

La prise en compte de la destinataire ............................................................................ 1079

Les coupes féminines dans le Recueil Jehan Marot ......................................................... 1083

Les coupes féminines (et autres réécritures) entre Villon et les Deux heureux Voyages

............................................................................................................................................. 1087

5/ La constitution d'une histoire de la poésie française .............................................. 1092

· Géographie de l'épigramme " Des Poëtes Françoys, à Salel » ................................... 1092

· Généalogies de la Complainte de Guillaume Preudhomme ................................................. 1098

La mémoire........................................................................................................................ 1101

Une paternité remotivée et choisie ................................................................................ 1104

Continuité et cumul : le modèle du Roman de la Rose .................................................. 1110

CONCLUSION ........................................................................................................ 1117

1/ La filiation comme construction ............................................................................... 1118

2/ La surdité des successeurs, de son propre fils Michel au XVIIe siècle ................ 1120

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................... 1134

xvi

1/ Sources premières ........................................................................................................ 1134

· Corpus .................................................................................................................................. 1134

· Autres sources premières ................................................................................................ 1136

2/ Bibliographie critique .................................................................................................. 1140

· Études sur la rhétorique et la poétique de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance

1140

· Études consacrées à Clément Marot ............................................................................. 1153

· Études consacrées à Jean Marot (et à son influence sur Clément) ........................... 1165

· Études consacrées à Jean Lemaire de Belges (et à son influence sur Clément Marot)

1167

· Études consacrées à Guillaume Cretin ......................................................................... 1173

1

INTRODUCTION

Un texte littéraire est, par définition, un objet culturel portant des signes de sa provenance. En

conséquence, toute étude littéraire est obligatoirement historique et anthropologique.

Terence Cave, Pré-Histoires. Textes troublés au seuil de la modernité, Genève, Droz, 1999, p. 11.

Depuis quelques décennies, Clément Marot puis les Rhétoriqueurs ont été amplement réhabilités. L'esprit de Clément et sa proximité avec François I er autant qu'avec les cercles de

poètes et imprimeurs humanistes font de lui un éminent représentant de la Renaissance

française

1, quoi qu'ait pu dire contre lui Du Bellay2. Quant aux Rhétoriqueurs (et non les

1 Sa consécration est venue dans les années 1960 avec la grande édition de Claude-Albert Mayer,

OEuvres complètes, Londres, Athlone Press, 1958-1970, 5 vol. et Genève, Slatkine, 1980, 1 vol. Comme

le fait remarquer Guillaume Berthon dans l'introduction de sa thèse L'intention du poète. Clément Marot "

autheur » (Paris, Classiques Garnier, 2014, p. 27-34), les éditions successives des oeuvres complètes de

Marot ont depuis provoqué ou accompagné des avancées considérables dans l'étude de la poésie de

Clément : citons en particulier celle de Gérard Defaux, OEuvres poétiques, Paris, Bordas, " Classiques

Garnier », 2 vol., 1990 et 1993 (qui nous servira de référence et à laquelle renverront les abréviations

OP1 et OP2) et les deux copieux colloques qui ont suivi (Clément Marot " Prince des poëtes françois » 1496-

1996. Actes du colloque international de Cahors en Quercy, 1996, éd. Gérard Defaux et Michel Simonin,

Paris, Champion, 1997 et La Génération Marot. Poètes français et néo-latins (1515-1550). Actes du colloque

international de Baltimore - 5-7 décembre 1996, éd. Gérard Defaux, Paris, Champion, 1997) ; ainsi que

celle de François Rigolot (OEuvres complètes, Paris, GF, 2 tomes, 2007 et 2009), qui par sa présentation

chronologique des poèmes de Clément (véritable gageure chez un poète qui modifie, augmente,

réorganise incessamment ses publications manuscrites et imprimées), prend acte, entre autres

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