[PDF] Fiche de lecture : Merveilleux et fantastique en littérature





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Peurs de la nuit angoisses de tous les jours le fantastique

Nuit blanche Dossier Peurs de la nuit angoisses de tous les jours le fantastique Gilles Pellerin Numéro 7 automne 1982 URI : https://id erudit org/iderudit/1638ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Nuit blanche le magazine du livre ISSN 0823-2490 (imprimé) 1923-3191 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Pellerin G (1982)



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Qui a écrit la nuit ?

La Nuit est une nouvelle fantastique de Guy de Maupassant, parue en 1887 .Le narrateur à la fin du récit coule petit à petit dans la Seine et ne peut remonter. Il meurt fou et sans comprendre pourquoi. La Nuit est tout d'abord parue dans Gil Blas le 14 juin 1887, puis dans la seconde édition augmentée du recueil Clair de lune de 1888.

Quels sont les meilleurs livres de l'histoire de la nuit ?

2011 Evening’s empire : A history of the night in early modern Europe (Cambridge, Cambridge University Press). 1995 Le roman « gothique » anglais (1764-1824) (Paris, Albin Michel). 1980 La Nuit dans le théâtre de Shakespeare et de ses prédécesseurs (Lille, Service de reproduction des thèses).

Qui a écrit les nuits de la Révolution française ?

La révolution de jeux de lumières sur les scènes théâtrales, in P. Bourdin (éd.), Les nuits de la Révolution française (Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal) : 269-289. [1921]?1971 La poésie de la nuit et des tombeaux en Europe au xviiie siècle (Genève, Slatkine reprints).

Qu'est-ce que le conte une nuit ?

Le conte Une Nuit s’inscrit dans la veine fantastique de l’auteur. Amoureux de la nuit, fuyant le jour, le narrateur sent chaque soir, quand tombe l ‘obscurité, son corps et son esprit se transformer. Il déambule dans les rues de Paris, et s’éveille au monde nocturne.

Fichedelecture:MerveilleuxetfantastiqueenlittératureLaCASDENvousproposeautourdelathématiquedumerveilleuxetdufantastiqueenlittérature,u nesélectiond'ouvragesde la littératurefrançaisetéléchargeable sgratuitement,assortisdeleurfichedelecture.Undossierproposépar:

Merveilleuxetfantastiqueenlittérature1.TextedeprésentationLesrécitsme rveilleuxetfantastiq uespeuventparaîtretrèsproches,mais ilsso ntfondamentalementdifférents.Afindemieuxcomprendrelemerveilleuxetlefantastique,ilestnécessaired'expliquercequesont:lesurréel,lesurnaturel,l'étrangeetunphénomène.Alorsqueleréel englobetout cequino usestconnu,lesurrée lreprésentetoutcequidépasselalimitedenosconnaissances,c'est-à-direcequiestrationnellementinexplicableaumomentoùl'onparle.Parcontre,lesurnaturelestcequisembleéchapperauxloisdelanature;ilcorrespondàuneexceptionauxloisdumondequeDieuafixées(parexemple,lesanges);ilfaitpartiedusurréel;ilesttout-à-faitpossible(parexemple,lesmiracles),maisilsurprendtoujours.Commelemot"surnaturel»afiniparprendreunsenspluslargeetdevenirsynonymede"surréel»,nousl'emploierons,danscedossier,aveccedeuxièmesens.Quantàl'étrange,ilfaitpartieduréel;ilestcequiesttrèsdifférentdecequel'onl'habitudedevoir,cequiétonne,surprend.Parcontre,unphénomèneestbannidenotreréalité;ils esitueau-delàduréel;ilf aitpartied usurréel ;mais, iln'échappepas nécessairementauxloisdelanatureetn'estdoncpasforcémentsurnaturel;ilpeutdoncêtresurnaturel ouautre.Mais,l'apparitiond'u nphénom ènecréetoujour sunclimatd'étrangeté.Fortdecesdéfinitions,nousallonsétudierlemerveilleuxetlefantastiquedanslesoeuvresdenotrecorpus.Notrebutn'estpasdefaireentrercelles-cidansdesgenreslittérairesbiendéfinis(merveilleuxoufantastique),maisd'enétudierlesmanifestations,d'autantplusquepourcertainesoeuvres,seulscertainspassagesfontappelaumerveilleuxouaufantastique.1.1Lemerveilleux1.1.1DéfinitiondumerveilleuxLemerv eilleux(VoirleClind'oeil N°2du dossier"Nosrêvesd'enfa nt»)se fondesurl'interactiond'êtresetd'élémentssurnaturels,dansunmondeféérique.Lesêtresetlesobjetsontdespouvoirssurnaturels,lesanimauxparlent,lasorcellerieetlesmétamorphosessonthabituelles.Lesrécitsmerveilleuxsontdesoeuvresd'imaginationquinerecherchentpasleréalismeetquiplongentd'embléel'auditeuroulelecteurdansunmondesurnaturel,sansqu'ilseposedequestions.Ilsontuncaractèreirréaliste.Danslerécitmerveilleux,unecohérenceparfaites'installeentrelepersonnageetl'universdanslequel ilévolue.D'autrepart, lelecteu rdécouvreunmondeféé riqueoùrienne l'étonne.Ilacceptelesdonnéesdumondesurnaturelcommeallantdesoi.Ilfaitpreuvedeconfianceetdecrédulité.Lemerveilleuxn'entretientaucuneambiguïtéentrecequiexisteréellementetcequiparaîtsurnaturel.Ilsous-tendunehistoiredontonsaitd'embléequ'elleestfictive.Ilnenécessiteaucunejustificationetsedonnepourtel.Ils'ajouteaumonderéelsansluiporte ratteintenie ndétruire lacohér ence.Ilnecherchepasà rationali serlesurnaturelniàl'expliquer,carlesphénomènessurnaturelssontlaréalitédespersonnagesdelafiction.Unecontinuiténaturellesembles'installerentrelemonderéeletlemondemerveilleux.

MerveilleuxetfantastiqueenlittératureLemervei lleuxlittérairecaractérisedoncunmon deoùlesurnaturelestin contesté:personnages,comportementsetévènementsobéissentàdesloisinsolites,généralementtrèséloignéesdelalogiqueordinaire.C'estlemondedel'altéritéabsolue,oùlaraisonnes'aventurequ'enétrangère.Iln'yapasd'obstaclesàcequ'uneféeinterviennedanslavieduhéros:c'estattendu.Cepersonnagefaitpartiedel'universmerveilleux;ilyestàsaplace.Onestdanslemondedu"Ilétaitunefois...».Lemerveilleuxconstruitunmondeautonome,universeletintemporel,quiévacuelerapportàlaréalitéréférentielle.1.1.2Petitehistoiredumerveilleux1.1.2.1Lemerveilleuxetl'épopéeDanslaperspectiveclassique,ilyaincompatibilitéentrelemerveilleuxetlaprose.C'estpourquoidepuisl'Antiquité,lemerveilleux,quitrouvesonoriginedanslatraditionorale,estréservéauxmythes,auxlégendes,auxépopéesouauxpoésiesversifiées.Ilestdonctrèsprésentdanslatradition épiquegrecque(Ho mère,Eschyle,Sophocle ,Euripide,etc.)etromaine(Virgile,Luc ain,etc.).Ilfaitp artiedel aréalitéadmise:les hérosantique scommuniquentavecleursdieuxquiinterviennent,sousdifférentesformes,danslaréalité.AuMoyenAge,lapenséemédiévaleoccidentalediviselemerveilleuxentroiscatégories:lemiraculus,lemagicus,etlemirabil is.Le miraculusdésignelemerveilleux chrétiene trecouvretoutcequiestlié àlaprésen ceouàla manifestationd eDieu.L emagicusreprésentel'aspectmaléfiqueetdiaboliquedumerveilleux.Quantaumirabilis,ilenglobetoutcequi nepeuts 'expliquer parleslo isdelanatur e,toutcequiestanormal,extraordinaire.Mais,lesfrontièresentrece sdifférente scatégoriesd umerveilleuxsontparfoisflouesetdifficilesàdéterminer.Lemerveilleux,toutescatégoriesconfondues,esttrèsprésentdanslesépopéescommedanslaChansond'Antiocheetdanstouslesrécitsd'aventures.AlaRen aissance ,lescroyancesreligieuseset lecultepassionnédeslettrespaïe nnesproduisentunmélangebizarrede merveille uxmythologiqueetde merveilleuxchréti en(anges,démons,saintsetleursdonsmiraculeux),commedansLaDivinecomédiedeDante.DanslaJérusalemdélivrée,leT asseunitau merveilleuxchréti enceluidelamagieetabandonnelamythologie.Acetteépoque,lemerveilleuxparticipeàlafoisdupaganisme,duChristianismeetdelasorcellerie.Ainsi,lesoeuvresépiquesaccordent-elleunelargeplaceaumerv eilleux,qu'ilsoitchrétienoupaïen ,miraculeuxoumal éfique.Celui-ciestla manifestationnonconflictuelledusurnatureldansleréel.Danslesépopéesmodernes,l'élémentchrétienfinitparéclipserlamythologie.DansLeParadisPerdu,MiltonsebornepratiquementaumerveilleuxtirédelaBible.Parlasuite,lamythologiedisparaîtdesépopées.LaQuerelledesAnciensetdesModernesauXVII°initieunelongueettrèsvivediscussionsurlesméritescomparésdumerveilleuxchrétienetdumerveilleuxpaïen.BoileauprendlepartidesAnciensets'attaquevivementaumerveilleuxchrétien,maisneréussitpas àfairerevivr elemer veilleuxpaïen.Ladis cussions 'es tprolongéejusqu'auXIX°,suscitéeparChateaubriandavecl'épopéedesNatchez.1.1.2.2Lemerveilleuxetleconte

6Merveilleuxetfantastiqueenlittératurepasànotre mon deréel,maisi lromptaveclavisi oncohérentequeno usenavons. Lefantastiquemetenscènedeuxlogiquesopposées:l'unerationnelle,l'autreirrationnelle.C'estlàlagrande différ ence aveclemerveilleux :le phénomène fantastiquedemeureétranger,voireimpossibledanslaréalitédelafiction,alorsquelephénomènemerveilleuxsurvientdansunmondeimaginairequilepermetetl'acceptesansproblème.Parailleurs,l'irruptiond'unphénomènedanslaréalitédelafictiongénèrenécessairementunquestionnement.Etc'estlà,ladeuxièmegrandedifférenceaveclemerveilleux:lerécitmerveilleuxnesusciteaucunquestionn ementsur leréel,alorsquel erécitfantastique proposeunehypothèsequiélargitnotrevisionduréelet,dufaitdel'impossibilitéthéoriqued'yapporteru neréponse,seconten ted'évoquer uneproblématique.Lefantastiq ueproposeuneinfinitéd'e xpériences deslimitesduréel,voi reunecritiquedelavisioncommunedumonde.Enfin,l'irruptiond'unphénomènedanslaréalitédelafictionentraînetoujoursunclimatd'étrangeté.C'estlàlatroisièmedifférenceaveclemerveilleux:l'atmosphèremerveilleusen'estpasétrange, alorsque l'atmosphèrefantastiquee stétrange.L'étran gecommence lorsquesurvie ntunévènementauquelle personnag eoulelecteurnepeutpasd onnerd'explication:bruitsinexpliqués,objetsdéplacés,comportementsincompréhensibles,etc.Acôtédecestroisinvariants,citonslescaractéristiquesvariableslespluscourantesdanslesrécitsfantastiques.D'abord,lephénomènepeutêtremaléfique,bénéfique,ounil'unnil'autre.Lamenacen'estd oncp asuninvariantdesré citsfantastiques. Lefantastiquen'installepastoujoursunclimatdepeuretd'épouvante.D'autrepart,les récitsfantastiq uesnegénèr entpastousunehés itationentreuneexplicationnaturelleetuneexpli cationsurnaturelleduphén omène. Biendesau teurscherchentuniquementànousmontrerqu'unepartieduréelnouséchappeetquenossensrestreignentnotrevisiondumonde.Eneffet,unphénomène,enapparencesurnaturel,peutdébouchersuruneinterprétationrationnelle,danslaquellecesontlesloisnaturellesquiprédominent.Souvent,leshasards,les coïncidences,lerêve, l'influence desdrogues,l'illusiondessensoulafolietententderéduirelesurnatureletpermettentdedonneruneexplicationrationnelleàunphénomènequinel'étaitpasaudépart.Danscetypederécitsfantastiques,lepersonnageessaie,dansunpremiertemps,deserassurerentrouvantuneexplicationrationnelle.Tantqu'ilnel'apastrouvée,intervientlapeur,voirel'affolementoulapanique.Mais,ledénouementrassuretoujourslepersonnage.Ici,lanormeestperturbée,maisellen'estjamaisniée.Lesurnatureln'estqu'uneapparence.Parailleur s,lesrécitsfantastiquesnes eterminentp astoujoursdelamêm efaçon:le phénomènepeutêtredétruit,continuersonouvragededestruction,continueràfairelebien,disparaîtreouaucontraireêtreéternel;lehérospeuttrouverlamortouêtredamné,maisaussivaincrelephénomène,seservirduphénomèneoudevenirlephénomène.Lerécitpeutsecon clureouno nsurl'h ésitationduhéros:do it-ilsecon forterdans sonrationalismeetnierlephénomènesurnatureloubiendoit-ilreconnaîtrel'évidencedecephénomène?Plus ieursrécitsfantastiquessecaractér isentparl'acceptation desphénomènessurnaturels.

7MerveilleuxetfantastiqueenlittératureEnfin,laplupartdesthéoriciensontattachélefantastiqueuniquementauxtextesnarratifs.Mais,celui-ciprendaussiformedanslapoésie,aucinéma,enmusique,etc.C'estpourquoinotrecorpuscomportedesoeuvrespoétiques.Danscelles-cinousavonsbienretrouvélestroisinvariantsdontnousavonsparléprécédemment:irruptiond'unphénomènedansuncadreréaliste,climatd'étrangetéetquestionnementsuscité.Lefantastiqueenpoésieestaussiunmoyend'interrogerleslimitesduréeletd'explorerlesfrontièresdelaraison.Notons,deplus,quelefantastiqueenpoésiecôtoiesouventlemerveilleux(Cf.ApollinaireetVerlaine).1.2.2PetitehistoiredufantastiqueLefantastiq ueestungenrelittéraire, àl'origi neincertai ne,maisilacomme ncéàsedévelopperauXVIII°.C'estleromangothique(VoirLesaviez-vousN°4),qui,ens'intéressantauxthèmesdel'irrationneletdel'angoisseetentémoignantungoûtprononcépourlemacabre,ainfluencélalittératurefantastique.Troisromanssontàlabasedel'essorconsidérablequelefantastiqueaconnuenFranceauXIX°:LeDiableamoureux(1772)deJ.Cazotte,lepremierromanfantastique;ManuscrittrouvéàSaragosse(1804)dupolonaisJanPotocki,considérécommeleroman-modèledufantastiqueparZvetanTodorov;lesContes(1816,traduitsen1830)del'allemandE.T.A.Hoffmann.Danslesann ées1830,d enombreuxtextesem blématiquesdelali ttératurefantastiquesontpubliésen France:LaPeaud echagrind'HonorédeBalzac(1831), LaCafetière(1831)etLaMorteamoureuse(1836)deThéophileGautier(1831),LaféeauxmiettesdeCharlesNodier(1832)etlaVenusd'IlledeProsperMérimée(1837).D'autrepart,latraduc tionduFaustdeGoethe en1828parGérard deNerval etcelledesHistoiresextraordinairesetNouvelleshistoiresextraordinairesdePoeparBaudelaire(1856et1857)ontinspi rédenombreuxécrivains ,quiont mêlélethèmedufantastiqueàc eluidel'horreur:RobertLouisStevenson(DrJekylletMrHyde,1886)),OscarWilde(LePortraitdeDorianGray,189 0),etc.Toutaulongdu siècle,legenreperdure avecdes oeuvresimportantes:Aurélia(1855)deGérarddeNerval,LeHorladeGuydeMaupassant(1887).Lafinessedel'analysepsychologiqueprendlepassurlafoliedébridéeetmorbidedudébutdufantastique.AlafinduXIX°etaudébutduXX°,avecl'essordelalittératureditedécadente,dontlesthèmesdeprédilectionsontlacruauté,leviceetlasexualité,lefantastiquen'estplusunefinalitéensoi.Ilestunmoyenpermettantdefairepasseruneprovocation,unedénonciationouunevolontéesthétique.Durantcettepériode,iln'yapasàproprementparléd'écrivainsfantastiques,maisdenombreuxauteursontécritdestextesfantastiques.1.3Lemerveilleux,lefantastiqueetlascienceLemerv eilleuxrelèved'unétatdec ivilisatio ntrèsancienourienencoren'est expliquéscientifiquement.Chrétienoupaïen,ilestomniprésentdanslemondeoccidentaljusqu'auXVIII°.Eneffet,denombreuxphénomènesquinepeuventpasêtreexpliquésparlasciencecoexistentavecleréelsansqu'ilyaitconflit:lemiracleetl'irrationnelvontdesoi.Parcontre,lefantastiquenepeutpasexisterauMoyen-Ageoùlesmentalitésacceptentlesurnaturelcommeuneréalité. D'autrepart,ilestc omplètementi gnorédessiècles

8Merveilleuxetfantastiqueenlittératureclassiquesquicroientàlarais onetquiopp osent,auxcroyancessu per stitieu ses,unscepticismeabsolu.LapenséedesL umièresréduitlarepr ésentatio ndumondeauréelrationneletnielesurnaturel,quisurvitencore,danslesrécitsmerveilleux.Enfin,lasciencefaitdeformidablesavancéesetfleurissentlesthéoriesmatérialistes(toutestmatièreetDieun'existepas)etpositivistes(touteconnaissancedoits'entenirauxfaits).Cen'estquedanslasecond emoiti éduXVIII°,aprèsl'écroule mentdescer titudesquelaRévolutionréaliseetl'élargissementdel'inspirationàl'imaginaireexaltéparleromantismequel'onassisteaurenouveaudel'irrationnel.Eneffet,faceàcettemodernitérationaliste,naîtunegrandeinquiétudechezlesécrivains,d'oùunrecoursaufantastique,pourapporterunesorted'"oxygénisation»auréel.Ilyadoncunesciencederéférenceàpartirdelaquellesedéveloppeunrécitfantastique.Mais,si,enl evantlevoil esurce quidemeurein expliqué, lesdécouvertesscientifiquessemblentréduirelechamp delalittératurefantastique,e llestrace ntaucontrairede nouvellesperspectivesquiouvrentsurl'inconnu.Ainsilascience,loindelebloquer,offre-t-elleunterrainpropiceaufantastique.Celui-ci,enrelativisantlesavancéesdelascience,revendiquelapartdemystère,cemondeautresituédel'autrecôtédumiroir.Ainsi,lafinduXIX°est -ellepartagéeentr elepositivismetri omphantdontles succèsphilosophiquessefondentsurlesavancéesprodigieusesdelasciencemoderneetleretourenforcedetoutlerefouléantirationaliste,aveclavoguemondainedumagnétisme,del'occultisme,delathéosophieetdel'astrologie.Lefantastiqueestunesortederéponseàunmondeultraréalisteetrationnalisé.Denosjours,lesmondesdumerveilleuxetdufantastiquecoexistent.Ilsontinspiréd'autresgenresnarratifscommelascience-fiction.

9Merveilleuxetfantastiqueenlittérature2.ExtraitsducorpusNousallonsétudierletraitementdumerveilleuxetdufantastique,danslesoeuvresdenotrecorpus,enpassantenrevuelesthèmeslesplusrécurrents.2.1.Letemps2.1.1L'absencederepèrestemporelsDanslemerveilleux,etplusparticulièrementdansceluidescontesdefée,lepassagedel'universquotidienàunautreuniversoùlemerveilleuxadroitdecité,estmarquéd'embléepardesformulescomme:"ilétaitunefois»,"ilyalongtemps,bienlongtemps»,"jadis»,etc.L'époque restevolontairementimprécis e,afindefacil iterledépartversunmondelointain.Enplaçantlesévènementsnarréshorsdetouteactualité,l'auteurprévienttouteassimilationréaliste.Cen'estpaslecasdufantastique,oùlanécessitéd'unancragedanslaréalitéconduitleplussouventl'écrivainàdonnerdesrepèrestemporelsprécis.Lerécitmerveilleuxsesituedansl'intemporel,dansunpasséindéterminéetgénéralementlointain.Ilenestdemême dec ertainsréc itsfantastiqu es,comm echezPoe:pl usieursnouvellesbaignentdansununiversqui,bienqu'enapparenceréel,estmystérieux,vague,lointain,reléguédansunesorted'atemporalité,commedansLigeia.2.1.2LesdérèglementsdutempsDanslerécitmerveilleux,ilyabrouillagedesrepèrestemporels:letempssedérègle(arrêt,répétition,etc.).Parexemple,dansAliceauPaysdesMerveilles,letempsestsanscessedéréglé.Pourcertainspersonnages,commelelapinblancquicourtavecsamontreàlamain,letempspassetropvite.Pourd'autres,commelechapelierfou,ilestsuspenduetstagneàlamêmeheure:ilesttoujourssixheures.Extrait:AliceeuPaysdesMerveilles,Caroll,p.35-37"LeChapelierrompitlesilencelepremier."Quelquantièmedumoissommes-nous?»dit-ilensetournantversAlice.Ilavaittirésamontredesapocheetlaregardaitd'unairinquiet,lasecouantdetempsàautreetl'approchantdesonoreille.Aliceréfléchituninstantetrépondit:"Lequatre.»"Elleestdedeuxjoursenretard,»ditleChapelieravecunsoupir.(...)Aliceavaitregardépar-dessussonépauleaveccuriosité:"Quellesingulièremontre!»dit-elle."Ellemarquelequantièmedumois,etnemarquepasl'heurequ'ilest!»"Etpourquoimarquerait-ellel'heure?»murmuraleChapelier."Votremontremarque-t-elledansquelleannéevousêtes?»"Non,assurément!»répliquaAlicesanshésiter."Maisc'estparcequ'elleresteàlamêmeannéependantsilongtemps.»"Toutcommelamienne,»ditleChapelier.(...)"Avez-vousdevinél'énigme?»ditleChapelier,setournantdenouveauversAlice."Non,j'yrenonce,»réponditAlice;"quelleestlaréponse?»"Jen'enaipaslamoindreidée,»ditleChapelier."Nimoinonplus,»ditleLièvre."Alicesoupirad'ennui."Ilmesemblequevouspourriezmieuxemployerletemps,»dit-elle,"etnepaslegaspilleràproposerdesénigmesquin'ontpointderéponses.»

10Merveilleuxetfantastiqueenlittérature"SivousconnaissiezleTempsaussibienquemoi,»ditleChapelier,"vousneparleriezpasdelegaspiller.Onnegaspillepasquelqu'un.»"Jenevouscomprendspas,»ditAlice."Jelecroisbien,»réponditleChapelier,ensecouantlatêteavecmépris;"jepariequevousn'avezjamaisparléauTemps.»"Celasepeutbien,»répliquaprudemmentAlice,"maisjel'aisouventmalemployé.»"Ah!voilàdoncpourquoi!Iln'aimepascela,»ditleChapelier."Maissiseulementvoussaviezleménager,ilferaitdelapenduletoutcequevousvoudriez.Parexemple,supposonsqu'ilsoitneufheuresdumatin,l'heuredevosleçons,vousn'auriezqu'àdiretoutbasunpetitmotauTemps,etl'aiguillepartiraitenunclind'oeilpourmarqueruneheureetdemie,l'heuredudîner.»("Jelevoudraisbien,»dittoutbasleLièvre.)"Celaseraittrèsagréable,certainement,»ditAliced'unairpensif;"maisalors-jen'auraispasencorefaim,comprenezdonc.»"Peut-êtrepasd'abord,»ditleChapelier;"maisvouspourriezretenirl'aiguilleàuneheureetdemieaussilongtempsquevousvoudriez.»"Est-cecommecelaquevousfaites,vous?»demandaAlice.LeChapeliersecouatristementlatête."Hélas!non,»répondit-il,"nousnoussommesquerellésaumoisdemarsdernier,unpeuavantqu'ildevîntfou.»(IlmontraitleLièvreduboutdesacuiller.)(...)"Et,depuislors,»continualeChapelieravectristesse,"leTempsneveutrienfairedecequejeluidemande.Ilesttoujourssixheuresmaintenant.»Unebrillanteidéetraversal'espritd'Alice."Est-cepourcelaqu'ilyatantdetassesàthéici?»demanda-t-elle."Oui,c'estcela,»ditleChapelieravecunsoupir;"ilesttoujoursl'heureduthé,etnousn'avonspasletempsdelaverlavaisselledansl'intervalle.»2.1.3Lesmomentsprivilégiés2.1.3.1LanuitDanslalittératureoccidentale,lanuits'estdonnéecommelelieudel'inquiétude(lapeurdunoir), del'inconnuetdes illusions .C'estlanuitquelesommeil engend rerêvesou cauchemarsetquel'espritimaginemonstresetchimères.Lanuitrévèleaussiuneattractionsingulièreentrelemondedesmortsetceluidesvivants.C'estpourquoi,lefantastiqueprivilégiedesmomentsparticulierscommelecrépusculeoulanuit,outoutétatrappelantlanuit:pénombre,brouillard,tempête,orage,etc.DansEffetdenuit,Verlaineprésenteunpaysagenocturne,oùestdresséungibet,verslequelmarchentdescondamnés.Ilréussitàcréerunclimatfantastique,enécrivantlascèneàlamanièredespeintresetenutilisanttouteunesymboliquedumacabre.IlnousplongedanslesténèbresduMoyen-Age,oùlamortestomniprésenteet,par-là,illustretoutsonpessimisme.Extrait:"Effetdenuit»,inOEuvrescomplètes,t.1,Verlaine,p.10"Lanuit.Lapluie.UncielblafardquedéchiquetteDeflèchesetdetoursàjourlasilhouetteD'unevillegothiqueéteinteaulointaingris.Laplaine.UngibetpleindependusrabougrisSecouésparlebecavidedescorneillesEtdansantdansl'airnoirdesgiguesnonpareilles,Tandis,queleurspiedssontlapâturedesloups.Quelquesbuissonsd'épineépars,etquelqueshoux

11MerveilleuxetfantastiqueenlittératureDressantl'horreurdeleurfeuillageàdroite,àgauche,Surlefuligineuxfouillisd'unfondd'ébauche.Etpuis,autourdetroislividesprisonniersQuivontpiedsnus,ungrosdehautspertuisaniersEnmarche,etleursfersdroits,commedesfersdeherse,Luisentàcontresensdeslancesdel'averse.»DansArriaMarcelladeGautier,lebasculementdanslefantastiquesefaitaussiàlafaveurdelanuit.Rappelonsl'intrigue:TroisjeunesgensvisitentlemuséedeStudjàNaples.Leplusjeunedestrois,trèsromantique,Octavien,restepétrifiédevantl'empreinted'uncorpsdefemmedansunmorceaudecendre.Ensuite,ilsvisitentlesruinesdePompéi.Lesoir,netrouvantpaslesommeil,Octavienretournesurlesitearchéologique.Extrait:"ArriaMarcella»,inRomansetContes,Gautier,p.149-151"Octavien,quiavaitsouventlaissésonverrepleindevantlui,nevoulantpastroublerparuneivressegrossièrel'ivressepoétiquequibouillonnaitdanssoncerveau,sentitàl'agitationdesesnerfsquelesommeilneluiviendraitpas,etsortitdel'osteriaàpaslentspourrafraîchirsonfrontetcalmersapenséeàl'airdelanuit.Sespieds,sansqu'ileneûtconscience,leportèrentàl'entréeparlaquelleonpénètredanslavillemorte;ildéplaçalabarredeboisquilafermeets'engageaauhasarddanslesdécombres.Laluneilluminaitdesalueurblanchelesmaisonspâles,divisantlesruesendeuxtranchesdelumièreargentéeetd'ombrebleuâtre.Cejournocturne,avecsesteintesménagées,dissimulaitladégradationdesédifices.L'onneremarquaitpas,commeàlaclartécruedusoleil,lescolonnestronquées,lesfaçadessillonnéesdelézardes,lestoitseffondrésparl'éruption;lespartiesabsentessecomplétaientparlademi-teinte,etunrayonbrusque,commeunetouchedesentimentdansl'esquissed'untableau,indiquaittoutunensembleécroulé.Lesgéniestaciturnesdelanuitsemblaientavoirréparélacitéfossilepourquelquereprésentationd'uneviefantastique.QuelquefoismêmeOctaviencrutvoirseglisserdevaguesformeshumainesdansl'ombre;maiselless'évanouissaientdèsqu'ellesatteignaientlaportionéclairée.Desourdschuchotements,unerumeurindéfinie,voltigeaientdanslesilence.Notrepromeneurlesattribuad'abordàquelquepapillonnementdesesyeux,àquelquebourdonnementdesesoreilles,-cepouvaitêtreaussiunjeud'optique,unsoupirdelabrisemarine,oulafuiteàtraverslesortiesd'unlézardoud'unecouleuvre,cartoutvitdanslanature,mêmelamort,toutbruit,mêmelesilence.Cependantiléprouvaituneespèced'angoisseinvolontaire,unlégerfrisson,quipouvaitêtrecauséparl'airfroiddelanuit,etfaisaitfrémirsapeau.Ilretournadeuxoutroisfoislatête;ilnesesentaitplusseulcommetoutàl'heuredanslavilledéserte.Sescamaradesavaient-ilseulamêmeidéequelui,etlecherchaientilsàtraverscesruines?Cesformesentrevues,cesbruitsindistinctsdepas,était-ceMaxetFabiomarchantetcausant,etdisparusàl'angled'uncarrefour?Cetteexplicationtoutenaturelle,Octaviencomprenaitàsontroublequ'ellen'étaitpasvraie,etlesraisonnementsqu'ilfaisaitlà-dessusàpartluineleconvainquaientpas.Lasolitudeetl'ombres'étaientpeupléesd'êtresinvisiblesqu'ildérangeait;iltombaitaumilieud'unmystère,etl'onsemblaitattendrequ'ilfûtpartipourcommencer.Tellesétaientlesidéesextravagantesquiluitraversaientlacervelleetquiprenaientbeaucoupdevraisemblancedel'heure,dulieuetdemilledétailsalarmantsquecomprendrontceuxquisesonttrouvésdenuitdansquelquevasteruine.Enpassantdevantunemaisonqu'ilavaitremarquéependantlejouretsurlaquellelalunedonnaitenplein,ilvit,dansunétatd'intégritéparfaite,unportiquedontilavaitcherchéàrétablirl'ordonnance:quatrecolonnesd'ordredoriquecanneléesjusqu'àmi-hauteur,etlefûtenveloppécommed'unedraperiepourpred'uneteintedeminium,soutenaientunecimaisecoloriéed'ornementspolychromes,queledécorateursemblaitavoirachevéehier(...).Lamaisons'étaitexhausséed'unétage,etletoitdetuilesdenteléd'unacrotèredebronzeprojetaitsonprofilintactsurlebleulégerducieloùpâlissaientquelquesétoiles.Cetterestaurat ionétrange,faitedel'après-midiausoir paruna rchitecteincon nu,tourmenta itbeauc oupOctavien,sûrd'avoirvucettemaisonlejourmêmedansunfâcheuxétatderuine.Lemystérieuxreconstructeuravaittravaillébienvite,carleshabitationsvoisinesavaientlemêmeaspectrécentetneuf;touslespiliersétaientcoiffésdeleurschapiteaux;pasunepierre,pasunebrique,pasunepelliculedestuc,pasuneécailledepeinturenemanquaientauxparoisluisantesdesfaçades,etparl'intersticedespéristylesonentrevoyait,autourdubassindemarbreducavaedium,deslauriersrosesetblancs,desmyrtesetdesgrenadiers.Tousleshistoriens

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Merveilleuxetfantastiqueenlittératures'étaienttrompés;l'érupti onn'avaitpaseuli eu,oubie nl'aiguilledutemps avai treculéde vingtheuresséculairessurlecadrandel'éternité.Octavien,surprisaudernierpoint,sedemandas'ildormaittoutdeboutetmarchaitdansunrêve.»2.1.3.2.Minuit,heuresymboliqueMinuitestuneheuresymboliquedanslesrécitsmerveilleuxetdanslesrécitsfantastiques.C'estl'heuredusecret,del'ombreetdusilence,del'improbableetdel'imprévu.C'estl'heuredesmétamorphoses,l'heureoùsouventdesévènementshorriblesoumagiquesseproduisent.Parexemple,dansCendrillon,minuitestl'heureoùl'enchantementestrompu.Eneffet,Cendrillon,estparée,parlamagiede samarraine-fée,d'unemagn ifiquerobeetde pantouflesdevairetestdotéed'uncarrosseetdeserviteursquin'existerontquejusqu'àminuit.Extrait:"Cendrillon»,inContes,Perrault,p.36"Lelendemain,lesdeuxsoeursfurentaubal,etCendrillonaussi,maisencoreplusparéequelapremièrefois.Lefilsduroifuttoujoursauprèsd'elle,etnecessadeluiconterdesdouceurs.Lajeunedemoisellenes'ennuyaitpoint,etoubliacequesamarraineluiavaitrecommandé,desortequ'elleentenditsonnerlepremiercoupdeminuit,lorsqu'ellenecroyaitpasqu'ilfûtencoreonzeheures:elleseleva,ets'enfuitaussilégèrementqu'auraitfaitunebiche.Leprincelasuivit,maisilneputl'attraper.Ellelaissatomberunedesespantouflesdevair,queleprinceramassabiensoigneusement.Cendrillonarrivachezelle,bienessoufflée,sanscarrosse,sanslaquais,etavecsesméchantshabits;rienneluiétantrestédetoutesamagnificence,qu'unedesespetitespantoufles,lapareilledecellequ'elleavaitlaisséetomber.Ondemandaauxgardesdelaportedupalaiss'ilsn'avaientpointvusortiruneprincesse:ilsdirentqu'ilsn'avaientvusortirpersonnequ'unejeunefillefortmalvêtue,etquiavaitplusl'aird'unepaysannequed'unedemoiselle.»Minuitestuneheuremagiqueeteffrayante.Elleestaussil'heuredestransformations,dessabbatsdesorcièresetd'autresloupsgarous.C'estversminuitquel'ogreduPetitPoucetserelève,aveclafermeintentiondemangerlesseptfrères.C'estencoreàminuitquetoutestterminépourlapetitesirèneduconted'Andersen.Extrait:"LaPetiteSirène»,inContes,Andersen,p.119"Lejourdelanocedeceluiqu'elleaimait,elledevaitmouriretsechangerenécume.Lajoierégnaitpartout;deshérautsannoncèrentlesfiançaillesdanstouteslesruesausondestrompettes.Danslagrandeéglise,unehuileparfuméebrûlaitdansdeslampesd'argent,lesprêtresagitaientlesencensoirs;lesdeuxfiancéssedonnèrentlamainetreçurentlabénédictiondel'évêque.Habilléedesoieetd'or,lapetitesirèneassistaitàlacérémonie;maisellenepensaitqu'àsamortprochaineetàtoutcequ'elleavaitperdudanscemonde.Lemêmesoir,lesdeuxjeunesépouxs'embarquèrentaubruitdessalvesd'artillerie.Touslespavillonsflottaient,aumilieuduvaisseausedressaitunetenteroyaled'oretdepourpre,oùl'onavaitpréparéunmagnifiquelitderepos.Lesvoiless'enflèrent,etlevaisseauglissalégèrementsurlamerlimpide.Àl' approchedelanuit,onallumad eslampes dedive rsescouleurs,etlesmarins semirent àdanserjoyeusementsurlepont.Lapetitesirèneserappelaalorslasoiréeoù,pourlapremièrefois,elleavaitvulemondedeshommes.Ellesemêlaàladanse,légèrecommeunehirondelle,etellesefitadmirercommeunêtresurhumain.Maisilestimpossibled'exprimercequisepassaitdanssoncoeur;aumilieudeladanseellepensaitàceluipourquielleavaitquittésafamilleetsapatrie,sacrifiésavoixmerveilleuseetsubidestourmentsinouïs.Cettenuitétaitladernièreoùellerespiraitlemêmeairquelui,oùellepouvaitregarderlamerprofondeetlecielétoilé.Unenuitéternelle,unenuitsansrêvel'attendait,puisqu'ellen'avaitpasuneâmeimmortelle.Jusqu'àminuitlajoieetlagaietérégnèrentautourd'elle;elle-mêmeriaitetdansait,lamortdanslecoeur.

1 MerveilleuxetfantastiqueenlittératureEnfinleprinceetlaprincesseseretirèrentdansleurtente:toutdevintsilencieux,etlepiloterestaseuldeboutdevantlegouvernail.Lapetitesirène,appuyéesursesbrasblancsauborddunavire,regardaitversl'orient,ducôtédel'aurore;ellesavaitquelepremierrayondusoleilallaitlatuer.»2.2.L'espaceDanslerécitmerveilleux,onretrouve,surleplangéographique,lamêmeimprécisionquesurleplantemporel.Mais,onconstatelarécurrencedecertainsmotifs:lesfaitssesituentsouventdansdespaysagestypiques(château,forêt,etc.).Laforêtmystérieuseetprofondeestleprincipallieud'actiondurécitmerveilleux.C'estlàquelehérosseperdourencontredesdangers.Pourdenombreuxfolkloristes,laforêtestunereprésentationdelanuit.Dansl'imaginaireetlaculturecollective ,lec hâteauestle deuxième lieupri vilégiédurécitmerveilleux.LafontaineoulasourcesontdeslieuxoùrésidentdesêtresfabuleuxcommeLesFéesdePerrault.Lesfaitspeuventaussisesituerdansdeslieuxdepurefantaisie(payslointainsetétrangersaulecteur)oubiendansdes paysagesi rréelsdansles quelslescouleurs,lesformes,leséchelless'éloignenttotalementdelaréalité.D'autrepart,ilyaaussibrouillage desrepèresspatiaux;les repèresgéo graphiquess'effacent.Enf in,Lemerveilleuxesthyperbolique:lesunitésdemesuresontbeaucoupplusgrandesquecellesquel'onconnaîtdanslemonderéel;toutyestexagérémentdécrit.Leslieuxdétiennentdespouvoirsetsontdotésd'uneâme.Dansunrécitfantastique,audépart,lecadreestréaliste,leslieuxsontréels,voirefamiliers.Mais,lesfaitssesituentleplussouventdansdeslieuxinquiétants(cimetière,viellebâtisse,châteauabandonné,landedéserte,etc.)oumaudits.Parmiceux-cifigurentleseaux,cellesdesfleuves,deslacsoudesocéans.Eneffet,dansleseaux,l'hommeseretrouvehorsdesonélémentnatureletestsujetàlapesanteurdesesangoissesetdesasolitude,surtoutdevantl'immensitémarine,parcequ'elleestlelieuprivilégiédunon-identifiable:onnesaitpascequ'ilyaendessous.D'autrepart,latempêteatendanceàchangerlamerenunmonstreengloutisseur(épaves,naufrages,etc.).DansL'AubergedeMaupassant,lecadreduconteestunlieutrèsisolé,perdudanslesmontagnesenneigées.Extrait:"L'Auberge»,inLeHorla,Maupassant,p.86"PareilleàtoutesleshôtelleriesdeboisplantéesdanslesHautes-Alpes,aupieddesglaciers,danscescouloirsrocheuxetnusquicoupentlessommetsblancsdesmontagnes,l'aubergedeSchwarenbachsertderefugeauxvoyageursquisuiventlepassagedelaGemmi.Pendantsixmoiselle resteouver te,habitéepa rlafamillede JeanHauser;pui s,dèsquelesneiges s'amoncellent,emplissantlevallonetrendantimpraticableladescentesurLoëche,lesfemmes,lepèreetlestroisfilss'envont,etlaissentpourgarderlamaisonlevieuxguideGaspardHariaveclejeuneguideUlrichKunsi,etSam,legroschiendemontagne.Lesdeuxhommesetlabêtedemeurentjusqu'auprintempsdanscetteprisondeneige,n'ayantdevantlesyeuxquelapenteimmenseetblancheduBalmhorn,entourésdesommetspâlesetluisants,enfermés,bloqués,ensevelissouslaneigequimonteautourd'eux,enveloppe,étreint,écraselapetitemaison,s'amoncellesurletoit,atteintlesfenêtresetmurelaporte.C'étaitlejouroùlafamilleHauserallaitretourneràLoëche,l'hiverapprochantetladescentedevenantpérilleuse.Troismuletspartirentenavant,chargésdehardesetdebagagesetconduitsparlestroisfils.Puislamère,JeanneHauseretsafilleLouisemontèrentsurunquatrièmemulet,etsemirentenrouteàleurtour.Lepèrelessuivaitaccompagnédesdeuxgardiensquidevaientescorterlafamillejusqu'ausommetdeladescente.

1 MerveilleuxetfantastiqueenlittératureIlscontournèrentd'abordlepetitlac,gelémaintenantaufonddugrandtrouderochersquis'étenddevantl'auberge,puisilssuivirentlevallonclaircommeundrapetdominédetouscôtéspardessommetsdeneige.Uneaversedesoleiltombaitsurcedésertblancéclatantetglacé,l'allumaitd'uneflammeaveuglanteetfroide;aucunevien'apparaissaitdanscetocéandesmonts;aucunmouvementdanscettesolitudedémesurée;aucunbruitn'entroublaitleprofondsilence.»C'estdanscerefugealpinisoléquevasurvenirunétrangeévènement.AprèsladisparitioninexpliquéeduvieuxGaspardHari,lasolitudeetl'angoissevontpousserlejeuneUlrichàlafolie.Notonsque,dansladescriptiondulieu,Maupassantafaitallusionaufantastique:eneffet,lesentierquilerelieauvillaged'enbas"va,serpentant,tournantsanscesseétérevenant,fantastiqueetmervei lleux,lelongdelamontagned roite»(p.87).L'aspectsurnaturelestrenforcéparl'abondancededétailsréalistes.Lechâteauestunautrelieuprivilégiédesrécitsfantastiques.Parexemple,dansLePortraitovaledePoe,l'actionsedérouledansunchâteau,mystérieusementvide,àl'architecturebizarreetavecunefoulederecoins.Deplus,l'obscuritéyestpercéeparlalumièredecandélabres,créantdeszonesd'ombre spropiceàl'i llusiond'op tique;lal umière desbougiesestvacillante;ile stminuit. Tousles ingrédientssontlàpo url'apparitiond' unélémentfantastique:lenarrateural'impressiondevoirunepersonnevivantedanslecadre.Extrait:"Leportraitovale»,inNouvellesHistoiresextraordinaires,EdgarPoe,p.187"Lechâteaudanslequelmondomestiques'étaitavisédepénétrerdeforce,plutôtquedemepermettre,déplorablementblessécommejel'étais,depasserunenuitenpleinair,étaitundecesbâtiments,mélangedegrandeuretdemélancolie,quiontsilongtempsdresséleursfrontssourcilleuxaumilieudesApennins,aussibiendanslaréalitéquedansl'imaginationdemistressRadcliffe.Selontouteapparence,ilavaitététemporairementettoutrécemmentabandon né. Nous nousins tallâmesdansunedesch ambreslespluspetitesetlesmoinssomptueusementmeublées.Elleétaitsituéedansunetourécartéedubâtiment.Sadécorationétaitriche,maisantiqueetdélabrée.Lesmursétaienttendusdetapisseriesetdécorésdenombreuxtrophéeshéraldiquesd e touteforme,ainsiqued'uneq uan titévraime ntp rodigieusede p einturesmodernes,pleinesdestyle,dansderichescadresd'ord'ungoûtarabesque.Jeprisunprofondintérêt,-cefutpeut-êtremondélirequicommençaitquienfutcause,-jeprisunprofondintérêtàcespeinturesquiétaientsuspenduesnonseulementsurlesfacesprincipalesdesmurs,maisaussidansunefoulederecoinsquelabizarrearchitectureduchâteaurendaitinévitables;sibienquej'ordonnaiàPedrodefermerleslourdsvoletsdelachambre,-puisqu'ilfaisaitdéjànuit,-d'allumerungrandcandélabreàplusieursbranchesplacéprèsdemonchevet,etd'ouvrirtoutgrandslesrideauxdeveloursnoirgarnisdecrépinesquientouraientlelit.Jedésiraisquecelafûtainsi,pourquejepusseaumoins,sijenepouvaispasdormir,meconsoleralternativementparlacontemplationdecespeinturesetparlalectured'unpetitvolumequej'avaistrouvésurl'oreilleretquiencontenaitl'appréciationetl'analyse.Jeluslongtemps,-longtemps;-jecontemplaireligieusement,dévotement;lesheuress'envolèrent,rapidesetglorieuses,etleprofondminuitarriva.Lapositionducandélabremedéplaisait,et,étendantlamainavecdifficultépournepasdérangermonvaletassoupi,jeplaçail'objetdemanièreàjeterlesrayonsenpleinsurlelivre.Maisl'actionproduisituneffetabsolumentinattendu.Lesrayonsdesnombreusesbougies(carilyenavaitbeaucoup)tombèrentalorssurunenichedelachambrequel'unedescolonnesdulitavaitjusque-làcouverted'uneombreprofonde.J'aperçusdansunevivelumièreunepeinturequim'avaitd'abordéchappé.»DansLaChutedelaMaisonUsher,Poevamêmeplusloin,pourcréeruneatmosphèrepropiceaufantastique:ildonneàunbâtimentlerôledepersonnageimportantennousledérivantcommeunepersonne,aumêmetitrequelesmembresdelafamilleUsher.

15MerveilleuxetfantastiqueenlittératureExtrait:"LaChutedelaMaisonUsher»,inNouvellesHistoiresextraordinaires,EdgarPoe,p.57-58"Pendanttouteunejournéed'automne,journéefuligineuse,sombreetmuette,oùlesnuagespesaientlourdsetbasdansleciel,j'avaistraverséseuletàchevaluneétenduedepayssingulièrementlugubre,etenfin,commelesombresdusoirapprochaient,jemetrouvaienvuedelamélancoliqueMaisonUsher.Jenesaiscommentcelasefit,-mais,aupremiercoupd'oeilquejejetaisurlebâtiment,unsentimentd'insupportabletristessepénétramonâme.Jedisinsupportable,carcettetristessen'étaitnullementtempéréeparuneparcelledecesentimentdontl'essencepoétiquefaitpresqueunevolupté,etdontl'âmeestgénéralementsaisieenfacedesimagesnaturelleslesplussombresdeladésolationetdelaterreur.Jeregardaisletableauplacédevantmoi,et,rienqu'àvoirlamaisonetlaperspectivecaractéristiquedecedomaine,-lesmursquiavaientfroid,-lesfenêtressemblablesàdesyeuxdistraits,-quelquesbouquetsdejoncsvigoureux,-quelquestroncsd'arbresblancsetdépéris,-j'éprouvaiscetentieraffaissementd'âmequi,parmilessensationsterrestres,nepeutsemieuxcomparerqu'àl'arrière-rêveriedumangeurd'opium,-àsonnavrantretouràlaviejournalière,-àl'horribleetlenteretraiteduvoile.C'étaituneglaceaucoeur,unabattement,unmalaise,-uneirrémédiabletristessedepenséequ'aucunaiguillondel'imaginationnepouvaitravivernipousseraugrand.Qu'étaitdonc,-jem'arrêtaipourypenser,-qu'étaitdonccejenesaisquoiquim'énervaitainsiencontemplantlaMaisonUsher?C'étaitunmystèretoutàfaitinsoluble,etjenepouvaispasluttercontrelespenséesténébreusesquis'amoncelaientsurmoipendantquej'yréfléchissais.Jefusforcédemerejeterdanscetteconclusionpeusatisfaisante,qu'ilexistedescombinaisonsd'objetsnaturelstrèssimplesquiontlapuissancedenousaffecterdecettesorte,etquel'analysedecettepuissancegîtdansdesconsidérationsoùnousperdrionspie d. Iléta it possible,pe nsai s-je,qu'une simpledifférencedans l'arrangementdesmatériauxdeladécoration,desdétailsdutableau,suffîtpourmodifier,pourannihilerpeut-êtrecettepuissanced'impressiondouloureuse;et,agissantd'aprèscetteidée,jeconduisismonchevalverslebordescarpéd'unnoiretlugubreétang,qui,miroirimmobile,s'étalaitdevantlebâtiment;etjeregardai-maisavecunfrissonpluspénétrantencorequelapremièrefois-lesimagesrépercutéesetrenverséesdesjoncsgrisâtres,destroncsd'arbressinistres,etdesfenêtressemblablesàdesyeuxsanspensée.»2.3.Lespersonnages2.3.1.LespersonnageshumainsDanslesrécitsmerveilleux,lespersonnageshumainsn'ontpasbeaucoupd'épaisseur:cesontdestypesquicorrespondentàdesfonctionsbiendéfinies.Ilsappartiennentàunesociétéartificielleetfigée,oùilssontdéfinisparleurplaceouleurrang(leRoi,laReine,lePrince,etc.),sansyêtre nommésautrementqu eparunsurn omqui lescaractérise(Cendrillon,Blanche-Neige,etc.).D'autrepart,lespersonnagespeuventêtredesenfants-héros,commedansLePetitCh aperonrouge ,LePetitPo ucet,etc.Lorsque lespersonnagessontdécrits,ilsleso ntpresqueun iquementphysiquement.Le sprocédés utilisésrelèventdel'hyperboleetnouséloignentencoreplusdelaréalitétellequ'onlaconnaît(beautéexceptionnelle,riendeplusbeauaumonde,etc.).Lorsqu'ilssontdécritspsychologiquement,celaestfaitdemême:leursqualitésetleurstraitsdecaractèresontrenforcésaudernierpoint;ilssontd'uneintensitéanormaleetincroyable.Cetypededescriptioncontribueàrenforcerladistanceentrel'universduconteetleréel.Avecl'aided'objetsmagiques(bottesdeseptlieux,miroirmagique,baguettemagique,balaivolant,potionmagique,etc.)oud'êtressurnaturels(fées,sorcières,etc.),lesêtreshumainspeuventtrouverriches seetbonheur.Mais,silam agieestbéné fiquepou rceux quileméritent,elles'avèremaléfiquepourlescupidesetlesenvieuxqu'ellechâtiesanspitié.(VoirLesFéesdePerrault)Danslefantastique,lespersonnagesnesontpasnonplustrèsdécrits.Ainsi,parexemple,dansLeHorla,lenarrateurnedonneaucunindiceconcernantsonidentité.C'estunhomme,

16Merveilleuxetfantastiqueenlittératurenormand,rentier,cultivéetcurieux.Lespersonnagessontdescaractèresplutôtstatiques.Ilssont,commedanslemerveilleux,caractérisésparleursactionsetsontdécritsenfonctiondecelles -ci.Ainsi,d ansAvatar,lep ortraitdu DrBalthazarCherbonneau ,spécial isteenmétempsychose,adesqualitésspécialesquilelientaufantastique.2.3.2.LespersonnagesmagiquesAcôté despersonn ageshumains,lesréci tsmerveille uxsontpeuplésde personnagesmagiques.Ondistingue,parmi eux,les bienfaiteurs(lesfées,les magiciensettousle sadeptesdelamagieblanche)etlesmalfaisants(sorciersettouslesadeptesdelamagienoire).Parmilesbienfaiteurs,onrencontresurtoutlesfées,commedanslesContesdePerrault.Celles-cisontdotéesd'unpouvoirsurnaturel:ellesmétamorphosent(Cf.CendrillonouLesFées),ellesaccomplissentlesvoeuxqu'ellesformulent(Cf.LaBelleauboisdormant),elleschangentledestindes héros(Cf .Riquetàlahoupp eouCendrillon).Mais,Pe rraultleshumanisebeaucoup:ellespeuventéchouer(Cf.Peaud'âne)ounepeuventpaseffacercequ'uneaînéeafait(Cf.LaBelleauboisdormant).Ellespeuventtransformerleschosesetlespersonnes,changerlasituation,etc.,enutilisantlamagie,grâceàleurbaguettemagique.DansCendrillon,laféechangeunecitrouilleenchariotmagnifiqueetdessourisenattelage.DansFées,laféemétamorphoselesparolesendiamantsouenserpents.Lesféespeuventaussiquelquefo isdonnerdespouvoirsàunhéros:Dans RiquetàlaHoupp e,lafé ecompenselastupiditédel'héroïneparledondepouvoirrendrebeauceluiquiluiplairaetlalaideurduprinceparlapossibilitédedonnerdel'espritàlapersonneaimée.Mais,ellespeuventaussiinfligerdestraitsméchants,commelastupiditéetlalaideur.Ellepeutaussimodérerledestinhumain.Parexemple,dansLaBelleauboisdormant,laféeréparelamortpréditeenlamodérantensommeildecentans.Mais,lesféessontparfoisambigües,parfoissorcièresetpeuventjeterunmauvaissort,commedanscemêmeconte.Parmilesmalfaisants,onrencontresurtoutlessorcières.Cesontengénéraldesvieillesfemmes,laides(nezcrochu,mentonpointu),méchantesetjalouses.Ellesutilisentlamagiepourtourmenterlesenfantsetlesjeunesgens:ellesjettentdessorts(Cf.LaBelleauBoisdormant)etontdespouvoirsdetransformation.Ellespossèdentdesanimauxrépugnantsdotésdeparole(corbeau,crapaud,etc.)etdesaccessoiresmagiques(balaivolantpoursedéplacer;chaudronpourpréparerdespotionsmagiques,etc.).SichezPerrault,lasorcièreconservesonimagediabolique,chezAndersen,sestraitss'adoucissentunpeu:dansLapetitePoucette,elleaideunefemmeenmald'enfant;dansLeBriquet,elleenrichitunsoldatrevenudufront.Mais,dansLaPetitesirène,ellerestecruelle.Acôté decesprin cipauxpe rsonnagesmagi ques,onrencontrebeaucoupd' autrespersonnagesquiressortissentdumerveilleuxetquisontemployéssoitdanslemerveilleuxsoitdanslefantastiqueenpoésie.Parexemple,Andersenrecourtaumerveilleuxdufolkloredanoisàtraverslesnixes,lestrolls,lesgargouilles,leselfes,lesondinsetlesdryadesetApollinairerecourtaumerveilleuxallemandaveclaLorelei,lesnixes,lesnicettes,Merlin,Viviane,Simonlemage,lestziganes,etc.Chezcepoète,leréel,commeparenchantement,glissesouventverslefantastique.Notonsenfinquelemerveilleuxcréeunmondemanichéen.Eneffet,lespersonnages,qu'ilssoientmagiquesouhumains,sontunidimensionnels:ilssontsoitgentils,soitméchants.Leurpasséetleurpsychologieestsansimportance,cartoutl'intérêtdurécitrésidedansl'actionetdanssoncaractèremerveilleux.

17Merveilleuxetfantastiqueenlittérature2.3.3.Lapersonnificationetl'anthropomorphismeDanslesrécitsmerveilleux,lesobjets,lesvégétauxoulesanimauxpeuventêtredotésdelapenséeetdelavoix, etdonc êtrelep erson nageprincipaldurécit.Ene ffet,lapersonnification(VoirLesaviez-vousN°5),enestunélémentconstant.Toutprendvie:lesfrontièresentrel'humain,l'animaletl'inanimén'existentplus.Lepluss ouvent,Anderse nlesutilisentpourmettre ànulesrouagesdupouvoir etlestréfondsdelanaturehumaine.Notonsqu'ilsemetenscènedanslaplupartdesescontes,commedansLeRossignol(symboledelalibertéd'expressiondupoète),oubienLeVilainpetitcanard.Dansl'extraitsuivant,Lagrosseaiguille,lepersonnageprincipalestuneaiguilleàrepriser,fortfière,toutedroite,maisquifinitparsefaireécrasersouslaroued'unecharrette.Extrait:"LaGrosseAiguille»,inContes,Andersen,p.41-43"Ilyavaitunjouruneaiguilleàrepriser:ellesetrouvaitelle-mêmesifinequ'elles'imaginaitêtreuneaiguilleàcoudre."Maintenant,faitesbienattention,ettenez-moibien,ditlagrosseaiguilleauxdoigtsquiallaientlaprendre.Nemelaissezpastomber;car,sijetombeparterre,jesuissûrequ'onnemeretrouverajamais.Jesuissifine!-Laissefaire,direntlesdoigts,etilslasaisirentparlecorps.-Regardezunpeu;j'arriveavecmasuite,»ditlagrosseaiguilleentirantaprèselleunlongfil;maislefiln'avaitpointdenoeud.Lesdoigtsdirigèrentl'aiguilleverslapantoufledelacuisinière:lecuirenétaitdéchirédanslapartiesupérieure,etilfallaitleraccommoder."Queltravailgrossier!ditl'aiguille;jamaisjenepourraitraverser:jemebrise,jemebrise.»Eteneffetellesebrisa."Nel'ai-jepasdit?s'écria-t-elle;jesuistropfine.-Ellenevautplusrienmaintenant,»direntlesdoigts.Pourtantilslatenaienttoujours.Lacuisinièreluifitunetêtedecire,ets'enservitpourattachersonfichu."Mevoilàdevenuebroche!ditl'aiguille.Jesavaisbienquej'arriveraisàdegrandshonneurs.Lorsqu'onestquelquechose,onnepeutmanquerdedevenirquelquechose.»Etellesedonnaitunairaussifierquelecocherd'uncarrossed'apparat,etelleregardaitdetouscôtés.(...)Unjour,ellesentitquelquechoseàcôtéd'elle,quelquechosequiavaitunéclatmagnifique,etquel'aiguillepritpourundiamant.C'étaituntessondebouteille.L'aiguilleluiadressalaparole,parcequ'illuisaitetseprésentaitcommeunebroche."Vousêtessansdouteundiamant?-Quelquechosed'approchant.»Etalorschacund'euxfutpersuadéquel'autreétaitd'ungrandprix.Etleurconversationroulaprincipalementsurl'orgueilquirègnedanslemonde.(...)Unjour,desgaminsvinrentfouillerdansleruisseau.Ilscherchaientdevieuxclous,desliardsetautresrichessespareilles.Letravailn'étaitpasragoûtant;maisquevoulez-vous?ilsytrouvaientleurplaisir,etchacunprendlesienoùilletrouve."Oh!la,la!s'écrial'und'euxensepiquantàl'aiguille.Envoilàunegueuse!-Jenesuispasunegueuse;jesuisunedemoiselledistinguée,»ditl'aiguille.»Touslespersonnagesd'Andersen,qu'ilssoienthumains,animaux,végétauxouobjets,sontinvestisd'unevieoùsemêlentjoiesetpeines,tristessesetpeurs.Mais,s'ilssontsoumisauxaléasdudestin,lepoèteleurconfèrel'aptitudededonnerunsensàcequileurarriveetdeseremettreenquestion.ChezCarroll, lapersonnificationestauss iomn iprésente.Citonslesprincipauxanimauxpersonnifiés:unlapin(peureuxetcolérique),unlièvre(fou),unesouris(énorme,

18Merveilleuxetfantastiqueenlittératuresècheetautoritaire),unechatte(douce,maischasseusehorspair),unchat(charmantetmystérieux),unechenille(symboled emétamorphos e),unpigeon(vindicatif), unloir(paresseuxettoujoursendormi)etundodo( bègue) .Certains sontdescaricatur esdepersonnagesréels,commeparexemple:lasourisquiestlacaricaturedeMissPrikett,lagouvernanted'AliceLiddellqui ainspirécerécit,etle dodocell edeCarrolllu i-même.DonnonsleportraitdelachenillebleuequiLachenillebleueévoquel'imaged'unsageenpleineréflexionetquipousseAliceàs'interrogersursonidentité.Deplus,chezCarroll,desnotionsabstraites,telsq ueletemps,sontpersonn ifiées,comm enousl'avo nsvudansl'extraitproposéprécédemment(2.1.2.).Extrait:Aliceaupaysdesmerveilles,Carroll,p.20-21"Ellesedressasurlapointedespieds,et,glissantlesyeuxpar-dessuslebordduchampignon,sesregardsrencontrèrentceuxd'unegrossechenillebleueassiseausommet,lesbrascroisés,fumanttranquillementunelonguepipeturquesansfairelamoindreattentionàelleniàquoiquecefût.(...)LaChenilleetAliceseconsidérèrentuninstantensilence.EnfinlaChenillesortitlehoukadesabouche,etluiadressalaparoled'unevoixendormieettraînante."Q ui êtes-vous?»dit l aChenill e. Cen'était pas làune ma nièreencourageanted'entamerl aconversation.Alicerépondit,unpeuconfuse:"Je-jelesaisàpeinemoi-mêmequantàprésent.Jesaisbiencequej'étaisenmelevantcematin,maisjecroisavoirchangéplusieursfoisdepuis.»"Qu'entendez-vousparlà?»ditlaChenilled'untonsévère."Expliquez-vous.»"Jecrainsbiendenepouvoirpasm'expliquer,»ditAlice,"car,voyez-vous,jenesuisplusmoi-même.»"Jenevoispasdutout,»réponditlaChenille."J'aibienpeurdenepouvoirpasdireleschosesplusclairement,»répliquaAlicefortpoliment;"card'abordjen'ycomprendsrienmoi-même.Grandiretrapetissersisouventenunseuljour,celaembrouilleunpeulesidées.»"Pasdutout,»ditlaChenille."Peut-êtrenevousenêtes-vouspasencoreaperçue,»ditAlice."Maisquandvousdeviendrezchrysalide,carc'estcequivousarrivera,sachez-lebien,etensuitepapillon,jecroisbienquevousvoussentirezunpeudrôle,qu'endites-vous?»"Pasdutout,»ditlaChenille."Vossensationssontpeut-êtredifférentesdesmiennes,»ditAlice."Toutcequejesais,c'estquecelamesembleraitbiendrôleàmoi.»"Àvous!»ditlaChenilled'untondemépris."Quiêtes-vous?»Danslefantastiqueenpoésie,l'anthropomorphisme(VoirClind'oeilN°2),plusgénéralquelapersonnification,esttrèsutilisé.Ilpermet,leplussouvent,aupoète,unetransfigurationmétaphoriqueetfantastiqued'unpaysage,commedansCharleroideVerlaine.Extrait:"Charleroi»,inOEuvrescomplètes,t.1,Verlaine,p.85-86"Dansl'herbenoireLesKoboldsvont.LeventprofondPleure,onveutcroire.Quoidoncsesent?L'avoinesiffle.UnbuissongifleL'oeilaupassant.PlutôtdesbougesQuedesmaisons.QuelshorizonsDeforgesrouges!Onsentdoncquoi?Desgarestonnent,Lesyeuxs'étonnent,OùCharleroi?Parfumssinistres?Qu'est-cequec'est?QuoibruissaitCommedessistres?Sitesbrutaux!Oh!votrehaleine,Sueurhumaine,Crisdesmétaux!Dansl'herbenoireLesKoboldsvont.LeventprofondPleure,onveutcroire.»

19MerveilleuxetfantastiqueenlittératureDanscepoème,lepaysagequisedérouledevantlesyeuxduvoyageur,estprésentécommedotédevie, grâceàl' animationdubuis son,desmétaux, de sgaresetdel'avoine.Cetanthropomorphismetranscritl'angoissedupoète.D'autrepart,laréférenceauxKobolds,êtresmystiquesetlége ndaires,ainsiquelemélangedesépo ques(usinesmo dernesetsistreségyptiennes)donnentaupaysageunedimensionfantastique.2.4.LescréaturesQuecesoit dansleme rveilleuxo udanslefantas tiqueles créaturessontextrêmementnombreuses:créaturesmythologiques(hydre,méduse,minotaure,etc.),créatureshybridesdumondemédiéval(griffons,centaures,etc.),créaturesmerveilleuses(licornes,dragons,etc.),monstres,vamp ires,loupsgarous,meneurs debêtes,morts-vivants,maisaussifantômes,guérisseurs,ogres,Diable,etc.Danslecadredecedossier,nousnouslimiteronsàtroistypesdecréatures:lesêtreshybrides,l'ogreetleDiable.2.4.1.LesêtreshybridesCarrollcomplètesonuniversmerveilleuxenyajoutantdeuxcréatures:leGriffonetlaSimili-tortue.LeGriffon,créaturelégendaire,présentedansdifférentescultures,hybridedel'aigleetdulion,estpeintchétifetcondescendant.Carrollréaliseicilasatiredelalégendedugriffon.QuantàlaSimili-tortue,ils'ag itd'unei nventiondeCarr ollquisemoque descoutumesculinairesdelabourgeoisievictorienne:eneffet,lasoupeàlatortue,symboled'opulence,esttrèsenvogueàl'époque.Ilenfaitunpersonnagebavardetsavant.DansLesTravailleursdelamer,HugoracontelecombatdeGilliattcontreunadversaireétrangequ'ilnevoitpas,maisquienrouleautourdesonbrasdroit,puisdesontorse,deslanièresmuniesdeventouses.Danscetextrait,ilpartd'unepeintureobjectivedelaréalitépouraboutiràun evisionfantastiqued 'un monstre,en communiquantunsentim entd'épouvanteàsonlecteur.Extrait:LesTravailleursdelamer,Hugo,p.242-243"Toutàcoupilsesentitsaisirlebras.Cequ'iléprouvaencemoment,c'estl'horreurindescriptible.Quelquechosequiétaitmince,âpre,plat,glacé,gluantetvivantvenaitdesetordredansl'ombreautourdesonbrasnu.Celaluimontaitverslapoitrine.C'étaitlapressiond'unecourroieetlapousséed'unevrille.Enmoinsd'uneseconde,onnesaitquellespiraleluiavaitenvahilepoignetetlecoudeettouchaitl'épaule.Lapointefouillaitsoussonaisselle.Gilliattserejetaenarrière,maisputàpeineremuer.Ilétaitcommecloué.Desamaingaucherestéelibreilpritsoncouteauqu'ilavaitentresesdents,etdecettemain,tenantlecouteau,s'arc-boutaaurocher,avecuneffortdésespérépourretirersonbras.Ilneréussitqu'àinquiéterunpeulaligature,quiseresserra.Elleétaitsouplecommelecuir,solidecommel'acier,froidecommelanuit.Unedeuxièmelanière,étroiteetaiguë,sortitdelacrevasseduroc.C'étaitcommeunelanguehorsd'unegueule.ElleléchaépouvantablementletorsenudeGilliatt,ettoutàcoups'allongeant,démesuréeetfine,elles'appliquasursapeauetluientouratoutlecorps.Enmêmetemps,unesouffranceinouïe,comparableàrien,soulevaitlesmusclescrispésdeGil liatt.Ilsentaitdans sapeaud esenfoncementsronds,horribl es.Illu isemblaitqued'innombrableslèvres,colléesàsachair,cherchaientàluiboirelesang.Unetroisièmelanièreondoyahorsdurocher,tâtaGilliatt,etluifouettalescôtescommeunecorde.Elles'yfixa.L'angoisse,àsonparoxysme,estmuette,Gilliattnejetaitpasuncri.Ilyavaitassezdejourpourqu'ilpûtvoirlesrepoussantesformesappliquéessurlui.Unequatrièmeligature,celle-cirapidecommeuneflèche,luisautaautourduventreets'yenroula.Impossibledecoupernid'arrachercescourroiesvisqueusesquiadhéraientétroitementaucorpsdeGilliattetparquantitésdepoints.Chacundecespointsétaitunfoyerd'affreuseetbizarredouleur.C'étaitcequ'onéprouveraitsil'onsesentaitavaléàlafoisparunefouledebouchestroppetites.Uncinquièmeallongement

0Merveilleuxetfantastiqueenlittératurejaillitdutro u.Ilsesu perposaauxaut res etvint serepliersurlediaphragmedeG illiatt.Lacompr essions'ajoutaitàl'anxiété;Gillia ttpo uvaitàpeinerespirer.Ceslan ières, pointuesàleurextrémité, allaients'élargissantcommedeslamesd'épéeverslapoignée.Touteslescinqappartenaientévidemmentaumêmecentre.EllesmarchaientetrampaientsurGilliatt.Ilsentaitsedéplacercespressionsobscuresquiluisemblaientêtredesbouches.Brusquementunelargeviscositérondeetplatesortitdedessouslacrevasse.C'étaitlecentre;lescinqlanièress'yrattachaientcommedesrayonsàunmoyeu;ondistinguaitaucôtéopposédecedisqueimmondelecommencementdetroisautrestentacules,restéssousl'enfoncementdurocher.Aumilieudecetteviscositéilyavaitdeuxyeuxquiregardaient.CesyeuxvoyaientGilliatt.Gilliattreconnutlapieuvre.»D'unepieuvredeg randedimension,Hugofin itparen faireunanimalhybri de(hydre,araignéeoucaméléon),voirelareprésentation animalededeuxmal adiesq uesontlescorbutetlagangrène.C'estlamortàl'oeuvredansuncorpsencorevivant.Del'étrangetéinquiétanted'unmonstremou,Hugonousfaitvoirlamonstruosité.Endéformantlaréalitéetenutilisantlesphénomènesdeprojectionetd'identification,ilintroduitlelecteurdansledomainedel'indicibleetdufantastique.2.4.2.L'ogreL'ogreestunmonstre(VoirClind'oeilN°3)imaginaire,àlataillegéante,quivitengénéraldanslesforêts.Ilalaréputationdemangerdelachairhumaine.ChezPerraultlepouvoireffrayantdel'ogreestengénéraldésamorcé.Ilaquelquechosed'humain.C'estainsique,dansLePetitPoucet,l'ogre"nelaissaitpasd'êtrefortbonmari,quoiqu'ilmangeâtlespetitsenfants»(p.25);dansLaBelleauboisdormant,l'ogresseestreine.Deplus,lepouvoirdel'ogreestlimité,puisquemalgrésaforceetsoncaractèreterrible,laruseetl'intelligenceluimanquent.C'estainsiqu'ilestmisfinalementenéchecparpluspetitquelui,dansLePetitPoucet.Extrait:"LePetitPoucet»,inContes,Perrault,p.23-25"L'Ogreavaitseptfilles,quin'étaientencorequedesenfants.(...)Onlesavaitfaitcoucherdebonneheure,etellesétaienttoutesseptdansungrandlit,ayantchacuneunecouronned'orsurlatête.Ilyavaitdanslamêmechambreunautrelitdelamêmegrandeur:cefutdanscelitquelafemmedel'Ogremitcoucherlesseptpetitsgarçons;aprèsquoielleallasecoucherauprèsdesonmari.LepetitPoucet,quiavaitremarquéquelesfillesdel'Ogreavaientdescouronnesd'orsurlatête,etquicraignaitqu'ilneprîtàl'Ogrequelqueremordsdenelesavoirpaségorgésdèslesoirmême,selevaverslemilieudelanuit,etprenantlesbonnetsdesesfrèresetlesien,ilallatoutdoucementlesmettresurlatêtedesseptfillesdel'Ogre,aprèsleuravoirôtéleurscouronnesd'or,qu'ilmitsurlatêtedesesfrèresetsurlasienne,afinquel'Ogrelesprîtpoursesfilles,etsesfillespourlesgarçonsqu'ilvoulaitégorger.Lachoseréussitcommeill'avaitpensé;carl'Ogre,s'étantéveillésurleminuit,eutregretd'avoirdifféréaulendemaincequ'ilpouvaitexécuterlaveille.Ilsejetadoncbrusquementhorsdulit,etprenantsongrandcouteau:"Allonsvoir,dit-il,commentseportentnospetitsdrôles;n'enfaisonspasàdeuxfois.»Ilmo ntadoncàtâtons àlachambrede sesf illes,ets'approchadulitoùétaient lespeti tsgarçons,q uidormaienttous,exceptélepetitPoucet,quieutbienpeurlorsqu'ilsentitlamaindel'Ogrequiluitâtaitlatête,commeilavaittâtécelledetoussesfrères.L'Ogre,quisentitlescouronnesd'or:"Vraiment,dit-il,j'allaisfairelàunbelouvrage;jevoisbienquejebustrophierausoir.»Ilallaensuiteaulitdesesfilles,oùayantsentilespetitsbonnetsdesgarçons:"Ah!lesvoilà,dit-il,nosgaillards;travaillonshardiment.»Endisantcesmots,ilcoupa,sansbalancer,lagorgeàsesseptfilles.Fortcontentdecetteexpédition,ilallaserecoucherauprèsdesafemme.AussitôtquelepetitPoucetentenditronflerl'Ogre,ilréveillasesfrères,etleurditdes'habillerpromptementetdelesuivre.Ilsdescendirentdoucementdanslejardin,etsautèrentpar-dessuslesmurailles.Ilscoururentpresquetoutelanuit,toujoursentremblant,etsanssavoiroùilsallaient.

1MerveilleuxetfantastiqueenlittératureL'Ogre,s'étantéveillé,ditàsafemme:"Va-t'enlà-hauthabillercespetitsdrôlesd'hiersoir.»L'Ogressefutfortétonnéedelabontédesonmari,nesedoutantpointdelamanièrequ'ilentendaitqu'elleleshabillât,etcroyantqu'illuiordonnaitdelesallervêtir.Ellemontaenhaut,oùellefutbiensurpriselorsqu'elleaperçutsesseptfilleségorgéesetnageantdansleursang.Ellecommençapars'évanouir(carc'estlepremierexpédientquetrouventpresquetouteslesfemmesenpareillesrencontres).L'Ogre,craignantquesafemmenefûttroplongtempsàfairelabesognedontill'avaitchargée,montaenhautpourluiaider.Ilnefutpasmoinsétonnéquesafemmelorsqu'ilvitcetaffreuxspectacle."Ah!qu'ai-jefaitlà!s'écria-t-il.Ilsmelepayeront,lesmalheureux,ettoutàl'heure.»2.5.LamétamorphoseVolontairesouinvolontaires,lesmétamorphoses(VoirClind'oeilN°4)occupentuneplacedechoixdanslesréc itsmerveille ux.Lesper sonnageshumainspeu ventêtrechangésenanimaux,enobjets,oubienencréaturessurnaturelles,tandisquelesanimauxouêtressurnaturelspeuventprendreformehumaine.Lamétamorphoseestunétatpermanentetirréversible.Danslaplupartdesrécitsmerveilleux,cesontlesféesoulessorcièresquiontlepouvoirdemétamorphose r.Leplu ssouvent,unprotagonisteestchangéenani malparpunition.Parmilesmétamorp hosesvolon taires,citonslecasdelapetitesirène dansleconted'Andersen.Contrairementàsessoeurs,elleestattiréeparlemondedeshommes.Lavisiond'unjeuneprince,autraversd'unhublotdebateau,fonctionnecommeuncatalyseur.Apartirdecemoment-là,ellen'aspireplusqu'àvivreparmileshommes.Aussi,va-t-ellefaireunpacteave clasorcièr edesmerse taccepte rdesacrifiersabell evoixcontreune apparencehumaineentière,avecdeuxjambesaulieud'unequeue.Pourcelasalanguevaêtresectionnée.Deplus,chaquepasqu'ellevaeffectuerseraaccompagnédedouleur.Extrait:"LaPetiteSirène»,inContes,Andersen,p.114-116"Jevaistepréparerunélixirquetuemporterasàterreavantlepointdujour.Assieds-toisurlacôte,etbois-le.Aussitôtlaqueueserétréciraetsepartageraencequeleshommesappellentdeuxbellesjambes.Maisjetepréviensquecelateferasouffrircommesil'ontecoupaitavecuneépéetranchante.Toutlemondeadmireratabeauté,tuconserverastamarchelégèreetgracieuse,maischacundetespastecauseraautantdedouleurquesitumarchaissurdespointesd'épingle,etferacoulertonsang.Situveuxendurertoutescessouffrances,jeconsensàt'aider.-Jelessupporterai!ditlasirèned'unevoixtremblante,enpensantauprinceetàl'âmeimmortelle.-Maissouviens-toi,continualasorcière,qu'unefoischangéeenêtrehumain,jamaistunepourrasredevenirsirène!Jamaistunereverraslechâteaudetonpère;etsileprince,oubliantsonpèreetsamère,nes'attachepasàtoidetoutsoncoeuretdetoutesonâme,ous'ilneveutpasfairebénirvotreunionparunprêtre,tun'aurasjamaisuneâmeimmortelle.Lejouroùilépouserauneautrefemme,toncoeursebrisera,ettuneserasplusqu'unpeud'écumesurlacimedesvagues.-J'yconsens,ditlaprincesse,pâlecommelamort.-Encecas,poursuivitlasorcière,ilfautaussiquetumepayes;etjenedemandepaspeudechose.Tavoixestlaplusbelleparmicellesdufonddelamer,tupensesavecelleenchanterleprince,maisc'estprécisémentlavoixquej'exigeenpayement.Jeveuxcequetuasdeplusbeauenéchangedemonprécieuxélixir;car,pourlerendrebienefficace,jedoisyversermonpropresang.-Maissituprendsmavoix,demandalapetitesirène,quemerestera-t-il?-Tacharmantefigure,réponditlasorcière,tamarchelégèreetgracieuse,ettesyeuxexpressifs:celasuffitpourentortillerlecoeurd'unhomme.Allons!ducourage!Tiretalangue,quejelacoupe,puisjetedonnerail'élixir.-Soit!»réponditlaprincesse,etlasorcièreluicoupalalangue.Lapauvreenfantrestamuette.Là-dessus,lasorcièremitsonchaudronsurlefeupourfairebouillirlaboissonmagique.

Merveilleuxetfantastiqueenlittérature(...)"Ceconseilétaitinutile;carlespolypes,enapercevantl'élixirquiluisaitdanslamaindelaprincessecommeuneétoile,reculèrenteffrayésdevantelle.Ainsielletraversalaforêtetlestourbillonsmugissants.Quandellearrivaauchâteaudesonpère,leslumièresdelagrandesallededanseétaientéteintes;toutlemondedormaitsansdoute,maisellen'osapasentrer.Ellenepouvaitplusleurparler,etbientôtelleallaitlesquitterpourjamais.Illuisemblaitquesoncoeursebrisaitdechagrin.Elleseglissaensuitedanslejardin,cueillitunefleurdechaqueparterredesessoeurs,envoyaduboutdesdoigtsmillebaisersauchâteau,etmontaàlasurfacedelamer.Lesoleilnes'étaitpasencorelevélorsqu'ellevitlechâteauduprince.Elles'assitsurlacôteetbutl'élixir;cefutcommesiuneépéeaffiléeluitraversaitlecorps;elles'évanouitetrestacommemorte.Lesoleilbrillaitdéjàsurlamerlorsqu'elleseréveilla,éprouvantunedouleurcuisante.Maisenfaced'elleétaitlebeauprince,quiattachaitsurellesesyeuxnoirs.Lapetitesirènebaissalessiens,etalorsellevitquesaqueuedepoissonavaitdisparu,etquedeuxjambesblanchesetgracieuseslaremplaçaient.Leprinceluidemandaquielleétaitetd'oùellevenait;elleleregardad'unairdouxetaffligé,sanspouvoirdireunmot.Puislejeunehommelapritparlamainetlaconduisitauchâteau.Chaquepas,commeavaitditlasorcière,luicausaitdesdouleursatroces;cependant,aubrasduprince,ellemontal'escalierdemarbre,légèrecommeunebulledesavon,ettoutlemondeadmirasamarchegracieuse.Onlarevêtitdesoieetdemousseline,sanspouvoirassezadmirersabeauté;maisellerestaittoujoursmuette.Desesclaveshabilléesdesoieetd'or,chantaientdevantleprincelesexploitsdesesancêtres;elleschantaientbien,etleprincelesapplaudissaitensouriantàlajeunefille."S'ilsavait,pensa-t-elle,quepourluij'aisacrifiéunevoixplusbelleencore!»Malheureusement,cettemétamorphoseneluipermetpasd'épouserleprince.Refusantdeletuer,alorsqu'ilvaenépouseruneautre,elleserarécompenséeendevenantunefilledesairset,autermedetroiscentans,ellepossèderauneâmeéternelle.Danslefantastique,lamétamorphosed'unêtrehumainoud'unanimalesttrèsutilisée.Ellefaitbasculerlerécitd'ununiversréalisteàununiversétrangeoùlesrepèresentreleréeletl'imaginairedeviennentflous.2.6.LepacteavecleDiableDenombreuxrécitsfantastiquessecaractérisentparlaprésenceduDiable(dumoinsdefaçonallégorique)etd'unpactescelléentreluietl'undespersonnages.DansLesDiaboliquesdeBarbeyd'Aurevilly,riendetoutcela.LeDiableestprivéd'aspectmatériel.Ilestpartoutetnul lepart, etdece faitbienplusr edoutabl e.Eneffet,pour l'auteur,quicroitàl'existenceduDiable,l'âmehumaineestlethéâtrequotidiend'unelutteacharnéeetsansissueentreleBienetleMal.Pourlui,touslesêtreshumainssont,àdesdegrésdifférents,possédésparleDiable.Sonoeuvrelittéraire,quipuisedansleslégendesdupaysnormandsoubiendanssonimaginationexacerbée,mêlelesurnaturelàlaviequotidiennedelafictionetfaitnaître l'inquié tudec hezlelecteur.Eneff et,ell eestuntriomphedel'ambiguïtéetfaitoscillerlelecteurentredeuxinterprétationspossibles:unerationnelleetbanale(sespersonnagessontpresquetousdesnévrosés),l'autreexplicableparl'inex plicable(ilssontpossédésparleDiable). Parmilessixp ortraitsdefe mmesdiaboliques,retenonsplusparticulièrementceluideHauteclaireStassinl'héroïnedeUnBonheurdanslecrime.PourleshabitantsdeV.,celle-ciresteenveloppéedemystère:sonvisageestcachéparsonmasqued'escrimelasemaineetparunvoilenoirledimanche.AmoureusedujeuneComtedeSav igny,qui s'estmariéavecDe lphinedeCantor ,elledisparaîtunjoursansexplication.Appeléauchevetdelacomtesse,lemédecindelaville,lareconnaîtenlapersonned'Eulalielafemmedechambredecelle-ci.Enfait,HauteclairevitavecleComtesouslepropretoidelaComtessequines'aperçoitderienjusqu'aujour,oùellemeurt,empoisonnée.EllefinitpardevenirComtessedeSavigny.

Merveilleuxetfantastiqueenlittérature-Ehbien,répliquatranquillementlepetithomme,aimes-tumieuxquecettelames'aiguiseicisurunvivant?-Oh!permettez-moidesuppliervotrecourtoisie...Commentvotreexcellencepeut-elleprofaner?...Votregrâce...Seigneur,votreséréniténevoudrapas...-Finiras-tu?ai-jebesoindetouscestitres,squelettevivant,pourcroireàtonprofondrespectpourmonsabre?-ParsaintWaldemar,parsaintUsuph,aunomdesaintHospice,épargnezunmort!-Aide-moi,etneparlepasdessaintsaudiable.-Seigneur,poursuivitlesuppliantSpiagudry,parvotreillustreaïeulsaintIngolphe!...-Ingolphel'Exterminateurétaitunréprouvécommemoi.-Aunomduciel,ditlevieillardenseprosternant,c'estcetteréprobationquejeveuxvouséviter.L'impatiencetransportalepetithomme.Sesyeuxgrisetternesbrillèrentcommedeuxcharbonsardents.-Aide-moi!répéta-t-ilenagitantsonsabre.Cesdeuxmotsfurentprononcésdelavoixdontlesprononceraitunlion,s'ilparlait.Leconcierge,tremblantetàdemimort,s'assitsurlapierrenoire,etsoutintdesesmainslatêtefroideethumidedeGill,tandisquelepetithomme,àl'aidedesonpoignardetdesonsabre,enlevaitlecrâneavecunedextéritésingulière.Quandcetteopérationfutterminée,ilconsidéraquelquetempslecrânesanglant,enproférantdesparolesétranges;puisilleremitàSpiagudrypourqu'illedépouillâtetlelavât,etditenpoussantuneespècedehurlement:-Etmoi,jen'auraipasenmourantlaconsolationdepenserqu'unhéritierdel'âmed'Ingolpheboiradansmoncrânelesangdeshommesetl'eaudesmers.»DansBug-Jargal,Hugofaitappelàtouteladémonologiehaïtienne,dontl'extraitsuivantenprésenteunepartie.Extrait:Bug-Jargal,Hugo,p.61-63"Jen'aijamaisvuuneréuniondefiguresplusdiversementhorriblesquenel'étaientdansleurfureurtouscesvisagesnoirsavecleursdentsblanchesetleursyeuxblancstraversésdegrossesveinessanglantes.Ellesm'allaientdéchirer.Lavieilleàlaplumedehéronfitunsigne,etcriaàplusieursreprises:Zotécordé!zotécordé†!Lesforcenéess'arrêtèrentsubitement,etjelesvis,nonsanssurprise,détachertoutesensembleleurtablierdeplumes,lesjetersurl'herbe,etcommencerautourdemoicettedanselascivequelesnoirsappellentlachica.Cettedanse,dontlesattitudesgrotesquesetlavivealluren'exprimentqueleplaisiretlagaieté,empruntaiticidediversescirconstancesaccessoiresuncaractèresinistre.Lesregardsfoudroyantsquemelançaientlesgriotesaumilieudeleursfolâtresévolutions,l'accentlugubrequ'ellesdonnaientàl'airjoyeuxdelachica,legémissementaiguetprolongéquelavénérableprésidentedusanhédrinnoirarrachaitdetempsentempsàsonbalafo,espèced'épinettequimurmurecommeunpetitorgue,etsecomposed'unevingtainedetquotesdbs_dbs45.pdfusesText_45

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