[PDF] La Leçon de piano de Jane Campion — Dossier enseignant





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Le pianiste (2002) de Roman Polanski : survivre et exister par la

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La Leçon de piano de Jane Campion — Dossier enseignant

Au cinéma comme le rappelle Laurent Jullier dans. L'Analyse de séquence



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Dans le très beau géné- rique d'ouverture du film j'ai écrit avec Anthony une ber- ceuse qui résume un peu ce qui va se produire. Et le thème musical principal 



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Résumé Commentaires

24 oct. 2012 vont féliciter le pianiste heureux et fiers comme des parents : le jeune homme était l'élève d'Anne. Titre original : Amour. Film long ...



Le Pianiste de roman polanski raconte une histoire vraie. pourtant

pourtant la vérité de ce film n'est pas dans son réalisme. elle rejoint



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Quelle est la durée du film le pianiste ?

Le Pianiste - film - 2002 - Résumé, critiques, casting. Le Pianiste est un drame de 2002 , d'une durée de 149 minutes réalisé par Roman Polanski . Varsovie, au mois d’octobre 1939. Un jeune pianiste juif, Wladyslaw Szpilman, est enfermé dans le ghetto avec sa famille.

Quels sont les thèmes de l’affiche du pianiste?

Lycée Marie Curie Première S3 Le Pianiste Analyse de l’affiche: R éalisée d’après une photographie de Pawel Edelman, l’affiche française du Pianiste nous montre les deux aspects du film : la musique et la guerre. Ces deux éléments sont les principaux thèmes évoqués qui lient le personnage principal à l’homme qui va lui sauver la vie.

Comment s’identifier à un pianiste en temps de guerre ?

Le pianiste dans le coin de la pièce du restaurant. On peut s’identifier à lui plus facilement. En temps de guerre, beaucoup pourraient faire comme lui. C’est à dire : faire ce que l’on peut. C’est pour cela qu’on lui préfère des figures plus emblématiques ou romanesques. On oublie cependant que sa performance n’en est pas moins héroïque.

Qui est le pianiste de la radio polonaise ?

W. Szpilman est alors le pianiste officiel de la Radio polonaise et une figure connue du milieu culturel polonais. Lorsque les nazis s'emparent de la ville, ils suppriment progressivement les droits des Juifs, puis les parquent dans le ghetto créé pour les regrouper en vue de leur extermination.

La Leçon de piano de Jane Campion — Dossier enseignant 1

LYCÉENS ET APPRENTIS AU CINÉMA

192

LA LEÇON DE PIANO

dossier enseignant

Un film de Jane Campion

2 Réd actrice du dossier

Mélanie Boissonneau est

enseignante-chercheuse en cinéma et audiovisuel. Elle s'intéresse particulièrement aux questions de genre et de représentations des corps et intervient régulièrement dans les classes et lors de formations professionnelles sur ces sujets (Forum des images,

Lycéens et apprentis au cinéma

universités, CNC). Elle a publié

Pin-up au temps du pré-Code

(1930-1934) (LettMotif, 2019) et

Héroïnes ! (coécrit avec Laurent

Jullier, Larousse, 2020).

? Réd acteurs en chef

Camille Pollas et Maxime Werner

sont respectivement responsable et coordinateur éditorial des

éditions Capricci, spécialisées dans

les livres de cinéma (entretiens, essais critiques, journalisme et documents) et les DVD.

Fiche technique ?

Réalisatrice ?

Une cinéaste trop modeste ?

Genèse ?

Un projet ancien

Avant-séance ?

Voir

La Leçon de piano

après #MeToo

Découpage narratif ?

Récit ?

De l'ombre à la lumière

Mise en scène ?

Brouiller les pistes

Séquence ??

Faux-semblants

Casting ??

Jouer avec les acteurs

Motif ??

Le piano

Thème ??

Jane Campion, portraitiste

Document ??

Un piano qui résonne

Couverture

Collection Christophel © CiBy 2000 / Jan Chapman Productions 1 Synopsis Au milieu du XIX siècle, Ada, une jeune femme muette, et sa fille Flora quittent leur Écosse natale pour la Nouvelle- Zélande, où Ada doit épouser un homme choisi par son père. Stewart, le futur mari, et Baines, un homme proche de la communauté maorie, les récupèrent sur la plage où elles ont passé la nuit. Stewart décide d'abandonner l'en- combrant piano de sa femme auquel celle-ci est pourtant profondément attachée. Baines propose donc à Stewart de le racheter, avant de passer un autre marché avec Ada : elle récupèrera son piano touche par touche, en échange de ses visites et de l'assouvissement de ses fantasmes. Une étrange relation entre les trois personnages se met alors en place, rythmée par les leçons de piano durant lesquelles Baines se montre de plus en plus entreprenant. Stewart, de son côté, peine à comprendre son épouse muette et cherche conseil parmi les femmes de la communauté des colons. Le caractère malsain du troc qu'il a lui-même proposé pousse Baines à rendre le piano à sa propriétaire légitime. C'est alors qu'Ada, lors d'une ultime visite, exprime son désir à Baines. Ils deviennent amants, épiés par Stewart. Pour empêcher ces rencontres érotiques, Stewart cloître Ada et Flora dans sa maison. Pourtant, Ada essaie de contac- ter Baines, par l'intermédiaire d'un message d'amour gravé sur une touche du piano. Flora, chargée de faire parvenir l'objet à Baines, prévient Stewart de la trahison de sa mère. Fou de rage, ce dernier mutile Ada en lui coupant un doigt, avant de réaliser qu'il ne peut s'opposer à la volonté de son épouse. Stewart accepte donc de laisser partir Ada et son amant. Le voyage du retour est le lieu d'un ultime choix pour Ada : cel ui de la vie, plutôt que la mort, attachée à son piano qui coule au fond de l'eau. Générique

LA LEÇON DE PIANO

Nouvelle-Zélande, Australie, France | 1993 | 2 h Fiche technique

© Carlotta Films

Scénario et réalisation

Jane Campion

Directeur de la photographie

Stuart Dryburgh

Musique

Michael Nyman

Direction artistique

Gregory Keen

Décors

Andrew McAlpine

Costumes

Janet Patterson

Montage

Veronika Jenet

Producteurs

Jan Chapman, Alain Depardieu

(producteur exécutif),

Mark Turnbull (producteur

associé)

Production

New South Wales Film

& Television Office,

Jan Chapman Productions,

Ciby 2000, Australian Film

Commission

Distribution (France)

Bac Films

Format

1.85:1, couleur, 35 mm

Sortie

19 mai 1993 (France)

5 août 1993 (Australie)

11 février 1994 (États-Unis)Interprétation Holly Hunter

Ada McGrath

Harvey Keitel

George Baines

Sam Neill

Alisdair Stewart

Anna Paquin

Fl ora McGrath

Kerry Walker

Aun t Morag

Genevieve Lemon

Nessie

2

Réalisatrice

Une cinéaste trop modeste ?

Jane Campion est née à Wellington, en Nouvelle- Zélande, en 1954. Après des études d'anthropologie, elle débute une carrière artistique en s'essayant à la peinture et au théâtre, et commence à réaliser des courts métrages au début des années 1980. Son premier film,

An Exercice in

Discipline -

Peel, réalisé en 1982, remporte la Palme d'or du meilleur court métrage au Festival de Cannes. Jane Campion entretient avec la France et avec le Festival de Cannes des rapports particuliers. C'est en effet grâce à Pierre Rissient (cinéaste cinéphile et " tête chercheuse » pour les festivals internationaux) qu'elle réussit ce que peu de cinéastes australiens ou néo-zélandais ont effectué jusque-là, le pari de l'exportation [Encadré : " Le cinéma en Nouvelle-Zélande »]. À Cannes, elle recevra donc une deu- xième Palme d'or en 1993 pour La Leçon de piano, et pré- sidera le jury de la 67 e

édition du festival en 2014. Si une

dizaine de femmes ont également eu cet honneur, Jane Campion n'est que la deuxième réalisatrice à occuper cette place (la première, Liv Ullmann, étant surtout célèbre pour son travail d'actrice) ! Une cinéaste à la frontière Les films et la carrière de Jane Campion sont très dif- ficiles à catégoriser, tant la cinéaste oscille toujours, aussi bien dans l'esthétique de ses films que dans leur réception, entre plusieurs positions. Tout en adoptant une narration relativement classique, elle distille en effet dans ses films des touches plus expérimentales. Dana Polan exprime elle aussi cet aspect insaisissable de l'œuvre de la réalisatrice 1 en insistant par exemple sur le contraste entre le sujet réa- liste de Sweetie (l'histoire de deux sœurs vivant en banlieue) et le traitement plastique du sujet (avec de nombreux déca drages, des choix de mise en scène lui valant une compa- raison récurrente à David Lynch). La dimension expérimen- tale des films est toutefois contrebalancée par leurs succès en salle. Ainsi, Jane Campion fait le pont entre un cinéma très plastique, très stylisé, et une œuvre grand public, riche de thématiques universelles (l'amour, la croyance, le bon- heur, la sororité...). Le personnage féminin comme média- teur du regard fait toutefois la spécificité et la cohérence de l'œuvre, au-delà des changements d'époques et de lieux (de l'Angleterre de John Keats dans

Bright Star au New York de

2003 dans

In the Cut, en passant par le désert australien de

Holy Smoke

), des choix esthétiques (cadrages/décadrages stylisés des premiers films ou classicisme de surface de La Leçon de piano) ou des formats (courts ou longs métrages, série télévisée avec

Top of the Lake

Une palmée terrienne La carrière de Jane Campion est en elle-même remar- quable, et atypique. Elle est en effet encore à ce jour la seule femme à avoir reçu une Palme d'or, qu'elle dut par- tager avec le réalisateur Chen Kaige pour Adieu ma concu- bine . Loin de se laisser griser par le succès et les prix, Jane Campion refuse les offres hollywoodiennes, et s'autorise à prendre son temps entre deux films, pour élever sa fille (qu'elle emmène sur tous les plateaux, avant de se consacrer à son éducation entre In the Cut [2003] et Bright Star [2009]) ou pour chercher l'inspiration. Cette attitude très " terrienne » et modeste de la réalisa- trice la prive sans doute du label " cinéaste culte », souvent fruit d'une savante co-construction entre la critique et les réalisateurs. Lorsqu'un réalisateur joue sur un trait de son caractère, en renforçant ses côtés psychotiques, ou antipa-

thiques,?il participe à la perpétuation du mythe du génie fou (d'Orson Welles à Lars von Trier). Le pragmatisme et la

modestie de Jane Campion ne la rangent pas du côté des génies. Ainsi, lorsqu'elle remporte cette fameuse Palme, elle est enceinte de plus de huit mois, et bien que ravie d'être à Cannes, elle exprime surtout son bonheur de deve nir mère pour la première fois : " Je suis très préoccupée par ma maternité — c'est un moment tellement important dans ma vie », répond-elle malicie usement à un journaliste qui lui demande ce qu'elle va bien pouvoir faire après son prix. Esprit de famille De plus, un autre élément l'éloigne des considérations auteuristes : son héritage familial théâtral, avec un père directeur de théâtre et une mère actrice, a profondément influencé sa conception du travail. D'une part, la cinéaste ne cesse de décrire ses films comme le fruit d'une concep- tion artisanale, qui la pousse à chercher, à s'entraîner, à répéter. D'autre part, elle privilégie l'esprit de groupe. Loin des planches de théâtre de son enfance, la cinéaste a su créer autour d'elle une véritable troupe, avec la costumière Janet Patterson, la productrice Jan Chapman, le scénariste Gerard Lee et de nombreuses actrices récurrentes, notam- ment Geneviève Lemon, depuis Sweetie [Casting], Holly

Hunter ou Nicole Kidman.

Collection Christophel © Pathé Renn Productions / Screen Australia

1 Dana Polan, Jane Campion, London, BFI Publishing, 2001, p. 12.

3

Genèse

Un projet ancien

Après ses études de cinéma, Jane Campion a l'idée de deux films de fiction. Le premier, Ebb, penche du côté de la science-fiction et du fantastique et ne verra jamais le jour. Le second est une histoire d'amour se déroulant dans les paysages néo-zélandais de son enfance : ce sera La Leçon de piano . Se définissant comme une " pakeha de Nouvelle- Zélande », c'est-à-dire comme Néo-Zélandaise d'origine européenne ou anglo-saxonne, Jane Campion souhai- tait également explorer son héritage culturel et interro- ger ses ancêtres colons, débarqués sur les plages, comme Ada, Stewart et Baines. Les bases du film sont ainsi posées dès 1984, avant même que la cinéaste tourne ses premiers longs métrages. Dès le départ, le projet est ambitieux et doit mettre en scène aussi bien le triangle amoureux qu'un décor naturel grandiose, à la fois écrin du récit et personnage à part entière. Cette envie d'un film épique est alors freinée par sa trop jeune expérience en tant que metteuse en scène et par un manque de budget qui ne lui permettrait pas de rendre justice à ces paysages somptueux. Le scénario est donc mis de côté. Mais la rencontre avec Pierre Rissient et la projection triomphale de ses courts métrages au Festival de Cannes [Réalisatrice] vont lui permettre de se rendre compte qu'un public, en dehors de l'Australie, est " prêt à entendre sa voix, sans avoir à l'altérer ». Après les longs métrages Two

Friends

, Sweetie et Un ange à ma table, Jane Campion, épaulée par sa productrice Jan Chapman et le scénariste Billy MacKinnon, reprend donc son histoire d'amour ryth mée par des leçons de piano, en approfondissant la psycho- logie des personnages, et en en modifiant la fin, qu'elle juge alors " trop traditionnelle ». Introduire la nuance ? Dans la première version de La Leçon de piano, l'his- toire devait se résoudre dans la violence, par l'assassinat de Stewart par Baines. Sans adoucir complètement son pro- pos, la version finale du scénario apporte nuance et profon- deur à tous les personnages. Ainsi, Stewart n'est plus seu lement le mari brutal qui cherche à enfermer sa femme, il devient aussi un objet sexuel pour Ada, tout autant qu'un homme amoureux et frustré. En rendant Stewart plus vulné- rable, les rapports entre les personnages se complexifient et participent à l'élaboration d'un film ambigu, autorisant de multiples lectures. Ce nouveau scénario en main, Jan Chapman et Jane Campion se mettent en quête de financements, qu'elles trouvent finalement en France (via Ciby 2000) et en Australie (New South Wales Film & Television Office, Jan Chapman

Productions, Australian Film Commission).

L'ambition esthétique du film et sa coproduction interna tionale nécessitent dès lors un casting international à la hau- teur de l'enjeu [Casting] Le film de la révélation critique et publique Lorsque le film est présenté à Cannes en 1993, la critique s'enflamme et l'encense unanimement : " Embrasse la per- fection à pleine bouche... tout est supérieur à ce que les mots peuvent dire » (Le Nouvel Observateur, 20/05/1993), " un vrai chef-d'œuvre... le contraire d'une histoire à l'eau de rose... réinvente un langage cinématographique, à la fois traditionnel et neuf... » (Le Nouvel Observateur, 13/05/1993), " parf aite unanimité, sentiment d'être en présence d'une œuvre majeure, totalement réussie, magistrale...?dans la veine romantique des Hauts de Hurlevent

» (Le Journal du

dimanche , 16/05/1993). La Leçon de piano est alors le film le plus enthousiasmant d'une jeune réalisatrice peu connue, mais déjà remarquée à Cannes. Il devient vite un phénomène, cumulant les prix exceptionnels (première et unique Palme d'or à ce jour pour une femme et pour un film néo-zélandais) et succès public avec presque 3 millions d'entrées en France et plus de 40 millions de dollars au box-office américain. La rançon du succès Il est intéressant de constater que la réception cri- tique va évoluer : une fois le film devenu un véritable suc- cès populaire, raflant 3 oscars (pour 8 nominations) et le césar du Meilleur film étranger en 1994, il tombe en sou- daine disgrâce pour une grande partie des critiques fran

çais. Ainsi, on a pu lire, à propos

de Portrait de femme, qu'il raconte " une histoir e infiniment plus subtile que La Leçon de piano » (Le Monde,

19/12/1996) et que Jane Campion " fut

la réalisatrice remarquable de Sweetie et d'

Un ange à ma table, puis la réalisa-

trice remarquée de

La Leçon de piano »

(Libération, 18/12/1996). " C'est l ui qui m'a donné ma chance, qui a rendu ma carrière possible »

Jane Campion à propos de Pierre Rissient

Collection Christophel © CiBy 2000 / Jan Chapman Productions 4

Avant-séance

Voir

La Leçon de

piano après #MeToo

La Leçon de piano n'est pas un film

" facile », car il ne dit pas t out, et laisse la place à des interprétations parfois contradictoires. Surtout, il résonne différemment en chaque spectateur, en fonction de l'époque, du contexte, ou même du moment de sa vie où on le voit ou le revoit. Plus que d'autres

œuvres, parce qu'il parle de l'intime

et qu'il prend le parti de l'ambiguïté,

La Leçon de piano

connaît, depuis

1993, une réception en perpétuelle

évolution.

En plus de ses qualités esthétiques, la critique et le public ont majoritairement vu dans le film le portrait d'une femme forte, qui se réapproprie son corps et son désir. Certains journalistes le qualifient même de féministe, construisant une héroïne " libre », qui " survit », " hors de tout rapport de domination » (Françoise Audé, Positif, mai 1993). Nulle part, en France, on ne trouve trace d'une récep- tion négative, qui proposerait une autre interprétation que celle d'un récit épique porté par une héroïne dont les élans passionnés en font l'héritière de Kathy dans les

Hauts de

Hurlevent d'Emily Brontë. Seul un journaliste de L'Humanité prévient, au détour d'un article dithyrambique après la pro- jection cannoise, que le film " fera sortir de ses gonds le spectateur le plus placide ». Mais c'est bien outre-Atlantique, du côté des médias féministes, que l'on voit poindre d'autres lectures du film. bell hooks (les minuscules respectent la volonté de l'au- trice), intellectuelle afroféministe, interprète dès 1994 (dans

Z Magazine

) le film comme raciste et sexiste, érotisant la domination masculine. La même année, le magazine fémi- niste On the Issues publie deux articles répondant (de façon contradictoire) à la question " La Leçon de piano est-il un film féministe ? ». Il faudra attendre plus de 30 ans pour que ces questionnements émergent en France, toujours en dehors de la critique cinématographique traditionnelle. Citons notamment, en 2015, Julie G. (pour le site Le cinéma est politique), qui s'inscrit dans la continuité de hooks, avec son article intitulé?" La Leçon de piano :? Comment tom - ber amoureuse de son agresseur sexuel ».?Plus récemment encore, fin 2020, Louise Martos, pour le webzine du Celsa, explique la façon dont l'évolution de la société a influencé sa perception du film. Aujourd'hui, dans le contexte post #MeToo qui encou- rage la prise de parole des victimes d'agressions sexuelles, dénonce la culture du viol et pose explicitement la ques- tion du consentement, La Leçon de piano peut susciter des débats, et même du rejet. L'expérience des projections en salle montre que l'absence d'explication des compor- tements de son héroïne et la liberté interprétative qui en découle perturbent de plus en plus les spectateurs, déstabi- lisés par l'ambiguïté du film. Bien plus que le désir féminin, c'est le chantage sexuel exercé par les deux personnages masculins qui provoque le plus de réactions, quel que soit l'âge des spectateurs ! Dans le contexte d'un visionnage sco- laire, il paraît certain que le film suscitera de vifs débats, qui résonneront avec l'évolution de la société et les probléma tiques des lycéens. Ces échanges pourront être considérés comme l'expression de notre droit, et de notre pouvoir, en tant que spectateurs, d'interpréter et de vivre les films dif- féremment. Ces interprétations vives et conflictuelles sont également la marque d'un film qui laisse de la place au spec- tateur, et à son intelligence ! Filmer le désir f éminin

Bien avant la popularisation du terme " female

gaze », ce " reg ard qui nous fait ressentir l'expérience d'un corps féminin à l'écran », par le récent ouvrage d'Iris Brey (Le Regard féminin, une révolution à l'écran , L'Olivier, 2020), les cinéastes (souvent des femmes, mais pas seulement) se sont interrogés sur les moyens de montrer et de faire ressentir aux spec- tateurs le désir féminin. En 2000, Marie Mandy (dans le documentaire

Filmer le désir, voyage à travers le

cinéma des femmes) explorait la représentation du désir féminin au cinéma en rencontrant des femmes cinéastes du monde entier, de Jane Campion à Sally Potter en passant par Agnès Varda. Bien que très dif- férentes, ces réalisatrices relèvent unanimement une vision médiatique du corps et de la sexualité fémi- nine modelés par un désir essentiellement masculin. La plupart, qu'elles se définissent ou non comme féministes, décrivent leur travail de cinéaste comme un moyen de bouleverser ces normes dominantes. Agnès Varda propose ainsi de montrer les corps en entier, plutôt que morcelés, tandis que Catherine

Breillat veut filmer le corps des hommes comme

des objets de désir et inventer " l'homme fatal ». La réalisatrice indienne Deepah Mehta s'impose quant à elle une éthique dès le tournage, en n'exploitant pas le corps des comédiens. Filmer le désir fémi- nin est donc souvent un acte politique. Même (sur- tout ?) dans l'ind ustrie du X, où des femmes (Erika Lust, Ovidie, Olympe de G., Annie Sprinkle, Candida Royalle...) militent pour une pornographie féministe, qui passe par une mise en valeur du désir et du plaisir des femmes et des minorités sexuelles. " Re voir mes films, c'est comme déterrer des os enfouis. [...] Je me suis dit, mon Dieu, voici un film raconté d'un point de vue féminin et c'est encore si rare de nos jours »

Jane Campion

5 ? LE DÉP ART

00:0 0:00 ? 00:04:36

Ada se présente. Elle évoque son

futur mariage en Nouvelle-Zélandequotesdbs_dbs33.pdfusesText_39
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