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Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP)

Observatoire de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative 01 70 98 94 00www.injep.fr

RAPPORT D"ÉTUDEINJEP NOTES & RAPPORTS

Quand le sport (dés)oriente

les parcours des jeunes

Magali DANNER, Carine

fr-FRÉRARD, Christine GUÉGNARD, avec la participation de Julien BERTHAUD, IREDU, centre associé au CEREQ, université Bourgogne

Franche-Comté

AUTEUR∑E∑S

Février 2020

INJEPR-2020/04

Février 2020

INJEPR-2020/04

INJEP NOTES & RAPPORTSRAPPORT D"ÉTUDE

Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP), service à compétence nationale/DJEPVA

95 avenue de France • 75650 Paris cedex 13 01 70 98 94 00www.injep.fr

INJEPR-2020/04

Magali

DANNER

, Carine

ÉRARD

, Christine

GUÉGNARD

Quand le sport (dés)oriente les parcours des jeunes QUAND LE SPORT (DÉS)ORIENTE LES PARCOURS DES JEUNES Cette recherche, soutenue par l'Institut national de la jeunesse et d e l'éducation populaire (INJEP), est une fr-FRcontribution supplémentaire pour une meilleure connaissance de la tra nsition entre le lycée et l"enseigne- ment supérieur à travers le prisme des engagements extra-scolaires . Au-delà d"un apport sur les rapports des jeunes aux études supérieures, il s"agit d"étudier le s risques et les opportunités perçus par une jeunesse qui valorise les investissements sportifs au point d"en faire un levi er de son orientation. Les résultats liés à l"exploitation de deux enquêtes mené es au cours de ces deux années se déclinent

en trois temps. Dans une première partie, l"analyse des aspirations d"élèves scolarisé·e·s dans 21 lycées

physiques et sportives (STAPS) s'avère un terrain propice puisqu e ses étudiant·e·s ont souvent des parcours sportive. La deuxième partie, centrée sur les jeunes inscrit·e·s en première anné e de STAPS dans une université française, souligne combien le rapport des bachelièr es et bacheliers aux études supérieures ne peut se décliner au singulier, en particulier du côté des titul aires de baccalauréats professionnels. Les bachelières et bacheliers professionnels en STAPS constituent le cœur de la troisième partie. Leur

origine scolaire et leur choix atypique d"études supérieures longues en font souvent des étudiant·e·s

invisibles dans les statistiques ou enquêtes nationales. La plupart d

es jeunes enquêté·e·s construisent un chemin positif à partir de leur orientation en lycée professionnel et deviennent responsables de leur histoire

en s"autorisant d"autres destins scolaires que ceux préfiguré s par leur cursus dans l"enseignement professionnel. Le fait que certain·e·s misent sur leur engagement sportif pour s"autoriser une inscription en repenser leur place à l"université. du secrétariat général des ministères sociaux (SGMAS)

Quand le sport (dŽs)oriente

les parcours des jeunes Magali Danner, enseignante-chercheure, IREDU, ESPE Carine ƒrard, enseignante-chercheure, IREDU, UFR STAPS Christine GuŽgnard, chargŽe d'Žtudes, IREDU, centre associŽ au CEREQ, universitŽ Bourgogne Franche-ComtŽ avec la participation de Julien Berthaud ingŽnieur de recherche, IREDU, universitŽ Bourgogne Franche-ComtŽ

Pour citer ce document

Danner M., ƒrard C., GuŽgnard C., 2019, Quand le sport (dŽs)oriente les parcours des jeunes,

INJEP Notes & rapports/Rapport dՎtude.

SOMMAIRE

Avant-propos 5

INTRODUCTION 7

1. Contexte de la recherche7

Le baccalauréat professionnel, un diplôme sous tension7 La poursuite d'études à l'université des bacheliers professionnels9 La filière STAPS, une opportunité pour les bacheliers professionnels ?12

2. Problématisation de la recherche16

Enjeu de la recherche sur les bacheliers professionnels16 Le rapport aux études des bacheliers professionnels16

3. Démarche méthodologique20

I.PROJETS DES ƒLéVES DE LYCƒE PROFESSIONNEL23

1. Permanence des voeux au fil des ans : l'exemple d'une académie24

2. Les facteurs susceptibles de jouer sur les choix d'orientation27

3. " Avoir un BAC », au coeur des projets des jeunes30

4. Être bachelier, bachelière, et après...34

L'université, " inaccessible après bac pro »36

Projets professionnels et métiers36

5. Une conversion du capital sportif vers un projet dans le monde du sport ?37

De l'intérêt à la formulation d'un voeu d'orientation : une double condition38 D'une pratique sportive d'amateur à un " serious leisure »39 Place du sport parmi les déterminants de l'orientation post-bac41 II.ASPIRATIONS DES ƒTUDIANTáEáS EN STAPS45

1. Les rapports aux études des jeunes en STAPS46

Une origine scolaire et sociale composite46

Une orientation en ST

APS choisie depuis longtemps48

Des études rythmées par un investissement sportif51

2. Des étudiantes au choix audacieux, déterminé et soutenu52

Une dynamique sportive plus affirmée52

Une dynamique vocationnelle plus ancrée54

Une vision du monde du sport peu sensible aux inégalités55 III.PORTRAITS DES BACHELIéRES ET BACHELIERS PROFESSIONNELS EN STAPS 59

1. Des inŽgalitŽs sur la ligne de dŽpart59

2. Le sport, un loisir sŽrieux ?61

3. Vers les STAPS, un chemin semŽ dÕembžches62

4. Illusion peu frŽquente d'une rŽussite facilitŽe par le sport65

5. Une mosa•que de profils et de parcours66

CONCLUSION 85

BIBLIOGRAPHIE 89

Liste des sigles et abrŽviations

95
QUAND LE SPORT (DƒS)ORIENTE LES PARCOURS DES JEUNES 5 AVANT -PROPOS

Cette recherche, soutenue par l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP), est

une con tribution supplémentair e pour une me illeure connaissance de la transition entre le lycée et

l'enseignement supérieur à travers le prisme des engagements extra-scolaires. Au-delà d'un apport sur

les rapports des jeunes aux études supérieures, il s'agit d'étudier les risques et les opportunités perçus

par une jeunesse qui valorise les investissements sportifs au point d'en faire un levier de son orientation.

En percevant leur capital sportif comme un atout susceptible de se convertir en bénéfices scolaires et

même professionnels, certains jeunes peuvent en effet entrer dans une " illusio », c'est-à-dire la croyance

" que le jeu en vaut la chandelle, ou, pour dire les choses simplement, que ça vaut la peine de jouer »

(Bourdieu, 1994).

Ce rapport expose en introduction le contexte, les fond ements théor iques sur lesquels s'appuie cette

recherche. À la suite de cette contextualisation, les résultats liés à l'exploitation de deux enquêtes menées

au co urs de ces deux an nées, se d éclinent en trois tem ps. Dans une premièr e partie, l'analys e des

aspirations d'élèves scolarisés dans vingt-et-un lycées professionnels permet d'identifier les déterminants

d'une ori entation basée sur le goût du sport, notammen t du c ôté des jeun es filles, et d'ap préhender

l'antériorité des projets de poursuite d'études supérieures " risquées » comme à l'université.

À cet ég ard, plébiscit ée par les élèves de ter minale, la filièr e des sciences et techni ques des activités

physiques et sportives (STAPS) s'avère un terrain propice puisque ses étudiant·e·s ont souvent des parcours

structurés par des engagements personnels dans le monde sportif et partagent un goût pour la pratique

sportive. La deuxiè me par tie, centrée sur l es jeunes inscrits en première année de STAPS dans une

université française, souligne combien le rapport des bachelières et bacheliers aux études supérieures ne

peut se décliner au singulier, en particulier du côté des titulaires de baccalauréats professionnels.

Les bachelières et bacheliers professionnels en STAPS constituent donc le coeur de la troisième partie

de ce ra pport. Leur or igine scolaire et leur choix atypi que d'études supérieures longues en font

souvent des étudiant·e·s invisibles dans les statistiques ou enquêtes nationales qu'il importe de mettre

en lumière. La plupart des jeunes enquêté·e·s construisent un chemin positif à partir de leur orientation

en lycée prof essionnel et deviennent responsabl es de l eur histoi re en s'autorisant d'autres de stins

scolaires que ceux préfigurés par leur cursus dans l'enseignement professionnel. Le fait que certain·e·s

misent sur l eur engagement sportif pour s' autoriser u ne inscription en STA PS et dé jouer ainsi les

probabilités statistiqu es concernant leur orien tation offre la perspective de repenser leur pl ace à

l'université.

En conclusion est présentée une synthèse des résultats qui répond aux problématiques

soulevées par cette recherche 1 1

Les auteur·e·s remercient les jeunes d'avoir répondu à leurs questions ainsi que les personnels des services académiques

d'information et d'orientation et les proviseur·e·s de lycée professionnel d'avoir soutenu et relayé cette recherche.

QUAND LE SPORT (DƒS)ORIENTE LES PARCOURS DES JEUNES 7

Introduction

L'identification et la valoris ation d e compétences non académiques, sportives et socia les notamment,

constituent un enjeu important dans les parcours des jeunes. Cette recherche vise à étudier comment des

engagements extra-scolaires peuvent (dés)orienter les jeunes, particulièrement du côté des bacheliers

2

professionnels pour qui la poursuite d'études dans l'enseignement supérieur est loin d'être une évidence.

1.Contexte de la recherche

Le baccalauréat professionnel ne prédispose pas les jeunes à la poursuite d'études. Pourtant, ils sont

de plus en plus nombreux à l'envisager. Pour mieux comprendre ce qui se joue dans cette évolution

renforcée par la réforme de la filière professionnelle, il y a dix ans, il importe de rappeler, en premier

lieu, l'ambiguïté qui se rattache à la finalité du baccalauréat professionnel. Cela permettra de présenter

les enjeux de la poursuite d'études pour ces bacheliers, mais aussi les risques pris à s'orienter vers

l'université, dans un de uxième temps. Toutefois, d ans l'offre d e formation universi taire, la f ilière de

sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), qui fait l'objet de cette recherche,

se caractérise non seulement par son adossement à un champ professionnel mais aussi par la place

qu'elle accord e à la valorisat ion de capi taux non académiques. En ce sens, cette filière pe ut se

présenter comme l'opportunité d'une orientation positive pour des bacheliers n'ayant généralement

choisi, ni la voie des études professionnelles, ni celle des études universitaires. Le baccalauréat professionnel, un diplôme sous tension

L'enseignement professionnel ne bénéfici e pas e n France du même pr estige que l'enseignement

général dans le secondaire. Pour mieux appréhender la situation des bacheliers au regard de la société, il

convient de revenir sur les raisons de la dévalorisation sociale associée aux métiers manuels auxquels

prépare ce bac calaur éat. Ainsi, l'analyse socio -historique de s professi ons de Thorstein Veble n, la

perspective antique d' Émile Durkheim sur le prestige d es activités ou bien encore l 'approche

sociologique des rapports aux corps de Luc Boltanski expliquent cette dévalorisation notamment par la

rupture qu'opèrent les activités associées à ces métiers avec les activités intellectuelles, en privilégiant

une proximité avec le monde matériel, physique et utile et en procédant à un usage instrumental du

corps. Accordant une place importante dans les enseignements aux activités pratiques et menant à des

emplois subordonnés et d'exécution, l'enseignement des métiers, donc la voie professionnelle, reste par

conséquent historiquement une voie de relégation sociale. Cela n'est d'ailleurs pas le propre de la France

mais la caractérise néanmoins (Bernard, Troger, 2015 ; Troger et al. 2016). Face à ces représentations, le

baccalauréat professionnel intéresse rarement les classes dominantes, d'autant que les passerelles vers

un enseignement général sont peu effectives. De ce fait, ce baccalauréat, créé en 1985, reste encore

aujourd'hui dédié aux seules classes populaires. 2

Les termes employés pour désigner les personnes sont pris parfois au sens générique et ont à la fois valeur de féminin et de

masculin dans ce rapport.

INJEP NOTES & RAPPORTS/RAPPORT DՃTUDE

8

Durant les Trente Glorieuses, la formation professionnelle a nŽanmoins constituŽ une opportunitŽ pour

menant au CAP/BEP 3 reprŽsentaient une possibilitŽ de promotion socioprofessionnelle pour ces milieux

(Bernard, Troger, 2015 ; Troger et al. 2016). Avec lՎlŽvation des qualifications, cette Ç Žlite des rŽprouvŽs È

se reconna"t dŽsormais parmi les bacheliers professionnels. Les ambitions politiques de conduire 80 %

d'une classe d'‰ge au niveau baccalaurŽat et la gŽnŽralisation du baccalaurŽat professionnel en trois ans

ont augmentŽ la proportion de bacheliers professionnels depuis sa crŽation en 1985. Au plan national, ces

trilogie des baccalaurŽats en termes de candidats et de dipl™mŽs (Maillard, 2017).

mme (Misset, 2015), accentuant les hiŽrarchisations entre spŽcialitŽs dans ce cursus, toutes nÕoffrant pas

Jellab, 2017). Le dŽsenchante ment a ainsi ŽtŽ croissant chez les bach elie rs profession nels deve nus

salariŽs (Ecker t, 1999, 2005), ave c notamment des responsabil itŽs sociale s attribuŽes au Ç nouvel

du CEREQ apporte un complŽment dÕinformation quant au devenir sur le marchŽ du travail en trois ans

des p remiers sortants titulaires de ce dipl™m e (Ilardi, Sulzer, 2018). Les ba cheliers professionnels se

positionnent mieux dans la file dÕattente des emplois que les dŽtenteurs de CAP : 44 % ont connu une

active n'est pas synonyme de stabilitŽ. Leur taux de ch™mage est plus proche de celui des sortants du

secondaire dans leur ensemble que de cel ui des sortants du supŽrie ur, ce qui nՎtait pas le ca s

69

%, mais le quart dÕentre eux se trouvent sans emploi ni formation. De plus, leurs conditions de travail ne

sont pas meille ures, avec une dŽgradat ion tendan cielle d e la qualitŽ des emplois, et i ls demeurent

cantonnŽs ˆ des salaires proches du SMIC

professionnel est non seu lement l e dipl™m e des enfants dÕouvri ers et dÕemployŽs ma is aussi le

baccalaurŽat des futurs ouvriers et employŽs pas toujours qualifiŽs (Ilardi, Sulzer, 2018).

faut tre bachelier non pour monter, mais pour ne pas descendre dans la hiŽrarchie sociale È (Grignon,

2015). Certes, ce dipl™me reste un objet de distinction dans le corps des ouvriers qualifiŽs, ne serait-ce

que par le se ntimen t dÕavoir rŽussi ˆ v alider un titre ou les horizon s pro fessionnels quÕil permet

dÕenvisager (Misset, 2015). Cependant, les espŽrances de mobilitŽ sociale sont devenues dŽcevantes.

ch™mage endŽm ique, de concurrence entre dipl™ mŽs, de multip lication dÕe mplois prŽcairesÉ Les

demandes de poursuites dՎtudes sont en augmentation (Bernard, Troger, 2012 ; Troger et al. 2016) parmi

les bacheliers professionnels concernŽs par cette injonction au dipl™me et peu pressŽs de rejoindre un

3

Certificat d'aptitude professionnelle (CAP) ; brevet d'Žtudes professionnelles (BEP) cursus en deux ans au lycŽe professionnel

qui a disparu suite ˆ la rŽforme de 2009. QUAND LE SPORT (DƒS)ORIENTE LES PARCOURS DES JEUNES 9

monde du travail peu enchanteur. Il existe, en effet, un certain bénéfice à prolonger son cursus au-delà

du baccalauréat professionnel. Ainsi, Stéphanie Moullet (2005), à partir d'une enquête du CEREQ, montrait

un gain de salaire significatif après trois ans de vie active, p our les bacheliers professionnels qui ont

continué des études supérieures, même en cas d'échec au diplôme préparé. Un avantage qui se conforte

pour les bacheliers professionnels diplômés de BTS ou DUT (Lemistre, 2016). Cette vague d'allongement

des études pour ces jeunes s'explique enfin par la " quête d'une identité sociale rapprochant des élèves,

issus majoritairement de milieu populaire, des étudiants » (Jellab, 2015).

De fait, dans le code de l'éducation, le baccalauréat professionnel est présenté comme une formation

organisée en vue de l'exer cice d' un mé tier " qui peu t permett re de poursuivre un e form ation

ultérieure ». Comme le rappellent nombre d'auteurs (dont Maillard, 2007 et 2017 ; Bernard, Troger,

2012), le b accala uréat professionnel est soumis à une te nsion jamais ré solue, entre un ob jectif

d'insertion professionn elle et l e droi t à poursuivre des é tudes sup érieures, étant le p remier grade

universitaire. Cette tens ion est par aill eurs plu s ou moi ns accentuée au re gard des s pécial ités de

formation fortement sexuées et ségréguées. En effet, si la part des filles en lycée professionnel peut

laisser penser à une relative mixité (42 %), celle-ci est loin d'être achevée (Lemarchant, 2007 ; Depoilly,

2014). L'ambiguïté pesant sur la double finalité de ce baccalauréat (inser tion professionnelle ou

passeport pour les études supérieur es) et sa vale ur (reconnaissance profes sionne lle ou relégation

sociale) n'a jamais été assumée politiquement (Bernard, Troger, 2012), au point d'avoir été longtemps

tenue sous sil ence (Maillard, 2007). AujourdÕhui, les jeunes se trouvent donc devant le dilemme dÕavoir

ˆ choisir parmi des orientations porteuses elles-mmes de paradoxe : sÕinsŽrer immŽdiatement malgrŽ

la p ossibilitŽ de conna"tre une f orme de dŽclassement au regar d de ce q ue prome ttait cette

[Grignon 2015]), s Õengager dans des Žtudes au-delˆ du b ac calaurŽat professionnel tout en ayant ˆ

assumer un cožt financier et parfois une rupture sociale. La poursuite d'études à l'université des bacheliers professionnels

Si n ombre d'élèves conti nuent à percevoir leur entrée en lycée professionn el comme une relégati on

scolaire, au regar d de l a formation pr ofession nelle peu valorisée en France et du prest ig e de la voie

générale, une partie des lycéens plus jeunes (que les cohortes antérieures) ambitionnent un diplôme du

supérieur, pour vivre une expérience étudiante, consolider un projet professionnel (Jellab, 2015), retarder

l'entrée dans l a vie act ive, s e préparer à d'au tres cursus et fi nalement , se donner " le d roit de rêve r

socialement » (Beaud, Pialoux, 2001). De nombreuses dynamiques encouragent cette demande croissante

(l

a tension du marché du travai l, la réfor me du baccalauréat professionnel en trois a ns en 2009, les

incitations européen nes pour davantage de dip lômés du s upérieur...) mais, pour Azi z Jellab (2 017), les

expériences scolaires et professionnelles de ces jeunes contribuent aussi à ce choix. La part des bacheliers

professionnels qui en trepre nnent des études supérieures l'an née sui vante progr esse et s'établit

actuellement à 30 % hors apprentissage (contre 17 % en 2000) 4 . En parallèle, la quasi-totalité des bacheliers

généraux et les trois quarts des bacheliers technologiques accèdent à l'enseignement supérieur.

4

Ce taux approche les 38 % des nouveaux bacheliers en incluant les formations supérieures par apprentissage (DEPP, 2018,

p. 187) et avoisine les 48 % en incluant les formations non supérieures selon les données du panel des bacheliers 2014 (Ponceau,

Chan-Pang-Fong, 2017).

INJEP NOTES & RAPPORTS/RAPPORT DՃTUDE

10

Les chi ffres sur lÕo rientation t Žmoignent dÕune grande discipl ine de la plupart des bachelier s qui

quotas notam ment) [Bodin, Ora nge, 2015]. Cependant, pour les b acheliers professi onnels, lÕoffre de

formations adaptŽes ˆ leur cur sus manque. En fait, leur taux de pours uite dans lÕensei gnement

supŽrieur a progre ssŽ esse ntiellement vers les sections de technicien supŽr ieur (ST S) 5 . Parmi les (APB), plus de 80 % souhaitent poursuivre des Žtudes en STS 6 dÕAPB en juin 2017, seulement 44

63 % des bach eliers gŽnŽraux, 51 % des bach eliers technologiques) . Suite ˆ la mise en place de

Parcoursup, les articles de presse (Les Échos, L'Humanité, MCETV, Le Parisien 7 ) Žvoquent ˆ nouveau le cas des bacheliers professionnels et technologiques qui apparaissent comme les grands perdants de

Parcoursup au mme titre quÕAPB, puisquÕils reprŽsentent plus des trois quarts des bacheliers recalŽs ˆ

lÕissue de la phase initiale. In fine, seuls deux bacheliers professionnels sur cinq sont effectivement

admis en STS. Ces statistiques remettent en question la valeur rŽelle du baccalaurŽat, premier titre

universitaire, pour ces jeunes dont les perspec tives de poursui te d'Žt udes reste nt, de fait,

contingentŽes par les places disponibles en section de technicien supŽrieur (Aschieri, 2013). De mme,

quelques rares classes prŽparatoires aux grandes Žcoles (CPGE) leur sont spŽcifiquement rŽservŽes

(deux scientifiques, trois Žconomiques ˆ ce jour). RenvoyŽs ˆ des logiques d'excellence 8 , de quotas (loi

sur l'enseignement supŽrieur et la recherche de 2013) ou de parcours spŽcifiques (loi sur l'ESR de 2014),

LÕexpression Ç les portes entrouvertes de lÕenseignement supŽrieur È (Lemtre et al., 2016) signifie bien

conquŽrir par des tactiques individuelles et collectives.

Aussi, depui s de nombreuse s annŽ es, par choix ou par dŽfaut , 7 ˆ 8 % des nouv eaux bacheliers

professionnels entrent ˆ l'universitŽ alors que leur cursus ne les prŽpare pas aux Žtudes universitaires.

franchir les Žtapes de la sŽlection (Paivandi, 2011). Cela est dÕautant plus vrai ˆ lÕuniversitŽ o 6 % des

bacheliers professionnels obtiennent la licence en trois ou quatre ans, alors quÕen STS (ou en IUT), la

moitiŽ d'entre eux valident leur dipl™me en deux ou trois ans (Harnois, 2017 ; MESRI, 2018) 9 5

professionnel. Cette mesure datant de 2005, peu suivie d'effets, a entra"nŽ la mise en place des quotas sur proposition des

recteurs, dans la lignŽe de l'accueil des bacheliers technologiques en IUT. 6 (MESRI, 2018). 7

Ç UniversitŽ. Parcoursup, premier bilan et gros mensonges È, L'Humanité, 24 septembre 2018. Ç Quand Parcoursup menace

lÕavenir

fait le plein È, Les Échos, 6 septembre 2018. Ç Parcoursup : pourquoi les bacs pro sont encore les grands perdants È, Le Parisien,

12 septembre 2018. Ç Parcoursup : La majoritŽ des candidats recalŽs sont issus du bac pro ! È, MCETV, 12 septembre 2018.

8

s'interroger sur ce processus qui enferme les meilleurs lycŽens vers les STS, Ç sous-espace È de l'enseignement supŽrieur

(Bodin, Orange, 2015). 9 QUAND LE SPORT (DƒS)ORIENTE LES PARCOURS DES JEUNES 11

Pourtant, la typologie réalisée dernièrement parmi les diplômés de licence par Yaël Brinbaum, Cédric

Hugrée et Tr istan Poullaouec (2018 ) rappelle non seuleme nt l'hétérogénéité des trajectoir es des

bacheliers professionnels et technologiques dans l'université française, mais aussi les manières dont

les pa rcours scolaires, l' origine sociale et les conditions d'étud es se combinen t en f aveur de leur

possible réussite en licence. En effet, parmi les cinq parcours de diplômés de licence, un groupe se

singularise (6 % des licenciés) : les bacheliers technologiques et professionnels désignés comme des

" bacheliers par effrac tion » (Beaud, 2002) , issus des class es populaires, au x parcou rs fragiles et

heurtés dans l e secondair e (les plus faibles résultats en français et mat hématiques à l'entr ée au

collège, bac obtenu avec r etard), n'exer çant pas de travail salarié r égulier. Un autr e grou pe plu s

important (21 % des licenciés) se compose principalement de titulaires de licence professionnelle, qui

sont nommés " les rescapés de l'enseignement technologique ou professionnel », avec des cursus

scolaires différents (résultats faibles aux évaluations de 6 e mais bac obtenu " à l'heure »), aux origines

sociales modeste s, occupant un tr avail salarié régul ier. L es trajectoires le s moins probable s de

bacheliers technologi ques et professionnels qui, c ontre toute attente, obtiennent leu r diplôme de

licence sont ainsi mises en lumière.

Les bacheliers professionnels qui osent s'orienter vers les études longues se retrouvent dans la palette

des c ursus proposés : sciences humaines sociales, langues, a dministration écon omique et social e,

droit, sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), lettres.... Certes, l'orientation

vers l'université peut relever d'un choix par défaut. Cependant, une étude conduite sur les filières du

supérieur long ado ssées à un ch amp profession nel, comme la filière STAPS ou les classes

préparatoires aux éco les d'art, montre que ce s bacheli ers peuvent aussi êtr e dans une ori entation

choisie (Danner et al., 2016 ; Danner, Guégnard, 2019), se fondant sur des justifications d'ordre social,

vocationnel ou stratégique (Dubet, Martucelli, 1996).

Pour approfondir cet te réflexion sur les choix d'orient ation de s bacheli ers professi onnels pour le

supérieur long et les arbitrages qui en découlent, ce projet de recherche soutenu par l'INJEP investit

davantage la filière STAPS, formation universitaire des métiers liés au sport qui délivre des diplômes de

l'enseignement supérieur allant de la licence au doctorat 10 . En effet, cette filière est plébiscitée par les

élèves de ter mi nale qui, au mom ent de la proc édure d'adm ission dans l 'ens eignement s upérieur, la

placent dans le tiercé des premiers voeux. Face à cet afflux massif 11 , certaines universités ont mis en

place des capacités d'accueil conduisant selon les cas, à des tirages au sort aléatoires, ou à une non-

inscription des jeunes ayant classé STAPS en deuxième voeu. Cette tension risque de perdurer, voire

d'augmenter, au vu de la pression démographique et de l'objectif national de porter la part de diplômés

de l'enseignement supérieur à 60 % d'une classe d'âge, même si le nouveau dispositif mis en place pourquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46
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