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10 (3), 149...167. https://doi.org/10.7202/1037655ar care , le care pouvant ‡tre envisagcomme une conatus care voies lui permettant de progresser dans cette direction. Encore faut-il, pour y parvenir, trouver des pourvoyeuses et pourvoyeurs de care

L"ÉTHIQUE NARRATIVE SELON PAUL RICOEUR: UNEPASSERELLE ENTRE L"ÉTHIQUE SPINOZISTE ET LESÉTHIQUES DUCARE

ÉRIC DELASSUS

PROFESSEUR AGREGE DE PHILOSOPHIE, LYCEE MARGUERITE DE NAVARRE

RÉSUMÉ:

Selon Fabienne Brugère, un point de rencontre existe entre l"éthique spinoziste et les éthiques ducare, lecarepouvant être envisagé comme une réactualisation duconatus éthique narrative inspirée de la pensée de Paul Ricoeur. Cela concerne principalement la perception que l"on peut avoir de soi en tant que corps et esprit,dans la mesure où l"es-

prit est défini par Baruch Spinoza comme " idée du corps ». L"éthique spinoziste invite à

se rendre utile aux autres pour augmenter notre puissance d"être et nous libérer d"une ducare.L"humain.e vulnérable a besoin pour se sentir exister d"avoir une idée cohérente de son corps,et le récit est l"une des voies lui permettant de progresser dans cette direc- tion. Encore faut-il, pour y parvenir, trouver des pourvoyeuses et pourvoyeurs decare disposé.e.s à écouter,aptes à susciter en soi le désir de se raconter.ABSTRACT: According to Fabienne Brugère, there is common ground between Spinoza"s ethics and the ethics of care,which can be regarded as a renewal of the Spinozan concept of'cona- tus."This article aims to demonstrate that this form of convergence can be based upon a narrative ethic as inspired by Paul Ricoeur"s thought. It is mainly about how people can perceive themselves both as mind and body, insofar as "mind" is defined by Spinoza as the "idea of the body."The Spinozan ethic leads us to make ourselves useful to other people in order to expand our capacity to be and to free ourselves from a form of servi- tude that is somewhat linked to vulnerability as it is defined in the ethics of care.There- fore,vulnerablepeopleeachneed todevelopconsistent ideasof theirbodiesif theywish tofeelthat theydoexist.Narrativeisoneofthemanywaysofadvancinginthatdirection. their stories149 V O L U M E 1 0 N U M É R O 3 A U T O M N E / F A L L2 0 1 5

INTRODUCTION

Si comme l"affirme Baruch Spinoza dans l"Éthique, l"esprit est Ç idŽe du corps 1 È, il peut sembler pertinent de s"interroger sur ce que peut tre l"idŽe d"un corps malade. Cette idŽe est-elle Ç contaminŽe È par ce dont elle est l"objet ou peut-elle, malgrŽ la maladie, conserver une certaine cohŽrence interne? On peut, certes, s"autoriser ˆ penser que le sage qui atteint la bŽatitude par la connais- en mesure de parvenir ˆ une perception du corps qui n"engendre pas d"idŽes inadŽquates, sources de passions tristes. Cependant, s"il en va ainsi pour celle ou Ç vulgaire È qui, au pire, en est restŽe ˆ la connaissance du premier genre, soit l"opinion acquise par ouï-dire ou par expŽrience vague, ou qui, au mieux, n"a pas dŽpassŽ la connaissance du second genre, la connaissance rationnelle de type scientifique qui reste gŽnŽrale et abstraite? C"est pour tenter de rŽpondre ˆ cette question que je me risque dans cet article ˆ Žtablir des liens entre Žthique spino- ziste, Žthiques ducareet Žthique narrative s"inspirant de la pensŽe de Paul Si, selon Spinoza, l"humain.e n"est pas dans la nature comme un Ç ƒtat dans l"ƒtat 2 È, c"est parce qu"elle ou il est avant tout reliŽ.e ˆ Dieu, c"est-ˆ-dire ˆ la nature, et par consŽquent aux autres avec lesquel.le.s elles et ils entretiennent des liens de dŽpendance qui rendent nŽcessaire une utilitŽ rŽciproque. Cette inter- dŽpendance humaine peut tre rapprochŽe de la notion de vulnŽrabilitŽ telle qu"elle est dŽveloppŽe dans les Žthiques ducare. Elle invite ˆ penser la sollici- festations de cette sollicitude n"est autre que l"Žcoute que l"on peut accorder ˆ celles et ceux qui souffrent et ont le sentiment que leur existence leur est ravie par la douleur subie. En ce sens, lecare, le souci des autres et l"importance qu"on leur accorde peuvent tre prodiguŽs par l"Žcoute du rŽcit qu"un.e malade raconte sur son existence en y incluant la rupture que la maladie a introduite en elle. Cette rupture est vŽcue le plus souvent sur un mode cataclysmique, car la ou le malade sent alors sa vie lui Žchapper comme si le sol se dŽrobait sous ses pieds. qu"en produisant un rŽcit de vie et en y incluant tous les accidents malheureux qu"il a pu subir - le plus souvent en raison de causes externes -, l"tre humain parvient, dans une certaine mesure, ˆ se rŽapproprier son existence en devenant laquelle l"accompagnement des malades dans la construction de leurs rŽcits de vie peut les aider, mme si elles ou ils n"ont pas dŽpassŽ le stade du premier genre de connaissance, ˆ construire une idŽe plus cohŽrente de leur corps leur permettant de vivre leur condition sans tre excessivement affectŽ.e.s par des passions tristes qui ne font qu"augmenter la souffrance. 150
V O L U M E 1 0 N U M É R O 3 A U T O M N E / F A L L2 0 1 5

AUTONOMIE ETVULNÉRABILITÉ

Les Žthiques ducares"appuient principalement sur la remise en question d"une conception de l"humain.e peru.e comme individu essentiellement autonome, capable d"apprŽhender son existence et de vivre sans avoir recours ˆ l"interven- tion des autres. Contre cette vision anthropologique s"est construite la notion de vulnŽrabilitŽ qui ne se rŽsume pas ˆ celle du nourrisson, de la personne ‰gŽe, malade ou en situation prŽcaire. La vulnŽrabilitŽ est plut™t considŽrŽe par les diffŽrentes Žthiques ducarecomme l"un des constituants fondamentaux de la condition humaine. Pour dire les choses simplement, nous sommes tou.te.s vulnŽrables parce que nous sommes tou.te.s interdŽpendant.e.s et avons besoin les un.e.s des autres pour vivre et nous Žpanouir en ce monde. Ainsi, mme les personnes qui s"estiment autonomes parce qu"elles jouissent d"un pouvoir Žtendu sur le reste de la sociŽtŽ ou mme plus simplement sur quelques personnes n"en sont pas moins vulnŽrables, puisqu"elles dŽpendent de celles et ceux qui se situent ˆ un rang qu"elles jugent infŽrieur dans l"Žchelle sociale, mais sans le travail desquel.le.s elles ne pourraient exercer l"activitŽ qui leur donne ce senti- nemment qu"Ç Un employŽ de bureau ne se sent pas vulnŽrable face ˆ l"agent 3 Cette remarque illustre avec la plus grande clartŽ les liens d"interdŽpendance qui rŽunissent les tres humains et la vulnŽrabilitŽ qui les caractŽrise tou.te.s, nŽcessitant pour qu"elles et ils s"accomplissent pleinement l"entraide et la solli- citude les un.e.s envers les autres. C"est cette importance accordŽe aux autres que dŽsigne, entre autres, le terme decare, difficilement traduisible en franais en raison de sa grande polysŽmie. Mais cet obstacle sŽmantique est peut-tre aussi la consŽquence de la difficultŽ ˆ faire entrer tous les contenus propres ˆ la signi- fication de ce mot dans nos schŽmas traditionnels de pensŽe. Comme l"Žcrit

Vanessa Nurock :

Toutefois force est de reconna"tre que l"impossibilitŽ de traduire en franais le terme anglais Ç care È est probablement sympto- matique d"un malaise non seulement dans le langage mais peut- tre aussi dans la pensŽe et le concept. LecareŽchappe en effet aux structures binaires en les dŽpassant (que ces alternatives soient celles du genre fŽminin ou bien masculin, du thŽorique ou bien du pratique, de l"actif ou bien du passif, du rationnel ou bien de l"Žmotionnel, de l"intime ou bien du public, etc.), ce qui le rend peut-tre aussi plus difficile ˆ apprŽhender avec nos catŽ- gories traditionnelles qui s"inscrivent justement trop souvent dans ces partitions dichotomiques. 4 Lecarene se limite d"ailleurs pas au seul soin, mais renvoie Žgalement ˆ l"im- portance accordŽe aux autres, ˆ cette notion de sollicitude - de souci de l"autre et des autres - tout aussi nŽcessaire au libre dŽploiement des aptitudes indivi- 151
V O L U M E 1 0 N U M É R O 3 A U T O M N E / F A L L2 0 1 5 duelles et personnelles de chacun.e, qu"ˆ l"harmonie sociale permettant de vivre en bonne intelligence les un.e.s avec les autres : La signification du terme est peut-tre plus aisŽe ˆ apprŽhender pour le lecteur franais sous une forme nŽgative, opposant lecareˆ cette indif- fŽrence vis-ˆ-vis de soi-mme et d"autrui que marque le ÇI don"t careÈ. ainsi que de l"attention (care about), celle du soin (take care), celle de l"affection (care for), et il se trouve insŽparable des notions de relation, d"interdŽpendance, de vulnŽrabilitŽ et de considŽration. 5 Cependant, cette indispensable sollicitude a longtemps fait l"objet d"un dŽni de la part d"une grande partie de l"humanitŽ, et les vertus qui lui sont attachŽes Alors que tout ce qui tourne autour de la ma"trise de la nature et des autres, que la toute-puissance et l"autonomie individuelle sont considŽrŽes comme essen- plut™t considŽrŽ comme un supplŽment d"‰me se manifestant dans des t‰ches souvent attribuŽes aux personnes les plus mŽprisŽes de la sociŽtŽ ou ˆ celles qui, bien que respectŽes, n"exercent pas de responsabilitŽs et ne disposent d"aucune latitude dŽcisionnelle sur les plans Žconomique, politique ou social. C"est ainsi que les t‰ches d"entretien des locaux dans lesquels nous travaillons et la prise en charge de notre environnement quotidien sont, le plus souvent, effectuŽes la nuit par des personnes vivant gŽnŽralement dans des conditions prŽcaires. C"est Žgalement la raison pour laquelle la plupart des mŽtiers de soignant.e.s ou d"ac- compagnant.e.s sociaux sont encore aujourd"hui exercŽs par des femmes, vŽhi- culant ainsi une idŽologie sexiste laissant sous-entendre que les femmes ne sont pas en mesure d"occuper une place Žquivalente ˆ celle des hommes dans les t‰ches n"ont pas leur place dans le cadre de l"exercice de telles responsabilitŽs. Or, il semble plut™t que ce sont ces t‰ches qui sont les plus en phase avec les firmation de l"autonomie toute puissante de l"tre humain ne soit finalement qu"une illusion rŽsultant d"un dŽni de rŽalitŽ, lui-mme produit par la volontŽ de puissance de ceux qui occupent des positions de pouvoir et qui structurent la sociŽtŽ de telle sorte que cette reprŽsentation de Ç l"homme È soit considŽrŽe par le plus grand nombre comme allant de soi.

ÉTHIQUE DU CARE ET ÉTHIQUE SPINOZISTE

Servitude et vulnérabilité

Les Žthiques ducarepeuvent dans une certaine mesure se rapprocher de l"Žthique spinoziste, principalement si l"on Žtablit un lien entre les concepts de vulnŽrabilitŽ et de servitude. 6 Il ne s"agit pas, bien Žvidemment, d"assimiler ces 152
V O L U M E 1 0 N U M É R O 3 A U T O M N E / F A L L2 0 1 5 deux concepts, mais plut™t de considŽrer la servitude comme l"une des condi- tions de notre vulnŽrabilitŽ. En effet, la servitude est dŽfinie par Spinoza dans la

Éthiquecomme Ç l"impuissance de l"homme

pas de lui-mme, mais de la fortune, dont le pouvoir est tel sur lui que souvent il est contraint, voyant le meilleur de faire le pire È. La servitude dŽsigne la l"Éthique. Autrement dit, nous n"aurions conscience que des affects que l"on ressent, soit des impressions produites sur notre conscience par des causes externes. Ce sont ces causes que Spinoza dŽsigne par le terme de Ç fortune È. C"est d"ailleurs cette ignorance qui est ˆ l"origine de l"illusion que peut avoir quelqu"un d"tre autonome et de disposer d"un libre arbitre. N"ayant pas connais- sance des causes qui la ou le font agir, l"humain.e s"imagine tre ˆ l"origine de ses propres dŽsirs et la seule cause de ses actes. Cette dimension anthropolo- gique est d"ailleurs mise en Žvidence aujourd"hui par les sciences humaines et dont nous ignorons l"existence. Par exemple, la sociologie politique montre que rŽflexion, mais sont aussi dŽterminŽs par un ensemble de facteurs liŽs ˆ notre milieu social ou familial, ˆ notre catŽgorie socioprofessionnelle ainsi qu"ˆ notre dans le vocabulaire spinoziste puisqu"il ne se rŽduit pas ˆ l"esclavage au sens d"une soumission de certaines personnes ˆ d"autres, mais dŽsigne la condition ment, et par consŽquent, des personnes avec lesquelles on vit. La notion de servi- tude peut ainsi tre rapprochŽe de la notion de dŽpendance qui est l"une des dimensions de la vulnŽrabilitŽ telle qu"elle est prise en considŽration dans les Žthiques ducare. Marie Garrau et Alice le Goff dŽcrivent d"ailleurs la dŽpen- dance en des termes qui Žvoquent en un certain sens la servitude telle que la dŽfinit Spinoza : La dŽpendance est une notion complexe et multiforme, susceptible d"tre ressaisie ˆ diffŽrents niveaux. Elle Žvoque ˆ la fois la prŽcaritŽ de la vie corporelle et biologique, manifeste dans la petite enfance, la satisfaire pour que la vie se maintienne; la fragilitŽ d"identitŽs qui se constituent au travers des attachements formŽs entre les individus; mais aussi et inversement l"emprise et le pouvoir qu"ont [sic] sur nous un environnement naturel, social et relationnel dont nous ne pouvons jamais nous extraire absolument, que nous ne pouvons jamais non plus ma"triser absolument. 7 Or l"illusion de l"autonomie individuelle est Žgalement remise en question par 153
V O L U M E 1 0 N U M É R O 3 A U T O M N E / F A L L2 0 1 5 c"est d"ailleurs, comme l"Žcrit Spinoza dans leTraité de la réforme de l"enten- dement , Ç la connaissance de l"union que l"esprit a avec toute la nature 8

È qui

permet d"accŽder au souverain bien et d"atteindre une plus grande perfection. ƒtant donnŽ que cette connaissance n"est pas neutre, elle est elle-mme produc- trice d"effets et transforme celle et celui qui l"atteignent ou, plus exactement, elle leur permet d"agir librement en agissant selon la seule nŽcessitŽ de leur nature. Se rendre utiles les un.e.s aux autres :une modalité du care Comprendre comment nous sommes reliŽ.e.s permet de mieux saisir ce qui est ˆ l"origine de la vulnŽrabilitŽ humaine et en quoi nous avons besoin de prendre soin les un.e.s des autres pour vivre plus activement et librement. Selon Spinoza, c"est en se rendant utile aux autres que chacun.e peut augmenter sa puissance d"tre et d"agir, c"est-ˆ-dire son aptitude ˆ produire des effets en soi et hors soi puissance (potentia), telle que l"entend Spinoza, doit tre dissociŽe et distinguŽe du pouvoir (potestas) qui dŽsigne l"ascendant qu"un individu peut exercer sur un autre. La puissance spinoziste dŽsigne au contraire l"aptitude d"un individu ˆ agir. Aussi, dans la mesure o cette puissance est nŽcessairement solidaire de celle d"autrui, elle trouve les conditions de son augmentation dans l"accroisse- ment de la puissance des autres. La conception des rapports sociaux qui dŽcoule souvent induite par l"idŽologie de l"autonomie individuelle. Ce n"est pas en mettant en concurrence les individus que l"on crŽe les conditions d"un dŽvelop- pement de leurs aptitudes. C"est plut™t lorsque les plus aptes entra"nent dans leur sillage celles et ceux dont la puissance d"agir est moindre que l"on crŽe les que la dŽpendance qui est ˆ la source de notre vulnŽrabilitŽ peut devenir un atout et permettre la rŽalisation de cette perfection humaine visŽe par Spinoza au dŽbut duTraité de la réforme de l"entendement.C"est en ce sens qu"il faut compren- dre cette formule que l"on retrouve frŽquemment sous la plume de Spinoza : Ç rien de plus utile ˆ un homme qu"un autre homme È. 9 Žthiques ducareet il est permis de dŽceler une certaine compatibilitŽ, voire une complŽmentaritŽ entre ces deux approches de l"existence humaine. Ce point de carecomme une rŽactualisation duconatusspinoziste : Elle [l"Žthique ducare] rŽactualise, en ce sens, leconatusspinoziste, puissance d"agir qui n"est rien de substantiel ni de souverain et peut tre fait comme dŽfait dans son rapport aux autres. Avec l"Žthique, il n"existe pas de prŽŽminence de l"esprit sur le corps, et les valeurs morales ne sont pas intangibles. Plut™t que de parler du bien et du mal hors de tout contexte, il est plus juste d"Žvoquer des rapports, et donc du bon et du mauvais. 10 154
V O L U M E 1 0 N U M É R O 3 A U T O M N E / F A L L2 0 1 5 Cette puissance d"agir peut Žgalement tre rapprochŽe de la notion de Ç capabi- litŽ È telle que dŽveloppŽe par Martha C. Nussbaum : Il existe dŽsormais un nouveau paradigme thŽorique dans le monde de la politique du dŽveloppement. Connu sous le terme d"Ç approche du dŽveloppement humain È, Ç approche de la capabilitŽ È ou Ç approche des capabilitŽs È, il commence par une question toute simple : qu"est- ce que les gens sont rŽellement capables de faire et d"tre? 11 On pourrait nŽanmoins rŽtorquer que cette articulation que nous prŽtendons Žtablir entre puissance d"agir et vulnŽrabilitŽ trouve sa limite lorsque l"tre humain est vaincu par les causes externes qui, quoi qu"il en soit, viendront toujours ˆ bout de lui : Ç Mais la puissance de l"homme est extrmement limi- tŽe, et infiniment surpassŽe par la puissance des causes extŽrieures; et par suite, nous n"avons pas le pouvoir absolu d"adapter ˆ notre usage les choses qui sont en dehors de nous. 12 È Il n"empche que, selon Spinoza, cette donnŽe indŽpas- sable de la condition humaine, qui constitue l"un des principaux ŽlŽments de notre vulnŽrabilitŽ, n"est pas un obstacle dans la conqute du souverain bien si nous sommes en mesure de la comprendre : Et pourtant, c"est d"une ‰me Žgale que nous supporterons ce qui nous conscients du fait que nous nous sommes acquittŽs de notre t‰che, que la puissance que nous avons n"est pas allŽe jusqu"ˆ nous permettre de nous suivons l"ordre. 13 Mais, affirmer cela, n"est-ce pas finalement considŽrer que seule une infime partie de l"humanitŽ, celles et ceux qui sont parvenu.e.s ˆ un degrŽ ŽlevŽ de sagesse sont en mesure d"tre sauvŽ.e.s? Qu"en est-il alors des personnes ordi- naires, celles que Spinoza qualifie de vulgaires ou d"ignorantes - sans que ces termes aient sous sa plume une quelconque connotation pŽjorative -? Qu"en est- il de celles et ceux que la fortune n"a pas orientŽ.e.s vers la philosophie et qui plus ou moins droite et qui s"enracine dans l"imagination plut™t que dans la raison? Une autre voie de salut ne leur est-elle pas possible?

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