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ANNÉE - Nº 17432 -7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY - DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIVENDREDI 9 FÉVRIER 2001

MARC RICH

Serpents câlins et amours de petits dragons, contes de Chine pour an nouveau

PÉKIN

de notre correspondant Un grave péril pèse sur les serpents en Chine méridionale : ils passent tous à la casserole. On pensait que la friture ne durerait que l"espace des festivités célébrant l"avènement (24 janvier) de l"année du Serpent, le sixième des douze rameaux terrestres chinois. Mais le banquet se poursuit. Dans les restaurants de la province du

Guangdong, où les gourmets raffolent des sau-

tés d"une grande variété d"animaux (chien, chat, tortue, blaireau, voire singe), des cages four- millant de serpents trônent toujours à l"entrée. Les clients peuvent ainsi mieux choisir. L"espèce la plus fameuse est le" serpent qui dépasse les pics de montagne ».

A Shenzhen, cet ancien village de pêcheurs

métamorphosé en mini-Hongkong, les restau- rants spécialisés en plats de serpent sont com- bles. La cité détient le record national de consommation du reptile : 10 tonnes par jour ! C"est une calamité pour les défenseurs des ani- maux. Le professeur Huang Zhujian, consultant auprès du Comité national de protection des res-

sources naturelles et des espèces animales, vientde lancer un pathétique cri d"alarme." Les ser-

pents jouent un rôle irremplaçable dans le main- tien de l"équilibre écologique, a-t-il mis en garde. Il faut les consommer avec modération. »L"ani- mal a bien été inscrit l"été dernier sur une liste d"espèces à protéger. Les voraces n"y ont guère prêté attention.

L"inquiet professeur pourra trouver quelque

consolation dans la jolie histoire de Wang Shui- lian, une jeune femme de Luoyang (province centrale du Henan) qui, elle, voue une tendresse immodérée pour les " petits dragons », autre nom du serpent. Elle les élève affectueusement dans sa maison. La colonie compte à ce jour deux cents membres. En dépit de multiples mor- sures, Wang Shuilian s"est obstinée, raconte le

Shanghai Ribao (Le Quotidien de Shanghaï).La

force de son amour a fini par triompher de l"ad- versité. De guerre lasse, le boa thaïlandais a cédé au rythme de deux bains quotidiens. Le rêve de

WangShuilian serait maintenant de figurer dans

le livre Guinness des records. Une colonie de deux cents serpents à domicile : qui dit mieux ?

Il y a aussi des cas inverses : des serpents se

piquant de passion pour un humain rétif. C"estl"aventure, ou la mésaventure, dont Zhou Cun- xin est le héros involontaire. Depuis vingt ans, ce paysan de la province du Zhejiang fait l"objet d"un véritable harcèlement amoureux de la part des reptiles, rapporte leYangcheng Wanbao (Le

Soir de Canton). Quand il va planter ses patates

douces ou piquer son riz, il se trouve toujours un serpent rampant dans sa direction pour lui témoigner une ostensible sympathie. Où qu"il soit, les " petits dragons » viennent câliner. Au lever du jour, il en découvre un enroulé sur son lit. Le soir, lors d"une séance de cinéma en plein air, il s"aperçoit qu"un autre s"était lové à ses pieds. Un tel magnétisme est très embarras- sant : Zhou Cunxin fait peur. Certains villageois le fuient. Il a beau rageusement frapper ou tuer tous ces importuns, rien n"y fait : les reptiles retournent à lui, sans rancune. Zhou Cunxin a toutefois noté que son charisme s"était récem- ment émoussé. Il souffle un peu enfin. Est-ce l"année du Serpent ? Si c"est le cas, le répit ne durera qu"une petite année lunaire. Qu"advien- ne le Cheval, et les ennuis recommençeront...

Frédéric Bobin

International................ 2

France............................ 6

Société........................... 10

Régions......................... 12

Horizons ....................... 14

Carnet............................ 17

Entreprises................... 18

Communication........... 20Tableau de bord .......... 21

Aujourd"hui.................. 24

Météorologie-Jeux...... 26

Culture .......................... 27

Guide culturel.............. 29

Kiosque ......................... 30

Abonnements .............. 30

Radio-Télévision......... 31

a

FAUT-ILmaintenir le tronc

commun unique au collège ou permettre une orientation préco- ce des élèves en difficulté ? Jack

Lang annoncera "autour de

Pâques »sa réponse à cette ques-

tion qui concerne le niveau où se situe l"essentiel des dysfonctionne- ments du système scolaire. Pour l"éclairer, le ministre de l"éducation nationale a entre les mains les pro- positions du recteur Philippe Jou- tard, qui propose notamment de permettre aux chefs d"établisse- ment d"orienter à la fin de la classe de 4e certains collégiens. Par ailleurs, sur internet, les offres de soutien scolaire, gratuites ou payan- tes, se multiplient. Enquête sur ces nouvelles aides pédagogiques.

Lire pages 10 et 25

PARLEMENT

Contrôlerle budget

Trader et fugitif,gracié par Clinton

CHAMPIONNAT DU MONDE DE SKI

L"argentpour Saïoni

Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche,25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ;Côte d"Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ;Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta-gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ;Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ;Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ;Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ;Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

Les députés ont commencé, mercredi

7 février, l"examen de la proposition de

loi réformant la procédure budgétaire.

Face aux critiques de la droite, qui juge ce

texte trop timoré et attend du Sénat qu"il l"améliore, le président de l"Assemblée nationale, Raymond Forni (PS), a souligné que tous les groupes devraient voter cet- teréforme, car" tous pourront[la]reven- diquer ». p. 7 et notre éditorial p.16

JUSTICE

Le carnetde Sirven

Alfred Sirven a brièvement comparu,

mercredi 7 février, au procès de

Roland Dumas. Salué par les six autres

prévenus, l"homme-clé de l"affaire Elf, incarcéré à la prison de la Santé, aura un mois pour préparer sa défense avant la reprise de l"audience, le lundi

12 mars. La découverte aux Philippines

d"un carnet d"adresses du fugitif relan- ce les spéculations sur les réseaux dont il aurait bénéficié. 350 noms, notam- ment d"hommes politiques et du mon- de de l"industrie, y figureraient. p. 6

L"ALGÉRIEcommence à être

confrontée à la vraie histoire de la violence politique qui la ravage depuis le début des années 1990. Le récit qui émerge est celui d"un conflitbeaucoup plus complexe que celui qui a été présenté comme opposant l"armée à la guérilla armée du mouve- ment islamiste. Les uns après les autres, les témoignages s"accumu-lent qui, tous, vont dans le même sens : des factions de l"armée, obéis- sant à tel ou tel chef au nom de la guerre menée contre les maquis, sont largement responsables de cer-tains massacres, d"exactions massi- ves, de tortures et de déplacements de populations. Après l"ouvrageQui a tué à Bentalha ?, de l"un des resca- pés du massacre de civils perpétré dans ce village, un autre livre accable l"armée avec une précision encore sans égale dans les témoignages recueillis.La Sale Guerrea été écrit par un jeune officier d"une unité d"éli- te de l"armée, Habib Souaïdia, aujour- d"hui réfugié en France." J"ai vu des collègues brûler vif un enfant de quin- ze ans. J"ai vu des soldats se déguiser en terroristes et massacrer des civils »,

écrit-il. Dans un point de vue auMon-

de, un groupe d"intellectuels euro- péens et maghrébins - parmi les- quels Pierre Bourdieu et Pierre Vidal-

Naquet - interpelle la France sur sa

politique algérienne, peu avant la visi- te à Alger, le 13 février, du ministre des affaires étrangères, Hubert Védri- ne. Le président Bouteflika est de plus en plus critiqué par ses alliés, comme en témoigne Saïd Sadi dans un entretien auMonde.

Lire pages 2 et 15

Le collège unique

en question

LE MONDE DES LIVRES

aMichel Rio,

Jakob Wassermann,

Merleau-Ponty,

Jack Goody, etc.

Marseilleen campagne

DIMANCHE4 février, la véné-

rable Association des concerts

Lamoureux a rempli, une fois enco-

re, le Théâtre des Champs-Elysées.

Le vaisseau tangue jusqu"au pou-

lailler d"un public enthousiaste qui siffle, fait le ban, crie" Merci ! »au soliste, pendant que l"orchestre tape des pieds sur le plateau. On est en

France, tout finit par des chansons.

Le chef d"orchestre japonais Yutaka

Sado fait donc chanter le public, à

l"unisson de l"orchestre - qui chante lui aussi, et tout en jouant ! - et du

Choeur Vittoria d"Argenteuil,Je te

veux !d"Erik Satie, donné enbisd"un programme qui associe sans com- plexes la musique tirée du filmUne place au soleilpar Franz Waxmann, leQuatrième Concertode Beetho- ven, joué, la tête dans les étoiles, par le nouveau poète du piano Niko- laï Luganski, et laDeuxième Suitede

Daphnis et Chloéde Ravel. Dans le

public, Alain Millet, le nouveau patron de la Sacem, venu en famille.

Pas un représentant du ministère de

la culture à l"horizon. Il y a pourtant cinq ans que Lamoureux casse la baraque.

De son côté, la septième édition

des Folles Journées de Nantes aura accueilli, les 26, 27 et 28 janvier,

80 000 spectateurs et 800 artistes

pour fêter la musique russe, des ori-gines du chant religieux à nos jours, dans un joyeux délire et une émo- tion qui font attendre avec impa- tience Haydn et Mozart, prévus pour 2002. Le public est donc venu nombreux, de tous âges, bien plus mélangé socialement qu"à l"habi- tude. Pourquoi ? A Nantes, les prix sont bas, l"affiche est prestigieuse, les programmes attractifs, les artis- tes disponibles, qui se mélangent au public pour assister au concert les uns des autres sans se toiser, prennent le temps de parler à des inconnus au détour d"un couloir.

Parce qu"on est dans une ville qui

laisse s"épanouir les initiatives en dehors de l"institution, les accompa- gne financièrement pour peu qu"el- les aillent au-devant du public. A

Paris, c"est la même chose qui se

passe, lors de chacun des huit con- certs que donne l"Orchestre Lamou- reux, chaque saison. Fondée en

1881, cette association est autogé-

rée par ses musiciens. Ils répètent gratuitement, touchent 500 francs par concert et se partagent les béné- fices en fin d"année - quand il y en a ! Yutaka Sado, de son côté, est un directeur musical à l"ancienne.Alain Lompech

Lire la suite page 16

JOEL SAGET/AFPJAY DIRECTO/AFP

Christel Saïoni (photo) a obtenu la

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