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Lecture analytique de l’acte 1 scène 1 de Dom Juan

de faire le portrait de son maître En une tirade, Sganarelle a donc réussi à introduire les personnages principaux, son maître, Dom Juan, Done Elvire, la femme trahie, et son valet, ainsi que lui-même 2 L’autoportrait de Sganarelle Sganarelle, dans cette scène, donne autant d’information sur lui-même que sur son maître Il se



SCÈNE D’EXPOSITION DE DOM JUAN ET DOUBLE ÉNONCIATION

Sganarelle (de sorte qu’en peignant Dom Juan, Sganarelle se dépeint lui-même) • La conclusion de la scène et le contraste entre le long portrait critique et la crainte de voir arriver le maître : dans la tradition comique, le valet est souvent un poltron Sganarelle en fait ici la démonstration en menaçant Gusman



Molière, Dom Juan: Acte I, scène 3 LECTURE ANALYTIQUE

La scène rebondit car Elvire demande à DJ de se justifier III Le sketch de Sganarelle: DJ s’absente et jette Sg vers Elvire pour un duo dont il veut être absent = goujaterie de DJ car Sg Est 1 valet, Elvire 1 noble Différence de statut, conversation intime DJ pense ne pas avoir besoin de se justifier à qui que se soit = hors-la-loi



’Dom Juan’’ - LeWebPédagogique

Scène 1 : Sganarelle fait à Don Gusman, écuyer d'Elvire, le portrait de Don Juan, son maître, débauché impie Il prévient Don Gusman de l'échec probable d'Elvire, femme de Don Juan, abandonnée par lui et venue à sa recherche pour le lui reprocher



Dom Juan : Acte I, scène 2 - Blog des classes de Première

•Portrait de DJ par Sganarelle B Scène 2 : Sganarelle, DJ •DJ interrompt et s’informe de savoir qui est Gusman •Il annonce une nouvelle aventure •Débat entre DJ et Sg (voir étude détaillée ci-après) •DJ expose son nouveau projet // Craintes de Sg vis-à-vis de la mort récente du commandeur •Arrivée de Done Elvire



Dom Juan ou le Festin de pierre de Molière

Pbtiq : Quel portrait de son maître Sganarelle fait-il ? En quoi ce portrait d’un libertin permet-il de faire le portrait en creux de Sganarelle ? Dans cette tirade, il trace le portrait de son maître, et ce faisant, trace aussi le sien = bouffon C’est un passage qui fait le point sur l’action et donne le ton comique de la pièce



1 Dom Juan - premieres3weeblycom

reconstituer) discutent Sganarelle , valet de Don Juan et Gusman , écuyer de Done Elvire Gusman est à la recherche de Don Juan qui vient d’abandonner sa maîtresse après l’avoir épousée Sganarelle fait l’éloge du tabac et se lance dan un portrait de son maître devant Gusman médusé 1 2



SCÈNE D’EXPOSITION DE DOM JUAN ET DOUBLE ÉNONCIATION

réalité, des affaires amoureuses de Dom Juan Le registre de langage plutôt familier utilisé par Sganarelle est un autre indice de la comédie Relever les expressions les plus significatives qui peuvent paraître triviales, populaires, voire grossières La longue tirade de Sganarelle dressant le portrait de son maître

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Collège au théâtre Saison 2009/2010 Fiche pédagogique n°1

DOM JUAN

SOMMAIRE

1. Présentation de la pièce

1.1. L"accueil de Dom Juan

1.2. La pièce en résumé

1.3. Quelques clés de lecture

a/ Les discontinuités b/ Jeux de miroir c/ L"homme en fuite

2. Le libertinage

3. Dom Juan vu par Jean-Marie Villégier

3.1. Quelques mots du metteur en scène

3.2. Note d"intention

3.3. Dom Juan ou l"hypocrite foudroyé

3.4. L"illustre Théâtre de Molière à Jean-Marie Villégier

3.5. La Cie Villégier : le retour à un théâtre des origines

4. Quelques pistes

5. Sources et éléments bibliographiques

Molière dans le rôle de César dans

La Mort de Pompée,

peint par Nicolas Mignard (1658).

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Saison 2009/2010

1. PRESENTATION DE LA PIECE

1.1. L"accueil de Dom Juan

Le 15 février 1665 : première de Dom Juan. Quand il présente sa pièce au Théâtre du Palais Royal, Molière joue Sganarelle. Ce n"est pas une pièce écrite dans la précipitation quand on sait qu"il a fallu commander un fabuleux décor à des spécialistes de trompe l"oeil dès l"année précédente. La pièce est bien accueillie, elle plait. Elle est costumée, spectaculaire, richement

décorée. Mais le 17 février, déjà, elle est expurgée. Il faut couper la scène 2 de

l"acte III car Don Juan veut obliger un pauvre à blasphémer pour un louis d"or. La pièce disparaît le 20 mars, veille du dimanche de Pâques ; elle a été victime de la cabale et du scandale. Pourquoi une telle polémique ? On accuse Sganarelle de confondre vertu et vice. Les jansénistes (parti religieux qui dispense des leçons austères et pessimistes), froncent le sourcil devant le châtiment final de l"impiété, trop mêlé aux bouffonneries de Sganarelle. On cherche Dieu et on ne trouve qu"un Deus ex machina

1. D"autre part, Molière introduit la religion sur la scène de théâtre et par

là même la désacralise. On ne plaisante pas de la religion car c"est faire école de libertinage et attenter à la personne du roi même puisque l"on sape son autorité spirituelle. On peut imaginer que les variations sur le nom " louis » (louis d"or, Don Louis, ...) aient alerté les esprits chagrins. Molière n"entre pas dans la polémique.

1.2. La pièce en résumé

1.1. En Sicile (la Sicile a longtemps été une province espagnole), dans un

palais ouvert aux promeneurs près d"un jardin (les décors évoqués sont ceux que les commandes de décors passées par Molière permettent de reconstituer) discutent Sganarelle, valet de Don Juan et Gusman, écuyer de Done Elvire. Gusman est à la recherche de Don Juan qui vient d"abandonner sa maîtresse après l"avoir épousée. Sganarelle fait l"éloge du tabac et se lance dan un portrait de son maître devant Gusman médusé.

1.2. L"arrivée de Don juan interrompt leur conversation. Il entreprend un éloge

de l"inconstance en amour et annonce son projet d"enlever une jeune fiancée en mer.

1.3. L"irruption d"Elvire, qui a quitté le couvent, le contrarie mais il reste

insensible à ses reproches. Hypocrite, il justifie sa conduite par des scrupules religieux.

2.1. Autre décor : au bord de la mer, Pierrot, un paysan, explique à

Charlotte, une paysanne, qu"il a sauvé Don Juan de la noyade. La jeune femme s"intéresse à Don Juan...

2.2. Don Juan arrive et entreprend de la séduire... sans peine !

2.3. Revient Pierrot, rudoyé par Don Juan. Il bat en retraite.

1 Dieu descendu d"une machine. Cela renvoie à l"apparition inattendue d"un personnage à

la fin de la pièce pour la terminer.

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2.4. Mathurine et Charlotte, deux paysannes, sont séduites par Don Juan qui

virevolte entre elles.

2.5. Des hommes arrivent à cheval et Don Juan prend la fuite en échangeant

ses vêtements avec Sganarelle.

3.1. Autre décor : une forêt avec " une manière de temple ». Sur la route

chemine Sganarelle déguisé en médecin, et Don Juan. La conversation roule sur les croyances. Don Juan scandalise Sgnanarelle par son athéisme.

3.2. La scène du pauvre (cf. paragraphe 1, p.3) : Don Juan essaie en vain de le

faire jurer.

3.3. Un inconnu est attaqué par des voleurs : c"est le frère d"Elvire que Don

Juan va sauver.

3.4. Survient l"autre frère d"Elvire qui reconnaît Don Juan. La question de

l"honneur se pose.

3.5. Arrivée de Don juan devant le tombeau du Commandeur qu"il a tué. La

statue accepte son invitation à dîner d"un mouvement de tête.

4.1. Autre décor : Don Juan dans son appartement. Don Juan, rationnel,

s"agace de la crédulité de son valet.

4.2,3. Arrivée de monsieur Dimanche, bourgeois, créancier, éconduit par

Don Juan.

4.4. Arrivée de Don Louis, père de Don Juan, qui repart horrifié par

l"insolence de son fils.

4.5. Don Juan souhaite la mort de son père.

4.6. Done Elvire revient supplier son époux et Don Juan est presque séduit par

celle qui va retourner au couvent.

4.7,8. Don Juan veut souper, mais arrive la statue qui l"invite à dîner le

lendemain.

5.1. Don Juan, hypocrite, joue à son père la comédie du repentir.

5.2. Il s"en ouvre à Sganarelle et vante les multiples avantages de l"hypocrisie.

5.3. Arrive Don Carlos, le frère de Done Elvire, qui veut régler les comptes.

5.4,5,6. Le dénouement tragique se met en marche : apparaît un spectre de

femme. La statue prend la main de Don Juan dont le corps s"embrase. Resté seul, Sganarelle se lamente : " mes gages, mes gages, mes gages ! »

1.3. Quelques clés de lecture

a/ Les discontinuités : Bien que repartie en cinq actes, l"intrigue ne répond pas aux règles traditionnelles du théâtre. Don Juan relève d"une esthétique du discontinu, d"une dramaturgie de rupture. L"action est lente à se mettre en place, progresse par à-coups et ne prend forme qu"au cours du dernier acte. Pour exemple, pensons à la scène initiale où Sganarelle, qui a engagé la conversation sur les vertus du tabac, s"interrompt brutalement pour faire le portrait de son maître, puis est une nouvelle fois interrompu par l"arrivée de ce dernier.

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b/ Jeux de miroir : par ailleurs, la discontinuité de l"intrigue se double de discontinuité des tonalités. Molière fait constamment passer du sérieux au comique. Cette discontinuité n"est pas sans évoquer un habit d"arlequin et trouve un prolongement comme un jeu de miroir et de masques : le paysan Pierrot en quête d"un peu d"amour auprès de sa promise Charlotte, reproduit Elvire en quête du même amour auprès de Don Juan. Charlotte transpose la situation d"un Don juan désireux comme elle de conquêtes nouvelles. On retrouve des amoureux abandonnés. Pourtant Pierrot n"est pas l"émule de Don Juan, il en serait plutôt le contraire, comme une peinture en creux du séducteur. Quant à Sganarelle, un miroir déformant de son maître, il en donne un pâle reflet. Chaque personnage avance masqué, même Don Juan qui revendique pourtant sa liberté de pensée... c/ L"homme en fuite : toute la pièce est une succession de situations au cours desquelles la complexité du personnage se révèle. Don Juan est un homme en fuite. Il vient de quitter Elvire qui s"est lancée à sa poursuite. Il doit quitter les paysannes qu"il vient de séduire pour échapper aux frères d"Elvire, à ses créanciers, à son père ! Il est arrivé à un point de rupture où il ne lui est plus possible de vivre libre au contact des hommes. Il est acculé à la fuite, c"est d"ailleurs là que se trouve la justification de la discontinuité de l"intrigue. Il accumule certes les instants de jouissance qui se juxtaposent et forment comme une mosaïque, mais apparaît aussi de moins en moins maître de la situation.

2. LE LIBERTINAGE

Le mot libertinus désigne un esclave affranchi et a deux acceptions différentes : le libertinage de moeurs et le libertinage érudit.

Au 16

ème siècle, il qualifie péjorativement celui qui est indocile aux croyances religieuses. Les libertins sont les héritiers des érudits de la Renaissance qui sont imprégnés des nouvelles découvertes (Copernic, Galilée) révolutionnant les croyances sur le système de l"univers.

Puis le 17

ème siècle assimile les libertins aux épicuriens et aux athées. Vers 1620, de jeunes nobles (comme Théophile de Viau) se déclarent libres de toutes contraintes religieuses semblant incompatibles avec le tempérament changeant de l"homme. Ils refusent le jeûne et l"abstinence, chantent des chansons obscènes dans les cabarets, mangent du lard pendant le carême, méprisent comme Don Juan, le sacrement du mariage impossible avant 25 ans sans permission paternelle. Le libertinage est essentiellement provocateur et repose aussi sur des systèmes philosophiques qui inclinent les libertins à rejeter la spiritualité et l"immortalité de l"âme. La conscience de la mort les incite au bonheur immédiat dans la vie avec la ferme conviction qu" " on ne se baigne jamais deux fois dans la même eau ». Don Juan nie tout ce qui n"a pas un fondement rationnel.

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Pas de vie chrétienne chez lui, pas de conviction religieuse non plus : " je crois que deux et deux font quatre » dit-il, empruntant la célèbre phrase adressée par le Prince Maurice d"Orange à des pasteurs qui voulaient le convertir. Cela suffit-il à faire de Don Juan un athée ? Non, il serait plutôt un impie qui méprise la religion et qui refuse surtout le surnaturel facile auquel croit

Sganarelle.

Les libertins sont attaqués de tous côtés, en particulier par la Compagnie du Saint Sacrement (Bossuet, Anne d"Autriche). Tout acte de libertinage est passible de prison, de cachot. Mais Don Juan, homme de l"instant, est aussi un jouisseur. Il incarne fort bien le libertin de moeurs pour lequel toute règle de morale doit être enfreinte dans la

mesure où elle limite le plaisir : une véritable " bête brute », " un pourceau

d"Epicure » un vrai " Sardanapale » (Sganarelle, acte 1, scène 1). Done Elvire et Don Louis parlent à son propos des dérèglements d"une vie. La liberté de moeurs de Don Juan se traduit dans son comportement avec les femmes. La possession l"embarrasse, seule la conquête l"intéresse, pour l"image valorisante de puissance qu"elle lui renvoie. La conquête amoureuse a tout d"une conquête militaire : tout est stratégie. Ne loue-t-il pas " Charlotte et ses mains sales » sans les avoir regardées ? Il ne se sent nullement engagé par les noeuds du mariage, et si Elvire l"a intéressé, c"est parce qu"elle était au couvent et qu"il fallait défier Dieu. Comme de nombreux libertins de son temps, Don Juan aime afficher publiquement son inconduite et c"est Sganarelle son public. Le Don Juan de Molière est inséparable de l"histoire du 17ème siècle. Il traduit la liberté et les excès d"une génération d"aristocrates en révolte, jeunes seigneurs de la Fronde qui ne supportent pas le pouvoir étouffant de Louis XIV. Don Juan parcourt tout le spectre du libertinage : de la débauche à l"athéisme,

du matérialisme à l"impiété. Il est le contrepoids essentiel d"une société à l"ordre

moral rigide.

3. DOM JUAN VU PAR JEAN-MARIE VILLEGIER

3.1. Quelques mots du metteur en scène

" Je croy que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit » (III, 1). " Va, va, je te le donne pour l"amour de l"humanité » (III, 2). " Quoy qu"il en soit, laissons cela, c"est une bagatelle, nous pouvons avoir esté trompez par un faux jour, ou surpris de quelque vapeur qui nous ait troublé la veuë » (IV, 1). " Spectre, Fantosme, ou Diable, je veux voir ce que c"est » (V, 5).

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Scepticisme, refus du surnaturel, explication rationnelle des miracles, possibilité de la vertu chez les athées. En quelques brèves répliques, lâchées dans le secret de la forêt ou rugies au coeur du danger, Don Juan déclare qui il est : l"un de ces libertins des années 1630, grands seigneurs curieux de toute expérience, avides de toute pensée. Cet ultime rejeton de la Renaissance, brillant encore de tous ses feux, Molière le lance au grand galop sur le chemin du temps. Et le voici, au cinquième acte, toujours irrésistible, mais devenu contemporain de son premier public : 1665.

Ses manières, ses propos, ont pris un coup de vieux de trente ou quarante ans. L"heure est à l"hypocrisie : pense comme tu veux, mais garde pour toi tes pensées et conforme-toi à l"ordre moral. L"heure est aux tartufferies : Don Juan, athée, fait mine de se convertir. Conversion rageuse, suicidaire, qui donne le signal de sa perte. Molière choisit ce moment pour présenter son héros au jugement des hommes et au tribunal du " Ciel ». Le tonnerre gronde, l"éclair jaillit, il faut mourir. Qui est puni ? Sans doute le faux dévot que Don Juan est devenu pour enfin mériter notre haine. Peut-être aussi Molière lui-même qui s"est, in extremis, emparé du personnage pour lui faire tenir, au bord du gouffre et à la face du monde, un sermon vengeur et joyeux. Libertin, Don Juan l"est encore dans l"échec de sa relation à Sganarelle. Le libertinage érudit du dix-septième siècle s"accompagne du mépris pour les superstitions populaires, et pour le populaire lui-même. Ces lettrés, ces savants se refusent, de tout leur courage, à la tyrannie de l"opinion commune. Ironie du sort : dans sa fuite en avant, Don Juan n"a d"autre compagnon que son valet. C"est mieux que rien, et beaucoup plus encombrant. D"autant que l"esclave est amoureux du maître qui le scandalise. De toutes ses forces, il lutte, sans bien savoir pourquoi : peut-être pour le ramener au droit chemin, peut-être pour partager ses pensées - au risque de se convertir lui-même dans le mauvais sens. Don Juan est aussi l"histoire de cette rencontre impossible, de cet échange interrompu.

3.2. Note d"intention : lutter contre l"ensommeillement ?

" Le Dom Juan de Molière n"est pas Don Giovanni. Ce n"est pas lui qui s"introduirait dans la chambre de Donna Anna pour la prendre de vive force. S"il projette d"enlever une fiancée éperdument éprise de son futur, gageons que cette violence n"ira pas jusqu"au viol. La victoire sera d"obtenir son consentement, de fléchir sa résistance, de la " mener doucement » où il veut la faire venir : à l"abjuration de ce qu"elle croit être un parfait amour et qui n"est peut-être qu"illusion, paresse de coeur, servitude volontaire. Tout comme l"était,

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peut-être, la vocation religieuse d"Elvire ; tout comme l"est, sans doute, " l"amitié » de Charlotte pour Pierrot. Ce que Don Juan ne tolère de personne, ce qu"il soupçonne chez tous, c"est l"ensommeillement. S"endormir dans la tranquillité d"un amour, d"une croyance, des conventions sociales, de l"ordre moral, d"une identité confortable, c"est faiblesse, c"est lâcheté. Les remontrances mêmes de Don Louis, trop évidemment inspirées de Corneille et des Espagnols,

ne sont à ses oreilles que des répliques de théâtre, bien ronflantes et bien

mensongères. Il lui faut rencontrer un pauvre pour trouver quelqu"un qui n"abjure pas et qui, sans autre intérêt que de se respecter soi-même, tient bon face à la tentation. Un homme enfin à qui faire l"aumône " pour l"amour de l"humanité ». Si le Don Juan de Molière est libertin en ses moeurs, c"est qu"il est libertin en pensée : " je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et quatre et quatre sont huit ». Peut-il en dire plus, sur le théâtre, en 1665 ? Jouisseur, à coup sûr, polymorphe dans ses plaisirs parce que " philosophe ». Poursuivant ? Poursuivi ? Don Juan passe de lieu en lieu, de femme en femme, de costume de costume, de

rôle en rôle, de défi en défi. Il ne rentre chez lui, où le guettent bien des fâcheux,

que pour y attendre le Commandeur. De pied ferme. Dans sa fuite en avant, Don Juan n"a d"autre compagnon que Sganarelle, son valet et son bouffon. Sganarelle, tout encombré de superstitions populaires, malhabile en ses discours, mais fasciné par ce maître hors du commun, incapable de le quitter, acharné à le convertir mais secrètement fier d"entrer dans sa confidence, d"être admis à disputer, conscient de vivre à ses côtés une aventure d"exception, d"être, pour son humble part, auréolé lui-même d"un sulfureux éclat, écartelé entre ses deux fonctions d"esclave et d"interlocuteur, entre ses origines populaires et ses devoirs de larbin. Don Juan est l"histoire de ce couple improbable, de ce dialogue impossible, en un temps où la liberté de moeurs, la liberté de pensée sont les dangereux privilèges d"un " grand seigneur méchant homme ».

Jean-Marie Villégier

3.3. Dom Juan ou l"hypocrite foudroyé

Dom Juan ne sera imprimé qu"en 1682, dans l"édition de ses oeuvres posthumes procurée par La Grange, fidèle compagnon et naguère créateur du rôle-titre aux

côtés de Molière-Sganarelle. Édition censurée, amputée de quelques répliques

scandaleuses. Si le texte complet nous est parvenu, c"est grâce à une édition- pirate faite à Amsterdam en 1683. Dom Juan, décidément, sentait le fagot. Le personnage créé par Tirso de Molina n"était pourtant pas inconnu en France. Plusieurs auteurs se l"étaient approprié sans déclencher de scandale. On le connaissait pour un monstre, collectionneur de femmes, prompt à la violence et au meurtre, lançant à Dieu le défi d"un orgueil satanique. Molière écrit sa pièce alors que Le Tartuffe est sous le coup d"une interdiction que les dévots souhaitent définitive. Les plus acharnés réclament un châtiment exemplaire pour l"auteur impie. La réponse de Molière est cinglante : c"est le cinquième acte de Dom Juan. Don Juan rentre dans le rang. L"athée fait mine de se convertir. Conversion de pure façade, derrière laquelle il se met à couvert sans renoncer à rien. C"est alors, alors seulement, que Molière présente son héros au jugement des hommes et du Ciel. Le tonnerre gronde, l"éclair jaillit. Qui

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est foudroyé ? Don Juan ? L"hypocrite qu"il est devenu pour mériter le châtiment suprême ?

Jean-Marie Villégier, juin 2008

3.4. L"illustre Théâtre : de Molière à J.-M. Villégier

" Quand Louis XIV, en 1680, signait l"acte de naissance de la Comédie-

Française, il faisait oeuvre de mémoire. Ce siècle, qui était aussi le sien, avait été

un âge d"or du théâtre. Il entendait qu"en fussent éblouies les générations

futures. Qui aurait alors songé à rappeler que le jeune Molière, fondateur de l"Illustre-Théâtre en 1643, avait été comédien bien avant de devenir auteur ? Et à s"interroger : que jouait Molière-acteur avant de jouer Molière ? Nul ne s"en souciait plus. En instituant la mémoire, le Roi-Soleil instituait l"oubli. C"est au jeune Molière, à ce garçon de vingt ans, que j"ai emprunté le nom de sa compagnie, dans l"idée d"explorer l"immense réserve de merveilles que la Comédie-Française, dès ses premiers ans, a rejeté dans l"oubli. Visitant la cave et le grenier de l"ancien répertoire, l"Illustre-Théâtre/Cie Jean-Marie Villégier, ne s"est cantonné ni au pré-classicisme, ni aux auteurs oubliés. Mais il s"est fait une

règle d"accrocher côte à côte pièces capitales et pièces marginales - qui

pourraient bien devenir centrales sous un regard d"aujourd"hui. L"intention est politique : il s"agit de lire et de raconter autrement l"histoire du théâtre. De repérer les contradictions derrière l"unité de façade. A une mémoire trop docile, d"opposer une mémoire en découverte. Depuis 1985, date de sa fondation, ma Compagnie, chapardant à Molière le nom de l"Illustre-Théâtre, explore, hors des sentiers battus, le répertoire français ».

Jean-Marie Villégier

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3.4. La Cie Villégier : le retour à un théâtre des origines

La pièce a été montée une première fois au Théâtre National de Lisbonne en

1986. Sa qualité théâtrale tient à la diction précise et chaloupée des comédiens

qui tend à la perfection classique. Jean-Marie Villégier imprime un rythme remarquable et traite le texte de façon musicale. Du point de vue de la scénographie, le metteur en scène a voulu être fidèle à Molière et il a travaillé l"harmonie tant dans les décors que dans les costumes et les lumières. Il y a quelque chose de la simplicité des tréteaux du théâtre en plein air. Le parquet de bois fait résonner la scène et plonge le spectateur dans un univers autant visuel que sonore (écoutez les bruits des sabots, regardez les pirouettes et entendez les sauts...) Le décor évoque une grosse maison bourgeoise ou un palais, dont le lustre s"est effacé au fil du temps. Tout se passe là, tout se joue dans un contexte dont on a enlevé la dorure physique et mentale. Les costumes sont dignes de Vermeer (Véronique Hotte, la Terrasse). C"est Jean-Marie Villégier qui interprète lui-même Don Louis dans l"une des scènes les plus étonnantes de la pièce, à la fois puissante et déchirante. Don Juan fin, frêle, a quelque chose de mélancolique : Eric Verdin, subtilement, laisse sourdre toutes les variations de pensée et de sentiment de cet être rétif.

4. QUELQUES PISTES

4.1. Comprendre Dom Juan ? Extraits de textes

a. La liste (Da Ponte) SGNANARELLE - Eh ! Consolez-vous ; vous n"êtes, vous n"avez jamais été et ne serez ni la première, ni la dernière. Regardez : ce livre qui n"est pas mince, est tout plein des noms de ses belles ; chaque ville, chaque bourg, chaque pays est témoin de ses exploits auprès des femmes. Ma petite dame, voici le catalogue des belles que mon maître a aimées : ce catalogue, c"est moi qui l"ai fait ; regardez, lisez avec moi. En Italie six cent quarante, en Allemagne deux cent trente et une, cent en France, en Turquie quatre-vingt onze, mais en Espagne, elles sont déjà mille et trois. Parmi elles, il y a des paysannes, des femmes de chambre, des villageoises, il y a des comtesses, des baronnes, des marquises, des princesses et il y a des dames de tout rang, de tout gabarit, de tout âge. Il a coutume de louer chez la blonde la gentillesse, chez la brune laquotesdbs_dbs16.pdfusesText_22