Le récit denfance concentrationnaire: grandir après Auschwitz
Sep 7 2021 Une jeunesse au temps de la Shoah
Critique dun livre : Simone Veil Une jeunesse au temps de la Shoah
Style du livre et présentation générale : Ce livre regroupe les quatre premiers chapitres de l'autobiographie de Simone Veil. L'idée d'en extraire les quelques
Année Scolaire 2022-2023 Institut St Eloi Programme de lectures
Le Roman et le récit du XVIII ème au XXI ème siècle. Une Jeunesse au temps de la Shoah. 21 ème. Simone Veil. Le livre de poche. 978-2-253-12762-8.
Thème 3 chapitre 3 : la Seconde Guerre mondiale
https://histoire.ac-versailles.fr/IMG/pdf/version_professeur_t1_c3_deportation_s._veil.pdf
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May 26 2020 Une jeunesse au temps de la Shoah
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Les deux livres suivants sont arrivés à la librairie La plume de Taverny. *** Une jeunesse au temps de la Shoah Simone Veil. *** Felicidad
« Une bibliothèque est une chambre damis. » T. Ben Jelloun « Une
Veil Simone / Hausser
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*** Antigone de Jean Anouilh. *** Une jeunesse au temps de la Shoah Simone Veil. *** Felicidad
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Une jeunesse au temps de la Shoah, Simone Veil
, Simone Lagrange , Élie BuzynCharlotte
BACCONNIER
Sous la direction de M. Laurent DEMANZE
Mémoire de master 2
Master Arts, Lettres et Civilisations
Parcours Littérature Critique et Création
Université Grenoble Alpes
2019-2021
2Remerciements
Je remercie mon directeur de mémoire Monsieur Laurent Demanze pour son accompagnement dans ma démarche de recherche, malgré des conditions sanitaires compliquées. Merci à vous pour votre aide tout au long de ce Master.Merci également à Madame Saignes pou
que pour ses précieux conseils lors de ma première soutenance. Je remercie tout particulièrement ma famille de toujours me soutenir. Merci à ma r. Merci à Thomas de toujours me pousser à faire de mon mieux. Je dédie ce travail à la mémoire de tous les enfants des camps, avec une pensée toute particulière à Simone Lagrange, Simone Veil et Élie Buzyn. 4TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION p. 6 à 17
I. LA PAROLE DE " »
1) p.18 à 22
a) : récits de moments perdus b) Une enfance perdue c) Des enfants exilés2) Le déracinement .p. 33 à 44
a) La déconstruction identitaire b) Le processus de déshumanisation c) La négation de la dignité humaine3) .p.44 à 52
a) La dimension testimoniale et thérapeutique b) c) La résilienceII. : UNE
DÉFLAGRATION TEMPORELLE ET SPATIALE ... p.53 à 781) concentrationnaire 53 à 63
a) Une instrumentalisation du temps par les nazis b) Une coexistence avec la mort c) Une senescence physique et symbolique temporelle2) .p.63 à 70
a) La représentation de deux espaces antithétiques b) La répétition du traumatisme : les reviviscences au sein des récits3) La Shoah : un hors temps narratif p.70 à 78
a) Une esthétique du dédoublement b) III. LIEU»p.78 à 99
1) La " période du silence » iale . p.79 à 88
a) b) 5 c)2) ..p. 88 à 92
a) b) Une assignation de victime3) : un " » soi .p.92 à 99
a) La posture du témoin b) Vers une réparation mémorielle de la sociétéCONCLUSION...p. 100 à 105
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE...p. 111 à 116
6INTRODUCTION
s juifs sont assassinés dans les camps par sont des juifs Français, déportés entre 1942 et 19441. s restent encore tristement célèbres. En France, le souvenir des 44 déportés par Klaus Barbie le6 avril 1944 et assassinés à Auschwitz perdure dans les mémoires2. De la même façon, les
, arrêtés le 16 et 17 juillet 19423 dans Paris avec leurs familles, restent un symbole honteux de la collaboration de la France avec les Nazis. Les enfants du Vélodrome seront par la suite déportés aux camps de Pithiviers et de Beaune- la-Rolande, avant envoyés La figure a été occultée pendant longtemps, et elle un sujet tabou car elle témoigne de capable dans les camps . Mais des années après, la production littéraire er et de sortir du silence. Afin de mieux comprendre le contexte historique de ce travail, il convient de définir les notions entourant la Shoah. Dans le cadre de la recherche, nous nous concentrerons sur les témoignages des enfants des camps. Dans cette perspective nous allons préciser certaines expressions et justifier le vocabulaire employé. nous nous écarterons volontairement de " Holocauste », qui apparaît en France notamment àtravers le roman, puis la série télévisée Holocaust en 1978. En effet, le terme porte en lui-même
une ambiguïté sémantique. Dans un article du Monde intitulé " Pour en finir avec le motHolocauste »4
une " confusion » entre la dimension sacrificielle du terme hébraïque holocauste, qui dans e au sacrifice religieux ; et la dimension visuelle à laquelle ont pensésacrifié brûlé. Cette ambiguïté comme le dit Jacques Sebag, envisagerait le sort du peuple juif
1 Jablonka, Ivan, , Paris, Presses Universitaires de France, 2014, p.11.
2 : 7 avril 1946 - Maison
d'Izieu (memorializieu.eu)3 Cercil, : Pithiviers Beaune-la-
Musée-Mémorial des enfants du Vel d'HivCercil Musée-Mémorial des enfants du Vel d'Hiv (musee-memorial-
cercil.fr)4 Sebag, Jacques, " Pour en finir avec le mot Holocauste » dans Le Monde, URL :
sebag_395676_3232.html 7 tel un sacrifice. Nous utiliserons donc plutôt le terme de Shoah. shoah signifiant " catastrophe, anéantissementShoah. Ce dernier fait date par sa
dimension documentaire. En effet, Lanzmann est le premier à interrog survivants des camps nazis. Ensuite, il paraît important de définir les notions de " » et de " génocide Code pénal, la notion de " » est une " violation délibérée et ignominieuse des droitsphilosophiques, raciaux ou religieux ». Cette infraction est établie à Nuremberg en 1945, il
procureur et avocat invente le néologisme " génocide » du grec genos se traduisant par " race,
espèce » et de cide signifiant " tuer s Lemkin le terme de génocide possède davantage une dimension collective et anticipatrice. Le CNRTL5 en donne la définition suivante : " s, national, ethnique ou religieux ». Il y a systématique » évoque quant à lui un processus extermination mot génocide est plusfréquemment utilisé, mais peut être dévoyé par des emplois illégitimes. Des dissensions
juridiques existent en 1946 entre Lauterpacht et Lemkin quant au terme à utiliser à Nuremberg. Les deux mots seront prononcés lors du procès et la notion de " »Code pénal.
Enfin, nous allons préciser enfants de la Shoah ». Celle-ci prend encompte tous les enfants ayant vécu les camps de façon directe, tel Élie Wiesel en tant
adolescent concentrationnaire ; ou de façon indirecte, tel George Perec dont la famille oules proches ont été assassinés. Mais dans le cadre de la recherche nous parlerons de " récit
ce concentrationnaire », car nous nous concentrerons concentrationnaire vécue physiquement Dans cette perspective, notre corpus comprend trois autobiographes ayant survécu5 Cnrs, atilf. Génocide. Dans Le Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales.
8Les enfants de la Shoah : les conditions
Dans la préface de soutient à propos de
la parole des enfants de la Shoah : " Deux dangers menacent les enfants de la Shoah. Le». Le neuropsychiatre aborde
ici deux conséquences du traumatisme des camps : " Parler ». Quand certains plongent a contrario éprouvent le besoin de Mais comme le suggère Cyrulnik, une fois la boîte de Pandoreouverte, la remémoration peut être dangereuse psychologiquement. Ce fût le cas du célèbre
chimiste Italien Primo Levi, auteur de qui sombra dans la dépression, et dont en 1987 on suspectera le suicide. La question se pose alors aux adultes comme aux enfantssurvivants : " Parler ou de pas en parler ? », écrire ou ne pas écrire ? Theodor W.Adorno a fait
longtemps polémique " écrire des poèmes après Auschwitz est barbare, »6est revenu sur sa déclaration des années plus tard, en expliquant que était pas le témoignage du survivant, mais une esthétisation de la Shoah. Il dit à ce propos dans Dialectique négative : " on au monde qui les a assassinés ». Primo Levi au entretien en 1984, déclare : " : après Auschwitz, on ne peut plus écrire de poésie que sur Auschwitz »7. Cette déclaration de Primo Levi souligne un des deux dangers : parler peut fragiliser psychologiquement le survivant et le mener dans une répétition, une reviviscence constante du traumatisme. Cependant, " ne pas en parler » constituerait alors un danger plus grand encore Pour les enfants survivants, parler de la Shoah , d plein qui doit être libéré. En ce processus " ».abréaction » est une " réaction émotionnelle, spontanée ou provoquée, qui, en
»8. La globalité des
enfants revenus des camps refoulent pendant longtemps leur traumatisme, on parle alors temps du silence. Du fait de ce refoulement, les témoignages des enfants de la Shoah vont6 Amsallem, Daniela, , Lyon, Cosmogone,
2001, p.223.
7 Ibidem
8Abréaction. Dans le Consulté le 2/04/2021
URL : -academie.fr)
9connaître une production littéraire quasiment inexistante en France jusque dans les années 50,
a contrario des témoignages de longtemps dans sont publiés dès le retour des camps. Patrice Gélinet explique dans son ouvrage Lalibération des camps, que les témoignages des survivants prolifèrent dès la fin de la guerre,
mais tomboubli car occultés par la société : " Entre 1945 et 1947 en France, ne trouvent plus de lecteur. Dans un pays les caves de Saint-Germain-des-Prés et oublier les souffrances de la guerre »9. En France, dans les premiers témoignages des enfants de la Shoah qui semblent faire , restant encore l plus connus -Bas en 1947 puis en 1950 en France, le journal raconte comment la jeune Anne Frank10 -quatre mois avec sa famille derrière un placard, au-À son retour descamps, son père Otto Frank, seul survivant de la famille, fera publier le journal de sa fille. Dans
un contexte géographique éloigné, Miriam Wattenberg11 est également connue par son récit12
des évènements du ghetto de Varsovie. Celle-ci se rapproche déjà du récit concentrationnaire
la forte mortalité du ghetto et les vagues de déportations apparenter à la forme du journal, Thomas Geve13 dessine en 1945 soixante-dix-neuf dessins sur té dans les camps14. Il est ure uneéchappatoire à leur quotidien pénible. Par nécessité, elles rédigent donc sous la forme du
journal. Leurs deux écrits en possèdent en tout cas les caractéristiques : un récit à la première
, au jour le jour, leur vécu de jeunes filles des -à-vis de la guerre et de leur enfermement. Quant à Thomas Geve, il dessine en quarantaine, des camps il en a matériellement les moyens. Cependant, même si de nombreux enfants tiennent9 Gélinet, Patrice, La libération des camps, Pobneck, Acropole, 2015.
10 Annexe 1.
11 Annexe 2.
12 Mary Berg, Le ghetto de Varsovie, Paris, Albin Michel, 1947.
13 Annexe 3.
14 Le Collectif Histoire et Mémoire, " Les Dessins de Thomas Geve », consulté en ligne : Collectif histoire et
mémoire (collectifhistoirememoire.org) 10 à travers une forme littéraire. Dans les camps, écrire sembledifficile, notamment pour des enfants. Le récit naîtra alors des années plus tard, lorsque
Dans cette perspective,
nous pourrions parler de La Nuit publié en 1958 aux Éditions de minuit. Ce premier ouvrage de Élie Wiesel, raconte sa déportation , où il perd plusieurs membres de sa famille : À ce premier ouvrage autobiographique succède en 1961 et Le Jour en 1962. par sa capacité à aborder adolescent concentrationnaire dans les camps de la mort, et surtout à interroger philosophiquement. Cette découverte, ou cette prise de conscience pour certains , va avoir un impact moral et historique, le pire de la Shoah. Mais aussi littéraire, par la naissance racontant " concentrationnaire »15 de donne à voir toute par les Nazis sur les enfants. nous allons nommer dans le cadre de la rechercheÀ la fin du XXème siècle et au XXIème
apparaît. La parole se délie et les enfants rescapés grandissent. Ainsi, naissent des récits
plus précisément leur extermination, leur génocide. La " solution finaleauteurs survivants à une échelle individuelle. Peut-être est-ce précisément la spécificité de la
littérature de la Shoah. En effet, celle-ci donne systématiquement à voir des récits individuels,
qui historiquement font date car ils témoignent de grande échelle. Notre corpus montre précisément de cette extermination sur les enfants.environ soixante-dix ans après. La particularité de ces ouvrages repose alors sur cette prise de
parole tardive des enfants de la Shoah via le genre autobiographique concentrationnaire devient un objet littéraire plus de soixante ans après les camps. Chez nos15 Rousset, David, [1946], Paris, Éditions de Minuit, 2016.
11 trois auteurs, Simone Veil16, Simone Lagrange17 et Élie Buzyn18, il aura fallu attendre respectivemenun témoignage fasse surface. Dans cette perspective, nos trois auteurs se trouvent à la jonction de la pensée de Cyrulnik : " Parler ou ne pas en parler » straumatique difficile à exprimer, qui sera vécue à retardement par la résurgence des souvenirs
Nous nous concentrerons sur un corpus essentiellementautobiographique, car les auteurs ont cherché à conserver à tout prix une véracité historique et
offrir la possibilité d ce qui pour eux va constituer une posture. En effet, Simone Lagrange : adolescente à Auschwitz19, Élie Buzyn 20, et Simone Veil Une jeunesse au temps de la Shoah21 plusieurs années après le traumatisme des camps. Il y a donc une perspective volontairement et nécessairement rétrospective. Nous pouvons alors en ce sens décomposer le processus de reconstruction de l : accepter ou du pour certainssurvivants décider de témoigner des années plus tard. Un stade tertiaire apparaît alors
symboliquement : celui du dévoilement p Les trois ouvrages du corpus appartiennent alors à ces seconds récits du XXème et duXXIème .
Les deux premières auteures de notre corpus : Simone Veil et Simone Lagrange, portant autrefois les noms de Jacob (Veil) et Kadosch (Lagrange), ont fait partie avec leurs familles, de la vague de déportations organisée sous Vichy par la France collaborationniste. En 1944, les Pologne. En 1997, soixante ans après les camps, Simone Lagrange dénonce les conditions dontnée : adolescente à Auschwitz, elle raconte son enfance traumatique et toutes les injustices qui
e en tant que petite fille juive. En 2010, Simone Veil dans son autobiographieUne vie, relate à son tour dans les quatre premiers chapitres son expérience concentrationnaire
à seulement seize ans avec toute sa famille. Notre troisième auteur Élie Buzyn, a fait partie avec
16 Annexe 4.
17 Annexe 5.
18 Annexe 6.
19 Lagrange Simone : adolescente à Auschwitz,
20 Buzyn, Élie, , Paris, Alisio, 2018.
21 Veil, Simone, Une jeunesse au temps de la Shoah, Paris, Le livre de Poche, 2010.
12 les siens des victimes des ra détenu avec sa famille pendant quatre années dans le Ghetto de Lodz en Pologne. Mais en 1944, publié en 2018. Les trois auteurs doivent leur forcé. En effet, en vue du plan nazide la solution finale, chaque enfant considéré comme " inapte » devaient dès leur arrivée être
exterminés dans les chambres à gaz. De fait, le fonctionnement des camps était pensé pour
a fortiori aucun -dessous de douze ans ont survécu aux camps. Nosdécisions sont prises pour lui dans une perspective bienveillante. Jean-Pierre Rosencveig écrit
dans un article intitulé " La protection familiale »22 : " les risques de la vie », contre autrui, voire contre lui- ». tuteur ». Les parents sont les tuteurs de leurs enfants. Selon le CNRTL23 le terme tient son étymologie du latin tutor qui signifie " défenseur, protecteur, gardienqui amène la sécurité, la protection à son enfant. À Auschwitz, les enfants en perdant leurs
parents voient donc disparaître tout ce qui a constitué le cadre sécurisant de leur enfance. Cette
perte est une blessure profonde relatée dans les trois ouvrages, mais également une absence de rempart. Dans le camp, les trois enfants déportés perdent progressivement tout ce qui lesrattachait à leur enfance : leurs parents ou " protecteurs »-à-dire un cadre sécurisant et
leur insouciance. traversent. Dans la première partie de la recherche,22 Rosenczveig, Jean-Pierre, " La protection familiale », Journal du droit des jeunes, vol.229, n°9, 2003, p. 26-27.
23 Cnrs, atilf. Parent. Dans Le Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales.
13 concentrationnaire dans le contexte de la Shoah. Dans leur Avant- sur e et ses modèles, Anne Chevalier et Carole Dornier effectuent une synthèseDans le chapitre intitulé : " Xème
siècle : celle du journal intime et celle Nous avons écarté la forme du journal intime dans le cadre des récits e concerne les enfants de la Shoah a déportation concentrerons sur lautobiographie, car cette forme qui va nous permettre de connaître le . Les trois ouvrages du corpus : Une vie de Simone Veil, : adolescente à Auschwitz de Simone Lagrange et , appartienne enfance concentrationnaire. schéma évènementielsimilaire. En effet, les évènements narratifs se succèdent ainsi : le récit débute dans la petite
. Ensuite, nous assistons à la Libération et aux conséquences des -guerre. Néanmoins, malgré cette linéarité nous verrons comment la construction narrative est impactée spatialement et temporellement par la Shoah. Chez SimoneLagrange et Élie Buzyn, le récit est précédé par une préface/prologue, dans laquelle les deux
survivants abordent un évènement témoignant de leur résilience. Pour S. Lagrange la naissance de son petit-fils Simon. Pour Élie Buzyn qui est devenu marathonien, son prologuerelate le jour où il a porté la flamme Olympique de Turin à 77 ans. Ces deux épisodes sont
hautement lie, dont les pieds ont été geléslors de la marche de la mort et qui est devenu chirurgien orthopédique après la guerre, porter la
caractère résilient.été ajoutés des discours célèbres de son parcours politique, dont celui de La loi Avortement
nationale, puis celui portant sur laCommémoration des Justes parmi les Nations, prononcé le 18 Janvier 2007. De la même façon,
ces discours représentent la revanche de Simone Veil face au nazisme, qui est devenue la 14première femme Ministre et qui a participé à la reconnaissance de la Shoah dans la société
-guerre.Comme il est possible de le remarquer, ce
». Pendant la
déportation, nos trois auteurs ont treize (S.Lagrange), quinze (E.Buzyn) et seize ans (S.Veil).Dans le
cadre de la recherche, laborde concentrationnaire . Ce passage plus violent dans le cadre du mode de vie imposé à Auschwitz. Dans le périodique 24, un article traitant " des enfants cachés survivants de la Shoah : " Lesenfants survivants de la Shoah sont définis comme les enfants juifs de moins de 16 ans, ayant survécu
en Europe occupée par les nazis entre 1933 et 1945 ». Nos auteurs rentrent clairement dans cette
les enfants vont tous à un moment donné être livrés à eux-mêmes. Ibesoin. dès son retour à être de nouveau traité comme un enfant : sèchement -»25.
une matière littéraire ambivalente : des ouvrages autobiographiques, portant des récits
autobiographie, car celle-Cyrulnik écrit dans la préface de : " t
-être est-ce la raison pour laquelle tout le monde écrivaient à Auschwitz, àLodz et à Varsovie, partout où survenaient des évènements impensables, inracontables ». Le CNRTL
: " violent sentim ». Le dégoût24 Mouchenik, Yoram, Marion Feldman, et Marie Rose Moro, " Les " enfants cachés », survivants de la Shoah.
Traumatismes et deuils. Études rétrospectives », , vol.89, n°7, 2013, p.523-532.25 Buzyn, Élie, , Paris, Alisio, 2018, p.73.
15 sensation de resserrement, [de] douleur physique localisée »26à soigner dans les deux processus que car ils ne sont pas écoutés. Mais , lorsque la remémoration est provoquée des camps possèdent un rôle thérapeutique. Si , il " remédiatrice »27. Simone Veil, Simone Lagrange et Élie Buzyn mettent en place un sous-texte en racontant " », ils posent une question morale importante portée par la figure de -t-elle été rendue possible ? Tous les enfantsconnaissent un âge du " pourquoi », mais cette question est peu commune et se rattache à une
-texte est une preuve quereconstruction psychique. Cette littérature thérapeutique est donc ambivalente, car elle possède
une double action de remédiation processus de constituent une défaite pour les auteurs de la deuxième moitié du XXème désormais capable du meilleur comme du pire, comment donc se reconstruire après le traumatisme des camps ? Dans cette perspective, nous nous demanderons par quels moyens cestrois récits rétrospectifs vont permettre la reconquête je » enfant et fonctionner selon une
dynamique de réparation, à la fois identitaire et psychique. Nous sommes face à une
contradiction, car chacun de nos auteurs cherchent à fixer littérairement leur traumatisme, alors
que celui-ci semble inénarrable. De quelle façon alors les enfants rescapés des camps
transmettent cette expérience traumatique que constitue la Shoah et participent à la es camps ? nous étudierons dans une nommera la parole de " ». À traversCe premier axe se concentrera
ance présents dans notre corpus. Nous commenterons les26 Cnrs, atilf. Angoisse. Dans Le Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales.
27 Gefen, Alexandre, Réparer le monde La littérature face au XXIème siècle, Paris, Éditions Corti, 2017.
16En effet,
sein des récits, avant le traumatisme lorsque les enfants sont déportés avec leurs parents et déracinés ne. Les trois enfants abordent la façon dont car ils ne sont désormais plus citoyens de France ou dePologne juifs », ils deviennent apatrides. Le
processus de déshumanisation dont ils vont être victimes à Auschwitz, va alors participer à une
déconstruction identitaire de manière définitive. En ce sens, nousEnfin, nous aborderons l
qui chez les trois auteurs. isation de la prétérition, les auteurs vont tenter de dire ce que ». Ces tentatives donneront au texte une dimension réflexive sur des -elle un frein au récit ? -il finalement pas nourri de ces intuitions, de ces souvenirs à demi-achevés et e sur ces moments en est pas néanmoins " parcellaire e AnneChevalier mais a contrario plutôt hypermnésique. Enfin, nous aborderons la possible résilience
de chacun grâce -ci donne alors au récit. Nous parlerons remédiatrice ». Dans une deuxième partie, la recherche se concentrera sur le cadre spatio-temporel derègles. Les nazis ont mis en place des conditions de vie terribles pour le déporté afin de le perdre
temporellement et spatialement. De plus, la proximité de la mort avec laquelle vont vivre nos trois adolescents concentrationnaires va contribuer à les mener vers un processus de " senescence avancée ». Les enfants vont vivre les camps avec le sentiment de pouvoir mourirà chaque instant. Ainsi, nos auteurs créent au sein de leurs ouvrages deux espaces antithétiques :
camps disparaît, car nos trois enfants se retrouvent projetés dans la société " civilisée ». En ce
déporté. Ce dérèglement spatio-temporel va laisser - 17 Lors de la retranscription, les structures narratives connaissent donc un dérèglement spatio-temporel, car ils prennent comme objet littéraire un constituer un hors-temps narratif. Par son caractère traumatique, elle semble traverser toute possibilité de la Shoah comme un hors-temps narratif révèle un processus de dissociation traumatique qui semble séparer : un " je concentrationnaire et un " je . Nous verrons que l récits au genre autobiographique provoque un scindement de la voix narrative en deux pôles : intra et extradiégétique, maissemble progressivement prédominé au sein du récit car celle-ci va aboutir peu à peu à la
constitution identité auctoriale " » Dans une troisième partie, nous aborderons la construction du positionnement littéraire -guerre. Nous verrons comment nos auteurs élaborent dans leurs ouvrages deux types de paratopies : spatiale et identitaire28. Le temps du silence prenant place -guerre va constituer un point de départ à ce processus paratopique. Nosauteurs en considérant leur " non-appartenance » à la société, vont se diriger vers la littérature
afin de se constituer via la création leur propre espace de pensée. : tenter par la littérature de participer par leur témoignage littérature contemporaine remédiatrice »29, capable de reconstruire28 Maingueneau, Dominique, Trouver sa place dans le champ littéraire : Paratopie et création, Louvain-la-
Neuve, Académia-
29 Gefen, Alexandre, Réparer le monde La littérature face au XXIème siècle, Paris, Éditions Corti, 2017.
18I. LA PAROLE DE " »
1) a) Des figures familiales glorifiées Écrire son enfance inclut un retour vers une temporalité lointaine, et dans le cas de Simone Veil, Simone Lagrange et Élie Buzyn, avec une douleur traumatique évidente. La remémoration de à un sentiment de nostalgie fonctionnement. Dans son essai intitulé La Nostalgie : Quand donc est-on chez soi ? Barbara Cassin donne la définition suivante de la notion de nostalgie : " la douleur du retourrentrer »30. Cette description de la nostalgie impose un principe de rétrospection. Pour ressentir
" lieu à la concentrationnaire ». Mais le processus nostalgique dans les des camps de Simone Lagrange, Simone Veil et Élie Buzyn renvoie à deux notions évoquées par B.Cassin31 : " » et " ». Pour que la nostalgie deà un lieu. Le
son lieu " enracinement symbolique. Pour Barbara Cassin le lieu est relatif au " chez soiquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46[PDF] le livre: le secret de jessica auteur:michel amelin
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