[PDF] Formation professionnelle duale: un modèle gagnant

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54"Employeur Suisse» 9 24 avril 2008LES CENT ANS DE L"UNION PATRONALE SUISSEL"Organisation de coopération et de déve-

loppement économiques (OCDE) a pris sous la loupe le système de formation suisse pour constater que le taux de maturité de notre pays se situe - exception faite du can- ton de Genève et du Tessin - bien en deçà de la moyenne eu ropéenne de 25 %. L"OCDE appelle donc la Suisse, pays dépourvu de matières premières, à remédier à cette si- tuation.

Divers politiciens cantonaux, soucieux

de relever le taux de maturité, ont repris à leur compte l"appel de l"OCDE. Ce faisant, ils tendent à négliger l"atout majeur de la formation duale, à savoir la collaboration entre l"école professionnelle et l"entreprise formatrice.

Avantages spécifiques

N"oublions pas que cette combinaison uni-

que présente des avantages notables par rapport aux filières purement scolaires:

Après neuf ans de scolarité obligatoire,

bien des jeunes en ont assez de l"école et souhaitent fournir autre chose que des

épreuves théoriques qui ne leur appor-

tent qu"une simple note. Mais au sortir de l"école, ni le bagage scolaire acquis ni les aptitudes pratiques leur suffisent pour

entrer de plain pied sur le marché du tra-vail. L"apprentissage dual offre alors une voie idéale puisque la filière, tout en assu-

rant la transmission des connaissances professionnelles, met les jeunes directe- ment en contact avec le monde du tra- vail. - Toute activité professionnelle repose sur la pratique et l"expérience d"un métier. Ima- gine-t-on un ébéniste qui fabriquerait une chaise sans connaître les propriétés du bois qu"il utilise? Rien ne lui servirait non plus de connaître, en théorie, les caracté-ristiques de chaque essence s"il doit at- tendre la fin de sa formation pour toucher et travailler le bois. Le principe cher à Pes- talozzi, qui veut que l"on apprenne avec la tête, le cœur et les mains, prend tout son sens dans la formation duale. On s"en rend compte lorsqu"on rencontre de jeu- nes apprentis fiers et heureux du premier ouvrage qu"ils ont conçu, préparé et réa- lisé seul.

Chaque profession a ses spécificités et sa

fierté . Chacune comporte des gestes du métier, des tours de main, des éléments de tradition. Tout apprenti menuisier a dû se rendre un jour dans un commerce spécialisé pour acheter une équerre pour chevrons. Aucun imprimeur en fin d"ap- prentissage ne voudrait abandonner la fabrication du papier couché. Il s"agit là d"expériences marquantes de la forma- tion initiale que les jeunes apprentis ont la chance de vivre aux côtés de profes- sionnels expérimentés. Elles participent de la fierté du métier, partant de la qua- lité du travail. La formation duale s"atta- che d"autre part à transmettre des valeurs sociales et elle contribue à la compréhen- sion si nécessaire entre les générations en mettant en contact des jeunes et des moins jeunes. - Du point de vue strictement économique, la formation des apprentis coûte aux entre- Dans la société actuelle du savoir, la formation duale qui a longtemps fait ses preuves - entendons par là l"apprentissage en entreprise et en école professionnelle - passe volontiers aux yeux de certains critiques pour une formation de second ordre. Or, ils ont tort, car le savoir pur, acquis sur les bancs d"école, ne remplacera jamais les qualifications pratiques ni le savoir-faire professionnel.

Formation professionnelle duale:

un modèle gagnant Formation duale: toute la valeur de la pratique en entreprise.

Photo: Swissmem

"Employeur Suisse» 9 24 avril 200855

LE DOSSIER: PERSPECTIVES DE POLITIQUE PATRONALE

prises, mais ces coûts sont compensés dès la fin de la formation ou du moins quel- que temps plus tard. Il ressort d"une étude du Centre de recherche en économie de l"éducation de l"Université de Berne (2007,

Wolter/Schweri) que les coûts bruts sup-

portés par les entreprises se montent à

4,7 milliards de francs et que ceux-ci sont

couverts par les prestations productives des apprenants, prestations qui repré- sentent quelque 5,2 milliards de francs.

A supposer que l"on en vienne à sacrifier

la formation duale au profit d"une forma- tion exclusivement scolaire, les consé- quences économiques seraient alors con- sidérables. La Confédération et les can- tons devraient sans doute prendre à leur charge les coûts de formation as- sumés jusqu"alors par les entreprises.

De plus, une formation pratique prodi-

guée dans une institution scolaire ne pourrait con currencer l"économie. Les produits qui y seraient fabriqués seraient à coup sûr éliminés. Cette mise à l"écart du circuit économique n"est pas de na- ture à motiver les jeunes en formation.

Sans compter que les apprentis n"auraient

aucune occasion de s"entraîner en situa- tion réelle, notamment dans les métiers des services. - L"un des principaux atouts de la formation se situe au passage de l"apprentissage au marché de travail.

Au sortir de la forma-

tion duale, les jeunes sont immédiate- ment opérationnels. S"ils sont engagés dans l"entreprise qui les a formés, celle-ci ne doit prévoir aucune période d"initia- tion coûteuse en temps et en argent. Et même dans le cas où le jeune profession- nel change d"entreprise, il est productif au bout de peu de temps. En revanche, les jeunes diplômés sans expériences pratiques doivent être d"abord initiés aux processus de travail. Leur productivité et celles des personnes qui les encadrent reste donc faible au départ.

Ce sont là des avantages indéniables. L"ap-

prentissage dual assure la formation d"une main-d"œuvre bien qualifiée et, par là même, la compétitivité de l"économie suisse. Ce sont précisément ces professionnels qui forment la société du savoir.

La société du savoir

Difficile de trouver une définition succincte

de la société du savoir. On retiendra celle d"une encyclopédie en ligne qui définit la société du savoir comme une forme de so- ciété de pays hautement développés, où le savoir individuel et collectif et son organi- sation forment la base de la coexistence éco- nomique et sociale. De manière générale, toute organisation sociale se construit sur les connaissances. La notion de société du savoir s"utilise dans le contexte scientifique, politique et de droit privé, pour rendre compte d"une série de mutations sociales qui ont modifié l"équilibre entre savoir pra- tique et intellectuel. Le savoir est désormais investi de nouvelles fonctions. Il constitue une ressource stratégique dans certains pro- duits et services; son exploitation judici euse est un facteur concurrentiel décisif. Enfin, il est un bien aliénable et négociable.

Le système de formation

Bien souvent, on considère en Suisse l"ap-

prentissage dual non pas comme une voie parallèle à la formation scolaire, mais plu- tôt comme une formation de seconde caté- gorie. C"est une vision regrettable qu"il importe de corriger, entre autres, par unquotesdbs_dbs4.pdfusesText_8

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